L’Humanité après l’Effondrement, deux visions comparées

L’Humanité après l’Effondrement, deux visions comparées

Attention, cet article pourrait vous dévoiler certaines choses que vous préféreriez découvrir vous-même en regardant le film, la série ou en lisant le livre dont il est question ici.

L’Apocalypse… oui, mais après ?

Probablement depuis des éons, l’être humain s’interroge sur le devenir du monde et son devenir en tant qu’espèce. Il a pris conscience que chaque chose en ce monde naît, vit… et meurt, et que cet axiome fondamental peut aussi être appliqué au monde tel qu’il le connaît. Les mythes du Déluge et des « fins du monde » cycliques (par exemple ceux des Mayas) nous enseignent aussi qu’il réfléchit depuis bien longtemps à ce qu’il pourrait se passer après

Notre espèce a imaginé bien des façons dont son monde pourrait atteindre son terme.
Et pour illustrer ces peurs, nous avons imaginé des centaines histoires, dans les contes, dans la littérature, dans les films et les séries.

Les catastrophes naturelles sont bien sûr les causes les plus évidentes, celles auxquelles nous avons songé en premier. Les déluges, donc, qu’ils soient bibliques (Noé) ou précolombiens. Les éruptions volcaniques, les tremblements de terre, et plus récemment les chutes ou collisions de météorites (Armageddon, autre) que notre connaissance du passé et notre science nous ont montrées comme les plus dangereuses. Nous savons que d’autres espèces ont subi leurs foudres, comme les dinosaures. Nous savons aussi qu’il y a eu des épisodes d’extinction en masse à plusieurs reprises dans le passé lointain de notre planète.

Jusqu’au bombardement de neutrinos à la base du « scénario » du film 2012.
Tout ceci n’étant que des causes extrinsèques, l’expression de « la Colère des Dieux » ou la vengeance de la Nature, ou bien même le hasard cruel et meurtrier.

Mais les causes naturelles n’ont pas suffisamment étanché cette soif, et, en s’observant elle-même, l’espèce humaine a bien compris que le plus grand danger qui la guettait était bien : elle-même. Les guerres thermonucléaires, bactériologiques, l’apparition de virus créés par l’Homme dans un but guerrier ou même pacifique (La Planète des singes : les Origines) et échappant à tout contrôle, sont évidentes à qui connaît la tendance belliqueuse des êtres humains.

Mais l’Effondrement est aussi celui d’une civilisation, d’un modèle de vie. Les récits de cataclysmes sont souvent l’occasion pour les conteurs de critiquer le modèle social ou de civilisation dominant, en montrant sa vanité. Ainsi le chaos résultant de l’arrêt d’une technologie devenue essentielle comme l’électricité, ou d’une des bases de l’économie capitaliste, aurait le même effet qu’une guerre nucléaire. Du moins dans l’anticipation que nous en avons.

La question centrale et commune à toutes ces histoires, à toutes ces anticipations n’est cependant pas vraiment le « comment ? », mais sans doute plus le « pourquoi ? ». Et plus encore, car la survie de l’espèce est ancrée au plus profond de nos gènes, le « que se passe-t-il après » ?

Car s’il y a des survivants (ce que nous ne pouvons pas ne pas imaginer), leur histoire semble au moins aussi intéressante que celle de l’Effondrement lui-même.
C’est d’ailleurs l’intérêt comme le défaut du film Signs de M. Night Shyamalan, que de poser, à sa toute fin, l’absence totale de survivant. La fin véritable d’une histoire. Autant cela fait réfléchir sur nous-mêmes en tant qu’espèce et sur notre place dans l’univers, autant, dramatiquement parlant, je trouve cette posture moins intéressante, puisqu’elle oblitère les questions de l’après.

Un peu par hasard, je suis tombé cet été sur le premier tome d’une saga, Zhongguo, par David Wingrove, intitulé Fils du Ciel. Et dans le même temps, j’ai enfin suivi le conseil de Car Beket : j’ai vu la première saison de The 100.

Deux façons d’envisager un monde post-apocalyptique. Deux façons d’appréhender l’Effondrement et ses conséquences. Deux façons d’explorer l’adaptation de l’espèce humaine à un changement radical de son monde.

The 100

The 100, une série de CW

Je ne vous cache pas que les deux premiers épisodes de la série The 100 de la chaîne américaine CW m’ont un peu refroidi.

Tout commence comme une de ces séries pour adolescents que j’exècre, genre Teen Wolf ou Vampire Diairies, où tout n’est que mise en scène de questions existentielles telles que « Jack a-t-il couché avec Megan alors qu’il était déjà en couple avec Sydney ? »

Mais à partir du troisième épisode, les choses deviennent beaucoup plus intéressantes et matures.

The 100 décrit le retour de 100 adolescents « sacrifiés » dans une tentative désespérée des derniers survivants de l’Humanité réfugiée dans une station spatiale pour recoloniser la Terre dévastée par une guerre nucléaire 3 générations plus tôt. Sacrifiés car la station spatiale se meurt. Sacrifiés car le projet de retour ne devait être déclenché que 3 générations plus tard. Sacrifiés car ils étaient tous condamnés pour des crimes ou des délits qui, surpopulation aidant, sont tous punis de mort sur la station. Sacrifiés car rapidement, tout lien avec l’Arche sera techniquement coupé, et qu’ils devront affronter seuls les nombreux périls d’une planète qui leur est devenue aussi étrangère qu’hostile.

La réalisation est extrêmement réaliste.
La technologie est crédible, car assez proche, finalement, de la nôtre.

À travers le parcours des personnages principaux que sont Finn, Bellamy, et surtout Clarke, de leurs relations avec ceux restés sur l’Arche et entre eux, on vit avec eux des remises en question éthiques, comportementales, politiques. La survie dans un environnement hostile les pousse à se poser des questions essentielles sur ce qu’ils pensent être juste et ce qu’ils pensent devoir faire comme entorses à cette justice idéale pour ne pas être tués.

On découvrira aussi que la Terre abrite des survivants de l’holocauste nucléaire, et que leurs réponses, plus anciennes, ne sont pas du tout les mêmes que celles que tentent d’apporter les héros de la série.

Sur l’Arche condamnée par le manque d’oxygène, les adultes qui ont envoyé ces adolescents en reconnaissance dans une mission suicide ont eux aussi leurs dilemmes à résoudre, leurs drames à jouer.

The 100 - Promotional Poster2

Au final c’est la confrontation des points de vue, des compromissions avec leurs idéaux, les liens qui se créent, qui montrent combien notre société actuelle nous protège ou nous expose à des dangers qui sont « artificiels », car créés par elle. La Nature sauvage telle qu’elle est décrite dans The 100 est celle des pionniers, et même si une civilisation d’ordre féodal s’est recréée sur Terre, elle est finalement elle aussi soumise aux lois de la Nature. Il n’est pas innocent, d’ailleurs, que tout se passe en forêt, lieu des mystères par excellence. Tout comme le traitement de cette colonisation par une série américaine fait penser férocement à une réflexion sur la vie des premiers colons débarqués du Mayflower au dix-septième siècle…

On se prend à réfléchir comme Clarke ou Bellamy, à se demander quelle décision on aurait prise à leur place. On cherche en nous-mêmes la réponse à cette question que posent souvent les premiers épisodes : « que sommes-nous ? » À quoi devons-nous accepter de renoncer pour survivre ?

Vous l’aurez compris, je suis devenu accro… Et dire que la saison 2 débute tout juste aux États-Unis !

Fils du Ciel, de David Wingrove

Fils du Ciel, la Couverture de l'édition française

David Wingrove est britannique. Aussi, l’ambiance de Fils du Ciel est-elle extrêmement différente de cette « frontière sauvage » que décrit The 100.

Nous sommes ici dans le Vieux Monde, et le poids de la civilisation passée est beaucoup plus présent.

Dans Fils du Ciel, c’est la civilisation occidentale qui s’est effondrée à la suite d’un krach économique et boursier généralisé que le héros, Jake, au cœur du système, a été incapable de juguler. Il est précipité, à la faveur de flashbacks très bien pensés, depuis le sommet d’une société inégalitaire et financière ressemblant à une exagération de notre propre capitalisme, jusqu’à une vie réorganisée plus simple où les trésors ne sont plus des milliards virtuels côtés en bourse, mais un savon, un vieux disque des Stones, une pile électrique, un fusil, et plus encore les relations entre les survivants.

C’est cette vie simple que l’on découvre dans les premiers chapitres, d’ailleurs, et on est loin de se douter que Jake est si intimement mêlé à la fin du monde qu’il a connu et qu’il semble ne pas regretter du tout alors même qu’il en était l’un des privilégiés.

La vieille technologie est au mieux bricolable, au pire totalement inutile. Mais elle est omniprésente. Les références à l’ancienne société sont beaucoup plus fortes, car moins d’une génération est passée, et la Terre est toujours peuplée. C’est une civilisation qui se crée sur les ruines d’une ancienne en quelques décennies.

Cet Effondrement-là interroge plus sur ce qu’il y avait avant que sur ce que les humains deviennent ensuite. Il nous pousse à revoir nos priorités actuelles. La virtualisation de l’économie, sa gestion par informatique. Les relations internationales.

Mais aussi sur ce que nous considérons comme vraiment précieux dans notre vie. Des œuvres d’art, comme des disques ? Nos proches ? Notre confort ?

Au fil des pages, David Wingrove nous décrit aussi comment l’Effondrement s’est déroulé dans son monde.
Alors que dans The 100 cette question est très secondaire, voire totalement absente (on sait seulement que l’Humanité s’est déchirée dans une guerre), on assiste presque au spectacle dans Fils du Ciel, même si c’est toujours avec le filtre du flashback ou du discours indirect, comme pour atténuer son importance par rapport aux conséquences.

Cette dimension du « pourquoi ? » et du « comment ? » est en effet une question essentielle du livre, puisque la saga Zhongguo décrit la prise du pouvoir mondial par la Chine pendant de nombreuses années. On apprend donc dès ce tome-ci (mais très tard, presque trop tard, d’ailleurs) que c’est un dirigeant chinois qui, sciemment, a provoqué le krach et la chute de la civilisation occidentale, afin de gagner une guerre sans avoir besoin de combattants. On apprend aussi que la Chine s’est relevée plus forte de ce cataclysme économique, que sa technologie n’a pas régressé, mais progressé, et qu’elle conquiert peu à peu l’ancien monde morcelé en une multitude de baronnies pseudo-féodales.

On bascule dans la géopolitique-fiction et l’affrontement de deux pensées. De façon peu originale, David Wingrove oppose la pensée orientale et la pensée occidentale, pour nous montrer les salauds et les justes dans les deux systèmes. Pour débuter sans doute une grande fresque dans un paradigme politique, économique et de civilisation qui nous est en grande partie étranger, puisque déjà plusieurs tomes de cette saga ont été publiés.

J’avoue que j’ai été dérouté par le fait que ce que je pensais être un récit post-apocalyptique était en fait le prologue d’un cycle plus traditionnel. Dérouté aussi que ces révélations arrivent si tard dans le livre. Dérouté enfin de cette rencontre presque à la fin, où tout bascule.

Ces péripéties sont cependant pour David Wingrove l’occasion de nous poser encore la question centrale : « que devons-nous faire et accepter pour survivre ? »

Et comme son écriture est quand même assez efficace et plutôt bien traduite dans notre langue, je crois que je vais poursuivre au moins un livre de plus…

Lucy, de Luc Besson : regards croisés avec une neuropsychologue

Lucy, de Luc Besson : regards croisés avec une neuropsychologue

Le dernier film de Luc Besson me faisait de l’œil pour plusieurs raisons.

D’abord, c’est un film de Besson. Les films de Besson ne laissent pas souvent indifférent, qu’on les adore ou qu’on les déteste.

Ensuite, le cerveau et ses mystères sont une source de potentialités artistiques et d’interrogations tant scientifiques que philosophiques… un film sur ce thème ne pouvait que m’attirer.

Et puis ce thème était assez proche de ce que j’avais envisagé au tout début du développement du scénario du Choix des Anges, avec l’idée de la drogue qui décuplerait les fonctions cérébrales d’un être humain pour le conduire aux portes de la divinité.

Enfin, je me demandais comment le cinéma pouvait s’emparer d’un tel sujet. Comment montrer quelque chose d’aussi complexe, en même temps qu’en faire un spectacle ?

Bref, je suis allé le voir.

Le pitch : Lucy in the sky with diamonds

Jeune étudiante sans le sou à Taïwan, Lucy (Scarlett Johansson) fait les frais d’une mauvaise rencontre en boîte de nuit. Son amant du moment l’utilise pour livrer à un puissant baron du crime coréen une mallette contenant quatre sachets d’une drogue expérimentale issue d’une hormone naturelle synthétisée par les femmes pendant la grossesse.

L’échange ne se passe bien évidemment pas aussi bien que son petit-ami le lui avait promis, et elle se retrouve, après un accident, avec une très grosse quantité de cette drogue aux effets dévastateurs dans le sang.

Loin de la tuer comme cela aurait dû se passer, la drogue s’intègre à son organisme en lui permettant de développer ses capacités cérébrales au-delà des fameux 10 % que nous serions capables d’utiliser.

Elle devient alors surhumaine et se lance dans une quête pour récupérer les trois autres sachets, tout en découvrant que son potentiel cognitif grimpe peu à peu de 20 jusqu’à 100 % à la toute fin du film.

Au cours de cette quête, elle croise le chemin de deux hommes.

L’un (Morgan Freeman) est un chercheur renommé développant depuis 20 ans la thèse selon laquelle les êtres humains n’exploitent que 10 % de leur potentiel cérébral. Il sera le « guide spirituel » de Lucy dans son évolution.
Le deuxième est un flic français très banal qu’elle aura choisi comme compagnon afin de « se souvenir » de ce que c’est d’être un humain.

L'affiche française de Lucy

L’affiche française de Lucy

La forme : Les diamants sont éternels

De ce côté-là, Lucy est véritablement un film de Besson.

Il y a des images magnifiques, époustouflantes même. Des moments de poésie pure. Une maîtrise des « images dans les images » (les reflets dans l’œil de Lucy). Une bande-son choisie à merveille pour coller aux scènes.

Le jeu des acteurs va du crédible (Scarlett Johansson) au pas vraiment nouveau (Morgan Freeman, qui hélas est toujours utilisé depuis quelques années dans le même genre de rôle, et dont on a maintenant plus l’impression qu’il joue Morgan Freeman jouant un personnage que son personnage lui-même), en passant par le bêtement caricatural (Min-sik Choi, le parrain de la drogue sortit tout droit d’un manga), ou le très bêtement faire-valoir (Amr Waked, le flic dont on se demande vraiment à quoi il sert dans ce scénario).

La réalisation est impeccable dans sa progression.

J’ai particulièrement adoré au début les scènes entremêlées entre les prédateurs et les proies dans la savane africaine et l’enchaînement de circonstances qui va amener Lucy jusqu’à son destin.

Les références artistiques et l’univers de Lucy

On reconnaît au premier coup d’œil la patte de l’univers de Besson : l’héroïne surhumaine fait écho à Nikita, Leeloo (Le Cinquième Élément), ou Jeanne d’Arc. Elle est toujours accompagnée d’un homme protecteur qui ne sert pas toujours à la protéger vraiment : Corben Dallas (Bruce Willis) dans le Cinquième Élément, Léon (Jean Reno) dans Léon avec Natalie Portman, Victor (Jean Reno encore) dans Nikita.

Mais le thème est aussi un thème très souvent exploité en science-fiction.

Franck Herbert en a fait l’archétype des Révérendes Mères du Bene Gesserit, capables de contrôler leur propre physiologie (au point de contrôler leur fécondité et même le sexe de leur enfant à naître) dans sa saga Dune.

Pierre Bordage utilisa une héroïne capable de prodiges assez semblables dans Les Guerriers du Silence.

J’ai moi-même donné de tels pouvoirs à mon héroïne dans Poker d’Étoiles et Armand, le héros du Choix des Anges, y accède lui aussi.

Le fond : tout ce qui brille n’est pas d’or

C’est en fait un mythe universel que « l’homme augmenté », celui ou celle qui devient surhumain et en se libérant des chaînes qui limitent l’Homme accède à une compréhension plus large de l’univers.

Même les philosophies orientales comme le bouddhisme ou le taoïsme rejoignent cet idéal.

Et au final l’idée occidentale de progrès participe du même mouvement.

C’est le désir profond de l’Homme de comprendre et maîtriser la Nature ou d’en faire partie pour ne plus la subir.

J’ai d’ailleurs trouvé que le film n’exploitait pas vraiment tout son potentiel, lui non plus (10 % seulement ?).

Par exemple, dans son exposé, le personnage de Morgan Freeman explique que si un être humain utilisait 20 % de son potentiel cérébral, il serait capable de contrôler sa propre physiologie (référence aux Bene Gesserit de Dune). Mais jamais on ne voit Lucy véritablement contrôler son corps. La douleur lorsqu’on lui enlève le sachet de son abdomen, à la rigueur, mais il n’est pas besoin d’être surhumain pour entrer en transe hypnotique et anesthésier une partie du corps. Des interventions chirurgicales ont lieu tous les jours avec ce genre de technique… J’aurais plutôt vu des images montrant que Lucy maîtrise son flux sanguin, sa température, sa croissance cellulaire, ses organes d’une façon consciente. Elle pourrait très facilement métaboliser un poison, synthétiser des molécules particulières, voire diriger des processus de cicatrisation. Rien de tout cela en images alors que Besson s’attarde très longuement sur d’autres choses comme la mémoire.

Mais là encore j’aurais attendu de lui, pour rester dans le style qu’il impose dès le début du film, de ne pas rester seulement sur le visage ô combien « cinégénique » et émotionnellement fort de Scarlett Johansson, mais de montrer des images de sa mémoire. C’est un procédé classique que le flash-back, me répondra-t-on. Oui, mais je suis sûr qu’il aurait pu trouver à l’exploiter autrement. Il s’agit tout de même d’un réalisateur dont les films ont souvent été visuellement novateurs.

Et surtout, je trouve que Lucy n’a pas évité de tomber dans certains poncifs.

En effet, souvent, ces visions d’extrahumanité sont stéréotypées et assez décevantes sur un point commun que j’ai toujours trouvé frustrant. Il semblerait que pour tout le monde, l’accroissement de la conscience, ou du moins l’accroissement des capacités cognitives se fasse au détriment des émotions.

On aurait donc à faire avec des êtres détachés de l’Humanité tant ils comprennent Le Grand Tout.

Ainsi, Lucy à qui il faut le faire-valoir du flic Pierre Del Rio pour se souvenir de ce que c’est que d’être humain, mais sans émotion véritable, juste par stratégie froide. Si froide qu’elle est capable de tuer sans aucun problème (un autre fantasme de Besson que cette Nikita nouvelle génération ?). La seule scène où les émotions sont exprimées après sa transformation : sur la table d’opération, Lucy appelle sa mère au téléphone. C’est intense… mais c’est très court et elle vient d’abattre au moins cinq personnes auparavant… pour en abattre dix fois plus ensuite. Sans sourciller.

Or, il se trouve que j’avais à mes côtés (puisque c’est mon épouse) une personne capable de me répondre là-dessus, car le fonctionnement cognitif est en quelque sorte son métier.

Ce regard croisé m’a semblé particulièrement fructueux dans la réflexion que l’on pouvait tirer du film. Je lui ai donc demandé de me donner sa vision de psychologue spécialisée en neuropsychologie sur ce point :

J’étais curieuse de découvrir le film de Luc Besson, Lucy, dont le thème m’intéressait particulièrement.

Pourquoi lorsqu’il est question d’évolution des capacités cérébrales de l’être humain n’est-il jamais question d’un développement, d’une meilleure exploitation de notre intelligence socioémotionnelle ?

Or l’être humain n’est-il pas un animal social c’est-à-dire qui vit en société ? Les êtres humains se sont toujours organisés en groupe, car leur survie en dépendait.

Alors si l’exploitation maximale de nos capacités cérébrales, comme c’est le cas du personnage de Lucy, nous conduisait à ne plus ressentir d’émotions et à n’être que pure connaissance cela n’impliquerait-il pas une extinction de notre espèce sociale ? Comment envisager notre organisation humaine dépourvue de notre système limbique, « cerveau des émotions » ? Et si tel était le cas, cela n’amènerait-il donc pas à une disparition de la notion de plaisir : manger de bons petits plats, déguster un bon vin, se retrouver entre amis ou encore faire l’amour ?

Dans cette perspective de contrôle total de l’esprit sur notre propre métabolisme conjugué à l’absence d’émotion et de recherche de plaisir en raison d’un niveau de conscience supérieure, quel serait en effet l’intérêt d’entretenir des rapports les uns avec les autres ? Nous n’aurions besoin que de prendre des gélules pour répondre à nos besoins vitaux, nous trouverions certainement un autre moyen de nous reproduire et perpétuer l’espèce par des méthodes de conception ex vivo comme dans Matrix ?

Doit-on comprendre que l’augmentation de notre potentiel cérébral nous permettrait de développer uniquement nos compétences cognitives (mémoire, attention, raisonnement logique) et que cela s’accompagnerait obligatoirement d’une disparition de nos émotions et sentiments ? Est-ce là la vraie évolution de l’Homme, la seule solution pour notre salut et cesser nos comportements d’autodestruction si prégnants dans notre Espèce ?

La définition la plus commune de l’intelligence ne repose bien souvent que sur les aspects intellectuels (ou cognitifs) c’est-à-dire la mémoire, l’attention, le raisonnement logique, le langage. La preuve en est que lorsqu’on va chez un psychologue, spécialisé dans ce domaine, car tous ne le sont pas, pour une demande d’évaluation de Quotient Intellectuel (QI) ce dernier est principalement exploré au moyen d’une échelle d’intelligence standardisée.

La plupart des professionnels de la santé et de l’enseignement réduisent malheureusement souvent le potentiel intellectuel à ce résultat de QI ce qui relève d’une aberration totale tant d’un point de vue statistique, que théorique ou psychologique. Cette vision de l’intelligence est extrêmement réductrice.

Des chercheurs (Gardner, 2000 ; Sternberg, 1988, 1999) étendent le concept d’intelligence aux domaines artistique, sportif, créatif ou encore socioémotionnel. Il n’est pas rare d’observer une « intelligence » dite normale ou « supérieure à la moyenne », mais non fonctionnelle dans la mesure où la personne n’est pas en mesure de l’exploiter correctement pour diverses raisons.

Les lésions entraînant des perturbations de la gestion des émotions entravent, entre autres, la prise de décision et donc l’utilisation correcte de ce que l’on nomme, dans l’imaginaire collectif, l’intelligence (Damasio, 1994, L’Erreur de Descartes).

Donc si une Lucy existait vraiment, pourquoi ses émotions s’éteindraient-elles parallèlement au développement de son intellect pur au lieu, au contraire de suivre la même évolution ? Car il existe des circuits émotionnels dans le cerveau et leur bon fonctionnement est indispensable à une utilisation optimale de nos ressources.

Ainsi, si science sans conscience n’est que ruine de l’âme alors peut-être qu’intelligence sans émotion n’est que ruine de l’espritet de l’Humain.

Et si l’exploitation de nos capacités cérébrales au-delà de ce fameux 10 %, si tant est que cette valeur soit exacte d’un point de vue scientifique, nous permettait au contraire de développer notre intelligence émotionnelle et notre intelligence cognitive ? Que se passerait-il ?

Ne serait-ce pas là la vraie définition de l’Intelligence ? Ne serait-ce pas là que résiderait notre réelle différence en tant qu’humains ?

Je choisis la voie du Cinquième Élément

Une autre vision de la Conscience suprême, qu’il serait intéressant de développer à la fois dans la pensée métaphysique, mais aussi dans le domaine artistique…

Et si tout cela vous a inspiré quelques réflexions, n’hésitez pas à nous en faire part ici, à Sandrine et à moi.

Deux films sur un thème : à la recherche du bonheur

Deux films sur un thème : à la recherche du bonheur

De temps à autre, dans « deux (ou trois) films sur un thème », je parlerai d’œuvres mises en perspectives l’une avec l’autre pour montrer comment un même thème peut être traité différemment en fonction des sensibilités des réalisateurs, des époques, des « modes cinématographiques » ou des genres. Ce sera un petit compte-rendu des séances que des amis cinéphiles et moi-même nous organisons entre nous depuis maintenant plusieurs années, et mes sentiments sur la « collision » entre les différents films que nous visionnons. J’espère que cela vous incitera à faire la même expérience, que je trouve vraiment passionnante.

Commençons par la dernière séance en date, dont le thème était donc très vague : « à la recherche du bonheur ».

Le choix des films

Sur un tel thème, on peut trouver des dizaines de films (comme dans tous les thèmes, me direz-vous, et vous n’aurez pas tort), depuis les films d’auteur français jusqu’aux films de superhéros (si l’on considère la « quête du bonheur » du héros confronté à des pouvoirs qui le sortent de la norme et l’ostracisent en quelque sorte du reste de l’Humanité).

Notre choix n’a pourtant pas été porté ni vers les uns ni vers les autres. Nous avions sélectionné trois films relativement récents qui nous semblaient offrir une assez grande variété de points de vue pour provoquer une comparaison intéressante sur la forme comme sur le fond. Il s’agit chronologiquement de Smoke de Wayne Wang (1995), Into the Wild de Sean Penn (2007), et Jimmy P. d’Arnaud Desplechin (2013).

Je ne parlerai que du premier et du dernier, puisque nous n’avons pas pu voir les trois d’affilée, et que la comparaison ne peut donc vraiment s’établir si l’on ne visionne pas les films les uns à la suite des autres.

Pourquoi choisir un film traitant de la psychanalyse (Jimmmy P.) au côté d’un autre décrivant la vie d’un groupe d’amis dans un quartier de New York (Smoke) ? Parce qu’en réfléchissant bien, la quête du bonheur peut se passer de deux façons différentes : soit par une rencontre avec l’Autre (Smoke), soit par une rencontre avec soi-même (Jimmy P.).

Smoke

Le « pitch »

Le « bureau de tabac » d’Auggie, en plein Brooklyn, est le lieu névralgique où se retrouvent des clients qui sont bien souvent des habitués. Ce sont leurs vies entrecroisées qui sont racontées ici, leurs rencontres et leurs séparations. Il est question de deuil, de rédemption, de pardon, d’amour et d’amitié, d’honneur, de loyauté et de bonté tout autant que des erreurs que chacun d’entre nous peut faire dans sa vie.

On croise donc du beau monde dans la distribution : Harvey Keitel (Auggie), William Hurt, Forest Whitaker, entre autres. Mais aussi dans la réalisation : Paul Auster qui en est le scénariste, pour ne citer que lui. Le film est construit par chapitres qui se recoupent parfois, comme un roman, centrés sur un personnage en particulier. Chaque personnage est défini par des blessures que l’on découvre peu à peu, et par ses relations aux autres personnages, ce qui rend le tout extrêmement vivant et crédible. La réalisation s’attache à ces petits gestes du quotidien qui ont pourtant une grande signification sur les intentions de chacun d’eux. Le jeu des acteurs est précis et fin, souvent en retenue. Le sourire énigmatique d’Harvey Keitel dans l’avant-dernière scène est l’un des nombreux moments de bonheur de ce film humain et attachant.

Jimmy P.

Le « pitch »

1948. Jimmy Picard, un Indien Blackfoot démobilisé après la Seconde Guerre Mondiale, souffre de troubles psychologiques sévères qui handicapent fortement sa réintégration dans une vie civile normale. Alors que son cas divise les médecins et psychiatres de l’US Army qui sont amenés à le prendre en charge, c’est un anthropologue et apprenti psychanalyste franco-roumain, Georges Devereux, qui parvient à nouer avec lui une relation thérapeutique assez forte pour le mener vers la guérison.

Sous-titré « psychanalyse d’un Indien des plaines », comme le récit que fit en 1951 Georges Devereux de son approche psychanalytique du cas de Jimmy Picard, le film est à la fois une plongée dans les pensées, les peurs et les souffrances des deux hommes que sur la relation singulière qu’ils nouent entre eux. Les acteurs sont merveilleusement convaincants, et plus particulièrement Benicio Del Toro qui parvient à camper toute la complexité de cet Indien à la culture niée dans son propre pays sans jamais sombrer dans le pathos. Mathieu Amalric est admirable d’ambiguïté et presque de rouerie dans le rôle de Devereux. Le rapport que les deux hommes entretiennent entre eux et avec les femmes est le centre de l’intrigue, permettant de comprendre à la fois le patient et le psychanalyste, dont les névroses ne sont finalement pas moins grandes et sans doute encore loin d’être réglées. Les images sont très esthétiques même si la réalisation est plus classique dans son déroulé que celle de Smoke. On joue plus sur les couleurs, leur saturation, leurs différentes teintes.

L’intérêt repose pour moi également (déformation professionnelle oblige) sur la naissance d’un courant psychologique et psychiatrique qui s’éloignera des dogmes psychanalytiques tels qu’on les connaît avec les théories freudiennes, jungiennes et lacaniennes : l’ethnopsychologie et l’ethnopsychiatrie, dont Devereux est considéré comme étant le fondateur. Cette école de pensée s’écarte ainsi des concepts très occidentocentrés des pères fondateurs de la psychanalyse pour intégrer comme vérité thérapeutique les différentes cultures et adapter le cadre de soin à chacune. Par exemple accepter que les enfants africains puissent ne pas avoir de « complexe d’Œdipe » puisqu’ils sont élevés non pas par leur mère, mais par toutes les mères de la tribu. Cette approche, non réductrice et non dogmatique, sera développée par Tobie Nathan, dont, au passage, je ne peux que vous conseiller la lecture du très intéressant L’influence qui guérit, que j’ai découvert grâce à une amie psychologue formée par cette école.

Tobie Nathan, l'Influence qui guérit, couverture

Parfois cela fait du bien de lire autre chose que des histoires…

C’est d’ailleurs à mon avis le reproche principal que l’on peut adresser au film : la frustration que l’on ressent à ne pas plonger plus encore dans la dimension culturelle que Devereux intègre sur l’« indianité » de Jimmy Picard. Hormis quelques séquences où il note frénétiquement des noms, des mots, des concepts blakfoot, on ne parvient pas vraiment à saisir la différence d’approche de cet anthropologue de formation.

Confrontation : mes impressions

Pour moi ces deux films montrent des facettes complémentaires de ce que l’on peut appeler « la recherche du bonheur ». La relation qu’on peut avoir avec les autres pour Smoke, et toutes les difficultés qui résultent des relations humaines, de leur complexité, des émotions contradictoires et parfois opposées qui les traversent ; la connaissance et l’acceptation de soi-même pour Jimmy P., avec la souffrance que cela engendre souvent. Malgré leur propos, leur origine et leur style bien différents, ils se répondent dans le soin tout particulier qu’ils apportent aux personnages et dans la tendresse avec laquelle il les donne à voir au spectateur. Il se dégage néanmoins une impression plus grande de luminosité et de clarté de Smoke que de Jimmy P. que j’ai perçu un peu plus difficilement dans son ambiance.

Ce qui serait intéressant : visionner Into the Wild de Sean Penn juste en suivant, pour faire la synthèse entre une problématique purement personnelle et une problématique relationnelle à l’autre.

Livre électronique : Ultima Necat, de l’idée à la réalisation

Livre électronique : Ultima Necat, de l’idée à la réalisation

Voilà plusieurs mois que je travaille à la fabrication de mon premier livre numérique.
C’est donc après de longues, très longues heures d’apprentissage et de codage que le voici enfin prêt à être libéré sur le net.

Un exercice de style ?

Pour ce premier pas dans le monde mystérieux du livre électronique, je voulais explorer beaucoup de choses.
En tout premier lieu je voulais expérimenter les possibilités nouvelles offertes par ce genre de média, et dont je vous parlais il y a quelques mois : l’adjonction d’audio, de vidéo, d’interactivité.
J’ai donc temporairement suspendu l’écriture de mes projets plus « littéraires », pour me pencher sur un sujet qui pourrait légitimement être traité avec de telles « augmentations » par rapport à un livre papier.
Le choix s’est porté sur les textes, images, photographies, sons et vidéos que j’ai accumulé en trois ans de développement pour Ultima Necat, et qui me semblaient pouvoir constituer une bonne base de départ pour mon expérimentation.
Pour un premier livre, c’est donc par l’exercice du « livre tiré du film » que j’ai commencé.
Habituellement, sur ce genre d’ouvrage, on trouve des anecdotes de tournage, des schémas de conception des décors, des esquisses des costumes en stade de préproduction, et la palette des « travailler avec untel ou unetelle c’était vraiment une expérience inoubliable ».
J’ai préféré me concentrer sur tout à fait autre chose.

En voyant tout le matériel à ma disposition, je me suis dit que le plus intéressant était de faire comprendre de l’intérieur comment avait été conçue l’histoire racontée par le film.

Ultima Necat, de l’idée à la réalisation

J’ai réuni les documents qui ont servi à la préproduction du film : la nouvelle que j’avais rapidement écrite à l’époque pour poser l’ambiance et le déroulement des événements et le scénario qui en a été tiré. À ces deux grosses parties, j’ai greffé toutes les notes prises à l’époque sur chaque détail de l’histoire qui avait été discuté, pensé, prévu pour telle ou telle raison. Ce qui donne un carnet de notes dont chaque entrée est accessible tant comme une lecture traditionnelle que comme une lecture hypertexte, liée au détail de la trame à laquelle elle se rapporte.
On y trouve des détails sur les personnages principaux, sur le choix d’une voix off, sur les choix de colorimétrie, la musique… bref, sur chaque point important de la conception du film.
Enfin, il m’a semblé intéressant de me servir des possibilités interactives d’un livre numérique pour montrer précisément les différentes corrections apportées à l’écriture d’une même séquence. On peut ainsi comparer trois états d’écriture de la séquence du repas entre amis au début du film : la version originelle, les premières corrections et la version finale.

eBook design : trouver une forme pour un livre électronique

Le plus difficile a été la conception graphique et la mise en page de ce livre, que je voulais simples tout en étant élégante. La majorité des livres epub que l’on peut télécharger dans le commerce sont soit de simples copies du papier (ce qui n’est pas choquant en soi, puisque ce sont généralement des versions électroniques de livres existant en papier), soit des maquettes élaborées dignes de magazines.

Je voulais à la fois un livre qui soit pensé pour la version électronique depuis le départ, mais également éviter de tomber dans le design à outrance (pour lequel de toute façon je n’ai pas les compétences, n’étant pas maquettiste ou graphiste).

J’ai donc écumé le web à la recherche de conseils et d’aides, mais je me suis vite rendu compte de la difficulté de la tâche.

Car si vous pensiez comme moi que fabriquer un epub c’est grosso modo faire un site internet, vous vous trompiez lourdement. Avec des croyances similaires, je me suis heurté à de nombreuses difficultés, car si les moteurs de rendu des navigateurs internet peuvent tous maintenant donner plus ou moins la même chose, les moteurs de rendu des lecteurs epub (pourtant basés sur des navigateurs web) ne donnent jamais le même résultat. En effet, chaque lecteur interprète à sa façon le langage pourtant codifié du css3, et à sa manière également les spécifications pourtant très strictes de l’organisme qui a créé la norme epub, l’IDPF

Un état de fait que beaucoup d’eBook Designers, comme on les appelle, déplorent de concert avec moi.

Il faut aussi dire que trouver des informations de codage en epub3 sur internet est assez difficile. Si quelques tutoriaux existent, ils sont pour la plupart assez arides et manquent beaucoup de ces « trucs & astuces » qui sont souvent indispensables quand on cherche à régler un problème très précis. Le casse-tête commence dès le début : il faut choisir entre deux philosophies totalement opposées sur la publication. Le flux (en anglais le « reflowing »), permet au lecteur de choisir d’agrandir la taille de caractère, bouger l’espacement des lignes et même changer de fonte (donc vous ne pouvez pas créer une mise en page définitive, et vous devez en permanence l’adapter aux circonstances), alors que la pagination fixe (appelée « fixed layout ») le rend totalement prisonnier de votre mise en page, comme dans un simple pdf, comme aussi dans un livre classique. Ce choix se fait dès le début de la conception du livre, et il est impossible actuellement de mixer les deux approches (par exemple avoir un flux dans lequel certaines pages sont fixes)… sauf avec une petite astuce que j’ai mis plus de trois mois à dénicher…

Toutes ces raisons expliquent que ma mise en page ne soit pas garantie, hélas. Je remercie d’ailleurs mon ami Sixte pour ses tests sur la plateforme Androïd.

Le livre électronique final est téléchargeable gratuitement. Il est au format epub3, en attendant un format Kindle que je commence à explorer également.

 

Format : epub3

Poids du Fichier : 22.5 Mo

Langue : Français

Nombre de pages : 99

Conditions requises pour une lecture optimale :

Sur iPad : iBooks, version 3.0

Sur ordinateur : Readium, extension pour le navigateur Chrome de Google

Testé, lisible mais avec des perturbations possibles sur la mise en page :

Sur iPad et Androïd : Gitden Reader

Sur ordinateur : iBooks pour Mac version 1.0

Non lisible par (support epub3 insuffisant) :

Sur iPad : Marvin, Bluefire

Sur Androïd : eBookdroïd

Ma sélection de séries, cru 2014

Ma sélection de séries, cru 2014

Comme vous l’avez compris, je dévore les séries télévisuelles — généralement américaines.

Voici un petit florilège de celles qui sortent vraiment du lot selon moi cette saison.

Game of Thrones, l’indétrônable ?

La série déjà culte est pour moi un abîme de sentiments paradoxaux entremêlés.

Du côté pile, le soin porté à la réalisation, aux décors, aux costumes, à la lumière, aux ambiances, aux personnages complexes, variés et vraiment incarnés par des acteurs époustouflants ne peut que me séduire. Comme tout le monde, je suis admiratif et conquis par la mise en images de Westeros, de Braavos et des terres orientales. Je n’ai pas le souvenir qu’une série télévisée, même avec les budgets actuels, ait un jour avant celle-ci aussi bien rendu l’ambiance d’un monde médiéval plus ou moins fantastique, avec autant de réalisme et de soin du détail. La profusion de couleurs et la richesse du monde sont un point essentiel pour moi dans un projet d’une telle ampleur.

Mais, du côté face, je ne puis m’empêcher d’enrager devant les intrigues gâchées reprises trop directement de l’écriture des livres de G.R.R. Martin, qui, entre nous soit dit (mais vous pouvez le claironner sur tous les toits quand même si vous le voulez, je ne nierai pas), écrit comme un pied. Si certains d’entre vous ont déjà lu les livres dont je parle (soit une série pléthorique en livres de poche, soit des pavés indigestes en plusieurs « intégrales »), ils comprendront ce qui me gêne, voire m’irrite, dans cette écriture synoptique à peine travaillée, aux épisodes hachés sans véritable logique dramatique, et surtout sans véritable but en tête.

Les « beautiful death » qui font tant parler sur les réseaux sociaux ne font pour moi que masquer l’incapacité de Martin à assumer une ligne directrice claire sur le plan de sa narration. Il semble en effet s’attacher à des personnages en particulier, qu’il montre clairement comme des héros, puis, sans autre raison que son envie de choquer, il les fait sortir du récit brutalement sans leur donner la véritable mesure de leur potentiel. Je pense à Robb Stark, par exemple et aux loups blancs des enfants Stark dont il escamote complètement le rôle pourtant très clairement affiché par lui au début de la saga.

On me rétorquera « oui, mais c’est plus réaliste, dans la vie, des gens prometteurs sont souvent fauchés par injustice, cynisme ou cruauté avant d’avoir réalisé ce qu’ils voulaient ».
Oui.
Cet argument peut porter une ou deux fois.
Pas à chaque fois.

D’autant qu’il y a quand même une exception à la règle : le personnage de Denaerys.
C’est vrai, elle ne partait pas bien dans la vie : utilisée par son frère comme monnaie d’échange pour un mariage politique à une brute barbare afin de consolider une alliance qui aurait permis de reconquérir le Trône de Fer, elle voit ce frère mourir sous ses yeux tué par son mari, auquel elle finit par s’attacher, mais qui est lui-même tué, puis elle perd son enfant en couches après avoir survécu in extremis à un empoisonnement elle-même.
Mais à partir du moment où elle devient la Mère des Dragons, plus rien ne lui arrive vraiment de fâcheux, surtout quand on compare avec le destin des autres personnages qui en ont bavé tout autant voire plus qu’elle…
Et pourquoi ?
L’injustice, encore ?

Je pourrais débattre encore bien longtemps de ce qui me paraît une hérésie narrative, mais le fait est que les livres sont écrits ainsi, et ça n’y changerait rien. Martin a d’ailleurs ses fans inconditionnels, et c’est tant mieux.

On pourrait imaginer que les scénaristes de la série puissent s’écarter de ce schéma préétabli. C’est ce qu’ils font parfois en rendant un peu de vie à ces intrigues corsetées, mais hélas seulement dans des détails. Des détails importants, comme le fait qu’Arya Stark se retrouve prisonnière de Tywin Lannister en personne et non d’un vassal, ce qui amène à plusieurs scènes extrêmement intéressantes. Ou des scènes avec les Marcheurs Blancs que l’on ne voit même pas dans les livres.
Mais hélas, tout ceci est bien trop marginal dans le flot de l’intrigue principale, respectée à la lettre (et jusqu’à l’issue du duel judiciaire de la saison 4)…

Au final, il faut bien l’avouer, Game of Thrones, malgré ses défauts, reste encore pour moi l’une des meilleures séries de 2014… mais seulement sur la dernière marche du podium, car à force de trop insister sur les côtés tranchants du métal, le Trône de Fer s’est pour moi émoussé.

Da Vinci’s Demons Saison 2, l’outsider ?

J’ai découvert l’année dernière une série sans grande prétention, mais qui met l’accent elle aussi sur une ambiance « à costumes ».

Le pitch de départ m’avait déjà accroché : les jeunes années du génial maestro à la cour de Florence sous le règne de Lorenzo Le Magnifique, le plus flamboyant des Médicis.

La saison 1 nous entraîne dans une intrigue où la politique des cités états italiennes se mêle à une lutte ésotérique pour retrouver une relique mystique appelée The Book of Leaves (le Livre des Feuilles sonne moins bien en français, non ?). Des sociétés secrètes (les Fils de Mithras), une mise en abîme par des visions du futur et du passé qui assaillent Da Vinci, une certaine intelligence dans la façon de mener les intrigues et de montrer le génie du Maître (avec des gestes le rapprochant des tics autistiques, notamment), des personnages hauts en couleur, tout cela m’avait donc ferré.

La saison 2 est aussi bien menée, et cette ambiance se prolonge encore, rappelant par certains côtés celle qui a bercé mon enfance à la lecture des Pardaillan de Zevaco, avec les codes actuels des séries américaines.
La réalisation, sans être fabuleuse, est très honnête, les acteurs sont convaincants, l’univers assez fouillé et pour peu que l’on accroche au thème, l’intrigue est intéressante.

En conclusion, une série devant laquelle on passe de très bons moments, même si l’on pourrait attendre un petit peu plus de flamboyance.

Penny Dreadful, la Révélation ?

Après la mode assez déprimante des séries de vampires ou de loups-garous aux prises avec des états d’âmes adolescents dignes des navets les plus insipides (Vampire Diairies et autres Teen Wolf), je commençais à désespérer de voir un jour quelque chose de regardable dans le genre fantastique/horrifique à tendance gothique.
Jusqu’au choc que fut Penny Dreadful.

La série, produite par Showtime qui avait déjà commis Dexter, est l’une des rares à ne pas avoir dû passer par la case Pilote pour être commandée par la chaîne. C’est déjà un exploit.

Les cinq premiers épisodes de la saison inaugurale sont tout simplement exceptionnels.

Le pitch : dans le Londres victorien, une jeune femme aux pouvoirs médiumniques très puissants (Eva Green) et un riche Lord, célèbre explorateur dont le rêve est de remonter les sources du Nil (Timothy Dalton), s’adjoignent les services d’un tireur d’élite américain hanté par son passé de tueur (Josh Hartnett) pour traquer une créature maléfique.

Vous n’aurez pas manqué de remarquer les noms des acteurs principaux. Et vous n’avez pas rêvé. Trois pointures. Un jeu soigné.

Mais c’est dans le traitement d’une trame manifestement assez classique et dans le jeu sur les codes du genre (Mina Harker, Abraham Van Helsing, Viktor Frankenstein, Dorian Gray… ça vous dit quelque chose ? Eh bien ils sont tous dans la série…) que l’on assiste à quelque chose de vraiment fouillé et original. Les images sont dignes là encore d’un véritable film, la réalisation est sans faille, et l’univers est violent et réaliste à la fois. L’époque victorienne est retranscrite avec ce je-ne-sais-quoi de familier et de suranné qui fait immédiatement penser à Bram Stocker, Mary Shelley et même Conan Doyle.
D’ailleurs, la créature fait bigrement penser à Dracula, et le jeune Fenton prisonnier du trio de conjurés ressemble à Renfield, le notaire fou du Comte Vlad, en plus jeune.

La touche gothique est soulignée par le spiritisme, l’égyptomanie, le spleen existentiel de Dorian Gray, les transgressions du Dr Frankenstein, les états d’âme de sa créature qui fait également penser au Fantôme de l’Opéra.
Bref, on plonge avec délectation dans cet univers à la fois familier et déroutant.

Pour moi, clairement, c’est la série-révélation de 2014.

Noé, de Darren Aronofsky

Noé, de Darren Aronofsky

On savait Darren Aronofsky attiré par les sujets mystiques.
Après Pi et la recherche du nombre de Dieu, puis The Fountain et sa quête d’immortalité dans une histoire métaphorique s’étalant sur trois époques, il vient de poser une troisième pierre à ce chemin exploratoire avec la mise en images du célèbre passage du Déluge biblique.

Comme tout le monde, je connaissais la légende : Noé fut choisi par Dieu pour construire une Arche capable de sauvegarder un couple de chaque espèce de la Création du Déluge liquide que le Très Haut allait précipiter sur la Terre pour punir les Hommes de leurs crimes. Mais Aronofsky y a intégré des choses moins connues, comme la Chute des Anges (les Nephilim de la Bible) et la descendance de Caïn.
Comment faire un film sur ce sujet sans tomber dans l’hagiographie facile ou la ré-écriture ratée façon 2012 ?

Un récit biblique et intimiste à la fois

Tout d’abord, Aronofsky aurait eu l’idée de ce film il y a très longtemps, puisqu’il aurait écrit un poème sur le sujet dans son enfance. Puis il a travaillé sur une bande dessinée sortie en 2011 et qui a semble-t-il été la base de son travail graphique. On comprend donc que ce n’est pas un film de commande.
Et en effet on ne se trouve pas devant un simple péplum auquel la distribution et surtout la présence charismatique de Russell Crowe aurait pu le faire croire.

Extrait de la BD Noé

Dans la BD éponyme, quelques symboles comme cet Arbre séphirothique lors de l’entrevue entre Noé et Mathusalem

Tout en développant son propos, Aronofsky s’attache aussi à décrire des personnages plus complexes qu’il n’y parait. Noé à la fois pétri de doutes sur sa compréhension de la volonté divine et soumis à ses commandements, sa femme à la fois aimante et forte, ses fils aux caractères contrastés, sa fille adoptive (Emma Watson qui essaie de sortir du rôle d’Hermione Granger, avec succès il faut le reconnaitre) mutilée dans sa féminité, et un Tubal-Caïn à la fois cynique et admirable de volonté, forment une troupe hétéroclite qui ressemble à un théâtre des relations et des émotions humaines.

On retrouve vraiment quelques traits de The Fountain dans ce drame intimiste plongé dans une histoire si immense qu’elle l’en magnifie. Le conflit entre Cham et Noé, les doutes de Noé, l’amour démesuré que lui prête sa femme, font écho à la quête désespérée du personnage de Hugh Jackman pour guérir sa compagne jouée par Rachel Weisz à travers plusieurs siècles et trois époques.

Les Arbres de Vie et de Connaissance de la Genèse ressemblent beaucoup à celui qui était la source de tout dans The Fountain.

L'Arbre de Vie dans The Fountain.

L’Arbre de Vie dans The Fountain.

On a vraiment l’impression que les deux films se parlent et se répondent dans cette façon qu’a Darren Aronofsky de plonger des êtres humains dans des défis épiques qui révèlent leurs fragilités internes.
Et pour autant, comme dans The Fountain et comme dans Black Swan, l’action n’est jamais ennuyeuse. On n’a pas à faire à un casse-tête empli de pathos, mais bien à une aventure vivante et remplie d’émotions fortes.

Au-delà de l’interprétation qui peut être faite sur la radicalité « éco-terroriste » qui s’empare progressivement du personnage de Noé certaines images, certaines scènes, m’ont vraiment frappé.

Mathusalem est thaumaturge puisqu’il a le pouvoir de guérison (attribué plus tard aux Rois de France, d’ailleurs); il a un rôle extrêmement fort même si Anthony Hopkins fait peu d’apparitions à l’écran.

Le Fruit défendu n’a que vaguement une ressemblance avec une pomme, et prend la forme d’une grenade ou même d’un cœur humain.

BD Noé, vignette du meurtre d'Abel par Caïn

Le Premier Meurtre d’Abel par Caïn est une pièce importante du propos du film.

Le Serpent mue avant de devenir maléfique, comme s’il était doté d’une double nature.

Les Anges Déchus sont prisonniers de la matière au sens propre du terme.

Les femmes, bien que peu nombreuses, ont un rôle déterminant puisque c’est par elles que la rédemption s’accomplit : à travers la femme de Noé, sa fille adoptive, à travers le personnage de Na’el. Leur amour rend les hommes du récit moins brutaux.

C’est d’ailleurs aussi au jeu des interprètes que l’on doit la force de ce film.
Russell Crowe est très convaincant, mais c’est Jennifer Connelly qui fait vraiment forte impression. Les deux acteurs avaient déjà été « mariés » à l’écran dans A Beautiful Mind de Ron Howard, ce qui explique peut-être la complicité et l’amour que l’on ressent entre les deux personnages. Le personnage que Jennifer Connelly incarne a pourtant un caractère très fort qui la rend capable de tenir tête à Noé.

La réalisation

La lumière joue un grand rôle dans la caractérisation des lieux et des ambiances : comme dans tous ses films, Aronofsky joue de la qualité lumineuse pour suggérer. Le noir et blanc dans Pi fait place dans Noé à une ambiance crépusculaire terne et froide de fin du monde contrastant avec les séquences de flashback racontant la Genèse qui sont soit en couleurs vives avec une légère diffusion de la lumière, soit en ombres chinoises. Et la fin, toute tournée vers le renouveau, la fois de la famille de Noé et du monde dans son ensemble, bénéficie d’une lumière plus chaude.
La bande son et la musique sont aussi parfaitement utilisées, de même que le silence, parfois si assourdissant. Le vieux complice Clint Mansell est encore une fois aux commandes.

Ils en parlent encore mieux que moi

L’école des lettres, le Huffington Post, entre autres, sauront vous en dire plus.
Mais le plus important sera sans doute de vous en faire une idée vous-même.

La Bande Annonce

Même si elle ne rend pas vraiment justice au film, car on croirait plus à un remake de Gladiator…

Projet : Le Choix des Anges

Projet : Le Choix des Anges

Plusieurs projets m’occupent depuis quelques années.

Commencer par vous présenter le plus ambitieux me semble judicieux car c’est celui qui serait le plus proche de se concrétiser, du moins sous l’une de ses formes, la forme écrite.

Au départ en effet, il n’était pas vraiment question d’écriture, mais plutôt de réaliser mon troisième film.

J’avais envie cette fois-ci de rendre à l’image un morceau de mon univers personnel en mêlant fantastique, mythologie, ambiance de film noir et vieilles pierres tout en explorant un peu le thème du choix qui traverse le genre noir. J’avais aussi l’ambition de montrer qu’il était possible d’adapter les codes du genre noir, né en Amérique, à notre vieille Europe et de l’enrichir de quelques nouvelles trouvailles.

Un film comme Angel Heart avec Robert De Niro et Mickey Rourke, a déjà réussi ce tour de force en mélangeant avec brio un folklore carribéen et vaudou à une intrigue typique du noir.

C’est d’ailleurs sur cette base que j’ai commencé à travailler l’intrigue, pendant plusieurs mois, aidé et aiguilloné régulièrement par les deux sœurs R (qu’elles en soient ici remerciées tout comme Mlle N qui tout comme elles suit l’aventure en corrigeant le manuscrit).

L’histoire de départ se concentrait donc sur la figure emblématique du détective privé, et sur le triangle amoureux dominé par la femme fatale (adultère) et le mari richissime et corrompu. J’ai griffonné de longues heures des pages et des pages de croquis, de schémas heuristiques et de notes diverses pour tenter de trouver une intrigue qui pourrait également intégrer le fantastique, sous les traits du Diable tentateur, et la problématique des différentes alternatives d’un choix cornélien.

Las.

Loin de progresser, j’ai piétiné pendant de longs mois, cherchant à concocter des motivations crédibles pour les personnages, à travailler leurs caractères, à trouver des situations classiques du noir qui pourraient être ré-interprétées de façon intéressante. Je me suis rendu compte que l’écriture sous la forme très codifiée d’un scénario de cinéma n’était vraiment pas une chose dans laquelle j’étais doué.

Alors j’ai eu un déclic soudain et j’ai décidé de revenir à ce que je savais faire le mieux : une écriture littéraire.

Tout s’est débloqué très rapidement et les décors comme les personnages se sont posés assez naturellement sur une intrigue qui épouse plus encore mon univers personnel.

Le Choix des Anges, le pitch

Armand de Saint Ange est un talentueux compagnon luthier le jour et un boxeur acharné la nuit qui s’entraine dur pour participer au célèbre tournoi des Initiés de Saint Gilles. Alors que son maître et lui vont livrer au Comte Charles de Flamarens un instrument très particulier, la fille du riche mécène, Marianne, fait irruption un révolver à la main, bien décidée à tuer son propre père. Les événements qui s’ensuivent vont précipiter le luthier dans un monde mystérieux où l’ombre de l’inquiétant Lucian et l’amour qui va peu à peu l’unir à Marianne seront ses seuls repères au milieu du tourbillon de violence, de corruption et de trahison qui va se déchaîner autour de lui. Survivre à la découverte de la face cachée de son existence exigera de lui renoncements et compromis, avant de le conduire à un choix impossible entre ses valeurs et lui-même.

Le Choix des Anges, en littérature

Ce qui devait être une façon pour moi de construire l’intrigue d’un film a fini par devenir un manuscrit dont la troisième révision comporte maintenant plus de 30.000 mots. L’histoire se développe à chaque nouveau round de corrections, les personnages gagnent en épaisseur et le projet devient de plus en plus autonome.

Au point que l’objectif est désormais clairement de parvenir d’abord à un résultat littéraire digne d’être publié avant d’écrire un scénario de film.

Mon travail porte donc désormais autant sur le style, sur la qualité évocatrice, sur le rendu de l’ambiance, la vraisemblance des caractères et les sonorités de la langue que sur le déroulement dramatique.

J’ai choisi un récit à la première personne pour coller aux romans noirs.

Le Choix des Anges, le film

Après l’expérience d’Ultima Necat, je connais bien les difficultés que l’on doit surmonter pour réaliser et produire un film avec des moyens limités, et l’histoire du Choix des Anges telle que j’ai fini par l’imaginer pourrait sembler trop ambitieuse dans ce cadre-là. Mais je reste persuadé que la seule véritable épreuve c’est de bien s’entourer, et que cet obstacle dépassé, tout reste possible.

Pour moi l’utopie n’interdit pas d’être réaliste, parfois, et je sais que réunir une équipe à même de porter le projet d’un film moyen ou long métrage avec moi sera une très longue marche, sans doute sur une période de plus de dix ans.

L’ambition sera de tourner dans un format d’image cinémascope numérique dans une résolution HD au minimum, 4K dans l’idéal, des plans préparés au maximum, storyboardés, avec une esthétique qui demandera un travail sur les costumes, les décors, les accessoires… et avec des acteurs professionnels pour porter les personnages…

Quand je vous disais que c’était un projet ambitieux…