Le Serpent à Plume ouvre sa propre librairie… virtuelle

par Fév 9, 2025Mis en avant0 commentaires

À première vue, d’aucuns pourraient juger que la décision d’ouvrir un espace numérique de vente de mes livres sur le Nid du Serpent à Plume soit un contresens, voire ramer à contre-courant de l’air du temps, ou pire, commettre une erreur tragique. Il est vrai que, si l’on se fie à l’actualité récente en ce début d’année 2025 dans le milieu des littératures de l’imaginaire, on a de quoi ressentir une pointe de frilosité : après le piratage de leur site en novembre-décembre, les éditeurs bien connus des Moutons électriques, qui publient rien moins que tous les écrits de Jean-Philippe Jaworski, ont annoncé qu’ils mettaient la clef sous la porte. Cela fait suite à la renaissance in-extremis d’une autre maison d’édition historique du genre, ActuSF, en 2024, après plusieurs mois d’incertitude.

Comme lecteur, je ressens cette fermeture comme une perte cruelle. Le travail des maisons d’édition dans l’imaginaire, notamment des petites maisons indépendantes comme l’étaient Les Moutons électriques, est indispensable à la diffusion du genre.

Malgré mon clair militantisme pour l’indépendance et la réalisation de livre par les auteurs et les autrices elles-mêmes depuis l’ouverture de ce Nid virtuel, je sais que la vitalité de l’imaginaire francophone tient pour une grande part à l’édition traditionnelle et à des maisons comme Les Moutons électriques, L’Atalante, ActuSF, La Volte, et j’en passe.

Alors quoi ? Dans un paysage politique et médiatique de plus en plus tendu, où la culture est malmenée, où les idées d’extrême droite ont non seulement droit de cité, mais sont surtout en passe de gagner contre l’Humanisme qui me tient tant à cœur, où les seules œuvres qui surnagent sont celles qui ont une force de frappe médiatique conséquente, celles qui ont une présence sur les réseaux dyssociaux, celles qui sont adaptées par Netflix et consorts ou qui possèdent un lectorat-auditoire déjà bien installé, il faudrait donc baisser les bras et se résigner ?

Ce n’est pas dans ma nature.

Ce n’est pas dans ma culture.

Si je dois rester largement méconnu — et c’est avec certitude ce qui sera mon destin d’artiste — ce ne sera pas faute d’avoir tracé mon chemin, porté haut mes valeurs, comme les Chevaliers de la Table ronde les couleurs d’une Dame. L’une de mes citations fétiches est extraite de la pièce Cyrano de Bergerac, d’Edmond Rostand. La voici :

CYRANO

[…]

Que dites-vous ?… C’est inutile ?… Je le sais !

Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès !

Non ! non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile !

Qu’est-ce que c’est que tous ceux-là ! Vous êtes mille ?

Ah ! je vous reconnais, tous mes vieux ennemis !

Le Mensonge ?

[Il frappe de son épée le vide.]

Tiens, tiens ! Ha ! Ha ! les Compromis,

Les Préjugés, les Lâchetés !…

[Il frappe.]

Que je pactise ?

Jamais, jamais ! Ah ! te voilà, toi, la Sottise !

Je sais bien qu’à la fin vous me mettrez à bas ;

N’importe : je me bats ! je me bats ! je me bats !

[Il fait des moulinets immenses et s’arrête haletant.]

Oui, vous m’arrachez tout, le laurier et la rose !

Arrachez ! Il y a malgré vous quelque chose

Que j’emporte, et ce soir, quand j’entrerai chez Dieu,

Mon salut balaiera largement le seuil bleu,

Quelque chose que sans un pli, sans une tache,

J’emporte malgré vous,

[Il s’élance l’épée haute.]

Et c’est…

[L’épée s’échappe de ses mains, il chancelle, tombe dans les bras de Le Bret et de Ragueneau.]

ROXANE, [se penchant sur lui et lui baisant le front]

C’est ?…

CYRANO, [rouvre les yeux, la reconnaît et dit en souriant]

Mon panache.

Ainsi donc, l’air du temps est à la concentration des pouvoirs, aux plateformes et aux monopoles. Tout cela ne me plaît guère. Mais je crois qu’il peut y avoir de la place, une place minuscule, une place dans les marges, pour une autre façon de faire. La Toile a encore un certain pouvoir, même (et surtout) si nous refusons de nous plier aux algorithmes.

Toute une autre tendance de notre époque est à la décentralisation, à la déconcentration.

Certes, le risque en est la fragmentation, la dilution.

Mais c’est aussi le gage de l’indépendance.

Il se trouve que, depuis quelque temps, la fréquentation de ce Nid Virtuel recommence à monter. Est-ce par la diffusion des Consultations extraordinaires ? Je ne sais. Mais je pense qu’il est bien plus efficace et authentique de proposer mes œuvres directement ici que sur une plateforme. De plus, moi qui, pour le moment, ne me déplace pas en salon littéraire (les raisons en sont principalement : un métier principal qui me prend beaucoup de temps, une vie personnelle que je ne veux pas sacrifier, la priorité donnée à la création elle-même), j’ai peu de contacts avec mes lecteurs et mes lectrices. Et j’avoue que cela me manque.

Ouvrir un espace de vente directe de mes œuvres ici ouvrira peut-être à plus de commentaires, plus d’échanges. Ou pas. Je n’ai pas une communauté assez large pour ouvrir un serveur Discord, alors je pense qu’il est d’abord utile de donner à voir ce que je fais ici.

La boutique

Cependant, si vous me suivez depuis quelques années, ou que vous avez suffisamment lu d’articles ici, vous devez vous douter que je ne vais pas ouvrir une boutique classique. Oui, je le sais, cela risque donc de ne pas «marcher» aussi bien que si je faisais les choses selon ce que l’on trouve déjà ailleurs, selon ce qui est conseillé ou prescrit, habituellement.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, je cherche plus à construire quelque chose qui me ressemble qu’à appliquer ce qui est censé marcher. Car, si l’on y réfléchit, pouvons-nous citer un exemple d’un écrivain qui vive de la vente de ses livres sur un site internet ? Ou même sur des plateformes numériques ? Personnellement, j’en suis bien incapable, et pas seulement parce que les chiffres de ventes restent toujours un secret. C’est juste parce que cela n’existe pas. Ou pas encore…

Je suis donc déterminé à intégrer ma «boutique» dans l’univers du Serpent à Plume.

D’abord, cela ne se nommera pas une boutique. Comme écrivain, je suis persuadé du pouvoir des mots et notamment du pouvoir des Noms. C’est d’ailleurs une des constantes de mes univers imaginaires, où la magie, le surnaturel, le pouvoir que mes protagonistes ont sur leur monde ou leur réalité leur vient de leur connaissance des mots. De même, les noms de mes protagonistes ne sont jamais innocents, ils ont toujours une signification et un rôle dans le récit.

Il n’y a donc pas de raison que l’endroit de ce Nid Virtuel où vous pourrez acheter mes œuvres échappe à la règle.

Cet endroit se nommera La Grande Bibliothèque.

Une référence à celle d’Alexandrie, bien évidemment.

Mais aussi une simple salle dans la section plus large, déjà existante, de la Caverne du Serpent, la section des Merveilles à télécharger.

Je vois cette Grande Bibliothèque comme partie d’un continuum entre les différentes créations que je libère dans le grand monde : les petites astuces que je publie dans des articles, les modèles que j’offre (modèles pour des logiciels que j’utilise, par exemple), les univers de jeu de rôle auxquels je donne accès aux Ptérophidiennes & Ptérophidiens, les personnes abonnées à ma lettre d’écaille & de plume, et tout ce que je donne à mes Mécènes sur Patreon (comme les livrets des épisodes de ma podfiction, Les consultations extraordinaires de Belladone Mercier, psychologue des dieux).

C’est ainsi que la Grande Bibliothèque, si elle reste la première étape dans l’exploration de la Caverne du Serpent, n’en est que l’entrée, et qu’il reste possible de découvrir d’autres salles sans s’y arrêter.

Pour autant, c’est là que vous trouverez ce qui m’est le plus précieux.

Il y aura pourtant une autre entrée, mise en avant lors de l’accès à la page principale du site et qui se fera vite oublier si vous continuez vers le bas de la page.

Pourquoi seulement les versions numériques et audio ?

Alors que je clame haut et fort que je désire être indépendant des plateformes, je laisse les versions papier de mes livres en vente sur Books on Demand, et je ne les propose pas ici, ce n’est pas logique.

Outre que la vente par internet de produits physiques est beaucoup plus complexe que la vente de produits numériques (ce que sont les versions électronique et audio), donc pas forcément ce dans quoi je veux me lancer au tout début de l’ouverture de ma librairie virtuelle, je voudrais aussi, pour le moment du moins, privilégier la vente via des librairies physiques. Car, bien sûr, l’une des forces de mon partenariat avec BoD reste la possibilité pour vous de commander mes ouvrages par l’intermédiaire de votre libraire de chair et d’os préféré. Cela vous permettra de soutenir les petites librairies, entre autres.

Tableau de Petrus Christus, peintre flamand du XVe siècle

Le prix

Alors, je ne gagnerai pas une fortune en vendant mes œuvres, et, de toute façon, là n’a jamais été mon objectif en publiant ce que je crée. Si un prix doit être fixé, c’est que la société dans laquelle nous vivons considère que la valeur de la création, comme la valeur du travail, doit se mesurer en argent ou en or, fussent-ils numériques. Ce qui est gratuit est hélas synonyme de «sans valeur» pour beaucoup d’entre nos contemporains.

J’existe comme artiste, donc je donne un prix à ce que je crée. Et je le fixe librement. Du moins le plus librement possible.

Je déteste les prix en «,99». Je les trouve déloyaux, manipulateurs, trompeurs.

Si je suis contraint d’utiliser de tels prix pour les livres numériques, afin qu’ils puissent être distribués par les plateformes, telles qu’Apple Books ou Kobo, rien ne me force à m’y plier pour les livres audio. Ces derniers ont donc un prix «rond».

Plus encore, je pense que les œuvres numériques, n’ayant pas de matérialité par définition, ne nécessitant donc pas de frais de stockage (si ce n’est un peu d’espace disque), doivent être proposées pour un prix plus abordable que la version papier. Une version audio demande beaucoup de temps pour être produite, c’est vrai. Et cela mérite d’être valorisé par un prix plus haut.

Aussi ai-je décidé de proposer un prix unique pour toutes mes versions numériques EPUB : 5,99 €. Mais aussi un prix unique pour toutes mes versions audio : 18,00 €.

Poker d’Étoiles, le livre audio

Et justement, le déclencheur de toute cette réflexion est l’aboutissement de la production de mon premier livre audio, à partir du texte de mon premier roman, Poker d’Étoiles. Plein d’enthousiasme après mon expérience dans la podfiction avec Les consultations extraordinaires de Belladone Mercier, psychologue des dieux, j’ai décidé de transposer ce que j’avais appris de nouveau à mes projets de livres audio. Et j’ai passé beaucoup, beaucoup de temps à peaufiner cette version d’un peu plus de dix heures d’écoute. Avec quelques effets sonores (assez peu, finalement), mais aussi et surtout un travail plus approfondi sur le contrôle de l’enregistrement et sur le mixage.

Une fois le livre audio terminé, je me suis naturellement demandé comment le faire naître dans le vaste monde.

Il était évident pour moi que j’allais éviter Audible, bras armé d’Amazon dans le commerce des livres audio, parce que je veux promouvoir un autre modèle, et que mes valeurs n’entrent pas en résonance (c’est le cas de le dire) avec celles du géant américain. J’aurais pu me tourner vers les plateformes qui distribuent déjà les autres formats de mes livres, comme BoD ou 7Switch. Mais j’ai réfléchi au fait que la distribution directe pouvait aussi avoir tous les avantages que je vous présente un peu plus haut, plus certains autres.

En ce XXVe siècle où les humains ont colonisé d’autres systèmes solaires, Sean et Eddy survivent de parties de poker et de contrebande, grâce à leur audace et à Démosthène, la très susceptible Intelligence Artificielle qui pilote leur vaisseau.
Alors que Sean vient de perdre une nouvelle partie de poker, une jeune femme apparaît littéralement dans sa vie, lui transmettant à la fois des ennemis sans scrupules déterminés à l’éliminer, une responsabilité aux dimensions du cosmos et un amour qui le mènera à trouver sa place dans cet univers.

Format de fichier

m4b, mp3

Durée de lecture

10:00:48

18,00 

Ptérophidiens & Mécènes

Car, en France, le prix d’un livre physique ou numérique est fixé une fois pour toutes, et il n’est donc pas possible de consentir des rabais, sauf pour les livres audio, qui sont pour l’instant dans un vide juridique.

Cela me permet de faire une chose impossible pour les versions numériques (et a fortiori pour les versions papier) : récompenser la fidélité de celles & ceux qui me suivent depuis longtemps avec un peu plus qu’un rabais de 5 %, le seul qui soit autorisé pour les formats plus «anciens».

D’abord, j’avais envie de récompenser mes correspondants, celles & ceux qui lisent et parfois répondent à ma lettre d’écaille & de plume, ce long message que j’envoie tous les trois mois, les 1er février, 1er mai, 1er août et 1er novembre de chaque année, dates des anciennes fêtes celtes d’Imbolc, Beltaine, Lughnasadh, et Samhain. Lors de ces échanges, je livre certaines de mes réflexions sur… sur beaucoup de sujets en fait. Principalement sur ma façon de créer, ma vision de l’art, mais aussi sur beaucoup d’autres sujets qui m’ont touché dans les trois mois passés. J’y déroule aussi toutes les découvertes culturelles ou scientifiques que j’ai faites durant le trimestre écoulé, mes coups de cœur musicaux ou littéraires. Et j’ai la chance d’avoir de véritables correspondances avec plusieurs de ces personnes. Certaines me suivent d’ailleurs depuis plusieurs années.

Et j’avais donc envie de les remercier, avec une réduction de 20 % sur la version audio de Poker d’Étoiles, via un code de réduction à utiliser dans la Grande Bibliothèque.

Ensuite, malgré la confidentialité de ce que je crée, j’ai décidé d’ouvrir une page sur Patreon, la plateforme de micromécénat, certes américaine, mais bien mieux positionnée éthiquement que son équivalent français, dont je ne citerai même pas le nom.

J’ai peu de Mécènes, mais leur geste me touche suffisamment pour que je décide de leur offrir la version audio de Poker d’Étoiles, via là encore un code de réduction à utiliser dans la Grande Bibliothèque. Oui. Leur offrir.

C’est ma façon de les remercier.

Les portes de la Grande Bibliothèque s’ouvrent

Le Gardien vous attend.

Demandez-lui ce que vous cherchez, et, en bon bibliothécaire, il vous le trouvera.

Suivez-moi vers la Grande Bibliothèque

Devenez Mécène

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