Post Librum Blues
Post Librum Blues
Le Choix des Anges est né il y a maintenant pratiquement quatre mois.
Il est maintenant un enfant dont il faut encore guider les premiers pas, prometteurs mais hésitants.
Les retours sont très encourageants, venant de personnes qui me connaissent parfaitement, très bien, bien, moyennement, ou même pas du tout. Le livre est parvenu à toucher des gens au-delà de mon cercle amical, et parfois à les toucher profondément. Certaines personnes m’ont même contacté pour me parler de leur ressenti. Des personnes que je ne connaissais pas auparavant.
Une nouvelle phase commence pour le livre, en même temps qu’une s’achève pour l’écrivain, son géniteur.
Car la gestation a duré six ans.
Six années à vivre avec les mêmes protagonistes, avec leurs interrogations, leurs obsessions, leurs désirs, leurs doutes, leurs souffrances. Six années à mettre en place l’intrigue, à mettre en mots la narration, à mettre en scène les réactions.
Vint enfin l’accouchement.
Il s’est fait dans la douleur, malgré l’autohypnose, la maîtrise de la respiration, le soutien de l’entourage, et l’obstination.
La pression de délivrer un produit le plus professionnel possible malgré mon inexpérience a dépassé mes récentes capacités à apaiser mon anxiété naturelle. J’ai portant passé les différentes épreuves avec assez d’aisance, malgré les accrocs inévitables.
Si tout s’est parfaitement passé pour la version papier, la version électronique Kindle reste bloquée chez Amazon, malgré mes efforts et ceux d’Immatériel, la plateforme de distribution que j’ai choisie. Je suis donc privé du principal canal de distribution électronique qu’est le Kindle… Heureusement, les versions ePub, elles, sont disponibles sur de nombreuses autres librairies en ligne, notamment 7switch.
Je commence à diffuser la version papier de façon plus traditionnelle, chez des libraires spécialisés.
Mais les hormones de la délivrance ont vu leur taux sanguin brutalement chuter.
L’écrivain en moi s’est retrouvé dans la phase délicate de l’après.
Cette phase où le vide provoqué par la fin d’un projet laisse tout loisir aux diverses angoisses de se déchaîner.
Et si je ne savais plus rien raconter d’autre ?
Et si mes différents projets, pourtant si nombreux, étaient complètement inintéressants, creux, banals, comme de simples redites sans rien d’original ?
Et si ma vision n’était finalement qu’une vacuité, ou pire, une fatuité ?
Cette phase où toutes les idées se bousculent et où l’esprit est incapable de les organiser, de les hiérarchiser, de les choisir.
Cette phase où le cerveau peine à se projeter vers une autre aventure, non parce qu’il n’en a plus envie, mais parce qu’il ne sait plus où regarder.
J’ai redécouvert ce qu’en référence à la dépression du post-partum j’ai nommé le Post Librum Blues, cette sensation désagréable d’avoir des neurones en compote et une tristesse floue, un vague à l’âme tenace et une estime de soi en berne.
Je ne savais même plus de quoi j’avais envie de parler dans la prochaine aventure, et même si une prochaine aventure serait possible.
Pourtant, les idées bouillonnaient dans ma tête.
Les images, les bouts d’intrigue, s’entrechoquaient dans des collisions désordonnées.
Mon esprit était vide de sens mais pas vide d’activité.
Le chaos s’y était installé.
Penser à chacun de mes projets mis patiemment de côté pendant des années m’était intolérable. Car je ne parvenais pas à en mener un au bout de sa logique.
Fée du logis ? Rocfou ? Sur les genoux d’Isis ? Tarot ? La tribu perdue ? Grande Armada ?
L’envie elle-même m’avait déserté. Je ne savais plus quoi choisir ni comment le choisir. Toutes les potentialités se mélangeaient. Les loups-garous se perdaient en Égypte ancienne pendant que Napoléon rencontrait Élisabeth I et des dragons… L’alliage ainsi présenté aurait pu avoir lui-même un sens si mes pensées ne s’étaient pas senties paralysées à la seule évocation des multiples choix nécessaires à la construction d’un monde et d’une intrigue cohérentes.
Cela fait quatre mois.
Cela vient de prendre fin.
Je sais enfin vers quoi j’ai envie de me projeter pendant plusieurs mois, peut-être plusieurs années.
Et je vous en parlerai ici de temps à autre, au fil de l’avancée du projet.
Ce nouvel enfant va changer complètement d’ambiance, de paradigme.
Plus de narration à la première personne, mais plusieurs points de vue entremêlés.
Plus d’atmosphère rétrofuturiste mais une époque inspirée des temps mérovingiens et carolingiens.
Plus d’ésotérisme mais un monde où la magie est un lointain passé, une réminiscence mystérieuse, où les légendes tenaces racontent une époque héroïque.
Une histoire de fraternités et d’amours contrariés. Une histoire d’amitiés brisées et retrouvées.
Une histoire d’anciens dragons et d’antiques passages secrets sous les montagnes.
Une forêt profonde où des tribus barbares adorent encore des dieux oubliés, des raids sanglants, des guerres saintes, des tournois et des espions dans de grandes cités aux murailles épaisses.
Des monstres humains et d’autres qui le deviennent de moins en moins.
Une aventure, une quête, aussi bien intérieure qu’héroïque.
Un projet qui a un nom hérité d’un monde né d’un jeu de rôle.
Le fou du roc.
Rocfou.