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Les consultations extraordinaires, la playlist de la saison 1

par Juin 15, 2024L'encre & la plume0 commentaires

La Playlist commentée

Walk Like An Egyptian
Le titre de la saison était évident, et j’aime aussi son côté enlevé, ce qui souligne bien l’ambiance humoristique que j’avais envie d’imprimer à cette podfiction.

Knocking on Heaven’s Door
Deux versions de cette chanson se battaient en duel dans mes oreilles : celle de Dylan, l’originelle, une merveille de simplicité et celle des Guns, qui a le parfum de mon adolescence. Comme souvent, j’ai décidé de ne pas choisir, et j’ai écouté les deux versions avec autant de plaisir. Je trouve qu’elles se répondent bien l’une l’autre, et ce contraste a été aussi une manière pour moi de travailler les paradoxes que Thot affronte avec l’aide de Belladone et Adélaïde. Bien entendu, ce titre fait référence au fait que Thot soit bloqué dans les mondes des humains mais aussi à un décor particulièrement important dans la série, la porte monumentale d’un temple conservé dans la salle 324 du Musée du Louvre, qu’empruntent tous les dieux égyptiens ou presque pour venir visiter leur psychologue.

Eye of The Tiger

L’Œil du Tigre m’a immédiatement fait penser à l’Œil d’Horus, même si ce dernier est un faucon. Parce que c’est une chanson sur le fait de devoir se battre pour survivre, et que la vie du dieu Horus est exactement ce genre d’existence. Depuis son enfance, comme le Heraklès grec, il a été la cible des manigances d’un autre dieu : Seth, jaloux de la famille de son frère Osiris.

J’ai écouté deux versions là aussi : la version originale de Survivor, et la version plus moderne d’Amel Bent.

Can’t Stand Losing You

J’ai mis du temps à comprendre ce que pouvait être le traumatisme psychologique de la déesse Isis. Le premier jet de son épisode sonnait faux. Jusqu’à ce que je réalise que son concept fondateur est celui de la pleureuse. Alors, j’ai fait une association d’idées avec ce morceau de The Police qui introduit en plus une notion d’immaturité. Dans le single, il est question d’un homme qui ne peut pas se résoudre à une rupture amoureuse, et en arrive à un chantage affectif. C’est assez pathétique. La déesse, elle, ne peut se résoudre au deuil de son divin époux, ni à laisser son fils voler de ses propres ailes. Elle a besoin de «lâcher prise», comme on dit de nos jours. C’est d’ailleurs pour cela que le titre suivant était le premier thème de cet épisode sur la déesse-mère des Égyptiens.

You Can’t Hurry Love

Lorsque j’ai écrit le premier jet de l’épisode qui était consacré à Isis, j’avais déjà l’idée d’une femme qui veut tout contrôler autour d’elle, sans doute à cause du deuil de son époux. Sachant que ce dernier avait été émasculé après avoir été tué puis découpé en morceaux et finalement reconstitué et ressuscité, je me suis dit que nous avions affaire à une forte femme, une main de fer dans un gant d’acier, et qu’elle voulait à tout prix que les autres l’aiment.

Le titre des Supremes est tout naturellement venu à mon esprit. Il sonne comme un conseil qu’une mère aurait pu donner à Isis, mais qu’elle aurait pu entendre de la part de Belladone. On ne contrôle pas les émotions des autres. Mais j’avoue avoir une préférence pour la reprise de Phil Collins. Elle est tout aussi acidulée, mais plus dynamique.

Honky Tonk Women

Hathor et Sekhmet ont beau être les deux faces d’une seule et même figure divine, elles me font l’impression d’être comme ces vieux couples qui se chamaillent en permanence mais ne peuvent pas vivre l’un sans l’autre.

Surtout, leur point commun est l’ivresse, l’inconséquence, l’instinct, l’impulsion.

Je me suis imaginé d’abord qu’elles pouvaient s’inscrire aux Alcooliques Anonymes.

Et j’ai eu l’image mentale de deux piliers de bar… d’où la chanson des Rolling Stones, comme un double clin d’œil. D’abord, littéralement, pour illustrer leur addiction. Ensuite, en hommage à un épisode de Cowboy Bebop que j’affectionne particulièrement…

Not An Addict

J’ai pourtant hésité avec ce titre-là pour Hathor et Sekhmet. Il illustrait parfaitement le trouble psychologique dont je voulais affubler les deux déesses, mais j’ai fini par l’écarter car je trouvais son rythme et son ton trop «noir» pour l’ambiance que je voulais donner à l’épisode. Parce que :

The Ballad Of Lucy Jordan

Je voulais pour Hathor, Sekhmet, Claude et surtout Adélaïde comme une sorte de road movie humoristique. J’ai eu dans la tête durant toute l’écriture de l’épisode la chanson de Marianne Faithfull qui figure dans la bande originale de Thelma & Louise. Ce film est une perle, mais c’est surtout pour moi l’archétype du road movie, un récit initiatique, un voyage initiatique, dont je voulais m’inspirer pour construire la structure de l’épisode. Il fallait que les quatre personnages vivent une succession de rencontres qui changent à la fois leurs rapports entre eux et leurs rapports au monde. L’illustration que les événements de la vie peuvent nous inciter à changer.

Stayin' Alive

J’ai eu pour Osiris le même genre de problème que pour son épouse divine. Je ne savais pas bien quel était son traumatisme.

Tout s’est débloqué lorsque j’ai compris que ce n’était pas un traumatisme qui lui posait problème, mais bien la façon dont ce traumatisme avait changé sa «vie» puisqu’il avait impliqué non seulement sa mort, mais une série de traumatismes additionnels.

Comment aurais-je réagi si j’avais été assassiné par mon propre frère, puis découpé en morceaux par le même, puis reconstitué par ma femme, puis ressuscité par elle, avant de me rendre compte que manquait mon sexe et qu’il allait falloir que mon épouse me greffe un organe articfiel pour pouvoir s’accoupler avec moi et donner naissance à notre fils ?

Je me suis dit que c’était un peu beaucoup à supporter, même pour un dieu. J’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé de divinité qui ait subi autant de chocs physiques et psychiques, dans aucun autre panthéon.

Donc, le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) s’est imposé.

Et le titre des Bee Gee’s était une façon de se dire que, malgré tout, Osiris était resté vivant mais pas vraiment, car le SSPT lui avait «bouffé la vie».

(I Can't Get No) Satisfaction

Pourtant, j’étais parti au départ sur une tout autre idée.

Osiris est le dieu de la renaissance de la nature, car il a pu engendrer même en étant mort. Pourtant, sans que ce soit vraiment lui qui se soit accouplé.

Les Rolling Stones se sont donc à nouveau montrés.

J’ai fini par abandonner ce titre quand j’ai réalisé que l’émasculation n’était que l’un des multiples traumas qu’avait dû vivre le Souverain du Royaume d’Occident…

Bad

Le frère d’Isis et Osiris, Seth, m’a posé le même problème.

Comment montrer cet affrontement fratricide ? Comment questionner la figure de Seth, le mal-aimé par excellence ?

C’est quand j’ai compris que son problème était d’être coincé dans un rôle qu’il n’avait pas forcément envie de jouer au départ que j’ai songé au titre de Michael Jackson.

Jealousy

Parce qu’au départ, je m’étais simplement arrêté à la jalousie que Seth pouvait incarner. Jaloux de son frère désigné pour régner. Jaloux de sa sœur pour le pouvoir qu’elle avait dérobé à Râ sans même avoir été châtiée ensuite pour cela. Jaloux de son neveu pour avoir hérité de ce qu’il considère toujours comme lui appartenant.

Le titre d’Iggy Pop est lancinant, avec une ambiance de rengaine militaire (les tambours, le riff de guitare répétitif, les paroles récitées comme un mantra).

Bring Me To Life

Je me suis fixé sur le morceau d’Evanescence seulement quelques jours avant la sortie de l’épisode final.

Oh, il est vrai que ce titre tournait depuis le début, quand j’ai eu l’idée de faire revivre des momies au cœur du Musée du Louvre. La chanson a ces contrepoints de growl ténu, cette façon qu’ont les chanteurs de musique metal de produire des sonorités très noires et funèbres, voire inquiétantes, et toujours désagréables, qui me parlent depuis toujours des «non-morts», que ce soient des vampires, des zombies, ou des momies.

Et pourtant, il y a aussi cette voix assez mélodieuse qui supplie, qui appelle à l’aide.

Cela m’a semblé coller avec la deuxième partie, où la confrontation entre Karl Gustav et les autres prenait des airs de drame, voire de tragédie, humoristique autant qu’existentielle.

Bitter Sweet Symphony

Le dernier épisode de la saison est celui qui m’a posé le plus de problèmes sur le choix d’un titre.

Jusqu’à quelques jours de la publication, le morceau de The Verve était mon choix. Car la conclusion de la saison devait avoir un goût doux-amer, montrer que la vie est affaire de bonnes et de mauvaises choses et de comment on pouvait tout de même continuer son existence malgré tout.

C’est aussi une chanson sur la volonté de changement, la possibilité de changement.

Et c’était bien le propos de la discussion entre Karl Gustav et les divinités égyptiennes.

J’ai cependant gardé ce titre pour illustrer la première partie de l’épisode double, car il peut aussi, je crois, s’appliquer aux momies qui essaient de retrouver leur identité propre, qui se remémorent leurs vies.

Tonight, Tonight

Quant à la deuxième partie de l’épisode 7, j’ai longtemps hésité avec l’un des morceaux les plus connus des Smashing Pumpkins. Car lui aussi parle de la vie, du changement, de ce que nous devons laisser derrière nous pour l’accepter.

Et la répétition des mots «Believe in me» («crois en moi»), faisait écho avec le problème principal des divinités égyptiennes, et leur désir profond que l’on croit en elles.

You Learn

Pourtant, c’est le morceau d’Alanis Morissette qui a failli remporter la mise.

Lui aussi parle de la vie et de ce qu’elle implique. Apprendre. Apprendre de tout ce que nous ressentons, subissons, vivons.

Une très belle chanson dont je voulais que les dieux égyptiens puissent profiter.

Boulevard of Broken Dreams

Enfin, alors que les seules images nettes dans mon esprit pour cet épisode final étaient celles de momies se promenant dans Paris (ce que finalement elles n’ont pas vraiment fait), j’avais les sonorités lourdes du plus beau morceau de Green Day (selon moi) dans les oreilles. J’avais initialement pensé que cet épisode serait l’occasion de s’intéresser à la dépression nerveuse des momies du Louvre, et cette ballade dans la solitude pouvait très bien suggérer tout cela.

Vous avez remarqué ?

Chaque épisode des Consultations extraordinaires emprunte son titre à un morceau de musique.

Pourquoi ?

D’abord parce que je suis né dans une famille de musiciens, et que la musique fait tout naturellement partie de mon environnement normal. J’ai besoin de musique, presque constamment. Surtout quand j’écris. J’ai besoin de musique pour me plonger dans l’ambiance de ce que j’écris, pour m’immerger dans un autre état de conscience, dans un état de flow où mon être tout entier est tendu vers les mots qui coulent de mes doigts.

Ensuite parce que, lorsque j’ai commencé à réfléchir à quelles divinités allait s’intéresser la première saison de ma podfiction, mon cerveau a tout de suite pensé à Walk Like An Egyptian comme titre. Il n’en fallait pas plus pour que l’idée de nommer chaque épisode d’après le titre d’une chanson connue ne s’impose.

Enfin, parce que chaque divinité consultant Belladone Mercier et son étudiante devait souffrir d’un trouble psychologique distinct, et que ce thème pouvait très bien se résumer ou s’illustrer par une chanson. La perte de mémoire de Thot et ses tentatives désespérées pour se souvenir d’une chose qu’il ne pouvait même pas se rappeler avoir oubliée a fait surgir l’image d’un pauvre hère coincé dans le monde des humains et cherchant à regagner son propre univers divin : Knocking On Heaven’s Door s’est imposé. Et il en est ainsi pour les autres épisodes.

Parfois, le titre a changé lorsque l’écriture de l’épisode a abouti à traiter un autre thème que celui auquel j’avais d’abord pensé. Par exemple, l’épisode 3 s’est d’abord intitulé You Can’t Hurry Love, avant que je ne comprenne que le thème d’Isis n’était pas véritablement l’impatience et la volonté de contrôle dans son couple, mais bien la tristesse et la peur issues de son deuil d’Osiris. Quand je l’ai réalisé, j’ai changé le titre pour Can’t Stand Losing You.

Le choix a été personnel. Il fallait que ce soit à chaque fois un morceau que j’aime moi-même écouter. C’est sans doute pour cela que ce sont surtout des morceaux de pop ou de rock. Pourtant, il fallait aussi que ce soit à chaque fois un morceau connu de beaucoup de monde. Impossible pour moi de plaquer un titre obscur de Cocteau Twins, de Dead Can Dance, ou même d’autres artistes seulement célèbres parmi les geeks de mon âge (avancé).

Je suis écrivain, mais mon imaginaire est aussi nourri par le cinéma, il m’est donc naturel de penser mes scènes en termes musicaux et sonores.

Et comme pour la sortie d’un film, la réalisation des Consultations extraordinaires de Belladone Mercier, psychologue des dieux implique aussi celle d’une bande originale.

Alors je cède bien volontiers à l’envie de vous livrer la playlist qui a accompagné l’écriture de la première saison.

Elle est disponible sur Apple Music, car c’est le service de streaming que j’utilise, mais la liste ne contient pas des titres qu’une autre plateforme (par exemple française ou suédoise) ne puisse vous fournir. Vous pouvez donc aisément la reconstituer vous-même dans votre service préféré.

Retrouver Les consultations extraordinaires de Belladone Mercier, psychologue des dieux

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