Making of an (audio)book, partie 1 : Avant l’enregistrement

Making of an (audio)book, partie 1 : Avant l’enregistrement

Making of an (audio)book, partie 1 : Avant l’enregistrement

by Germain Huc | Juin 12, 2021 | 4 comments

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Pourquoi un livre audio ?

A priori, lire est une activité qui implique le sens de la vue. On s’imagine dans un bon fauteuil, éclairé par une douce lumière ou sur un transat en plein soleil, à l’ombre d’un parasol, ou allongé sur un lit. Dans chacune de ces images, la plupart d’entre nous intégrons un objet affichant des caractères écrits. Ce sera peut-être un bouquin de poche à la couverture souple, ou bien un livre relié, ou une tablette, une liseuse. Ce sera écrit. Lire nous demandera alors de déchiffrer les mots qui s’étaleront devant nos yeux. Nous laisserons nos pensées suivre l’évocation des mots.

Pourtant, si nous nous rappelons certainement toutes et tous de notre premier vrai livre, celui que nous avons réussi à déchiffrer pour notre seul plaisir, nos premières expériences de la lecture ne sont pas celles dont nous nous souvenons spontanément.

Nous découvrons véritablement le plaisir de la lecture par le biais de nos oreilles, lorsque nos parents, alors que nous sommes encore des nourrissons dans un berceau, nous racontent des histoires pour enfants. Il s’agit parfois de contes, de courtes historiettes, de fables moralisatrices ou non, de comptines. À chaque fois, pour l’écrasante majorité d’entre nous, c’est la voix de nos proches qui est le véhicule premier de l’activité littéraire.

On nous fait la lecture.

Si nous perdons cette habitude, bercés par notre propre voix intérieure lorsque nous explorons l’univers contenu dans les caractères d’imprimerie, écouter raconter une histoire peut rester un plaisir enfantin convoqué dans notre vie d’adulte. Nous pouvons retrouver une façon plus archaïque, mais pas moins belle ou puissante, de nous laisser emporter par un récit.

L’art des conteurs est une autre façon d’entrer dans une histoire, de la vivre.

En outre, cet art est encore plus présent dans notre quotidien que nous pourrions le penser. Le théâtre, le cinéma, les séries télévisées utilisent ses techniques.

Ainsi, quand nous écrivons nous-mêmes, est-il normal de nous considérer comme des conteuses et des conteurs.

Pourquoi alors ne pas sauter le pas et créer une version audio de nos écrits ?

D’autant plus si nous sommes maîtres de la destinée de notre texte, puisque nous sommes réalisautrices et réalisauteurs.

Cette série vous raconte le chemin que j’ai emprunté pour cela. Ce n’est certes pas le seul, mais peut-être pourra-t-il tout de même receler quelques précieuses indications pour suivre le vôtre.

Préparer le texte

La première des choses nécessaires pour créer un livre audio est un texte. Votre texte.

Cependant, même si cela est théoriquement possible, je vous déconseille de lire votre texte de but en blanc à partir de votre livre sous sa forme finale, qu’elle soit brochée ou reliée. Bien entendu, nous n’avons pas le choix lorsque nous faisons une lecture à partir de l’ouvrage de quelqu’un d’autre. Pourtant, vous découvrirez très vite combien il est inconfortable d’être interrompu au beau milieu d’une phrase par la fin de la page. Vous découvrirez aussi qu’il est très utile, au contraire, d’annoter le texte pour se souvenir des moments où l’on aura besoin de faire une pause plus longue, où l’on devra insister sur un mot ou bien où il sera nécessaire d’accélérer ou ralentir le rythme. On pourra aussi se laisser des marques pour se rappeler de changer de voix dans un dialogue (si on décide de le faire, bien entendu).

Tout cela est bien plus facile si l’on dispose d’une mise en page spécialement pensée dans ce but.

Pour cela, nous devons déterminer quelles seront les caractéristiques les plus utiles.

  • Les mots doivent se détacher clairement de la page. Il faut donc utiliser une fonte très lisible et d’assez grande taille.
  • Les paragraphes doivent également se détacher facilement les uns des autres. Cela permet de faire des pauses facilement durant l’enregistrement et de reprendre sans s’inquiéter.
  • De façon cruciale, les phrases ne doivent pas être coupées à la fin d’une page, afin que nous ne soyons pas obligés de choisir entre nous interrompre brièvement dans la lecture (et créer ainsi une rupture malvenue tout autant que désagréable à l’oreille dans le rythme de la narration audio) ou tourner la page très rapidement en faisant un boucan du tonnerre qui va se retrouver capté par le microphone, ruinant tous nos efforts.

Les deux premières conditions peuvent facilement se réaliser avec Scrivener, mais la troisième, la plus importante, nécessite de pouvoir demander une mise en page où les paragraphes ne seront pas scindés à cheval sur deux pages. Cela, Scrivener ne sait pas le faire. Il faut donc utiliser une mise en page plus paramétrable. Et un simple logiciel de traitement de texte le fera très bien.

Voilà pourquoi je compile mon texte depuis Scrivener vers LibreOffice, pour en extraire ensuite un fichier PDF. J’imprime chapitre après chapitre au fur et à mesure de l’avancée de mon enregistrement, pour pouvoir annoter le texte facilement

Compiler depuis Scrivener

Comme vous avez déjà lu la série d’articles Making of a Book, vous savez que c’est ce logiciel qui me sert à rédiger mes textes les plus divers, depuis mes romans jusqu’à mes mémoires professionnels. Si vous voulez comprendre un peu mieux le processus de compilation dans Scrivener — un processus qui permet de sortir le même texte sous différentes formes simplement en cliquant sur quelques options — je vous renvoie à l’article que je lui ai consacré.

Vous trouverez également le format que j’utilise plus bas. Je le partage avec vous bien volontiers.

Pour celles et ceux d’entre vous qui en ont déjà les bases, nous allons entrer dans quelques détails plus techniques.

L’objectif du format de compilation que j’ai baptisé Épreuve pour livre audio est de permettre de sortir le texte en RTF de manière à l’intégrer le plus aisément possible dans LibreOffice sans perdre les styles que j’ai patiemment marqués pendant toute la phase de rédaction. Veillez donc bien à sélectionner Rich Text (.rtf) dans la barre du haut de la fenêtre de compilation pour voir apparaître le format.

Ce dernier est basé sur les structures de mes précédents formats. Vous ne serez donc pas étonnés de constater la présence de types de sections comme Plans avec rupture narrative ou Scènes, Chapitres et Parties. Pour vous rafraîchir la mémoire, j’utilise une arborescence de dossiers de Parties, renfermant des dossiers de Chapitres, renfermant des textes de Scènes, eux-mêmes pouvant être subdivisés en Plans avec ou sans rupture narrative.

Les pages sont paramétrées avec des marges de 2 cm de chaque côté, sans vis-à-vis. En en-têtes se trouvent le titre du livre avec la mention Lecture audio, le nom de l’auteur (moi, donc). En pied de page, j’ai bien entendu intégré la pagination et la date de la compilation.

La différence principale avec le format d’Épreuve pour corrections (qui, lui, passe seulement par Scrivener pour sortir une version PDF du texte avec une mise en page aérée) tient dans la gestion des styles.

Cette fois-ci, pour parvenir à travailler sur les styles plus efficacement, j’ai demandé à Scrivener de créer un style Corps de texte pour le… corps de texte (et oui). La compilation changera aussi les noms des autres styles pour les faire coller à ceux qui sont nativement intégrés dans LibreOffice.

Cela permet d’obtenir exactement ce que l’on veut en trois clics ensuite.

Le modèle LibreOffice

Une fois que vous avez obtenu le fichier RTF qui contient votre texte, vous pouvez l’ouvrir avec LibreOffice. Vous pouvez même demander à Scrivener d’ouvrir automatiquement le fichier dès qu’il a fini de le compiler, il y a une option pour cela.

Vous allez cependant avoir la mauvaise surprise de constater que la forme du texte est loin d’être satisfaisante. Scrivener ne se contente pas, en effet, d’exporter le nom des styles. Il exporte aussi tout un tas de formatage direct assez disgracieux. Qu’à cela ne tienne, il suffit de sélectionner tout le texte grâce au raccourci clavier Command+A (ou Control+A si vous travaillez avec un PC), puis un clic droit et de choisir Effacer le formatage direct. Vous aurez l’impression que cela n’a fait qu’empirer la situation. Pourtant, en vous rendant dans le volet latéral de droite de LibreOffice, dans la section des Styles, vous pourrez cliquer sur la croix verte en haut à droite dénommée Actions sur les styles, et en sélectionnant Charger les styles, une fenêtre modale s’ouvre. Dans la liste, vous pouvez choisir de charger un jeu de Styles déjà implémenté dans le logiciel comme Par défaut, ou bien votre propre jeu. Vous pouvez même y intégrer le mien, que je partage également avec vous.

Instantanément, la forme change complètement.

Si vous utilisez mon jeu de styles, vous n’avez plus rien d’autre à faire que d’exporter en PDF pour imprimer ensuite.

Si vous utilisez le vôtre, le réglage le plus important est de vous rendre dans le style Corps de texte, et de le modifier en faisant un clic droit dessus. Dans l’onglet Enchaînements, veillez impérativement à décocher les options Traitement des orphelines et Traitement des veuves, ce qui va vous ouvrir la possibilité de cocher l’option fondamentale Ne pas scinder le paragraphe.

À partir de là, les autres retouches que vous désirerez faire sur vos styles (augmenter la taille de la fonte par exemple) seront presque secondaires. Vous aurez atteint votre but : un texte lisible qui ne coupera aucune phrase en bas de page.

Votre lecture en sera plus que facilitée, croyez-moi.

Marquer le texte

Vous pourriez objecter à tout ce qui précède que vous préférez lire votre texte directement à partir de l’écran de votre ordinateur. Outre qu’il vous faudrait, à mon avis, un très grand écran (ou deux écrans normaux) pour à la fois lire le texte convenablement et surveiller l’enregistrement audio dans votre logiciel de montage, je crois que cela vous priverait d’une possibilité presque aussi centrale pour préparer votre lecture : le marquage du texte. À mon sens, rien ne vaut le papier pour cela. Vous pourrez à loisir annoter, placer des signes et autres symboles, en vous entrainant à dire le texte à voix haute pour repérer les ruptures de rythme, les pauses, etc.

Chacune et chacun d’entre nous trouvera ses propres symboles.

Il sera nécessaire que vous trouviez les vôtres pour signaler :

  • Les endroits du texte où vous placerez une emphase à l’oral
  • Les pauses courtes
  • Les pauses longues
  • Les pauses très longues
  • Les interruptions soudaines
  • L’augmentation de la vitesse de lecture sur un passage
  • La diminution de la vitesse de lecture sur un passage
  • Les effets sonores
  • Les changements de voix (pour les personnages par exemple)

Une fois cela achevé, chapitre par chapitre (surtout, ne faites pas tout d’un trait, car vous allez vous apercevoir à l’enregistrement que vous aurez besoin de modifier certaines choses), vous pouvez vous attaquer à la préparation de l’enregistrement lui-même.

Préparer l’enregistrement

Comme dans beaucoup de domaines de la vie, il est dommage de confondre vitesse et précipitation. Vous pourriez enregistrer votre narration à l’aide du dictaphone de votre téléphone portable ou du micro interne de votre ordinateur, mais vous allez dans ce cas obtenir une qualité sonore… médiocre, au mieux.

Si vous voulez qu’une « lectrice » ou un « lecteur » audio (ne dirait-on pas mieux auditrice ou auditeur ? Je ne sais) puisse passer quelques heures de son temps précieux à écouter votre voix lui raconter l’histoire que vous avez si patiemment écrite durant des mois voire des années, il faut lui offrir des conditions optimales.

Capter du son ne s’improvise pas. C’est même un métier, et pas des plus simples.

La nature des ondes sonores, leur propagation dans l’air, la façon dont elles interagissent avec les matériaux composant les parois d’une pièce, tout cela rend un enregistrement délicat. Pourtant, point n’est besoin d’un diplôme d’ingénieur du son pour parvenir à une qualité satisfaisante. Il suffit de suivre quelques règles simples.

Le matériel

La première règle est de s’équiper d’un minimum de matériel, et si possible de bonne qualité. En effet, si la qualité ne vous garantit pas un enregistrement digne d’un studio professionnel (ça vous coûterait quelques dizaines de milliers d’euros), elle vous facilitera beaucoup l’obtention d’un son correctement capté et donc assez bon pour être agréable aux oreilles de votre public.

Le microphone

En toute logique, pour capturer des sons, vous allez avoir besoin d’un microphone. Comme je l’ai dit plus haut, oubliez les microphones intégrés aux ordinateurs et aux téléphones portables. Leur qualité de captation est peut-être bonne, mais ils ont un très gros défaut : ils sont omnidirectionnels. Non, ce n’est pas une maladie émergente et non, ce n’est pas contagieux. Cela veut juste dire qu’ils captent le son de la même manière dans toutes les directions. Et que donc ils enregistrent aussi bien les miaulements de votre chat dans la pièce qui est à votre droite que le bruit de la tondeuse du voisin en face de vous, en plus des vibrations faites par l’aspirateur qui fonctionne dans la pièce du haut, et accessoirement votre voix.

Comme le plus important dans tout cela est votre voix (même si les miaulements de votre chat racontent peut-être une histoire passionnante), et qu’il est impossible de séparer facilement des signaux audio mélangés sauf si vous avez un matériel informatique digne de la CIA, le mieux est de s’assurer que le microphone que vous aurez choisi ne capte que dans une seule direction, la vôtre. Cela s’appelle un micro unidirectionnel.

Il existe de très bons microphones de ce type, à des prix raisonnables lorsqu’ils se connectent en USB à votre ordinateur. L’alternative est une connectique XLR (le standard des microphones de musiciens ou de cinéma) qui nécessite dans ce cas l’acquisition d’une interface avec votre ordinateur (une carte son, par exemple).

Je vous conseille de choisir la première option. C’est beaucoup moins cher et ça donne de très bons résultats pour capter seulement de la voix.

De mon côté, j’ai jeté mon dévolu sur l’un des microphones les plus recommandés pour la réalisation de podcast, à savoir le Blue Yeti. Il a l’avantage de pouvoir enregistrer en unidirectionnel, bien entendu, mais aussi, si on le souhaite, en bidirectionnel (pour une interview face à face) ou en omnidirectionnel (pour capter des sons d’ambiance, par exemple), et, cerise sur le gâteau, en stéréo. Il a une connectique USB très simple. Il est vendu avec un pied qui le stabilise parfaitement sur votre bureau. Il a une sortie mini-jack pour y brancher votre casque audio, ce qui vous permettra d’avoir un retour immédiat des sons que vous enregistrez, ainsi qu’un bouton pour régler le gain.

Son seul défaut est son prix. Environ 150 €.

Le filtre anti-pop

Il ne s’agit pas de vous empêcher d’écouter Britney Spears (quoique, peut-être cela serait-il d’utilité publique ?), mais de limiter voire supprimer les petits bruits de bouche explosifs que l’on fait lorsque l’on prononce des syllabes en p, en b, en t. Les fameux « pop ». Cet ustensile se présente comme une membrane fine de tissu tendue dans un cercle. Vous en avez certainement déjà vu sur des images de chanteurs enregistrant en studio.

Bien que le Yeti soit un bon microphone, inutile de prendre des risques et de faire croire à votre auditoire que vous postillonnez à tous va. Votre voix sera débarrassée de ces bruits parasites dès l’enregistrement. D’autant qu’on peut trouver un filtre anti-pop pour une dizaine d’euros.

Stabiliser le micro

Éliminer les bruits parasites avant même l’enregistrement c’est aussi veiller aux vibrations qui pourraient être captées par le microphone. Le Yeti est livré avec un pied qui le stabilise véritablement bien. Pourtant, je ne le trouve pas pratique pour avoir devant moi à la fois le texte sur papier et l’écran de l’ordinateur afin de surveiller l’enregistrement.

Il existe donc une autre solution : un bras télescopique. Fixé sur le bureau à côté de l’écran, il permet de garder de la place et en même temps de déplacer facilement le capteur du micro.

Cependant, si vous choisissez cette option, veillez à vous équiper également d’une « araignée », un dispositif qui permet d’atténuer les vibrations transmises par le pied au microphone. Il vous évitera d’avoir des « clongs » sur la piste enregistrée lorsque vous allez bouger.

Comme j’ai un Yeti, le plus simple était de m’équiper du bras et de l’araignée conçus spécialement par Blue, à savoir respectivement le Compass et le Radius III. L’investissement double le prix du microphone, mais en contrepartie, vous obtenez une installation qui ne prend pas tout l’espace sur votre bureau et qui cependant autorise plusieurs configurations. Lorsque je joue une partie de jeu de rôle en ligne avec mes camarades des Mésaventuriers, ou lorsque j’enregistre un chapitre d’un livre audio.

Le casque audio pour un retour parfait

C’est bien beau de capter votre voix, mais il peut être utile de savoir précisément ce que vous gravez dans votre fichier. Et pour cela il vous faut ce que l’on appelle un retour audio. Grâce à un casque, vous allez entendre non pas ce que vous dites directement, mais bien ce que le micro a capté et enregistré. Et ceci, en direct.

Il est nécessaire de se brancher sur le microphone directement s’il dispose d’une telle option, et en filaire. Oubliez les technologies bluetooth, elles auront toutes tendance à provoquer un décalage très désagréable qui va créer un écho.

Le logiciel

Une fois le matériel bien en place, il reste un détail important régler : comment allez-vous transformer le son capté en fichier audio informatique, et avec quels outils allez-vous travailler ces signaux ?

Bien évidemment, il y aura quelques retouches à faire sur ce qui aura été enregistré. Au minimum égaliser le son, parfois quelques effets sonores, des musiques ou des bruitages si vous êtes comme moi du genre à vouloir investir complètement le champ de l’adaptation à cette nouvelle façon de raconter votre histoire.

Nous aurons donc besoin d’un logiciel de montage audio.

Il en existe beaucoup. Les deux plus intéressants à mon avis sont Audacity, qui a l’avantage d’être libre, gratuit, et multiplateforme, et GarageBand si vous êtes sous Mac, parce qu’il est très simple à prendre en main.

J’ai choisi le deuxième car j’ai l’habitude des logiciels d’Apple pour le montage (j’utilise Final Cut pour le montage vidéo depuis des années, j’ai donc quelques réflexes).

GarageBand

Le logiciel d’Apple est simple, mais il est au départ prévu pour les musiciens. Nous allons avoir besoin de le paramétrer quelque peu pour qu’il convienne à l’enregistrement vocal. Il faut d’abord savoir qu’il est nécessaire de démarrer un nouveau projet avec GarageBand en faisant abstraction de tous les petits réglages que le logiciel va automatiquement appliquer si vous lui dites tout de suite que vous voulez enregistrer votre voix (dans les modèles de projet). Contrairement à ce que l’on aurait donc tendance à faire spontanément, je vous recommande donc de débuter par un projet dit « vide ». C’est ensuite que vous allez lui indiquer que vous désirez enregistrer votre voix.

La piste d’enregistrement

GarageBand affiche une première piste d’enregistrement dont vous pouvez régler le niveau de gain dans la petite case en bas à gauche. C’est une alternative au gain intégré au micro si vous possédez un tel appareil, et je pense pour ma part que c’est la meilleure solution. Car augmenter le gain de votre micro c’est aussi augmenter le volume de tout ce qu’il capte, dont les éventuels bruits parasites. Il me semble mieux pensé de n’augmenter que le gain de ce que le micro a transmis à votre ordinateur.

Cette première piste peut être celle sur laquelle vous enregistrez votre voix « brute ». C’est en tous les cas comme cela que je l’utilise.

Mais bien évidemment, l’intérêt majeur d’un logiciel de montage son, c’est d’effectuer un… montage. Donc de disposer de plusieurs pistes. N’hésitez pas à en créer autant que vous en aurez besoin. Mais nous verrons cela plus en détail dans l’épisode 3 de cette série.

Réglages indispensables

GarageBand ayant été pensé pour des musiciens, vous devrez effectuer quelques changements dans ses paramètres.

Les premiers sont simplement de lui demander de compter les durées d’enregistrement, et non pas les mesures et le tempo.

Ensuite, il est nécessaire d’intégrer un noise gate, un paramètre de réduction de bruit, d’environ 64 dB, pour abaisser au maximum les craquements parasites sur votre voix.

Égaliseur

Il peut être utile de jouer avec un effet de compression de la voix et l’égaliseur. Je me suis pour ma part inspiré des réglages conseillés par Rob Dircks, que vous pouvez retrouver ici, pour créer les miens. Ce réglage a l’avantage de rendre une voix plus chaude et agréable. Bien évidemment, il n’en transforme pas la tonalité au point de donner les basses de Barry White, mais le résultat m’a tout de même permis de ne pas trop souffrir de m’entendre moi-même.

L’environnement

Le matériel ne fait pas tout dans la vie.

Les conditions d’un bon enregistrement sont aussi importantes voire plus que le matériel qui va capter votre voix.

Vous devrez donc contrôler certaines choses dans votre environnement.

Sans aller jusqu’à l’extrême de ceux ou celles qui reproduisent le feutré d’un studio en plaquant des cartons d’œufs ou des mousses sur leurs murs, une condition est fondamentale à obtenir…

Luxe et volupté si vous voulez, le calme, c’est certain

Votre objectif est clair : que votre micro capte votre voix et que votre voix. Assurez-vous donc d’obtenir le calme le plus grand possible autour de vous. Et quand je dis autour de vous, ce n’est pas seulement dans la pièce où vous enregistrez, mais aussi dans la maison ou l’appartement, voire à l’extérieur.

Si vous avez un micro suffisamment sensible, il pourra en effet capturer des sons que vous n’entendrez même pas vous-mêmes. Le vent (par chez moi, c’est l’Ennemi ultime) qui fera claquer les volets ou même simplement dont le souffle en rafales pourra perturber les ondes sonores. La tondeuse du voisin. Votre chat.

D’ailleurs, le calme n’est pas destiné qu’à la sensibilité du micro.

Il est aussi bon pour la concentration du lecteur, c’est-à-dire vous.

Préparer le lecteur

Enregistrer un texte est toujours une expérience vorace en énergie.

Il ne s’agit pas seulement de lire votre texte. Certes, c’est votre texte et vous le connaissez bien. Mais, vous allez certainement le redécouvrir sous un jour jusqu’ici inconnu, ce qui pourra peut-être vous déstabiliser un peu. De plus, il va être nécessaire de le lire avec le plus de conviction dont vous serez capable. Il s’agira de lui donner vie à travers votre souffle, votre intonation, votre jeu. Vous allez devoir interpréter votre texte. Comme un comédien, une actrice. Lui prêter de la consistance. Vous allez devoir incarner dans votre voix chacun des personnages, chacune des situations.

Celles et ceux d’entre vous qui ont déjà lu un texte en public comprendront tout de suite ce que je viens de décrire.

Il est aussi difficile de donner vie à un texte que de jouer ce texte sur une scène de théâtre.

Le seul et pourtant immense avantage que vous aurez consiste en la possibilité de fractionner l’enregistrement, même si, nous le verrons, je vous déconseille de trop attendre pour enregistrer ce qui sera partie d’un même chapitre.

Cet avantage vous permet de souffler (nous verrons que gérer le souffle est vital), d’humecter vos lèvres et de vous hydrater.

Mais vous comprendrez aisément pourquoi physiquement vous avez intérêt à prendre soin de vous-même.

Car vous allez vite découvrir qu’enregistrer, interpréter, vivre ce que vivent vos protagonistes, c’est physiquement éprouvant.

Prenez donc la précaution d’être frais, dispos, reposée.

Et surtout : prenez soin de votre voix.

Prendre soin de sa voix

L’une des choses les plus utiles que l’on apprend quand on fait du théâtre, c’est d’apprivoiser sa voix.

Bien entendu, il ne sera pas ici question de « parler pour les spectateurs du fond », comme on le fait sur scène.

Par contre, on peut se souvenir que la voix est le véhicule le plus puissant des émotions. Il sera ainsi nécessaire de la moduler. Et pour cela, mieux vaut connaître la hauteur « de base » de sa propre voix. Nous avons tous un timbre personnel. Certains grave, d’autres aigü. Aussi étonnant que cela puisse paraître, beaucoup d’entre nous ne se servent pas de cette voix naturelle mais d’une autre, plus grave ou plus aiguë que notre voix naturelle. Et cela fatigue. Nous ne parvenons pas alors à tenir cette voix très longtemps, cela nous fait mal, dans la gorge. Ou bien nous nous essoufflons très vite.

Prenez donc le temps de connaître votre voix naturelle. Celle que vous pourrez tenir sans ressentir cette douleur dans la gorge qui montrera que vous forcez dessus. Évitez de prévoir un enregistrement le lendemain d’une soirée bien arrosée ou de fumer quinze paquets de cigarettes avant (sauf si vous allez devoir interpréter un personnage à la Gainsbarre, bien entendu, mais dans ce cas, prévoyez de ne capter que ses répliques à lui, et pas celles du narrateur).

Vous pouvez aussi veiller à bien vous hydrater, pour que votre voix soit plus facile à produire, que vos cordes vocales soient bien chaudes. Certains utilisent du thé pour cela. Je ne sais si le miel est efficace (je déteste le miel) mais c’est assez populaire.

Les présents du Serpent à Plume

Comme promis, voici des ressources pour vous aider à débuter.

  • Mon format de compilation Scrivener pour lecture audio.
  • Mon modèle de styles pour LibreOffice.

Faites-en bon usage…

Format de compilation pour Scrivener

Modèle de styles pour LibreOffice

Prêts ? Prêtes ? Allons-y !

Texte, matériel, logiciel, lecteur ou lectrice, tout ceci est maintenant fin prêt.

Il ne reste qu’à se lancer.

C’est l’objet de la deuxième partie de cette série d’articles.

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Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Making of a book, partie 1 : outils pour écrivain

Making of a book, partie 1 : outils pour écrivain

Making of a book, partie 1 : outils pour écrivain

by Germain Huc | Jan 20, 2018 | 0 comments

Dans cette double série d’articles, Making of a book, et Créer un livre électronique au format ePub3, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier et en format électronique. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Publier un livre, c’est d’abord l’écrire, bien sûr.

Je n’ai pas la prétention de donner des cours d’écriture, car j’en serais incapable. D’autres font ça bien mieux que je ne le pourrais. Par contre je peux partager avec vous dans ce premier article quelques outils que j’ai adoptés pour moi-même. Je peux aussi vous livrer ma méthode, qui reste perfectible, personnelle, mais qui peut-être pourra vous donner quelques idées pour trouver ou peaufiner la vôtre.

Pour ce qui est de trouver l’idée première, l’amorce, l’étincelle créatrice, seule votre imagination saura vous guider.

Mais à partir de là, de ce mystère qui peut partir d’une impression, d’un sentiment, d’une vague sensation, parfois même seulement d’une couleur, d’une ambiance ou d’une simple phrase, il s’agit souvent d’apprivoiser le chaos, de l’organiser sans trop le brider, de sectionner des branches et d’en privilégier d’autres.

Version

2.2

}

Mise à jour

10/01/2021

Changement des versions
10/01/2021
  • Liste des styles nécessaires à l’édition.
06/01/2021
  • Changement d’images pour illustrer Scapple.
04/01/2021
  • Mise en avant de Scapple et suppression de MindNode que je n’utilise plus.
  • Mise en avant d’Affinity Publisher et suppression de Scribus que je n’utilise plus.
  • Correction de fautes et coquilles.

Order out of chaos, here comes the Mindmap again

Je vous ai déjà parlé de ma manie de faire des cartes heuristiques, des mindmaps, dans la conception des scénarios de jeu de rôle. Cette habitude s’est naturellement étendue à l’écriture littéraire comme elle a pu le faire dans ma vie quotidienne ou dans ma vie professionnelle pour structurer, ordonner, développer. Surtout développer. Car à partir de l’idée de base, de l’amorce de mon projet, je commence d’abord par creuser en notant tout ce que cela m’évoque.

J’ai d’abord utilisé un logiciel qui comprenait une version mobile, car je voulais noter mes idées n’importe où, dès que je les avais à l’esprit, ou revenir sur un canevas même quand j’étais loin de mon ordinateur.

Mais je me suis rendu compte que le travail sur une carte heuristique me demandait une concentration qui n’était pas compatible avec un iPhone, et que je n’étais jamais vraiment loin d’un poste de travail. Car je confondais la prise de notes avec leur organisation en carte heuristique.

Pour la prise de notes et être sûr de les fixer à un endroit où je les retrouverai toujours, je n’ai pas encore trouvé mon bonheur et on en discutera certainement dans un autre article.

Mais pour organiser mes idées, puisque j’ai besoin d’un logiciel qui me laisse toute créativité dans les liens et dans leur organisation, et je n’ai pas trouvé mieux que Scapple.

Quant à la méthode, une fois que j’ai jeté toutes les idées qui dérivent de l’originelle, un peu partout sur le canevas de Scapple, tout ce que m’inspire cette amorce, je commence à organiser en les reliant entre elles, en les regroupant, et souvent ces groupes engendrent d’autres idées qui en développent le concept. Je pousse la logique de chaque concept le plus loin possible et j’essaie de les expliquer les uns par rapport aux autres.

Je structure ainsi le début d’histoire entre l’intrigue, les personnages, les lieux et les éléments fondateurs.

J’utilise une sorte de code de présentation pour m’y retrouver facilement au premier coup d’œil. Les personnages, par exemple, sont entourés d’un cartouche vert, les concepts d’un cartouche rose, les dates d’un carré. Je vous livre mon fichier de base avec les styles qui correspondent en fin d’article.

Réalisme, recherches et crédibilité

Une histoire ne peut être crédible que si elle s’appuie sur une base solide qui en constituera le réalisme, ou mieux, la vraisemblance. Il est donc nécessaire de rechercher à chaque étape une cohérence dans l’intrigue, mais aussi dans l’univers décrit par l’histoire. Que ce soit pour un space opera poétique comme dans Poker d’Étoiles ou un monde rétrofuturiste comme pour Le Choix des Anges, ou plus encore dans une histoire censée se dérouler entre la Renaissance et nos jours dans des lieux comme Toulouse, Paris, ou Sarajevo comme le sera Fæe du Logis, il faut construire ou reconstruire pour soi comme pour le lecteur un monde, un environnement dans lequel prendra place l’intrigue elle-même.

Jusque là ma méthode restait archaïque : bouts de papier, marque-page dans mon navigateur internet, fichier texte.

Et puis, j’ai fini par adopter Scrivener. Comme il est mon outil également pour la phase d’écriture elle-même, je vous en parlerai plus en détail plus loin, mais la phase préparatoire de recherche peut aussi bénéficier des outils de Scrivener.

Le plus intéressant pour moi reste la faculté du logiciel à intégrer les pages internet que l’on glisse-dépose dans son interface. Il y crée instantanément une archive web consultable à tout moment lors de la rédaction.

Je prends également des notes en cours de rédaction, sur les points qui me semblent à approfondir ou à améliorer, les recherches à faire pour en développer d’autres, ou les liens à faire avec d’autres chapitres.

Je me sers également beaucoup des fiches de personnage et de lieu dont je vous ai déjà livré les fichiers pour construire peu à peu une cohérence dans mon histoire.

De la même manière, il est impératif de ne pas se contredire soi-même dans un livre qui se veut crédible, et ce notamment sur la chronologie. Vous savez bien que le temps est une donnée fondamentale pour moi, mais dans un livre de fiction, c’est plus encore le cas.

J’utilise donc Aeon Timeline qui permet de garder à l’esprit les dates importantes et de calculer automatiquement les âges des protagonistes à un moment donné de l’intrigue, tout comme la trace des événements passés et futurs afin de ne pas créer de paradoxes temporels qui pourraient anéantir votre si beau roman avant même qu’il ne soit né.

Et si je reviens dans le passé pour m’empêcher de faire ce rêve, est-ce que Fæe du Logis disparaîtra ?

Pensée terrifiante.

Aeon Timeline est même prévu pour s’interfacer avec Scrivener, ce qui permet de tenir l’intrigue à jour en même temps que les changements de chronologie et vice-versa.

Le travail à ce moment-là est un incessant va-et-vient entre Scapple, Scrivener et Aeon Timeline. Surtout pendant la phase de rédaction.

La plume du phœnix

J’ai écrit Le Choix des Anges de façon classique, avec un traitement de texte, LibreOffice, plus tard avec Pages.

Mais je me suis rendu compte que le processus d’écriture que j’avais mis en place rendait difficile le simple fait de retrouver un moment particulier de mon histoire pour le modifier. J’étais obligé de dérouler ou d’enrouler en permanence le fichier pour trouver deux endroits à corriger l’un par rapport à l’autre, pour vérifier leur cohérence ou leur tonalité. Et l’un comme l’autre devenaient lourds et lents au fur et à mesure que la rédaction avançait.

Je me suis donc tourné vers Scrivener et sa logique totalement différente qui permet de considérer chaque partie du texte comme un fichier séparé, organisé de façon fluide dans une sorte de chronologie narrative. Chaque morceau a son résumé, ses notes, parfois même des sauvegardes autonomes. On peut organiser chaque section avec des mots-clefs avec une liberté étonnante et un peu déroutante au début.

Il y a quantité de tutoriels sur Scrivener sur la Toile, notamment sur le site officiel de Littérature & latte. Vous pourrez en découvrir l’extrême versatilité et l’adaptabilité à tous les types de projets d’écriture.

Et à ma modeste échelle, je commets parfois quelques articles d’astuces que vous pouvez retrouver sur d’écaille & de plume.

Maison de Corrections

Vous avez envie d’écrire, c’est louable. Vous avez sans doute beaucoup de talent. Mais de grâce, soignez votre orthographe ! Il n’est rien de plus irritant, pour un lecteur, de bloquer sur un mot mal orthographié, sur une coquille oubliée, sur une tournure de phrase mal pensée. Pour ma part, une telle chose me gâche mon plaisir.

La Forme est sans doute aussi importante que le Fond, surtout pour un lecteur, ou même un relecteur ou un correcteur. Pour un éditeur c’est indispensable.

Et malgré toutes les dictées que ma mère m’a infligées (pour mon bien) dans mon enfance, tous les articles du Bescherelle que j’ai pu apprendre (et croyez-moi, j’avais intérêt à les savoir par cœur !), toutes les listes de mots que je devais connaître, il m’arrive à moi aussi de me tromper. Surtout sur un clavier d’ordinateur.

Corriger votre texte est donc incontournable.

Mais il existe plusieurs niveaux de corrections, que vous allez enchaîner voire superposer les uns aux autres.

Les corrections de fond, la « bêta-lecture »

Tout d’abord, il y a la correction la plus fondamentale, celle de la vraisemblance, de la cohérence et du réalisme de l’ouvrage. Si vous avez correctement pensé votre livre, il devrait y en avoir assez peu. Mais même l’intrigue la mieux pensée, même le personnage le plus travaillé psychologiquement peut se trouver dans une situation dont la vraisemblance peut être mise en doute à une lecture plus attentive. Et qui vous assure que vous n’avez pas dit que Tartampion avait les cheveux blonds au chapitre 4 et bruns au chapitre 5 ?

Chaque acte d’un personnage doit en outre être cohérent avec d’une part l’univers que vous avez construit, avec sa psychologie propre, et avec les réactions que sa psychologie lui autorisera lorsqu’il sera confronté à la situation que vous avez créée.

Vérifier que tout cela ne cloche pas est un travail difficile, car il faut prendre du recul avec le texte, avec les personnages, avec l’histoire.

C’est pour cela que je n’y vois que deux solutions : soit prendre deux ans de recul sans toucher le texte (à ce rythme-là, je n’accoucherais personnellement que d’un roman tous les 50 ans…), soit demander à quelqu’un d’autre de lire et de critiquer votre travail. C’est bien entendu la deuxième solution qui me paraît la plus intéressante, car elle permet aussi de confronter le point de vue d’un premier lecteur, ou même de plusieurs, avec celui de l’auteur. Souvent de la discussion naît la lumière, et cette situation ne fait pas exception à la règle.

Il faut bien sûr se trouver une ou plusieurs personnes de confiance, quelqu’un qui comprendra votre univers, qui sera suffisamment proche de vous pour l’apprécier et surtout pour vous faire des retours structurés, organisés, et des critiques constructives. Il n’est pas question de se limiter à un simple « oui c’est super génial » ou à un « je n’aime pas ». Il faut argumenter, développer, discuter. Pour l’auteur, cela demande un peu d’humilité, car il n’est pas toujours facile d’entendre que l’on n’a pas tout réussi du premier coup. Pour le bêta-lecteur, cela demande du doigté et de la diplomatie.

Ces corrections sont celles où l’auteur peut aussi « défendre son bout de gras », et argumenter lui aussi face à son bêta-lecteur. S’il pense que telle action du personnage est justifiée, il peut la garder, mais peut-être mieux l’expliquer.

La forme, une question de style

Une fois le fond stabilisé, il est maintenant temps de s’occuper de la forme.

Vos phrases sont-elles trop longues, trop courtes ? Y a-t-il des répétitions qui alourdissent le style, des fautes de syntaxe, un manque de concordance des temps ?

Je me sers de deux sources dans ce moment critique.

Tout d’abord Antidote, le logiciel de correction orthographique. Il a la particularité de repérer très facilement les répétitions ou les syntaxes discutables.

Ensuite et surtout, d’autres correcteurs ou correctrices humaines.

Là encore, vous seul jugerez si les corrections suggérées doivent être appliquées ou pas. Antidote n’est pas un logiciel parfait, il lui arrive de se tromper (assez souvent) ou d’être trop strict. Vos correcteurs auront sans doute aussi cette qualité. Mais même si Antidote réclame une correction pour l’emploi d’un mot familier, vous pouvez décider de le garder tout de même, car le personnage qui l’emploie possède un registre de langage familier, ou parce que vous désirez que votre style soit familier dans cette partie-là de votre livre. Vous pouvez décider de garder une répétition pour créer de l’emphase, pour donner un rythme à votre phrase comme en poésie ou en rhétorique.

Bref, là encore vous devrez faire des choix.

L’esprit et la lettre

Par contre, vous en aurez moins dans la troisième phase des corrections, la phase orthographique et grammaticale.

Là encore j’utilise deux sources (en plus de mes propres relectures) : Antidote et mes correctrices.

Antidote fera des suggestions de corrections basées sur les paramètres que vous lui aurez indiqués auparavant : voulez-vous écrire selon l’orthographe traditionnelle, ou la réforme simplifiée des années 1990 ? En fonction de ce choix, les graphies correctes ne seront pas les mêmes. Et Antidote vous les explique.

Cela simplifie le dialogue avec mes correctrices, qui ont parfois autant de doutes que moi sur une orthographe. Mais les yeux aguerris des humains peuvent parfois trouver des coquilles que le logiciel a laissé passer, car les mots n’étaient pas incorrects, même s’ils changent complètement le sens de la phrase (mère et mer, par exemple).

Un défaut actuel d’Antidote (même si Druide, la société éditrice, m’a assuré qu’elle y travaillait) est qu’il ne sait pas gérer l’accord de proximité.

L’art délicat de la typographie

Une fois l’orthographe corrigée, il faut s’occuper de la typographie, c’est-à-dire de la façon correcte d’enchaîner les signes de l’écriture, notamment (mais pas seulement) la ponctuation, de manière à ce que le texte ait une forme agréable pour le lecteur.

La typographie est essentiellement (mais pas seulement), l’art de savoir placer les espaces.

Les espaces fines, sécables, insécables. Car oui, en typographie on dit une espace et pas un espace. Antidote vous guidera pour savoir quels espaces utiliser : après les points et jamais avant, les espaces avant et après les deux points, les espaces avant et après les points d’interrogation ou d’exclamation. Les espaces entre les chiffres.

Cependant, vous apprendrez aussi à mettre en forme les dialogues, l’importance des tirets cadratin et semi cadratin, des apostrophes et virgules courbes, des guillemets français et de leur différence avec les anglais.

C’est Antidote qui me sert de guide, là aussi, en complément avec l’excellente série d’articles de Lionel Davoust qui expliquent tout cela de façon claire et illustrée. Et franchement, là, je les écoute toujours.

Existe-t-il un autre style ?

Cependant, comme vous pouvez le lire dans le premier volet de la série Créer un livre électronique au format ePub3, il est important de structurer le manuscrit final pour obtenir une base de texte qui sera mise en forme séparément. Une seule structure qui sera utilisée pour construire la forme de votre livre papier, et celle de la version électronique du même ouvrage.

On obtient cette structure grâce à l’emploi des styles de paragraphes ou des styles de caractères (voir le chapitre plus détaillé) dans les traitements de texte classiques comme LibreOffice, Pages ou Word.

Pour Scrivener, la philosophie est légèrement différente.

Le texte qui est dans le logiciel est un texte brut, peu mis en forme. Une fois écrit, il est nécessaire de le compiler, c’est-à-dire de l’exporter comme un fichier plus classique, dans l’ordre que vous aurez décidé. Par exemple, si vous désirez mettre le contenu du chapitre 11 avant celui du chapitre 7, pour quelque raison que ce soit (une sortie papier de correction permettant de mettre les deux chapitres en parallèle ?) vous indiquez simplement au logiciel qu’il doit organiser le manuscrit de sortie dans cet ordre-là, et abracadabra !

La phase de compilation (j’ai d’ailleurs écrit un article à ce sujet) est donc celle qui permet vraiment de donner une structure au texte, mais vous devrez sans doute auparavant distinguer dans votre rédaction les zones de texte qui différeront de votre texte principal, là encore avec des styles de paragraphes et des styles de caractère. Je vous en donne un exemple avec le premier chapitre du Choix des Anges, construit comme un montage de cinéma qui entrelace différents moments dans la narration faite par Armand. Pour distinguer les phases de flashback et celles de la narration normale, j’ai utilisé un style différent, que j’ai indiqué à Scrivener dès la rédaction. Ainsi, lorsque je vais compiler mon texte, les paramètres tiendront compte de ce style particulier.

La liste des styles utiles

Voici les styles que vous aurez certainement besoin de créer ou d’utiliser dans votre projet de livre.

Des styles de caractères :

  • Un style de mise en évidence pour les mots importants. On utilise en général une mise en italique.
  • Un style d’accentuation forte pour être encore plus marquant. On utilise la plupart du temps une mise en gras.
  • Un style mixte, pour combiner la mise en évidence et la mise en gras.
  • Un style mise en évidence dans un texte en italique, qui permet de renverser la mise en italique si besoin.
  • Un style de Première phrase de chapitre si vous voulez changer la casse de vos débuts de chapitre par exemple (on peut le faire autrement dans Scrivener, mais la solution d’un style est plus interopérable avec les autres logiciels comme les traitements de texte).

Des styles de paragraphes :

  • Un style de corps de texte, la base de votre texte.
  • Un style de titre de chapitre, pouvant être ensuite décliné pour la façon dont vous allez numéroter les chapitres.
  • Un style de titre de parties, si vous en avez dans votre texte, pouvant là aussi être décliné pour la façon dont vous voudriez numéroter les parties.
  • Des styles de scènes, vous permettant de distinguer autrement qu’avec les signes typographiques de changement de scène deux moments différents dans une même séquence, comme des analepses ou des prolepses (flashbacks et flashforwards).
  • Un style de dédicace, qui marque déjà le texte sur la page adéquate.
  • Un style de mentions légales qui marque lui aussi le texte sur la page dédiée.
  • Un style de titre de scène ou de division de scène.
  • Un style ou des styles pour vos entêtes et vos pieds de page.

Un seul texte, plusieurs vies

Une fois que le long et lent processus d’écriture est terminé, et même pendant, vous aurez besoin de mettre en forme le texte suivant vos besoins.

Or, un même texte peut être envoyé à vos bêta-lecteurs pour correction, ou au logiciel de mise en page pour obtenir un PDF nécessaire à la fabrication du livre papier, ou au logiciel qui créera le fichier électronique à intégrer dans une liseuse.

C’est là que la philosophie de Scrivener est à mon avis un énorme avantage. Le texte ne change pas. Vous n’avez rien à faire dessus. Seules sa forme et le format du fichier de sortie vont changer. Et cela peut se décider en quelques clics pour peu que vous sachiez exactement ce que vous voulez.

Il faut d’abord connaître vos propres besoins.

Pour ma part, j’ai décidé de concevoir trois mises en forme seulement, en fonction de ce que le texte va devenir et aussi des étapes nécessaires. Je vous résume tout cela dans une petite carte heuristique (ça faisait longtemps).

  • Une mise en forme qui aura pour but de donner le texte à mes correctrices, selon deux modalités qui restent leur choix : un fichier PDF à imprimer ou un fichier plus classique à corriger dans un traitement de texte. J’utilise aussi ce format pour mes propres corrections et pour y porter des annotations afin d’enregistrer la version audio du livre.
  • Une mise en forme de publication destinée au livre papier, essentiellement sous un format RTF qui sera importé dans un logiciel de mise en page comme Affinity Publisher, qui est celui que j’utilise personnellement.
  • Une mise en forme de publication destinée au livre électronique, comme un format EPUB natif que je corrigerai ensuite selon mes desiderata plus précis.

Pour chacune, j’ai décidé de ce que je voulais : des en-têtes sur la page, et lesquels, jusqu’aux marges, en passant par l’incorporation des styles ou non.

Et j’ai construit deux formats de compilation pour Scrivener. Un format dit « épreuve » et un format dit « publication » qui servira pour la suite du travail de production, tant en papier qu’en numérique.

Je détaillerai avec vous les étapes qui ont mené à la conception de ces formats de compilation dans plusieurs articles.

Maîtriser la compilation dans Scrivener, partie 1

Pour aller plus loin sur la compilation dans Scrivener.

La naissance de Janus

La suite de la vie du texte sera différente suivant que l’on désire fabriquer le livre papier, sa version électronique, ou encore sa version audio. Nous verrons cela dans trois séries d’articles complémentaires.

Au début de chacun d’eux, je passerai en revue avec vous les outils complémentaires qui sont les miens, et nous progresserons ensemble vers la réalisation de chaque incarnation de votre œuvre.

Les présents d’Héphaïstos

Tout comme le dieu forgeron le fit pour de célèbres Héros de la mythologie grecque, le Serpent à Plume a fait éclore dans son nid de flammes des armes magiques qui vous permettront de vaincre vos ennemis, mais surtout de surmonter les obstacles de la compilation avec Scrivener.

Voici donc :

  • Un fichier d’exemple Scapple pour mes codes de présentation sur les cartes heuristiques.
  • Un modèle générique pour un roman (celui que j’utilise), et mes formats de compilation pour la correction, et pour la publication papier et numérique. Nous les utiliserons pour les prochaines étapes de la fabrication du livre dans sa version papier, mais également dans ses versions numérique ou audio.

Vous pouvez les télécharger en devenant membre de la Tribu des Ptérophidiens & Ptérophidiennes, à travers la lettre d’écaille & de plume.

Libre à vous des les utiliser ou de les modifier selon vos propres besoins, ils sont juste une base, certainement perfectibles.

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Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Créer un livre électronique au format epub3, partie 1 : structurer son texte

Créer un livre électronique au format epub3, partie 1 : structurer son texte

Créer un livre électronique au format epub3, partie 1 : structurer son texte

by Germain Huc | Oct 4, 2014 | 2 comments

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Version

2.0

}

Mise à jour

10/01/2021

Changement des versions
10/01/2021
  • Refonte complète de la partie sur les styles, la traduction en EPUB, le CSS, les corrections sur les espaces insécables et fines.

Pourquoi le format EPUB ?

Lorsque l’on parle de livre électronique, la plupart des gens mélangent facilement tout un tas de réalités différentes, en confondant le PDF avec le format Kindle ou l’EPUB. Si d’ailleurs on simplifie au maximum, même un simple fichier au format TXT pourrait être un livre électronique.

Cependant, il me semble que le véritable livre électronique doit répondre à certaines caractéristiques et tout d’abord le confort de lecture. Lire un PDF à la mise en page fixe n’est pas vraiment toujours du plus grand confort, car la taille des caractères ne s’adapte pas à la taille de l’écran sur lequel vous lisez. Ainsi, si sur un ordinateur certains textes en PDF peuvent facilement se lire, sur tablette cela devient beaucoup plus compliqué et quasiment impossible sans zoomer 4 fois sur un smartphone. Et je ne parle même pas d’une liseuse…

On considère donc que seuls quelques rares formats répondent aux contraintes qui définissent un livre électronique. Les deux plus importants sont l’EPUB, format libre développé par un consortium regroupant différents acteurs majeurs du secteur de l’informatique (car le standard de codage est basé sur le langage informatique des pages web), et les formats Kindle développés par Amazon dans son coin, plus ou moins avec les mêmes bases mais en rajoutant des barrières. Apple a fait de même avec son format iBooks, dans le même dessein de contrôler de bout en bout la chaîne de vente et d’enfermer ses clients dans une architecture maîtrisée. Il faut néanmoins reconnaître que l’iBookstore accepte les fichiers au format EPUB, ce qui n’est pas le cas pour Amazon.

L’EPUB3

La norme EPUB en est à sa troisième itération majeure. Elle est basée sur un principe simple : le livre sera codé comme un site web, avec les mêmes langages, et selon les mêmes principes. Il n’y aura que quelques particularités rajoutées au code pour faire comprendre au logiciel de la liseuse ou de la tablette (un navigateur internet un peu modifié) qu’il s’agit bien d’un livre.

Cela a pour conséquence que le fond (le texte que vous avez mis tant de temps à peaufiner dans le secret de votre atelier d’écriture) sera dans un fichier séparé de la forme (la police de caractère, sa taille et les couleurs utilisées pour les gros titres, les titres intermédiaires, le corps du texte, les citations, etc.). C’est le principe même de codage des sites internet. Ainsi, vous pourrez quand bon vous semble (ou le lecteur), changer tout ou partie de la forme pour améliorer le confort de lecture.

C’était déjà le cas pour les deux itérations précédentes de la norme, mais cette dernière version permet une véritable avancée dans la mise en page et dans les possibilités d’ajouter des images, des vidéos, de l’audio et de l’interactivité, car elle est basée sur les standards modernes du codage internet que sont les langages HTML5 et CSS3.

Ne vous inquiétez pas, derrière ces noms barbares se cachent en fait de grands cœurs qui vous donneront beaucoup de satisfaction si vous savez leur parler gentiment…

Livre de flux ou livre à mise en page fixe, telle est la question

En parlant de mise en page, cette séparation entre le fond et la forme prend tout son sens quand on sait que les liseuses et les tablettes ne donnent jamais véritablement le même rendu, et que le principe du livre électronique est celui que je vous énonçais plus haut, à savoir :

La mise en page doit pouvoir s’adapter pour rendre le confort de lecture le plus grand au lecteur.

Cette mise en page va dépendre donc de contraintes techniques telles que la taille de votre écran (7 pouces, 9 pouces, 12 pouces, au-delà), sa technologie (couleur, pas couleur, retina, pas retina), mais aussi de contraintes humaines : les difficultés de vision éventuelles de votre lecteur (il lui faudra augmenter la taille de la police de caractères pour bien voir), ses envies (tient-il sa tablette en mode portrait ou paysage pour lire ?), ses habitudes.

C’est là qu’il faut faire un choix métaphysique.

Allez-vous créer un livre dont la mise en page s’adaptera au support en prévoyant des règles dans votre mise en forme (c’est ce que l’on appelle le « flux » de données), ou bien allez-vous fabriquer un livre dont la mise en page sera fixée à l’avance, avec le moins de latitude possible pour le lecteur ?

Généralement, on choisit un livre de flux pour un ouvrage composé essentiellement de texte et où la mise en page n’est pas absolument nécessaire à la bonne compréhension du fond. Un roman, une nouvelle, seront construits selon cette philosophie.

Par contre, un livre dont la mise en page est essentielle à la compréhension (une bande dessinée, un reportage photo, un livre pour enfants avec des images à manipuler) sera conçu de manière à ce que sa forme soit la plus fixée possible, comme un PDF. Mais avec en tête le postulat que la lisibilité doit être maximum.

La différence essentielle entre les deux approches est que l’ouvrage qui en sortira sera soit lisible par à peu près toutes les liseuses et toutes les tablettes dans le premier cas (le flux étant disposé différemment selon les règles que vous aurez spécifiées pour chaque appareil dans votre codage, et laissant au lecteur la possibilité d’agrandir le texte, de se passer des images, de changer les couleurs, etc.), soit codé spécifiquement pour une marque, un type, un modèle, voire un seul logiciel dans le deuxième cas (car les règles de mise en page seront tellement draconiennes que cela vous demandera un travail énorme pour les rendre parfaites, et le lecteur ne pourra modifier ni couleurs ni taille, au risque de ruiner le but même du livre).

Le choix est donc dans le degré de maîtrise que l’on accepte de perdre sur sa mise en page. C’est assez frustrant, je dois l’avouer, lorsque l’on a envie que la forme soit aussi impeccable que le fond. Et je n’ose imaginer ce que doivent ressentir les maquettistes de formation devant cet état de fait…

Il est possible, cela dit, de mélanger un peu les deux approches et de garder la possibilité de maintenir une mise en page fixe sur certaines pages tout en conservant sur d’autre une structure de type « flux », via une astuce particulière de codage du fichier de mise en forme (le fameux fichier de CSS) dont je vous parlerai dans quelque temps.

Existe-t-il un autre Style ? Pourquoi et comment structurer un texte

Une fois ce choix cornélien effectué, il est temps de s’occuper du texte.

Il faut écrire. Écrire. Encore écrire. Beaucoup.

Vous pouvez écumer l’internet en quête de nombreux conseils d’écriture. Vous allez travailler votre propre style, trouver votre propre méthode de travail, et parvenir à un manuscrit définitif.

Et c’est une fois votre texte achevé, relu et encore relu des dizaines de fois, que vous allez pouvoir le préparer à devenir un vrai livre, et un livre numérique dans le cas qui nous intéresse ici.

Pour cela, vous allez devoir le mettre en forme, puisque c’est cela éditer un livre. Créer à partir d’un texte brut une mise en page harmonieuse. Déterminer si vous voulez que vos titres de chapitre soient en « fonte Times New Roman de taille 20, centrés avec un espace de 20 points au-dessus du paragraphe, et un espace de 60 points en dessous du paragraphe » ou bien en « fonte Helvetica de taille 30, alignés à gauche avec un espace de 24 points au-dessus du paragraphe, et un espace de 36 points en dessous du paragraphe », ou d’une autre façon, et ceci pour chaque chapitre, mais également comment vous voulez que votre corps de texte apparaisse, comment les mises en exergue dans votre texte vont apparaître, etc.

Là est le point crucial : votre texte est composé de différentes parties qui ont une fonction bien particulière, un sens. Les titres servent au lecteur à savoir où il se trouve dans le récit, les mises en exergue servent à ce que le lecteur comprenne qu’il est face à un mot ou une expression particulièrement importante, etc. Et dans tout ouvrage, c’est parce qu’on aura repéré ces motifs que l’on pourra les mettre en forme.

Dans les logiciels de traitement de texte, comme la suite Office de Microsoft, LibreOffice Writer, Pages de chez Apple, mais aussi avec Scrivener, dont je me sers, on peut donc procéder de deux manières : avec une mise en forme « directe », ou avec des Styles.

La mise en forme directe consiste à mettre un mot en italique ou en gras, en sélectionnant simplement le mot et en cliquant sur l’icône « italique » ou l’icône « gras ». Son inconvénient pratique est qu’il faut sélectionner chaque mot ou groupe de mots ayant une fonction particulière et lui appliquer la mise en forme que l’on désire à chaque fois, d’où une répétition d’actions rapidement insurmontable sur un texte long.

L’idée des Styles est au contraire de se baser sur la fonction de chaque partie de votre texte, et de vous laisser ensuite déterminer comment vous voulez présenter chacune d’elles une bonne fois pour toutes, sans avoir à mettre en forme un à un chaque titre par exemple. Vous aurez toujours à sélectionner les parties de texte qui auront une fonction, mais vous devrez simplement indiquer laquelle. S’agit-il d’un titre de chapitre, d’une mise en exergue, d’une citation, ou d’autre chose ? La mise en forme est automatiquement appliquée suivant un style prédéterminé par le logiciel, mais que vous pourrez ensuite changer à volonté.

Car les Styles ne sont en fait que des formatages particuliers de la typographie, qui pourront être réutilisés facilement ensuite. Ils correspondent parfaitement à nos besoins de mise en forme puisqu’ils permettent de dire que, par exemple, « les titres de chapitre seront en Police Helvetica de taille 14 points, en gras, soulignés », et que « le corps de texte sera en Police Times New Roman de taille 11 points, normal », tandis que « les citations seront en Police Times New Roman de taille 12 et en italique ».

Les Styles pourront même s’appliquer aux paragraphes. Ainsi les paragraphes de Titre peuvent-ils être « centrés avec un espace de 20 points au-dessus du paragraphe, et un espace de 60 points en dessous du paragraphe », tandis que « le corps de texte sera constitué de paragraphes justifiés avec un espace de 5 points avant et après le paragraphe, et une indentation de la première ligne de 60 points », et « les citations seront des paragraphes justifiés avec une marge droite et une marge gauche de 70 points ». Par exemple.

Une fois les styles créés ou modifiés, vous n’aurez qu’à sélectionner un morceau de votre texte et décider de lui appliquer le format « Titre » ou le format « corps de texte ». Et s’il vous prend l’envie de changer l’aspect de votre texte, il vous suffit de changer les paramètres du Style « Titre » pour que, automatiquement, votre logiciel change tous les bouts de texte qui seront indiqués comme étant des titres.

L’avantage majeur de cette façon de faire reste que vous obtenez un texte structuré suivant ses différentes fonctions, sa signification. On appelle ça un balisage sémantique.

Et outre qu’il va vous faire gagner un temps fou et vous éviter d’oublier de mettre en forme un titre accidentellement, le balisage possède trois autres qualités.

La première est d’éliminer les sauts de ligne intempestifs (les lignes vides avec des retours chariot manuels). À la place, vous pouvez déterminer que le style de paragraphe utilisé laisse quelques points/pixels/millimètres de distance en haut et en bas. Cela rend le texte plus facilement adaptable aux différentes résolutions d’écran, et vous aurez aussi moins de lignes veuves et orphelines dans votre texte (ça, c’est valable à la fois pour le papier et le numérique).

La deuxième : la hiérarchie de titres.

Le titre de votre roman n’aura pas la même forme que le titre d’un chapitre, et ils seront tous deux différents du titre d’une partie, ou de celui d’un sous-chapitre. Vous allez donc les hiérarchiser, en donnant la forme d’un « Titre1 » au grand titre de votre roman, celle d’un « Titre2 » au titre des parties de ce dernier regroupant plusieurs chapitres, celle d’un « Titre3 » aux titres des chapitres, et éventuellement une « Titre4 » aux titres des sous-chapitres si vous en avez.

Enfin, la plus importante pour ce qui est des livres numériques : c’est cette structure qui permet au logiciel de lecture de comprendre où sont les titres, où est le corps du texte, où est la marge éventuelle et de les afficher correctement à l’écran, car votre texte sera codé dans un fichier HTML5 avec ces fameuses balises.

Il est donc, vous en serez, je pense, maintenant convaincus, fondamental, de structurer votre texte.

Nous pouvons alors voir un peu plus en détail comment.

Les styles à utiliser

Vous allez pouvoir vous aider des styles que vous avez déjà déterminés dans Scrivener pour le format papier de votre livre. Nous l’avons déjà vu dans l’article qui y est consacré, et vous pouvez vous y reporter.

Néanmoins, il faut garder deux choses à l’esprit : d’une part, vous n’aurez pas besoin de certains styles pour une sortie numérique de votre œuvre, puisque par définition ce sera le support de lecture (tablette, smartphone, liseuse) qui gérera complètement les entêtes et les pieds de page ainsi que les numéros de page qui pourront varier en fonction de la taille de police sélectionnée par votre lecteur ou votre lectrice pour son confort ; d’autre part, tous les autres styles ne seront que des propositions que vous ferez à votre lectorat, qui sera libre de les refuser pour appliquer son propre réglage.

Au final, les styles dont vous aurez vraiment besoin de vous préoccuper seront ceux qui suivent.

Des styles de caractères :

  • Un style de mise en évidence pour les mots importants. On utilise en général une mise en italique.
  • Un style d’accentuation forte pour être encore plus marquant. On utilise la plupart du temps une mise en gras.
  • Un style mixte, pour combiner la mise en évidence et la mise en gras.
  • Un style mise en évidence dans un texte en italique, qui permet de renverser la mise en italique si besoin.
  • Un style de Première phrase de chapitre si vous voulez changer la casse de vos débuts de chapitre par exemple (on peut le faire autrement dans Scrivener, mais la solution d’un style est plus interopérable avec les autres logiciels comme les traitements de texte).

Des styles de paragraphes :

  • Un style de corps de texte, la base de votre texte.
  • Un style de titre de chapitre, pouvant être ensuite décliné pour la façon dont vous allez numéroter les chapitres.
  • Un style de titre de parties, si vous en avez dans votre texte, pouvant là aussi être décliné pour la façon dont vous voudriez numéroter les parties.
  • Des styles de scènes, vous permettant de distinguer autrement qu’avec les signes typographiques de changement de scène deux moments différents dans une même séquence, comme des analepses ou des prolepses (flashbacks et flashforwards).
  • Un style de dédicace, qui marque déjà le texte sur la page adéquate.
  • Un style de mentions légales qui marque lui aussi le texte sur la page dédiée.
  • Un style de titre de scène ou de division de scène.

La traduction des styles en EPUB

Si vous êtes familier des usages d’écriture technique du web, tout cela va vous sembler basique.

Si ce n’est pas le cas, je vous conseille de vous pencher un peu sur les fondamentaux du langage HTML5. Vous pouvez vous référer à ce cours, que je trouve particulièrement didactique. Une autre façon de voir les choses est d’approcher la syntaxe d’écriture en markdown, une façon de coder des balises de manière très simple et presque naturelle.

Une balise est en effet simplement une marque qui entoure un mot ou un groupe de mots pour indiquer sa signification, sa fonction.

Si le titre de votre chapitre est « Introduction », par exemple.

Il sera indiqué en HTML5 par le code suivant :

<h1>Introduction</h1>

h1 est l’abréviation de header 1, c’est-à-dire entête 1 en bon français, pour désigner un titre très important, le premier en importance hiérarchique. Car un titre de chapitre sera plus important dans la hiérarchie qu’un titre de sous-chapitre. Mais on pourrait aussi imaginer que votre livre soit divisé en parties comprenant chacune plusieurs chapitres. Dans ce cas c’est le titre de partie qui sera le plus haut placé dans la hiérarchie (un header 1) alors que les titres de chapitre seront plus bas (des headers 2).

Cette hiérarchie des titres est essentielle, car elle correspond au codage du fichier HTML5 que vous obtiendrez dans votre livre au format EPUB. Le Titre1 deviendra une balise h1 (ou header 1), et votre Titre4 une balise h4 (ou header 4).

Chaque style sera transformé en une balise. Si vous utilisez Scrivener, ce sera automatique ou presque, lors de la compilation de votre texte en EPUB (on y vient plus bas).

Pour les styles les plus classiques, il suffira d’utiliser les balises simples du langage HTML5.

Par exemple : h1 à h6 pour les titres (titre du livre, sous-titre, titres de parties, titres de chapitres, titres de sous-chapitres…), blockquote pour les citations, em pour les mises en exergue, strong pour les accentuations fortes, p pour les paragraphes de corps de texte.

Mais lorsqu’aucune balise standard du HTML5 ne correspond à votre style, alors vous devrez choisir d’attribuer une classe à l’une de ces balises pour créer une sorte de nouvelle « sous-balise ».

Si l’on veut créer un style pour les analepses (flashbacks), on se rend vite compte qu’il n’existe pas de balise toute faite en HTML5. On peut donc choisir de créer une classe analepse pour certains paragraphes (balises p). Et ainsi chaque paragraphe de votre texte qui sera un flashback sera encadré par une balise notée <p class=”analepse”>.

Une fois que tout votre texte sera codé en HTML5, il sera complètement balisé pour l’application de lecture.

Si vous voulez savoir à quoi il ressemble, vous avez le choix entre deux possibilités.

Soit vous voulez voir le code, et vous devrez ouvrir le fichier correspondant avec un logiciel spécial baptisé « éditeur de code », sorte de traitement de texte spécialisé dans la gestion des balises. Je me sers de Brackets qui a l’avantage d’être libre et multiplateforme. Cela donnera ce genre de chose.

Soit vous voulez voir le résultat « lisible par un humain et pas par un cyborg », et sous devrez l’ouvrir dans un navigateur internet. Cela donnera ceci.

Vous trouvez ça moche ?

C’est normal, car vous n’avez fait que la moitié du travail jusqu’ici.

Vous n’avez fait que déclarer au navigateur (qui est le moteur de toutes les applications de lecture) quelles parties du texte correspondaient à quels styles.

Mais vous n’avez pas encore défini comment vous vouliez que soient ces styles.

Ça, c’est le boulot d’un autre fichier…

Here comes the CSS

Souvent nommé style.css, c’est un fichier qui n’est autre que la déclaration de l’apparence que vous voulez donner à chacun de vos styles.

Le langage CSS3 peut facilement s’apprendre, ici par exemple.

Pourtant, c’est lui qui sera le plus compliqué à paramétrer pour votre livre numérique, car les applications de lecture le gèrent de façon très personnelle. Et c’est un euphémisme.

Nous nous y pencherons plus en détail dans le troisième article de cette série, le temps pour vous de vous familiariser suffisamment avec lui. Sachez simplement que les logiciels qui permettent de créer un fichier EPUB à partir d’un texte classique créent un fichier CSS basique dont vous pouvez vous contenter si vous êtes peu exigeants.

Comme ce n’est pas mon cas, je vous montrerai donc comment obtenir ce que vous souhaitez précisément.

Et pour vous donner un exemple de son utilité, voici le rendu final du texte avec un code CSS fonctionnel basique, et le rendu final avec un code CSS mitonné aux petits oignons par mes soins. C’est mieux, non ?

Métamorphose du texte vers l’EPUB

Au contraire d’un fichier de texte (que son format soit DOC ou DOCX pour Word, RTF ou ODT pour LibreOffice), un livre électronique n’est pas un seul fichier constitué d’un seul tenant. C’est une sorte de dossier contenu dans une archive comme le format ZIP (si je vous parle chinois, allez voir quelques définitions de formats de fichiers ici). Nous explorerons d’ailleurs en détail les entrailles d’un livre EPUB dans le prochain article de cette série.

Il faut donc transformer notre fichier texte en une archive EPUB.

Nous pourrions le faire nous-mêmes, « à la main ». Mais ce serait pénible, tant la transition est complexe.

Alors, pour gagner du temps, il est utile de laisser un logiciel faire le plus gros du travail pour nous, car vous verrez, vous vous embêterez déjà assez comme ça lorsqu’il s’agira de peaufiner votre livre pour en faire quelque chose qui vous plaise vraiment tout en satisfaisant aux règles strictes et parfois capricieuses des logiciels de lecture électronique (vous vous souvenez, le CSS, c’est bien, mais le CSS qui marche bien partout comme on veut, c’est rare).

Bien sûr, cette étape ne donnera pas naissance au produit fini, mais plutôt à une ébauche, à une pierre brute que vous allez devoir patiemment polir en vous attaquant au code. Mais au moins, le gros du travail aura été fait d’un simple clic…

Il existe de soi-disant « éditeurs de livres électroniques », des logiciels dérivés d’applications pour créer des sites internet, comme Blue Griffon EPUB Edition, mais ils sont tous vendus très très chers pour ce qu’ils font… Personnellement, je préfère comme toujours la liberté, ce qui veut dire souvent mettre les mains dans le cambouis… le code…

Pourtant, les logiciels de traitement de texte habituels sont capables de produire un fichier EPUB à partir de votre texte.

Dans LibreOffice, cliquer sur Fichier > Exporter vers... > Exporter au format EPUB crée un fichier fonctionnel.

Pour ma part, comme nous l’avons vu dans l’épisode 1 de la série d’articles Making of a book, j’utilise Scrivener pour composer mes écrits, et je me sers donc de la fonction de compilation vers l’EPUB3 intégrée dans le logiciel.

Nous détaillerons dans l’épisode 3 de cette série les étapes de cette compilation, et je vais plus en profondeur dans les arcanes de cette opération dans une autre série d’articles. Mais il suffit pour l’instant de savoir qu’en cliquant sur Fichier > Compiler, et en choisissant le format de publication que j’ai partagé avec vous avec l’option EPUB3, Scrivener crée pour vous le fichier adéquat.

Ne reste plus qu’à tester son rendu sur votre tablette.

Vous remarquerez que le résultat est là encore perfectible. Même si c’est un excellent début, ce n’est pas encore un livre au rendu parfait car l’automatisation n’a pas préservé tous les réglages de styles. Pour cela, il faudra faire soi-même le travail en découvrant les entrailles du fichier.

Ce sera l’objet de notre deuxième épisode : EPUB Anatomy

Mais en attendant, il reste des choses à faire sur le texte lui-même, c’est-à-dire sa version HTML.

Maison de Corrections

Comme vous avez déjà lu le premier épisode de la série d’articles Making of a book, vous savez déjà qu’il est indispensable de corriger votre manuscrit une fois terminé. Et vous l’avez déjà effectué, parce que vous êtes formidable.

Mais dans le cas de la production d’un livre électronique, une étape de correction supplémentaire va devoir vérifier que le format EPUB garde toutes les modifications typographiques que vous aviez décidé de faire.

Ces espaces qu’il vaut mieux entendre crier

Car lorsque vous avez corrigé votre texte avec Antidote, ce dernier vous a obligeamment fait remarquer que vous deviez à certains endroits précis insérer des espaces insécables, des espaces fines ou des espaces fines insécables. La typographie est en effet régie par des lois strictes.

Si vous n’avez pas besoin de les connaître par cœur pour un format papier — Antidote faisant bien son travail — vous allez par contre devoir vous y familiariser pour le format électronique. En effet, l’exportation en EPUB, que ce soit avec LibreOffice ou avec la compilation de Scrivener, n’est pour le moment pas capable de gérer les espaces. Le fichier EPUB généré par ces logiciels va systématiquement comporter un seul type d’espace : les espaces normales sécables.

C’est ainsi qu’on se retrouve régulièrement, et même avec des livres numériques achetés dans le commerce, avec des horreurs du genre : un point d’exclamation tout seul en début de ligne et plus rien ensuite.

Je vous accorde que c’est un détail, mais au début, je vous ai bien dit que j’étais exigeant…

Si je mets autant d’énergie et de soin à écrire un texte qui me paraisse assez bon pour intéresser d’autres que moi, je refuse de le voir gâché par des bêtises de présentation.

Il est donc nécessaire d’entendre à nouveau parler vos espaces insécables, et vos espaces fines insécables.

L’idée est donc de corriger chaque chapitre ou chaque section de texte du fichier EPUB pour remplacer les espaces sécables par les codes indiquant au navigateur web qui sert de lecteur qu’il est nécessaire d’insérer des espaces particulières.

Vous allez me dire « c’est fastidieux ! » et vous auriez raison.

Voilà pourquoi je vous conseille deux méthodes.

La première consiste à vous servir de la fonction de rechercher/remplacer de votre éditeur de code (pour ma part, comme je vous l’ai dit plus haut, je me sers de Brackets) et de lui demander de faire les substitutions pour chaque règle automatiquement. Vous allez voir que c’est plus rapide, mais tout autant fastidieux. Car il faut faire une recherche pour les espaces derrière les guillemets ouvrants, puis une autre pour les espaces devant les guillemets fermants, puis une autre pour les espaces devant les points d’exclamation, puis une autre pour les points d’interrogation, etc.

Deuxième façon de faire, plus maligne, créer un petit programme qui fera ça tout seul suivant vos instructions. Vous n’aurez alors plus qu’à lui dire quel fichier inspecter, et le tour sera joué.

« Programmer ? Mais mon bon Monsieur, je suis un écrivain, moi, mais un programmeur ! Et même si je suis un geek parce que j’écris dans le domaine de l’imaginaire, je n’ai aucune envie d’apprendre un langage informatique ! Veuillez donc passer votre chemin avec vos balivernes et laissez-moi tranquille avec vos espaces insécables démoniaques ! »

Voilà en substance ce que vous pourriez me dire. Et là encore je ne pourrais vous donner tort.

Sauf que d’autres ont déjà bossé pour vous.

D’abord, Lizzie Crowdagger a créé un petit programme qui fait exactement le travail dont nous parlons. Il suffit d’apprendre à l’installer. Et je crois qu’il doit bien marcher… mais ce ne fut pas le cas pour moi. Je ne sais pas pourquoi, allez donc deviner… Peut-être parce que je suis sur Mac… Ou pas…

Essayez-le, car peut-être que pour vous ce sera un succès.

Mais si comme moi vous ne parvenez pas à le faire fonctionner correctement, alors, je vous livre ma solution personnelle.

BBEdit et Applescript à la rescousse des espaces

L’idée étant d’automatiser des tâches répétitives, il était tentant de se servir des outils déjà disponibles sur un Mac au départ. En effet, la petite application Automator est là pour ça. Mais si elle est extrêmement facile à prendre en main, elle n’est pas assez puissante pour faire ce travail seule.

Alors on peut se servir du langage de programmation maison d’Apple, l’Applescript.

Relativement simple, il est capable de commander une application à condition que les concepteurs d’icelle aient pensé à en donner la possibilité.

Or, Brackets n’est pas une application dite « scriptable ».

Qu’à cela ne tienne, il existe un éditeur de code qui est à la fois gratuit et scriptable : BBEdit.

Il ne me convient pas pour travailler en détail sur le code HTML ou CSS, mais il est entièrement scriptable et fera donc l’affaire pour automatiquement trouver toutes les espaces à changer dans mon texte.

Je vous propose donc, après avoir téléchargé le logiciel BBEdit, d’ouvrir l’application Éditeur de script qui se trouve dans les Utilitaires de votre Mac, et d’y coller le code suivant (en prenant soin d’enlever les \ situés avant les #) :

Mon Applescript de correction des espaces dans un fichier HTML

Puis enregistrez-le.

Lorsque vous aurez trouvé le fichier qui contient le code HTML de votre texte, qui devrait avoir un nom ressemblant à chapter.xhtml, vous l’ouvrez avec BBEdit. Puis vous cliquez sur l’icône play de l’Éditeur de script.

Presque de façon magique, tout devrait se corriger.

Et maintenant ?

Et bien maintenant que vous avez structuré votre texte, que vous l’avez exporté en EPUB et que vous avez corrigé les quelques erreurs de typographies laissées par cette métamorphose, il est temps de se préoccuper réellement de ce qui se cache dans ce fichier.

Pour être honnête, mieux vaut d’ailleurs que vous le sachiez avant, parce que sinon, vous allez vous retrouver avec un fichier EPUB et vous n’arriverez pas même à en ouvrir les entrailles pour trouver votre texte à corriger…

C’est le moment de faire une dissection.

Prenez vos scalpels, et rendez-vous dans le deuxième article de cette série : EPUB Anatomy.

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