Recherche comédienne pour reprendre un rôle de théâtre

Recherche comédienne pour reprendre un rôle de théâtre

Recherche comédienne pour reprendre un rôle de théâtre

Si vous suivez ce blog régulièrement, vous savez que j’ai commencé les répétitions d’une nouvelle pièce de théâtre, Un drôle de cadeau, avec mes vieux complices de la Compagnie Raymond Crocotte et sous la direction de Corinne Jacquet.

Il se trouve qu’une autre personne de la compagnie est obligée de nous quitter en cours de route, de nouveaux projets personnels et professionnels l’appelant ailleurs que dans notre beau sud-ouest.

Nous sommes donc à la recherche d’une remplaçante pour ce rôle, une remplaçante confirmée car nous avons peu de temps si nous voulons jouer comme prévu au mois février. Il y a un peu de travail, à raison de répétitions hebdomadaires de deux heures, plus sans doute quelques jours pendants des week-ends.

Quant au rôle, il s’agit d’incarner Léone Chalière, camarade du Parti Communiste Français appartenant aux organes dirigeants, et amenée dans la pièce à inspecter la cellule parisienne dont sont membres presque tous les autres personnages. La cellule Elisa Verlet est en effet en 1949 très peu active, malgré les velléités de son chef, Roger Blot, qui aimerait bien devenir candidat du Parti aux élections municipales parisiennes. Léone est envoyée par la fédération pour remettre de l’ordre dans tout cela, tout en conduisant une enquête afin de savoir si des contre-révolutionnaires n’auraient pas infiltré la cellule. Au quatrième acte qui se déroule en 1956, après un saut dans le temps de sept longues années durant lesquelles Marcel Feuillard, envoyé à Moscou porter un cadeau pour l’anniversaire de Staline, a disparu sans laisser de traces, elle refusera de croire que son rêve d’une société idéale n’était que l’image projetée par une dictature de fer.

C’est un rôle qui peut sembler monolithique au premier abord mais qui est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Inquisitrice à sa première apparition, elle est rapidement prise elle aussi dans le maelstrom comique des membres de la cellule Elisa Verlet, avec ses tics, et se verra totalement dépassée par la bonhomie de ses camarades. Enfin, dans le dénouement, elle incarnera ces millions de gens qui continueront un temps à s’accrocher à un idéal malmené par la réalité, de peur de sombrer dans le désespoir en réalisant combien ils ont été dupés.

Si donc vous êtes intéressée, que vous habitez la région toulousaine, vous pouvez soit me contacter (via ce blog, ou sur Twitter), soit contacter la Compagnie.

L’Humanité après l’Effondrement, deux visions comparées

L’Humanité après l’Effondrement, deux visions comparées

L’Humanité après l’Effondrement, deux visions comparées

Attention, cet article pourrait vous dévoiler certaines choses que vous préféreriez découvrir vous-même en regardant le film, la série ou en lisant le livre dont il est question ici.

L’Apocalypse… oui, mais après ?

Probablement depuis des éons, l’être humain s’interroge sur le devenir du monde et son devenir en tant qu’espèce. Il a pris conscience que chaque chose en ce monde naît, vit… et meurt, et que cet axiome fondamental peut aussi être appliqué au monde tel qu’il le connaît. Les mythes du Déluge et des « fins du monde » cycliques (par exemple ceux des Mayas) nous enseignent aussi qu’il réfléchit depuis bien longtemps à ce qu’il pourrait se passer après

Notre espèce a imaginé bien des façons dont son monde pourrait atteindre son terme.
Et pour illustrer ces peurs, nous avons imaginé des centaines histoires, dans les contes, dans la littérature, dans les films et les séries.

Les catastrophes naturelles sont bien sûr les causes les plus évidentes, celles auxquelles nous avons songé en premier. Les déluges, donc, qu’ils soient bibliques (Noé) ou précolombiens. Les éruptions volcaniques, les tremblements de terre, et plus récemment les chutes ou collisions de météorites (Armageddon, autre) que notre connaissance du passé et notre science nous ont montrées comme les plus dangereuses. Nous savons que d’autres espèces ont subi leurs foudres, comme les dinosaures. Nous savons aussi qu’il y a eu des épisodes d’extinction en masse à plusieurs reprises dans le passé lointain de notre planète.

Jusqu’au bombardement de neutrinos à la base du « scénario » du film 2012.
Tout ceci n’étant que des causes extrinsèques, l’expression de « la Colère des Dieux » ou la vengeance de la Nature, ou bien même le hasard cruel et meurtrier.

Mais les causes naturelles n’ont pas suffisamment étanché cette soif, et, en s’observant elle-même, l’espèce humaine a bien compris que le plus grand danger qui la guettait était bien : elle-même. Les guerres thermonucléaires, bactériologiques, l’apparition de virus créés par l’Homme dans un but guerrier ou même pacifique (La Planète des singes : les Origines) et échappant à tout contrôle, sont évidentes à qui connaît la tendance belliqueuse des êtres humains.

Mais l’Effondrement est aussi celui d’une civilisation, d’un modèle de vie. Les récits de cataclysmes sont souvent l’occasion pour les conteurs de critiquer le modèle social ou de civilisation dominant, en montrant sa vanité. Ainsi le chaos résultant de l’arrêt d’une technologie devenue essentielle comme l’électricité, ou d’une des bases de l’économie capitaliste, aurait le même effet qu’une guerre nucléaire. Du moins dans l’anticipation que nous en avons.

La question centrale et commune à toutes ces histoires, à toutes ces anticipations n’est cependant pas vraiment le « comment ? », mais sans doute plus le « pourquoi ? ». Et plus encore, car la survie de l’espèce est ancrée au plus profond de nos gènes, le « que se passe-t-il après » ?

Car s’il y a des survivants (ce que nous ne pouvons pas ne pas imaginer), leur histoire semble au moins aussi intéressante que celle de l’Effondrement lui-même.
C’est d’ailleurs l’intérêt comme le défaut du film Signs de M. Night Shyamalan, que de poser, à sa toute fin, l’absence totale de survivant. La fin véritable d’une histoire. Autant cela fait réfléchir sur nous-mêmes en tant qu’espèce et sur notre place dans l’univers, autant, dramatiquement parlant, je trouve cette posture moins intéressante, puisqu’elle oblitère les questions de l’après.

Un peu par hasard, je suis tombé cet été sur le premier tome d’une saga, Zhongguo, par David Wingrove, intitulé Fils du Ciel. Et dans le même temps, j’ai enfin suivi le conseil de Car Beket : j’ai vu la première saison de The 100.

Deux façons d’envisager un monde post-apocalyptique. Deux façons d’appréhender l’Effondrement et ses conséquences. Deux façons d’explorer l’adaptation de l’espèce humaine à un changement radical de son monde.

The 100

The 100, une série de CW

Je ne vous cache pas que les deux premiers épisodes de la série The 100 de la chaîne américaine CW m’ont un peu refroidi.

Tout commence comme une de ces séries pour adolescents que j’exècre, genre Teen Wolf ou Vampire Diairies, où tout n’est que mise en scène de questions existentielles telles que « Jack a-t-il couché avec Megan alors qu’il était déjà en couple avec Sydney ? »

Mais à partir du troisième épisode, les choses deviennent beaucoup plus intéressantes et matures.

The 100 décrit le retour de 100 adolescents « sacrifiés » dans une tentative désespérée des derniers survivants de l’Humanité réfugiée dans une station spatiale pour recoloniser la Terre dévastée par une guerre nucléaire 3 générations plus tôt. Sacrifiés car la station spatiale se meurt. Sacrifiés car le projet de retour ne devait être déclenché que 3 générations plus tard. Sacrifiés car ils étaient tous condamnés pour des crimes ou des délits qui, surpopulation aidant, sont tous punis de mort sur la station. Sacrifiés car rapidement, tout lien avec l’Arche sera techniquement coupé, et qu’ils devront affronter seuls les nombreux périls d’une planète qui leur est devenue aussi étrangère qu’hostile.

La réalisation est extrêmement réaliste.
La technologie est crédible, car assez proche, finalement, de la nôtre.

À travers le parcours des personnages principaux que sont Finn, Bellamy, et surtout Clarke, de leurs relations avec ceux restés sur l’Arche et entre eux, on vit avec eux des remises en question éthiques, comportementales, politiques. La survie dans un environnement hostile les pousse à se poser des questions essentielles sur ce qu’ils pensent être juste et ce qu’ils pensent devoir faire comme entorses à cette justice idéale pour ne pas être tués.

On découvrira aussi que la Terre abrite des survivants de l’holocauste nucléaire, et que leurs réponses, plus anciennes, ne sont pas du tout les mêmes que celles que tentent d’apporter les héros de la série.

Sur l’Arche condamnée par le manque d’oxygène, les adultes qui ont envoyé ces adolescents en reconnaissance dans une mission suicide ont eux aussi leurs dilemmes à résoudre, leurs drames à jouer.

The 100 - Promotional Poster2

Au final c’est la confrontation des points de vue, des compromissions avec leurs idéaux, les liens qui se créent, qui montrent combien notre société actuelle nous protège ou nous expose à des dangers qui sont « artificiels », car créés par elle. La Nature sauvage telle qu’elle est décrite dans The 100 est celle des pionniers, et même si une civilisation d’ordre féodal s’est recréée sur Terre, elle est finalement elle aussi soumise aux lois de la Nature. Il n’est pas innocent, d’ailleurs, que tout se passe en forêt, lieu des mystères par excellence. Tout comme le traitement de cette colonisation par une série américaine fait penser férocement à une réflexion sur la vie des premiers colons débarqués du Mayflower au dix-septième siècle…

On se prend à réfléchir comme Clarke ou Bellamy, à se demander quelle décision on aurait prise à leur place. On cherche en nous-mêmes la réponse à cette question que posent souvent les premiers épisodes : « que sommes-nous ? » À quoi devons-nous accepter de renoncer pour survivre ?

Vous l’aurez compris, je suis devenu accro… Et dire que la saison 2 débute tout juste aux États-Unis !

Fils du Ciel, de David Wingrove

Fils du Ciel, la Couverture de l'édition française

David Wingrove est britannique. Aussi, l’ambiance de Fils du Ciel est-elle extrêmement différente de cette « frontière sauvage » que décrit The 100.

Nous sommes ici dans le Vieux Monde, et le poids de la civilisation passée est beaucoup plus présent.

Dans Fils du Ciel, c’est la civilisation occidentale qui s’est effondrée à la suite d’un krach économique et boursier généralisé que le héros, Jake, au cœur du système, a été incapable de juguler. Il est précipité, à la faveur de flashbacks très bien pensés, depuis le sommet d’une société inégalitaire et financière ressemblant à une exagération de notre propre capitalisme, jusqu’à une vie réorganisée plus simple où les trésors ne sont plus des milliards virtuels côtés en bourse, mais un savon, un vieux disque des Stones, une pile électrique, un fusil, et plus encore les relations entre les survivants.

C’est cette vie simple que l’on découvre dans les premiers chapitres, d’ailleurs, et on est loin de se douter que Jake est si intimement mêlé à la fin du monde qu’il a connu et qu’il semble ne pas regretter du tout alors même qu’il en était l’un des privilégiés.

La vieille technologie est au mieux bricolable, au pire totalement inutile. Mais elle est omniprésente. Les références à l’ancienne société sont beaucoup plus fortes, car moins d’une génération est passée, et la Terre est toujours peuplée. C’est une civilisation qui se crée sur les ruines d’une ancienne en quelques décennies.

Cet Effondrement-là interroge plus sur ce qu’il y avait avant que sur ce que les humains deviennent ensuite. Il nous pousse à revoir nos priorités actuelles. La virtualisation de l’économie, sa gestion par informatique. Les relations internationales.

Mais aussi sur ce que nous considérons comme vraiment précieux dans notre vie. Des œuvres d’art, comme des disques ? Nos proches ? Notre confort ?

Au fil des pages, David Wingrove nous décrit aussi comment l’Effondrement s’est déroulé dans son monde.
Alors que dans The 100 cette question est très secondaire, voire totalement absente (on sait seulement que l’Humanité s’est déchirée dans une guerre), on assiste presque au spectacle dans Fils du Ciel, même si c’est toujours avec le filtre du flashback ou du discours indirect, comme pour atténuer son importance par rapport aux conséquences.

Cette dimension du « pourquoi ? » et du « comment ? » est en effet une question essentielle du livre, puisque la saga Zhongguo décrit la prise du pouvoir mondial par la Chine pendant de nombreuses années. On apprend donc dès ce tome-ci (mais très tard, presque trop tard, d’ailleurs) que c’est un dirigeant chinois qui, sciemment, a provoqué le krach et la chute de la civilisation occidentale, afin de gagner une guerre sans avoir besoin de combattants. On apprend aussi que la Chine s’est relevée plus forte de ce cataclysme économique, que sa technologie n’a pas régressé, mais progressé, et qu’elle conquiert peu à peu l’ancien monde morcelé en une multitude de baronnies pseudo-féodales.

On bascule dans la géopolitique-fiction et l’affrontement de deux pensées. De façon peu originale, David Wingrove oppose la pensée orientale et la pensée occidentale, pour nous montrer les salauds et les justes dans les deux systèmes. Pour débuter sans doute une grande fresque dans un paradigme politique, économique et de civilisation qui nous est en grande partie étranger, puisque déjà plusieurs tomes de cette saga ont été publiés.

J’avoue que j’ai été dérouté par le fait que ce que je pensais être un récit post-apocalyptique était en fait le prologue d’un cycle plus traditionnel. Dérouté aussi que ces révélations arrivent si tard dans le livre. Dérouté enfin de cette rencontre presque à la fin, où tout bascule.

Ces péripéties sont cependant pour David Wingrove l’occasion de nous poser encore la question centrale : « que devons-nous faire et accepter pour survivre ? »

Et comme son écriture est quand même assez efficace et plutôt bien traduite dans notre langue, je crois que je vais poursuivre au moins un livre de plus…

Créer un livre électronique au format epub3, partie 2 : ePub Anatomy

Créer un livre électronique au format epub3, partie 2 : ePub Anatomy

Créer un livre électronique au format epub3, partie 2 : ePub Anatomy

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Version

2.0

}

Mise à jour

17/04/2021

Changement des versions
17/04/2021
  • Simplification de la partie sur les fichiers indispensables non modifiables
  • Utilisation de Brackets ou Visual Studio Code
  • Explication de la nature des métadatas
  • Mise à jour des images d’illustration

Précédemment dans la série

Après avoir fait un tour des raisons qui peuvent pousser à mettre un livre au format EPUB et balayé rapidement les options qui s’offraient à nous pour ce faire, nous avons appris dans la première partie comment structurer son texte dans un logiciel de traitement de texte comme LibreOffice, ou dans Scrivener, puis comment exporter le document (ou le compiler) ainsi mis en forme sous un format EPUB. C’est ainsi que je vous ai laissés, haletants, sur le résultat pas vraiment laid, mais pas vraiment fantastique, de Fæe du Logis sur mon iPad dans le logiciel de lecture iBooks d’Apple.

Aujourd’hui nous allons donc aller plus loin et analyser le fichier que nous avons obtenu, afin de comprendre le fonctionnement d’un livre au format EPUB3, et commencer, si possible, à réparer ce qui nous semble aller de travers.

Attention, cet article est déconseillé aux personnes qui seraient allergiques aux codes informatiques…

L’incision initiale : sous l’enveloppe de l’EPUB

Avant toute chose, il vous faut un EPUB sous la main.

Soit vous suivez l’article précédent et créez votre propre EPUB, soit vous pouvez télécharger la maquette d’EPUB3 que je vous livre en téléchargement gratuit. Il vous suffit pour cela de renseigner votre adresse mail (que je n’utiliserai pas à d’autres fins).

Un fichier EPUB n’est pas un fichier de texte simple. C’est plutôt un dossier de plusieurs fichiers différents, codé dans une archive ZIP, mais dont l’extension de fichier a été renommée .epub. Tout cela est bien complexe, n’est-ce pas ? C’est pourquoi je préfère utiliser un programme spécifique pour ouvrir l’enveloppe du livre et mettre à nu les rouages internes.

Sur Mac, je me sers de EPUB Packager (le site officiel semble ne plus fonctionner). C’est une application payante, mais très efficace et très pratique : elle extrait pour moi le dossier enfermé dans l’archive et me dépose ce dossier sur le bureau de l’ordinateur. Je n’ai plus qu’à ouvrir le dossier et fouiller à l’intérieur. Je l’utilise également dans l’autre sens, une fois mon livre terminé, pour créer l’archive EPUB définitive.

Il suffit de glisser-déposer le fichier EPUB dans la fenêtre de l’application, et le scalpel virtuel vous ouvre le dossier.

Vous allez y trouver deux types de fichiers organisés en un squelette immuable : les fichiers obligatoires, qui sont les organes vitaux de l’EPUB (en bleu sur la capture d’écran ci-dessous), et les fichiers facultatifs, qui en sont l’âme (en vert). Ces derniers sont essentiellement les fichiers de contenu de votre livre : le texte, les styles de texte, les images, les fontes, les fichiers audio ou vidéo qui forment votre œuvre. Nous nous y intéresserons plus tard, même si ce sera le plus important pour vous.

Deux fichiers ont la même fonction, ils servent à créer la table des matières du livre (ou Table of Contents en anglais, d’où le nom qui lui est souvent attribué : toc.ncx ou contents.xhtml), respectivement dans la norme EPUB2 et la norme EPUB3. Afin de garder une rétrocompatibilité vers les appareils de lecture plus anciens, il sera bien avisé de garder ces deux fichiers. Vous remarquerez aussi qu’un fichier est à la fois vital et libre, c’est le fichier .opf, auquel vous pouvez donner le nom que vous voulez, du moment que vous en avez placé un dans le dossier OEBPS de votre livre.

Comme vous le voyez, une bonne part des dossiers est immuable d’un livre à l’autre. Ce qui m’a donné l’idée de me constituer une maquette, une sorte de template comme on dit en informatique, un « patron » à réutiliser à volonté lorsque j’ai besoin de créer un nouveau livre.

Les instruments de la dissection : l’éditeur de texte

Pour aller plus loin, vous allez devoir ouvrir les fichiers les uns après les autres pour examiner puis modifier le code. Il vous faut donc un programme que l’on appelle un éditeur de texte. Comme un traitement de texte, mais pour les codes informatiques.

J’utilise pour ma part Brackets, qui est libre et multi-plateforme, ou son remplaçant, Visual Studio Code. Comme la plupart de ses cousins, il est capable de colorer les lignes de code en fonction de leur syntaxe pour bien reconnaître les paramètres et pour ne pas (trop) se tromper. C’est lui qui va vous permettre de corriger et de modifier l’ADN de votre EPUB.

Grâce à ce logiciel, vous pouvez lire les fichiers codés et les modifier, puis en vérifier l’aperçu (quand le code est connu par le logiciel, ce qui n’est pas le cas de l’OPF, par exemple).

Vous remarquerez que les lignes de code commencent toutes par le caractère « < » et se terminent toutes par le caractère « > ». C’est ce qu’on appelle des balises, comme nous l’avons vu dans le précédent épisode. Ces balises sont des instructions, comme des verbes dans une phrase de français. Tout ce qui sera entre les balises servira à préciser l’instruction donnée dans la phrase. Il y a ainsi une syntaxe particulière à respecter, qui demande un apprentissage parfois long…

Mais pour le moment, contentons-nous d’ouvrir les fichiers de notre archive EPUB avec VS Code. Pour cela soit vous glissez le fichier sur l’icône de Visual Studio Code dans votre Dock, soit vous faites un clic droit sur le fichier que vous voulez ouvrir et vous choisissez Visual Studio Code dans le menu déroulant Ouvrir avec.

Les Organes vitaux de l’EPUB

Ce sont des fichiers dont il ne faut jamais modifier ni le nom ni la structure, au risque de rendre votre EPUB illisible.

Ces organes vitaux sont au nombre de cinq.

  • Le fichier mimetype, qui ne contient qu’une seule ligne, destinée à faire comprendre à un logiciel comment décoder le livre. C’est un fichier que vous ne devrez jamais modifier, car la ligne de code ne doit pas varier d’un seul caractère.
  • Le fichier container.xml, qui ne devra pas être touché lui non plus, sauf si vous désirez changer le nom ou l’emplacement de votre fichier OPF, qui est le véritable cerveau de votre livre. Le fichier container.xml sert en effet essentiellement à renseigner l’emplacement et le nom du fichier OPF. Il est enfermé dans un dossier dont le nom ne doit pas être modifié, le dossier META-INF.
  • Le fichier OPF (Open Publication Format), donc, qui mérite que l’on s’y attarde un peu plus loin, car il pourra, lui, être modifié selon vos besoins.
  • Le fichier nav (souvent appelé contents.xhtml ou toc.xhtml), qui est le fichier contenant la table des matières dans la norme EPUB3.
  • Le fichier .ncx, qui est le fichier contenant la table des matières dans la norme précédente EPUB2.

Les trois derniers fichiers sont les plus importants, et nous allons y jeter un coup d’œil plus attentif.

Neurochirurgie du fichier OPF, cerveau de l’EPUB

Ce fichier OPF (nommons-le livre.opf) est le principal pourvoyeur d’erreurs lors de la construction d’un EPUB, car c’est lui qui est le plus compliqué à fabriquer correctement, tant les règles qui dictent sa constitution sont drastiques.

Véritable cerveau de l’EPUB, il contient cinq parties distinctes.

  • Les déclarations de références, qui indiquent à l’application de lecture les langages informatiques à utiliser, constituent le package.
  • Les métadatas du livre, c’est-à-dire toutes les informations sur son identité, sont encodées dans la partie metadata. On y trouve la langue dans laquelle il est écrit, son auteur (ou ses auteurs), les éventuels collaborateurs (illustrateurs par exemple), sa date de fabrication, sa date d’édition, son éditeur, une courte description (un résumé par exemple, la 4e de couverture…), son image de couverture, les droits qui y sont liés (licence Creative Commons, Copyright…).
  • Le manifeste déclare toutes les ressources intégrées dans le livre, sans en oublier une seule. Les images que vous allez utiliser, y compris la couverture, chaque fichier comprenant chaque chapitre, les fontes, tout, absolument tout, doit être listé ici.
  • La spine décrit ensuite l’ordre dans lequel le livre se lit normalement. Mais vous verrez, c’est parfois un peu plus compliqué.
  • Le guide est une spécificité de la vieille norme EPUB2.

Nous allons nous intéresser à chacune de ces parties un peu plus finement.

Le package

C’est une partie très codifiée à laquelle il vaut mieux ne rien changer sauf si l’on veut utiliser certaines fonctions propres à des lecteurs EPUB, comme iBooks d’Apple par exemple.

<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
<package xmlns="http://www.idpf.org/2007/opf" version="3.0" unique-identifier="PrimaryID">
...
</package>
Les lignes de déclaration de l'opf sans metadatas

Dans ce cas-là, il faut rajouter quelques précisions (vous verrez dans quels cas dans le tableau des metadatas ci-dessous).

Au passage, j’ai rajouté également xml:lang, un paramètre qui indique que nous sommes dans un EPUB dont la langue est le français. Vous aurez aussi noté que la version de l’EPUB est obligatoirement indiquée.

<!--?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?-->
<package xmlns="http://www.idpf.org/2007/opf" version="3.0" xml:lang="fr" unique-identifier="pub-id" prefix="rendition: http://www.idpf.org/vocab/rendition/# ibooks: http://vocabulary.itunes.apple.com/rdf/ibooks/vocabulary-extensions-1.0/" xmlns:epub="http://www.idpf.org/2007/ops" xmlns:ibooks="http://apple.com/ibooks/html-extensions">
...
</package>
Les lignes de déclaration de l'opf avec metadatas spécifiques à iBooks

Les balises metadata

Les métadatas (ou métadonnées en bon français) permettent de bien référencer votre livre, et à ce titre il est très utile de se pencher sur leur cas. Le référencement correct de votre livre aidera vos lecteurs et vos lectrices à le retrouver dans la masse titanesque des ouvrages disponibles.

Hélas, ces métadonnées sont inscrites dans une syntaxe un peu hermétique qui réjouira plus ceux d’entre vous qui ont l’habitude des codes informatiques que ceux qui aiment la littérature. C’est assez abscons, il faut bien le reconnaître. J’ai donc décrypté pour vous la norme EPUB3, et voici la substantifique moelle de ce que j’ai pu en tirer.

Encadrées par les balises metadata, se trouvent chacun des paramètres identifiant non seulement les données essentielles de votre livre, mais aussi certaines autres données spécifiques pour des lecteurs d’EPUB particuliers (dans le cas ci-dessous, pour iBooks d’Apple).

Voici comment Scrivener liste ses métadatas :

    <metadata xmlns:dc="http://purl.org/dc/elements/1.1/" xmlns:opf="http://www.idpf.org/2007/opf">
<dc:title>Fée du Logis</dc:title>
<dc:identifier id="PrimaryID">urn:uuid:E9B7CBB8-1D23-40C5-8053-E84F87026351</dc:identifier>
<dc:language>en</dc:language>
<meta property="dcterms:modified">2018-03-20T20:00:18Z</meta>
<dc:creator id="author">Germain HUC</dc:creator>
<meta refines="#author" property="role">aut</meta>
<meta refines="#author" property="file-as">HUC, Germain</meta>
</metadata>
les metadatas de Scrivener

Pour comprendre la syntaxe des métadonnées, en voici le schéma général.

D’abord, comme ce sont des balises, elles sont forcément enchâssées entre des signes <>.

Puis vient le sigle dc, pour Dublin Core, et l’élément de la norme Dublin Core. Ensuite, la valeur de la métadonnée, puis on referme la balise comme dans le langage HTML.

Vous trouverez plus de détails sur ce site, ou celui-ci, ou encore sur celui de la BnF.

Chaque balise peut être précisée par des métadonnées de « raffinement », indiquées dans des balises <meta>.

La liste des metadatas

Dans ce tableau (que vous pouvez manipuler à loisir et dans lequel vous pouvez même faire des recherches…), j’ai récapitulé toutes les métadonnées de ma connaissance, pour vous indiquer comment les utiliser. Vous pouvez vous référer à l’exemple de code ci-dessus pour vous ce que cela donne en situation. Vous trouverez la syntaxe correcte et les quelques subtilités.

N’hésitez pas à m’indiquer dans les commentaires si vous trouvez des erreurs, des approximations ou des ajouts à faire. Je ferai bien volontiers les corrections et ajouts qui s’imposent.

TypeMetadataSignificationObligatoire ou OptionnelleValeurs possiblesNote
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:titleLe titre de l'ouvrageObligatoireVotre imaginaire...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:creatorLe ou les noms des créateurs (auteur, illustrateur)OptionnelVotre imaginaire...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:identifierUn identifiant pour l'ouvrage, comme l'ISBN par exempleObligatoireVotre imaginaire...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:publisherL'éditeur de l'ouvrageOptionnelVotre imaginaire...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:languageLa langue principale de l'ouvrageObligatoireToutes les langues...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:contributorLe ou les noms des contributeurs de l'ouvrageOptionnelVotre imaginaire...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:dateLa date de publication de l'ePubOptionnelUne date quelconque au format AAAA-MM-JJ
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:sourceLa ou les sources de l'ouvrage (si c'est un recueil de nouvelles déjà publiées par exemple)OptionnelVotre imaginaire...
Précisions sur une baliserefinesDonne des indications sur une metadata précédenteOptionnelaut = auteur
bkd = book designer
bkp = book producer
edt = editor
cov = cover creator
ill = illustrateur
pbl = publisher
trl = translator
Rendu dans iBooks d'Appleibooks:bindingIndique si dans un livre à mise en page fixe la "pliure" du livre entre deux pages est visibleOptionneltrue, falsedans la balise package doit apparaître une ligne de définition.
Rendu dans iBooks d'Appleibooks:ipad-orientation-lockIndique si le livre est bloqué dans une orientation sur un iPadOptionnelportrait-only, landscape-onlydans la balise package doit apparaître une ligne de définition.
Rendu dans iBooks d'Appleibooks:specified-fontsIndique à iBooks qu'il doit utiliser les fontes intégrées dans l'ePubObligatoire si fontes intégrées dans l'ePub pour iBookstrue, falsedans la balise package doit apparaître une ligne de définition.
Rendu dans iBooks d'Appleibooks:versionIndique la version d'iBooks nécessaire pour lire l'ePubOptionnelUne version d'iBooksdans la balise package doit apparaître une ligne de définition.
Rendu général de l'ePubrendition:flowIndique si le rendu en flux doit être de type "site internet" ou de type "page de livre"Optionnelpaginated, scrolled-continuous, scrolled-doc, auto
Rendu général de l'ePubrendition:layoutIndique si le livre est de type mise en page fixe ou de fluxOptionnelpre-paginated, reflowable
Rendu général de l'ePubrendition:orientationIndique si le livre peut être lu en paysage, portrait, ou les deuxOptionnellandscape, portrait, auto (dans ce cas le texte sera adapté en fonction de l'orientation du système de lecture)
Rendu général de l'ePubrendition:spreadIndique si en mode paysage deux pages sont montrées ou une seule.Optionnelauto, both (dans ces cas-là, deux pages)
none (dans ce cas, une seule page même en paysage)

Le « manifeste »

C’est la partie du fichier qui recense toutes les ressources utilisées dans le livre. De la plus petite image jusqu’aux fontes de caractères spécifiques, en passant par chaque chapitre du livre, les éventuelles vidéos ou les bandes-son, les scripts d’interactivité qui permettront aux lecteurs de contrôler des animations, les scripts CSS des feuilles de style qui vont vous permettre de définir la mise en page… tout, tout, absolument tout le contenu du livre doit être déclaré dans ce manifeste, et selon une syntaxe là encore très précise.

On commence par des balises <manifest> qui encadrent une liste de balises <item>. Chaque item est une ressource présente dans le livre (un fichier si vous préférez) dont on indique une identité (id), le chemin dans l’arborescence (href), et surtout le type mime, un code qui explicite sa nature (et non pas à cause du Mime Marceau).

Les types mime et leur syntaxe sont d’ailleurs les plus compliqués à trouver. Je vous en liste les principaux dans un tableau un peu plus bas.

Voici comment Scrivener vous aura organisé cette partie.

    <manifest>
<item id="ncx" href="toc.ncx" media-type="application/x-dtbncx+xml" fallback="contents"></item>
<item id="contents" properties="nav" href="contents.xhtml" media-type="application/xhtml+xml"></item>
<item id="body" href="body.xhtml" media-type="application/xhtml+xml"></item>
<item id="style" href="css/stylesheet.css" media-type="text/css"></item>
</manifest>
Le manifeste créé par Scrivener

Et quant à moi, voici comment j’ai l’habitude d’organiser les choses : en regroupant les types de fichiers.

	<manifest>

<!-- contenu -->
<item id="ncx" href="toc.ncx" media-type="application/x-dtbncx+xml" fallback="contents"></item>
<item id="contents" properties="nav" href="contents.xhtml" media-type="application/xhtml+xml"></item>
<item id="body" href="body.xhtml" media-type="application/xhtml+xml"></item>

<!-- styles -->
<item id="style" href="css/stylesheet.css" media-type="text/css"></item>

<!-- fontes -->

<!-- images -->

</manifest>
Mon organisation du manifeste

Vous voyez que j’ai enrichi mon livre avec des fontes de caractères précises, des feuilles de style, des images, le tout regroupé dans des dossiers spécifiques marqués par des balises de commentaire (qui ne sont donc pas codées). Il est ainsi plus facile de s’y retrouver par la suite, car si vous oubliez de déclarer ici un seul élément présent dans le livre, celui-ci deviendra illisible par les lecteurs EPUB

Mon conseil : à chaque fois que vous ajoutez un fichier dans votre EPUB, insérez immédiatement la référence dans le manifeste du fichier OPF.

Vous êtes libre de donner le nom de votre choix aux items (sachant que le meilleur nom est celui qui vous permettra de savoir très rapidement à quel fichier précisément vous avez à faire), mais le chemin doit suivre les mêmes règles qu’un chemin de fichier classique sur votre ordinateur ou sur un site internet.

Par exemple mon fichier de fonte « Trajan Pro » se situe dans le dossier styles et son chemin sera donc : styles/TrajanPro-Regular.otf.

Enfin, petite subtilité qui m’a posé de nombreux problèmes, les « properties » ou propriétés de chaque élément. Il est impératif d’indiquer certaines particularités de vos fichiers. Si l’un de vos chapitres comporte une partie interactive (disons par exemple des boutons permettant de masquer ou d’afficher du texte caché), vous devrez ajouter sur la ligne de déclaration du manifeste la propriété « scripted ». Si un fichier de contenu contient la table des matières, vous devez indiquer la propriété « nav », s’il contient une image au format SVG, vous devrez indiquer « svg ». Si le fichier fait référence à plusieurs propriétés à la fois, vous devrez les séparer par un simple espace, suivant cette syntaxe :

Il est à noter que votre livre doit contenir au moins un élément nav. Nous en verrons l’utilité dans le troisième article de cette série.

Quant au fichier toc.ncx, qui ne sert à rien en EPUB3, mieux vaut le garder pour la rétrocompatibilité avec l’EPUB2

L’épine dorsale : le « spine »

La partie suivante du fichier OPF est appelée le « spine ». C’est l’épine dorsale de votre livre. L’endroit où vous spécifiez quels sont les chapitres qui constituent votre ouvrage, et dans quel ordre ils doivent être lus. Inutile, dîtes-vous ? Pas tant que cela.

Car la subtilité vient du fait que vous pouvez avoir des fichiers qui constituent des annexes de votre livre et qui ne soient pas directement accessibles dans un ordre déterminé. Par exemple, une liste de définitions que votre lecteur pourrait aussi bien consulter au début de l’ouvrage qu’au milieu d’un chapitre. C’est ce qu’on appelle des fichiers « non linéaires » (ou non linear content en anglais). Vous ne savez pas dans quel ordre le disposer, mais vous voulez qu’il soit accessible. Vous devez donc le déclarer dans le spine, mais avec la mention « contenu non linéaire » (ou en code : linear= “no”). Ce fichier ne sera donc pas affiché comme un chapitre normal à la suite de son prédécesseur, mais appelé lorsque le lecteur fera une action (par exemple lorsqu’il cliquera sur la miniature d’un tableau).

     <spine toc="ncx">
<itemref idref="contents" linear="yes"></itemref>
<itemref idref="body" linear="yes"></itemref>
</spine>
Le spine créé par Scrivener

Le « guide », obsolète en EPUB3

Comme je vous l’ai déjà dit, le format EPUB3 est assez récent et n’est donc pas pris en charge par toutes les tablettes et toutes les liseuses existantes. Cependant il serait dommage de priver certains lecteurs de votre œuvre donc, même au prix d’un alourdissement de votre code, donc du poids de votre fichier, donc de sa réactivité, je pense que toutes les options permettant une rétrocompatibilité de votre livre vers l’EPUB2 sont intéressantes.

Le guide fait partie de ces options.

<guide>
<reference type="toc" title="Contenu" href="contents.xhtml"></reference>
</guide>
Le guide créé par Scrivener

Au final, la planche anatomique d’un fichier livre.opf

Voici ce que donne le fichier dans sa totalité :

<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
<package xmlns="http://www.idpf.org/2007/opf" version="3.0" unique-identifier="PrimaryID">
<metadata xmlns:dc="http://purl.org/dc/elements/1.1/" xmlns:opf="http://www.idpf.org/2007/opf">
<dc:title>Fée du Logis</dc:title>
<dc:identifier id="PrimaryID">urn:uuid:E9B7CBB8-1D23-40C5-8053-E84F87026351</dc:identifier>
<dc:language>en</dc:language>
<meta property="dcterms:modified">2018-03-20T20:00:18Z</meta>
<dc:creator id="author">Germain HUC</dc:creator>
<meta refines="#author" property="role">aut</meta>
<meta refines="#author" property="file-as">HUC, Germain</meta>
</metadata>
<manifest>

<!-- contenu -->
<item id="ncx" href="toc.ncx" media-type="application/x-dtbncx+xml" fallback="contents"></item>
<item id="contents" properties="nav" href="contents.xhtml" media-type="application/xhtml+xml"></item>
<item id="body" href="body.xhtml" media-type="application/xhtml+xml"></item>

<!-- styles -->
<item id="style" href="css/stylesheet.css" media-type="text/css"></item>

<!-- fontes -->

<!-- images -->

</manifest>
<spine toc="ncx">
<itemref idref="contents" linear="yes"></itemref>
<itemref idref="body" linear="yes"></itemref>
</spine>
<guide>
<reference type="toc" title="Contenu" href="contents.xhtml"></reference>
</guide>
</package>
le fichier livre.opf modifié par mes soins
Classe de fichierExtension du fichiermedia-typeproperties
Chapitre ou partie du livre.html
.xhtml
application/xhtml+xmlnav si contient la table des matières
svg si contient des images svg
scripted si contient du javascript ou une référence javascript
Fonte de caractères.otfapplication/x-font-otf
Fonte de caractères.ttfapplication/x-font-ttf
Fonte de caractères.wofapplication/font-woff
Image.jpgimage/jpeg
Image.pngimage/png
Audio.m4aaudio/mp4
Audio (ne fonctionne pas sur iPad).mp3audio/mpeg
Vidéo.m4vvideo/mp4
Vidéo (ne fonctionne pas sur iPad).webmvideo/webm
Script d'interactivité.jstext/javascript
Feuille de style.csstext/css

<item id="page_couverture" href="page_couverture.html" media-type="application/xhtml+xml" properties="svg nav scripted"></item>
Syntaxe des propriétés

Comment bien se tenir à la table… des matières

Un livre ne serait pas un livre sans son sommaire, ou sa table des matières. Et le livre électronique ne fait pas exception. Mais dans un EPUB3, cette table des matières est à plusieurs endroits à la fois.

Tout d’abord, comme nous l’avons vu, dans la partie spine du fichier .opf.

Puis, pour le format EPUB3, dans un fichier HTML particulier souvent appelé toc ou nav, et listé dans le manifeste avec la propriété nav.

Enfin, pour la rétrocompatibilité avec l’EPUB2, dans un fichier au format spécial dont l’extension est .ncx.

Nous allons nous intéresser à ces deux fichiers en particulier.

Le fichier nav

Scrivener crée un fichier qui se nomme en l’occurrence toc.xhtml mais sa caractéristique principale est de contenir essentiellement une liste (codée en HTML par les balises <ol> et <li> imbriquées) des chapitres et sous-chapitres de votre livre. Ce fichier sera le canevas sur lequel s’appuiera le logiciel de lecture pour construire des liens vers vos différents chapitres. Et vous pouvez même remarquer que la balise <a> présente à chaque ligne, renvoie au fichier correspond au chapitre indiqué.

Si l’on simplifie, ce fichier n’est rien d’autre qu’un menu permettant d’accéder à chaque fichier, donc à chaque chapitre, de votre livre.

Il doit cependant suivre une règle immuable : la présence en début de liste de la balise <nav>, suivie de la précision ou propriété epub:type correspondante.

<!DOCTYPE html>
<html xml:lang="en" lang="en" xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml" xmlns:epub="http://www.idpf.org/2007/ops">
<head>
<meta charset="utf-8"/>
<title>Contenu</title>
<link type="text/css" rel="stylesheet" href="css/stylesheet.css"/>
</head>
<body>

<p>Contenu</p>
<nav epub:type="toc" id="toc">
<ol>
<li><a href="body.xhtml">Chapitre I</a>
</ol>
</nav>

</body>
</html>
Le fichier contents.xhtml généré par Scrivener

Le fichier ncx

Scrivener a aussi généré un fichier appelé toc.ncx où se trouve la même fonctionnalité que le fichier nav, mais pour les logiciels ne lisant que le format EPUB2.

Le principe structurant le fichier est le même, mais au lieu de faire appel aux balises HTML classiques de liste ordonnée (<ol>) et de ligne (<li>), le fichier utilise une syntaxe originale.

Il y aura donc une balise <navMap> qui indiquera le début du plan de votre table des matières.

Une balise <navPoint> qui marquera chaque chapitre, avec une propriété playOrder pour montrer au logiciel de lecture l’ordre dans lequel les chapitres doivent s’enchaîner logiquement.

Une balise <navLabel> indiquant le texte à afficher comme titre du chapitre dans le plan.

Et enfin un lien sous la forme non pas du classique hyperlien HTML (balise <a>) mais d’une nouvelle balise <content> suivie de la propriété src qui permet de déclarer le chemin du fichier correspondant au chapitre ou sous-chapitre.

On comprend combien l’EPUB3 est plus simple…

<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
<ncx xmlns="http://www.daisy.org/z3986/2005/ncx/" version="2005-1">
<head>
<meta name="dtb:uid" content="urn:uuid:E9B7CBB8-1D23-40C5-8053-E84F87026351"></meta>
<meta name="dtb:depth" content="1"></meta>
<meta name="dtb:totalPageCount" content="0"></meta>
<meta name="dtb:maxPageNumber" content="0"></meta>
</head>
<docTitle>
<text>Fée du Logis</text>
</docTitle>
<navMap>
<navPoint id="navPoint-1" playOrder="1">
<navLabel>
<text>Contenu</text>
</navLabel>
<content src="contents.xhtml"></content>
</navPoint>
<navPoint id="navPoint-2" playOrder="2">
<navLabel>
<text>Chapitre I</text>
</navLabel>
<content src="body.xhtml"></content>
</navPoint>
</navMap>
</ncx>
Le fichier toc.ncx généré par Scrivener

L’âme de l’EPUB

C’est là le plus intéressant, puisque c’est ici que vous allez mettre en forme l’œuvre déjà écrite.

Cependant, en ouvrant le fichier avec Visual Studio Code, voici ce que vous allez trouver :

<!DOCTYPE html>
<html xml:lang="en" lang="en" xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml" xmlns:epub="http://www.idpf.org/2007/ops">
<head>
<meta charset="utf-8"/>
<link type="text/css" rel="stylesheet" href="css/stylesheet.css"/>
</head>
<body>

<p class="titre-de-chapitre-page-padding"><br /></p>
<p style="text-align: center; text-indent: 0em" id="doc1">Chapitre</p>
<p style="text-align: center; text-indent: 0em">I</p>

</body>
</html>
Le premier chapitre de Fée du Logis codé en HTML

Que veulent dire ces codes ?

Ce sont là encore des balises, mais dans un langage différent de celui du fichier livre.opf. Ces lignes sont les mêmes que si votre livre avait été écrit dans un site internet, dans le langage de programmation HTML.

Quant au fichier qui commande la mise en forme de votre texte, c’est le fichier stylesheet.css. En l’ouvrant, voici ce que vous allez lire :

/* Base text formatting */
p { margin: 0rem 0% 0rem 0rem; text-indent: 0rem; }

/* Styles */
blockquote { margin: 1rem 0rem 1rem 0rem; }
blockquote p { margin: 1rem 0% 1rem 4.49rem; text-indent: 1.42rem; line-height: 1.1em; }
.mise-en-évidence { font-weight: normal; font-style: italic; text-decoration: none; }

/* Separators */
.separator { }

/* Page padding */
.titre-de-livre-page-padding { margin: 0rem 0rem 0rem 0rem; font-size: 1rem; line-height: 3rem; }
.titre-de-chapitre-page-padding { margin: 0rem 0rem 0rem 0rem; font-size: 1rem; line-height: 3rem; }

/* Tables */
/* Reset all potential built-in rendering assumptions so we have full control. */
table, table * {
border: none;
padding: 0em 0em 0em 0em;
margin: 0em 0em 0em 0em;
}
table {
/* Will centre tables on iBooks and others, but annoying, not ADE-based devices, which ignore auto margins. */
margin: 1em auto 1em auto;
border-spacing: 0em;
border: solid #000;
border-width: 0pt 0pt 1pt 1pt;
}

table caption {
margin-top: 0.25em;
caption-side: bottom;
text-align: center;
}
...
Le fichier stylesheet.css créé par Scrivener

Déroutant, n’est-ce pas ?

C’est tout à fait normal. Vous avez devant les yeux la traduction informatique des styles que vous aviez patiemment ciselés dans votre traitement de texte. Il faut seulement vous habituer à cette traduction un peu barbare, afin de maîtriser plus rapidement cette façon de parler, et au bout du compte, corriger les quelques erreurs qui se seront glissées dans la mise en forme (puisque, vous vous souvenez ? mon texte n’avait pas la même apparence affiché par LibreOffice et par iBooks sur mon iPad).

Cet apprentissage déborde largement le cadre de cette série, puisqu’il s’agit d’apprendre deux langages informatiques (assez simples) complémentaires et imbriqués que sont le HTML5 et le CSS3.

Avant de poursuivre, il sera donc nécessaire pour vous d’aller traîner vos guêtres à cet endroit là, où vous pourrez très facilement et gratuitement (ce qui ne gâche rien) apprendre les rudiments qui vous manquent peut-être.

Lorsque cela sera fait, nous reprendrons le cours de cette série passionnante de dissection d’un livre au format EPUB3 pour aller encore plus loin, dans l’épisode intitulé : Dessine-moi un EPUB.

Créer un livre électronique au format epub3, partie 1 : structurer son texte

Créer un livre électronique au format epub3, partie 1 : structurer son texte

Créer un livre électronique au format epub3, partie 1 : structurer son texte

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Version

2.0

}

Mise à jour

10/01/2021

Changement des versions
10/01/2021
  • Refonte complète de la partie sur les styles, la traduction en EPUB, le CSS, les corrections sur les espaces insécables et fines.

Pourquoi le format EPUB ?

Lorsque l’on parle de livre électronique, la plupart des gens mélangent facilement tout un tas de réalités différentes, en confondant le PDF avec le format Kindle ou l’EPUB. Si d’ailleurs on simplifie au maximum, même un simple fichier au format TXT pourrait être un livre électronique.

Cependant, il me semble que le véritable livre électronique doit répondre à certaines caractéristiques et tout d’abord le confort de lecture. Lire un PDF à la mise en page fixe n’est pas vraiment toujours du plus grand confort, car la taille des caractères ne s’adapte pas à la taille de l’écran sur lequel vous lisez. Ainsi, si sur un ordinateur certains textes en PDF peuvent facilement se lire, sur tablette cela devient beaucoup plus compliqué et quasiment impossible sans zoomer 4 fois sur un smartphone. Et je ne parle même pas d’une liseuse…

On considère donc que seuls quelques rares formats répondent aux contraintes qui définissent un livre électronique. Les deux plus importants sont l’EPUB, format libre développé par un consortium regroupant différents acteurs majeurs du secteur de l’informatique (car le standard de codage est basé sur le langage informatique des pages web), et les formats Kindle développés par Amazon dans son coin, plus ou moins avec les mêmes bases mais en rajoutant des barrières. Apple a fait de même avec son format iBooks, dans le même dessein de contrôler de bout en bout la chaîne de vente et d’enfermer ses clients dans une architecture maîtrisée. Il faut néanmoins reconnaître que l’iBookstore accepte les fichiers au format EPUB, ce qui n’est pas le cas pour Amazon.

L’EPUB3

La norme EPUB en est à sa troisième itération majeure. Elle est basée sur un principe simple : le livre sera codé comme un site web, avec les mêmes langages, et selon les mêmes principes. Il n’y aura que quelques particularités rajoutées au code pour faire comprendre au logiciel de la liseuse ou de la tablette (un navigateur internet un peu modifié) qu’il s’agit bien d’un livre.

Cela a pour conséquence que le fond (le texte que vous avez mis tant de temps à peaufiner dans le secret de votre atelier d’écriture) sera dans un fichier séparé de la forme (la police de caractère, sa taille et les couleurs utilisées pour les gros titres, les titres intermédiaires, le corps du texte, les citations, etc.). C’est le principe même de codage des sites internet. Ainsi, vous pourrez quand bon vous semble (ou le lecteur), changer tout ou partie de la forme pour améliorer le confort de lecture.

C’était déjà le cas pour les deux itérations précédentes de la norme, mais cette dernière version permet une véritable avancée dans la mise en page et dans les possibilités d’ajouter des images, des vidéos, de l’audio et de l’interactivité, car elle est basée sur les standards modernes du codage internet que sont les langages HTML5 et CSS3.

Ne vous inquiétez pas, derrière ces noms barbares se cachent en fait de grands cœurs qui vous donneront beaucoup de satisfaction si vous savez leur parler gentiment…

Livre de flux ou livre à mise en page fixe, telle est la question

En parlant de mise en page, cette séparation entre le fond et la forme prend tout son sens quand on sait que les liseuses et les tablettes ne donnent jamais véritablement le même rendu, et que le principe du livre électronique est celui que je vous énonçais plus haut, à savoir :

La mise en page doit pouvoir s’adapter pour rendre le confort de lecture le plus grand au lecteur.

Cette mise en page va dépendre donc de contraintes techniques telles que la taille de votre écran (7 pouces, 9 pouces, 12 pouces, au-delà), sa technologie (couleur, pas couleur, retina, pas retina), mais aussi de contraintes humaines : les difficultés de vision éventuelles de votre lecteur (il lui faudra augmenter la taille de la police de caractères pour bien voir), ses envies (tient-il sa tablette en mode portrait ou paysage pour lire ?), ses habitudes.

C’est là qu’il faut faire un choix métaphysique.

Allez-vous créer un livre dont la mise en page s’adaptera au support en prévoyant des règles dans votre mise en forme (c’est ce que l’on appelle le « flux » de données), ou bien allez-vous fabriquer un livre dont la mise en page sera fixée à l’avance, avec le moins de latitude possible pour le lecteur ?

Généralement, on choisit un livre de flux pour un ouvrage composé essentiellement de texte et où la mise en page n’est pas absolument nécessaire à la bonne compréhension du fond. Un roman, une nouvelle, seront construits selon cette philosophie.

Par contre, un livre dont la mise en page est essentielle à la compréhension (une bande dessinée, un reportage photo, un livre pour enfants avec des images à manipuler) sera conçu de manière à ce que sa forme soit la plus fixée possible, comme un PDF. Mais avec en tête le postulat que la lisibilité doit être maximum.

La différence essentielle entre les deux approches est que l’ouvrage qui en sortira sera soit lisible par à peu près toutes les liseuses et toutes les tablettes dans le premier cas (le flux étant disposé différemment selon les règles que vous aurez spécifiées pour chaque appareil dans votre codage, et laissant au lecteur la possibilité d’agrandir le texte, de se passer des images, de changer les couleurs, etc.), soit codé spécifiquement pour une marque, un type, un modèle, voire un seul logiciel dans le deuxième cas (car les règles de mise en page seront tellement draconiennes que cela vous demandera un travail énorme pour les rendre parfaites, et le lecteur ne pourra modifier ni couleurs ni taille, au risque de ruiner le but même du livre).

Le choix est donc dans le degré de maîtrise que l’on accepte de perdre sur sa mise en page. C’est assez frustrant, je dois l’avouer, lorsque l’on a envie que la forme soit aussi impeccable que le fond. Et je n’ose imaginer ce que doivent ressentir les maquettistes de formation devant cet état de fait…

Il est possible, cela dit, de mélanger un peu les deux approches et de garder la possibilité de maintenir une mise en page fixe sur certaines pages tout en conservant sur d’autre une structure de type « flux », via une astuce particulière de codage du fichier de mise en forme (le fameux fichier de CSS) dont je vous parlerai dans quelque temps.

Existe-t-il un autre Style ? Pourquoi et comment structurer un texte

Une fois ce choix cornélien effectué, il est temps de s’occuper du texte.

Il faut écrire. Écrire. Encore écrire. Beaucoup.

Vous pouvez écumer l’internet en quête de nombreux conseils d’écriture. Vous allez travailler votre propre style, trouver votre propre méthode de travail, et parvenir à un manuscrit définitif.

Et c’est une fois votre texte achevé, relu et encore relu des dizaines de fois, que vous allez pouvoir le préparer à devenir un vrai livre, et un livre numérique dans le cas qui nous intéresse ici.

Pour cela, vous allez devoir le mettre en forme, puisque c’est cela éditer un livre. Créer à partir d’un texte brut une mise en page harmonieuse. Déterminer si vous voulez que vos titres de chapitre soient en « fonte Times New Roman de taille 20, centrés avec un espace de 20 points au-dessus du paragraphe, et un espace de 60 points en dessous du paragraphe » ou bien en « fonte Helvetica de taille 30, alignés à gauche avec un espace de 24 points au-dessus du paragraphe, et un espace de 36 points en dessous du paragraphe », ou d’une autre façon, et ceci pour chaque chapitre, mais également comment vous voulez que votre corps de texte apparaisse, comment les mises en exergue dans votre texte vont apparaître, etc.

Là est le point crucial : votre texte est composé de différentes parties qui ont une fonction bien particulière, un sens. Les titres servent au lecteur à savoir où il se trouve dans le récit, les mises en exergue servent à ce que le lecteur comprenne qu’il est face à un mot ou une expression particulièrement importante, etc. Et dans tout ouvrage, c’est parce qu’on aura repéré ces motifs que l’on pourra les mettre en forme.

Dans les logiciels de traitement de texte, comme la suite Office de Microsoft, LibreOffice Writer, Pages de chez Apple, mais aussi avec Scrivener, dont je me sers, on peut donc procéder de deux manières : avec une mise en forme « directe », ou avec des Styles.

La mise en forme directe consiste à mettre un mot en italique ou en gras, en sélectionnant simplement le mot et en cliquant sur l’icône « italique » ou l’icône « gras ». Son inconvénient pratique est qu’il faut sélectionner chaque mot ou groupe de mots ayant une fonction particulière et lui appliquer la mise en forme que l’on désire à chaque fois, d’où une répétition d’actions rapidement insurmontable sur un texte long.

L’idée des Styles est au contraire de se baser sur la fonction de chaque partie de votre texte, et de vous laisser ensuite déterminer comment vous voulez présenter chacune d’elles une bonne fois pour toutes, sans avoir à mettre en forme un à un chaque titre par exemple. Vous aurez toujours à sélectionner les parties de texte qui auront une fonction, mais vous devrez simplement indiquer laquelle. S’agit-il d’un titre de chapitre, d’une mise en exergue, d’une citation, ou d’autre chose ? La mise en forme est automatiquement appliquée suivant un style prédéterminé par le logiciel, mais que vous pourrez ensuite changer à volonté.

Car les Styles ne sont en fait que des formatages particuliers de la typographie, qui pourront être réutilisés facilement ensuite. Ils correspondent parfaitement à nos besoins de mise en forme puisqu’ils permettent de dire que, par exemple, « les titres de chapitre seront en Police Helvetica de taille 14 points, en gras, soulignés », et que « le corps de texte sera en Police Times New Roman de taille 11 points, normal », tandis que « les citations seront en Police Times New Roman de taille 12 et en italique ».

Les Styles pourront même s’appliquer aux paragraphes. Ainsi les paragraphes de Titre peuvent-ils être « centrés avec un espace de 20 points au-dessus du paragraphe, et un espace de 60 points en dessous du paragraphe », tandis que « le corps de texte sera constitué de paragraphes justifiés avec un espace de 5 points avant et après le paragraphe, et une indentation de la première ligne de 60 points », et « les citations seront des paragraphes justifiés avec une marge droite et une marge gauche de 70 points ». Par exemple.

Une fois les styles créés ou modifiés, vous n’aurez qu’à sélectionner un morceau de votre texte et décider de lui appliquer le format « Titre » ou le format « corps de texte ». Et s’il vous prend l’envie de changer l’aspect de votre texte, il vous suffit de changer les paramètres du Style « Titre » pour que, automatiquement, votre logiciel change tous les bouts de texte qui seront indiqués comme étant des titres.

L’avantage majeur de cette façon de faire reste que vous obtenez un texte structuré suivant ses différentes fonctions, sa signification. On appelle ça un balisage sémantique.

Et outre qu’il va vous faire gagner un temps fou et vous éviter d’oublier de mettre en forme un titre accidentellement, le balisage possède trois autres qualités.

La première est d’éliminer les sauts de ligne intempestifs (les lignes vides avec des retours chariot manuels). À la place, vous pouvez déterminer que le style de paragraphe utilisé laisse quelques points/pixels/millimètres de distance en haut et en bas. Cela rend le texte plus facilement adaptable aux différentes résolutions d’écran, et vous aurez aussi moins de lignes veuves et orphelines dans votre texte (ça, c’est valable à la fois pour le papier et le numérique).

La deuxième : la hiérarchie de titres.

Le titre de votre roman n’aura pas la même forme que le titre d’un chapitre, et ils seront tous deux différents du titre d’une partie, ou de celui d’un sous-chapitre. Vous allez donc les hiérarchiser, en donnant la forme d’un « Titre1 » au grand titre de votre roman, celle d’un « Titre2 » au titre des parties de ce dernier regroupant plusieurs chapitres, celle d’un « Titre3 » aux titres des chapitres, et éventuellement une « Titre4 » aux titres des sous-chapitres si vous en avez.

Enfin, la plus importante pour ce qui est des livres numériques : c’est cette structure qui permet au logiciel de lecture de comprendre où sont les titres, où est le corps du texte, où est la marge éventuelle et de les afficher correctement à l’écran, car votre texte sera codé dans un fichier HTML5 avec ces fameuses balises.

Il est donc, vous en serez, je pense, maintenant convaincus, fondamental, de structurer votre texte.

Nous pouvons alors voir un peu plus en détail comment.

Les styles à utiliser

Vous allez pouvoir vous aider des styles que vous avez déjà déterminés dans Scrivener pour le format papier de votre livre. Nous l’avons déjà vu dans l’article qui y est consacré, et vous pouvez vous y reporter.

Néanmoins, il faut garder deux choses à l’esprit : d’une part, vous n’aurez pas besoin de certains styles pour une sortie numérique de votre œuvre, puisque par définition ce sera le support de lecture (tablette, smartphone, liseuse) qui gérera complètement les entêtes et les pieds de page ainsi que les numéros de page qui pourront varier en fonction de la taille de police sélectionnée par votre lecteur ou votre lectrice pour son confort ; d’autre part, tous les autres styles ne seront que des propositions que vous ferez à votre lectorat, qui sera libre de les refuser pour appliquer son propre réglage.

Au final, les styles dont vous aurez vraiment besoin de vous préoccuper seront ceux qui suivent.

Des styles de caractères :

  • Un style de mise en évidence pour les mots importants. On utilise en général une mise en italique.
  • Un style d’accentuation forte pour être encore plus marquant. On utilise la plupart du temps une mise en gras.
  • Un style mixte, pour combiner la mise en évidence et la mise en gras.
  • Un style mise en évidence dans un texte en italique, qui permet de renverser la mise en italique si besoin.
  • Un style de Première phrase de chapitre si vous voulez changer la casse de vos débuts de chapitre par exemple (on peut le faire autrement dans Scrivener, mais la solution d’un style est plus interopérable avec les autres logiciels comme les traitements de texte).

Des styles de paragraphes :

  • Un style de corps de texte, la base de votre texte.
  • Un style de titre de chapitre, pouvant être ensuite décliné pour la façon dont vous allez numéroter les chapitres.
  • Un style de titre de parties, si vous en avez dans votre texte, pouvant là aussi être décliné pour la façon dont vous voudriez numéroter les parties.
  • Des styles de scènes, vous permettant de distinguer autrement qu’avec les signes typographiques de changement de scène deux moments différents dans une même séquence, comme des analepses ou des prolepses (flashbacks et flashforwards).
  • Un style de dédicace, qui marque déjà le texte sur la page adéquate.
  • Un style de mentions légales qui marque lui aussi le texte sur la page dédiée.
  • Un style de titre de scène ou de division de scène.

La traduction des styles en EPUB

Si vous êtes familier des usages d’écriture technique du web, tout cela va vous sembler basique.

Si ce n’est pas le cas, je vous conseille de vous pencher un peu sur les fondamentaux du langage HTML5. Vous pouvez vous référer à ce cours, que je trouve particulièrement didactique. Une autre façon de voir les choses est d’approcher la syntaxe d’écriture en markdown, une façon de coder des balises de manière très simple et presque naturelle.

Une balise est en effet simplement une marque qui entoure un mot ou un groupe de mots pour indiquer sa signification, sa fonction.

Si le titre de votre chapitre est « Introduction », par exemple.

Il sera indiqué en HTML5 par le code suivant :

<h1>Introduction</h1>

h1 est l’abréviation de header 1, c’est-à-dire entête 1 en bon français, pour désigner un titre très important, le premier en importance hiérarchique. Car un titre de chapitre sera plus important dans la hiérarchie qu’un titre de sous-chapitre. Mais on pourrait aussi imaginer que votre livre soit divisé en parties comprenant chacune plusieurs chapitres. Dans ce cas c’est le titre de partie qui sera le plus haut placé dans la hiérarchie (un header 1) alors que les titres de chapitre seront plus bas (des headers 2).

Cette hiérarchie des titres est essentielle, car elle correspond au codage du fichier HTML5 que vous obtiendrez dans votre livre au format EPUB. Le Titre1 deviendra une balise h1 (ou header 1), et votre Titre4 une balise h4 (ou header 4).

Chaque style sera transformé en une balise. Si vous utilisez Scrivener, ce sera automatique ou presque, lors de la compilation de votre texte en EPUB (on y vient plus bas).

Pour les styles les plus classiques, il suffira d’utiliser les balises simples du langage HTML5.

Par exemple : h1 à h6 pour les titres (titre du livre, sous-titre, titres de parties, titres de chapitres, titres de sous-chapitres…), blockquote pour les citations, em pour les mises en exergue, strong pour les accentuations fortes, p pour les paragraphes de corps de texte.

Mais lorsqu’aucune balise standard du HTML5 ne correspond à votre style, alors vous devrez choisir d’attribuer une classe à l’une de ces balises pour créer une sorte de nouvelle « sous-balise ».

Si l’on veut créer un style pour les analepses (flashbacks), on se rend vite compte qu’il n’existe pas de balise toute faite en HTML5. On peut donc choisir de créer une classe analepse pour certains paragraphes (balises p). Et ainsi chaque paragraphe de votre texte qui sera un flashback sera encadré par une balise notée <p class=”analepse”>.

Une fois que tout votre texte sera codé en HTML5, il sera complètement balisé pour l’application de lecture.

Si vous voulez savoir à quoi il ressemble, vous avez le choix entre deux possibilités.

Soit vous voulez voir le code, et vous devrez ouvrir le fichier correspondant avec un logiciel spécial baptisé « éditeur de code », sorte de traitement de texte spécialisé dans la gestion des balises. Je me sers de Brackets qui a l’avantage d’être libre et multiplateforme. Cela donnera ce genre de chose.

Soit vous voulez voir le résultat « lisible par un humain et pas par un cyborg », et sous devrez l’ouvrir dans un navigateur internet. Cela donnera ceci.

Vous trouvez ça moche ?

C’est normal, car vous n’avez fait que la moitié du travail jusqu’ici.

Vous n’avez fait que déclarer au navigateur (qui est le moteur de toutes les applications de lecture) quelles parties du texte correspondaient à quels styles.

Mais vous n’avez pas encore défini comment vous vouliez que soient ces styles.

Ça, c’est le boulot d’un autre fichier…

Here comes the CSS

Souvent nommé style.css, c’est un fichier qui n’est autre que la déclaration de l’apparence que vous voulez donner à chacun de vos styles.

Le langage CSS3 peut facilement s’apprendre, ici par exemple.

Pourtant, c’est lui qui sera le plus compliqué à paramétrer pour votre livre numérique, car les applications de lecture le gèrent de façon très personnelle. Et c’est un euphémisme.

Nous nous y pencherons plus en détail dans le troisième article de cette série, le temps pour vous de vous familiariser suffisamment avec lui. Sachez simplement que les logiciels qui permettent de créer un fichier EPUB à partir d’un texte classique créent un fichier CSS basique dont vous pouvez vous contenter si vous êtes peu exigeants.

Comme ce n’est pas mon cas, je vous montrerai donc comment obtenir ce que vous souhaitez précisément.

Et pour vous donner un exemple de son utilité, voici le rendu final du texte avec un code CSS fonctionnel basique, et le rendu final avec un code CSS mitonné aux petits oignons par mes soins. C’est mieux, non ?

Métamorphose du texte vers l’EPUB

Au contraire d’un fichier de texte (que son format soit DOC ou DOCX pour Word, RTF ou ODT pour LibreOffice), un livre électronique n’est pas un seul fichier constitué d’un seul tenant. C’est une sorte de dossier contenu dans une archive comme le format ZIP (si je vous parle chinois, allez voir quelques définitions de formats de fichiers ici). Nous explorerons d’ailleurs en détail les entrailles d’un livre EPUB dans le prochain article de cette série.

Il faut donc transformer notre fichier texte en une archive EPUB.

Nous pourrions le faire nous-mêmes, « à la main ». Mais ce serait pénible, tant la transition est complexe.

Alors, pour gagner du temps, il est utile de laisser un logiciel faire le plus gros du travail pour nous, car vous verrez, vous vous embêterez déjà assez comme ça lorsqu’il s’agira de peaufiner votre livre pour en faire quelque chose qui vous plaise vraiment tout en satisfaisant aux règles strictes et parfois capricieuses des logiciels de lecture électronique (vous vous souvenez, le CSS, c’est bien, mais le CSS qui marche bien partout comme on veut, c’est rare).

Bien sûr, cette étape ne donnera pas naissance au produit fini, mais plutôt à une ébauche, à une pierre brute que vous allez devoir patiemment polir en vous attaquant au code. Mais au moins, le gros du travail aura été fait d’un simple clic…

Il existe de soi-disant « éditeurs de livres électroniques », des logiciels dérivés d’applications pour créer des sites internet, comme Blue Griffon EPUB Edition, mais ils sont tous vendus très très chers pour ce qu’ils font… Personnellement, je préfère comme toujours la liberté, ce qui veut dire souvent mettre les mains dans le cambouis… le code…

Pourtant, les logiciels de traitement de texte habituels sont capables de produire un fichier EPUB à partir de votre texte.

Dans LibreOffice, cliquer sur Fichier > Exporter vers... > Exporter au format EPUB crée un fichier fonctionnel.

Pour ma part, comme nous l’avons vu dans l’épisode 1 de la série d’articles Making of a book, j’utilise Scrivener pour composer mes écrits, et je me sers donc de la fonction de compilation vers l’EPUB3 intégrée dans le logiciel.

Nous détaillerons dans l’épisode 3 de cette série les étapes de cette compilation, et je vais plus en profondeur dans les arcanes de cette opération dans une autre série d’articles. Mais il suffit pour l’instant de savoir qu’en cliquant sur Fichier > Compiler, et en choisissant le format de publication que j’ai partagé avec vous avec l’option EPUB3, Scrivener crée pour vous le fichier adéquat.

Ne reste plus qu’à tester son rendu sur votre tablette.

Vous remarquerez que le résultat est là encore perfectible. Même si c’est un excellent début, ce n’est pas encore un livre au rendu parfait car l’automatisation n’a pas préservé tous les réglages de styles. Pour cela, il faudra faire soi-même le travail en découvrant les entrailles du fichier.

Ce sera l’objet de notre deuxième épisode : EPUB Anatomy

Mais en attendant, il reste des choses à faire sur le texte lui-même, c’est-à-dire sa version HTML.

Maison de Corrections

Comme vous avez déjà lu le premier épisode de la série d’articles Making of a book, vous savez déjà qu’il est indispensable de corriger votre manuscrit une fois terminé. Et vous l’avez déjà effectué, parce que vous êtes formidable.

Mais dans le cas de la production d’un livre électronique, une étape de correction supplémentaire va devoir vérifier que le format EPUB garde toutes les modifications typographiques que vous aviez décidé de faire.

Ces espaces qu’il vaut mieux entendre crier

Car lorsque vous avez corrigé votre texte avec Antidote, ce dernier vous a obligeamment fait remarquer que vous deviez à certains endroits précis insérer des espaces insécables, des espaces fines ou des espaces fines insécables. La typographie est en effet régie par des lois strictes.

Si vous n’avez pas besoin de les connaître par cœur pour un format papier — Antidote faisant bien son travail — vous allez par contre devoir vous y familiariser pour le format électronique. En effet, l’exportation en EPUB, que ce soit avec LibreOffice ou avec la compilation de Scrivener, n’est pour le moment pas capable de gérer les espaces. Le fichier EPUB généré par ces logiciels va systématiquement comporter un seul type d’espace : les espaces normales sécables.

C’est ainsi qu’on se retrouve régulièrement, et même avec des livres numériques achetés dans le commerce, avec des horreurs du genre : un point d’exclamation tout seul en début de ligne et plus rien ensuite.

Je vous accorde que c’est un détail, mais au début, je vous ai bien dit que j’étais exigeant…

Si je mets autant d’énergie et de soin à écrire un texte qui me paraisse assez bon pour intéresser d’autres que moi, je refuse de le voir gâché par des bêtises de présentation.

Il est donc nécessaire d’entendre à nouveau parler vos espaces insécables, et vos espaces fines insécables.

L’idée est donc de corriger chaque chapitre ou chaque section de texte du fichier EPUB pour remplacer les espaces sécables par les codes indiquant au navigateur web qui sert de lecteur qu’il est nécessaire d’insérer des espaces particulières.

Vous allez me dire « c’est fastidieux ! » et vous auriez raison.

Voilà pourquoi je vous conseille deux méthodes.

La première consiste à vous servir de la fonction de rechercher/remplacer de votre éditeur de code (pour ma part, comme je vous l’ai dit plus haut, je me sers de Brackets) et de lui demander de faire les substitutions pour chaque règle automatiquement. Vous allez voir que c’est plus rapide, mais tout autant fastidieux. Car il faut faire une recherche pour les espaces derrière les guillemets ouvrants, puis une autre pour les espaces devant les guillemets fermants, puis une autre pour les espaces devant les points d’exclamation, puis une autre pour les points d’interrogation, etc.

Deuxième façon de faire, plus maligne, créer un petit programme qui fera ça tout seul suivant vos instructions. Vous n’aurez alors plus qu’à lui dire quel fichier inspecter, et le tour sera joué.

« Programmer ? Mais mon bon Monsieur, je suis un écrivain, moi, mais un programmeur ! Et même si je suis un geek parce que j’écris dans le domaine de l’imaginaire, je n’ai aucune envie d’apprendre un langage informatique ! Veuillez donc passer votre chemin avec vos balivernes et laissez-moi tranquille avec vos espaces insécables démoniaques ! »

Voilà en substance ce que vous pourriez me dire. Et là encore je ne pourrais vous donner tort.

Sauf que d’autres ont déjà bossé pour vous.

D’abord, Lizzie Crowdagger a créé un petit programme qui fait exactement le travail dont nous parlons. Il suffit d’apprendre à l’installer. Et je crois qu’il doit bien marcher… mais ce ne fut pas le cas pour moi. Je ne sais pas pourquoi, allez donc deviner… Peut-être parce que je suis sur Mac… Ou pas…

Essayez-le, car peut-être que pour vous ce sera un succès.

Mais si comme moi vous ne parvenez pas à le faire fonctionner correctement, alors, je vous livre ma solution personnelle.

BBEdit et Applescript à la rescousse des espaces

L’idée étant d’automatiser des tâches répétitives, il était tentant de se servir des outils déjà disponibles sur un Mac au départ. En effet, la petite application Automator est là pour ça. Mais si elle est extrêmement facile à prendre en main, elle n’est pas assez puissante pour faire ce travail seule.

Alors on peut se servir du langage de programmation maison d’Apple, l’Applescript.

Relativement simple, il est capable de commander une application à condition que les concepteurs d’icelle aient pensé à en donner la possibilité.

Or, Brackets n’est pas une application dite « scriptable ».

Qu’à cela ne tienne, il existe un éditeur de code qui est à la fois gratuit et scriptable : BBEdit.

Il ne me convient pas pour travailler en détail sur le code HTML ou CSS, mais il est entièrement scriptable et fera donc l’affaire pour automatiquement trouver toutes les espaces à changer dans mon texte.

Je vous propose donc, après avoir téléchargé le logiciel BBEdit, d’ouvrir l’application Éditeur de script qui se trouve dans les Utilitaires de votre Mac, et d’y coller le code suivant (en prenant soin d’enlever les \ situés avant les #) :

tell application "BBEdit"
activate
replace " !" using "<span style=\"espace-fine-insecable\">&\#8239;</span>!" searching in text 1 of text window 1 options {search mode:literal, starting at top:true, wrap around:false, reverse:false, case sensitive:false, match words:false, extend selection:false}
replace " ?" using "<span style=\"espace-fine-insecable\">&\#8239;</span>?" searching in text 1 of text window 1 options {search mode:literal, starting at top:true, wrap around:false, reverse:false, case sensitive:false, match words:false, extend selection:false}
replace "« " using "«<span style=\"espace-fine-insecable\">&\#8239;</span>" searching in text 1 of text window 1 options {search mode:literal, starting at top:true, wrap around:false, reverse:false, case sensitive:false, match words:false, extend selection:false}
replace " »" using "<span style=\"espace-fine-insecable\">&\#8239;</span>»" searching in text 1 of text window 1 options {search mode:literal, starting at top:true, wrap around:false, reverse:false, case sensitive:false, match words:false, extend selection:false}
replace "— " using "—<span style=\"espace-insecable\">&\#160;</span>" searching in text 1 of text window 1 options {search mode:literal, starting at top:true, wrap around:false, reverse:false, case sensitive:false, match words:false, extend selection:false}
replace "—  " using "—<span style=\"espace-insecable\">&\#160;</span>" searching in text 1 of text window 1 options {search mode:literal, starting at top:true, wrap around:false, reverse:false, case sensitive:false, match words:false, extend selection:false}
replace " :" using "<span style=\"espace-insecable\">&\#160;</span>:" searching in text 1 of text window 1 options {search mode:literal, starting at top:true, wrap around:false, reverse:false, case sensitive:false, match words:false, extend selection:false}
end tell
Mon Applescript de correction des espaces dans un fichier HTML

Puis enregistrez-le.

Lorsque vous aurez trouvé le fichier qui contient le code HTML de votre texte, qui devrait avoir un nom ressemblant à chapter.xhtml, vous l’ouvrez avec BBEdit. Puis vous cliquez sur l’icône play de l’Éditeur de script.

Presque de façon magique, tout devrait se corriger.

Et maintenant ?

Et bien maintenant que vous avez structuré votre texte, que vous l’avez exporté en EPUB et que vous avez corrigé les quelques erreurs de typographies laissées par cette métamorphose, il est temps de se préoccuper réellement de ce qui se cache dans ce fichier.

Pour être honnête, mieux vaut d’ailleurs que vous le sachiez avant, parce que sinon, vous allez vous retrouver avec un fichier EPUB et vous n’arriverez pas même à en ouvrir les entrailles pour trouver votre texte à corriger…

C’est le moment de faire une dissection.

Prenez vos scalpels, et rendez-vous dans le deuxième article de cette série : EPUB Anatomy.

Fée du Logis, Chapitre I

Fée du Logis, Chapitre I

Fée du Logis, Chapitre I

Je vous présente ici le premier chapitre d’une histoire dont je vous ai déjà parlé. Fée du Logis est issue d’un rêve que j’ai fait il y a quelques mois, et qui m’a suffisamment marqué pour me donner une envie irrépressible de l’écrire. Une envie, ou même un besoin, tels que j’ai encore interrompu mes autres projets, pourtant nombreux et pourtant plus avancés, plus anciens ou plus attendus (essentiellement par ma femme).

Si je vous livre aujourd’hui cette première partie, c’est que j’avais aussi envie de la partager, car elle me fait découvrir un monde que je ne connaissais pas auparavant en écriture : le quotidien de notre époque. J’ai plus l’habitude de plonger mon encre dans des univers imaginaires de science-fiction ou de fantasy. Cette fois-ci, le décor est très différent, puisqu’il s’agit d’une histoire contemporaine. Je m’aventure donc dans des parages dont Mlle N. est plus coutumière.

Enfin, il s’agira aussi pour moi d’un aiguillon pour ne pas trop traîner, cette fois, à écrire le mot « fin » d’une histoire.

N’hésitez pas à me donner vos avis dans les commentaires…


L’agent immobilier l’attendait près de la porte de bois, sanglé dans son costume un peu trop strict, aussi emprunté que s’il avait enfilé une armure médiévale. Un beau jeune homme d’environ vingt-deux à vingt-cinq ans, à la coupe de cheveux impeccablement maîtrisée et rasé de près comme il se doit. Son regard marron perdu dans la rédaction d’un message sur son smartphone.

Il rangea prestement l’objet dans la poche intérieure de sa veste en voyant soudain Alice venir vers lui, comme pris en faute. Il lui tendit aussitôt sa main pour s’incliner un peu maladroitement vers elle et esquisser un baise-main suranné. Elle en fut malgré elle flattée et agréablement surprise. Elle était bien placée pour savoir que les jeunes de sa génération n’avaient pas la moindre éducation, en général. Celui-ci semblait faire exception à la règle. Même son parfum semblait avoir été choisi avec goût. Elle se surprit à le regarder avec un peu plus d’intérêt. Elle n’avait pas à faire à quelqu’un d’ordinaire. On l’avait prise au sérieux, cette fois-ci. Cela faisait déjà deux jours qu’elle courrait d’agence en agence, d’appartement en appartement. Deux jours qu’elle repartait déçue de ses visites, déçue des lieux dont on lui vantait un peu trop de mérites, déçue des agents trop obséquieux ou trop désinvoltes. Deux jours qu’elle perdait un temps précieux.

C’était le dernier appartement qu’elle avait prévu de visiter avant de se résoudre à rentrer à Paris sans avoir trouvé de point de chute. La dernière agence à laquelle elle avait décidé de faire confiance avant de s’en remettre à la solution d’un hôtel loué pendant deux ou trois mois, le temps de prendre ses marques.

– Mme Daimiault ? Je suis Marc, nous nous sommes parlé au téléphone ce matin. J’espère que vous avez trouvé facilement.
– Très facilement. Les points de repère sont assez simples. Le Musée des Augustins, la Place Saint Georges… même sans connaître Toulouse il serait difficile de se perdre.
– L’appartement dont je vous ai parlé se trouve au deuxième étage. Je vous précède ?

Il ouvrit la porte après avoir donné un tour de clef et ils pénétrèrent sous un porche renaissance dont les arches donnaient sur une cour pavée cernée de balcons, de fenêtres à meneaux et même d’un escalier en colimaçon de pierre qui rappelait celui du château de Blois, avec ses salamandres et ses gargouilles. Tout cela enchâssé dans un écrin de briques récemment débarrassées de leur gangue de pollution, qui donnait à l’endroit une ambiance vénitienne surprenante.

Marc se dirigea sans ralentir vers l’arche qui s’ouvrait sous l’escalier.

– J’espère que le lieu ne vous semble pas trop ancien. Vous aviez bien insisté pour voir des biens avec beaucoup de charme, alors je me suis dit que ce serait peut-être quelque chose qui pourrait convenir. Les propriétaires actuels n’ont, hélas, pas pris grand soin de l’appartement qui leur est tombé en héritage, et seraient heureux de le vendre à quelqu’un qui saurait lui rendre son lustre d’antan. J’ai cru comprendre que vous recherchiez quelque chose dans ce goût-là.
– Pour le moment en tous les cas, vous avez vu juste, Marc. Je ne savais pas que votre ville recelait de telles merveilles architecturales.
– Et pourtant le centre-ville en est rempli. Vous savez, Toulouse a été une ville riche, à la Renaissance. Ah, faites attention, certaines marches peuvent être glissantes, parfois.

L’escalier s’élançait dans le sens antihoraire, ce qui était inhabituel, Alice le savait. Il était largement ouvert sur la cour dont il donnait un point de vue plus enchanteur encore que depuis l’entrée, avec la fontaine de pierre dont l’eau gargouillait agréablement. La lumière orangée du soir d’été qui étendait ses ombres sur la ville donnait une touche plus irréelle encore au tableau. Au fur et à mesure qu’elle en gravissait les marches, Alice se sentait conquise par l’ambiance. La curiosité de ce qui l’attendait dans l’appartement commençait à devenir presque insoutenable. Elle savait que la déception serait véritablement de taille si le lieu devait être inférieur à ce qu’elle commençait à imaginer.

Parvenus au deuxième étage, sur le balcon qui courrait sur tout le long de la cour, abrité par un toit de tuiles soutenu par des colonnes et des arches de style roman, ils firent une pause, le temps que Marc tourne une autre clef dans la serrure d’une autre porte de bois aux ferronneries manifestement très anciennes. Les gonds étaient travaillés de motifs floraux et le heurtoir représentait une figure mythologique, probablement un hippogriffe si elle ne se trompait pas.

Marc la précéda et manœuvra l’interrupteur électrique. Une lumière chiche mais crue dévoila un vaste couloir qui servait de vestibule d’entrée à l’appartement. Elle fit un pas à sa suite, et s’immobilisa aussitôt. C’était là. C’était l’endroit dont elle n’avait pas même osé rêver pour la nouvelle vie qui allait s’ouvrir pour elle et qu’elle redoutait tant.

Les murs, dont les tapisseries dix neuvième étaient déchirées à de larges endroits, étaient soulignés de moulures en plâtre ou en boiseries qui semblaient bien antérieurs à cette époque-là. Les couleurs des peintures étaient ternies, écaillées, le bois était vermoulu du plancher au plafond où des morceaux entiers s’étaient effondrés au sol. Les vitres étaient de verre piqué, parfois brisé, parfois rayé. Il n’y avait aucun meuble dans le vestibule. Mais quelque chose semblait émaner de cet endroit. Quelque chose qui attirait irrésistiblement Alice. Elle se sentait bien dans ce lieu. Elle s’y sentirait bien, elle en avait l’intime conviction. Même pour affronter ce qui allait bientôt être une vie remplie d’épreuves.

Elle finit par suivre Marc qui ouvrait les volets de bois décrépis d’un salon immense au parquet de marqueterie et où trônait une cheminée de pierres et de briques. L’impression d’espace était incroyable, celle d’être revenu quelques siècles en arrière plus encore.

Prenant son silence pour du désappointement, Marc tenta de la rassurer.

– Malgré l’état dans lequel vous le voyez, c’est un immeuble sain. La copropriété suit très sérieusement la solidité des fondations et mandate très régulièrement une société spécialisée qui garantit que la bâtisse dans son ensemble reste conforme aux normes d’habitabilité les plus strictes. Les Bâtiments de France ne permettraient de toute façon pas que l’on badine avec la sécurité ou que l’intégrité du bâtiment puisse être mise en cause.

Alice ne l’écoutait même plus. Elle parcourait les pièces les unes après les autres, tournant les poignées de porte en porcelaine désuètes, admirant les lucarnes percées au deuxième étage, touchant du bout des doigts les fresques défraîchies. Cuisine à l’évier blanc rempli de poussière, baignoire sur pieds à l’émail écaillé, compteur électrique d’un autre âge, chambres de bonnes minuscules, pièces privées des maîtres de maison aussi grandes que des séjours, tout était délicieusement décalé à l’époque d’internet et des réseaux sociaux.

Mais c’est en découvrant la fresque peinte au-dessus d’une petite cheminée qu’elle sut avec certitude qu’elle allait signer le compromis de vente. Elle avait au départ pensé que c’était un véritable tableau, mais en s’approchant elle avait réalisé son erreur. La peinture avait été tracée à même le mur, et si ses cours d’histoire de l’art ne la trompaient pas, l’artiste qui l’avait réalisée avait vécu cinq siècles auparavant, car, elle en était persuadée, le dessin datait de la même époque que la bâtisse elle-même. Elle se trouvait devant une peinture exécutée pendant la Renaissance, par une main experte qui avait déjà intégré les techniques novatrices à l’époque de la perspective. Elle en restait pétrifiée d’admiration. Les visages de la scène champêtre étaient si précis, si étonnamment bien conservés malgré les outrages du temps et de la moisissure, qu’elle aurait pu les reconnaître sur l’instant si elle les avait croisés dans la rue.

– Vous savez, c’est à cause de cette peinture que l’appartement lui-même a été classé. C’est aussi pour cela qu’on appelle cet hôtel particulier l’Oustal del Fauno, l’Hôtel du Faune en occitan. À cause du satyre sur la fresque.
– C’est parfait.

Marc eut l’air surpris.

– Vous… vous êtes sûre ?
– Oui. Je suis prête à faire une offre. Raisonnable, il va sans dire. Mais je crois que ce sera une demeure agréable une fois dépoussiérée et remise en état. Et j’ai besoin que tout soit prêt très vite. Je dois pouvoir emménager ici dans deux mois. C’est vital pour moi.
– Je ne pense pas que cela posera problème. Je contacte les propriétaires actuels et je vous tiens au courant.

Le chemin du retour jusqu’à son hôtel sur la Place du Capitole parut assez irréel. Les images de l’appartement étaient encore vives dans son esprit, et l’ambiance si sereine qu’elle avait ressentie en le visitant parvenait encore à apaiser le bouillonnement de ses pensées. Mais celles-ci reprenaient peu à peu leurs droits, comme si chaque pas qu’elle faisait en dehors de l’Hôtel du Faune la replongeait un peu plus dans la tempête de ces derniers jours. C’était une fin d’après-midi d’été, chaude et ensoleillée, qui donnait à la ville un air de vacances, un air de week-end à Rome qui contrastait avec les pensées tourmentées qui s’agitaient dans son crâne. Les Toulousains flânaient dans les rues avec ce mélange d’insouciance et de fierté que donne le privilège de vivre dans la Ville Rose. Les belles jeunes femmes aux tenues légères minaudaient aux terrasses des cafés. L’une d’elles lisait un manuscrit qu’elle corrigeait en profitant de la douceur de vivre, et soudain la brume qui pesait sur les pensées d’Alice se déchira en un premier lambeau lorsqu’elle la vit répondre à un appel sur son téléphone portable. Sept jours plus tôt, elle était elle-même installée à son bureau de la Sorbonne, à corriger des copies d’examen. Il était déjà tard, et elle aurait dû être rentrée, mais ce soir-là Martin devait assister à une conférence, et elle n’avait pas envie de se retrouver seule chez eux, sans lui. Le téléphone vibra soudain et le numéro qui s’affichait se mettait en correspondance dans son répertoire avec une personne qu’elle n’avait pas entendue depuis plus d’un an. Elle hésita un court instant.

La jeune femme sur la terrasse ensoleillée sembla s’illuminer en entendant la voix de son interlocuteur, se recula dans le dossier de son siège et abandonna ses corrections. Son sourire s’entendait aussi bien qu’il se voyait.

– Olivia ?
– Je ne savais pas si tu allais décrocher. Comment vas-tu ?

La voix était hésitante. Empruntée. Évidemment. Pas facile de renouer le contact.

– Je vais bien. Je suis encore au boulot… Et… toi ?
– Je vais bien aussi… Écoute, si je t’appelle, c’est que…
– C’est à cause d’elle, n’est-ce pas ?
– Oui, c’est à cause de Maman. Elle est… Elle a besoin de nous. Elle a besoin de toi, Alice.

Alice sentit son cœur se serrer en même temps que sa voix se durcir.

– Elle n’a qu’à m’appeler elle-même, si elle a besoin de moi.
– Alice, elle ne peut pas…

La voix de sa sœur devint un filet presque inaudible.

– Elle est malade.

Ces trois seuls mots eurent un effet inattendu et parfaitement incroyable. Ils parvinrent un instant à fissurer l’épaisse muraille qu’Alice avait érigée autour du concept même de famille. Elle s’entendit prononcer une réponse tout aussi folle.

– J’arrive. Je prends le premier avion.

La jeune femme porta la tasse de café à ses lèvres après avoir raccroché. Elle rayonnait. Alice détourna le regard et, dans une impression désagréable que les rayons du soleil transperçaient enfin l’hébétude cotonneuse dans laquelle elle avait passé les dernières heures, elle remarqua une mère qui devait avoir son âge et sa fille d’environ sept ou huit ans. La complicité était évidente. La petite fille s’accrochait à la main de sa mère tout en gambadant à côté d’elle. Les doigts entremêlés, Alice n’osait pas vraiment regarder le visage de sa mère et ses yeux d’un bleu si dérangeants. Elle resta concentrée un long moment sur cette main déjà ridée, qui tremblait légèrement au rythme des mouvements involontaires de la maladie.

Elle entra enfin dans le hall de l’hôtel et se sentit parcourir les couloirs du service de neurologie. Le professeur Carroll était un homme tout sec qui flottait presque dans sa blouse blanche où un badge déclinait son nom et sa fonction de chef de service. Il lui restait peu de cheveux sur le crâne, coupés très courts, blancs. Il les avait reçues très poliment et avec une grande empathie il les avait priées de s’assoir, avant de les regarder toutes deux dans les yeux pendant quelques secondes.

L’escalier qui menait à sa chambre rappela à sa mémoire la descente des escalators de l’aéroport de Blagnac. Olivia était venue l’attendre. Alice la trouva subtilement changée, depuis un an qu’elle ne l’avait pas vue. Plus empâtée, peut-être, même si cette impression n’était pas due à une prise de poids visible. Son visage paraissait plus marqué. Son allure générale était plus empruntée que dans son souvenir, dans ses vêtements toujours aussi ternes. Ses cheveux blonds coupés courts laissaient cependant son joli visage exprimer des traits séduisants et l’éclat de ses yeux bleus parfaitement dérangeants. Aussi dérangeants que l’étaient les yeux de leur mère. Mais son regard était voilé.

Elle s’avança maladroitement pour embrasser Alice, qui se laissa plus ou moins étreindre. Et sans crier gare, elle éclata en sanglots.

– Que se passe-t-il, Olivia ?
– Je ne sais pas encore. Elle est à l’hôpital et pour le moment les médecins ne veulent rien me dire. J’ai pris rendez-vous avec le chef du service de neurologie. Nous devons le voir demain.

Et, séchant ses larmes :

– Pour le moment, tu dois être exténuée. Je te raconterai dans la voiture. J’ai préparé la chambre d’ami.
– J’ai pris une chambre d’hôtel. Je ne savais pas que tu viendrais me chercher. Et je pense que c’est mieux. N’allons pas trop vite.
– Oui, tu as sans doute raison. Je te dépose où ?
– J’ai pris une chambre sur la Place du Capitole. C’était tout ce qui restait.

Dans sa chambre d’hôtel, sa valise était encore ouverte sur le lit, débordant de vêtements. Elle ne savait plus trop si elle devait la faire ou la défaire. Elle ne parvenait plus à se raccrocher à la réalité, à l’instant présent. Seuls des mots semblaient avoir encore le pouvoir de la ramener à ce qui était l’ici et maintenant. Des mots simples, directs, que Martin et elle échangeaient dès qu’ils le pouvaient depuis une semaine. Des mots sur les écrans rétroéclairés de son téléphone, de sa tablette, de son ordinateur portable. Je pense à toi. Courage. J’ai passé la soirée avec Benjamin. On lui a offert un poste à Montréal. Je t’aime. Il a fait très chaud à Paris. Des mots prononcés avec la voix si envoûtante de Martin à travers le combiné téléphonique. Tu es forte. Je suis là. Nous passerons l’épreuve ensemble. J’ai commencé à faire les cartons. Le poste a l’air intéressant. Je descends sur Toulouse dans quinze jours pour rencontrer le chef de projet. Des mots rassurants. Des mots d’amour.

Et au milieu, des mots de peur. Je prends l’avion pour Toulouse ce soir. Olivia m’a appelée. Maman est malade.

Maman est malade.

La voiture d’Olivia était une de ces berlines au châssis surélevé comme des quatre-quatre. Extrêmement confortable et un brin hautaine. Les sons à l’intérieur y étaient feutrés, comme absorbés par le cuir des sièges. Lorsqu’elles furent sur le périphérique, Olivia commença à raconter les premiers signes de la maladie de leur mère.

– Personne n’y a fait attention au début, bien sûr. Elle a commencé à tomber, d’abord de façon très espacée, puis plus régulièrement, comme si ses jambes ne la portaient plus de façon soudaine. Tu la connais, elle reste souvent seule sans voir personne pendant des semaines, alors beaucoup de choses sont passées inaperçues. Puis elle a eu des difficultés à parler, à mâcher ses aliments. Elle n’a rien dit avant que son dentiste l’envoie consulter son médecin. Et un jour, pendant un repas à la maison avec les parents de Pascal, elle a failli s’étouffer…

Olivia restait concentrée sur la route, sa voix secouée d’émotion. Alice la regardait sans mot dire. Le profil de sa sœur se découpait dans la vitre à contre-jour, seulement éclairé par les lumières intermittentes des éclairages publics. Elle la connaissait bien. Elle savait quelle maîtrise elle pouvait avoir sur elle-même. Son visage restait impassible mais sa voix se brisait par moments.

– Là encore, nous avons cru à une simple maladresse, et aux urgences, l’interne nous a rassurés en nous parlant d’une fausse-route alimentaire. Ce n’est qu’il y a une semaine que quelque chose de grave s’est produit. Elle a tout à coup eu une hallucination… elle… elle a vu papa qui lui parlait. Elle a voulu le suivre à l’extérieur, en robe de chambre, et c’est monsieur Glabelle, quelques centaines de mètres plus loin, qui l’a retrouvée errant sur le bord de la route nationale.

L’image de sa mère s’imposa d’elle-même. Cette femme élancée et élégante, au port altier, toujours tirée à quatre épingles, errant dans la campagne. L’image avait comme un goût d’impossible, comme une mélodie rendue bancale par une fausse note. Tout cela rendait une impression si étrange.

Et comme un fondu enchaîné, un effet spécial dans un film de science-fiction, l’élégante veuve aux traits encore si fins, au regard franc et cassant, à la longue chevelure retenue en un savant chignon blanc se mua progressivement en la vieille malade au teint pâle et aux yeux hagards dont Alice avait tenu la main tremblante, calée dans un fauteuil roulant au rembourrage synthétique. Presque muette d’émotion, Alice s’était contentée de gestes. Elle reconnaissait à peine sa meilleure ennemie dans le corps de cette ombre à moitié vivante. Et pourtant, le regard si bleu parvenait encore par moment à retrouver sa dureté et son acuité, et Alice y retrouvait les souvenirs heureux et moins heureux de son histoire avec sa mère. Une pression imperceptible de la main de Flora Daimiault sur celle de sa fille. Une pression qui n’était pas l’un de ces tremblements incoercibles, mais bien un geste volontaire. Et Alice se retrouva à enlacer sa mère, à l’âge de sept ans, après son premier chagrin d’amour. Elle perçut le goût salé de ses larmes et le contact si rassurant et enveloppant du baiser déposé sur ses cheveux. Un simple éclair dans les yeux de Flora Daimiault et Alice revit le tonnerre qui gronda entre elles lorsque son père, son père si doux et si distant à la fois, était allongé dans un cercueil de bois brillant.

– Ça fait une semaine qu’elle est hospitalisée en neurologie. Ils lui ont fait tout un tas de tests, mais pour le moment ils n’ont pas les résultats. Lorsque je suis allée la voir, elle m’a tout juste reconnue. Elle m’a d’abord prise pour toi. Elle… elle t’a réclamée…

Olivia avait arrêté le moteur devant la grande entrée de l’hôtel, près du palais de briques et de pierres qui faisait la fierté des Toulousains.

Et Alice s’était couchée. Ces deux nuits-là, celle de son arrivée et celle de sa visite de l’Hôtel du Faune, elle ne dormit pas bien, malgré la climatisation qui adoucissait la température de la nuit caniculaire. Ses rêves furent moites, désagréables, mais ne lui laissèrent au matin qu’un vague sentiment de colère et de dégoût. Ses longues heures de veille, au contraire, l’imprégnèrent de leur amertume tenace.

Sans même demander à sa sœur aucun détail supplémentaire, elle avait rassemblé à la hâte ses copies et les avait enfournées dans sa sacoche en cuir dans un désordre indescriptible. Les trois mots avaient agi comme une incantation sur elle, dont la magie avait immédiatement opéré. Elle se jeta pratiquement dans la bouche de métro qui onze stations et un changement plus tard la déposait presque au bas de son immeuble.

Ce n’était pas tant la succession des mots que le ton avec lequel Olivia les avait laissés s’échapper de sa gorge. Une sorte d’urgence s’était propagée dans les artères d’Alice. Une urgence plus forte encore que les rancœurs et les haines.

Puis elle avait rejoint Olivia à l’hôpital.

Le professeur Carroll, peut-être satisfait de son examen silencieux, prit enfin la parole.

– Mesdames, ce que j’ai à vous annoncer n’est pas agréable à entendre. Nous avons réalisé de nombreux examens et la seule conclusion à laquelle nous sommes fondés à nous rendre est que votre mère souffre d’une forme tardive de maladie de Huntington. C’est une maladie neurologique dégénérative, ce qui veut dire que les symptômes vont encore empirer. Et hélas nous ne possédons pas de traitement. La seule chose que nous pouvons faire c’est atténuer la gravité des symptômes afin que les choses se passent du mieux possible et qu’elle ne souffre pas trop. Mais l’évolution sera impossible à arrêter… je suis vraiment désolé…

Le silence pendant deux secondes. Olivia était sidérée, mais on la sentait à fleur de peau. Elle était proche de l’effondrement. Alice déglutit avec peine, la bouche soudain très sèche. Elle parvint tout de même à articuler la question.
– Vous parlez d’évolution… quelle évolution ?

Le médecin mit quelques secondes de plus avant de répondre.

– Cette maladie touche essentiellement deux compartiments de fonctions cérébrales : les zones motrices, pour donner des mouvements incontrôlables comme vous l’avez déjà constaté, des paralysies, ou des difficultés à se mouvoir, et les zones qui sont le siège de fonctions cognitives et comportementales. Dans ce deuxième lot de symptômes, on peut voir des manifestations psychiatriques, comme des dépressions induites, ou des changements de comportement. Et dans de nombreux cas, tout ceci conduit à une forme de démence particulièrement sévère. Il faut vous attendre à ce que votre mère perde la raison à plus ou moins longue échéance.

Le regard si bleu de Flora s’était illuminé lorsque sa fille était entrée dans la chambre aux murs blancs. C’est d’une voix mal assurée, presque chevrotante, qu’elle avait prononcé son nom. Alice était restée muette. Elle s’était approchée du fauteuil, s’était assise sur le lit juste à côté. Elle avait pris la main de sa mère dans les siennes. De longues secondes passèrent, où la mère et la fille se cherchèrent du regard sans jamais trouver le courage de vraiment se regarder. Puis enfin Alice, fixant la main de Flora, parvint à émettre un son.

– Je suis là, maman.
– Je savais que tu viendrais. Je l’avais dit à ta sœur. Je le savais.

Le silence retomba entre elles. Mais Alice trouva la force de plonger ses yeux dans les deux aigues-marines de sa mère. Comme on fend la surface liquide de l’océan, elle fut happée par des abîmes de souvenirs.

Et lorsqu’elle émergea à nouveau, quelques éclaboussures liquides coulaient sur la joue de Flora.

– Ils t’ont expliqué ce qui m’arrivait ?
– Oui, ils m’ont dit. Ne t’inquiète pas. Martin et moi en avons parlé. Nous allons venir nous installer ici.
– Je ne m’inquiète pas pour moi, Malice, mais pour Livia et toi. Vous avez fait le test ?

Le professeur Carroll savait qu’il allait aborder le plus délicat à présent.

– Il y a cependant une autre raison à votre présence ici, dit-il. La maladie de Huntington est une maladie neurologique grave, mais elle est aussi génétique. Chaque personne touchée, homme ou femme, a une chance sur deux d’en transmettre le gène à chacun de ses enfants.

Il fit une pause pour s’assurer que les implications de sa phrase devenaient claires. À en juger par le silence atterré des deux jeunes femmes, c’était bien le cas.

– Il existe un test génétique qui peut détecter cette anomalie dans l’ADN avant que les premiers symptômes n’apparaissent. Bien avant. La maladie met des dizaines d’années avant de se déclarer.
– Mais il n’y a pas de traitement, c’est bien ça, articula Alice ?
– C’est bien ça.
– Alors à quoi donc pourrait nous servir ce test ?

Elle ne sembla retrouver peu à peu ses esprits que dans l’avion d’Air France qui la ramenait vers Paris. La brume qui pesait sur ses pensées se déchirait par lambeaux à mesure que les souvenirs de cette semaine prenaient enfin racine dans sa conscience et qu’elle en comprenait vraiment tous les événements.

Elle était installée dans le siège près du hublot. L’hôtesse dévolue à ce rôle commençait les démonstrations de sécurité qui composent le rituel initiatique de tout voyage en avion avec des gestes mécaniques et presque désabusés. Sa vue se troubla un instant.

À quoi donc pourrait bien servir ce test ? La question avait tourné dans son esprit depuis qu’elle l’avait posée au neurologue et elle n’avait toujours pas de réponse. Elle n’avait pas d’enfant, n’en voulait pas spécialement et n’en avait jamais vraiment voulu. Martin lui en parlait de temps à autre, mais c’était surtout pour évoquer sa propre enfance. Et de son enfance, Alice n’avait pas toujours de très bons souvenirs. Tout juste des impressions fugaces de petits bonheurs éphémères noyés dans une gangue de discipline permanente. Les jeux avec Olivia. Les promenades dans la campagne avec leur père, à pied ou en vélo. Le goût des gâteaux au chocolat que Flora confectionnait avec les œufs frais et le lait que leur apportait Marcel Glabelle, le voisin le plus ancien de la famille. Il possédait une petite ferme tout près de la demeure familiale et lorsqu’Olivia et Alice étaient enfants, il les laissait jouer dans la grange où il entreposait son foin. C’était le temps de l’insouciance. Le temps où leur père était encore en vie.

Quand elle pensait à son père, elle pensait toujours d’abord à un moment bien précis. Elle devait avoir sept ou huit ans. Ils étaient tous les quatre partis faire un pique-nique à quelques kilomètres de Toulouse, dans les paysages vallonnés qui longent le Canal du Midi, près du Lauragais. Il faisait un soleil éclatant, et les deux sœurs s’amusaient à se courir après. Victor leur avait montré le petit bois près duquel ils avaient étalé leur nappe. Et l’idée d’une exploration s’était imposée d’elle-même. Elle était retournée dans ce bois, adulte, et s’était rendu compte combien son esprit d’enfant l’avait magnifié et agrandi, lui donnant des proportions extraordinaires. Mais à l’époque, elle avait vu ce bois comme une forêt profonde et mystérieuse qui l’avait attirée et au sein de laquelle elle pouvait découvrir de fabuleux trésors. Elle s’était imaginé parcourir un royaume hors du temps. Si bien qu’elle avait, au détour d’un bosquet, perdu de vue ses parents et sa sœur, et que, soudain, elle se crut perdue. Les bruits et les odeurs de la nature l’avaient tout entière absorbée. Mais elle n’avait pas eu peur. Pas vraiment. Et lorsqu’une forme haute surmontée de cornes s’était avancée en contre-jour vers elle, elle avait cru rencontrer un faune ou un homme-cerf. Un bref instant, elle avait retenu son souffle, consciente que la créature pouvait s’enfuir ou lui vouloir du mal. Puis un rayon de soleil vint frapper le visage du faune, et elle réalisa le tour que la lumière lui avait joué quand elle reconnut son père qui la cherchait. Ce qu’elle avait pris pour des cornes ou des bois de cerf étaient des branches basses qui venaient couronner sa tête en une illusion de surimpression. Mais pendant des semaines, elle se demanda souvent si son père était bien un être humain, et pas une créature féérique veillant sur Olivia et elle. Ses disputes avec Flora et son suicide quelques mois plus tard lui infligèrent un démenti cinglant. Elle grandit brutalement tout en pleurant toutes les larmes de son corps et en nourrissant une haine de plus en plus grande de sa mère. Mais ce jour-là, dans ce bois, elle s’était sentie transportée, et elle avait compris combien son père pouvait être quelqu’un de merveilleux. Il était toujours doux et posé. Il racontait souvent des histoires, des contes et des légendes, il avait une façon de voir la vie tellement personnelle et décalée, tout en références et en beauté. Même l’événement le plus insignifiant était pour lui une source d’émerveillement qu’il s’efforçait de partager avec ses filles et avec sa femme. Alice ne percevait pas, à cet âge-là, que ce côté lumineux était sans doute la seule chose qui le maintenait vivant. Car il avait aussi un revers sombre, des crises de larmes et de prostration, lorsque les traumatismes de la guerre en Bosnie revenaient le hanter. Il faisait tout son possible pour ne pas les montrer à ses filles, mais elles savaient d’instinct que certains regards, certaines paroles, pouvaient déclencher chez leur père des moments difficiles. Alice s’imaginait alors que sa nature féérique le conduisait à des douleurs atroces lorsqu’il passait de trop longs moments dans la réalité des humains. La vérité était que les choses qu’il avait vues et faites dans son passé le hantaient, le rongeaient. Il se retirait alors dans son bureau, qui devenait un territoire interdit. Alice avait appris à en avoir peur, comme si les portes d’un enfer y avaient été cachées.

Elle comprit soudain, le regard perdu dans la vitre du hublot, que cette image irréelle de son père aux bois de cerf ne l’avait jamais quittée. Elle sut pourquoi l’Hôtel du Faune serait sa nouvelle demeure une fois revenue à Toulouse. La fresque au-dessus de la cheminée représentait une danse joyeuse de nymphes et de satyres au creux d’un bois dense et mystérieux, tandis qu’un couple singulier trônait au centre d’un dais formé par les branches entrelacées d’un arbre vénérable. Une fée blanche aux yeux vairons, et un faune couronné de bois de cerf.

À Suivre…

Lucy, de Luc Besson : regards croisés avec une neuropsychologue

Lucy, de Luc Besson : regards croisés avec une neuropsychologue

Lucy, de Luc Besson : regards croisés avec une neuropsychologue

Le dernier film de Luc Besson me faisait de l’œil pour plusieurs raisons.

D’abord, c’est un film de Besson. Les films de Besson ne laissent pas souvent indifférent, qu’on les adore ou qu’on les déteste.

Ensuite, le cerveau et ses mystères sont une source de potentialités artistiques et d’interrogations tant scientifiques que philosophiques… un film sur ce thème ne pouvait que m’attirer.

Et puis ce thème était assez proche de ce que j’avais envisagé au tout début du développement du scénario du Choix des Anges, avec l’idée de la drogue qui décuplerait les fonctions cérébrales d’un être humain pour le conduire aux portes de la divinité.

Enfin, je me demandais comment le cinéma pouvait s’emparer d’un tel sujet. Comment montrer quelque chose d’aussi complexe, en même temps qu’en faire un spectacle ?

Bref, je suis allé le voir.

Le pitch : Lucy in the sky with diamonds

Jeune étudiante sans le sou à Taïwan, Lucy (Scarlett Johansson) fait les frais d’une mauvaise rencontre en boîte de nuit. Son amant du moment l’utilise pour livrer à un puissant baron du crime coréen une mallette contenant quatre sachets d’une drogue expérimentale issue d’une hormone naturelle synthétisée par les femmes pendant la grossesse.

L’échange ne se passe bien évidemment pas aussi bien que son petit-ami le lui avait promis, et elle se retrouve, après un accident, avec une très grosse quantité de cette drogue aux effets dévastateurs dans le sang.

Loin de la tuer comme cela aurait dû se passer, la drogue s’intègre à son organisme en lui permettant de développer ses capacités cérébrales au-delà des fameux 10 % que nous serions capables d’utiliser.

Elle devient alors surhumaine et se lance dans une quête pour récupérer les trois autres sachets, tout en découvrant que son potentiel cognitif grimpe peu à peu de 20 jusqu’à 100 % à la toute fin du film.

Au cours de cette quête, elle croise le chemin de deux hommes.

L’un (Morgan Freeman) est un chercheur renommé développant depuis 20 ans la thèse selon laquelle les êtres humains n’exploitent que 10 % de leur potentiel cérébral. Il sera le « guide spirituel » de Lucy dans son évolution.
Le deuxième est un flic français très banal qu’elle aura choisi comme compagnon afin de « se souvenir » de ce que c’est d’être un humain.

L'affiche française de Lucy

L’affiche française de Lucy

La forme : Les diamants sont éternels

De ce côté-là, Lucy est véritablement un film de Besson.

Il y a des images magnifiques, époustouflantes même. Des moments de poésie pure. Une maîtrise des « images dans les images » (les reflets dans l’œil de Lucy). Une bande-son choisie à merveille pour coller aux scènes.

Le jeu des acteurs va du crédible (Scarlett Johansson) au pas vraiment nouveau (Morgan Freeman, qui hélas est toujours utilisé depuis quelques années dans le même genre de rôle, et dont on a maintenant plus l’impression qu’il joue Morgan Freeman jouant un personnage que son personnage lui-même), en passant par le bêtement caricatural (Min-sik Choi, le parrain de la drogue sortit tout droit d’un manga), ou le très bêtement faire-valoir (Amr Waked, le flic dont on se demande vraiment à quoi il sert dans ce scénario).

La réalisation est impeccable dans sa progression.

J’ai particulièrement adoré au début les scènes entremêlées entre les prédateurs et les proies dans la savane africaine et l’enchaînement de circonstances qui va amener Lucy jusqu’à son destin.

Les références artistiques et l’univers de Lucy

On reconnaît au premier coup d’œil la patte de l’univers de Besson : l’héroïne surhumaine fait écho à Nikita, Leeloo (Le Cinquième Élément), ou Jeanne d’Arc. Elle est toujours accompagnée d’un homme protecteur qui ne sert pas toujours à la protéger vraiment : Corben Dallas (Bruce Willis) dans le Cinquième Élément, Léon (Jean Reno) dans Léon avec Natalie Portman, Victor (Jean Reno encore) dans Nikita.

Mais le thème est aussi un thème très souvent exploité en science-fiction.

Franck Herbert en a fait l’archétype des Révérendes Mères du Bene Gesserit, capables de contrôler leur propre physiologie (au point de contrôler leur fécondité et même le sexe de leur enfant à naître) dans sa saga Dune.

Pierre Bordage utilisa une héroïne capable de prodiges assez semblables dans Les Guerriers du Silence.

J’ai moi-même donné de tels pouvoirs à mon héroïne dans Poker d’Étoiles et Armand, le héros du Choix des Anges, y accède lui aussi.

Le fond : tout ce qui brille n’est pas d’or

C’est en fait un mythe universel que « l’homme augmenté », celui ou celle qui devient surhumain et en se libérant des chaînes qui limitent l’Homme accède à une compréhension plus large de l’univers.

Même les philosophies orientales comme le bouddhisme ou le taoïsme rejoignent cet idéal.

Et au final l’idée occidentale de progrès participe du même mouvement.

C’est le désir profond de l’Homme de comprendre et maîtriser la Nature ou d’en faire partie pour ne plus la subir.

J’ai d’ailleurs trouvé que le film n’exploitait pas vraiment tout son potentiel, lui non plus (10 % seulement ?).

Par exemple, dans son exposé, le personnage de Morgan Freeman explique que si un être humain utilisait 20 % de son potentiel cérébral, il serait capable de contrôler sa propre physiologie (référence aux Bene Gesserit de Dune). Mais jamais on ne voit Lucy véritablement contrôler son corps. La douleur lorsqu’on lui enlève le sachet de son abdomen, à la rigueur, mais il n’est pas besoin d’être surhumain pour entrer en transe hypnotique et anesthésier une partie du corps. Des interventions chirurgicales ont lieu tous les jours avec ce genre de technique… J’aurais plutôt vu des images montrant que Lucy maîtrise son flux sanguin, sa température, sa croissance cellulaire, ses organes d’une façon consciente. Elle pourrait très facilement métaboliser un poison, synthétiser des molécules particulières, voire diriger des processus de cicatrisation. Rien de tout cela en images alors que Besson s’attarde très longuement sur d’autres choses comme la mémoire.

Mais là encore j’aurais attendu de lui, pour rester dans le style qu’il impose dès le début du film, de ne pas rester seulement sur le visage ô combien « cinégénique » et émotionnellement fort de Scarlett Johansson, mais de montrer des images de sa mémoire. C’est un procédé classique que le flash-back, me répondra-t-on. Oui, mais je suis sûr qu’il aurait pu trouver à l’exploiter autrement. Il s’agit tout de même d’un réalisateur dont les films ont souvent été visuellement novateurs.

Et surtout, je trouve que Lucy n’a pas évité de tomber dans certains poncifs.

En effet, souvent, ces visions d’extrahumanité sont stéréotypées et assez décevantes sur un point commun que j’ai toujours trouvé frustrant. Il semblerait que pour tout le monde, l’accroissement de la conscience, ou du moins l’accroissement des capacités cognitives se fasse au détriment des émotions.

On aurait donc à faire avec des êtres détachés de l’Humanité tant ils comprennent Le Grand Tout.

Ainsi, Lucy à qui il faut le faire-valoir du flic Pierre Del Rio pour se souvenir de ce que c’est que d’être humain, mais sans émotion véritable, juste par stratégie froide. Si froide qu’elle est capable de tuer sans aucun problème (un autre fantasme de Besson que cette Nikita nouvelle génération ?). La seule scène où les émotions sont exprimées après sa transformation : sur la table d’opération, Lucy appelle sa mère au téléphone. C’est intense… mais c’est très court et elle vient d’abattre au moins cinq personnes auparavant… pour en abattre dix fois plus ensuite. Sans sourciller.

Or, il se trouve que j’avais à mes côtés (puisque c’est mon épouse) une personne capable de me répondre là-dessus, car le fonctionnement cognitif est en quelque sorte son métier.

Ce regard croisé m’a semblé particulièrement fructueux dans la réflexion que l’on pouvait tirer du film. Je lui ai donc demandé de me donner sa vision de psychologue spécialisée en neuropsychologie sur ce point :

J’étais curieuse de découvrir le film de Luc Besson, Lucy, dont le thème m’intéressait particulièrement.

Pourquoi lorsqu’il est question d’évolution des capacités cérébrales de l’être humain n’est-il jamais question d’un développement, d’une meilleure exploitation de notre intelligence socioémotionnelle ?

Or l’être humain n’est-il pas un animal social c’est-à-dire qui vit en société ? Les êtres humains se sont toujours organisés en groupe, car leur survie en dépendait.

Alors si l’exploitation maximale de nos capacités cérébrales, comme c’est le cas du personnage de Lucy, nous conduisait à ne plus ressentir d’émotions et à n’être que pure connaissance cela n’impliquerait-il pas une extinction de notre espèce sociale ? Comment envisager notre organisation humaine dépourvue de notre système limbique, « cerveau des émotions » ? Et si tel était le cas, cela n’amènerait-il donc pas à une disparition de la notion de plaisir : manger de bons petits plats, déguster un bon vin, se retrouver entre amis ou encore faire l’amour ?

Dans cette perspective de contrôle total de l’esprit sur notre propre métabolisme conjugué à l’absence d’émotion et de recherche de plaisir en raison d’un niveau de conscience supérieure, quel serait en effet l’intérêt d’entretenir des rapports les uns avec les autres ? Nous n’aurions besoin que de prendre des gélules pour répondre à nos besoins vitaux, nous trouverions certainement un autre moyen de nous reproduire et perpétuer l’espèce par des méthodes de conception ex vivo comme dans Matrix ?

Doit-on comprendre que l’augmentation de notre potentiel cérébral nous permettrait de développer uniquement nos compétences cognitives (mémoire, attention, raisonnement logique) et que cela s’accompagnerait obligatoirement d’une disparition de nos émotions et sentiments ? Est-ce là la vraie évolution de l’Homme, la seule solution pour notre salut et cesser nos comportements d’autodestruction si prégnants dans notre Espèce ?

La définition la plus commune de l’intelligence ne repose bien souvent que sur les aspects intellectuels (ou cognitifs) c’est-à-dire la mémoire, l’attention, le raisonnement logique, le langage. La preuve en est que lorsqu’on va chez un psychologue, spécialisé dans ce domaine, car tous ne le sont pas, pour une demande d’évaluation de Quotient Intellectuel (QI) ce dernier est principalement exploré au moyen d’une échelle d’intelligence standardisée.

La plupart des professionnels de la santé et de l’enseignement réduisent malheureusement souvent le potentiel intellectuel à ce résultat de QI ce qui relève d’une aberration totale tant d’un point de vue statistique, que théorique ou psychologique. Cette vision de l’intelligence est extrêmement réductrice.

Des chercheurs (Gardner, 2000 ; Sternberg, 1988, 1999) étendent le concept d’intelligence aux domaines artistique, sportif, créatif ou encore socioémotionnel. Il n’est pas rare d’observer une « intelligence » dite normale ou « supérieure à la moyenne », mais non fonctionnelle dans la mesure où la personne n’est pas en mesure de l’exploiter correctement pour diverses raisons.

Les lésions entraînant des perturbations de la gestion des émotions entravent, entre autres, la prise de décision et donc l’utilisation correcte de ce que l’on nomme, dans l’imaginaire collectif, l’intelligence (Damasio, 1994, L’Erreur de Descartes).

Donc si une Lucy existait vraiment, pourquoi ses émotions s’éteindraient-elles parallèlement au développement de son intellect pur au lieu, au contraire de suivre la même évolution ? Car il existe des circuits émotionnels dans le cerveau et leur bon fonctionnement est indispensable à une utilisation optimale de nos ressources.

Ainsi, si science sans conscience n’est que ruine de l’âme alors peut-être qu’intelligence sans émotion n’est que ruine de l’espritet de l’Humain.

Et si l’exploitation de nos capacités cérébrales au-delà de ce fameux 10 %, si tant est que cette valeur soit exacte d’un point de vue scientifique, nous permettait au contraire de développer notre intelligence émotionnelle et notre intelligence cognitive ? Que se passerait-il ?

Ne serait-ce pas là la vraie définition de l’Intelligence ? Ne serait-ce pas là que résiderait notre réelle différence en tant qu’humains ?

Je choisis la voie du Cinquième Élément

<

p style= »text-align: justify; »>

Une autre vision de la Conscience suprême, qu’il serait intéressant de développer à la fois dans la pensée métaphysique, mais aussi dans le domaine artistique…

Et si tout cela vous a inspiré quelques réflexions, n’hésitez pas à nous en faire part ici, à Sandrine et à moi.

<

p style= »text-align: justify; »>

https://www.youtube.com/watch?v=7gPrNpHaFX8

<

p style= »text-align: justify; »>

Dans la mémoire du Serpent à Plumes

Filtrer par
Exact matches only
Contenu
Type de Contenu
Tout sélectionner
Articles
Pages
Projets
Téléchargements
Filtre par Catégorie
Tout sélectionner
Chimères Animées
Chimères Partagées
Devine qui vient écrire
L'encre & la plume
Le Serpent à Plumes
Le Serpent d'Hippocrate
Les Feux de la Rampe
Les Pixe-Ailes du Phœnix
Musique des Sphères
Vers l'Infini et Au-delà
Filtre par Catégories De Projets
Tout sélectionner
Films
Jeu de Rôle

Deux films sur un thème : à la recherche du bonheur

Deux films sur un thème : à la recherche du bonheur

Deux films sur un thème : à la recherche du bonheur

De temps à autre, dans « deux (ou trois) films sur un thème », je parlerai d’œuvres mises en perspectives l’une avec l’autre pour montrer comment un même thème peut être traité différemment en fonction des sensibilités des réalisateurs, des époques, des « modes cinématographiques » ou des genres. Ce sera un petit compte-rendu des séances que des amis cinéphiles et moi-même nous organisons entre nous depuis maintenant plusieurs années, et mes sentiments sur la « collision » entre les différents films que nous visionnons. J’espère que cela vous incitera à faire la même expérience, que je trouve vraiment passionnante.

Commençons par la dernière séance en date, dont le thème était donc très vague : « à la recherche du bonheur ».

Le choix des films

Sur un tel thème, on peut trouver des dizaines de films (comme dans tous les thèmes, me direz-vous, et vous n’aurez pas tort), depuis les films d’auteur français jusqu’aux films de superhéros (si l’on considère la « quête du bonheur » du héros confronté à des pouvoirs qui le sortent de la norme et l’ostracisent en quelque sorte du reste de l’Humanité).

Notre choix n’a pourtant pas été porté ni vers les uns ni vers les autres. Nous avions sélectionné trois films relativement récents qui nous semblaient offrir une assez grande variété de points de vue pour provoquer une comparaison intéressante sur la forme comme sur le fond. Il s’agit chronologiquement de Smoke de Wayne Wang (1995), Into the Wild de Sean Penn (2007), et Jimmy P. d’Arnaud Desplechin (2013).

Je ne parlerai que du premier et du dernier, puisque nous n’avons pas pu voir les trois d’affilée, et que la comparaison ne peut donc vraiment s’établir si l’on ne visionne pas les films les uns à la suite des autres.

Pourquoi choisir un film traitant de la psychanalyse (Jimmmy P.) au côté d’un autre décrivant la vie d’un groupe d’amis dans un quartier de New York (Smoke) ? Parce qu’en réfléchissant bien, la quête du bonheur peut se passer de deux façons différentes : soit par une rencontre avec l’Autre (Smoke), soit par une rencontre avec soi-même (Jimmy P.).

Smoke

Le « pitch »

Le « bureau de tabac » d’Auggie, en plein Brooklyn, est le lieu névralgique où se retrouvent des clients qui sont bien souvent des habitués. Ce sont leurs vies entrecroisées qui sont racontées ici, leurs rencontres et leurs séparations. Il est question de deuil, de rédemption, de pardon, d’amour et d’amitié, d’honneur, de loyauté et de bonté tout autant que des erreurs que chacun d’entre nous peut faire dans sa vie.

On croise donc du beau monde dans la distribution : Harvey Keitel (Auggie), William Hurt, Forest Whitaker, entre autres. Mais aussi dans la réalisation : Paul Auster qui en est le scénariste, pour ne citer que lui. Le film est construit par chapitres qui se recoupent parfois, comme un roman, centrés sur un personnage en particulier. Chaque personnage est défini par des blessures que l’on découvre peu à peu, et par ses relations aux autres personnages, ce qui rend le tout extrêmement vivant et crédible. La réalisation s’attache à ces petits gestes du quotidien qui ont pourtant une grande signification sur les intentions de chacun d’eux. Le jeu des acteurs est précis et fin, souvent en retenue. Le sourire énigmatique d’Harvey Keitel dans l’avant-dernière scène est l’un des nombreux moments de bonheur de ce film humain et attachant.

Jimmy P.

Le « pitch »

1948. Jimmy Picard, un Indien Blackfoot démobilisé après la Seconde Guerre Mondiale, souffre de troubles psychologiques sévères qui handicapent fortement sa réintégration dans une vie civile normale. Alors que son cas divise les médecins et psychiatres de l’US Army qui sont amenés à le prendre en charge, c’est un anthropologue et apprenti psychanalyste franco-roumain, Georges Devereux, qui parvient à nouer avec lui une relation thérapeutique assez forte pour le mener vers la guérison.

Sous-titré « psychanalyse d’un Indien des plaines », comme le récit que fit en 1951 Georges Devereux de son approche psychanalytique du cas de Jimmy Picard, le film est à la fois une plongée dans les pensées, les peurs et les souffrances des deux hommes que sur la relation singulière qu’ils nouent entre eux. Les acteurs sont merveilleusement convaincants, et plus particulièrement Benicio Del Toro qui parvient à camper toute la complexité de cet Indien à la culture niée dans son propre pays sans jamais sombrer dans le pathos. Mathieu Amalric est admirable d’ambiguïté et presque de rouerie dans le rôle de Devereux. Le rapport que les deux hommes entretiennent entre eux et avec les femmes est le centre de l’intrigue, permettant de comprendre à la fois le patient et le psychanalyste, dont les névroses ne sont finalement pas moins grandes et sans doute encore loin d’être réglées. Les images sont très esthétiques même si la réalisation est plus classique dans son déroulé que celle de Smoke. On joue plus sur les couleurs, leur saturation, leurs différentes teintes.

L’intérêt repose pour moi également (déformation professionnelle oblige) sur la naissance d’un courant psychologique et psychiatrique qui s’éloignera des dogmes psychanalytiques tels qu’on les connaît avec les théories freudiennes, jungiennes et lacaniennes : l’ethnopsychologie et l’ethnopsychiatrie, dont Devereux est considéré comme étant le fondateur. Cette école de pensée s’écarte ainsi des concepts très occidentocentrés des pères fondateurs de la psychanalyse pour intégrer comme vérité thérapeutique les différentes cultures et adapter le cadre de soin à chacune. Par exemple accepter que les enfants africains puissent ne pas avoir de « complexe d’Œdipe » puisqu’ils sont élevés non pas par leur mère, mais par toutes les mères de la tribu. Cette approche, non réductrice et non dogmatique, sera développée par Tobie Nathan, dont, au passage, je ne peux que vous conseiller la lecture du très intéressant L’influence qui guérit, que j’ai découvert grâce à une amie psychologue formée par cette école.

Tobie Nathan, l'Influence qui guérit, couverture

Parfois cela fait du bien de lire autre chose que des histoires…

C’est d’ailleurs à mon avis le reproche principal que l’on peut adresser au film : la frustration que l’on ressent à ne pas plonger plus encore dans la dimension culturelle que Devereux intègre sur l’« indianité » de Jimmy Picard. Hormis quelques séquences où il note frénétiquement des noms, des mots, des concepts blakfoot, on ne parvient pas vraiment à saisir la différence d’approche de cet anthropologue de formation.

Confrontation : mes impressions

Pour moi ces deux films montrent des facettes complémentaires de ce que l’on peut appeler « la recherche du bonheur ». La relation qu’on peut avoir avec les autres pour Smoke, et toutes les difficultés qui résultent des relations humaines, de leur complexité, des émotions contradictoires et parfois opposées qui les traversent ; la connaissance et l’acceptation de soi-même pour Jimmy P., avec la souffrance que cela engendre souvent. Malgré leur propos, leur origine et leur style bien différents, ils se répondent dans le soin tout particulier qu’ils apportent aux personnages et dans la tendresse avec laquelle il les donne à voir au spectateur. Il se dégage néanmoins une impression plus grande de luminosité et de clarté de Smoke que de Jimmy P. que j’ai perçu un peu plus difficilement dans son ambiance.

Ce qui serait intéressant : visionner Into the Wild de Sean Penn juste en suivant, pour faire la synthèse entre une problématique purement personnelle et une problématique relationnelle à l’autre.

Livre électronique : Ultima Necat, de l’idée à la réalisation

Livre électronique : Ultima Necat, de l’idée à la réalisation

Livre électronique : Ultima Necat, de l’idée à la réalisation

Voilà plusieurs mois que je travaille à la fabrication de mon premier livre numérique.
C’est donc après de longues, très longues heures d’apprentissage et de codage que le voici enfin prêt à être libéré sur le net.

Un exercice de style ?

Pour ce premier pas dans le monde mystérieux du livre électronique, je voulais explorer beaucoup de choses.
En tout premier lieu je voulais expérimenter les possibilités nouvelles offertes par ce genre de média, et dont je vous parlais il y a quelques mois : l’adjonction d’audio, de vidéo, d’interactivité.
J’ai donc temporairement suspendu l’écriture de mes projets plus « littéraires », pour me pencher sur un sujet qui pourrait légitimement être traité avec de telles « augmentations » par rapport à un livre papier.
Le choix s’est porté sur les textes, images, photographies, sons et vidéos que j’ai accumulé en trois ans de développement pour Ultima Necat, et qui me semblaient pouvoir constituer une bonne base de départ pour mon expérimentation.
Pour un premier livre, c’est donc par l’exercice du « livre tiré du film » que j’ai commencé.
Habituellement, sur ce genre d’ouvrage, on trouve des anecdotes de tournage, des schémas de conception des décors, des esquisses des costumes en stade de préproduction, et la palette des « travailler avec untel ou unetelle c’était vraiment une expérience inoubliable ».
J’ai préféré me concentrer sur tout à fait autre chose.

En voyant tout le matériel à ma disposition, je me suis dit que le plus intéressant était de faire comprendre de l’intérieur comment avait été conçue l’histoire racontée par le film.

Ultima Necat, de l’idée à la réalisation

J’ai réuni les documents qui ont servi à la préproduction du film : la nouvelle que j’avais rapidement écrite à l’époque pour poser l’ambiance et le déroulement des événements et le scénario qui en a été tiré. À ces deux grosses parties, j’ai greffé toutes les notes prises à l’époque sur chaque détail de l’histoire qui avait été discuté, pensé, prévu pour telle ou telle raison. Ce qui donne un carnet de notes dont chaque entrée est accessible tant comme une lecture traditionnelle que comme une lecture hypertexte, liée au détail de la trame à laquelle elle se rapporte.
On y trouve des détails sur les personnages principaux, sur le choix d’une voix off, sur les choix de colorimétrie, la musique… bref, sur chaque point important de la conception du film.
Enfin, il m’a semblé intéressant de me servir des possibilités interactives d’un livre numérique pour montrer précisément les différentes corrections apportées à l’écriture d’une même séquence. On peut ainsi comparer trois états d’écriture de la séquence du repas entre amis au début du film : la version originelle, les premières corrections et la version finale.

eBook design : trouver une forme pour un livre électronique

Le plus difficile a été la conception graphique et la mise en page de ce livre, que je voulais simples tout en étant élégante. La majorité des livres epub que l’on peut télécharger dans le commerce sont soit de simples copies du papier (ce qui n’est pas choquant en soi, puisque ce sont généralement des versions électroniques de livres existant en papier), soit des maquettes élaborées dignes de magazines.

Je voulais à la fois un livre qui soit pensé pour la version électronique depuis le départ, mais également éviter de tomber dans le design à outrance (pour lequel de toute façon je n’ai pas les compétences, n’étant pas maquettiste ou graphiste).

J’ai donc écumé le web à la recherche de conseils et d’aides, mais je me suis vite rendu compte de la difficulté de la tâche.

Car si vous pensiez comme moi que fabriquer un epub c’est grosso modo faire un site internet, vous vous trompiez lourdement. Avec des croyances similaires, je me suis heurté à de nombreuses difficultés, car si les moteurs de rendu des navigateurs internet peuvent tous maintenant donner plus ou moins la même chose, les moteurs de rendu des lecteurs epub (pourtant basés sur des navigateurs web) ne donnent jamais le même résultat. En effet, chaque lecteur interprète à sa façon le langage pourtant codifié du css3, et à sa manière également les spécifications pourtant très strictes de l’organisme qui a créé la norme epub, l’IDPF

Un état de fait que beaucoup d’eBook Designers, comme on les appelle, déplorent de concert avec moi.

Il faut aussi dire que trouver des informations de codage en epub3 sur internet est assez difficile. Si quelques tutoriaux existent, ils sont pour la plupart assez arides et manquent beaucoup de ces « trucs & astuces » qui sont souvent indispensables quand on cherche à régler un problème très précis. Le casse-tête commence dès le début : il faut choisir entre deux philosophies totalement opposées sur la publication. Le flux (en anglais le « reflowing »), permet au lecteur de choisir d’agrandir la taille de caractère, bouger l’espacement des lignes et même changer de fonte (donc vous ne pouvez pas créer une mise en page définitive, et vous devez en permanence l’adapter aux circonstances), alors que la pagination fixe (appelée « fixed layout ») le rend totalement prisonnier de votre mise en page, comme dans un simple pdf, comme aussi dans un livre classique. Ce choix se fait dès le début de la conception du livre, et il est impossible actuellement de mixer les deux approches (par exemple avoir un flux dans lequel certaines pages sont fixes)… sauf avec une petite astuce que j’ai mis plus de trois mois à dénicher…

Toutes ces raisons expliquent que ma mise en page ne soit pas garantie, hélas. Je remercie d’ailleurs mon ami Sixte pour ses tests sur la plateforme Androïd.

Le livre électronique final est téléchargeable gratuitement. Il est au format epub3, en attendant un format Kindle que je commence à explorer également.

Format : epub3

Poids du Fichier : 22.5 Mo

Langue : Français

Nombre de pages : 99

Conditions requises pour une lecture optimale :

Sur iPad : iBooks, version 3.0

Sur ordinateur : Readium, extension pour le navigateur Chrome de Google

Testé, lisible mais avec des perturbations possibles sur la mise en page :

Sur iPad et Androïd : Gitden Reader

Sur ordinateur : iBooks pour Mac version 1.0

Non lisible par (support epub3 insuffisant) :

Sur iPad : Marvin, Bluefire

Sur Androïd : eBookdroïd

The Lost Tribe S01E03, résumé des épisodes précédents

The Lost Tribe S01E03, résumé des épisodes précédents

The Lost Tribe S01E03, résumé des épisodes précédents

Nous avons pu récemment jouer l’épisode 3 de ma série en jeu de rôle, The Lost Tribe, et comme je vous expliquais récemment, j’ai l’habitude de commencer la partie par un résumé des épisodes précédents.
Cette fois-ci pourtant, j’ai changé quelque peu le format, en essayant de me rapprocher plus encore d’une véritable série télévisée.
Le résumé s’est donc attaché à des moments précis qui ont tous un rapport avec l’épisode qui va suivre, et non plus un récapitulatif complet de la série, qui commençait à devenir fastidieux et long.

Je voulais donc vous le présenter, car j’ai eu quelques demandes pour la précédente mouture.

Mais tout d’abord il faut vous présenter un peu la série.

Le pitch

2002, aux Etats-Unis, l’agent spécial du B.I.A. (Bureau of Indian Affairs, une agence fédérale qui a les mêmes prérogatives que le F.B.I. en ce qui concerne les crimes perpétrés envers des amérindiens, par des amérindiens, ou dans des territoires amérindiens) Abigail Reed découvre qu’elle est liée à un groupe de personnes nommée The Lost Tribe, et dédiées à la défense des tribus amérindiennes. Les membres de cette Tribu Perdue sont pour la plupart capable de se transformer en loup-garous, car la tradition les prétend mi-humains, mi-esprits loup. C’est ainsi que Wade Garrett, Nathan Ramsey et Barney Mulcany la rejoignent dans ses enquêtes, qui dévoilent un complot nommé le Projet, contre lequel ils se mettent à lutter.

L’univers

J’ai eu l’idée de cette histoire en voulant faire un mélange entre l’univers du jeu de rôle BIA créé par les XII Singes, et celui de Werewolf The Forsaken, dans la deuxième itération du monde des ténèbres. C’est ainsi que l’épisode pilote, pour appâter mes joueurs, est repris du fascicule de scénarios de BIA, avec quelques adaptations spécifiques pour intégrer des loup-garous, le monde des esprits, et autres choses surnaturelles. Il n’est par contre pas question de vampires ou de mages comme dans l’univers du World of Darkness. Par contre, je me suis très directement inspiré de la série Fringe pour de nombreuses choses tant sur les secrets de l’histoire que pour l’ambiance, des personnages ou des situations.

Le résumé des épisodes précédents, S01E03

 

Old Sam : « Les personnes à la tête du Projet veulent détruire les Amérindiens ». Un van noir fonce sur la voiture de Barney dans les rues de New York, provoquant un accident qui aurait pu être fatal. Un van noir de la même marque est garé en face de la maison de la mère de Barney avant qu’elle ne soit pulvérisée par une explosion criminelle. Un van noir de la même marque, encore, déverse des mercenaires armés qui tentent de capturer la jeune Debra Milovitch. Les Urathas s’interposent. Le corps du hacker Dwight Simons criblé de balles sur son fauteuil.

Renée Darreck, en pleurs dans les bras de Barney : « Mon mari était un tueur à la solde du Projet ! ». Une balle en argent vient frapper Jonas de plein fouet, juste au moment où il allait transmettre un fétiche en forme de tortue à Abigail. Nathan et Wade retrouvent les traces d’un trépied utilisé pour stabiliser les fusils des tireurs d’élite de l’armée. Le corps de Johnny Spriter gisant dans une marre de sang, transpercé d’une balle en argent elle aussi tirée par un professionnel, à distance.

Old Sam : « Ils veulent détruire la culture des Amérindiens ! » L’ordinateur de Tim Davenport, l’agent du Projet qui avait enlevé Tecila Lence, contenait des informations sur un être appelé Celui-qui-marche-dans-le-vent.

Old Sam : « Celui-qui-marche-dans-le-vent est l’esprit protecteur de cette partie du sol américain, et j’en suis le gardien ». Dans le monde des Esprits, Abigail voit la tempête qui amoncelle de lourds nuages noirs.

Prairie Dog : « C’est la Louve Noire qui emprisonne les Esprits et empoisonne leur cœur ». Le visage de la femme loup-garou qui avait attaqué Tecila Lence, dissimulé derrière un masque de loup.

Renée Darreck : « Il s’appelle Tyrell Denom, c’est un marine. Il a disparu. C’est lui votre tueur ». Le visage d’un homme jeune, noir, en uniforme d’apparat des marines.

Directeur Philipp Broyles : « Le Projet est une conspiration qui touche à tous les rouages de l’État. Ne faites confiance à personne. Vous rendrez compte à moi seul. Vous avez carte blanche pour constituer une équipe. Mais, de grâce, Agent Reed, pour tout le monde, James Johnson doit rester un héros du F.B.I. tué dans l’exercice de ses fonctions alors qu’il faisait son devoir. Vous m’avez bien compris ? » Le visage de James Johnson qui sort d’un van noir, puis qui torture Tecila Lence pour la faire parler.

Abigail Reed : « Je veux voir le corps de l’Amérindienne, j’ai un mandat. » Responsable de la morgue fédérale à Quantico, siège du F.B.I. : « Je voudrais bien, mais je ne l’ai pas. Un idiot d’administratif a interverti deux papiers, et le corps a été incinéré ce matin. »

Un masque de loup. Une main qui l’ôte d’un visage. Le visage d’Abigail Reed.

Ma sélection de séries, cru 2014

Ma sélection de séries, cru 2014

Ma sélection de séries, cru 2014

Comme vous l’avez compris, je dévore les séries télévisuelles — généralement américaines.

Voici un petit florilège de celles qui sortent vraiment du lot selon moi cette saison.

Game of Thrones, l’indétrônable ?

La série déjà culte est pour moi un abîme de sentiments paradoxaux entremêlés.

Du côté pile, le soin porté à la réalisation, aux décors, aux costumes, à la lumière, aux ambiances, aux personnages complexes, variés et vraiment incarnés par des acteurs époustouflants ne peut que me séduire. Comme tout le monde, je suis admiratif et conquis par la mise en images de Westeros, de Braavos et des terres orientales. Je n’ai pas le souvenir qu’une série télévisée, même avec les budgets actuels, ait un jour avant celle-ci aussi bien rendu l’ambiance d’un monde médiéval plus ou moins fantastique, avec autant de réalisme et de soin du détail. La profusion de couleurs et la richesse du monde sont un point essentiel pour moi dans un projet d’une telle ampleur.

Mais, du côté face, je ne puis m’empêcher d’enrager devant les intrigues gâchées reprises trop directement de l’écriture des livres de G.R.R. Martin, qui, entre nous soit dit (mais vous pouvez le claironner sur tous les toits quand même si vous le voulez, je ne nierai pas), écrit comme un pied. Si certains d’entre vous ont déjà lu les livres dont je parle (soit une série pléthorique en livres de poche, soit des pavés indigestes en plusieurs « intégrales »), ils comprendront ce qui me gêne, voire m’irrite, dans cette écriture synoptique à peine travaillée, aux épisodes hachés sans véritable logique dramatique, et surtout sans véritable but en tête.

Les « beautiful death » qui font tant parler sur les réseaux sociaux ne font pour moi que masquer l’incapacité de Martin à assumer une ligne directrice claire sur le plan de sa narration. Il semble en effet s’attacher à des personnages en particulier, qu’il montre clairement comme des héros, puis, sans autre raison que son envie de choquer, il les fait sortir du récit brutalement sans leur donner la véritable mesure de leur potentiel. Je pense à Robb Stark, par exemple et aux loups blancs des enfants Stark dont il escamote complètement le rôle pourtant très clairement affiché par lui au début de la saga.

On me rétorquera « oui, mais c’est plus réaliste, dans la vie, des gens prometteurs sont souvent fauchés par injustice, cynisme ou cruauté avant d’avoir réalisé ce qu’ils voulaient ».
Oui.
Cet argument peut porter une ou deux fois.
Pas à chaque fois.

D’autant qu’il y a quand même une exception à la règle : le personnage de Denaerys.
C’est vrai, elle ne partait pas bien dans la vie : utilisée par son frère comme monnaie d’échange pour un mariage politique à une brute barbare afin de consolider une alliance qui aurait permis de reconquérir le Trône de Fer, elle voit ce frère mourir sous ses yeux tué par son mari, auquel elle finit par s’attacher, mais qui est lui-même tué, puis elle perd son enfant en couches après avoir survécu in extremis à un empoisonnement elle-même.
Mais à partir du moment où elle devient la Mère des Dragons, plus rien ne lui arrive vraiment de fâcheux, surtout quand on compare avec le destin des autres personnages qui en ont bavé tout autant voire plus qu’elle…
Et pourquoi ?
L’injustice, encore ?

Je pourrais débattre encore bien longtemps de ce qui me paraît une hérésie narrative, mais le fait est que les livres sont écrits ainsi, et ça n’y changerait rien. Martin a d’ailleurs ses fans inconditionnels, et c’est tant mieux.

On pourrait imaginer que les scénaristes de la série puissent s’écarter de ce schéma préétabli. C’est ce qu’ils font parfois en rendant un peu de vie à ces intrigues corsetées, mais hélas seulement dans des détails. Des détails importants, comme le fait qu’Arya Stark se retrouve prisonnière de Tywin Lannister en personne et non d’un vassal, ce qui amène à plusieurs scènes extrêmement intéressantes. Ou des scènes avec les Marcheurs Blancs que l’on ne voit même pas dans les livres.
Mais hélas, tout ceci est bien trop marginal dans le flot de l’intrigue principale, respectée à la lettre (et jusqu’à l’issue du duel judiciaire de la saison 4)…

Au final, il faut bien l’avouer, Game of Thrones, malgré ses défauts, reste encore pour moi l’une des meilleures séries de 2014… mais seulement sur la dernière marche du podium, car à force de trop insister sur les côtés tranchants du métal, le Trône de Fer s’est pour moi émoussé.

Da Vinci’s Demons Saison 2, l’outsider ?

J’ai découvert l’année dernière une série sans grande prétention, mais qui met l’accent elle aussi sur une ambiance « à costumes ».

Le pitch de départ m’avait déjà accroché : les jeunes années du génial maestro à la cour de Florence sous le règne de Lorenzo Le Magnifique, le plus flamboyant des Médicis.

La saison 1 nous entraîne dans une intrigue où la politique des cités états italiennes se mêle à une lutte ésotérique pour retrouver une relique mystique appelée The Book of Leaves (le Livre des Feuilles sonne moins bien en français, non ?). Des sociétés secrètes (les Fils de Mithras), une mise en abîme par des visions du futur et du passé qui assaillent Da Vinci, une certaine intelligence dans la façon de mener les intrigues et de montrer le génie du Maître (avec des gestes le rapprochant des tics autistiques, notamment), des personnages hauts en couleur, tout cela m’avait donc ferré.

La saison 2 est aussi bien menée, et cette ambiance se prolonge encore, rappelant par certains côtés celle qui a bercé mon enfance à la lecture des Pardaillan de Zevaco, avec les codes actuels des séries américaines.
La réalisation, sans être fabuleuse, est très honnête, les acteurs sont convaincants, l’univers assez fouillé et pour peu que l’on accroche au thème, l’intrigue est intéressante.

En conclusion, une série devant laquelle on passe de très bons moments, même si l’on pourrait attendre un petit peu plus de flamboyance.

Penny Dreadful, la Révélation ?

Après la mode assez déprimante des séries de vampires ou de loups-garous aux prises avec des états d’âmes adolescents dignes des navets les plus insipides (Vampire Diairies et autres Teen Wolf), je commençais à désespérer de voir un jour quelque chose de regardable dans le genre fantastique/horrifique à tendance gothique.
Jusqu’au choc que fut Penny Dreadful.

La série, produite par Showtime qui avait déjà commis Dexter, est l’une des rares à ne pas avoir dû passer par la case Pilote pour être commandée par la chaîne. C’est déjà un exploit.

Les cinq premiers épisodes de la saison inaugurale sont tout simplement exceptionnels.

Le pitch : dans le Londres victorien, une jeune femme aux pouvoirs médiumniques très puissants (Eva Green) et un riche Lord, célèbre explorateur dont le rêve est de remonter les sources du Nil (Timothy Dalton), s’adjoignent les services d’un tireur d’élite américain hanté par son passé de tueur (Josh Hartnett) pour traquer une créature maléfique.

Vous n’aurez pas manqué de remarquer les noms des acteurs principaux. Et vous n’avez pas rêvé. Trois pointures. Un jeu soigné.

Mais c’est dans le traitement d’une trame manifestement assez classique et dans le jeu sur les codes du genre (Mina Harker, Abraham Van Helsing, Viktor Frankenstein, Dorian Gray… ça vous dit quelque chose ? Eh bien ils sont tous dans la série…) que l’on assiste à quelque chose de vraiment fouillé et original. Les images sont dignes là encore d’un véritable film, la réalisation est sans faille, et l’univers est violent et réaliste à la fois. L’époque victorienne est retranscrite avec ce je-ne-sais-quoi de familier et de suranné qui fait immédiatement penser à Bram Stocker, Mary Shelley et même Conan Doyle.
D’ailleurs, la créature fait bigrement penser à Dracula, et le jeune Fenton prisonnier du trio de conjurés ressemble à Renfield, le notaire fou du Comte Vlad, en plus jeune.

La touche gothique est soulignée par le spiritisme, l’égyptomanie, le spleen existentiel de Dorian Gray, les transgressions du Dr Frankenstein, les états d’âme de sa créature qui fait également penser au Fantôme de l’Opéra.
Bref, on plonge avec délectation dans cet univers à la fois familier et déroutant.

Pour moi, clairement, c’est la série-révélation de 2014.

Europe, du mythe à l’idéal… et vers la réalité ?

Europe, du mythe à l’idéal… et vers la réalité ?

Europe, du mythe à l’idéal… et vers la réalité ?

Pour une fois, une petite réflexion sur un sujet non artistique… encore que…
La politique, ou « vie de la cité », au sens étymologique du terme, traverse nombre d’œuvres. Et chacun d’entre nous, comme citoyen, a le devoir de s’y pencher.

Notre cité, en ce début du XXIe siècle, n’est plus seulement notre ville ou notre village, mais bien le monde.
Et pour les habitants du Vieux Continent, c’est tout au moins l’Europe elle-même.
Mais les récentes élections démontrent avec éclat que, pour citer de Gaulle, il ne suffit pas de « sauter comme un cabri » en proclamant « l’Europe, l’Europe ! » pour que les peuples du continent soient emportés par le même enthousiasme. Pour qu’ils partagent l’idée de faire partie d’une même nation.
Je me suis posé alors la question : l’Europe est-elle et peut-elle être notre nation ? Mais qu’est-ce qu’une nation, en fait ?

Un mythe fondateur ?

Ravie par Zeus à son rivage phénicien de Tyr, la fille d’Agenor donnera son nom à la terre où le Roi des Dieux la déposera pour l’aimer. Un début pas forcément prometteur que cet enlèvement. On aurait pu penser que l’Olympien aurait fait à sa conquête le somptueux cadeau de lui offrir cette terre en souveraineté… ce ne fut pas le cas, elle qui fut donnée en mariage à un autre… ainsi va la faveur versatile les Dieux.

Une histoire commune ?

Le continent qui porte le nom d’Europe peut par contre compter sur une histoire très riche. Depuis l’établissement des peuples indo-européens jusqu’aux guerres mondiales du XXe siècle, en passant par le destin imposé par l’Empire Romain, les parentés croisées des anciennes monarchies ou les soubresauts des révolutions du XIXe siècle, l’histoire de chaque pays d’Europe est intimement liée à celle de ses voisins. Mais nous avons aussi une histoire commune avec d’autres parties du monde sans pour autant nous sentir faire partie d’une même nation. Depuis deux siècles la France et les États-Unis d’Amérique sont alliés, mais peu d’entre nous peuvent se sentir assez proches d’un américain du Midwest pour penser faire partie de la même nation.

Une langue commune ?

À première vue, c’est le critère le moins pertinent, si l’on considère la multiplicité et la diversité des langues parlées sur le Vieux Continent. Cependant, chacune de ces langues peut être apparentée à une ou plusieurs autres et toutes ont des racines communes (hormis le basque, je vous l’accorde…). On peut aussi comparer les différences qui les séparent à celles qui distinguent, disons l’occitan du picard. Si l’idée de nation a émergé en France, les différences linguistiques ont tout de même perduré très tard.

Une religion commune ?

Si l’Europe fut le berceau du christianisme, elle fut aussi celui de l’athéisme, et la sécularisation engagée depuis les Lumières a traversé tout le continent pour en faire le moins religieux de tous.

Une culture commune ?

C’est, je crois, là que l’on peut trouver une réponse. La conjugaison d’une histoire aussi imbriquée et de langues plus ou moins apparentées les unes aux autres n’a pu que créer des ponts entre les nations européennes. Ces ponts sont une certaine forme de pensée, depuis le droit romain jusqu’à des courants comme l’Humanisme, qui ont traversé tout le continent. À l’époque médiévale, les frontières n’étaient pas du tout les mêmes et les « étudiants » de l’époque allaient suivre des cours à Bologne comme à Montpellier. Si une langue structure la pensée et les concepts, le fait que nos langues soient issues d’une même origine nous fait appréhender la réalité suivant des abstractions assez proches. De là un sentiment de communauté d’intérêts, une proximité.
Sans nier les différences régionales existant au sein même de la nation française, nous partageons ce sentiment de faire partie d’un même ensemble.
Si l’on réfléchit à l’échelle européenne, et en évacuant les stéréotypes qui veulent que les Allemands soient disciplinés et rigoristes et les Espagnols au sang chaud, à quel point nous sentons-nous proches de nos voisins immédiats : espagnols, allemands, belges, suisses ?
Je crois que si l’on est honnête, cette proximité est une réalité.
Mais qu’en faire ?

Un destin commun ?

C’est là toute la question. Voulons-nous lier notre destin à celui des autres européens ?
C’est une question de volonté. Volonté politique, volonté des peuples, volonté de chacun d’entre nous.
Et il faut se poser la question non seulement d’un point de vue « défensif » – résister aux influences des autres blocs de civilisation comme l’Asie ou l’Amérique, minimiser les effets pervers de la mondialisation –, mais aussi d’un point de vue « positif » – construire un modèle qui peut relancer notre civilisation vers de plus grandes réalisations, dynamiser nos arts, nos sciences, notre pensée.

C’est l’échec de la conception actuelle de l’Europe.
Tout le monde ne parle de l’Europe, en France, mais aussi dans les autres pays européens, qu’en terme de protection, de forteresse.
Mais il y a aussi et surtout une dimension plus positive et constructive à prendre en compte. La résistance ne fait pas forcément les grandes choses. Les grandes choses se font quand on regarde vers l’extérieur.
La diversité même des Européens est leur force, comme leur unité d’histoire et leur communauté de pensée. Ensemble, non seulement ils peuvent éviter que des modèles qui ne leur conviennent pas ne prennent pied dans leur vie, mais encore peuvent-ils construire un modèle meilleur encore.

Construire une Utopie ?

C’est précisément ce qui nous manque. Une utopie, un Rêve Européen comme il y a eu un American Dream.
Mais comment ?
Je suis persuadé que l’influence la plus forte n’est pas l’influence politique, mais bien l’influence des idées, des concepts, des arts. C’est la culture qui influence les esprits. Servons-nous de notre culture commune et amplifions-la.
À commencer par donner à l’Europe une dimension éducative.
L’Humanisme s’est répandu à travers le continent à la Renaissance grâce aux universités qui formaient un maillage étendu. Reconstruisons cette trame. Confions à l’Europe des universités dans chaque pays, dans chaque région, où les étudiants ne seraient pas seulement ceux du programme Erasmus, qu’il faudrait étendre d’ailleurs.
L’Union elle-même pourvoirait au financement et au recrutement des enseignants, qui seraient de véritables fonctionnaires européens.
Nous formerions ainsi une jeunesse européenne imprégnée des mêmes idées, qui personnifierait la diversité et la richesse du continent dans son ensemble.
Il reste à déterminer dans quelle langue l’enseignement se ferait. J’ai bien peur qu’il ne faille accepter que ce soit l’anglais, même si, en bon français que je suis, je ne puis m’empêcher de penser que la langue de Molière serait plus apte dans ce rôle. Il est bien évident que la majorité des jeunes Européens parlent un minimum d’anglais, et une minorité le français, hélas.
À moins de considérer que l’apprentissage de langues différentes puisse aussi faire partie de ce projet.
Ou de penser que l’enseignement se ferait dans la langue du pays qui hébergerait l’université.
Les programmes seraient déterminés au niveau européen, bien sûr.
Le corollaire de cette idée est de créer des diplômes européens, reconnus dans toute l’Union. Et probablement reconnus ailleurs.

Et pourquoi se cantonner à l’université ?
Je crois que l’enseignement primaire et secondaire devrait rester la primauté des États, mais qu’il faudrait créer des programmes coordonnés. En Histoire et en Géographie, nous devrions apprendre à nos enfants un point de vue européen et pas seulement centré sur notre pays.

Le résultat se verrait en deux à trois générations. Car il ne faut pas se leurrer, le sentiment européen mettra du temps à s’enraciner. Un changement de cette envergure sera long. Mais c’est le seul moyen de construire une Europe qui soit aussi durable que l’Empire Romain et pas un assemblage artificiel conçu par des politiques déconnectés de la réalité.

Il faut aussi commencer à considérer que les citoyens européens doivent avoir des droits et des devoirs européens.
Ce qui veut dire deux choses essentielles : une véritable démocratie européenne, et une fiscalité européenne.

Pour le premier point, il est évident qu’il faut renforcer les pouvoirs du parlement européen. Lui donner un droit d’initiative des lois. Lui donner le pouvoir d’élire le président de l’exécutif, ou bien que ce président soit obligatoirement issu du parti ayant remporté les élections. Comme dans toutes les démocraties. Il a déjà le pouvoir de voter le budget de l’Union, mais c’est un pouvoir trop encadré par les États qui donnent des subsides et négocient à chaque période leur participation.
L’idée est de créer un impôt européen que paierait chaque État à hauteur d’un pourcentage de sa masse fiscale. Bien sûr ce pourcentage devra être le même pour tous les États, pour que chaque habitant de l’Union paye en proportions égales. Ce pourcentage pourra même être indiqué directement sur la feuille d’impôt du contribuable, comme il l’est pour nos collectivités territoriales.
L’impôt étant le socle de la solidarité, le contrôler via une instance démocratiquement élue et non plus par des tractations entre dirigeants pour des raisons plus ou moins louables est une nécessité. Absolue.

Ce budget pourrait servir à l’agriculture, comme actuellement, à l’industrie, mais aussi et surtout à la recherche et à développer une réelle place à notre continent. Une défense réelle, avec un squelette d’armée européenne. Une harmonisation de nos règles sociales. Des investissements massifs pour créer une révolution écologique et énergétique. Une véritable politique de numérique en créant un « cloud » européen avec nos propres règles et plus celles des USA. Bref, une vie quotidienne qui soit imprégnée d’une Europe positive.

Mais tout ceci présuppose d’abord une condition extrêmement difficile à remplir : que chaque pays accepte de briser ses propres conservatismes. Que chacun accepte que les autres aient beaucoup à nous apprendre et que nous devrons abandonner certains de nos « avantages » pour en gagner d’autres.
Ce n’est vraiment pas un combat gagné d’avance, mais c’est le seul moyen pour sortir d’un modèle qui ne correspond pas aux attentes des citoyens de l’Union.

Quitte à faire un nouveau traité avec quelques pays seulement.

Bientôt, une fée sur vos écrans

Bientôt, une fée sur vos écrans

Bientôt, une fée sur vos écrans

L’idée m’est venue récemment, au sortir d’un rêve dans lequel je l’ai « rencontrée ».

La Fée du Logis.

C’était un rêve si intense que j’ai décidé de céder à son appel et d’écrire son histoire.

Dans quelques semaines, je vous la ferai partager, épisode par épisode, comme dans un ancien roman-feuilleton.

Le temps pour moi de bien organiser mes pensées, de les accorder à l’ambiance de ce songe, et de faire plus ample connaissance avec cette histoire. Le temps surtout de prendre garde à ne pas trahir son esprit : montrer comment le merveilleux, le féérique, le fantastique, peuvent entrer dans nos vies modernes, occidentales et technologiques, sans pour autant écrire une bluette sans saveur et pleine de bons sentiments. Au contraire, j’ai envie de décrire quelque chose de crédible.

Restez donc à l’écoute…