Le Chevalier Rouge, de Miles Cameron

Le Chevalier Rouge, de Miles Cameron

Mon livre de vacances de l’été 2016 m’a fait renouer avec le genre médiéval fantastique, avec le premier tome de la saga Renégat, de Miles Cameron, auteur canadien au style enlevé. Le mélange des récits historiques et fantastiques donne souvent des métissages inattendus. Et en l’espèce, le bâtard issu de cette union est l’un des plus prometteurs que j’ai pu lire, qui marie l’ambiance médiévale bien documentée d’une compagnie de mercenaires à une épopée de fantasy opposant le monde des Hommes et celui des Êtres surnaturels.

Le Chevalier Rouge est un paria fuyant sa trop haute naissance et le poids d’un dessein maternel toxique dans la guerre professionnelle et la pratique des arts ésotériques d’une magie hermétique plus ou moins sulfureuse. Il dirige ainsi malgré son jeune âge d’une main de fer gantée une compagnie de mercenaire réputée. Il accepte de mettre ses services à la disposition de l’Abbesse d’un puissant monastère fortifié en butte aux menaces puis aux assauts d’une horde surnaturelle innombrable, et se retrouve alors au cœur d’un combat intime et aux proportions fabuleuses. Car le Monde Sauvage a décidé de punir les humains du royaume d’Alba, de reconquérir ses terres et de venger les affronts qui lui sont faits quotidiennement. À moins que la véritable lutte ne soit le fait d’autres puissances, aux motifs plus sombres encore.

On pense immédiatement au film peu connu de Paul Verhoeven, La Chair et le Sang (Flesh and Blood, avec l’incroyable Rutger Hauer), qui met en scène une bande de mercenaires au XIVe siècle, avec une liberté de ton peu commune dans le cinéma des années 1980. Les personnages sont tous des antihéros, il y a des scènes crues (de la chair et du sang, on n’est pas surpris du titre). Le Chevalier Rouge est beaucoup plus grand public (il n’y a pas de scène sexuelle, notamment), mais se rapproche du film de Verhoeven dans l’ambiance sombre qui s’en dégage.

Deux choses sautent aux yeux lors de la lecture : une connaissance intime du combat médiéval par l’auteur, qui pratique lui-même la discipline, et un univers intriguant, à la fois familier et mystérieux, fait du mélange astucieux entre des repères historiques forts et des changements fondateurs, presque uchroniques.

Le style vif est un peu ralenti par la foison de description des combats, un peu à la façon d’un Jaworski, la gouaille en moins. Mais il est quand même assez jouissif d’enfin lire quelqu’un qui a pris la peine de réfléchir (et même de vivre) à de réelles joutes en armure, avec le poids du métal et toutes ses conséquences. On peut regretter que le détail aille parfois beaucoup trop loin, et que les scènes d’action prennent autant de place dans la narration (sur plus de 800 pages, il y a la place). Cependant, le héros éponyme est un mercenaire. Sa vie est la guerre. Et pour une fois, on n’est pas volé sur la marchandise. Il s’agit de conter un siège. Surnaturel en partie, certes, mais un siège tout de même.

Et les morceaux les plus réussis ne sont pas forcément les scènes de bataille en elles-mêmes, mais bien le découpage presque cinématographique mis en place lors de celles qui impliquent des duels de magie. J’utilise beaucoup ce procédé moi-même qui consiste à entremêler deux actions dans un même paragraphe ou dans une même phrase, pour donner l’illusion de la simultanéité qu’offre le split-screen au cinéma, ou même le montage alterné rapide.

Par contre, la propension à découper les scènes en fonction des personnages commence à me sortir par les yeux. Il semble que les Anglo-saxons ne jurent maintenant que par ça, à croire que cette vilaine manie d’écrire leurs romans comme on découpe un scénario de film ou de série leur paraît être la meilleure façon d’attirer les studios pour adapter leur œuvre sur les écrans. Ce défaut a pu plaire (mais pas à moi) dans le Da Vinci Code de Dan Brown. Il a pu plaire encore dans le Game of Thrones de Georges Martin. Et je le déplore. Je lui trouve un petit côté racoleur qui m’irrite au plus haut point, et quand l’alternance entre les points de vue est trop rapide, je trouve ce procédé beaucoup trop frustrant pour le lecteur.

Le véritable plaisir de la lecture du Chevalier Rouge, c’est son univers.

Le royaume d’Alba fait référence sur bien des points à une Angleterre mythique qui ressemblerait un peu au royaume de Logres arthurien, de même que le pays de Galle avec ses chevaliers arrogants ne peut que faire penser au royaume de France. La rivalité des deux contrées est là pour souligner ce fait. L’empire de Morée est bien sûr l’incarnation de Byzance. On pourrait bien se retrouver dans l’univers de miroirs déformants des romans de Guy Gavriel Kay (La mosaïque de Sarance, Les lions d’Al Rassan). Et pourtant, là où Gavriel Kay décrit des mondes imaginaires inspirés de notre passé, Miles Cameron a l’idée géniale d’entremêler des faits de notre propre monde dans sa création. Par exemple la religion catholique, ses saints, son crédo. Tels quels. On ne sait donc plus très bien si l’on est dans un récit historique ou imaginaire. Et ça fonctionne ! Les repères religieux ancrent la fantaisie dans un mystérieux à la fois proche et lointain. Au début, même, on peut penser que l’univers est le nôtre. Ce n’est que lorsqu’il est question véritablement du Monde Sauvage, incarnation des forces primitives et telluriques, que l’on comprend qu’il s’agit d’une fantaisie assumée.

La magie, au départ seulement évoquée, est ensuite une part importante de cet univers coloré, à la fois sanglant et cruel, mais aussi flamboyant et intense. Et c’est là encore une réussite. Grâce à des éléments empruntant aux théories alchimiques, kabbalistiques, et à la sorcellerie « historique », Cameron décrit une magie unique, parfois liée à la religion, parfois liée à une pratique plus laïque, ou plus instinctive. On y lance des sorts appelés fantasmes en enchaînant des actions comme dans un combat à l’épée, en invoquant l’aide de saints ou des petits modules d’autres sortilèges comme on pourrait le faire en code informatique avec des sous-programmes. C’est très bien fait et pensé.

Il est très rassurant de constater qu’on peut faire un récit médiéval fantastique sans tomber ni dans le plagiat de Tolkien, ni dans le n’importe quoi narratif de Georges Martin, et ça m’encourage à poursuivre non seulement la lecture de la série de Cameron, mais aussi à continuer mon écriture propre, avec mon projet Rocfou, un univers dont l’ambiance est assez proche, bien qu’inspirée plus de l’époque mérovingienne et carolingienne. Mais je vous en reparlerai. J’ai d’abord Le Choix des Anges à finir…

La Deuxième Mue

La Deuxième Mue

Certains d’entre vous, familiers de l’antre du Serpent à Plumes, ont pu noter quelques changements dans la présentation du site.

Ces modifications ne sont pas qu’esthétiques ou cosmétiques, mais bien les conséquences d’une réflexion sur ce que je voudrais faire de ce Nid Virtuel.

Même si à mon avis toute personne qui écrit le fait avant tout pour exprimer ce qu’elle a en elle sans forcément chercher de retour, la démarche d’ouvrir un espace sur la Toile me semble relever d’une envie, ou d’un besoin, différents. Au-delà du narcissisme évident, voire de l’exhibitionnisme, qui me semblent attachés à toute exposition de ce genre, je crois que c’est le désir de susciter des réactions, qu’elles soient intellectuelles ou émotionnelles (artistiques), qui me guide dans cette aventure qu’est l’écriture. On peut d’ailleurs étendre ce constat à mes autres activités artistiques, que ce soit le théâtre ou le cinéma.

Il fallait donc aller plus loin dans la virtualisation/matérialisation de tout cela.

D’abord, se rapprocher du texte, et cela impliquait de se débarrasser de toutes les sidebars sur le site, même et surtout pour les articles de blog. Offrir le plein écran aux mots me semblait la meilleure façon de leur rendre leur impact, et de focaliser l’attention de mes lecteurs, vous, sur le principal. L’histoire, le rythme des phrases, l’enchaînement des idées.

Je suis conscient que cela est un peu à contre-courant de ce qui se fait sur la Toile, où les pages des blogs sont de plus en plus morcelées en différentes sections verticales.

Je suis également conscient que cela me place dans un courant de « storytelling » comme on le nomme dans la langue de l’auteur du Songe d’une Nuit d’Été. Mon espace se structure donc comme une trame un peu dirigiste qui veut raconter une histoire. C’est une présentation qui s’apparente plus à un livre, voire à un livre électronique de type « flux », et qui correspond plus à mon envie profonde qu’un blog construit sur un schéma standard.

C’est pour cela que l’image a une place importante dans ce flux. Elle aide à le structurer, à illustrer le propos, à prolonger la réflexion ou l’imagination.

J’ai donc pris le parti de faire de la place aux images, et de prendre soin de trouver à chaque fois celles qui me paraissaient apporter un petit « plus ». D’ailleurs, j’ouvre une page dédiée aux liens vers les artistes de chaque image, quand c’est possible et quand le lien existe.

Deuxième décision : faciliter les commentaires pour échanger plus efficacement avec mes lecteurs.

D’écaille & de plume est loin d’avoir une audience considérable, mais justement, le but est de faire en sorte qu’on puisse y échanger confortablement, facilement, agréablement. Si les foules s’y passionnent et s’y ruent plus tard, tant mieux, mais pour le moment j’ai envie d’une ambiance cosy, un brin british. Une causerie au coin du feu (élément commun au Dragon et au Phoenix).

C’est pourquoi je voulais reprendre à zéro la conception de la partie commentaire du site.

En fouinant un peu, en adaptant, j’ai trouvé à peu près ce qui me convenait avec deux systèmes complémentaires, que vous pourrez utiliser au grès de vos envies et de ce qui sera le plus pratique.

D’abord un système assez conventionnel dans sa forme où les commentaires se font à la fin de l’article. Mais leur particularité est de posséder quelques fonctionnalités avancées.

Vous pouvez ainsi avoir envie de marquer votre approbation avec un commentaire particulier sans pour autant vous immiscer vous-mêmes dans la conversation. Vous pourrez désormais le faire en vous servant du système de vote intégré directement dans les commentaires (un pouce levé ou baissé suivant votre appréciation, comme le Livre des Figures américain vous y a peut-être habitué).

Vous pouvez aussi avoir envie de partager un commentaire particulier (que ce soit le vôtre ou celui d’un autre) sur un réseau social. Il y a donc un bouton de partage sous chacun des commentaires, qui vous permet de faire apparaître les icônes de plusieurs réseaux parmi les plus populaires.

Vous pouvez toujours partager l’article dans son ensemble avec les boutons qui flottent, comme des bulles de couleur dans l’océan des données informatiques de ce Nid Virtuel, ou à la fin des articles eux-mêmes.

Vous pouvez également éditer votre commentaire fraîchement posté (jusqu’à 30 minutes après), si vous désiriez corriger quelque chose.

Enfin, dernière fonctionnalité de ces commentaires nouvelle génération, vous pouvez suivre leur déroulé en recevant des alertes par courrier électronique, et y répondre de la même manière, simplement en répondant aux mails que vous recevez.

Le deuxième système, que j’essaierai d’améliorer encore, notamment sur l’intégration esthétique, est une possibilité de commenter directement lors de la lecture d’un article, grâce à une petite bulle agrémentée d’un signe « + » que vous avez certainement remarqué se promenant à la droite de chacun des paragraphes lorsque vous déplacez votre souris. Au fil des phrases.

En cliquant sur ce « + », vous faites surgir une fenêtre modale sur le côté droit du paragraphe qui a suscité votre réaction, pour y insérer un commentaire. Une fois cela fait, la bulle restera attachée au paragraphe en y indiquant le nombre de commentaires qui y sont liés. Cela permet de noter des réactions directement dans le flux de lecture, et je me suis dit que pour certains articles de fond, pour ceux qui amènent une réflexion ordonnée et construite, cela serait plus agréable pour tous que de suivre l’enchaînement des réactions comme celui de mes divagations.

Ces commentaires « en ligne » pourront aussi être retrouvés dans la section dont je parlais auparavant, tout en bas de l’article.

Les deux systèmes sont donc imbriqués l’un à l’autre.

J’espère ainsi faciliter vos réactions, et avoir plus encore le plaisir de discuter avec vous, comme dernièrement Vieux Plouc, Axel F., ou Saint Épondyle.

Le troisième axe d’amélioration de l’interface a été concentré sur le nombre d’articles qui commence à augmenter sur ce site (52 sans compter celui-ci, au moment de sa publication). Malgré quelques rubriques permettant de se repérer un peu, il pouvait rester assez difficile de retrouver un article en particulier.

J’ai donc un peu vitaminé la recherche et l’indexation, avec une page dédiée à une recherche avancée (par catégorie d’article, par page, par titre, par auteur, par mots clefs, par contenu, commentaire ou extrait) qui saura retrouver pour vous, dans le dédale de l’antre du Serpent à Plumes, la pierre précieuse pour laquelle vous aviez entamé un périple si dangereux sur la Toile.

Enfin, pour des contacts plus privés, et après une absence de quelques semaines due à l’incursion d’un troll dans ma boîte mail, vous pouvez m’envoyer un message directement grâce à la page dédiée, que vous trouverez au pied du site.

Avec tous ces aménagements, mon Nid Virtuel convient bien mieux à ce que je voulais qu’il soit depuis le début. Et en terminant cette année 2015, je voulais ouvrir un nouveau chapitre pour m’y sentir mieux encore. Bien sûr, d’autres améliorations viendront sans doute. Mais la principale maintenant n’attend plus que vous et vos claviers…

Balade chinoise, d’Anatole X

Balade chinoise, d’Anatole X

S’il est des expériences qui ont pu me marquer dans ma plus si courte existence, la découverte de la Chine fait assurément partie des plus fortes.

Ce fut sans doute aussi le cas pour Anatole X, nom de plume choisi par l’une de mes compagnons de voyage à l’époque, puisque son premier roman se déroule à Shanghai.

Balade Chinoise est un court roman sur l’escapade d’une photographe reconnue qui se rend pour la première fois dans l’Empire du Milieu, presque à contrecœur, pour un vernissage. Elle sera bouleversée dans ses certitudes, ses angoisses et sa vision du monde par cet autre univers qui la happe et l’attire tout autant qu’il la repousse et l’effraie. Un choc suffisant pour changer réellement sa vie ?

Ce premier roman s’attaque à la force d’attraction d’un continent qui a déjà inspiré bien des écrivains, mais il le fait à travers les interrogations et les préoccupations artistiques d’une femme dont la vie s’est embourbée dans un confort matériel et moral dont elle est elle-même la complice autant que la victime.

Un sujet délicat que de parler du choc de la découverte mutuelle entre l’Orient et l’Occident, de leurs relations complexes et des échos qu’ils trouvent l’un dans l’autre dans la réalité et dans leurs fantasmes respectifs.
L’originalité tient ici dans le fait que cette rencontre est très personnelle, presque physique, entre le personnage principal et ce nouveau monde rempli de potentialités et de dangers. Elle est aussi et surtout psychique, morale, intime.

Ayant la chance de bien connaître l’auteur et d’avoir participé à la relecture du manuscrit, j’ai eu envie de lui poser quelques questions sur ce roman et sur sa façon d’écrire en général, tant il est vrai que chaque écrivain ressent les choses différemment des autres. Et elle a accepté de se prêter au jeu.

Chère Anatole, bienvenue dans le Nid du Phoenix. Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Tu ne veux pas le faire plutôt ?

Hum… Peut-on dire que tu es de la génération née dans les années 70, que tu as une formation et que tu travailles dans un milieu très technique ?

Et que l’écriture est une respiration nécessaire et un besoin jamais démenti depuis mon enfance.

Dans ton premier roman publié, Balade Chinoise, l’héroïne découvre plus qu’un nouveau continent, une autre planète. On sent la fascination que semble exercer ce monde tout au long de cet ouvrage sur elle. Pourquoi avoir choisi la Chine, et pourquoi cette fascination ?

La Chine a un pouvoir mystérieux. Tout la différencie du reste du monde : sa langue, son histoire, sa volonté de puissance actuelle inébranlable. Le meilleur comme le pire y cohabitent. La Chine est un pays qui a l’intelligence économique, pour le reste, la partie politique, je suis plus réservée. C’était pour moi le pays idéal pour évoquer un dépaysement brutal.

Sasha, l’héroïne, est photographe, et son récit est fait à la première personne. Est-ce que l’image et la couleur, si importantes pour son œuvre dans le livre ont changé ta façon d’écrire ?

Pas particulièrement. La photographie est à la fois une technique utile et un art. Cette ambivalence est étrange. Pour ce roman, choisir comme personnage principal, en mode subjectif, une photographe permet une lecture de l’environnement particulière où le regard et la sensibilité artistique dominent. Creuser cette approche m’intéressait.

Le milieu artistique est important dans le livre. Sasha est une artiste « arrivée », qui a du succès, qui gagne bien sa vie, confortablement même, mais qui semble opposer créativité et confort de vie. C’est un peu ce que l’on ressent aussi avec son « pendant » chinois, le personnage de Lao Wang, qui par force fait des choix totalement différents. Est-ce aussi ta façon de penser ? Duquel te sens-tu la plus proche ?

Sasha s’est détachée d’un milieu d’artistes « maudits » pour passer du côté des artistes plus établis, aux dépens de sa créativité. Elle a fait le choix de vivre sans idéal à un moment où son inspiration se tarissait. Lao Wang est un artiste jeune, engagé, résistant, dissident d’une politique qu’il juge totalitaire. Il s’inscrit cependant dans une tradition formelle de l’art de la calligraphie. Il est porté par un idéal politique et artistique que Sasha a perdu. Il ne s’agit pas d’une posture.
Ce n’est pas le confort matériel de Sasha qui a tari sa créativité. Sasha n’est pas un génie porté par son ego, son œuvre, sa vision de l’univers ou un idéal. C’est une femme qui a voulu réussir et a saisi les opportunités sans forcément en comprendre les enjeux et qui en ressent cruellement l’impact à ce moment de sa vie, où tout semble joué. Le confort matériel ne freine pas la créativité, il peut au contraire l’accompagner, la faciliter. Ce n’est pas le cas de Sasha.

Sasha fait souvent référence à son âge, et dans le roman les Européens comme les Occidentaux au sens large sont souvent décrits comme des gens sclérosés ou irrespectueux, bref comme des vieillards ou des enfants. Ce parallèle est-il calculé ?

Ce sont des occidentaux expatriés, qui viennent profiter de la manne chinoise. De vieux relents d’esprit colonialiste se révèlent dans leur comportement. Et puis, pour être honnête, ça m’amusait de nous caricaturer dans ce contexte.

L’ambivalence entre le frère Wu Li et la sœur Wu Jian est si forte qu’on a l’impression de voir deux facettes radicalement opposées et pourtant si proches. C’est encore une autre dualité au sein du roman, construit autour de multiples couples qui s’attirent et se repoussent à la fois. Est-ce finalement ta vision de la Chine, ou bien d’une façon plus large des relations que nous avons avec elle ?

C’est le yin et le yang…

Parlons un peu de toi. Qu’est-ce qui t’a poussé à écrire dans ta vie, puis à publier ?

Rien ne m’a poussé, j’en ai eu envie dès que j’ai appris à écrire.
Pour la publication, dans ce cas précis, elle me permet de passer à un autre projet l’esprit libre.

As-tu des habitudes d’écriture, des rituels ?

Non, pas particulièrement.

As-tu des références littéraires précises, cultes ou qui t’ont marquées ?

Les plus marquantes sont :

  • Colette, pour la liberté au féminin après la série des Claudine

  • Boris Vian, pour sa sensibilité, sa façon d’imposer au roman sa prose poétique et ses histoires originales

  • John Irving, Le monde selon Garp a été mon livre de chevet pendant quelque temps. J’admire sa créativité, chaque page est surprenante !

  • Hanif Kureishi, Black Album et le Bouddha de Banlieue sont des portraits forts et, comme pour Irving, très créatifs, inhabituels, et en prise avec la société contemporaine de leur œuvre.

  • John Fante, Demande à la poussière est un chef d’œuvre absolu.

Balade Chinoise est autoéditée et seulement disponible en version électronique. Pourquoi ce choix ?

Parce que Le Dilettante n’a pas voulu le publier. Ça m’a vexée, j’ai décidé de m’auto éditer. Ça prend cinq minutes et on ressent une impression de liberté totale. Ça me plaît.

Tu as publié sur la plateforme Kobo, connue pour son application stricte de DRM (Digital Rights Management, un dispositif anticopie qui s’apparente à un verrou numérique empêchant de partager le livre) même s’il est possible de publier sans DRM depuis peu. Quelle est ta position sur les DRM dans l’édition ?

Aucune, je n’avais pas compris ce qu’impliquait ce choix. J’aurais dû te demander avant de le faire.

As-tu des projets littéraires ou artistiques en cours ?

J’écris un roman « choral » que j’espère humoristique, et je participe à un blog où je traite des questions d’éducation (http://www.energies-libres.fr). Je ne suis pas une artiste, en fait.

Qu’est-ce qui fait un artiste, alors, pour toi ?

Pour moi un artiste vit librement, guidé par sa vision personnelle du monde, sans autre forme de contrainte.

Merci Anatole et longue vie à Balade Chinoise.

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Je suis sûr qu’on aura l’occasion de parler à nouveau littérature ensemble dans le Nid du Phœnix…

Créer un livre électronique au format epub3, partie 2 : ePub Anatomy

Créer un livre électronique au format epub3, partie 2 : ePub Anatomy

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Version

2.0

}

Mise à jour

17/04/2021

Changement des versions
17/04/2021
  • Simplification de la partie sur les fichiers indispensables non modifiables
  • Utilisation de Brackets ou Visual Studio Code
  • Explication de la nature des métadatas
  • Mise à jour des images d’illustration

Précédemment dans la série

Après avoir fait un tour des raisons qui peuvent pousser à mettre un livre au format EPUB et balayé rapidement les options qui s’offraient à nous pour ce faire, nous avons appris dans la première partie comment structurer son texte dans un logiciel de traitement de texte comme LibreOffice, ou dans Scrivener, puis comment exporter le document (ou le compiler) ainsi mis en forme sous un format EPUB. C’est ainsi que je vous ai laissés, haletants, sur le résultat pas vraiment laid, mais pas vraiment fantastique, de Fæe du Logis sur mon iPad dans le logiciel de lecture iBooks d’Apple.

Aujourd’hui nous allons donc aller plus loin et analyser le fichier que nous avons obtenu, afin de comprendre le fonctionnement d’un livre au format EPUB3, et commencer, si possible, à réparer ce qui nous semble aller de travers.

Attention, cet article est déconseillé aux personnes qui seraient allergiques aux codes informatiques…

L’incision initiale : sous l’enveloppe de l’EPUB

Avant toute chose, il vous faut un EPUB sous la main.

Soit vous suivez l’article précédent et créez votre propre EPUB, soit vous pouvez télécharger la maquette d’EPUB3 que je vous livre en téléchargement gratuit. Il vous suffit pour cela de renseigner votre adresse mail (que je n’utiliserai pas à d’autres fins).

Un fichier EPUB n’est pas un fichier de texte simple. C’est plutôt un dossier de plusieurs fichiers différents, codé dans une archive ZIP, mais dont l’extension de fichier a été renommée .epub. Tout cela est bien complexe, n’est-ce pas ? C’est pourquoi je préfère utiliser un programme spécifique pour ouvrir l’enveloppe du livre et mettre à nu les rouages internes.

Sur Mac, je me sers de EPUB Packager (le site officiel semble ne plus fonctionner). C’est une application payante, mais très efficace et très pratique : elle extrait pour moi le dossier enfermé dans l’archive et me dépose ce dossier sur le bureau de l’ordinateur. Je n’ai plus qu’à ouvrir le dossier et fouiller à l’intérieur. Je l’utilise également dans l’autre sens, une fois mon livre terminé, pour créer l’archive EPUB définitive.

Il suffit de glisser-déposer le fichier EPUB dans la fenêtre de l’application, et le scalpel virtuel vous ouvre le dossier.

Vous allez y trouver deux types de fichiers organisés en un squelette immuable : les fichiers obligatoires, qui sont les organes vitaux de l’EPUB (en bleu sur la capture d’écran ci-dessous), et les fichiers facultatifs, qui en sont l’âme (en vert). Ces derniers sont essentiellement les fichiers de contenu de votre livre : le texte, les styles de texte, les images, les fontes, les fichiers audio ou vidéo qui forment votre œuvre. Nous nous y intéresserons plus tard, même si ce sera le plus important pour vous.

Deux fichiers ont la même fonction, ils servent à créer la table des matières du livre (ou Table of Contents en anglais, d’où le nom qui lui est souvent attribué : toc.ncx ou contents.xhtml), respectivement dans la norme EPUB2 et la norme EPUB3. Afin de garder une rétrocompatibilité vers les appareils de lecture plus anciens, il sera bien avisé de garder ces deux fichiers. Vous remarquerez aussi qu’un fichier est à la fois vital et libre, c’est le fichier .opf, auquel vous pouvez donner le nom que vous voulez, du moment que vous en avez placé un dans le dossier OEBPS de votre livre.

Comme vous le voyez, une bonne part des dossiers est immuable d’un livre à l’autre. Ce qui m’a donné l’idée de me constituer une maquette, une sorte de template comme on dit en informatique, un « patron » à réutiliser à volonté lorsque j’ai besoin de créer un nouveau livre.

Les instruments de la dissection : l’éditeur de texte

Pour aller plus loin, vous allez devoir ouvrir les fichiers les uns après les autres pour examiner puis modifier le code. Il vous faut donc un programme que l’on appelle un éditeur de texte. Comme un traitement de texte, mais pour les codes informatiques.

J’utilise pour ma part Brackets, qui est libre et multi-plateforme, ou son remplaçant, Visual Studio Code. Comme la plupart de ses cousins, il est capable de colorer les lignes de code en fonction de leur syntaxe pour bien reconnaître les paramètres et pour ne pas (trop) se tromper. C’est lui qui va vous permettre de corriger et de modifier l’ADN de votre EPUB.

Grâce à ce logiciel, vous pouvez lire les fichiers codés et les modifier, puis en vérifier l’aperçu (quand le code est connu par le logiciel, ce qui n’est pas le cas de l’OPF, par exemple).

Vous remarquerez que les lignes de code commencent toutes par le caractère « < » et se terminent toutes par le caractère « > ». C’est ce qu’on appelle des balises, comme nous l’avons vu dans le précédent épisode. Ces balises sont des instructions, comme des verbes dans une phrase de français. Tout ce qui sera entre les balises servira à préciser l’instruction donnée dans la phrase. Il y a ainsi une syntaxe particulière à respecter, qui demande un apprentissage parfois long…

Mais pour le moment, contentons-nous d’ouvrir les fichiers de notre archive EPUB avec VS Code. Pour cela soit vous glissez le fichier sur l’icône de Visual Studio Code dans votre Dock, soit vous faites un clic droit sur le fichier que vous voulez ouvrir et vous choisissez Visual Studio Code dans le menu déroulant Ouvrir avec.

Les Organes vitaux de l’EPUB

Ce sont des fichiers dont il ne faut jamais modifier ni le nom ni la structure, au risque de rendre votre EPUB illisible.

Ces organes vitaux sont au nombre de cinq.

  • Le fichier mimetype, qui ne contient qu’une seule ligne, destinée à faire comprendre à un logiciel comment décoder le livre. C’est un fichier que vous ne devrez jamais modifier, car la ligne de code ne doit pas varier d’un seul caractère.
  • Le fichier container.xml, qui ne devra pas être touché lui non plus, sauf si vous désirez changer le nom ou l’emplacement de votre fichier OPF, qui est le véritable cerveau de votre livre. Le fichier container.xml sert en effet essentiellement à renseigner l’emplacement et le nom du fichier OPF. Il est enfermé dans un dossier dont le nom ne doit pas être modifié, le dossier META-INF.
  • Le fichier OPF (Open Publication Format), donc, qui mérite que l’on s’y attarde un peu plus loin, car il pourra, lui, être modifié selon vos besoins.
  • Le fichier nav (souvent appelé contents.xhtml ou toc.xhtml), qui est le fichier contenant la table des matières dans la norme EPUB3.
  • Le fichier .ncx, qui est le fichier contenant la table des matières dans la norme précédente EPUB2.

Les trois derniers fichiers sont les plus importants, et nous allons y jeter un coup d’œil plus attentif.

Neurochirurgie du fichier OPF, cerveau de l’EPUB

Ce fichier OPF (nommons-le livre.opf) est le principal pourvoyeur d’erreurs lors de la construction d’un EPUB, car c’est lui qui est le plus compliqué à fabriquer correctement, tant les règles qui dictent sa constitution sont drastiques.

Véritable cerveau de l’EPUB, il contient cinq parties distinctes.

  • Les déclarations de références, qui indiquent à l’application de lecture les langages informatiques à utiliser, constituent le package.
  • Les métadatas du livre, c’est-à-dire toutes les informations sur son identité, sont encodées dans la partie metadata. On y trouve la langue dans laquelle il est écrit, son auteur (ou ses auteurs), les éventuels collaborateurs (illustrateurs par exemple), sa date de fabrication, sa date d’édition, son éditeur, une courte description (un résumé par exemple, la 4e de couverture…), son image de couverture, les droits qui y sont liés (licence Creative Commons, Copyright…).
  • Le manifeste déclare toutes les ressources intégrées dans le livre, sans en oublier une seule. Les images que vous allez utiliser, y compris la couverture, chaque fichier comprenant chaque chapitre, les fontes, tout, absolument tout, doit être listé ici.
  • La spine décrit ensuite l’ordre dans lequel le livre se lit normalement. Mais vous verrez, c’est parfois un peu plus compliqué.
  • Le guide est une spécificité de la vieille norme EPUB2.

Nous allons nous intéresser à chacune de ces parties un peu plus finement.

Le package

C’est une partie très codifiée à laquelle il vaut mieux ne rien changer sauf si l’on veut utiliser certaines fonctions propres à des lecteurs EPUB, comme iBooks d’Apple par exemple.

Les lignes de déclaration de l'opf sans metadatas

Dans ce cas-là, il faut rajouter quelques précisions (vous verrez dans quels cas dans le tableau des metadatas ci-dessous).

Au passage, j’ai rajouté également xml:lang, un paramètre qui indique que nous sommes dans un EPUB dont la langue est le français. Vous aurez aussi noté que la version de l’EPUB est obligatoirement indiquée.

Les lignes de déclaration de l'opf avec metadatas spécifiques à iBooks

Les balises metadata

Les métadatas (ou métadonnées en bon français) permettent de bien référencer votre livre, et à ce titre il est très utile de se pencher sur leur cas. Le référencement correct de votre livre aidera vos lecteurs et vos lectrices à le retrouver dans la masse titanesque des ouvrages disponibles.

Hélas, ces métadonnées sont inscrites dans une syntaxe un peu hermétique qui réjouira plus ceux d’entre vous qui ont l’habitude des codes informatiques que ceux qui aiment la littérature. C’est assez abscons, il faut bien le reconnaître. J’ai donc décrypté pour vous la norme EPUB3, et voici la substantifique moelle de ce que j’ai pu en tirer.

Encadrées par les balises metadata, se trouvent chacun des paramètres identifiant non seulement les données essentielles de votre livre, mais aussi certaines autres données spécifiques pour des lecteurs d’EPUB particuliers (dans le cas ci-dessous, pour iBooks d’Apple).

Voici comment Scrivener liste ses métadatas :

les metadatas de Scrivener
Pour comprendre la syntaxe des métadonnées, en voici le schéma général.

D’abord, comme ce sont des balises, elles sont forcément enchâssées entre des signes <>.

Puis vient le sigle dc, pour Dublin Core, et l’élément de la norme Dublin Core. Ensuite, la valeur de la métadonnée, puis on referme la balise comme dans le langage HTML.

Vous trouverez plus de détails sur ce site, ou celui-ci, ou encore sur celui de la BnF.

Chaque balise peut être précisée par des métadonnées de « raffinement », indiquées dans des balises <meta>.

La liste des metadatas

Dans ce tableau (que vous pouvez manipuler à loisir et dans lequel vous pouvez même faire des recherches…), j’ai récapitulé toutes les métadonnées de ma connaissance, pour vous indiquer comment les utiliser. Vous pouvez vous référer à l’exemple de code ci-dessus pour vous ce que cela donne en situation. Vous trouverez la syntaxe correcte et les quelques subtilités.

N’hésitez pas à m’indiquer dans les commentaires si vous trouvez des erreurs, des approximations ou des ajouts à faire. Je ferai bien volontiers les corrections et ajouts qui s’imposent.

TypeMetadataSignificationObligatoire ou OptionnelleValeurs possiblesNote
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:titleLe titre de l'ouvrageObligatoireVotre imaginaire...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:creatorLe ou les noms des créateurs (auteur, illustrateur)OptionnelVotre imaginaire...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:identifierUn identifiant pour l'ouvrage, comme l'ISBN par exempleObligatoireVotre imaginaire...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:publisherL'éditeur de l'ouvrageOptionnelVotre imaginaire...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:languageLa langue principale de l'ouvrageObligatoireToutes les langues...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:contributorLe ou les noms des contributeurs de l'ouvrageOptionnelVotre imaginaire...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:dateLa date de publication de l'ePubOptionnelUne date quelconque au format AAAA-MM-JJ
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:sourceLa ou les sources de l'ouvrage (si c'est un recueil de nouvelles déjà publiées par exemple)OptionnelVotre imaginaire...
Précisions sur une baliserefinesDonne des indications sur une metadata précédenteOptionnelaut = auteur
bkd = book designer
bkp = book producer
edt = editor
cov = cover creator
ill = illustrateur
pbl = publisher
trl = translator
Rendu dans iBooks d'Appleibooks:bindingIndique si dans un livre à mise en page fixe la "pliure" du livre entre deux pages est visibleOptionneltrue, falsedans la balise package doit apparaître une ligne de définition.
Rendu dans iBooks d'Appleibooks:ipad-orientation-lockIndique si le livre est bloqué dans une orientation sur un iPadOptionnelportrait-only, landscape-onlydans la balise package doit apparaître une ligne de définition.
Rendu dans iBooks d'Appleibooks:specified-fontsIndique à iBooks qu'il doit utiliser les fontes intégrées dans l'ePubObligatoire si fontes intégrées dans l'ePub pour iBookstrue, falsedans la balise package doit apparaître une ligne de définition.
Rendu dans iBooks d'Appleibooks:versionIndique la version d'iBooks nécessaire pour lire l'ePubOptionnelUne version d'iBooksdans la balise package doit apparaître une ligne de définition.
Rendu général de l'ePubrendition:flowIndique si le rendu en flux doit être de type "site internet" ou de type "page de livre"Optionnelpaginated, scrolled-continuous, scrolled-doc, auto
Rendu général de l'ePubrendition:layoutIndique si le livre est de type mise en page fixe ou de fluxOptionnelpre-paginated, reflowable
Rendu général de l'ePubrendition:orientationIndique si le livre peut être lu en paysage, portrait, ou les deuxOptionnellandscape, portrait, auto (dans ce cas le texte sera adapté en fonction de l'orientation du système de lecture)
Rendu général de l'ePubrendition:spreadIndique si en mode paysage deux pages sont montrées ou une seule.Optionnelauto, both (dans ces cas-là, deux pages)
none (dans ce cas, une seule page même en paysage)

Le « manifeste »

C’est la partie du fichier qui recense toutes les ressources utilisées dans le livre. De la plus petite image jusqu’aux fontes de caractères spécifiques, en passant par chaque chapitre du livre, les éventuelles vidéos ou les bandes-son, les scripts d’interactivité qui permettront aux lecteurs de contrôler des animations, les scripts CSS des feuilles de style qui vont vous permettre de définir la mise en page… tout, tout, absolument tout le contenu du livre doit être déclaré dans ce manifeste, et selon une syntaxe là encore très précise.

On commence par des balises <manifest> qui encadrent une liste de balises <item>. Chaque item est une ressource présente dans le livre (un fichier si vous préférez) dont on indique une identité (id), le chemin dans l’arborescence (href), et surtout le type mime, un code qui explicite sa nature (et non pas à cause du Mime Marceau).

Les types mime et leur syntaxe sont d’ailleurs les plus compliqués à trouver. Je vous en liste les principaux dans un tableau un peu plus bas.

Voici comment Scrivener vous aura organisé cette partie.

Le manifeste créé par Scrivener

Et quant à moi, voici comment j’ai l’habitude d’organiser les choses : en regroupant les types de fichiers.

Mon organisation du manifeste

Vous voyez que j’ai enrichi mon livre avec des fontes de caractères précises, des feuilles de style, des images, le tout regroupé dans des dossiers spécifiques marqués par des balises de commentaire (qui ne sont donc pas codées). Il est ainsi plus facile de s’y retrouver par la suite, car si vous oubliez de déclarer ici un seul élément présent dans le livre, celui-ci deviendra illisible par les lecteurs EPUB

Mon conseil : à chaque fois que vous ajoutez un fichier dans votre EPUB, insérez immédiatement la référence dans le manifeste du fichier OPF.

Vous êtes libre de donner le nom de votre choix aux items (sachant que le meilleur nom est celui qui vous permettra de savoir très rapidement à quel fichier précisément vous avez à faire), mais le chemin doit suivre les mêmes règles qu’un chemin de fichier classique sur votre ordinateur ou sur un site internet.

Par exemple mon fichier de fonte « Trajan Pro » se situe dans le dossier styles et son chemin sera donc : styles/TrajanPro-Regular.otf.

Enfin, petite subtilité qui m’a posé de nombreux problèmes, les « properties » ou propriétés de chaque élément. Il est impératif d’indiquer certaines particularités de vos fichiers. Si l’un de vos chapitres comporte une partie interactive (disons par exemple des boutons permettant de masquer ou d’afficher du texte caché), vous devrez ajouter sur la ligne de déclaration du manifeste la propriété « scripted ». Si un fichier de contenu contient la table des matières, vous devez indiquer la propriété « nav », s’il contient une image au format SVG, vous devrez indiquer « svg ». Si le fichier fait référence à plusieurs propriétés à la fois, vous devrez les séparer par un simple espace, suivant cette syntaxe :

Il est à noter que votre livre doit contenir au moins un élément nav. Nous en verrons l’utilité dans le troisième article de cette série.

Quant au fichier toc.ncx, qui ne sert à rien en EPUB3, mieux vaut le garder pour la rétrocompatibilité avec l’EPUB2

L’épine dorsale : le « spine »

La partie suivante du fichier OPF est appelée le « spine ». C’est l’épine dorsale de votre livre. L’endroit où vous spécifiez quels sont les chapitres qui constituent votre ouvrage, et dans quel ordre ils doivent être lus. Inutile, dîtes-vous ? Pas tant que cela.

Car la subtilité vient du fait que vous pouvez avoir des fichiers qui constituent des annexes de votre livre et qui ne soient pas directement accessibles dans un ordre déterminé. Par exemple, une liste de définitions que votre lecteur pourrait aussi bien consulter au début de l’ouvrage qu’au milieu d’un chapitre. C’est ce qu’on appelle des fichiers « non linéaires » (ou non linear content en anglais). Vous ne savez pas dans quel ordre le disposer, mais vous voulez qu’il soit accessible. Vous devez donc le déclarer dans le spine, mais avec la mention « contenu non linéaire » (ou en code : linear= “no”). Ce fichier ne sera donc pas affiché comme un chapitre normal à la suite de son prédécesseur, mais appelé lorsque le lecteur fera une action (par exemple lorsqu’il cliquera sur la miniature d’un tableau).

Le spine créé par Scrivener

Le « guide », obsolète en EPUB3

Comme je vous l’ai déjà dit, le format EPUB3 est assez récent et n’est donc pas pris en charge par toutes les tablettes et toutes les liseuses existantes. Cependant il serait dommage de priver certains lecteurs de votre œuvre donc, même au prix d’un alourdissement de votre code, donc du poids de votre fichier, donc de sa réactivité, je pense que toutes les options permettant une rétrocompatibilité de votre livre vers l’EPUB2 sont intéressantes.

Le guide fait partie de ces options.

Le guide créé par Scrivener

Au final, la planche anatomique d’un fichier livre.opf

Voici ce que donne le fichier dans sa totalité :

le fichier livre.opf modifié par mes soins
[table “” not found /]






Comment bien se tenir à la table… des matières

Un livre ne serait pas un livre sans son sommaire, ou sa table des matières. Et le livre électronique ne fait pas exception. Mais dans un EPUB3, cette table des matières est à plusieurs endroits à la fois.

Tout d’abord, comme nous l’avons vu, dans la partie spine du fichier .opf.

Puis, pour le format EPUB3, dans un fichier HTML particulier souvent appelé toc ou nav, et listé dans le manifeste avec la propriété nav.

Enfin, pour la rétrocompatibilité avec l’EPUB2, dans un fichier au format spécial dont l’extension est .ncx.

Nous allons nous intéresser à ces deux fichiers en particulier.

Le fichier nav

Scrivener crée un fichier qui se nomme en l’occurrence toc.xhtml mais sa caractéristique principale est de contenir essentiellement une liste (codée en HTML par les balises <ol> et <li> imbriquées) des chapitres et sous-chapitres de votre livre. Ce fichier sera le canevas sur lequel s’appuiera le logiciel de lecture pour construire des liens vers vos différents chapitres. Et vous pouvez même remarquer que la balise <a> présente à chaque ligne, renvoie au fichier correspond au chapitre indiqué.

Si l’on simplifie, ce fichier n’est rien d’autre qu’un menu permettant d’accéder à chaque fichier, donc à chaque chapitre, de votre livre.

Il doit cependant suivre une règle immuable : la présence en début de liste de la balise <nav>, suivie de la précision ou propriété epub:type correspondante.

Le fichier contents.xhtml généré par Scrivener

Le fichier ncx

Scrivener a aussi généré un fichier appelé toc.ncx où se trouve la même fonctionnalité que le fichier nav, mais pour les logiciels ne lisant que le format EPUB2.

Le principe structurant le fichier est le même, mais au lieu de faire appel aux balises HTML classiques de liste ordonnée (<ol>) et de ligne (<li>), le fichier utilise une syntaxe originale.

Il y aura donc une balise <navMap> qui indiquera le début du plan de votre table des matières.

Une balise <navPoint> qui marquera chaque chapitre, avec une propriété playOrder pour montrer au logiciel de lecture l’ordre dans lequel les chapitres doivent s’enchaîner logiquement.

Une balise <navLabel> indiquant le texte à afficher comme titre du chapitre dans le plan.

Et enfin un lien sous la forme non pas du classique hyperlien HTML (balise <a>) mais d’une nouvelle balise <content> suivie de la propriété src qui permet de déclarer le chemin du fichier correspondant au chapitre ou sous-chapitre.

On comprend combien l’EPUB3 est plus simple…

Le fichier toc.ncx généré par Scrivener

L’âme de l’EPUB

C’est là le plus intéressant, puisque c’est ici que vous allez mettre en forme l’œuvre déjà écrite.

Cependant, en ouvrant le fichier avec Visual Studio Code, voici ce que vous allez trouver :

Le premier chapitre de Fée du Logis codé en HTML

Que veulent dire ces codes ?

Ce sont là encore des balises, mais dans un langage différent de celui du fichier livre.opf. Ces lignes sont les mêmes que si votre livre avait été écrit dans un site internet, dans le langage de programmation HTML.

Quant au fichier qui commande la mise en forme de votre texte, c’est le fichier stylesheet.css. En l’ouvrant, voici ce que vous allez lire :

/* Base text formatting */
p { margin: 0rem 0% 0rem 0rem; text-indent: 0rem; }

/* Styles */
blockquote { margin: 1rem 0rem 1rem 0rem; }
blockquote p { margin: 1rem 0% 1rem 4.49rem; text-indent: 1.42rem; line-height: 1.1em; }
.mise-en-évidence { font-weight: normal; font-style: italic; text-decoration: none; }

/* Separators */
.separator { }

/* Page padding */
.titre-de-livre-page-padding { margin: 0rem 0rem 0rem 0rem; font-size: 1rem; line-height: 3rem; }
.titre-de-chapitre-page-padding { margin: 0rem 0rem 0rem 0rem; font-size: 1rem; line-height: 3rem; }

/* Tables */
/* Reset all potential built-in rendering assumptions so we have full control. */
table, table * {
border: none;
padding: 0em 0em 0em 0em;
margin: 0em 0em 0em 0em;
}
table {
/* Will centre tables on iBooks and others, but annoying, not ADE-based devices, which ignore auto margins. */
margin: 1em auto 1em auto;
border-spacing: 0em;
border: solid #000;
border-width: 0pt 0pt 1pt 1pt;
}

table caption {
margin-top: 0.25em;
caption-side: bottom;
text-align: center;
}
...
Le fichier stylesheet.css créé par Scrivener

Déroutant, n’est-ce pas ?

C’est tout à fait normal. Vous avez devant les yeux la traduction informatique des styles que vous aviez patiemment ciselés dans votre traitement de texte. Il faut seulement vous habituer à cette traduction un peu barbare, afin de maîtriser plus rapidement cette façon de parler, et au bout du compte, corriger les quelques erreurs qui se seront glissées dans la mise en forme (puisque, vous vous souvenez ? mon texte n’avait pas la même apparence affiché par LibreOffice et par iBooks sur mon iPad).

Cet apprentissage déborde largement le cadre de cette série, puisqu’il s’agit d’apprendre deux langages informatiques (assez simples) complémentaires et imbriqués que sont le HTML5 et le CSS3.

Avant de poursuivre, il sera donc nécessaire pour vous d’aller traîner vos guêtres à cet endroit là, où vous pourrez très facilement et gratuitement (ce qui ne gâche rien) apprendre les rudiments qui vous manquent peut-être.

Lorsque cela sera fait, nous reprendrons le cours de cette série passionnante de dissection d’un livre au format EPUB3 pour aller encore plus loin, dans l’épisode intitulé : Dessine-moi un EPUB.

Créer un livre électronique au format epub3, partie 1 : structurer son texte

Créer un livre électronique au format epub3, partie 1 : structurer son texte

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Version

2.0

}

Mise à jour

10/01/2021

Changement des versions
10/01/2021
  • Refonte complète de la partie sur les styles, la traduction en EPUB, le CSS, les corrections sur les espaces insécables et fines.

Pourquoi le format EPUB ?

Lorsque l’on parle de livre électronique, la plupart des gens mélangent facilement tout un tas de réalités différentes, en confondant le PDF avec le format Kindle ou l’EPUB. Si d’ailleurs on simplifie au maximum, même un simple fichier au format TXT pourrait être un livre électronique.

Cependant, il me semble que le véritable livre électronique doit répondre à certaines caractéristiques et tout d’abord le confort de lecture. Lire un PDF à la mise en page fixe n’est pas vraiment toujours du plus grand confort, car la taille des caractères ne s’adapte pas à la taille de l’écran sur lequel vous lisez. Ainsi, si sur un ordinateur certains textes en PDF peuvent facilement se lire, sur tablette cela devient beaucoup plus compliqué et quasiment impossible sans zoomer 4 fois sur un smartphone. Et je ne parle même pas d’une liseuse…

On considère donc que seuls quelques rares formats répondent aux contraintes qui définissent un livre électronique. Les deux plus importants sont l’EPUB, format libre développé par un consortium regroupant différents acteurs majeurs du secteur de l’informatique (car le standard de codage est basé sur le langage informatique des pages web), et les formats Kindle développés par Amazon dans son coin, plus ou moins avec les mêmes bases mais en rajoutant des barrières. Apple a fait de même avec son format iBooks, dans le même dessein de contrôler de bout en bout la chaîne de vente et d’enfermer ses clients dans une architecture maîtrisée. Il faut néanmoins reconnaître que l’iBookstore accepte les fichiers au format EPUB, ce qui n’est pas le cas pour Amazon.

L’EPUB3

La norme EPUB en est à sa troisième itération majeure. Elle est basée sur un principe simple : le livre sera codé comme un site web, avec les mêmes langages, et selon les mêmes principes. Il n’y aura que quelques particularités rajoutées au code pour faire comprendre au logiciel de la liseuse ou de la tablette (un navigateur internet un peu modifié) qu’il s’agit bien d’un livre.

Cela a pour conséquence que le fond (le texte que vous avez mis tant de temps à peaufiner dans le secret de votre atelier d’écriture) sera dans un fichier séparé de la forme (la police de caractère, sa taille et les couleurs utilisées pour les gros titres, les titres intermédiaires, le corps du texte, les citations, etc.). C’est le principe même de codage des sites internet. Ainsi, vous pourrez quand bon vous semble (ou le lecteur), changer tout ou partie de la forme pour améliorer le confort de lecture.

C’était déjà le cas pour les deux itérations précédentes de la norme, mais cette dernière version permet une véritable avancée dans la mise en page et dans les possibilités d’ajouter des images, des vidéos, de l’audio et de l’interactivité, car elle est basée sur les standards modernes du codage internet que sont les langages HTML5 et CSS3.

Ne vous inquiétez pas, derrière ces noms barbares se cachent en fait de grands cœurs qui vous donneront beaucoup de satisfaction si vous savez leur parler gentiment…

Livre de flux ou livre à mise en page fixe, telle est la question

En parlant de mise en page, cette séparation entre le fond et la forme prend tout son sens quand on sait que les liseuses et les tablettes ne donnent jamais véritablement le même rendu, et que le principe du livre électronique est celui que je vous énonçais plus haut, à savoir :

La mise en page doit pouvoir s’adapter pour rendre le confort de lecture le plus grand au lecteur.

Cette mise en page va dépendre donc de contraintes techniques telles que la taille de votre écran (7 pouces, 9 pouces, 12 pouces, au-delà), sa technologie (couleur, pas couleur, retina, pas retina), mais aussi de contraintes humaines : les difficultés de vision éventuelles de votre lecteur (il lui faudra augmenter la taille de la police de caractères pour bien voir), ses envies (tient-il sa tablette en mode portrait ou paysage pour lire ?), ses habitudes.

C’est là qu’il faut faire un choix métaphysique.

Allez-vous créer un livre dont la mise en page s’adaptera au support en prévoyant des règles dans votre mise en forme (c’est ce que l’on appelle le « flux » de données), ou bien allez-vous fabriquer un livre dont la mise en page sera fixée à l’avance, avec le moins de latitude possible pour le lecteur ?

Généralement, on choisit un livre de flux pour un ouvrage composé essentiellement de texte et où la mise en page n’est pas absolument nécessaire à la bonne compréhension du fond. Un roman, une nouvelle, seront construits selon cette philosophie.

Par contre, un livre dont la mise en page est essentielle à la compréhension (une bande dessinée, un reportage photo, un livre pour enfants avec des images à manipuler) sera conçu de manière à ce que sa forme soit la plus fixée possible, comme un PDF. Mais avec en tête le postulat que la lisibilité doit être maximum.

La différence essentielle entre les deux approches est que l’ouvrage qui en sortira sera soit lisible par à peu près toutes les liseuses et toutes les tablettes dans le premier cas (le flux étant disposé différemment selon les règles que vous aurez spécifiées pour chaque appareil dans votre codage, et laissant au lecteur la possibilité d’agrandir le texte, de se passer des images, de changer les couleurs, etc.), soit codé spécifiquement pour une marque, un type, un modèle, voire un seul logiciel dans le deuxième cas (car les règles de mise en page seront tellement draconiennes que cela vous demandera un travail énorme pour les rendre parfaites, et le lecteur ne pourra modifier ni couleurs ni taille, au risque de ruiner le but même du livre).

Le choix est donc dans le degré de maîtrise que l’on accepte de perdre sur sa mise en page. C’est assez frustrant, je dois l’avouer, lorsque l’on a envie que la forme soit aussi impeccable que le fond. Et je n’ose imaginer ce que doivent ressentir les maquettistes de formation devant cet état de fait…

Il est possible, cela dit, de mélanger un peu les deux approches et de garder la possibilité de maintenir une mise en page fixe sur certaines pages tout en conservant sur d’autre une structure de type « flux », via une astuce particulière de codage du fichier de mise en forme (le fameux fichier de CSS) dont je vous parlerai dans quelque temps.

Existe-t-il un autre Style ? Pourquoi et comment structurer un texte

Une fois ce choix cornélien effectué, il est temps de s’occuper du texte.

Il faut écrire. Écrire. Encore écrire. Beaucoup.

Vous pouvez écumer l’internet en quête de nombreux conseils d’écriture. Vous allez travailler votre propre style, trouver votre propre méthode de travail, et parvenir à un manuscrit définitif.

Et c’est une fois votre texte achevé, relu et encore relu des dizaines de fois, que vous allez pouvoir le préparer à devenir un vrai livre, et un livre numérique dans le cas qui nous intéresse ici.

Pour cela, vous allez devoir le mettre en forme, puisque c’est cela éditer un livre. Créer à partir d’un texte brut une mise en page harmonieuse. Déterminer si vous voulez que vos titres de chapitre soient en « fonte Times New Roman de taille 20, centrés avec un espace de 20 points au-dessus du paragraphe, et un espace de 60 points en dessous du paragraphe » ou bien en « fonte Helvetica de taille 30, alignés à gauche avec un espace de 24 points au-dessus du paragraphe, et un espace de 36 points en dessous du paragraphe », ou d’une autre façon, et ceci pour chaque chapitre, mais également comment vous voulez que votre corps de texte apparaisse, comment les mises en exergue dans votre texte vont apparaître, etc.

Là est le point crucial : votre texte est composé de différentes parties qui ont une fonction bien particulière, un sens. Les titres servent au lecteur à savoir où il se trouve dans le récit, les mises en exergue servent à ce que le lecteur comprenne qu’il est face à un mot ou une expression particulièrement importante, etc. Et dans tout ouvrage, c’est parce qu’on aura repéré ces motifs que l’on pourra les mettre en forme.

Dans les logiciels de traitement de texte, comme la suite Office de Microsoft, LibreOffice Writer, Pages de chez Apple, mais aussi avec Scrivener, dont je me sers, on peut donc procéder de deux manières : avec une mise en forme « directe », ou avec des Styles.

La mise en forme directe consiste à mettre un mot en italique ou en gras, en sélectionnant simplement le mot et en cliquant sur l’icône « italique » ou l’icône « gras ». Son inconvénient pratique est qu’il faut sélectionner chaque mot ou groupe de mots ayant une fonction particulière et lui appliquer la mise en forme que l’on désire à chaque fois, d’où une répétition d’actions rapidement insurmontable sur un texte long.

L’idée des Styles est au contraire de se baser sur la fonction de chaque partie de votre texte, et de vous laisser ensuite déterminer comment vous voulez présenter chacune d’elles une bonne fois pour toutes, sans avoir à mettre en forme un à un chaque titre par exemple. Vous aurez toujours à sélectionner les parties de texte qui auront une fonction, mais vous devrez simplement indiquer laquelle. S’agit-il d’un titre de chapitre, d’une mise en exergue, d’une citation, ou d’autre chose ? La mise en forme est automatiquement appliquée suivant un style prédéterminé par le logiciel, mais que vous pourrez ensuite changer à volonté.

Car les Styles ne sont en fait que des formatages particuliers de la typographie, qui pourront être réutilisés facilement ensuite. Ils correspondent parfaitement à nos besoins de mise en forme puisqu’ils permettent de dire que, par exemple, « les titres de chapitre seront en Police Helvetica de taille 14 points, en gras, soulignés », et que « le corps de texte sera en Police Times New Roman de taille 11 points, normal », tandis que « les citations seront en Police Times New Roman de taille 12 et en italique ».

Les Styles pourront même s’appliquer aux paragraphes. Ainsi les paragraphes de Titre peuvent-ils être « centrés avec un espace de 20 points au-dessus du paragraphe, et un espace de 60 points en dessous du paragraphe », tandis que « le corps de texte sera constitué de paragraphes justifiés avec un espace de 5 points avant et après le paragraphe, et une indentation de la première ligne de 60 points », et « les citations seront des paragraphes justifiés avec une marge droite et une marge gauche de 70 points ». Par exemple.

Une fois les styles créés ou modifiés, vous n’aurez qu’à sélectionner un morceau de votre texte et décider de lui appliquer le format « Titre » ou le format « corps de texte ». Et s’il vous prend l’envie de changer l’aspect de votre texte, il vous suffit de changer les paramètres du Style « Titre » pour que, automatiquement, votre logiciel change tous les bouts de texte qui seront indiqués comme étant des titres.

L’avantage majeur de cette façon de faire reste que vous obtenez un texte structuré suivant ses différentes fonctions, sa signification. On appelle ça un balisage sémantique.

Et outre qu’il va vous faire gagner un temps fou et vous éviter d’oublier de mettre en forme un titre accidentellement, le balisage possède trois autres qualités.

La première est d’éliminer les sauts de ligne intempestifs (les lignes vides avec des retours chariot manuels). À la place, vous pouvez déterminer que le style de paragraphe utilisé laisse quelques points/pixels/millimètres de distance en haut et en bas. Cela rend le texte plus facilement adaptable aux différentes résolutions d’écran, et vous aurez aussi moins de lignes veuves et orphelines dans votre texte (ça, c’est valable à la fois pour le papier et le numérique).

La deuxième : la hiérarchie de titres.

Le titre de votre roman n’aura pas la même forme que le titre d’un chapitre, et ils seront tous deux différents du titre d’une partie, ou de celui d’un sous-chapitre. Vous allez donc les hiérarchiser, en donnant la forme d’un « Titre1 » au grand titre de votre roman, celle d’un « Titre2 » au titre des parties de ce dernier regroupant plusieurs chapitres, celle d’un « Titre3 » aux titres des chapitres, et éventuellement une « Titre4 » aux titres des sous-chapitres si vous en avez.

Enfin, la plus importante pour ce qui est des livres numériques : c’est cette structure qui permet au logiciel de lecture de comprendre où sont les titres, où est le corps du texte, où est la marge éventuelle et de les afficher correctement à l’écran, car votre texte sera codé dans un fichier HTML5 avec ces fameuses balises.

Il est donc, vous en serez, je pense, maintenant convaincus, fondamental, de structurer votre texte.

Nous pouvons alors voir un peu plus en détail comment.

Les styles à utiliser

Vous allez pouvoir vous aider des styles que vous avez déjà déterminés dans Scrivener pour le format papier de votre livre. Nous l’avons déjà vu dans l’article qui y est consacré, et vous pouvez vous y reporter.

Néanmoins, il faut garder deux choses à l’esprit : d’une part, vous n’aurez pas besoin de certains styles pour une sortie numérique de votre œuvre, puisque par définition ce sera le support de lecture (tablette, smartphone, liseuse) qui gérera complètement les entêtes et les pieds de page ainsi que les numéros de page qui pourront varier en fonction de la taille de police sélectionnée par votre lecteur ou votre lectrice pour son confort ; d’autre part, tous les autres styles ne seront que des propositions que vous ferez à votre lectorat, qui sera libre de les refuser pour appliquer son propre réglage.

Au final, les styles dont vous aurez vraiment besoin de vous préoccuper seront ceux qui suivent.

Des styles de caractères :

  • Un style de mise en évidence pour les mots importants. On utilise en général une mise en italique.
  • Un style d’accentuation forte pour être encore plus marquant. On utilise la plupart du temps une mise en gras.
  • Un style mixte, pour combiner la mise en évidence et la mise en gras.
  • Un style mise en évidence dans un texte en italique, qui permet de renverser la mise en italique si besoin.
  • Un style de Première phrase de chapitre si vous voulez changer la casse de vos débuts de chapitre par exemple (on peut le faire autrement dans Scrivener, mais la solution d’un style est plus interopérable avec les autres logiciels comme les traitements de texte).

Des styles de paragraphes :

  • Un style de corps de texte, la base de votre texte.
  • Un style de titre de chapitre, pouvant être ensuite décliné pour la façon dont vous allez numéroter les chapitres.
  • Un style de titre de parties, si vous en avez dans votre texte, pouvant là aussi être décliné pour la façon dont vous voudriez numéroter les parties.
  • Des styles de scènes, vous permettant de distinguer autrement qu’avec les signes typographiques de changement de scène deux moments différents dans une même séquence, comme des analepses ou des prolepses (flashbacks et flashforwards).
  • Un style de dédicace, qui marque déjà le texte sur la page adéquate.
  • Un style de mentions légales qui marque lui aussi le texte sur la page dédiée.
  • Un style de titre de scène ou de division de scène.

La traduction des styles en EPUB

Si vous êtes familier des usages d’écriture technique du web, tout cela va vous sembler basique.

Si ce n’est pas le cas, je vous conseille de vous pencher un peu sur les fondamentaux du langage HTML5. Vous pouvez vous référer à ce cours, que je trouve particulièrement didactique. Une autre façon de voir les choses est d’approcher la syntaxe d’écriture en markdown, une façon de coder des balises de manière très simple et presque naturelle.

Une balise est en effet simplement une marque qui entoure un mot ou un groupe de mots pour indiquer sa signification, sa fonction.

Si le titre de votre chapitre est « Introduction », par exemple.

Il sera indiqué en HTML5 par le code suivant :

<h1>Introduction</h1>

h1 est l’abréviation de header 1, c’est-à-dire entête 1 en bon français, pour désigner un titre très important, le premier en importance hiérarchique. Car un titre de chapitre sera plus important dans la hiérarchie qu’un titre de sous-chapitre. Mais on pourrait aussi imaginer que votre livre soit divisé en parties comprenant chacune plusieurs chapitres. Dans ce cas c’est le titre de partie qui sera le plus haut placé dans la hiérarchie (un header 1) alors que les titres de chapitre seront plus bas (des headers 2).

Cette hiérarchie des titres est essentielle, car elle correspond au codage du fichier HTML5 que vous obtiendrez dans votre livre au format EPUB. Le Titre1 deviendra une balise h1 (ou header 1), et votre Titre4 une balise h4 (ou header 4).

Chaque style sera transformé en une balise. Si vous utilisez Scrivener, ce sera automatique ou presque, lors de la compilation de votre texte en EPUB (on y vient plus bas).

Pour les styles les plus classiques, il suffira d’utiliser les balises simples du langage HTML5.

Par exemple : h1 à h6 pour les titres (titre du livre, sous-titre, titres de parties, titres de chapitres, titres de sous-chapitres…), blockquote pour les citations, em pour les mises en exergue, strong pour les accentuations fortes, p pour les paragraphes de corps de texte.

Mais lorsqu’aucune balise standard du HTML5 ne correspond à votre style, alors vous devrez choisir d’attribuer une classe à l’une de ces balises pour créer une sorte de nouvelle « sous-balise ».

Si l’on veut créer un style pour les analepses (flashbacks), on se rend vite compte qu’il n’existe pas de balise toute faite en HTML5. On peut donc choisir de créer une classe analepse pour certains paragraphes (balises p). Et ainsi chaque paragraphe de votre texte qui sera un flashback sera encadré par une balise notée <p class=”analepse”>.

Une fois que tout votre texte sera codé en HTML5, il sera complètement balisé pour l’application de lecture.

Si vous voulez savoir à quoi il ressemble, vous avez le choix entre deux possibilités.

Soit vous voulez voir le code, et vous devrez ouvrir le fichier correspondant avec un logiciel spécial baptisé « éditeur de code », sorte de traitement de texte spécialisé dans la gestion des balises. Je me sers de Brackets qui a l’avantage d’être libre et multiplateforme. Cela donnera ce genre de chose.

Soit vous voulez voir le résultat « lisible par un humain et pas par un cyborg », et sous devrez l’ouvrir dans un navigateur internet. Cela donnera ceci.

Vous trouvez ça moche ?

C’est normal, car vous n’avez fait que la moitié du travail jusqu’ici.

Vous n’avez fait que déclarer au navigateur (qui est le moteur de toutes les applications de lecture) quelles parties du texte correspondaient à quels styles.

Mais vous n’avez pas encore défini comment vous vouliez que soient ces styles.

Ça, c’est le boulot d’un autre fichier…

Here comes the CSS

Souvent nommé style.css, c’est un fichier qui n’est autre que la déclaration de l’apparence que vous voulez donner à chacun de vos styles.

Le langage CSS3 peut facilement s’apprendre, ici par exemple.

Pourtant, c’est lui qui sera le plus compliqué à paramétrer pour votre livre numérique, car les applications de lecture le gèrent de façon très personnelle. Et c’est un euphémisme.

Nous nous y pencherons plus en détail dans le troisième article de cette série, le temps pour vous de vous familiariser suffisamment avec lui. Sachez simplement que les logiciels qui permettent de créer un fichier EPUB à partir d’un texte classique créent un fichier CSS basique dont vous pouvez vous contenter si vous êtes peu exigeants.

Comme ce n’est pas mon cas, je vous montrerai donc comment obtenir ce que vous souhaitez précisément.

Et pour vous donner un exemple de son utilité, voici le rendu final du texte avec un code CSS fonctionnel basique, et le rendu final avec un code CSS mitonné aux petits oignons par mes soins. C’est mieux, non ?

Métamorphose du texte vers l’EPUB

Au contraire d’un fichier de texte (que son format soit DOC ou DOCX pour Word, RTF ou ODT pour LibreOffice), un livre électronique n’est pas un seul fichier constitué d’un seul tenant. C’est une sorte de dossier contenu dans une archive comme le format ZIP (si je vous parle chinois, allez voir quelques définitions de formats de fichiers ici). Nous explorerons d’ailleurs en détail les entrailles d’un livre EPUB dans le prochain article de cette série.

Il faut donc transformer notre fichier texte en une archive EPUB.

Nous pourrions le faire nous-mêmes, « à la main ». Mais ce serait pénible, tant la transition est complexe.

Alors, pour gagner du temps, il est utile de laisser un logiciel faire le plus gros du travail pour nous, car vous verrez, vous vous embêterez déjà assez comme ça lorsqu’il s’agira de peaufiner votre livre pour en faire quelque chose qui vous plaise vraiment tout en satisfaisant aux règles strictes et parfois capricieuses des logiciels de lecture électronique (vous vous souvenez, le CSS, c’est bien, mais le CSS qui marche bien partout comme on veut, c’est rare).

Bien sûr, cette étape ne donnera pas naissance au produit fini, mais plutôt à une ébauche, à une pierre brute que vous allez devoir patiemment polir en vous attaquant au code. Mais au moins, le gros du travail aura été fait d’un simple clic…

Il existe de soi-disant « éditeurs de livres électroniques », des logiciels dérivés d’applications pour créer des sites internet, comme Blue Griffon EPUB Edition, mais ils sont tous vendus très très chers pour ce qu’ils font… Personnellement, je préfère comme toujours la liberté, ce qui veut dire souvent mettre les mains dans le cambouis… le code…

Pourtant, les logiciels de traitement de texte habituels sont capables de produire un fichier EPUB à partir de votre texte.

Dans LibreOffice, cliquer sur Fichier > Exporter vers... > Exporter au format EPUB crée un fichier fonctionnel.

Pour ma part, comme nous l’avons vu dans l’épisode 1 de la série d’articles Making of a book, j’utilise Scrivener pour composer mes écrits, et je me sers donc de la fonction de compilation vers l’EPUB3 intégrée dans le logiciel.

Nous détaillerons dans l’épisode 3 de cette série les étapes de cette compilation, et je vais plus en profondeur dans les arcanes de cette opération dans une autre série d’articles. Mais il suffit pour l’instant de savoir qu’en cliquant sur Fichier > Compiler, et en choisissant le format de publication que j’ai partagé avec vous avec l’option EPUB3, Scrivener crée pour vous le fichier adéquat.

Ne reste plus qu’à tester son rendu sur votre tablette.

Vous remarquerez que le résultat est là encore perfectible. Même si c’est un excellent début, ce n’est pas encore un livre au rendu parfait car l’automatisation n’a pas préservé tous les réglages de styles. Pour cela, il faudra faire soi-même le travail en découvrant les entrailles du fichier.

Ce sera l’objet de notre deuxième épisode : EPUB Anatomy

Mais en attendant, il reste des choses à faire sur le texte lui-même, c’est-à-dire sa version HTML.

Maison de Corrections

Comme vous avez déjà lu le premier épisode de la série d’articles Making of a book, vous savez déjà qu’il est indispensable de corriger votre manuscrit une fois terminé. Et vous l’avez déjà effectué, parce que vous êtes formidable.

Mais dans le cas de la production d’un livre électronique, une étape de correction supplémentaire va devoir vérifier que le format EPUB garde toutes les modifications typographiques que vous aviez décidé de faire.

Ces espaces qu’il vaut mieux entendre crier

Car lorsque vous avez corrigé votre texte avec Antidote, ce dernier vous a obligeamment fait remarquer que vous deviez à certains endroits précis insérer des espaces insécables, des espaces fines ou des espaces fines insécables. La typographie est en effet régie par des lois strictes.

Si vous n’avez pas besoin de les connaître par cœur pour un format papier — Antidote faisant bien son travail — vous allez par contre devoir vous y familiariser pour le format électronique. En effet, l’exportation en EPUB, que ce soit avec LibreOffice ou avec la compilation de Scrivener, n’est pour le moment pas capable de gérer les espaces. Le fichier EPUB généré par ces logiciels va systématiquement comporter un seul type d’espace : les espaces normales sécables.

C’est ainsi qu’on se retrouve régulièrement, et même avec des livres numériques achetés dans le commerce, avec des horreurs du genre : un point d’exclamation tout seul en début de ligne et plus rien ensuite.

Je vous accorde que c’est un détail, mais au début, je vous ai bien dit que j’étais exigeant…

Si je mets autant d’énergie et de soin à écrire un texte qui me paraisse assez bon pour intéresser d’autres que moi, je refuse de le voir gâché par des bêtises de présentation.

Il est donc nécessaire d’entendre à nouveau parler vos espaces insécables, et vos espaces fines insécables.

L’idée est donc de corriger chaque chapitre ou chaque section de texte du fichier EPUB pour remplacer les espaces sécables par les codes indiquant au navigateur web qui sert de lecteur qu’il est nécessaire d’insérer des espaces particulières.

Vous allez me dire « c’est fastidieux ! » et vous auriez raison.

Voilà pourquoi je vous conseille deux méthodes.

La première consiste à vous servir de la fonction de rechercher/remplacer de votre éditeur de code (pour ma part, comme je vous l’ai dit plus haut, je me sers de Brackets) et de lui demander de faire les substitutions pour chaque règle automatiquement. Vous allez voir que c’est plus rapide, mais tout autant fastidieux. Car il faut faire une recherche pour les espaces derrière les guillemets ouvrants, puis une autre pour les espaces devant les guillemets fermants, puis une autre pour les espaces devant les points d’exclamation, puis une autre pour les points d’interrogation, etc.

Deuxième façon de faire, plus maligne, créer un petit programme qui fera ça tout seul suivant vos instructions. Vous n’aurez alors plus qu’à lui dire quel fichier inspecter, et le tour sera joué.

« Programmer ? Mais mon bon Monsieur, je suis un écrivain, moi, mais un programmeur ! Et même si je suis un geek parce que j’écris dans le domaine de l’imaginaire, je n’ai aucune envie d’apprendre un langage informatique ! Veuillez donc passer votre chemin avec vos balivernes et laissez-moi tranquille avec vos espaces insécables démoniaques ! »

Voilà en substance ce que vous pourriez me dire. Et là encore je ne pourrais vous donner tort.

Sauf que d’autres ont déjà bossé pour vous.

D’abord, Lizzie Crowdagger a créé un petit programme qui fait exactement le travail dont nous parlons. Il suffit d’apprendre à l’installer. Et je crois qu’il doit bien marcher… mais ce ne fut pas le cas pour moi. Je ne sais pas pourquoi, allez donc deviner… Peut-être parce que je suis sur Mac… Ou pas…

Essayez-le, car peut-être que pour vous ce sera un succès.

Mais si comme moi vous ne parvenez pas à le faire fonctionner correctement, alors, je vous livre ma solution personnelle.

BBEdit et Applescript à la rescousse des espaces

L’idée étant d’automatiser des tâches répétitives, il était tentant de se servir des outils déjà disponibles sur un Mac au départ. En effet, la petite application Automator est là pour ça. Mais si elle est extrêmement facile à prendre en main, elle n’est pas assez puissante pour faire ce travail seule.

Alors on peut se servir du langage de programmation maison d’Apple, l’Applescript.

Relativement simple, il est capable de commander une application à condition que les concepteurs d’icelle aient pensé à en donner la possibilité.

Or, Brackets n’est pas une application dite « scriptable ».

Qu’à cela ne tienne, il existe un éditeur de code qui est à la fois gratuit et scriptable : BBEdit.

Il ne me convient pas pour travailler en détail sur le code HTML ou CSS, mais il est entièrement scriptable et fera donc l’affaire pour automatiquement trouver toutes les espaces à changer dans mon texte.

Je vous propose donc, après avoir téléchargé le logiciel BBEdit, d’ouvrir l’application Éditeur de script qui se trouve dans les Utilitaires de votre Mac, et d’y coller le code suivant (en prenant soin d’enlever les \ situés avant les #) :

Mon Applescript de correction des espaces dans un fichier HTML

Puis enregistrez-le.

Lorsque vous aurez trouvé le fichier qui contient le code HTML de votre texte, qui devrait avoir un nom ressemblant à chapter.xhtml, vous l’ouvrez avec BBEdit. Puis vous cliquez sur l’icône play de l’Éditeur de script.

Presque de façon magique, tout devrait se corriger.

Et maintenant ?

Et bien maintenant que vous avez structuré votre texte, que vous l’avez exporté en EPUB et que vous avez corrigé les quelques erreurs de typographies laissées par cette métamorphose, il est temps de se préoccuper réellement de ce qui se cache dans ce fichier.

Pour être honnête, mieux vaut d’ailleurs que vous le sachiez avant, parce que sinon, vous allez vous retrouver avec un fichier EPUB et vous n’arriverez pas même à en ouvrir les entrailles pour trouver votre texte à corriger…

C’est le moment de faire une dissection.

Prenez vos scalpels, et rendez-vous dans le deuxième article de cette série : EPUB Anatomy.