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Les consultations extraordinaires, la carte heuristique de la saison 1

Les consultations extraordinaires, la playlist de la saison 1

Les consultations extraordinaires, la playlist de la saison 1

La Playlist commentée

Walk Like An Egyptian
Le titre de la saison était évident, et j’aime aussi son côté enlevé, ce qui souligne bien l’ambiance humoristique que j’avais envie d’imprimer à cette podfiction.

Knocking on Heaven’s Door
Deux versions de cette chanson se battaient en duel dans mes oreilles : celle de Dylan, l’originelle, une merveille de simplicité et celle des Guns, qui a le parfum de mon adolescence. Comme souvent, j’ai décidé de ne pas choisir, et j’ai écouté les deux versions avec autant de plaisir. Je trouve qu’elles se répondent bien l’une l’autre, et ce contraste a été aussi une manière pour moi de travailler les paradoxes que Thot affronte avec l’aide de Belladone et Adélaïde. Bien entendu, ce titre fait référence au fait que Thot soit bloqué dans les mondes des humains mais aussi à un décor particulièrement important dans la série, la porte monumentale d’un temple conservé dans la salle 324 du Musée du Louvre, qu’empruntent tous les dieux égyptiens ou presque pour venir visiter leur psychologue.

Eye of The Tiger

L’Œil du Tigre m’a immédiatement fait penser à l’Œil d’Horus, même si ce dernier est un faucon. Parce que c’est une chanson sur le fait de devoir se battre pour survivre, et que la vie du dieu Horus est exactement ce genre d’existence. Depuis son enfance, comme le Heraklès grec, il a été la cible des manigances d’un autre dieu : Seth, jaloux de la famille de son frère Osiris.

J’ai écouté deux versions là aussi : la version originale de Survivor, et la version plus moderne d’Amel Bent.

Can’t Stand Losing You

J’ai mis du temps à comprendre ce que pouvait être le traumatisme psychologique de la déesse Isis. Le premier jet de son épisode sonnait faux. Jusqu’à ce que je réalise que son concept fondateur est celui de la pleureuse. Alors, j’ai fait une association d’idées avec ce morceau de The Police qui introduit en plus une notion d’immaturité. Dans le single, il est question d’un homme qui ne peut pas se résoudre à une rupture amoureuse, et en arrive à un chantage affectif. C’est assez pathétique. La déesse, elle, ne peut se résoudre au deuil de son divin époux, ni à laisser son fils voler de ses propres ailes. Elle a besoin de «lâcher prise», comme on dit de nos jours. C’est d’ailleurs pour cela que le titre suivant était le premier thème de cet épisode sur la déesse-mère des Égyptiens.

You Can’t Hurry Love

Lorsque j’ai écrit le premier jet de l’épisode qui était consacré à Isis, j’avais déjà l’idée d’une femme qui veut tout contrôler autour d’elle, sans doute à cause du deuil de son époux. Sachant que ce dernier avait été émasculé après avoir été tué puis découpé en morceaux et finalement reconstitué et ressuscité, je me suis dit que nous avions affaire à une forte femme, une main de fer dans un gant d’acier, et qu’elle voulait à tout prix que les autres l’aiment.

Le titre des Supremes est tout naturellement venu à mon esprit. Il sonne comme un conseil qu’une mère aurait pu donner à Isis, mais qu’elle aurait pu entendre de la part de Belladone. On ne contrôle pas les émotions des autres. Mais j’avoue avoir une préférence pour la reprise de Phil Collins. Elle est tout aussi acidulée, mais plus dynamique.

Honky Tonk Women

Hathor et Sekhmet ont beau être les deux faces d’une seule et même figure divine, elles me font l’impression d’être comme ces vieux couples qui se chamaillent en permanence mais ne peuvent pas vivre l’un sans l’autre.

Surtout, leur point commun est l’ivresse, l’inconséquence, l’instinct, l’impulsion.

Je me suis imaginé d’abord qu’elles pouvaient s’inscrire aux Alcooliques Anonymes.

Et j’ai eu l’image mentale de deux piliers de bar… d’où la chanson des Rolling Stones, comme un double clin d’œil. D’abord, littéralement, pour illustrer leur addiction. Ensuite, en hommage à un épisode de Cowboy Bebop que j’affectionne particulièrement…

Not An Addict

J’ai pourtant hésité avec ce titre-là pour Hathor et Sekhmet. Il illustrait parfaitement le trouble psychologique dont je voulais affubler les deux déesses, mais j’ai fini par l’écarter car je trouvais son rythme et son ton trop «noir» pour l’ambiance que je voulais donner à l’épisode. Parce que :

The Ballad Of Lucy Jordan

Je voulais pour Hathor, Sekhmet, Claude et surtout Adélaïde comme une sorte de road movie humoristique. J’ai eu dans la tête durant toute l’écriture de l’épisode la chanson de Marianne Faithfull qui figure dans la bande originale de Thelma & Louise. Ce film est une perle, mais c’est surtout pour moi l’archétype du road movie, un récit initiatique, un voyage initiatique, dont je voulais m’inspirer pour construire la structure de l’épisode. Il fallait que les quatre personnages vivent une succession de rencontres qui changent à la fois leurs rapports entre eux et leurs rapports au monde. L’illustration que les événements de la vie peuvent nous inciter à changer.

Stayin' Alive

J’ai eu pour Osiris le même genre de problème que pour son épouse divine. Je ne savais pas bien quel était son traumatisme.

Tout s’est débloqué lorsque j’ai compris que ce n’était pas un traumatisme qui lui posait problème, mais bien la façon dont ce traumatisme avait changé sa «vie» puisqu’il avait impliqué non seulement sa mort, mais une série de traumatismes additionnels.

Comment aurais-je réagi si j’avais été assassiné par mon propre frère, puis découpé en morceaux par le même, puis reconstitué par ma femme, puis ressuscité par elle, avant de me rendre compte que manquait mon sexe et qu’il allait falloir que mon épouse me greffe un organe articfiel pour pouvoir s’accoupler avec moi et donner naissance à notre fils ?

Je me suis dit que c’était un peu beaucoup à supporter, même pour un dieu. J’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé de divinité qui ait subi autant de chocs physiques et psychiques, dans aucun autre panthéon.

Donc, le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) s’est imposé.

Et le titre des Bee Gee’s était une façon de se dire que, malgré tout, Osiris était resté vivant mais pas vraiment, car le SSPT lui avait «bouffé la vie».

(I Can't Get No) Satisfaction

Pourtant, j’étais parti au départ sur une tout autre idée.

Osiris est le dieu de la renaissance de la nature, car il a pu engendrer même en étant mort. Pourtant, sans que ce soit vraiment lui qui se soit accouplé.

Les Rolling Stones se sont donc à nouveau montrés.

J’ai fini par abandonner ce titre quand j’ai réalisé que l’émasculation n’était que l’un des multiples traumas qu’avait dû vivre le Souverain du Royaume d’Occident…

Bad

Le frère d’Isis et Osiris, Seth, m’a posé le même problème.

Comment montrer cet affrontement fratricide ? Comment questionner la figure de Seth, le mal-aimé par excellence ?

C’est quand j’ai compris que son problème était d’être coincé dans un rôle qu’il n’avait pas forcément envie de jouer au départ que j’ai songé au titre de Michael Jackson.

Jealousy

Parce qu’au départ, je m’étais simplement arrêté à la jalousie que Seth pouvait incarner. Jaloux de son frère désigné pour régner. Jaloux de sa sœur pour le pouvoir qu’elle avait dérobé à Râ sans même avoir été châtiée ensuite pour cela. Jaloux de son neveu pour avoir hérité de ce qu’il considère toujours comme lui appartenant.

Le titre d’Iggy Pop est lancinant, avec une ambiance de rengaine militaire (les tambours, le riff de guitare répétitif, les paroles récitées comme un mantra).

Bring Me To Life

Je me suis fixé sur le morceau d’Evanescence seulement quelques jours avant la sortie de l’épisode final.

Oh, il est vrai que ce titre tournait depuis le début, quand j’ai eu l’idée de faire revivre des momies au cœur du Musée du Louvre. La chanson a ces contrepoints de growl ténu, cette façon qu’ont les chanteurs de musique metal de produire des sonorités très noires et funèbres, voire inquiétantes, et toujours désagréables, qui me parlent depuis toujours des «non-morts», que ce soient des vampires, des zombies, ou des momies.

Et pourtant, il y a aussi cette voix assez mélodieuse qui supplie, qui appelle à l’aide.

Cela m’a semblé coller avec la deuxième partie, où la confrontation entre Karl Gustav et les autres prenait des airs de drame, voire de tragédie, humoristique autant qu’existentielle.

Bitter Sweet Symphony

Le dernier épisode de la saison est celui qui m’a posé le plus de problèmes sur le choix d’un titre.

Jusqu’à quelques jours de la publication, le morceau de The Verve était mon choix. Car la conclusion de la saison devait avoir un goût doux-amer, montrer que la vie est affaire de bonnes et de mauvaises choses et de comment on pouvait tout de même continuer son existence malgré tout.

C’est aussi une chanson sur la volonté de changement, la possibilité de changement.

Et c’était bien le propos de la discussion entre Karl Gustav et les divinités égyptiennes.

J’ai cependant gardé ce titre pour illustrer la première partie de l’épisode double, car il peut aussi, je crois, s’appliquer aux momies qui essaient de retrouver leur identité propre, qui se remémorent leurs vies.

Tonight, Tonight

Quant à la deuxième partie de l’épisode 7, j’ai longtemps hésité avec l’un des morceaux les plus connus des Smashing Pumpkins. Car lui aussi parle de la vie, du changement, de ce que nous devons laisser derrière nous pour l’accepter.

Et la répétition des mots «Believe in me» («crois en moi»), faisait écho avec le problème principal des divinités égyptiennes, et leur désir profond que l’on croit en elles.

You Learn

Pourtant, c’est le morceau d’Alanis Morissette qui a failli remporter la mise.

Lui aussi parle de la vie et de ce qu’elle implique. Apprendre. Apprendre de tout ce que nous ressentons, subissons, vivons.

Une très belle chanson dont je voulais que les dieux égyptiens puissent profiter.

Boulevard of Broken Dreams

Enfin, alors que les seules images nettes dans mon esprit pour cet épisode final étaient celles de momies se promenant dans Paris (ce que finalement elles n’ont pas vraiment fait), j’avais les sonorités lourdes du plus beau morceau de Green Day (selon moi) dans les oreilles. J’avais initialement pensé que cet épisode serait l’occasion de s’intéresser à la dépression nerveuse des momies du Louvre, et cette ballade dans la solitude pouvait très bien suggérer tout cela.

Vous avez remarqué ?

Chaque épisode des Consultations extraordinaires emprunte son titre à un morceau de musique.

Pourquoi ?

D’abord parce que je suis né dans une famille de musiciens, et que la musique fait tout naturellement partie de mon environnement normal. J’ai besoin de musique, presque constamment. Surtout quand j’écris. J’ai besoin de musique pour me plonger dans l’ambiance de ce que j’écris, pour m’immerger dans un autre état de conscience, dans un état de flow où mon être tout entier est tendu vers les mots qui coulent de mes doigts.

Ensuite parce que, lorsque j’ai commencé à réfléchir à quelles divinités allait s’intéresser la première saison de ma podfiction, mon cerveau a tout de suite pensé à Walk Like An Egyptian comme titre. Il n’en fallait pas plus pour que l’idée de nommer chaque épisode d’après le titre d’une chanson connue ne s’impose.

Enfin, parce que chaque divinité consultant Belladone Mercier et son étudiante devait souffrir d’un trouble psychologique distinct, et que ce thème pouvait très bien se résumer ou s’illustrer par une chanson. La perte de mémoire de Thot et ses tentatives désespérées pour se souvenir d’une chose qu’il ne pouvait même pas se rappeler avoir oubliée a fait surgir l’image d’un pauvre hère coincé dans le monde des humains et cherchant à regagner son propre univers divin : Knocking On Heaven’s Door s’est imposé. Et il en est ainsi pour les autres épisodes.

Parfois, le titre a changé lorsque l’écriture de l’épisode a abouti à traiter un autre thème que celui auquel j’avais d’abord pensé. Par exemple, l’épisode 3 s’est d’abord intitulé You Can’t Hurry Love, avant que je ne comprenne que le thème d’Isis n’était pas véritablement l’impatience et la volonté de contrôle dans son couple, mais bien la tristesse et la peur issues de son deuil d’Osiris. Quand je l’ai réalisé, j’ai changé le titre pour Can’t Stand Losing You.

Le choix a été personnel. Il fallait que ce soit à chaque fois un morceau que j’aime moi-même écouter. C’est sans doute pour cela que ce sont surtout des morceaux de pop ou de rock. Pourtant, il fallait aussi que ce soit à chaque fois un morceau connu de beaucoup de monde. Impossible pour moi de plaquer un titre obscur de Cocteau Twins, de Dead Can Dance, ou même d’autres artistes seulement célèbres parmi les geeks de mon âge (avancé).

Je suis écrivain, mais mon imaginaire est aussi nourri par le cinéma, il m’est donc naturel de penser mes scènes en termes musicaux et sonores.

Et comme pour la sortie d’un film, la réalisation des Consultations extraordinaires de Belladone Mercier, psychologue des dieux implique aussi celle d’une bande originale.

Alors je cède bien volontiers à l’envie de vous livrer la playlist qui a accompagné l’écriture de la première saison.

Elle est disponible sur Apple Music, car c’est le service de streaming que j’utilise, mais la liste ne contient pas des titres qu’une autre plateforme (par exemple française ou suédoise) ne puisse vous fournir. Vous pouvez donc aisément la reconstituer vous-même dans votre service préféré.

Retrouver Les consultations extraordinaires de Belladone Mercier, psychologue des dieux

Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Dans les coulisses des Consultations extraordinaires : Manue, consultante psychologue

Dans les coulisses des Consultations extraordinaires : Manue, consultante psychologue

Les consultations extraordinaires, c’est un télescopage entre deux univers : la mythologie, avec ses histoires parfois très étranges, et la psychologie, activité humaine par essence. Deux mondes qui a priori n’avaient pas grand-chose en commun, jusqu’à ce qu’on réfléchisse au premier à travers le prisme du second.

Comme je ne suis moi-même pas psychologue de métier, il semblait nécessaire de soumettre le texte de cette première saison à une certaine validation, afin de ne pas raconter trop de bêtises. Car si les divinités qui viennent consulter sont bien évidemment loin de la complexité des êtres humains qui font la démarche d’aller voir un ou une psychologue, il était important pour moi de les traiter comme de véritables patients et patientes. D’abord parce que cela renforce l’impression de réalité, ensuite parce que les archétypes que ces divinités représentent sont intimement liés à nos propres peurs, espoirs, valeurs, bref, à notre propre humanité.

Il me semblait aussi fondamental de présenter la psychologie moderne, loin des clichés hérités de la psychanalyse.

Je devais donc trouver une consultante qui pourrait me dire où je faisais fausse route et où je tombais juste.

Ce fut le rôle de Manue, dont le point de vue sur Les consultations extraordinaires est celui d’une professionnelle de la santé mentale.

Parcours

Manue (tu permets que je t’appelle Manue ?), nous nous connaissons depuis de nombreuses années maintenant. Nous avons même travaillé ensemble, pendant quelques mois. Mais pourrais-tu esquisser un peu ton parcours de psychologue, pour nos lecteurs ?

L’intérêt pour la psychologie clinique vient de mon expérience de vie qui m’a fait côtoyer des personnes pour gérer des angoisses sévères et l’ado presque adulte qui rencontre la psychologie en cours de philosophie. En particulier du cours sur l’inconscient émerge un souvenir quelque peu traumatique qui refait surface de nulle part, mais dont le ressenti et la charge émotionnelle ne font aucun doute sur le fait de son vécu. Aujourd’hui, on parlerait de « levée d’amnésie traumatique ». Ça a fait ouah ! sur plusieurs plans, dont la curiosité intellectuelle. Et dans ce parcours, également, la confrontation avec les institutions psychiatriques et la souffrance que j’y perçois, les maltraitances institutionnelles, la difficulté des familles et des amis à apaiser. Je ne sais pas trop dire si c’est une vocation ou une mission, toutefois accompagner les personnes abîmées par la vie et mettre en œuvre le meilleur de moi pour leur permettre de trouver un peu de réconfort, de stabilité et de sécurité est ce qui m’habite dans mon métier.

Pourquoi Les consultations extraordinaires ?

Nous nous connaissons bien, comme je le dis plus haut. Tu as même lu ce que j’écris. Mais qu’est-ce qui t’a poussée à accepter de lire et donner ton éclairage sur Les consultations extraordinaires ?

J’aime lire et je suis curieuse des univers que tu proposes. Dans tes précédents écrits, il y a le style, le choix du vocabulaire, l’univers. Les consultations extraordinaires, j’avais ouï dire que la mythologie y était invitée et plus jeune j’avais de l’intérêt pour la Grèce Antique alors comme la madeleine de Proust je me suis laissée tenter. Je ne suis pas sûre d’avoir apporté beaucoup d’éclairage et si j’ai apporté une petite contribution, c’est avec plaisir.

Les consultations extraordinaires et la psychologie

Dans Les consultations extraordinaires, il est question de mythologie, mais aussi de psychologie. J’ai essayé de mettre en relation les deux domaines, pour les éclairer l’un l’autre.

Qu’est-ce qui te semble résulter de cette rencontre ?

Souvent les mythes, et à tort selon mon point de vue, ont été le support d’interprétations quelque peu farfelues à mon goût en psychologie. Ici, que nenni, je me suis marrée, j’ai trouvé drôle de mettre en lien l’univers des Dieux, quelques-unes de leurs caractéristiques transformées en symptômes, ça fonctionne bien.

Quel est l’épisode qui te semble le plus intéressant ?

Il y en a sept dans cette première saison. Tu en as peut-être un que tu préfères ? Ou pas. Et quelle en serait la raison ?

Je l’ai lue deux fois avec autant d’engouement à chaque fois. Je dirais que le premier [épisode] m’est familier et en cela sans doute j’y ai plongé aisément, la rencontre avec les protagonistes, l’environnement du cabinet, du Louvre, ça m’a parlé.

Le dernier chapitre est venu me questionner sur la place du symptôme et comment le patient peut se l’approprier, se définir avec ; également la place du thérapeute, la question de la demande et de la plainte.

Un rappel d’aller là où le patient veut aller et pas de vouloir à sa place en démélangeant les besoins et désirs de chaque état du Moi, parfois ça fait du monde en séance.

Quel est celui que tu trouves le plus drôle ?

D’emblée j’ai visualisé la scène et ses protagonistes : Honky Tonk Women, Sekhmet et Hathor à Paris, quelle joyeuse et drôle débandade !

Celui qui est le plus réussi ?

Je n’ai pas la compétence de répondre en termes de réussite. Simplement j’ai aimé le lire et relire c’était pour moi à la fois familier et rafraîchissant un bon moment de détente. Merci.

Merci à toi, Manue !

J’ai dix ans… et si tu m’ crois pas…

J’ai dix ans… et si tu m’ crois pas…

J’ai dix ans… et si tu m’ crois pas…

Je ne sacrifie plus aux billets de blog des bilans annuels depuis plusieurs années. Je ne suis pas un adepte des anniversaires de blog non plus. Pourtant, dans cet article, je vais tenter de recenser tout ce que la tenue de cet espace sur la Toile a changé dans ma vie. Parce que oui, créer un site, s’astreindre à écrire des articles de blog régulièrement, à l’entretenir, s’exposer sur internet, ça peut changer des choses. Et au départ, c’est même pour ça que je me suis lancé.

J’ai dix ans.

Et alors ?

Dix ans que je suis un Serpent à Plume

À sa naissance, ce site était essentiellement un blog. Je ne savais pas très bien ce que j’allais y publier, si ce n’était des billets qui auraient été un peu comme les feuillets d’un carnet de bord, d’un journal de voyage, à la manière des explorateurs du XIXe siècle et du début du XXe. Je savais seulement que je devais écrire. Je venais de traverser six longues années de désert d’écriture, après avoir réussi à (mal) publier mon premier roman et à produire, réaliser, monter, un moyen-métrage.

Après ces six années où ma vie personnelle avait connu divers bouleversements, je me sentais à nouveau suffisamment solide pour laisser émerger cette envie chevillée au corps, ce besoin viscéral de jouer avec les mots. Mais j’avais besoin d’une excuse, d’un prétexte, pour cela. J’avais besoin d’un alibi.

Ouvrir un blog, écrire à propos de mes lectures, de mes découvertes artistiques, de mon regard sur certaines œuvres, me semblait la parfaite justification à mon installation sur ce morceau d’internet.

D’emblée, pourtant, il m’a semblé évident d’assumer une double nature. Celle du Serpent à Plume.

Parce que j’avais déjà conscience depuis longtemps que mes centres d’intérêt se situaient dans deux grands domaines, que d’aucuns considèrent comme peu compatibles et qui pourtant ont réussi à se nourrir l’un l’autre : le domaine scientifique et du soin, et le domaine de l’écriture et de l’art du conteur en général.

Dix scipline d’écriture

Et pour écrire, j’ai écrit. C’était le premier objectif de d’écaille & de plume, et il a été atteint assez vite. J’ai commencé par deux articles par mois, puis même lorsque j’ai ralenti le rythme à un par mois, je n’ai jamais vraiment lâché. Cette discipline a, comme je l’avais prévu, débouché sur d’autres écrits. J’ai compris que cette dynamique, qui me prenait du temps, c’est vrai, me permettait de prendre des habitudes, des réflexes, et que cela finirait par m’entraîner à entamer à nouveau des écrits longs. J’ai donc, depuis dix ans, deux romans supplémentaires à mon actif, voire un troisième si l’on compte la série de podfiction des Consultations extraordinaires, dont le volume de signes couchés par écrit est comparable à ce que l’on attend en général d’un écrit long, et l’intrigue n’a rien à envier à mes autres travaux romanesques.

Cette discipline m’a aussi amené à apprivoiser des outils qui m’avaient intimidé auparavant, comme Scrivener, et donc à augmenter ma productivité d’écriture. J’en ai même fait toute une série de tutoriels, parfois techniques, sur comment s’en servir, puis comment concrètement fabriquer un fichier de livre, destiné à être imprimé ou à être publié sous forme électronique, voire audio.

J’ai ressenti un vrai plaisir à retrouver les sensations de graver un univers dans les octets d’un ordinateur.

J’ai mobilisé tout ce que j’avais appris jusque là dans des domaines connexes, comme l’interprétation d’un rôle au théâtre ou dans un jeu de rôle, les mécanismes de narration du cinéma, mes lectures, les centaines de films que j’avais ingurgités pendant mon enfance et mon adolescence.

Écrire est devenu une deuxième nature, exactement comme j’en avais le projet en ouvrant d’écaille & de plume.

Et rien que pour ça, cette expérience est une réussite totale.

Dix mentions publique

Ouvrir et tenir un blog, c’est s’exposer.

Ça peut paraître évident de l’énoncer aussi simplement que ça, mais c’est loin d’être aussi facile qu’on le pense, même pour quelqu’un qui a l’habitude de la scène. Dans un rôle, le comédien se dilue, et ce que vous voyez devant vous lors d’une pièce de théâtre, ce n’est pas un être humain, c’est un personnage qui se glisse dans les traits d’un être humain. Donc ce n’est pas vraiment moi. Sur d’écaille & de plume, ce que j’écris et publie, même lorsqu’il s’agit d’un tutoriel technique sur Scrivener, c’est bien moi. Et quand il s’agit d’un coup de gueule contre une réforme imbécile du système de santé, c’est plus encore moi.

Parce que j’ai choisi d’écrire sous ma véritable identité et non sous un pseudonyme, d’assumer qui je suis, je m’expose cent fois plus.

Parce que je suis médecin, c’est une exposition plus délicate encore.

Et lorsque j’étais encore dans un cabinet libéral, ça pouvait donner lieu à une confusion qui aurait pu être dangereuse. C’est pourquoi j’ai toujours gardé une ligne de conduite simple, mais stricte : lorsque je publie ici quelque chose qui a trait au soin, c’est toujours selon le point de vue du citoyen, jamais pour décrire une technique ou un traitement, jamais pour expliquer une maladie. Parfois, ce fut pour expliquer la distance nécessaire avec des procédés dont nous devons rester critiques.

Étonnamment (ou pas), alors que le réflexe de «googliser» tout le monde est assez universel, seuls cinq patients durant mon exercice libéral ont découvert ma double vie (et me l’ont dit, peut-être y en a-t-il eu beaucoup plus qui ne me l’ont pas déclaré).

J’ai même été interviewé (par ma propre sœur, d’accord) à propos d’un de mes romans.

Pour quelqu’un d’assez timide au départ, cette exposition n’a pas toujours été simple à gérer.

Mais avec le recul, je trouve que j’ai plutôt bien géré la chose.

Je commence à réellement prendre plaisir à expliquer ce que j’écris, pourquoi je l’écris.

Bientôt, si ça se trouve, vous pourrez me rencontrer dans un salon littéraire1

Dix-lué dans l’Océan Virtuel

C’est tout le paradoxe de notre époque.

On ouvre un blog pour s’exposer au regard des autres… mais ces autres peinent à nous trouver parmi les milliards d’autres sites qui peuplent la Toile infinie (ou presque).

Après la brève envolée des deux années Covid19 (2020 et 2021 ont porté d’écaille & de plume vers des «sommets» de visibilité qu’il n’avait jamais atteints, avec 8 700 pages affichées par an à chaque fois), mon nid virtuel est retombé dans l’ombre qui était la sienne depuis le début. La faute à je ne sais pas vraiment quoi.

Pas à mon absence des réseaux dyssociaux, en tous les cas, car mon départ d’Instagram et de ce qui s’appelait encore Twitter à l’époque n’a eu aucun effet sur la fréquentation du site, qui est restée confidentielle même lorsque j’étais un membre actif de cette économie de l’attention aux effets délétères.

Je ne publie pas sur une ligne éditoriale bien précise (je me revendique éclectique et guidé par ma seule envie), et à chaque fois que j’ai essayé de me tenir à des contraintes de publication, je n’ai pas vraiment tenu. C’est en effet l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire pour attirer des lecteurs et des lectrices.

J’écris des articles en général assez longs, ce qui est également, lit-on souvent, un gage d’éviter le succès.

Je ne publie plus très régulièrement, ce qui achève de me classer parmi les «petits blogs un peu bizarres».

Et puis il est vrai que je ne suis pas vraiment présent ou assidu hors-ligne.

Pourtant, j’ai rencontré pendant ces dix années en ligne plusieurs personnes qui semblent trouver l’endroit, si ce n’est son propriétaire, intéressant. Et c’est finalement ce que je retiens. Peu importent les chiffres, de toute façon je ne pense pas qu’ils soient si importants que cela à prendre en compte, puisque je milite par exemple pour arrêter de noter tout et n’importe quoi.

J’ai installé une page de liens vers les sites et les blogs que j’apprécie via un flux RSS sur ce site, mais aussi une catégorie entière d’articles sur mes découvertes, histoire de prolonger un réseau d’affinités qui me tient à cœur, en partie pour ressusciter les anciens webrings.

J’ai noué quelques relations virtuelles, et montré comment, à mon avis, il était possible de retrouver un internet plus apaisé, en se servant des mêmes flux RSS pour s’affranchir des réseaux dyssociaux. Même si bien sûr je n’ai pu, à moi tout seul, inverser la tendance qui veut que tout le monde ou presque utilise ces damnés pièges attentionnels.

Dix articles-phares et dix articles qui résument d’écaille & de plume

En dix ans, certains de mes articles ont eu plus de succès que les autres, et constituent sans doute ce qui attire mon lectorat. Voici lesquels.

Parce que d’écaille & de plume a commencé comme ça : en faisant des liens entre des œuvres différentes sur un même thème. Celui-ci en particulier semble beaucoup plaire. Sans doute que la vague bit-lit y est pour quelque chose.

Pourquoi on se contrefiche souvent de savoir si vous avez une fracture de l’orteil et autres considérations sur l’opportunité des examens médicaux complémentaires

Pourquoi on se contrefiche souvent de savoir si vous avez une fracture de l’orteil et autres considérations sur l’opportunité des examens médicaux complémentaires

Je suis très étonné de voir que cet article pourtant un peu technique et surtout à rebrousse-poil des demandes fréquentes des patients soit le deuxième plus populaire du blog. Peut-être que sa lecture fait réfléchir. On n’est d’ailleurs pas obligé d’être d’accord avec moi. Il suffit de bien vouloir prendre en considération les arguments que j’y développe.

Le rôliste en moi jubile, parce que ma proposition dans cet article n’est pas autre chose que donner un grand coup de pied dans la façon dont les scénarios de jeu de rôle sont écrits. Et apparemment, ça parle à certaines personnes. Bien que je n’aie encore pas vu de tentative d’écrire de scénario selon la méthode que je propose…

Les articles qui proposent des tutoriels sont souvent populaires sur le net. Et c’est donc légitimement que celui-ci fait partie de mes best-read. La fonction de compilation du logiciel d’écriture Scrivener est tellement complexe et intimidante que ma tentative d’en expliciter les bases ne peut qu’attirer le regard… et les clics.

J’en parle plus bas car cet article est l’un des jalons importants du blog, mais je suis là encore assez étonné de voir qu’il figure dans les cinq plus lus depuis l’ouverture.

Il a été rare jusqu’à présent que je chronique un jeu de rôle. Mais avec Les Lames du Cardinal, c’est bien plutôt un univers entier qui est passé sous mes Fourches caudines. Et je suis heureux que cela soit beaucoup lu.

Plus encore que tous mes autres articles sur le jeu de rôle, celui-ci est ma fierté. Il formalise une façon de mener des parties comme des épisodes d’une série, en se focalisant sur beaucoup d’aspects matériels.

Là encore, un tutoriel, sur la façon de concevoir un livre. Je crois bien que cela sert à beaucoup de réalisauteurs et réalisautrices.

Au commencement d’écaille & de plume, il y avait ces liens que je faisais entre plusieurs œuvres qui traitaient le même thème. Et celui-ci était le premier. Les films que j’y analyse valent d’ailleurs le coup d’être visionnés.

Troisième tutoriel dans les dix articles les plus lus sur d’écaille & de plume, là encore pour tenter de démystifier et de simplifier la création d’un livre, électronique cette fois-ci.

Pourtant, je retiendrai plutôt les articles qui ont, selon moi, jalonné l’histoire d’écaille & de plume par leur importance pour moi, qui ont marqué mon évolution. En voici la liste.

Cet article m’a permis de poser ma discipline d’écriture, à travers mes lectures comme à travers ma propre expérimentation des divers conseils trouvés en ligne ou ailleurs, prodigués par toutes sortes de créateurs. Premier sur ma liste, il est fondateur.

Deuxième article sur la création, qui présente mon obsession de mélanger les genres et les techniques de narration en profitant de ce que d’autres arts ont infusé comme habitudes au «public». C’est probablement le plus «technique d’écriture» de mes articles.

Avec celui-ci, j’ai eu envie de tordre le cou à une idée préconçue et à clamer que je ne m’y conformais pas. Pour la petite histoire, il me valut l’honneur d’être contacté par une journaliste connue pour un projet de reportage, durant la pandémie, qui ne vit pas le jour, et par deux étudiantes en journalisme pour une interview sous forme de podcast.

Prélude à ma décision de quitter mon cabinet libéral, j’avais dans cet article en forme de manifeste essayé d’exposer ce qui pour moi faisait l’acte de soigner, un peu à rebours des injonctions actuelles.

Lorsque j’ai décidé de fermer mon cabinet de médecine générale en libéral, j’ai accepté de tourner une page de ma vie, définitivement. Je devais dire «adieu» à beaucoup de choses qui ont été importantes pour moi.

Dans l’époque qui est la nôtre, plutôt sombre, j’ai envie de semer des graines de lumière. Cet article parle de séries qui font la même chose.

Parfois, il y a des moments de doutes quand on tient un blog. Ce fut pendant l’un de ces moments que j’ai décidé d’écrire une petite histoire qui expliquerait comment je me sentais en l’extériorisant façon «examen clinique médical».

Après mon manifeste de 2014, j’ai voulu affirmer ce qu’était devenue, pour moi, l’autoédition. Quelque chose de plus, en tous les cas, que quelqu’un qui publie seul un livre.

Dans ma série de révoltes contre les travers de notre société (ou du moins ce que je perçois comme des travers), cet article est central. La manie du chiffre et de la notation pourrit bien des choses, et j’explique pourquoi. J’explique même comment on pourrait remplacer ça.

Enfin, la remise au goût du jour de la «vieille» technologie des flux RSS est un autre de mes chevaux de bataille. Et dans cet article j’explique pourquoi mais surtout comment, nous pouvons suivre les gens que nous avons envie sans dépendre des algorithmes.

Dix alogues

Parmi les tournants pris par d’écaille & de plume, il y en a un qui a plus d’importance que les autres : mon investissement dans la lettre d’écaille & de plume, ma newsletter quadriannuelle. En l’absence de réseaux dyssociaux, et en mon absence physique sur des salons de littérature ou de dédicace, elle a été le vecteur d’une véritable relation avec plusieurs de mes lecteurs et lectrices. À travers elle, j’ai pu recruter des silhouettes sonores pour le dernier épisode des Consultations extraordinaires.

C’est donc par elle que je vais réellement fêter cet anniversaire, pas comme les autres tout au long de cette année 2024.

Pour découvrir comment, une seule solution : s’y abonner…

Pour comprendre pourquoi cette newsletter…

Et si tu m’crois pas, hey… t’ar ta gueule à la récré

Je ne sais pas pour combien de temps encore d’écaille & de plume existera. À l’heure où j’écris ces lignes, j’espère que ce sera pour au moins dix années de plus. Mon objectif est de continuer à l’alimenter très longtemps, à y rêver et à y créer au moins autant.

Et si tu m’crois pas…


  1. Bon, cela dit, je pense que vous avez encore un peu de temps devant vous.  ↩︎

Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Écrire plus rapidement : mes astuces

Écrire plus rapidement : mes astuces

Quand on écrit souvent les mêmes mots, on développe vite des abréviations. Je crois que nous avons tous et toutes appris cela durant notre scolarité. Ou si ce n’est pas le cas, cela aurait dû l’être. Il est en effet beaucoup plus rapide d’écrire « tjr », plutôt que « toujours ».

La difficulté est de le faire dans un texte destiné à être lu par d’autres personnes que soi-même.

Lorsque nous écrivions à la main, nous n’avions d’autre choix que de recopier le texte en écrivant toutes les lettres de tous les mots. Et bien évidemment, cela prenait du temps, beaucoup de temps.

Mais depuis que les ordinateurs se sont généralisés et que nous pouvons écrire sur un clavier, notre capacité à modeler et remodeler un texte a été centuplée par la virtualité. Tout comme le copier-coller que nous savons toutes et tous utiliser, un ordinateur peut nous aider en remplaçant, soit après coup, soit même à la volée une abréviation par ce qu’elle signifie. Le gain de temps est alors exponentiel, voire incalculable. En effet, il n’est plus nécessaire de recopier le texte, simplement de savoir programmer l’ordinateur pour qu’il accomplisse ces petits miracles tout seul, lorsque nous en avons besoin.

Ce petit article va peut-être enfoncer des portes ouvertes, pourtant, je pense qu’il peut servir à certaines personnes.

Car si certaines et certains connaissent déjà les expanseurs de texte et les utilisent pour écrire, voire coder, il existe une difficulté à laquelle, je crois, toutes et tous ont été confrontés sans trop trouver de solution satisfaisante dans un traitement de texte ou un studio d’écriture : comment écrire plus vite le texte mais aussi, en même temps, le mettre en forme plus vite ?

The Expanse (of text)

Au début était le copier-coller. Nous l’avons tous en tête : sélectionner un mot ou un groupe de mots avec la souris (ou le trackpad), puis taper Control+C (Command+C avec un Mac) pour copier le texte, positionner le curseur là où nous désirons mettre à nouveau le même mot, et taper Control+V (Command+V sur un Mac) pour coller le texte copié.

Le procédé est simple, mais on peut faire mieux.

Avec les logiciels expanseurs de texte, on peut attribuer une abréviation à un mot, taper cette abréviation, et l’ordinateur la remplace par le mot dans son entier. Par exemple, une de mes expansions les plus utiles est « tjr » que mon ordinateur traduit facilement pour afficher à la place un bien écrit et compréhensible « toujours ».

On peut aller encore plus loin et utiliser ces snippets, ces petits morceaux de texte, pour expandre un groupe de mots, une phrase, un paragraphe entier, voire des pages…

Il existe quantité de logiciels d’expansion de texte.

Le plus connu n’est malheureusement accessible que sur abonnement, et je déteste ce principe.

Je me suis tourné quant à moi vers Typinator, qui est une application strictement Mac, pour laquelle vous n’aurez qu’à ouvrir votre porte-monnaie qu’une seule fois, ce qui est très appréciable.

Et vous verrez qu’on peut vraiment faire beaucoup de choses avec.

Une bonne partie des astuces que je vous présente plus loin vont nécessiter son emploi, d’ailleurs.

Le problème : mise en forme & gain de temps

Si vous avez déjà voulu écrire quelque chose de joli avec un ordinateur, vous avez sans aucun doute remarqué une chose importante.

Si taper du texte brut est suffisamment rapide quand on a l’habitude (même avec deux doigts comme moi), on perd ensuite un temps assez affolant pour mettre en forme le texte une fois écrit. Avons-nous décidé de mettre tous les textes en taille 20, police Arial, en souligné ? Il faut le faire en sélectionnant les titres avec la souris, déroulant des menus, etc., etc. Même chose pour mettre certains mots ou certaines expressions en exergue avec de l’italique, du gras, du souligné, etc.

Je ne vous raconte même pas le temps perdu lorsque vous devez faire ça sur un long article de blog.

Et je n’ai pas encore parlé des liens internet. Sélectionner la phrase, cliquer sur l’icône qui permet d’y insérer un lien internet, et taper l’adresse du site (au hasard, celui de d’écaille & de plume). C’est répétitif et c’est long.

C’est d’ailleurs ce qui m’a conduit à chercher une solution pour que les liens que j’utilise fréquemment puissent être mis en forme dans Scrivener le plus rapidement possible, sans avoir à refaire la manipulation à chaque fois.

Deux approches différentes ont été développées par les geeks pour régler ce problème, l’une très ancienne, l’autre assez récente.

Je vais commencer par la plus récente.

Le Markdown

Le Markdown est une syntaxe, c’est-à-dire une façon d’écrire qui donne un sens à ce que l’on écrit par certains signes qui codent ce sens. C’est une syntaxe de mise en forme, car les signes utilisés permettent de déterminer si un mot ou une phrase doit être en italique ou en gras, par exemple. Et c’est tellement simple que l’on peut très rapidement prendre l’habitude de l’utiliser en même temps que l’on tape le texte sur le clavier.

Exemple : pour montrer à l’ordinateur que l’on veut mettre un mot ou un groupe de mots en italique, on encadre ce groupe de mots par un astérisque «  ». Et lorsque l’on tape « *ceci est en italique* », le logiciel qui utilise la syntaxe Markdown va automatiquement montrer le texte suivant mis en italique « ceci est en italique ». Pour mettre le même texte en gras, il suffisait de l’encadrer par deux astérisques et non plus par une seule. « **Ceci est en gras** » devient « Ceci est en gras* ».

« Merveilleux ! », dites-vous. Moi aussi, je le pense.

Mais le diable est dans les détails.

Car avec ce système, la mise en forme est figée.

Ce que vous avez mis en gras ne peut pas, par exemple, apparaître en couleur, ou souligné, parce que vous avez décidé une semaine après avoir tapé votre texte que les passages importants seraient mieux mis en exergue par une belle couleur verte et un trait. Pour cela, il vous faudrait parcourir à nouveau tout votre texte et changer tous les mots ou groupes de mots un à un… Vous imaginez déjà le nombre d’heures que cela vous ferait perdre.

Pourtant, il existe un outil bien plus flexible, et il existe depuis presque les débuts des traitements de texte : les styles de texte.

Les Styles de texte

J’en ai déjà parlé dans mes premiers articles sur la série Making of a Book.

L’idée derrière les Styles de texte est à la fois simple, élégante, et versatile : expliquer à l’ordinateur que le texte sélectionné est important et en quoi, de façon à séparer la forme et le fond du texte.

En effet, si l’on veut mettre une phrase en gras, c’est souvent qu’on veut lui donner plus d’importance aux yeux de son lectorat. C’est le signe qu’il s’agit d’un passage particulièrement important. Nous pourrions l’appeler « accentuation forte ». Mais il peut se trouver aussi du texte qui soit important à distinguer dans un paragraphe, sans qu’il soit pourtant aussi important que ce qui sera en « accentuation forte ». Il serait par exemple en italique. On pourrait l’appeler « accentuation ».

Si vous avez compris cela, vous savez utiliser les Styles de texte.

Car une fois que vous avez dit à un traitement de texte que tel mot était en Style accentuation forte et que tel autre était en Style accentuation, alors vous avez la possibilité de déterminer ensuite et à tout moment de changer la façon dont chaque Style de texte va apparaître esthétiquement.

Si vous aviez décidé que l’accentuation forte devait être en gras au départ, mais que cela ne vous convient plus, vous n’avez qu’à dire au logiciel que vous préférez que ce soit en vert et souligné. Une fois cela déterminé, tous les passages que vous aurez mis avec un Style accentuation forte seront changés en une seule opération, vous faisant gagner un temps très précieux.

« C’est génial ! », vous entends-je vous exclamer.

Oui, j’en conviens.

Mais.

Mais cette façon de faire nécessite que vous sélectionniez les passages les uns après les autres après avoir écrit votre texte, ou alors pendant mais en lâchant votre clavier et en cliquant avec votre souris sur des menus déroulants. Cela vous fait donc retomber dans ce que nous voulions éviter : l’obligation de sélectionner les mots et utiliser des menus déroulants à n’en plus finir…

Les frères ennemis de la mise en forme

Ainsi, soit vous utilisez une syntaxe spécifique de mise en forme comme le Markdown, mais vous ne stylez pas votre texte, soit vous voulez utiliser les Styles de texte et vous devez le faire après coup, en perdant beaucoup de temps.

Il semble que vous ne puissiez pas faire les deux en même temps.

Il n’existe en effet pas de syntaxe Markdown qui permettrait d’indiquer quel Style de texte vous désirez utiliser en tapant un signe juste avant le mot que vous désirez écrire.

Et il y a un autre cas où c’est encore plus pénible : quand vous désirez insérer un lien internet. Alors qu’avec le Markdown vous pouvez faire cela sans quitter les touches de votre clavier (pourvu que vous connaissiez l’adresse internet par cœur ou que vous ayez paramétré une expansion de texte pour vous éviter d’avoir à encombrer votre mémoire), avec un Style c’est impossible.

Pire : si vous avez un groupe de mots que vous écrivez souvent et qui contient une mise en forme particulière, comme le nom d’un site avec un lien qui pointe vers son adresse sur la Toile (au hasard), vous devrez souvent faire les mêmes manipulations.

Le texte formaté des expanseurs de texte

Les expanseurs de texte ont tous une option pour formater le texte que vous leur confiez. On peut en effet déterminer que le mot « toujours » soit écrit en gras lorsqu’on tape l’abréviation « tjgras ».

Aurions-nous résolu le problème ?

Non, hélas. Car la mise en forme proposée n’utilise pas les Styles mais bien plutôt un format figé.

Retour à la case départ, donc.

Mais pas vraiment, car la solution est comme souvent dans la combinaison de plusieurs outils.

La solution : combiner

Après avoir beaucoup cherché, j’ai fini par découvrir une solution qui, sans être parfaite, me satisfait suffisamment.

L’idée est de combiner le principe du Markdown (c’est-à-dire baliser mon texte en même temps que je l’écris), l’utilisation des Styles de texte (donc la séparation de la forme et du fond du texte par un balisage sémantique), et l’expansion de texte.

Cette solution fonctionne dans Scrivener mais également dans LibreOffice et même dans Word.

D’abord, il s’agit de se servir de la possibilité que les trois logiciels vous offrent d’affecter un raccourci clavier à chacun de vos Styles de texte.

Dans mon cas, je me sers vraiment beaucoup de trois balises de mise en forme pour écrire sur d’écaille & de plume : un style de mise en évidence, un style nommé strong pour une accentuation forte, et un style nommé Strong & italic qui me sert à baliser les titres des œuvres que je cite (car savez-vous que par convention typographique les titres des œuvres doivent se noter en italique ? Non ? Alors je vous l’apprends). J’ai donc affecté un raccourci clavier pour chacun de ces styles. Dans Scrivener c’est faisable dans le Volet des styles. Comme vous pouvez le voir sur les captures d’écran ci-dessous, cette personnalisation peut se faire facilement dans Scrivener et dans LibreOffice. Avec les mêmes raccourcis. Vous remarquerez que j’ai un raccourci pour revenir à « aucun style ». En effet, lorsque je tape mon texte, j’enclenche le raccourci clavier qui correspond au style que je veux utiliser juste avant d’écrire le mot en accentuation forte, par exemple, puis lorsque j’ai terminé d’écrire ce mot, je tape le raccourci de « remise à zéro » et je peux poursuivre ma rédaction.

Ceci fait, pour les liens internet, je définis des expansions spéciales avec Typinator, comme par exemple celle qui permet d’insérer un lien vers d’écaille & de plume automatiquement. Cette expansion est déterminée comme une expression HTML mais n’en est pas vraiment une. Il s’agit d’un moyen de dire au logiciel de traitement de texte que c’est une expression qui contient un lien internet. Lorsque je tape « - lien.d&p », Typinator m’écrit décaille & de plume. En gardant le lien internet.

Ces raccourcis clavier et ces abréviations demandent bien évidemment un apprentissage (tout comme la syntaxe Markdown, en fait), mais à l’usage, cela me fait gagner un temps très précieux.

Les raccourcis clavier

De manière générale, et de plus en plus, j’utilise les raccourcis clavier lorsque je me sers de mon Mac. La souris ou le trackpad permettent de faire beaucoup de choses de façon très précise, mais combiner cette précision avec des raccourcis clavier fait gagner beaucoup de temps.

Par exemple, pour le montage des Consultations extraordinaires, avec les logiciels GarageBand ou LogicPro, je me sers évidemment du trackpad pour déplacer les régions audio les unes par rapport aux autres, mais également des touches du clavier pour passer d’une vue d’édition de la région elle-même à une vue de montage des régions entre elles.

Si vous utilisez un Mac vous aussi, je ne saurais trop vous conseiller deux utilitaires gratuits qui permettent de s’en servir de façon vraiment poussée : KeyClu et CustomShortcuts.

Vous verrez, une fois qu’on a essayé, on ne peut plus s’en passer !