Les barbares, anciens ou modernes…
Ce que nous avons vécu hier, mercredi 7 janvier 2015, n’est hélas qu’une nouvelle résurgence d’un mal plus profond, plus ancien, plus tentaculaire.
Un mal qui hante l’Humanité depuis sa naissance.
Ceux qui ont osé lâchement assassiner des personnes désarmées simplement parce qu’elles étaient libres, parce qu’elle incarnaient la liberté de penser, la liberté de dénoncer, la liberté d’éclairer par le rire les ténèbres qui envahissent trop souvent le monde, ceux là ne sont pas seulement lâches, ils sont privés de Conscience.
Ces barbares ne sont que l’incarnation actuelle de ceux qui brûlaient des livres au rythme du pas de l’oie durant le XXe siècle, eux-mêmes héritiers des esprits étriqués qui en brûlaient, au nom de Dieu, déjà (même si ce n’était pas le même…), aux XVIIe et XVIIIe…
Ils sont les derniers avatars des barbares qui, sûrs d’être les Elus de je-ne-sais quelle cause, entité, ou personnalité, imbus d’eux-mêmes au point d’en éclater de suffisance et d’en suinter de bêtise, ont pu sévir dans notre Histoire au fil des siècles.
La barbarie, c’est l’absence de culture, l’absence de doute, l’absence de compassion. C’est être enfermé dans un système qui étouffe la pensée à un point tel qu’il l’anéantit dans la tête même de celui qui est endoctriné. C’est perdre son Humanité.
La nature humaine est violente, encore empreinte du sceau du prédateur, de l’animal qui devait survivre, qui devait conquérir un territoire pour lui et les siens. Mais elle n’est pas barbare. En tous les cas je ne puis me résoudre à le croire.
Voilà pourquoi nous, êtres Humains, nous tous, nous devons refuser cette barbarie.
Nous devons rester dignes, nous devons rester libres.
Nous devons reprendre le flambeau.
Il s’agit bien d’un combat, mais du combat inégal entre les Ténèbres et la Lumière, à l’intérieur de nous-mêmes comme à l’intérieur de nos sociétés.
Inégal, ce combat l’est à plus d’un titre.
D’abord parce que la tentation de répondre à la violence par la violence est forte.
Il ne faut pas y céder.
Car c’est surtout parce que la plume est, sera et a toujours été plus forte que l’épée, que ce combat est inégal. A la fin, que nous montre la barbarie ? Que pour tenter de faire taire un simple crayon, elle doit recourir à une arme automatique ou à un lance-roquettes. Et que, même alors que le sang a été versé, c’est le crayon qui remporte la mise. La barbarie est faible, l’Humanité est forte.
La victoire finale est promise à ceux qui tiennent la torche éclairée, à ceux qui envers et contre tout essayent d’arracher un sourire, un rire, une larme, avec des mots simples, avec des images, avec des sons, avec de l’intelligence et de la complicité, avec de l’Art, avec de l’éducation. Pas à ceux qui veulent recouvrir nos esprits et nos vies de Ténèbres.
Pour chasser les Ténèbres, une seule arme, à multiples usages : l’éducation. Apprendre aux autres à penser, à critiquer, les autres comme eux-mêmes, apprendre soi-même la dérision, l’auto-dérision, apprendre à douter de tout, sans se gaver de certitudes, jamais.
Apprendre à être Humain.
Et réapprendre à être Humaniste.