Le livre papier et moi
J’aime lire. C’est pour moi un plaisir véritable, de ces plaisirs qui rendent la vie si belle que je ne la conçois pas sans. J’aime lire pendant des heures, la journée comme la nuit. J’aime être accroché par une histoire, emporté dans un univers. J’aime ce plaisir de me glisser dans d’autres mondes, dans d’autres vies que la mienne.
Pendant longtemps, je ne me suis pas posé de questions sur la façon dont je lisais.
Et puis la lecture numérique a fait son apparition, à la faveur des liseuses, d‘Amazon, du Kindle et de l’ePub.
J’ai résisté, longtemps. Et puis j’ai fini par essayer, en adoptant un iPad qui me permettait de me dire que ce ne serait pas que pour lire, mais aussi pour écrire, parfois, lorsque je ne suis pas chez moi.
Et j’ai aimé la lecture numérique.
Au point de publiquement le déclarer quelque temps après la naissance de ce site, dans un des premiers articles.
Et les années ont passé.
J’ai beaucoup lu sur écran. Puis, imperceptiblement, j’ai ressenti comme une lassitude.
J’ai vécu ma première expérience de réalisateur de livre, en créant à la fois la maquette papier et la maquette numérique du Choix des Anges.
Étonnamment, je me suis rendu compte que ce livre se vendait presque exclusivement en format papier, contrairement à tous les retours que pouvaient faire les auteurs et les autrices qui produisent dans le même genre littéraire que moi, l’imaginaire. Pour cinquante ventes en format papier, je n’ai à ce jour qu’une seule vente numérique… Un mystère que j’ai du mal à m’expliquer, puisque je sais avec certitude que le livre est parvenu à dépasser le cadre familial et amical. Il est évident que les proches aiment à posséder le livre physique, comme une preuve tangible, un totem ou un objet de fierté. Mais souvent, les personnes qui découvrent un auteur de l’imaginaire préfèrent le “tester” avec un format numérique, beaucoup moins cher donc beaucoup moins risqué si l’on n’accroche pas à l’univers ou au style.
Parallèlement, et sans vraiment de lien je pense, mon propre rapport au support de lecture a évolué.
Je revenais au papier, doucement mais sûrement.
Je suis conscient que tout ceci est éminemment personnel, que ce cheminement est seulement le mien.
J’ai pourtant envie de le poser noir sur blanc pour le comprendre un peu mieux.
Et j’espère que cela pourra entrer en résonnance avec certains ou certaines d’entre vous, qui, comme moi, aimez lire comme on aime la vie, pour ses ratés comme pour ses bonheurs. Vous pourrez peut-être m’aider à comprendre où m’emmène ce chemin étonnant qui louvoie entre les écrans et le papier, entre l’encre et la lumière des diodes, entre le virtuel et le réel, le concret et l’abstrait.
Je vais donc poser quelques réflexions, un peu comme elles viennent, sans vraiment les hiérarchiser ou les relier entre elles. Peut-être qu’une cohérence s’en dégagera a posteriori.
Bienvenue dans les états d’âme d’un lecteur du XXIe siècle…
Coûts
Avez-vous remarqué un étrange paradoxe ?
La version numérique d’un livre a un coût de production ridiculement faible une fois qu’on a le texte lui-même. La maquette ePub peut s’obtenir presque automatiquement avec certains outils, même si à mon humble avis, pour avoir quelque chose de propre et de vendable, mieux vaut mettre les mains dans le code. Même dans ce cas, le salaire d’un spécialiste n’atteindra pas les coûts énormes d’un imprimeur, d’un transporteur et d’un entrepôt.
Et pourtant, le prix d’un livre numérique vendu dans le circuit classique de l’édition est souvent très peu différent du format papier du même livre. Même dans le genre de l’imaginaire.
On peut parfois s’y retrouver lors des opérations spéciales faites dans certains circuits de distribution numérique, comme 7switch, mais cela reste tout de même assez rare. Ou bien avec les réalisateurs artisanaux de livres numériques (ceux que l’on appelle les autoédités).
Un livre en format papier ne coûte donc pas beaucoup plus cher que la version numérique, et pour la différence, on acquiert un objet physique dont la lecture est plus traditionnelle et ne nécessite pas de technologie.
Je trouve donc que, quitte à payer mon livre assez cher, je préfère l’avoir en papier.
Écologie
Encore un paradoxe.
Au début de la lecture numérique, dans les années 2000, il était courant d’entendre l’argument de l’empreinte écologique catastrophique du livre papier, qui était affublé du sobriquet de “format arbre mort”. Le livre numérique, virtuel, ne coûte pas la vie à un arbre et ne requiert pas de pétrole pour faire rouler les camions qui transportent des tonnes de bouquins hideusement emballés dans du plastique (encore de la pétrochimie).
Oui, mais nous avons un peu plus réfléchi, dans les années 2010, et un livre électronique nécessite tout de même un stockage informatique sur un serveur dans un datacenter qui consomme beaucoup, beaucoup d’électricité, produite parfois avec de la pétrochimie. Ce serveur est constitué de plastiques, mais aussi de composants électroniques qui sont obtenus à partir de terres rares, dont l’extraction est une calamité écologique. Il nécessite aussi, pour être lu, un appareil technologique obtenu à partir de composants utilisant également des terres rares. Cet engin fonctionne aussi à l’électricité, et consomme donc de l’énergie à chaque fois qu’on veut lire.
Tout bien considéré, qui peut dire quelle façon de lire est la moins polluante ?
Personne.
Genres et sujets
Autre paradoxe.
Si presque tous les livres de fiction (notamment dans les littératures de l’imaginaire) sont disponibles en numérique, alors qu’il n’est pas forcément vital de prendre des notes ou de rechercher précisément un terme rapidement pour le retrouver plus tard, les ouvrages de référence, donc de non-fiction, le sont rarement alors que ce serait une aide précieuse que de pouvoir prendre des notes, faire des renvois, disposer d’un glossaire renvoyant directement au passage recherché, et autres choses que permet exclusivement le format numérique.
En gros, ce sont les ouvrages dont on aurait le plus besoin qui manquent.
C’est particulièrement vrai dans mon domaine, celui du soin. 90 % des ouvrages n’ont qu’une édition papier (d’après un sondage réalisé à partir d’un échantillon représentatif de moi-même).
Plaisirs
L’odeur du papier, sa texture, celle de la couverture, parfois gaufrée ou vernie de façon sélective, sont des plaisirs évidents pour qui aime lire. Mais d’autres viennent peu à peu à manquer avec le numérique.
Le poids d’un livre, s’il peut parfois être un peu désagréable dans le cas des pavés gargantuesques de certaines éditions, est aussi paradoxalement un plaisir, même lorsqu’il frise l’obésité. Il est aussi impressionnant que rassurant. On se dit qu’on va avoir du chemin à accomplir avec les personnages, avec l’auteur, et ce chemin est physique. La mesure du compteur numérique d’un nombre de pages restant n’a pas cette force tangible.
Car pour moi lire est une immersion qui passe aussi par le corps. Et je m’en rends compte de plus en plus, avec les années. Je crois que lire n’est pas seulement un loisir de l’esprit, mais une attitude corporelle. On se tient d’une certaine manière, on change de position, on se crispe ou se décontracte en fonction de ce qu’on lit. Le corps est vigilant.
Ce n’est pas du sport, bien entendu. Mais ce n’est pas uniquement une activité intellectuelle.
Et d’autres plaisirs, d’autres sensations, y sont associées. L’odeur est aussi celle de l’encre.
La mise en page est diablement importante, et certains ouvrages pourront être doublement agréables à lire et immersifs pour peu que l’éditeur ait prévu une maquette plaisante. Cette réflexion est d’autant plus évidente à mes yeux maintenant que je me suis lancé à mon tour dans la réalisation de livres. Je me rends compte de l’importance primordiale de la maquette dans le confort de lecture et dans le pouvoir du livre à faire entrer le lecteur dans son monde.
Pour moi, une bonne maquette se compose de quelques ingrédients simples.
- Une fonte confortable et lisible, mais si possible éloignée du Times New Roman de taille 12 points, qui fait trop penser à un document Word.
- Une typographie qui épouse le sens du texte. Par exemple un changement de fonte pour signifier qu’il s’agit d’un SMS ou d’un mail, un changement en italique pour un flashback ou un flashforward.
- Un en-tête et des numéros de page me permettant de savoir où j’en suis de la lecture.
- Un interlignage calculé pour que les lignes ne soient ni trop proches ni trop éloignées les unes des autres.
- Des lettres d’une bonne taille mais pas non plus trop grandes (j’aime lire des romans et des essais, pas des livres pour enfants, même si de temps à autre il ne me déplaît pas de faire la lecture à des bambins).
- Et surtout, surtout, des marges confortables pour ne pas risquer de mettre mes doigts sur du texte.
Cela veut dire des marges extérieures plus importantes que les marges intérieures, elles-mêmes assez importantes pour que le texte ne fasse pas de plongeon à chaque fin de ligne sur la page de droite ou ne surgisse des ténèbres en début de ligne sur la page de gauche, ce qui oblige à plier la reliure du livre de façon excessive. Non seulement ça fait mal aux doigts mais en plus ça abîme le bouquin…
Or, tout au moins sur ce dernier point, on voit beaucoup l’inverse depuis quelques années (c’est-à-dire des marges extérieures plus petites que les marges intérieures) même sur des livres papier en grand format. Sans parler des livres de poche qui, pour avoir leur charme eux aussi, ont tendance à réduire les marges extérieures, intérieures, basses et hautes à leur plus simple expression. C’est inconfortable et ça me gâche parfois le plaisir.
On pourra alors penser que le livre numérique, qui offre la possibilité au lecteur de choisir sa fonte, son interlignage, la taille des caractères et des marges, est pour moi parfait.
Pas tout à fait.
Car peu de livres numériques sont conçus de manière à reproduire les changements de fontes et de typographie qui sont si importants pour moi, et puis le poids d’un iPad ou d’une liseuse n’est pas celui d’un livre, et enfin, surtout, on ne tient pas un iPad ou une liseuse comme on tient un livre. Je trouve la tenue moins naturelle et moins confortable.
Il est vrai que la lecture numérique a un avantage indéniable : pouvoir exister dans une pièce sombre ou même noire si on a un appareil rétroéclairé et un mode sombre.
La vie d’un livre
Un autre plaisir de lecteur assidu : relire un livre. Parfois plusieurs fois.
Frissonner lors des mêmes passages. Les anticiper. Et frissonner par anticipation.
Nous pouvons faire cette expérience en lisant sur papier ou en numérique.
Mais sur papier, nous aurons des repères physiques immuables alors que la pagination peut changer en numérique.
Mais sur papier, nous aurons aussi des marques possibles sur la texture. Une page cornée, par exemple.
Un livre papier vit. Il est organique, par essence. Il pourra garder des marques gagnées au cours de son existence entre les mains de ses différents lecteurs ou des différentes lectures.
Je ne suis pas de ceux qui annotent leurs lectures, mais il m’est arrivé d’hériter de livres dont les précédents propriétaires, parfois disparus depuis longtemps et que je ne connaissais même pas, avaient laissé quelques mots dans la marge, au crayon à papier. J’ai trouvé cela très beau.
Un fichier ePub ou Kindle restera le même, inchangé, durant l’éternité. Et s’il est plus facile de mettre des notes, celles-ci sont stockées dans l’appareil, pas dans le fichier. Il faut alors passer par quelques astuces pour récupérer ses notes et les transférer dans l’appareil suivant quand le premier tombe en rade…
Le caractère immuable du numérique peut aussi être un gage de longévité, pour peu que les technologies pour lire le format soient encore valables dans cent ou deux cents ans… mais lorsque l’on est suffisamment geek pour connaître l’histoire des formats technologiques, on sait ce qu’il peut advenir de supports aussi éternels que les cassettes VHS…
Un livre fait de papier, s’il est protégé de l’humidité et du feu, pourra être lu dans cent ou deux cents ans par quelqu’un qui maîtrisera la langue dans laquelle il est écrit.
Pour cela, bien sûr, il faut aussi que le livre soit suffisamment bien fabriqué.
Ce qui veut dire que les couvertures au dos carré collé qui sont la norme dans l’autoédition de par la prééminence technique d’Amazon ne sont pas forcément les mieux placées…
On préférera la reliure cousue… si l’on parvient à trouver à qui la faire réaliser…
Consommation
Le caractère virtuel d’un livre numérique l’assimile dans l’esprit des lecteurs aux autres fichiers informatiques. Que faisons-nous de nos fichiers informatiques ? Nous les archivons sans vraiment nous y intéresser. Nous les produisons et les oublions dans un coin de l’ordinateur.
Une preuve de ce que j’avance ?
Non, deux preuves, en deux mots : photographies, morceaux de musique (bon, quatre mots…).
Depuis l’avènement de la photographie numérique, nous prenons des photos tout le temps, à tout bout de champ, là où auparavant une photographie était un événement en soi. Qui parmi nous regarde encore ses photographies numériques de temps à autre ? Je veux dire, à part celles qu’on partage sur Instagram ? Je vous laisse juge de la quantité de musique que vous écoutez par rapport à la quantité de morceaux informatiques que vous possédez. C’est pire encore si comme moi vous vous êtes converti au streaming légal.
Je me rends compte que nous consommons la musique, nous ne l’écoutons plus vraiment, ou alors si rarement.
Nous consommons des photos sur Instagram. Nous ne regardons plus celles que nous prenons nous-mêmes.
Je me suis surpris à accumuler des fichiers de livres numériques et à les laisser dormir dans mon ordinateur ou mon iPad, de la même façon que pour mes photos.
Certains livres numériques sont là, à attendre mon bon vouloir, depuis quelques années.
Je n’ai pas lu tous les livres papier de ma bibliothèque (car j’en ai hérité parfois), mais acheter un livre papier revêt une autre importance, et généralement je commence assez vite ma lecture.
Lecture fractionnée
Le temps file. C’est le luxe ultime que de le posséder en quantité suffisante.
Suffisante pour lire, bien sûr. Lire vraiment, comme une véritable activité, en prenant son temps. En prévoyant une bonne heure rien que pour faire honneur à l’ouvrage, sans être interrompu par la sonnerie d’un mail ou d’un SMS. Sans décrocher parce qu’on doit accomplir une tâche en particulier, sans être dérangé par un coup de téléphone intempestif.
Ce temps-là devient rare.
Et lire peut rester un besoin vital pour certains, comme pour moi. Alors on s’adapte.
On adapte sa façon de lire. On fractionne sa lecture. On lit trois phrases dans un bus, un chapitre dans le métro, dix pages dans une salle d’attente. On lit donc sur liseuse, car c’est plus pratique qu’un livre, c’est moins encombrant, c’est plus léger, et cela peut être dégainé aussi simplement qu’un ticket de métro. Mieux, on finit par lire sur un téléphone portable, qui même s’il gagne en taille d’écran chaque année n’affiche que quelques phrases à la fois.
Certains auteurs l’ont bien compris, qui écrivent des chapitres très courts, nerveux, qui se lisent vite.
J’ai pour ma part envie de lire de longues heures d’affilée. De déguster les mots. Sans traîner. Mais sans me presser non plus.
Objet & possession
Posséder des livres, cela prend de la place. Beaucoup de place. Il faut des étagères, des bibliothèques. Des mètres carrés.
Un fichier informatique n’a pas d’encombrement physique. Rien n’empêche de stocker toute sa bibliothèque dans une seule liseuse, suivant le modèle que l’on possède. Et cela est économique quand on songe à toute cette place gagnée. Nous n’habitons pas tous dans des maisons ou des appartements assez vastes pour accueillir une pièce dédiée aux livres.
Et puis posséder prend une valeur différente dans notre société qui tente de mutualiser pour réduire son empreinte écologique ou économique. On mutualise les espaces de travail, les vélos, les voitures. Pourquoi ne pas mutualiser les livres en les empruntant à la bibliothèque ?
Pourtant, la possession d’un livre a une autre portée, symboliquement.
Finalement, on peut dire que je possède mes livres, mais aussi qu’ils m’ont adopté.
Notre civilisation a développé un lien purement utilitaire voire utilitariste aux objets. Un lien qui leur a ôté toute valeur autre. Même l’esthétique est parfois sacrifiée. Pourtant, il ne s’agit pas vraiment de dépouillement matériel, contrairement à ce qu’on pourrait croire, puisque nous finissons par posséder un nombre incalculable de choses. Un nombre si grand que les objets en perdent d’autant plus de valeur individuellement, sans que nous puissions cependant nous détacher d’eux. Nous sommes doublement prisonniers de notre matérialité : nous ne pouvons plus fonctionner sans objets, mais nous n’y attachons plus de valeur. C’est même étonnant de se rendre compte que la prise de conscience écologique pourrait encore amplifier cette tendance du matérialisme utilitariste désincarné.
Finalement, ne pas accorder d’importance aux objets en restant dans une dépendance vis-à-vis d’eux conduit à ne plus s’intéresser à l’objet lui-même, à ne plus en prendre soin, ce qui peut aller jusqu’à se désintéresser de la façon dont il est produit et dont il continuera sa vie (ou la finira) après que nous nous en sommes servis. Ce désintérêt est à la base de comportements actuellement délétères pour la Nature et pour nous-mêmes. Le tout-jetable, le tout-consommable.
Je suis partisan d’une approche radicalement différente.
Dans ma façon de voir les choses, un objet est la production d’un être humain qui y a mis toute son attention, parfois pendant un temps assez long. C’est le produit d’une chaîne d’inventeurs, d’avancées humaines. C’est un morceau de notre humanité. Comme tel, et surtout s’il a été fait dans le respect de certaines règles, incluant le souci de préserver les ressources naturelles, mais aussi la santé de ceux qui l’ont fabriqué, un objet n’a pas qu’une valeur utilitaire. Il a une valeur esthétique, une valeur symbolique. Une valeur émotionnelle, parfois. Et presque toujours.
Pour moi, on doit donc respecter un objet.
Cela inclut la nécessité de s’intéresser à la façon dont on en prend soin, dont il a été fabriqué, et à son devenir.
Certains objets ont une charge émotionnelle ou symbolique plus forte.
Pour moi, les livres entrent dans cette catégorie.
Un livre que l’on considère ainsi devient précieux, même s’il en existe des milliers ou des millions d’exemplaires à travers le monde. Et posséder un tel objet donne une certaine responsabilité. On doit en prendre soin. On doit aussi le faire découvrir, le faire lire à d’autres.
Je peux encore aller plus loin dans la description de mon lien affectif et émotionnel aux objets et aux livres.
Car certains ne sont pas loin d’avoir une âme, un esprit, dans ma façon de voir.
C’est que je me sens proche de la pensée animiste, sans me départir pourtant de ma posture agnostique. Je nomme souvent les objets dont je me sers souvent. Et en leur conférant un nom, je leur assigne non plus une fonction mais aussi une importance.
Mon ordinateur principal, celui avec lequel j’aime écrire, porte le nom de Tezcatlipoca, le Miroir Fumant, d’après le dieu aztèque. Autant vous dire que lorsqu’il sera temps de mettre Tezcatlipoca à la retraite, ce sera en m’assurant de son devenir.
On peut sourire de cette habitude (ne vous gênez pas, j’en souris et m’en moque moi-même) mais je crois qu’elle a au moins une vertu : celle de me faire prendre conscience de la responsabilité de posséder un objet dans un monde où les ressources sont limitées.