Mon hygiène numérique

Mon hygiène numérique

Mon hygiène numérique

Pourquoi une hygiène numérique ?

Le monde numérique remplit désormais nos vies, pour le pire comme pour le meilleur, que nous le voulions ou non. Aucune des activités humaines n’échappe désormais en totalité à l’utilisation de la technologie numérique, sauf, peut-être, la contemplation, la méditation, l’hypnose.

Nous devons donc composer dans notre vie avec des machines, des logiciels, des applications, qui sont partout dans notre quotidien.

Nous pourrions laisser cela se faire sans y réfléchir vraiment. Après tout, c’est un mouvement que nos ancêtres ont initié à partir du moment où ils ont créé le premier outil. Ce que nous vivons aujourd’hui n’en est que le prolongement naturel, et nous avons en quelque sorte coévolué avec la technologie.

Pourtant, il me semble sage de rester conscients de ce que ces outils ont de différent avec ceux que nous avons développés durant des millénaires. À mon sens, le numérique n’est pas un outil comme un autre, car il se démarque de tous par un principe fondamental : il n’est pas entièrement contrôlé par celle ou celui qui le manipule.

Car, que vous utilisiez un marteau, une perceuse, un stylo, une casserole, un fer à repasser, une agrafeuse ou une tondeuse (à cheveux, barbe ou… gazon), vous serez l’unique responsable de ce que l’outil accomplira (moyennant le fait d’avoir appris à vous en servir) et personne d’autre ne pourra se servir de cet outil ou de ce que vous réaliserez avec, à votre insu.

Alors que depuis que l’informatique existe, et avant même l’avènement d’internet…

  • Un ordinateur peut être infecté par un ver qui corrompt vos données et détraque son fonctionnement.
  • On peut aisément introduire un cheval de Troie informatique capable d’ouvrir une porte dérobée dans votre machine, et lui faire accomplir ce que l’on veut alors même que vous ne le savez pas, transformant votre ordinateur en zombie.

Et depuis l’apparition de la Toile, c’est encore pire, puisque…

  • D’autres personnes peuvent s’introduire encore plus facilement dans votre machine et s’en servir de la même façon que ce qui est décrit plus haut.
  • Mais en prime, toutes les données que vous laissez sur internet, que ce soit volontairement ou non, peuvent être collectées et agrégées pour peu à peu être recoupées et ainsi construire un modèle de prévision de vos actions, ou au minimum, cibler des publicités économiques ou politiques à même de manipuler votre comportement.

Cela n’est pas de la paranoïa, ou une dystopie, c’est la simple réalité. Pour preuve :

  • Google utilise depuis belle lurette le contenu de vos mails stockés sur Gmail et de vos recherches sur son moteur pour cibler les publicités que vous voyez apparaître dans votre boîte électronique ou dans les résultats de recherche.
  • Facebook/Meta a vendu à une société nommée Cambridge Analytica les données de centaines de milliers de personnes en 2016, permettant à cette dernière de manipuler des votes.
  • Lors de la dernière élection présidentielle en Roumanie, un candidat a utilisé de faux comptes sur le réseau dyssocial TikTok pour manipuler les résultats à son avantage.

Et ce ne sont que trois petites gouttelettes dans un océan d’exemples, que vous pourrez aisément trouver, ironie ultime, sur la Toile elle-même.

Alors oui, je ne cesse de dire que les océans virtuels d’internet sont remplis d’îles merveilleuses, mais cela n’empêche nullement le fait qu’ils soient aussi infestés de monstres plus dangereux que les krakens.

Il est donc un fait indiscutable que les outils numériques sont un cas très particulier comparés aux autres catégories d’outils inventés par l’espèce humaine au fil de ses dizaines de millénaires d’existence.

Il ne suffit pas d’apprendre à quelles fins nous en servir, et comment les manier, ni même les règles de sécurité les concernant. Il est nécessaire de savoir aussi comment éviter que leur usage ne soit détourné contre nous-mêmes avec notre participation active.

Pour enfoncer le clou (au sens propre ?) : il est peu probable que vous laissiez quelqu’un guider le marteau que vous avez dans les mains pour planter la pointe en métal dans votre doigt au lieu de la planche de bois que vous visiez au départ… mais il est plus que probable que vous ayez déjà laissé quelqu’un (la même personne ?) accéder à des données sensibles vous concernant lui permettant de vous envoyer de faux messages électroniques vous poussant à lui donner votre code de carte bancaire…

La question à dix millions de bitcoins est donc : laquelle de ces deux situations vous paraît la plus grave ?

J’ai pour ma part une idée nette de ma propre réponse, et je parie que ce sera la même que la vôtre…

Enfin, si l’on considère le contexte international en ce début de printemps 2025, s’affranchir de notre dépendance aux grandes entreprises d’outre-Atlantique et encourager les acteurs européens peut aussi être une motivation. En général, les premiers basent leur modèle sur l’exploitation de nos données (mais ce n’est pas une règle absolue, et certains, comme les créateurs du navigateur Orion par exemple, défendent des valeurs très proches des règles européennes) et les seconds se battent pour au contraire les mettre à l’écart des appétits voraces.

Il est donc vital, sans exagération de ma part, même si beaucoup trop de personnes avec lesquelles je discute du sujet ont tendance à le minimiser, de développer une ligne de conduite réfléchie dans notre utilisation de l’informatique. Ce que l’on peut appeler une hygiène numérique, à mon avis, aussi fondamentale que l’hygiène corporelle.

Voici comment j’ai constitué la mienne.

Principes

Toute règle de conduite doit obéir à des principes simples, clairs et aussi précis que possible, qui en seront les guides.

Lorsque vous aurez un doute sur la manière d’agir, vous référer à ces principes clairs, simples et précis vous permettra de minimiser les risques de vous tromper. Ils agiront comme des phares dans la brume, pour éclairer votre jugement et vous aider à prendre une décision.

Le plus difficile sera alors de garder en tête ces principes à chaque instant de votre vie numérique.

Et je sais très bien que cela n’est pas aisé, car, comme nous le verrons, ces principes entrent bien souvent en friction avec des fonctionnalités numériques qui nous semblent très pratiques et nous promettent un gain d’efficacité, donc un gain de temps. Mais qui sont basées sur des fondations parfois déjà bancales ou infiltrées par des périls mortels.

En ce sens, le respect de ces principes vous demandera d’augmenter votre tolérance à la frustration. Ce qui, j’en ai conscience, est un exploit dans la société actuelle, dont l’évolution est plutôt orientée vers le contraire, faisant de nous des êtres de plus en plus immatures, car de moins en moins patients.

Après tout, pourquoi la vie numérique échapperait-elle à la loi la plus universelle de la vie tout court, à savoir : vivre, c’est surmonter des difficultés en y prenant le plus de plaisir possible ?

La règle d’or

Premier principe, fondateur, qui engendre donc tous les autres, la règle d’or est celle-ci :

Toujours agir de manière à rester, le plus possible, maître de l’outil.

Héberger ses propres données

Pour éviter que nos données soient utilisées contre nous, la meilleure façon de procéder est encore de ne jamais les confier à un tiers, de les garder sur nos propres appareils. Encore faut-il que ces appareils soient sûrs et qu’ils ne soient pas ouverts à tous les vents. Et parfois, héberger ses données n’est pas possible, ou pas tout à fait sûr en cas de défaillance de notre matériel (voir la règle des Trois). De même, le principe de la synchronisation de certaines données entre plusieurs de nos appareils, apparu avec le concept de cloud, est devenu quelque chose de si naturel dans nos vies qu’il en est presque indispensable. Il faut donc adapter ce principe en le déclinant avec des règles en cascade.

  • Utiliser un matériel (hardware) fiable. Faire attention à la marque et à la qualité du matériel (ordinateur, smartphone, tablette, mais aussi disque dur pour héberger ses données). Cela est souvent synonyme de : accepter de payer un matériel assez cher pour être de bonne qualité. Un vieil adage dont nous devrions toujours nous inspirer proclame que «il faut être riche pour acheter bon marché», car, nous en avons tous fait l’expérience, les produits les moins chers sont la plupart du temps fabriqués avec le moins de soin, donc très fragiles, et donc amenés à être remplacés très vite, ce qui au final, nous coûte plus cher que d’avoir mis un prix plus élevé pour nous offrir une qualité supérieure.
  • Paramétrer son réseau domestique (ethernet ou wifi) pour cacher le nom (SSID) du réseau wifi, imposer un mot de passe fort pour y accéder (norme WPA2 ou 3). Si possible, créer un réseau parallèle pour les «invités», qui ne croise jamais celui que vous utilisez avec votre famille.
  • Utiliser une application de gestion de vos mots de passe de confiance.
  • Acquérir et apprendre à utiliser un NAS (Network Attached Storage ou stockage de données accessible en réseau) de manière à se constituer un Cloud privé.
  • Apprendre à créer des comptes avec des droits d’accès pour chaque utilisateur de votre réseau et de votre NAS.
  • Apprendre à sécuriser l’accès à votre NAS depuis l’extérieur de votre réseau domestique (i.e. depuis le vaste internet).
  • Utiliser votre NAS pour créer :
    • Un Cloud privé où vous pourrez synchroniser les documents que vous voulez garder accessibles en permanence.
    • Un espace de sauvegarde de vos données.
  • Si possible, utiliser des services internet qui vous permettent d’héberger vos données sur votre NAS (exemple : Bitwarden, application de gestion de mots de passe, FreshRSS, un agrégateur de flux RSS). Cela demande par contre souvent des compétences techniques en informatique assez poussées, ce qui, hélas, réserve encore ces solutions à des geeks, ce que nous ne sommes pas forcément toutes & tous.
  • Si le service que vous voulez utiliser ne permet pas d’héberger vous-mêmes les données qu’il va engendrer, ou si cela dépasse vos compétences techniques (pour ma part, j’ai réussi à installer FreshRSS sur mon NAS, mais j’ai été bien incapable de faire la même chose pour Bitwarden) bien veiller à :
    • La fiabilité du service et de celui ou celle qui le propose.
    • L’endroit où sont stockées vos données (quel pays, avec quelles valeurs, quelles protections pour vous en cas de désaccord, de besoin de quitter le service). Cela veut dire, désolé de le dire, en Europe, et pas ailleurs, notamment pas aux USA.
    • Qui est légalement propriétaire des données, vous ou le fournisseur du service ? Si ce n’est pas vous, fuyez avant même d’y déposer un seul octet.
    • Que fait le service de vos données ? À quoi les utilise-t-il ?
    • Que les données soient chiffrées de bout en bout, c’est-à-dire cryptées avant de quitter votre ordinateur, et décryptées seulement lorsqu’elles atteignent à nouveau votre ordinateur ou un appareil vous appartenant, sans jamais être décryptées sur le trajet ou sur les serveurs ou les datacenters de la personne qui propose le service.

La Règle des Trois

Qui est aussi, c’est pratique, la troisième règle.

Protéger ses données, c’est aussi les protéger des accidents.

Il est donc recommandé par les spécialistes de réaliser trois sauvegardes différentes de ses données, qui seront entreposées dans au moins deux endroits différents, dont au moins l’un est hors de chez vous.

Empreinte écologique & énergétique

Parce qu’il est une évidence que les ressources matérielles et énergétiques dont l’espèce humaine dispose sont limitées, il est logique de limiter notre propre consommation de ces ressources. Si vous n’êtes pas convaincus de cet argument-là, alors prenez quelques instants pour réfléchir juste à l’aspect économique de la chose : si vous consommez beaucoup de ressources, notamment énergétiques, vous allez en payer certaines plus cher, ne serait-ce que l’électricité nécessaire.

Il est donc sage de :

  • Choisir, là encore, de s’équiper d’un matériel fiable et qui deviendra obsolète le plus lentement possible. Cela veut souvent dire accepter de le payer plus cher. Pour ma part, j’essaie toujours d’acquérir un matériel de milieu-supérieur de gamme au minimum, car les puissances informatiques nécessaires à certaines activités (vidéo, montage, audio) croissent de façon très rapide. Mon matériel étant assez puissant, je n’aurai vraiment besoin de le changer qu’après plusieurs longues années.
  • Choisir les données que vous voulez synchroniser et donc ce que vous consommez comme bande passante internet. Cela réduit à la fois votre consommation énergétique (donc écologique), mais aussi les risques que ces données soient interceptées ou utilisées par d’autres. Dans tous les cas, si vous les avez cryptées de bout en bout, vous serez plus tranquille.

Valeurs politiques

Nous sommes des animaux sociaux. Nous aimons interagir les uns avec les autres. Tout le succès évolutif de notre espèce est d’ailleurs la conséquence de notre capacité à nous organiser en groupes pour nous entraider et construire en commun.

Même les plus misanthropes d’entre nous ont donc besoin de leurs congénères. C’est-à-dire de nous tous et toutes.

D’ailleurs, aucune et aucun d’entre nous ne pourra s’empêcher d’interagir avec les autres sur la Toile.

Et par nature, chaque interaction sur le web est une trace de notre façon de penser, de nos valeurs.

Il est donc évident que ces interactions vont constituer peu à peu une banque de données permettant de savoir ce que vous pensez, ce que vous aimez, ce que vous détestez, vos qualités et vos défauts.

Nous laissons tous une trace numérique de nos opinions et de nos goûts, et tout cela reflète notre personnalité, mais cela promeut aussi, que nous le voulions ou non, certaines valeurs dans le comportement qui transparait de nos échanges avec les autres.

Nos écrits restent, et parlent de nous. Ils influencent aussi le comportement des autres. Si nous nous comportons comme des trolls, nous allons inciter les autres à interagir avec agressivité. Si nous sommes bienveillants et courtois, nous inciterons à ce que les autres adoptent plus facilement ce comportement eux aussi.

Il est donc fondamental de réfléchir à ce que nous voulons promouvoir sur la Toile. La bienveillance ? L’écoute ? La réflexion ? L’humilité ?

Je milite personnellement pour ces valeurs-là précisément.

Et dans ce cas, les deux règles que je me fixe sont :

Ne pas mettre les pieds sur un réseau dyssocial (ou les quitter, ce qui, je crois, est devenu vital). Cela m’évite de liker sans réfléchir et d’être exposé à la désinformation de masse, la publicité ciblée. Cela m’évite aussi d’offrir mes données à des gens mal intentionnés (coucou Elon !).

M’abstenir de commenter tout et n’importe quoi et surtout n’importe comment. Cela veut dire que je ne commente que lorsque j’ai quelque chose de pertinent à apporter à une discussion. Si ce n’est pas le cas, je me tais. Et il se trouve que je sais ne pas être spécialiste de tout, je laisse donc les vrais spécialistes apporter leur propre contribution. Je peux poser une question, mais sans m’arroger le titre d’expert autoproclamé quand le sujet sort de mon domaine de compétence. Je crois vraiment que cette humilité devrait être plus répandue parmi nos contemporains. Si c’était le cas, je suis certain que nous y gagnerions tous.

Un outil à notre service, et pas l’inverse

L’informatique, le numérique. Ce sont des outils. Pas des fins en soi.

Cela veut dire que nous devons apprendre à nous servir de cet outil, mais que sa finalité est surtout de nous aider à accomplir quelque chose. L’apprentissage ne doit donc pas être impossible : nous devons pouvoir modifier des paramètres de ces outils nous-mêmes, et pas nous laisser dicter ces paramètres par eux.

Donc :

  • Réfléchir (ce qui implique d’abord de se questionner sur ce que l’on fait déjà et ce que l’on voudrait faire de la même façon ou différemment) à ce que nous voulons faire avec ces outils, décider à quoi nous voulons les employer.
  • Éviter d’utiliser des algorithmes que nous ne pouvons pas infléchir ou paramétrer.
  • Apprendre, au contraire, à programmer et automatiser ce que l’on peut pour gagner du temps dans les tâches répétitives et s’en dégager pour se concentrer sur les choses importantes, comme la création artistique et l’expression, dans mon cas. Cela peut mener à apprendre des langages de programmation, ou à utiliser des paramétrages plus simples, mais accessibles.

Première conséquence : une «tech-stack» éthique & sûre à la fois

En bon français, la tech-stack, c’est l’«empilement technologique», c’est-à-dire la somme des technologies que nous employons comme outils, les paramètres que nous choisissons.

Vous pouvez découvrir ma propre tech-stack sur une page qui sera mise à jour régulièrement. Vous pouvez aussi regarder celle de Lionel Davoust, qui m’a donné l’idée de lister la mienne.

Je vais ici expliciter certains de mes choix, afin d’illustrer en quoi ils découlent des principes que j’expose plus haut. Peut-être, d’ailleurs, pour qu’ils vous inspirent à vous également.

Matériel

Je suis fidèle à Apple depuis pratiquement 20 ans sans interruption, mais je l’étais déjà adolescent puisque mon premier ordinateur était un Apple IIc. Non pas que je sois un fanboy, mais tout simplement parce que la qualité du matériel et du système d’exploitation, leur intégration, et leur robustesse sont telles que je change très peu souvent de machine, et que je peux créer ce que je veux avec peu de difficulté (différence avec Linux, que j’ai testé il y a longtemps). Autre avantage : la politique de sécurité de l’ensemble, depuis les fondations de macOS et d’iOS, est un gage supplémentaire de sécurité et de confidentialité par rapport à l’autre grande plateforme de matériel (Windows, que je subis dans mon métier depuis que j’ai quitté le libéral). Cela demande un effort financier conséquent, j’en suis conscient. Mais c’est pour moi le prix de la tranquillité d’esprit et de la facilité d’utilisation, me permettant de me consacrer à ce qui est réellement important, et pas à m’escrimer à réparer ce qui ne marche pas ou à m’adapter aux façons de penser étranges d’un système pensé uniquement pour des informaticiens.

J’ai acheté et paramétré mon propre NAS en 2018. Depuis, je ne me sers des clouds tiers qu’à la marge, et j’apprends de plus en plus à utiliser mon cloud privé pour moi-même, avec ma famille, mes amis.

Fournisseurs de services

J’ai fermé mon compte Google en 2019, ce qui implique également de ne plus utiliser Gmail. Je refuse depuis lors de confier mes données à une entreprise qui les utilisera pour les exploiter à mon détriment. Je n’ai pas les compétences ni le temps d’installer et maintenir un compte e-mail sur mon NAS. J’ai donc fait le choix d’assumer financièrement le coût d’un fournisseur de compte de messagerie électronique e-mail. Un fournisseur français, avec des serveurs physiques installés en Europe, où la loi empêche que mes données soient saisies ou utilisées par un État ou une organisation, quelle qu’elle soit. Mon choix aurait aussi pu se porter sur Proton Mail, créé par les scientifiques du CERN.

Comme moteur de recherche, j’ai jeté mon dévolu sur DuckDuckGo, car il est assez performant mais surtout, il ne revend mes données à personne. J’ai depuis peu découvert Swisscows, qui est ma foi assez rapide et plutôt pertinent, avec des valeurs de protection de la vie privée et soumis à la législation suisse, donc à l’abri des appétits des grandes firmes. Je n’utilise jamais Google Search.

Je n’utilise jamais Chrome. J’ai récemment découvert Orion, basé sur la technologie d’Apple pour son propre navigateur, Safari, mais qui permet d’intégrer des extensions venant de l’univers de Chrome ou de celui de Firefox. Autre fonctionnalité bien pratique : Orion est le seul navigateur de ma connaissance à savoir zapper les publicités envahissantes et omniprésentes de YouTube. Sans que je n’aie rien à faire. Et si vraiment j’ai besoin d’un navigateur de la galaxie Chrome, je choisis Arc, qui utilise les fondations du navigateur de Google, mais sans les backdoors qui envoient toutes les données aux serveurs de Google.

Logiciels : sans abonnement à une exception près

S’il est normal que les créateurs de logiciels et d’applications soient correctement rémunérés pour leur travail, il n’est pas normal, de mon point de vue, que les utilisateurs soient pris financièrement en otage avec un abonnement.

Je refuse donc d’utiliser les logiciels d’Adobe pour créer mes couvertures et mes maquettes de livres. J’ai par contre trouvé une alternative beaucoup plus abordable et à la fois équivalente avec la suite Affinity : Photo, Designer, et Publisher.

Le seul abonnement logiciel que j’accepte est celui qui est fourni par Obsidian pour synchroniser mon coffre personnel, car Apple bloque les autres solutions, y compris celle qui aurait été mon premier choix ; héberger les synchronisations de mon iPhone et de mon iPad avec mes Mac sur mon NAS. Les serveurs d’Obsidian sont hébergés en fonction de votre localisation dans le monde. Pour moi, c’est donc en Europe (en Allemagne plus précisément), avec les garanties qui vont avec, en plus de celle de crypter de bout en bout le contenu de mes notes.

Deuxième conséquence : des réflexes & une discipline

Avoir une bonne hygiène numérique, c’est un peu comme pour l’hygiène corporelle : il faut se laver régulièrement.

Cela ne se fera pas avec de l’eau et du savon (sinon vous allez perdre votre matériel et vos données), mais avec quelques habitudes à prendre, un peu de maintenance, aidée parfois avec une petite dose d’automatisation c’est-à-dire de «programmation» de votre machine. Si je mets le mot entre guillemets, c’est qu’il est un peu exagéré. Pas besoin d’avoir une maîtrise du code informatique de hacker, ou de se prendre pour Mr Robot. Non, il suffit de se servir des outils intégrés à macOS, dans mon cas, pour faire les choses en partie à ma place.

Mails

Le temps que nous passons quotidiennement à écrire, lire, répondre, classer des messages électroniques est proprement ahurissant. Pour notre travail, pour nos affaires administratives, pour nos loisirs, avec notre famille, avec nos amis, avec nos contacts, et, comme si cela ne suffisait pas, il y a les newsletters et les messages de confirmation de commandes, d’inscription, etc., etc.

Vous aussi, vous vous sentez parfois proche de vous noyer là-dedans ?

À mon sens, rien ne sert de vouloir une hygiène numérique si on ne s’occupe pas de ce chantier en priorité.

Alors, voilà ce que j’ai mis en place.

Limiter les mails

Le mail le plus simple à classer, c’est celui qui n’existe pas.

Donc, je limite mes mails.

Je limite d’abord ceux que j’envoie.

J’essaie de ne pas spammer mes amis, et je n’envoie ma propre lettre d’écaille & de plume que tous les trois mois. Là, il est vrai que je triche un peu, parce que cette lettre d’écaille & de plume est très longue, souvent plus de 4 000 mots. C’est que, me semble-t-il — mais peut-être n’est-ce qu’une nostalgie de boomer qui regrette un peu les longues missives de son enfance —, il est plus agréable de recevoir un long message construit qu’un petit mail qui ressemble à s’y méprendre à un message instantané de ces réseaux dyssociaux que je hais.

Je limite ensuite ceux que je reçois.

Je refuse de donner mon adresse mail aux commerçants qui me le demandent (comprendre parfois : me l’imposent).

Je ne m’inscris qu’aux newsletters dont je sais qu’elles correspondent à des informations que je veux réellement suivre sur le long terme. Et je me désinscris des autres. Je traite les newsletters auxquelles je reste abonné d’une façon particulière, comme nous le verrons plus bas.

Marquer les mails

Je me sers des règles de filtrage que proposent la plupart des fournisseurs d’adresse mail pour marquer d’un drapeau (c’est la seule marque que je trouve à peu près pratique dans Mail d’Apple, qui n’a hélas toujours pas de fonction de tag ou étiquette, même en 2025) les messages que je reçois, afin de différencier d’un premier coup d’œil :

  • Les newsletters.
  • Les mails administratifs à traiter urgemment.
  • Les mails à lire plus attentivement.
  • Les indésirables (dont les newsletters auxquelles je n’arrive pas à me désabonner parce que… parce que certaines entreprises ne respectent pas la loi (i.e. s’en foutent parce qu’elles ne sont pas sur le territoire européen).

Puis, au fur et à mesure de mon processus de traitement des mails, je change éventuellement le drapeau.

  • Un drapeau signifiant que je suis en attente d’un retour du destinataire.
  • Un drapeau signifiant que je dois faire un retour à l’expéditeur.

Et lorsque ce retour est fait ou obtenu, et que la conversation est terminée, alors je passe à l’étape d’après :

Archiver ou supprimer ?

Une fois qu’une conversation par mail est terminée, je dois faire ce choix (cornélien ?).

C’est le plus souvent très facile.

Est-ce que je veux garder une trace de cette conversation ? Si la réponse est oui, j’archive la totalité de la conversation (mais je fais attention aux pièces jointes). Si la réponse est non, je supprime la totalité de la conversation, après avoir décidé quoi faire des éventuelles pièces jointes.

Archiver les newsletters

Pourquoi vouloir archiver des newsletters ?

Après tout, ce sont souvent des outils de promotion.

Pas seulement. Il y a des newsletters qui ont été le début de réelles conversations. Ce sont d’ailleurs presque les seules auxquelles je sois encore abonné. Comme toutes les conversations, il arrive que je veuille les garder, les archiver. J’applique alors la méthode précédente.

Il se peut aussi qu’elles renvoient vers des articles sur la Toile qui peuvent me servir de référence. Dans ce cas, je me rends sur l’article en question sur le site adéquat, et je le capture selon la méthode que je développe plus bas.

Cas particulier des archives de mes newsletters

En ce cas, je veux garder une archive du mail tel qu’il a été envoyé. J’ai déjà une archive du texte que j’ai écrit (dans un fichier Scrivener, en fait, un par année), mais j’aime garder une trace de la newsletter telle qu’elle a été envoyée aux Ptérophidiennes & Ptérophidiens.

En ce cas, je suis le lien en haut du message, qui permet de le voir sur un navigateur internet, et je l’enregistre ensuite comme une archive web, ce qui me permet d’avoir une version codée en HTML et CSS de la lettre d’écaille & de plume originelle.

Les pièces jointes

Elles peuvent peser très lourd dans un mail, et parfois, sans vraiment mériter d’être conservées.

Or, si vous archivez définitivement un mail avec ses pièces jointes inutiles… eh bien, vous perdez de l’espace disque sur votre ordinateur, qui est déjà saturé de vidéo et de musique… à moins que… bien sûr, avec le streaming… nous ne téléchargeons plus autant… mais quand même…

Bref, avant d’archiver pour la première fois (donc, pas en local, mais encore dans les archives du serveur de messagerie), je «détache» les pièces jointes, je les enregistre sur mon ordinateur si elles sont assez importantes pour être conservées (et je les tague, mais on en parle un peu après), ou je les supprime complètement de l’ordinateur comme du message et de la boîte mail, si elles ne le sont pas (importantes).

Je ne garde donc que le meilleur.

Archiver hors ligne

Il faut cependant savoir que, lorsque vous archivez une conversation contenue dans une boîte mail synchronisée selon le protocole IMAP (c’est le cas le plus fréquent, et de loin, le vieux protocole POP étant tombé en désuétude), ladite conversation est toujours stockée sur le serveur de votre fournisseur de messagerie. Ce qui veut dire que vous pouvez y avoir accès depuis tous vos appareils, ce qui est bien. Mais ce qui veut dire aussi que vous consommez de l’espace disque quelque part dans un datacenter et que vos données sont potentiellement accessibles à d’autres (même si, bien évidemment, vous avez pris la précaution de choisir un fournisseur de messagerie éthique, fiable et sérieux), et ça, c’est mal.

Donc, comme il est peu probable que j’aie besoin de retrouver sur tous mes appareils une conversation archivée depuis plus de 3 mois, je programme un déplacement des archives de tous mes comptes de messagerie en IMAP vers une archive hors-ligne sur mon ordinateur principal. Comme ça, je peux toujours y avoir accès si besoin, mais depuis un seul ordinateur, ce qui n’est pas très gênant pour une conversation qui a des chances de ne plus jamais refaire surface.

Par précaution, de toute façon, le contenu de tout mon ordinateur principal (actuellement, c’est Janus, mon MacStudio M1 Max) est sauvegardé en permanence via Time Machine, dont ces fameuses archives mail.

Vider mes indésirables

Le courrier indésirable, autrement appelé spam, est une vraie catastrophe pour l’Humanité.

Il y a quelques années, on chiffrait déjà la proportion de spams à 80 % des messages électroniques échangés dans le monde.

De plus, ils sont souvent de véritables hameçons pour vous inciter à donner vos codes de messagerie, de carte bleue, ou autres, à des hackers mal intentionnés à votre égard.

Donc, la mission de beaucoup de monde est de les éviter.

Il existe des règles intégrées à Mail d’Apple pour cela, mais, si on veut être certain de ne pas perdre un mail important qui se serait égaré par mégarde dans le spam, il est sage de garder les mails quelque temps en quarantaine. Trente jours sont pour moi un bon tempo. Mais cela veut dire que vous gardez des mails pourris pendant ces trente jours, et qu’il faut ensuite penser à vider la boîte où vous avez entreposé ces mails pendant leur quarantaine. Sinon, vous allez les garder très très très longtemps.

J’ai donc juste une autre règle de filtrage (encore une), pour automatiquement détruire les mails indésirables après 30 jours de quarantaine. Cela me force à regarder régulièrement s’il y a des courriers indésirables bloqués, et de les rediriger si besoin vers une boîte aux lettres s’ils s’avèrent être de vrais mails.

Bookmaker ou Bookmarker ?

Je parie (bookmaker ?) que ce jeu de mots vous laisse pantois…

Mais en fait, je parie surtout que, comme moi, vous avez déjà enregistré plus d’un millier de sites internet dans vos bookmarks, vos marque-pages ou signets en français, dans vos divers navigateurs internet. Car oui, je parie aussi que vous utilisez plusieurs navigateurs.

Comme moi, vous avez dû de temps à autre vous colleter avec des sites qui ne marchent pas correctement avec Safari mais avec Chrome, pas avec Chrome mais avec Firefox, pas avec Firefox mais Safari, etc. Vous avez donc des collections de marque-pages internet dans chaque navigateur… et, comme moi auparavant, vous êtes perdus…

Certaines d’entre vous ont peut-être déjà résolu ce problème en utilisant un logiciel de gestion des signets, comme Raindrop, Pocket, ou Instapaper.

Moi aussi. J’avais choisi Raindrop. C’était parfait parce que cela s’intégrait parfaitement à mes navigateurs.

Mais.

Mais je me suis rendu compte que ces signets sont des références que je n’utiliserai plus ou vraiment pas souvent, et dont je pourrais aisément me passer, ou dont je pourrais intégrer les informations dans mon réseau de savoir, c’est-à-dire dans Obsidian. Je ne vous ai pas encore vraiment parlé d’Obsidian. Mais, en attendant que je le fasse peut-être un jour, allez voir ce qu’en dit Lionel Davoust. Vous verrez, c’est un outil presque parfait.

Bref, je me sers d’Obsidian aussi pour gérer mes signets.

Soit dans des notes réalisées exprès dans ce but, et colligées dans une note spéciale appelée une Carte des matières (ou map of content, MOC en anglais).

Soit dans des «photographies» (clippings en anglais, qui n’a pas vraiment d’équivalent en français) de certaines pages de certains sites, parfois avec des mots ou des paragraphes surlignés par mes soins, et auxquels je peux faire référence dans mes autres notes. J’utilise pour cela une extension de mon navigateur internet nommée Obsidian web Clipper.

L’avantage de cela ?

Il y en a plusieurs.

  • Je ne dépends plus d’un fournisseur extérieur pour conserver mes signets et les synchroniser, puisqu’ils sont tous dans Obsidian.
  • Je peux les relier comme je le veux à mes notes écrites dans Obsidian par moi-même, et parfois faire des liens entre les pages et des synthèses pour trouver mes propres façons de faire.
  • Les liens peuvent s’ouvrir dans tous les navigateurs que j’ai à disposition.
  • Les liens sont centralisés une fois pour toutes.
  • Le nombre de signets réellement sous cette forme est beaucoup plus faible ainsi.

Organiser mes fichiers

Mais il n’y a pas que les mails et les signets, donc pas qu’internet, dans la vie numérique.

Il y a d’abord tout ce que nous avons téléchargé d’internet.

Et aussi (et surtout, je dirais, dans mon cas) ce que nous avons produit nous-mêmes.

Je suis certain que vous connaissez le problème principal de tout cela : un dossier qui contient trois dossiers qui contiennent chacun trois autres dossiers dont chacun contient plusieurs dossiers à leur tour, où vous allez stocker vos fichiers… mais au final, dans lequel des sous-sous-sous-sous-dossiers avez-vous mis ce fichier si important ?

Vous allez me dire qu’il existe la fonction de recherche de votre ordinateur pour cela. C’est vrai que Spotlight sur Mac fait des merveilles (je suis plus nuancé sur la fonction de recherche de Windows).

Pourtant, cela ne marche pas tout le temps.

Pour preuve, si vous avez un dossier Administratif dans lequel vous mettez tout ce qui concerne votre maison (sous-dossier) et aussi vos impôts (autre sous-dossier du dossier Administratif), dans lequel des deux sous-dossiers allez-vous ranger l’avis d’impôts fonciers ? Parce qu’après tout, cela concerne la maison, mais c’est un impôt…

Vous me direz que vous allez choisir un des deux au hasard ou selon ce qui vous paraît le plus logique.

Mais êtes-vous sûre et certain que vous allez faire ce même choix dans un an ?

Pour ma part, alors que je suis quelqu’un de constant et d’organisé, je me suis rendu compte que j’avais des avis d’impôts fonciers dans les deux sous-dossiers…

Et si cet exemple vous paraît trivial, ce n’est que parce que nous nous intéressons simplement à un seul niveau de sous-dossiers. Quand vous en avez cinq imbriqués…

Voilà pourquoi j’utilise depuis peu, en plus de mes sous-sous-sous-sous-dossiers (comme vous), une structure de dossiers favoris inspirés du framework (en français, cadre de travail) ACE pour Atlas, Calendrier, Efforts. Je vous en ai déjà touché quelques mots lorsque nous avons parlé il y a peu de ma nouvelle façon de préparer et Présenter mes parties de jeu de rôle. Cette structure a été pensée et développée par Nick Milo pour Obsidian au départ, mais peut parfaitement s’adapter pour organiser les fichiers d’un ordinateur.

J’utilise donc cette structure pour recenser mes fichiers grâce aux tags de macOS (voir plus bas).

Cela donne :

  • Le dossier Atlas, où je rassemble toutes les ressources me permettant d’écrire, monter, etc. Cela veut dire les manuels électroniques, les tutoriels en PDF, les cartes mentales que j’ai construites avec Scapple sur différents sujets, et bien d’autres choses.
  • Le dossier Calendrier (ou Chroniques pour Janus) où je rassemble d’une part mes archives administratives annuelles, organisées par année avec une structure déclinée ensuite de la même façon tous les ans, et les fichiers que j’appelle des traqueurs et qui servent à suivre des consommations, les ISBN de mes livres, des taxes, les références des articles et des pages de ce site, etc.
  • Le dossier Efforts, où je regroupe tous les projets que je mène, professionnels, artistiques ou personnels, classés suivant leur état d’avancement (voir mon utilisation des tags) : publiés, achevés, en cours, en germe, en sommeil.

Cela me permet de savoir que, même si un document n’est pas précisément rangé, je saurai où le trouver le plus facilement. D’autant plus que j’utilise dorénavant de façon extensive les tags de macOS.

Me servir des tags

Si vous connaissez les tags de Gmail, alors vous allez être déçus. Ou pas.

Le principe d’un tag est le même que le fameux hashtag ou #hashtag. C’est une sorte de mot-clef que vous accollez à un fichier informatique, afin de le catégoriser. Cela fait partie de ce que l’on appelle les métadonnées ou metadatas. Comme le nom du fichier, son poids informatique (la place qu’il prend dans la mémoire), son auteur, son extension de fichier (en gros par quel logiciel il peut être ouvert), son type MIME (si c’est une image au format JPEG ou HEIV, un audio au format MP3 ou OGG, un texte en format PDF ou DOCX, bref, vous voyez l’idée).

Chez Gmail, vous pouvez créer autant de tags que vous voulez. Au risque de ne plus trop savoir si vous avez décidé de catégoriser les mails de la nounou de votre enfant #nounou ou #nourrice. Et de vous perdre donc au lieu de vous y retrouver.

Chez macOS, les tags sont obligatoirement des pastilles de couleur, c’est-à-dire que, si vous voulez les différencier entre eux facilement, vous serez limités à sept, comme le nombre de couleurs dans l’arc-en-ciel (la huitième posera sans doute quelques problèmes à votre ordinateur, mais aussi à vous, je pense, si l’on en croit Terry Pratchett ou Howard Phillip Lovecraft). Cela pourrait être vu comme un inconvénient, mais je pense que c’est au contraire une très bonne chose, car cela évite de se disperser dans des termes si divers que l’on ne s’y retrouve plus. La contrainte est parfois une chance, comme dans la création artistique. Bref, ce choix limité guide nécessairement vers une option efficace, celle d’utiliser les tags pour marquer des états ou des statuts de fichiers. J’ai donc choisi de les utiliser pour qualifier l’utilisation que j’ai d’un fichier.

Pour moi, donc :

  • Bleu = ressource ou modèle (pour le coup, j’ai créé deux tags avec cette couleur).
  • Rouge = traqueur.
  • Jaune = à lire.
  • Orange = (projet) en sommeil.
  • Blanc = (projet) en germe.
  • Gris = (projet) en croissance.
  • Vert = (projet) achevé.
  • Mauve = (projet) publié.

La combinaison des tags d’un fichier et de son emplacement, va m’aider à retrouver assez vite ce que je cherche.

Conclusion temporaire

Oui, forcément, cette conclusion est temporaire, car les technologies avancent vite, très vite.

Nous n’avons pas abordé le sujet très complexe, délicat et controversé de l’I.A. et de la façon dont je l’utilise éventuellement. Ce sera pour un prochain article, que je promets aux Ptérophidiennes & Ptérophidiens depuis maintenant deux ans, mais qui mûrit à son rythme.

Pourtant, les technologies I.A. vont probablement bouleverser un peu ce qui précède.

D’abord parce qu’elles ont un besoin gargantuesque de données pour les nourrir et les faire progresser. Cela va accentuer la pression sur nos propres données, donc probablement réduire nos choix et nous forcer à arbitrer encore plus entre confort d’utilisation et protection de la vie privée.

Ensuite, parce que d’un autre côté, l’intégration d’une I.A. à nos systèmes (macOS, iOS, Windows, etc.) pourrait nous aider à mieux organiser nos mails et nos fichiers, et augmenter nos capacités de recherche interne via Spotlight, par exemple.

Il existe déjà des modèles de langage (autre nom des I.A. génératives) qui tournent en local c’est-à-dire sans jamais quitter votre ordinateur ni envoyer de données dans des serveurs, et qui peuvent être branchés sur, au hasard, Obsidian.

Tout ceci va évoluer avec les techniques, mais aussi avec les relations diplomatiques, notre capacité à affirmer ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas, individuellement mais aussi collectivement.

C’est pour cela qu’une seule chose ne doit pas bouger : notre aptitude à réfléchir par nous-mêmes et à évaluer ce qui se passe à l’aune de nos principes. Pour ma part, je suis convaincu que les meilleurs auxquels se référer en permanence sont les Six Principes que j’énonce dans cet article. Car, sans avoir peur de me répéter : ce sont les Principes qui nous permettent de déterminer notre conduite quand tout bouge autour de nous. Ils nous offrent un guide de réflexion et nous empêchent de nous fourvoyer. Du mieux possible en tous les cas.

Rendez-vous donc dans quelque temps pour une très probable suite de cette conversation…

Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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De l’importance du vocabulaire sur la pensée, partie 1 : Je ne publie pas des contenus

De l’importance du vocabulaire sur la pensée, partie 1 : Je ne publie pas des contenus

De l’importance du vocabulaire sur la pensée, partie 1 : Je ne publie pas des contenus

Je suis un vieux con.

C’est du moins l’impression que j’ai de plus en plus souvent lorsque je ressens ce mélange de colère désabusée et de nostalgie irritée à la lecture du vocabulaire de l’Internet des années 2020.

Je dois être au minimum dépassé. Voire réac’.

Je pense être quelqu’un de résolument humaniste et progressiste sur le plan social.

Mais, que voulez-vous, entendre certains mots à propos de ce que l’on peut rendre public sur la Toile, sur ce que l’on crée, sur les raisons pour lesquelles il est légitime de le faire… tout ça me rend chafouin.

Non, décidément, je dois être un vieux con.

Comment expliquer autrement le fait que mes poils se hérissent à la lecture ou l’écoute de certains mots, de certaines expressions ?

C’est que, comme écrivain, comme individu, comme soignant, je suis persuadé que les mots ont un pouvoir. Un énorme pouvoir. Celui d’influencer la pensée de celui ou celle qui les utilise. Chaque mot a la capacité de modeler le raisonnement, de faire naître une certaine vision du monde, ou du moins de diriger l’attention des locuteurs qui l’utilisent ou l’entendent dans une direction bien particulière. Avec des mots, les écrivains, les poètes, les journalistes, les politiques, les séducteurs influencent leurs publics, aussi divers puissent-ils être.

Utiliser un mot plutôt qu’un autre est donc un choix, conscient ou pas, qui vise à produire un effet bien spécifique. Ainsi, vous n’aurez pas pu manquer que ma première phrase n’est pas anodine.

Plus encore, les mots sont les briques de la conceptualisation, donc de notre façon de percevoir ce qui nous entoure. Si je dis «une personne», mon interlocutrice et moi allons immédiatement visualiser un être humain un peu neutre, flou. Si j’écris «un individu», la connotation péjorative aura déjà fait naître une image beaucoup moins agréable et très orientée.

Jusque là, la raison de mon agacement ne vous a peut-être pas encore sauté aux yeux.

La voici donc dans toute sa crudité : je suis agacé au plus haut point par le jargon qui s’est développé sur Internet ces dernières années avec l’essor des réseaux dysociaux mais surtout de l’ère des influenceurs, youtubeurs et autres community managers. Ce jargon qui contamine peu à peu toutes les personnes qui publient et créent sur la Toile. Ce jargon qui réduit tout ce qui se passe en ligne à une transaction commerciale.

Et ce qui m’irrite encore plus, c’est que personne n’à l’air de s’en soucier.

Tout le monde s’en fout, pour paraphraser le titre d’une chaîne YouTube que j’aime beaucoup malgré ses défauts, dont le moindre n’est pas d’être sur YouTube, justement.

Eh bien pas moi. Et dans cette petite série, je voudrais exposer mon propre vocabulaire de substitution, pour résister à ce formatage.

Si vous ressentez la même chose que moi, peut-être que vous utiliserez les mêmes mots que moi et que nous pourrons proposer une autre façon d’envisager internet. Mais ne vous faites pas trop d’illusions.

Le destin fait rarement plaisir aux vieux cons.

Le contenu

Aujourd’hui, il ne faut plus dire qu’on sort une vidéo. On n’a plus le droit de penser que l’on publie un article ou qu’on a édité un podcast. Non. Aujourd’hui, dans les années 2020, on publie forcément des contenus.

C’est vrai, c’est pratique.

Un contenu, ça englobe tout ce qu’on peut balancer sur la Toile.

Un article sur les 10 manières de coiffer les franges des chihuahuas comme une vidéo de conseils sur la meilleure façon de réussir la pâte à crêpes, un long cours écrit sur l’origine des barrages en Chine ancienne, ou un petit délire musical parodiant Thriller de Michael Jackson avec des paroles en javanais.

Oui, c’est pratique.

Mais surtout pour peu à peu vous faire intégrer que tout ceci n’est pas le plus important, finalement. Que tout ceci est interchangeable, standardisé. Que l’essentiel est ailleurs. Dans l’intention cachée derrière cette publication. Ou dans le contenant, dont on ne parle jamais, bizarrement, alors qu’il est un implicite constamment présent lorsqu’on parle de contenu, comme l’ombre l’est quand on parle de lumière.

Le nom générique et neutre : un appauvrissement du vocabulaire, donc de la pensée

Finalement, tout se vaut.

La vidéo qui aura pris des jours de tournage, des heures de montage et de postproduction afin d’expliciter une notion ardue d’un côté, et le texte de 150 mots pondu à l’arrache pour plus ou moins présenter un concept dispensable de l’autre. Ben oui, tout se vaut, puisque ces deux objets, qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre, sont tous les deux des contenus

Or, la diversité de ce qui est publié sur la Toile est presque infinie.

Vouloir réduire cette infinité est non seulement impossible, mais surtout une entreprise d’appauvrissement.

La richesse du vocabulaire induit la richesse de la conceptualisation.

La pauvreté du vocabulaire induit un appauvrissement de cette même conceptualisation. Elle abaisse notre capacité à appréhender la diversité, les nuances. Elle induit des raisonnements simplistes, elle réduit notre capacité à comprendre les subtilités du monde. Elle provoque chez nous des comportements binaires : l’accord sans distance ou l’opposition sans discussion possible. Elle fait naître les trolls.

C’est une des raisons pour lesquelles je refuse d’abaisser le niveau de langage de mes écrits pour les rendre plus «accessibles». Ce n’est pas à moi d’abaisser mon vocabulaire, c’est au lecteur, à la lectrice, de faire l’effort de découvrir de nouveaux mots, de nouvelles expressions, de nouvelles images, d’enrichir son propre lexique de métaphores, de sensations, de liens, comme je fais l’effort de mon côté de proposer ce que je sais faire de mieux.

L’art ne vise pas au consensus, il vise à enrichir la complexité du monde, à l’enrichir d’une vision singulière, donc distinctive, donc irréductible à quoi que ce soit d’autre.

Tout ne peut donc pas être regroupé sous un même vocable interchangeable.

Un contenu, finalement, c’est quoi ? Un salmigondis informe, vague, composé d’ingrédients totalement indiscernables les uns des autres. Parce qu’il ne faut pas oublier ce que veut dire le mot.

Un contenu, c’est tout ce qu’on veut qui peut être contenu dans un récipient. Dans un contenant.

Le contenant

Il n’est pas anodin que le mot contenu ait d’abord été utilisé sur les réseaux dysociaux.

Se présentant comme de puissants vecteurs de diffusion permettant de mettre en relation des créateurs et leurs publics, les plateformes comme YouTube ou Facebook s’efforcent de nous convaincre que le plus important pour elles est ce que nous leur confions.

Arrêtons d’être naïfs.

Le plus important pour YouTube, c’est YouTube et ses profits. Peu lui importe que ces profits soient générés par de la publicité sur votre vidéo ou sur celle de votre voisin. Pour YouTube, toutes les vidéos se valent et sont interchangeables dans leur potentiel de rapporter de l’argent. Votre création est un contenu. Mais ce qui importe à YouTube, c’est que le contenant tire son épingle du jeu.

Peu importe si votre bouteille contient de l’eau ou du lait. L’important c’est que vous avez d’un côté une bouteille d’eau et de l’autre une bouteille de lait. Le seul point commun, ce n’est pas le contenu, c’est bien la bouteille. Et finalement si c’est le seul point commun, c’est bien la seule chose qui ait de l’importance. Comme un alcoolique sera indifférent au contenu de cette bouteille pourvu qu’il y ait de l’alcool et ne distinguera pas un grand cru d’une piquette de supermarché.

La logique du Maître adoptée par l’Esclave

Que YouTube utilise le mot contenu est dans sa logique. C’est compréhensible. Et quelque part, c’est même sain parce que c’est une façon d’afficher la couleur. Une sorte de sincérité involontaire qui proclame bien haut :

Je veux faire du fric sur ce que tu vas publier via ma plateforme, et c’est en gros tout ce qui m’intéresse.

Il est plus difficile de comprendre que les créateurs eux-mêmes se soient approprié le terme et l’utilisent sans véritablement mesurer son impact.

Les mots que nous utilisons reflètent la façon dont nous voyons le monde, dont nous interagissons avec lui. Plus important encore, ils conditionnent nos actes et nos relations avec les autres.

Il n’est pas neutre de parler de contenus au lieu d’œuvres, ou simplement de créations. C’est un choix beaucoup plus politique et beaucoup plus important que nous le croyons. Sans tomber dans le politiquement correct, faire attention aux mots que nous utilisons, c’est éviter de nous soumettre à des idées qui sont contraires à nos propres intérêts, c’est aussi éviter de nous soumettre volontairement au pouvoir que les plateformes ont sur nous.

Car les mots sont le pouvoir, comme le savent tous ceux et toutes celles dont le métier est d’influencer les autres, quel qu’en soit le but.

On peut user de ce pouvoir pour aider ceux et celles qui en sont l’objet, comme le font les psychologues et les soignants en général. On peut le faire pour donner à rêver, à réfléchir ou à s’évader comme c’est le cas pour les artistes, écrivaines et chanteuses, les acteurs. On peut le faire pour vendre des biens matériels ou des idées, comme les publicitaires et les politiciennes.

Adopter le langage des plateformes, c’est se soumettre à l’influence de leur façon de voir le monde, et ce monde-là est fait pour elles, pas pour nous. Adopter leur langage, c’est donc nous emprisonner volontairement, nous aliéner, nous enchaîner à leur futur plus ou moins dystopique.

Ce que je choisis de nommer

Je décide donc de nommer ce que je libère sur la Toile, ce que je partage, ce que je confie, ce que j’offre. Ou ce que je vends.

Je décide que ce sont des articles, ce sont des podcasts, des vidéos, des poèmes, des nouvelles.

Je choisis de nommer tout ceci mes créations.

J’en suis le démiurge. J’accepte que mes créations puissent s’émanciper. De moi comme des canaux qui les transportent.

Je choisis de considérer que mes créations puissent se suffire à elles-mêmes sans dépendre de la façon dont je les diffuse, du carton qui les contiendrait ou du biais par lequel elles pourraient atteindre leur public. Cela implique le refus des DRM, des verrous numériques. Cela signifie aussi que les exclusivités ne doivent répondre qu’à un seul but : le lien privilégié avec le public de ces mêmes créations.

Je ne suis pas, heureusement, le seul à penser cela, mais pourtant, cette lucidité est encore trop peu partagée sur Internet.

Vous aussi, osez faire naître des créations

Et parlez-en comme telles.

Elles sont plus importantes que le vague sac numérique qui les porte vers votre public.

Car ce qui est vraiment essentiel réside dans ce que vous avez créé.

Le proverbe le dit bien :

Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse.

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Le livre papier et moi

Le livre papier et moi

Le livre papier et moi

J’aime lire. C’est pour moi un plaisir véritable, de ces plaisirs qui rendent la vie si belle que je ne la conçois pas sans. J’aime lire pendant des heures, la journée comme la nuit. J’aime être accroché par une histoire, emporté dans un univers. J’aime ce plaisir de me glisser dans d’autres mondes, dans d’autres vies que la mienne.

Pendant longtemps, je ne me suis pas posé de questions sur la façon dont je lisais.

Et puis la lecture numérique a fait son apparition, à la faveur des liseuses, d‘Amazon, du Kindle et de l’ePub.

J’ai résisté, longtemps. Et puis j’ai fini par essayer, en adoptant un iPad qui me permettait de me dire que ce ne serait pas que pour lire, mais aussi pour écrire, parfois, lorsque je ne suis pas chez moi.

Et j’ai aimé la lecture numérique.

Au point de publiquement le déclarer quelque temps après la naissance de ce site, dans un des premiers articles.

Et les années ont passé.

J’ai beaucoup lu sur écran. Puis, imperceptiblement, j’ai ressenti comme une lassitude.

J’ai vécu ma première expérience de réalisateur de livre, en créant à la fois la maquette papier et la maquette numérique du Choix des Anges.

Étonnamment, je me suis rendu compte que ce livre se vendait presque exclusivement en format papier, contrairement à tous les retours que pouvaient faire les auteurs et les autrices qui produisent dans le même genre littéraire que moi, l’imaginaire. Pour cinquante ventes en format papier, je n’ai à ce jour qu’une seule vente numérique… Un mystère que j’ai du mal à m’expliquer, puisque je sais avec certitude que le livre est parvenu à dépasser le cadre familial et amical. Il est évident que les proches aiment à posséder le livre physique, comme une preuve tangible, un totem ou un objet de fierté. Mais souvent, les personnes qui découvrent un auteur de l’imaginaire préfèrent le “tester” avec un format numérique, beaucoup moins cher donc beaucoup moins risqué si l’on n’accroche pas à l’univers ou au style.

Parallèlement, et sans vraiment de lien je pense, mon propre rapport au support de lecture a évolué.

Je revenais au papier, doucement mais sûrement.

Je suis conscient que tout ceci est éminemment personnel, que ce cheminement est seulement le mien.

J’ai pourtant envie de le poser noir sur blanc pour le comprendre un peu mieux.

Et j’espère que cela pourra entrer en résonnance avec certains ou certaines d’entre vous, qui, comme moi, aimez lire comme on aime la vie, pour ses ratés comme pour ses bonheurs. Vous pourrez peut-être m’aider à comprendre où m’emmène ce chemin étonnant qui louvoie entre les écrans et le papier, entre l’encre et la lumière des diodes, entre le virtuel et le réel, le concret et l’abstrait.

Je vais donc poser quelques réflexions, un peu comme elles viennent, sans vraiment les hiérarchiser ou les relier entre elles. Peut-être qu’une cohérence s’en dégagera a posteriori.

Bienvenue dans les états d’âme d’un lecteur du XXIe siècle…

Coûts

Avez-vous remarqué un étrange paradoxe ?

La version numérique d’un livre a un coût de production ridiculement faible une fois qu’on a le texte lui-même. La maquette ePub peut s’obtenir presque automatiquement avec certains outils, même si à mon humble avis, pour avoir quelque chose de propre et de vendable, mieux vaut mettre les mains dans le code. Même dans ce cas, le salaire d’un spécialiste n’atteindra pas les coûts énormes d’un imprimeur, d’un transporteur et d’un entrepôt.

Et pourtant, le prix d’un livre numérique vendu dans le circuit classique de l’édition est souvent très peu différent du format papier du même livre. Même dans le genre de l’imaginaire.

On peut parfois s’y retrouver lors des opérations spéciales faites dans certains circuits de distribution numérique, comme 7switch, mais cela reste tout de même assez rare. Ou bien avec les réalisateurs artisanaux de livres numériques (ceux que l’on appelle les autoédités).

Un livre en format papier ne coûte donc pas beaucoup plus cher que la version numérique, et pour la différence, on acquiert un objet physique dont la lecture est plus traditionnelle et ne nécessite pas de technologie.

Je trouve donc que, quitte à payer mon livre assez cher, je préfère l’avoir en papier.

Écologie

Encore un paradoxe.

Au début de la lecture numérique, dans les années 2000, il était courant d’entendre l’argument de l’empreinte écologique catastrophique du livre papier, qui était affublé du sobriquet de “format arbre mort”. Le livre numérique, virtuel, ne coûte pas la vie à un arbre et ne requiert pas de pétrole pour faire rouler les camions qui transportent des tonnes de bouquins hideusement emballés dans du plastique (encore de la pétrochimie).

Oui, mais nous avons un peu plus réfléchi, dans les années 2010, et un livre électronique nécessite tout de même un stockage informatique sur un serveur dans un datacenter qui consomme beaucoup, beaucoup d’électricité, produite parfois avec de la pétrochimie. Ce serveur est constitué de plastiques, mais aussi de composants électroniques qui sont obtenus à partir de terres rares, dont l’extraction est une calamité écologique. Il nécessite aussi, pour être lu, un appareil technologique obtenu à partir de composants utilisant également des terres rares. Cet engin fonctionne aussi à l’électricité, et consomme donc de l’énergie à chaque fois qu’on veut lire.

Tout bien considéré, qui peut dire quelle façon de lire est la moins polluante ?

Personne.

Genres et sujets

Autre paradoxe.

Si presque tous les livres de fiction (notamment dans les littératures de l’imaginaire) sont disponibles en numérique, alors qu’il n’est pas forcément vital de prendre des notes ou de rechercher précisément un terme rapidement pour le retrouver plus tard, les ouvrages de référence, donc de non-fiction, le sont rarement alors que ce serait une aide précieuse que de pouvoir prendre des notes, faire des renvois, disposer d’un glossaire renvoyant directement au passage recherché, et autres choses que permet exclusivement le format numérique.

En gros, ce sont les ouvrages dont on aurait le plus besoin qui manquent.

C’est particulièrement vrai dans mon domaine, celui du soin. 90 % des ouvrages n’ont qu’une édition papier (d’après un sondage réalisé à partir d’un échantillon représentatif de moi-même).

Plaisirs

L’odeur du papier, sa texture, celle de la couverture, parfois gaufrée ou vernie de façon sélective, sont des plaisirs évidents pour qui aime lire. Mais d’autres viennent peu à peu à manquer avec le numérique.

Le poids d’un livre, s’il peut parfois être un peu désagréable dans le cas des pavés gargantuesques de certaines éditions, est aussi paradoxalement un plaisir, même lorsqu’il frise l’obésité. Il est aussi impressionnant que rassurant. On se dit qu’on va avoir du chemin à accomplir avec les personnages, avec l’auteur, et ce chemin est physique. La mesure du compteur numérique d’un nombre de pages restant n’a pas cette force tangible.

Car pour moi lire est une immersion qui passe aussi par le corps. Et je m’en rends compte de plus en plus, avec les années. Je crois que lire n’est pas seulement un loisir de l’esprit, mais une attitude corporelle. On se tient d’une certaine manière, on change de position, on se crispe ou se décontracte en fonction de ce qu’on lit. Le corps est vigilant.

Ce n’est pas du sport, bien entendu. Mais ce n’est pas uniquement une activité intellectuelle.

Et d’autres plaisirs, d’autres sensations, y sont associées. L’odeur est aussi celle de l’encre.

La mise en page est diablement importante, et certains ouvrages pourront être doublement agréables à lire et immersifs pour peu que l’éditeur ait prévu une maquette plaisante. Cette réflexion est d’autant plus évidente à mes yeux maintenant que je me suis lancé à mon tour dans la réalisation de livres. Je me rends compte de l’importance primordiale de la maquette dans le confort de lecture et dans le pouvoir du livre à faire entrer le lecteur dans son monde.

Pour moi, une bonne maquette se compose de quelques ingrédients simples.

  • Une fonte confortable et lisible, mais si possible éloignée du Times New Roman de taille 12 points, qui fait trop penser à un document Word.
  • Une typographie qui épouse le sens du texte. Par exemple un changement de fonte pour signifier qu’il s’agit d’un SMS ou d’un mail, un changement en italique pour un flashback ou un flashforward.
  • Un en-tête et des numéros de page me permettant de savoir où j’en suis de la lecture.
  • Un interlignage calculé pour que les lignes ne soient ni trop proches ni trop éloignées les unes des autres.
  • Des lettres d’une bonne taille mais pas non plus trop grandes (j’aime lire des romans et des essais, pas des livres pour enfants, même si de temps à autre il ne me déplaît pas de faire la lecture à des bambins).
  • Et surtout, surtout, des marges confortables pour ne pas risquer de mettre mes doigts sur du texte.

Cela veut dire des marges extérieures plus importantes que les marges intérieures, elles-mêmes assez importantes pour que le texte ne fasse pas de plongeon à chaque fin de ligne sur la page de droite ou ne surgisse des ténèbres en début de ligne sur la page de gauche, ce qui oblige à plier la reliure du livre de façon excessive. Non seulement ça fait mal aux doigts mais en plus ça abîme le bouquin…

Or, tout au moins sur ce dernier point, on voit beaucoup l’inverse depuis quelques années (c’est-à-dire des marges extérieures plus petites que les marges intérieures) même sur des livres papier en grand format. Sans parler des livres de poche qui, pour avoir leur charme eux aussi, ont tendance à réduire les marges extérieures, intérieures, basses et hautes à leur plus simple expression. C’est inconfortable et ça me gâche parfois le plaisir.

On pourra alors penser que le livre numérique, qui offre la possibilité au lecteur de choisir sa fonte, son interlignage, la taille des caractères et des marges, est pour moi parfait.

Pas tout à fait.

Car peu de livres numériques sont conçus de manière à reproduire les changements de fontes et de typographie qui sont si importants pour moi, et puis le poids d’un iPad ou d’une liseuse n’est pas celui d’un livre, et enfin, surtout, on ne tient pas un iPad ou une liseuse comme on tient un livre. Je trouve la tenue moins naturelle et moins confortable.

Il est vrai que la lecture numérique a un avantage indéniable : pouvoir exister dans une pièce sombre ou même noire si on a un appareil rétroéclairé et un mode sombre.

La vie d’un livre

Un autre plaisir de lecteur assidu : relire un livre. Parfois plusieurs fois.

Frissonner lors des mêmes passages. Les anticiper. Et frissonner par anticipation.

Nous pouvons faire cette expérience en lisant sur papier ou en numérique.

Mais sur papier, nous aurons des repères physiques immuables alors que la pagination peut changer en numérique.

Mais sur papier, nous aurons aussi des marques possibles sur la texture. Une page cornée, par exemple.

Un livre papier vit. Il est organique, par essence. Il pourra garder des marques gagnées au cours de son existence entre les mains de ses différents lecteurs ou des différentes lectures.

Je ne suis pas de ceux qui annotent leurs lectures, mais il m’est arrivé d’hériter de livres dont les précédents propriétaires, parfois disparus depuis longtemps et que je ne connaissais même pas, avaient laissé quelques mots dans la marge, au crayon à papier. J’ai trouvé cela très beau.

Un fichier ePub ou Kindle restera le même, inchangé, durant l’éternité. Et s’il est plus facile de mettre des notes, celles-ci sont stockées dans l’appareil, pas dans le fichier. Il faut alors passer par quelques astuces pour récupérer ses notes et les transférer dans l’appareil suivant quand le premier tombe en rade…

Le caractère immuable du numérique peut aussi être un gage de longévité, pour peu que les technologies pour lire le format soient encore valables dans cent ou deux cents ans… mais lorsque l’on est suffisamment geek pour connaître l’histoire des formats technologiques, on sait ce qu’il peut advenir de supports aussi éternels que les cassettes VHS…

Un livre fait de papier, s’il est protégé de l’humidité et du feu, pourra être lu dans cent ou deux cents ans par quelqu’un qui maîtrisera la langue dans laquelle il est écrit.

Pour cela, bien sûr, il faut aussi que le livre soit suffisamment bien fabriqué.

Ce qui veut dire que les couvertures au dos carré collé qui sont la norme dans l’autoédition de par la prééminence technique d’Amazon ne sont pas forcément les mieux placées…

On préférera la reliure cousue… si l’on parvient à trouver à qui la faire réaliser…

Consommation

Le caractère virtuel d’un livre numérique l’assimile dans l’esprit des lecteurs aux autres fichiers informatiques. Que faisons-nous de nos fichiers informatiques ? Nous les archivons sans vraiment nous y intéresser. Nous les produisons et les oublions dans un coin de l’ordinateur.

Une preuve de ce que j’avance ?

Non, deux preuves, en deux mots : photographies, morceaux de musique (bon, quatre mots…).

Depuis l’avènement de la photographie numérique, nous prenons des photos tout le temps, à tout bout de champ, là où auparavant une photographie était un événement en soi. Qui parmi nous regarde encore ses photographies numériques de temps à autre ? Je veux dire, à part celles qu’on partage sur Instagram ? Je vous laisse juge de la quantité de musique que vous écoutez par rapport à la quantité de morceaux informatiques que vous possédez. C’est pire encore si comme moi vous vous êtes converti au streaming légal.

Je me rends compte que nous consommons la musique, nous ne l’écoutons plus vraiment, ou alors si rarement.

Nous consommons des photos sur Instagram. Nous ne regardons plus celles que nous prenons nous-mêmes.

Je me suis surpris à accumuler des fichiers de livres numériques et à les laisser dormir dans mon ordinateur ou mon iPad, de la même façon que pour mes photos.

Certains livres numériques sont là, à attendre mon bon vouloir, depuis quelques années.

Je n’ai pas lu tous les livres papier de ma bibliothèque (car j’en ai hérité parfois), mais acheter un livre papier revêt une autre importance, et généralement je commence assez vite ma lecture.

Lecture fractionnée

Le temps file. C’est le luxe ultime que de le posséder en quantité suffisante.

Suffisante pour lire, bien sûr. Lire vraiment, comme une véritable activité, en prenant son temps. En prévoyant une bonne heure rien que pour faire honneur à l’ouvrage, sans être interrompu par la sonnerie d’un mail ou d’un SMS. Sans décrocher parce qu’on doit accomplir une tâche en particulier, sans être dérangé par un coup de téléphone intempestif.

Ce temps-là devient rare.

Et lire peut rester un besoin vital pour certains, comme pour moi. Alors on s’adapte.

On adapte sa façon de lire. On fractionne sa lecture. On lit trois phrases dans un bus, un chapitre dans le métro, dix pages dans une salle d’attente. On lit donc sur liseuse, car c’est plus pratique qu’un livre, c’est moins encombrant, c’est plus léger, et cela peut être dégainé aussi simplement qu’un ticket de métro. Mieux, on finit par lire sur un téléphone portable, qui même s’il gagne en taille d’écran chaque année n’affiche que quelques phrases à la fois.

Certains auteurs l’ont bien compris, qui écrivent des chapitres très courts, nerveux, qui se lisent vite.

J’ai pour ma part envie de lire de longues heures d’affilée. De déguster les mots. Sans traîner. Mais sans me presser non plus.

Objet & possession

Posséder des livres, cela prend de la place. Beaucoup de place. Il faut des étagères, des bibliothèques. Des mètres carrés.

Un fichier informatique n’a pas d’encombrement physique. Rien n’empêche de stocker toute sa bibliothèque dans une seule liseuse, suivant le modèle que l’on possède. Et cela est économique quand on songe à toute cette place gagnée. Nous n’habitons pas tous dans des maisons ou des appartements assez vastes pour accueillir une pièce dédiée aux livres.

Et puis posséder prend une valeur différente dans notre société qui tente de mutualiser pour réduire son empreinte écologique ou économique. On mutualise les espaces de travail, les vélos, les voitures. Pourquoi ne pas mutualiser les livres en les empruntant à la bibliothèque ?

Pourtant, la possession d’un livre a une autre portée, symboliquement.

Finalement, on peut dire que je possède mes livres, mais aussi qu’ils m’ont adopté.

Notre civilisation a développé un lien purement utilitaire voire utilitariste aux objets. Un lien qui leur a ôté toute valeur autre. Même l’esthétique est parfois sacrifiée. Pourtant, il ne s’agit pas vraiment de dépouillement matériel, contrairement à ce qu’on pourrait croire, puisque nous finissons par posséder un nombre incalculable de choses. Un nombre si grand que les objets en perdent d’autant plus de valeur individuellement, sans que nous puissions cependant nous détacher d’eux. Nous sommes doublement prisonniers de notre matérialité : nous ne pouvons plus fonctionner sans objets, mais nous n’y attachons plus de valeur. C’est même étonnant de se rendre compte que la prise de conscience écologique pourrait encore amplifier cette tendance du matérialisme utilitariste désincarné.

Finalement, ne pas accorder d’importance aux objets en restant dans une dépendance vis-à-vis d’eux conduit à ne plus s’intéresser à l’objet lui-même, à ne plus en prendre soin, ce qui peut aller jusqu’à se désintéresser de la façon dont il est produit et dont il continuera sa vie (ou la finira) après que nous nous en sommes servis. Ce désintérêt est à la base de comportements actuellement délétères pour la Nature et pour nous-mêmes. Le tout-jetable, le tout-consommable.

Je suis partisan d’une approche radicalement différente.

Dans ma façon de voir les choses, un objet est la production d’un être humain qui y a mis toute son attention, parfois pendant un temps assez long. C’est le produit d’une chaîne d’inventeurs, d’avancées humaines. C’est un morceau de notre humanité. Comme tel, et surtout s’il a été fait dans le respect de certaines règles, incluant le souci de préserver les ressources naturelles, mais aussi la santé de ceux qui l’ont fabriqué, un objet n’a pas qu’une valeur utilitaire. Il a une valeur esthétique, une valeur symbolique. Une valeur émotionnelle, parfois. Et presque toujours.

Pour moi, on doit donc respecter un objet.

Cela inclut la nécessité de s’intéresser à la façon dont on en prend soin, dont il a été fabriqué, et à son devenir.

Certains objets ont une charge émotionnelle ou symbolique plus forte.

Pour moi, les livres entrent dans cette catégorie.

Un livre que l’on considère ainsi devient précieux, même s’il en existe des milliers ou des millions d’exemplaires à travers le monde. Et posséder un tel objet donne une certaine responsabilité. On doit en prendre soin. On doit aussi le faire découvrir, le faire lire à d’autres.

Je peux encore aller plus loin dans la description de mon lien affectif et émotionnel aux objets et aux livres.

Car certains ne sont pas loin d’avoir une âme, un esprit, dans ma façon de voir.

C’est que je me sens proche de la pensée animiste, sans me départir pourtant de ma posture agnostique. Je nomme souvent les objets dont je me sers souvent. Et en leur conférant un nom, je leur assigne non plus une fonction mais aussi une importance.

Mon ordinateur principal, celui avec lequel j’aime écrire, porte le nom de Tezcatlipoca, le Miroir Fumant, d’après le dieu aztèque. Autant vous dire que lorsqu’il sera temps de mettre Tezcatlipoca à la retraite, ce sera en m’assurant de son devenir.

On peut sourire de cette habitude (ne vous gênez pas, j’en souris et m’en moque moi-même) mais je crois qu’elle a au moins une vertu : celle de me faire prendre conscience de la responsabilité de posséder un objet dans un monde où les ressources sont limitées.

Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Le Choix des Anges disponible en version papier et numérique

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Le grand jour est arrivé !

Après de nombreuses années d’efforts souvent entrecoupés hélas par les vicissitudes de la vie, je suis arrivé au bout de l’écriture de ce deuxième roman, puis au bout de sa préparation pour une publication en autoédition.

Le Choix des Anges est donc disponible à la vente tant dans sa version papier (livre broché de 296 pages en format A5, au prix de 12,66 €) que dans sa version numérique (format ePub, au prix de lancement de 2,99 €).

La version Kindle est retardée par le système de validation de KDP mais sera je l’espère disponible très vite.

Vos commentaires et vos partages sont bien entendu les bienvenus.

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Version papier

  • Date de publication 2018 (1ère édition), 2021 (2e édition)
  • Urban fantasy
  • 292 pages
  • Format A5, couverture rigide à signet
  • ISBN 9791093734033
  • Prix : 24€
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Version numérique

Date de publication

2018 (1ere édition), 2021 (2e édition)

ISBN

979-10-93734-02-6

Format de fichier

ePub

5,99 

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Version livre audio

  • À paraître en 2021 (texte de la 2e édition)
  • Lu par l'auteur
  • Urban fantasy
  • Formats .mp3, .m4b
  • 40 Mo
  • Prix : 14€
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Le Choix des Anges en précommande

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Tout est dans le titre, ou presque.

Après de nombreuses années d’efforts souvent entrecoupés hélas par les vicissitudes de la vie, je suis arrivé au bout de l’écriture de ce deuxième roman, puis au bout de sa préparation pour une publication en autoédition.

Le Choix des Anges est donc disponible en précommande tant dans sa version papier (livre broché de 296 pages en format A5, au prix de 12,66 €) que dans sa version numérique (format ePub, au prix de lancement de 2,99 €). Il sortira officiellement le 20 mars 2018, date à laquelle vous pourrez le lire véritablement. La version Kindle est en préparation et sera disponible le 20 mars également.

Vos commentaires et vos partages sont bien entendu les bienvenus.

Quant à moi, après avoir bouclé un mémoire professionnel qui attend une relecture depuis 2 mois, je vais pouvoir lancer un nouveau projet : Fée du Logis, dont l’écriture est tout juste entamée.

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Version papier

  • Date de publication 2018 (1ère édition), 2021 (2e édition)
  • Urban fantasy
  • 292 pages
  • Format A5, couverture rigide à signet
  • ISBN 9791093734033
  • Prix : 24€
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Date de publication

2018 (1ere édition), 2021 (2e édition)

ISBN

979-10-93734-02-6

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