Lorsque mon premier roman, Poker d’Étoiles, est sorti en 2008, ses habits extérieurs étaient pour le moins austères. Une couverture blanche très sobre, sans image, où seuls un bandeau gris et le logo cunéiforme de la maison d’édition rompaient la monotonie d’une police de caractères bien fade. Il ne fallait sans doute pas espérer mieux, à l’époque, pour un premier écrit dans un genre de niche, la science-fiction à tendance space-opera. D’autant plus lorsque la structure éditoriale se révélait balbutiante, donc avec très peu de moyens.
Ainsi, l’absence de véritable couverture pour lui permettre de faire connaissance avec ses lecteurs et lectrices a-t-elle été un de mes plus grands regrets pendant quinze ans.
Mais désormais, le texte m’appartient à nouveau de plein droit, et lui donner vie une seconde fois signifie donc une chance de réparer cette lacune.
Voici donc une petite histoire sur la conception de cette couverture de résurrection.
La structure graphique comme identité éditoriale
Si vous avez déjà aperçu les couvertures de mes autres romans, Le Choix des Anges et Fæe du Logis, vous avez sans doute remarqué que je les ai conçues suivant un même modèle. Un fond noir laissant s’exprimer le titre en lui offrant beaucoup d’espace, un sceau assez discret façon cartouche d’idéogrammes chinois qui rappelle ma marque de réalisauteur (d’auteur-éditeur ou d’auto-éditeur, si vous préférez), et entre les deux une image (un tableau, en réalité) inscrit à l’intérieur d’une forme stylisée issue du thème du roman. Ainsi, pour Le Choix des Anges, il s’agit d’une gravure de Gustave Doré inscrite à l’intérieur d’un Ouroboros. Pour Fæe du Logis, c’est une illustration d’Arthur Rackham contenue dans la silhouette d’un faune aux cornes de cerf.
Cette structure, qui selon moi allie élégance, esthétique et efficacité, me sert également de marque éditoriale.
Roman après roman, elle construit une identité qui crée une familiarité. Un effet de collection. Une unité.
Il était donc évident dès le début, pour moi, que Poker d’Étoiles allait s’installer dans ce schéma, lui aussi.
Le titre
C’est toujours la première question que je me pose lorsque je conçois une couverture.
Comment le titre va-t-il apparaître ?
Ce qui revient à d’abord choisir une police de caractères pour incarner le roman dans son ensemble.
Car un titre n’est pas seulement le nom de votre roman, c’en est aussi et surtout une sorte de condensé-résumé-noyau identitaire. Sa signification, sa sonorité et son apparence graphique forment pour moi un tout qui doit synthétiser la substantifique moelle de ce que le roman lui-même va développer.
Ce qui implique que la forme et le fond sont, comme toujours selon moi, indissociables.
Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas et ce qui est en bas est comme ce qui est en haut.
Cette phrase est pour moi non pas un guide spirituel mais un axiome créatif. Un rappel que chaque choix artistique porte une signification particulière et qu’une œuvre réussie, de mon point de vue, est toujours une œuvre cohérente dans sa forme comme dans son fond.
Dans le cas de Poker d’Étoiles, je devais trouver une fonte qui évoque à la fois le futur, le space-opera, une certaine poésie, une technologie, l’inconnu.
J’ai donc écumé les rivages infinis de l’internet à la recherche de cette perle rare. Et j’ai fini par trouver ce qui me semblait convenir : la police GraySun, dont certaines variantes de glyphes m’ont conquis.
Le sceau
Seul élément de la couverture qui reste invariant d’ouvrage en ouvrage, le sceau est issu du logo d’écaille & de plume, recrée en 2017 d’après la forme d’une esperluette, aussi appelée ampersand chez les anglo-saxons. Le &, originellement abréviation utilisée par les moines copistes pour signifier «et», exprime bien ma double nature de Serpent à Plume.
L’image
C’est sans doute elle qui est l’épreuve la plus ardue, à chaque nouvel opus.
Il faut trouver deux éléments qui doivent harmonieusement se marier pour faire naître une combinaison esthétique et signifiante. Si cet exercice a été évident pour Le Choix des Anges, avec l’Ouroboros symbolisant le parcours initiatique d’Armand dans l’histoire et une gravure de Gustave Doré issue de son travail sur le Paradis Perdu de Milton, référence à Abel et Caïn, mythe central dans le récit, trouver cette alliance rare a été beaucoup plus compliqué pour Poker d’Étoiles.
Le poker
J’ai rapidement décidé de me servir du poker comme forme contenante. Mais encore fallait-il déterminer quel élément du jeu de cartes utiliser. Un tas de carte ? Une seule carte ? Un jeton ? La forme d’une des quatre couleurs ? Et dans ce cas : le cœur, le carreau, le pique ou le trèfle ?
J’ai d’abord essayé une main entière. La quinte flush joue un rôle dans l’histoire, aussi ai-je voulu commencer par cela. Mais je n’ai pas été satisfait. Trop complexe, pas assez lisible, et au final, cela dénaturait la structure graphique de la couverture, si importante pour moi.
Deux concepts ont été en concurrence ensuite. Une carte à jouer comme forme contenante, ou alors, carrément, une carte à jouer comme couverture entière.
Ne sachant pas me décider, j’ai demandé l’avis de personnes autour de moi. D’abord à mon épouse, puis à l’amie qui avait participé aux corrections de Poker d’Étoiles à l’origine. J’y ai associé les lecteurs et les lectrices de ma lettre d’écaille & de plume, la newsletter saisonnière qui nous sers de correspondance.
Toutes les personnes qui m’ont donné leur avis ont convergé vers la même réponse : une carte dans la couverture mais pas comme couverture.
Restait à choisir la carte dont il serait question.
L’as de pique a été le choix naturel, d’une part parce que sa forme laisse plus de place à l’image inscrite dans la carte, et d’autre part car cette carte symbolise l’un des personnages les plus emblématiques du roman : Démosthène, l’Intelligence Artificielle qui pilote le vaisseau des deux cousins Sean et Eddy.
Les étoiles
Une fois trouvée la forme contenante, restait à choisir quelles étoiles on pouvait y faire apparaître.
Une recherche sur la Toile vous abreuvera de millieurs de fonds d’écrans, de photographies réelles ou de vues d’artistes, de reconstitutions scientifiques et de clichés de télescopes.
J’ai mis presque autant de temps à naviguer dans cet océan-là qu’à trouver la police du titre. C’est dire si ça a été long !
Je voulais là encore quelque chose qui ait une signification, même si c’était juste pour moi.
J’ai essayé bien des images, dont certaines qui évoquaient des formes, comme une silhouette féminine qui aurait pu correspondre à Neith, la mystérieuse jeune femme qui déboule dans la vie de Sean et Eddy au début du roman et qui lance l’aventure.
Mais je voulais une image qui soit «réelle», c’est-à-dire issue d’une observation du cosmos. Alors comme je n’arrivais pas à trouver la référence de cette image-silhouette, j’ai continué ma quête.
Tel un Galaad des landes numériques, j’ai fini par trouver mon Graal dans le château du Jet Propulsion Laboratory de la NASA, sous la forme d’un cliché pris par le Spitzer Space Telescope dans la région des Montagnes de la Création et intitulée Towering Infernos («les enfers s’élevant comme des tours», littéralement). Vous pouvez cliquer sur l’image que je reproduit ici pour consulter le texte (en anglais) qui présente le contexte scientifique de ce cliché sur le site du Jet Propulsion Laboratory.
Non seulement les Montagnes de la Création font-elles référence aux réponses que Sean, Eddy, Démosthène et leur compagnon Dom vont découvrir sur le mystère de la belle Neith, mais la couleur rouge dominante de l’image illustre bien le sang qui sera versé tout au long du récit et des épreuves qu’ils vont devoir affronter pour cela.
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La lettre d'écaille & de plume
Le suaire de la résurrection
Et c’est donc une nouvelle tunique, mieux, un saint suaire, qui habille Poker d’Étoiles au moment de sa résurrection. Je suis fier de vous le présenter ainsi qu’il apparaîtra dans sa deuxième édition, dans le courant du mois d’octobre 2023.
Lorsque l’on écrit, que ce soit de la fiction ou un travail universitaire, on a souvent besoin de prendre des notes sur son travail. Des notes sur un passage que l’on aimerait retravailler lors des corrections, des commentaires sur la façon de présenter telle ou telle action, ou bien des notes destinées à la lectrice de l’ouvrage.
Dans un logiciel de traitement de texte, comme Word ou Writer de LibreOffice, nous avons le choix entre les commentaires qui permettent de travailler en collaboration avec un éditeur ou un maître de mémoire, et les notes de bas de page. Les unes sont destinées à améliorer le texte dans sa phase de travail, les autres à insérer des références pour le lectorat. En soi, c’est assez simple à gérer, puisque les premières sont destinées à rester dans l’ombre et les dernières, elles, seront publiées dans l’ouvrage final.
Mais Scrivener n’est pas un traitement de texte. C’est un studio complet d’écriture, et les choses ne sont pas aussi simples, car il peut servir à exporter un même texte sous plusieurs formes, pour plusieurs objectifs.
On peut vouloir une épreuve de correction, qui peut contenir des notes de travail pour une relecture personnelle.
On peut vouloir le même texte dans une version destinée à son éditeur avec des commentaires sur la façon d’aborder certains passages.
On peut vouloir un manuscrit final, avec des notes destinées au lecteur.
On peut vouloir un script pour un réalisateur avec des notes de travail concernant des indications référencées sur le jeu, les décors, les mouvements de caméra, etc.
On peut vouloir le même script pour les acteurs avec des notes sur le caractère des personnages.
Bref, on peut avoir besoin de plus de deux sortes différentes de notes, pour remplir plusieurs fonctions. Cela tombe bien, car Scrivener possède cinq (mais en fait six !) types différents de notes. Ça fait beaucoup.
Dès lors, comment s’y retrouver, et comment choisir de prendre des notes dans Scrivener en fonction de nos objectifs ?
Prérequis
Cet article assume que vous avez lu et assimilé les principes généraux de la compilation dans Scrivener. Si ce n’est pas le cas, reportez-vous à l’article que j’ai consacré à ce sujet. Cela vous permettra de comprendre des termes tels que compilation, scrivening, formats de compilation, etc.
To be or notes to be ?
Certains auteurs prennent beaucoup de notes, que ce soit pendant la rédaction ou dans les phases de préproduction, voire de « postproduction éditoriale ». Et parmi nous, il en existe qui préfèrent intégrer leurs notes dans une autre application, comme OneNote ou Obsidian.
À mon avis, l’intérêt majeur de prendre des notes dans Scrivener directement est de les lier au texte.
C’est évident pour les notes destinées au lecteur ou pour la postproduction.
Ça l’est moins pour celles qui sont faites pour la préproduction.
Aussi, l’une des premières questions à se poser est tout simplement l’usage que l’on va faire des notes dans un projet particulier. Cela nous indiquera tout naturellement comment nous voulons que ces notes apparaissent lors de la compilation. Et bien entendu quel type de notes nous allons utiliser dans le logiciel.
Différencier les formats de compilation entre production et publication
Les types de notes présents dans Scrivener sont nombreux. Il est évident que vous n’aurez pas forcément besoin de toutes, tout le temps, pour tous les projets. Au contraire, chaque projet aura besoin d’un système de notes différent des autres.
Mais le plus important est de comprendre que chaque type de notes se prête plus à un processus d’élaboration d’un document, des notes de production, ou à un processus de partage lors de la forme finale de l’œuvre, des notes de publication.
Je vais donc séparer chaque type suivant l’usage qu’il me semble être le plus indiqué. Libre à vous de les utiliser pour un autre si vous le souhaitez.
L’essentiel est de choisir pour chaque projet quelles notes vous serviront à quel usage, et de vous y tenir. Cela vous permettra ensuite de compiler le texte sous différentes formes en seulement quelques clics, comme nous le verrons dans le prochain article de cette série.
Notes de production
Elles seront strictement réservées aux versions de travail de votre texte, et seront supprimées lors de la compilation vers les formes destinées à la publication finale. Cela peut d’ailleurs être automatisé, et c’est d’ailleurs ce qui est intéressant avec Scrivener. Mais elles seront conservées dans les sorties destinées à vos relectures, vos ß lecteurs, vos corrections, ou les échanges avec un éditeur.
Notes personnelles de rédaction ou de préproduction
Dans le processus de création, il est parfois intéressant d’avoir une sortie papier ou numérique personnelle du texte sur lequel on travaille pour en dégager une vue d’ensemble.
Dans ce cas, il peut être utile d’avoir, en plus du texte rédigé (s’il existe), des notes de conception servant à diriger notre travail, à nous rappeler des points importants pour la suite de la rédaction, ou pour reprendre un passage qui ne nous satisfait pas vraiment.
Mon choix personnel se porte sur les Notes de l’Inspecteur, mais je ne les compile jamais avec le reste du texte. Elles sont, pour moi, destinées à rester dans Scrivener et à ne jamais en sortir, puisque ce sont des notes qui ne me sont utiles que lors de la rédaction, étape que j’effectue en totalité dans Scrivener lui-même, et jamais sur un autre logiciel ou en papier.
Les Notes de l’Inspecteur
Il ne s’agit pas d’un fichier que la police aurait sur vous, rassurez-vous, mais bien de notes situées sous le synopsis ou Résumé du volet de droite de l’espace de travail de Scrivener. Le Résumé vous permet de brosser à grands traits ce que va contenir le scrivening sélectionné (par exemple une scène où Sherlock Holmes découvre un indice particulier). Les Notes qui se trouvent en dessous sont, dans la philosophie du logiciel, des indications de préproduction, car elles peuvent être écrites avant même que le moindre mot n’ait été inscrit dans le texte lui-même.
C’est, de mon point de vue, l’endroit parfait où l’on peut se noter à soi-même des rappels sur la tonalité que l’on voudrait donner au texte, sur des détails qu’on ne devrait pas oublier lors de la rédaction. Sur la capture d’écran ci-dessous, vous pouvez voir la note que je me suis laissée, pour ce passage en particulier.
Défaut dans Scrivener : ce sont les notes les moins paramétrables dans la compilation. Elles ne peuvent apparaître qu’au-dessus ou en dessous du texte d’un scrivening en particulier. Elles sont attachées donc à votre découpage. De mon point de vue, les compiler n’est pas une idée de génie sauf dans un objectif de relecture personnelle ou si vous avez dans ces notes les statistiques chiffrées d’un personnage de jeu de rôle que vous voudriez inclure dans votre texte avant la description ou l’historique du personnage en question (et encore, il y a de meilleures et plus élégantes façons de faire ça). Pour moi, c’est un style de notes qui ne peut convenir qu’à des notes de rédaction personnelles, et même pas à une collaboration, encore moins à une publication finale.
Compiler les Notes de l’Inspecteur
Pour vous permettre de les intégrer à la compilation, vous devrez probablement Modifier le format de compilation. En sélectionnant sur la colonne de gauche l’onglet de Mise en page des sections, vous choisirez le type de scrivening dont vous désirez faire apparaître les Notes de l’Inspecteur. Par exemple les sections appelées Scènes (voir l’article Maîtriser la compilation dans Scrivener : les bases, où je vous donne l’exemple de ces Scènes).
Vous n’aurez qu’à cocher la case Notes en plus de Text (et éventuellement de Title).
Vous verrez alors apparaître dans l’encadré Formatting en bas un nouveau texte sous l’intitulé Notes.
En cochant la case Override text and notes formatting, vous pourrez styler la présentation de vos Notes d’Inspecteur dans la compilation.
Par défaut, la compilation sortira un scrivening organisé comme suit :
Si vous désirez changer cet ordre, vous devrez cliquer sur les trois points inscrits dans un cercle en haut à droite de la liste des sections et cocher Place notes after main text, ce qui aura pour effet d’inverser l’ordre. Vous aurez donc :
Et c’est la seule façon que vous aurez de déterminer la place des notes, ou même le titre « Notes ». Cependant, pour ce dernier, il ya une astuce avec l’onglet Remplacements, mais nous aborderons ce point dans un futur article.
Notes collaboratives ou éditoriales
Ces notes sont destinées à être lues et éventuellement complétées par les personnes qui vous aident à améliorer votre ouvrage : ß lectrice, éditrice, gourou, etc. L’idée est qu’elles soient facilement mises en page, quel que soit le format de sortie papier ou numérique, et que dans ce dernier cas, elles puissent être interopérables avec d’autres logiciels, de type traitement de texte, comme Word ou Writer. Cela vous permettra des allers et retours, de répondre vous-même aux suggestions, de faire des suivis de commentaires, etc.
Mon choix personnel est évident : les commentaires de Scrivener sont faits pour ça car ils sont interopérables avec le format DOCX. Mais comme cela marche moins bien avec le RTF, il faudra prendre garde. Cela demande également à prévoir une sortie numérique que l’on imprimera éventuellement après, car les sorties PDF ou imprimées directement par Scrivener ne permettent pas d’intégrer autrement les commentaires que de la même manière que les inline notes que nous verrons plus loin.
Pour une sortie imprimée (ou en PDF, ce qui revient à la même chose), je privilégierais donc les inline notes, si vous n’en avez pas besoin pour autre chose.
Une autre façon de faire est d’utiliser les notes de bas de page, si vous n’en avez pas besoin pour y mettre du texte destiné à la publication.
Les commentaires
Toutes les personnes qui ont utilisé les commentaires et le système de révision de Word {>>Germain HUC 01/08/2023 16:02
On essaie ?<<} savent globalement de quoi nous parlons. Les commentaires dans Scrivener sont exactement la même chose, et sont interopérables avec ces commentaires, d’ailleurs. Ils servent la plupart du temps à collaborer avec d’autres auteurs sur le même texte, ou à échanger des points de vue avec son éditeur.
Il faut cependant rester prudent : si la compilation de Scrivener parvient très bien à les exporter dans le format DOCX, c’est plus compliqué dans le format RTF, qui est pourtant celui qui est censé être le plus interopérable. En tous les cas c’est ce qui se passe pour moi dans Writer de LibreOffice, mais peut-être que c’est différent avec Word lui-même, que je n’utilise pas.
Compiler les commentaires
Dans le format de compilation, onglet Notes de bas de page et commentaires, vous devez vous assurez que le menu déroulant Export comments and annotations as soit bien réglé sur margin comments.
Méfiez-vous également de l’onglet Compatibility en bas à gauche, et vérifiez que l’option Flatten footnotes and comments into regular text soit décochée, autrement, Scrivener transformerait tous vos commentaires en texte simple inclus dans votre document, ce qui serait dommage.
Utiliser les commentaires
Une fois compilés en format DOCX, ODT ou RTF, votre texte contiendra des commentaires auxquels votre ß lectrice, votre éditrice, ou votre gourou pourront répondre. Une fois que vous aurez récupéré le fichier annoté par ses soins, vous aurez le choix entre deux solutions.
Soit vous restez dans le traitement de texte (Word, Writer) et vous gérez les commentaires avec le système intégré de ce dernier. Il paraît que c’est très bien fait. Mais à mon avis, si vous devez ensuite reprendre la rédaction du texte, ce sera assez lourd parce que vous serez un peu coincé dans Word ou Writer, ce qui sera, avouons-le, Mal.
Soit vous intégrez à nouveau le texte dans Scrivener, où les réponses à vos commentaires et les nouveaux commentaires de votre ß lectrice, éditrice ou gourou seront importés. Vous pourrez alors reprendre votre rédaction ou vos corrections directement dans Scrivener, et ça, c’est carrément le Bien.
Nous reviendrons sur les allers et retours entre Word/Writer et Scrivener dans un prochain article.
Suggestions de texte rédigé, texte modifié lors des différentes passes de correction
Si vous avez une ß lectrice qui aime suggérer des formulations, ou un éditeur qui se permet des corrections directes (par exemple sur l’orthographe), le mieux est d’utiliser les révisions de Scrivener.
Pour cela, il suffit, si la personne avec qui vous collaborez n’utilise pas elle-même Scrivener (personne n’est parfait), de lui demander d’écrire dans Word ou Writer avec une couleur particulière, que vous entrerez comme couleur de révision dans Scrivener. Et le tour sera joué.
Les notes de révision
Ne sont pas vraiment des notes, mais enfin un peu tout de même.
C’est confus ? C’est normal, parce que ça l’est.
Les notes de révision sont un outil qui est qualifié de « basse fréquence » dans le manuel de Scrivener. Lire : « basse technologie ». En ce sens qu’il ne nécessite pas vraiment de paramétrage.
En l’état, les notes de révision sont du texte simple dans le corps de votre rédaction, mais coloré différemment selon le niveau de votre correction. Par exemple, lors de votre première passe de correction, le texte sera coloré en rouge, mais en bleu lors de la deuxième passe de correction.
Mais Scrivener sait les reconnaître et cela peut être utilisé pour suivre vos corrections, même avec d’autres formats de fichiers, comme Word.
Cependant, le texte coloré dans une couleur peut aussi être considéré comme des notes que vous vous laissez dans le corps du texte, même si ce n’est pas vraiment ce que je recommande, car Scrivener a vraiment beaucoup d’autres outils pour cela, que je trouve vraiment plus pratiques.
Compiler les notes de révision
Ce qui est merveilleux avec les notes de révision, c’est que vous n’avez besoin de rien faire pour les compiler, puisqu’elles sont intégrées dans le texte et considérées par Scrivener comme votre texte principal. Elles sortiront donc dans votre fichier Word ou votre PDF colorées de la bonne façon, celle que vous aurez déterminée.
Vérifiez juste que dans les paramètres de la fin de compilation vous n’ayez pas sélectionné Supprimer la couleur du texte.
Utiliser les notes de révision
Vous trouverez les couleurs déterminées pour les différentes passes de révision (corrections) dans les Préférences de Scrivener, onglet Édition, sous-onglet Révisions. Il vous suffit ensuite daller dans Format > Mode révision et de choisir la couleur qui correspond à la révision que vous voulez faire. Cela colorera automatiquement tout nouveau texte que vous écrirez dans l’éditeur.
Compilez le texte et demandez à votre ß lectrice d’utiliser la même couleur ou une couleur correspond à la révision suivante. Une fois les suggestions faites, réimportez le texte dans Scrivener et les couleurs seront automatiquement reconnues par le logiciel comme couleurs de révision (si elles ont été bien respectées).
Notes de publication destinées au lecteur
Par essence, elles doivent apparaître dans les formes finales du manuscrit, mais doivent aussi le faire dans les versions de travail, afin d’être éventuellement corrigées si besoin.
Les notes de texte
Et ce sont les notes telles qu’on les entend en général, c’est-à-dire des précisions qui sont reliées à un endroit ou à un mot particulier dans le corps de texte mais qui peuvent être présentées ailleurs, avec une référence pour y revenir plus tard, de manière à ne pas gêner la lecture du texte principal. Ce sont les notes que l’on utilise en général lorsque l’ouvrage est publié, elles sont accessibles au lecteur. Elles nécessitent toutes que du texte ait déjà été tapé dans l’éditeur, car elles sont rattachées à un mot ou à une suite de mots, de manière à les expliciter ou à les commenter.
Et il y a en gros deux façons de les paramétrer, donc de les utiliser, que Scrivener ne peut pas utiliser simultanément. Il vous faudra choisir entre l’une et l’autre.
Les notes de bas de page
Nous y venons enfin. Ce sont les notes telles que nous les connaissons dans un livre1 : un mot dans le corps du texte est suivi par un numéro en exposant, faisant référence au même numéro en bas de page, qui précède quelques lignes explicitant le mot référencé.
L’énorme avantage de ces notes est d’être interopérable avec de nombreux formats de fichiers, notamment le RTF et le DOCX de Word. Mais elles peuvent aussi être traitées à part du texte principal, ou y être intégrées, au choix. C’est sans doute le type de notes le plus polyvalent.
La plupart du temps, ces notes sont destinées à être publiées avec le texte principal, et donc à être accessible au lecteur final.
Les notes de fin d’ouvrage
Petite variante des précédentes, les notes de fin d’ouvrage sont des notes de bas de page mais qui sont reléguées toutes ensemble sur une ou plusieurs pages à la fin de l’ouvrage (d’où leur nom, hein).
Leur gros défaut est leur ergonomie absolument défaillante : il faut en effet garder en permanence soit le doigt, soit un signet ou un marque-page pour ne pas perdre la page des notes quand on lit. Et moi, je déteste avoir à alterner dix fois par minutes entre mon texte principal et une page précise située à la fin du livre. Je vous accorde cela dit que c’est moins gênant dans les formats électroniques, qui, avec les liens hypertextes, permettent de passer très rapidement de l’un à l’autre.
Les notes de fin d’ouvrage sont très utilisées pour la bibliographie, mais nous verrons que Scrivener peut gérer la bibliographie autrement.
Utiliser les notes de texte
Pour créer une note de texte, il suffit de sélectionner un mot ou une zone de texte dans votre éditeur et ensuite, dans l’Inspecteur, aller dans l’onglet représentant une bulle de dialogue. Vous cliquez sur l’icône cf. Une zone de texte apparaît dans l’Inspecteur, où vous pouvez écrire votre note2. C’est aussi simple que cela.
Compiler les notes de texte
Il y a beaucoup d’options pour styler vos notes de texte dans Scrivener.
Dans le constructeur du format de compilation, onglet Notes de bas de page et commentaires, vous pouvez choisir la police de vos notes, la façon dont elles seront indentées comme le texte principal ou non, est-ce que l’appel de note sera inscrit en exposant entre crochets ou pas…
Mais surtout, vous pourrez déterminer la numérotation en chiffres arabes, romains, par symboles, et si cette numérotation sera continue tout au long de l’ouvrage ou sera réinitialisée à chaque page ou à chaque section de texte ou saut de page. Enfin, vous pourrez déterminer comment elles apparaîtront : margin comments (comme des commentaires dans Word), inline comments (dans le corps du texte enserrées dans des balises), footnotes (notes de bas de page classiques) ou endnotes (notes de fin d’ouvrage).
Choisir
Vous ne pouvez utiliser qu’un seul des deux modèles : bas de page ou fin d’ouvrage pour vos notes de texte. Il vous faudra choisir.
Pourtant, Scrivener permet de changer des choses à la toute fin, dans le panneau de compilation lui-même, dans l’onglet de la roue crantée. Vous pouvez, à ce moment-là, décider de finalement traiter les notes de bas de page comme des notes de fin d’ouvrage.
Notes bibliographiques
De mon point de vue, le plus simple est de les gérer grâce aux notes de fin d’ouvrage.
Il y a cependant un inconvénient : Scrivener ne différencie pas vraiment notes de bas de page et notes de fin d’ouvrage. Ce sont les mêmes. Ainsi, lors de la compilation, il faut choisir entre l’une ou l’autre forme. On ne peut donc pas avoir d’un côté des notes de bas de page destinées à des explications de certains termes et en même temps des notes de fin d’ouvrage pour la bibliographie. Cela demandera donc de mélanger les deux, ce qui peut être gênant.
Sauf.
Sauf si l’on utilise ensuite un autre logiciel pour gérer les références bibliographiques. Nous en discuterons lors d’un prochain article.
Notes de mise en scène et didascalies du théâtre
Elles doivent être accessibles au réalisateur/metteur en scène mais aussi au comédien. Elles sont donc publiées.
Pour être efficaces, elles doivent être intégrées dans le corps du texte et en être différenciées par une forme particulière (italique, couleur, signes de début et de fin). C’est typiquement le cas des didascalies au théâtre, qui peuvent servir de modèle.
Cela oriente naturellement vers les inline notes.
Les inline notes
Les inline notes, ou notes en ligne, sont des notes qui suivent directement le texte qu’elles concernent, dans le flot même de celui-ci. C’est un bon moyen de se laisser des notes que l’on ne pourra pas ignorer mais peut-être que si pendant la relecture, ou de les avoir obligatoirement en tête lorsqu’on corrige. Par contre, vous ne pourrez pas y avoir accès en dehors de l’endroit précis où elles seront insérées, ce qui peut être un inconvénient.
Utiliser les inline notes
Pour insérer une inline note dans votre texte, il suffit de faire Insertion > Annotation sur la ligne en ayant pris soin de mettre le curseur là pour vous le désirez.
Les inline notes ne sont en réalité qu’un Style un peu particulier, et peuvent donc ensuite être utilisées pour placer des didascalies que vous pourrez mettre en forme dans un autre logiciel (Word, Writer, Affinity Publisher). Il suffira pour cela de reconnaître ces notes, entourées par défaut d’une balise {>>` et d’une `<<} grâce à la recherche de Scrivener, et de leur appliquer un Style ou alors à les compiler telles quelles et à faire une passe de Rechercher remplacer dans Word.
Compiler les inline notes
Dans le même onglet Notes de bas de page et commentaires du format de compilation de Scrivener, choisissez inline comments comme paramètre dans Export comments and annotations as. Vous pourrez ou non modifier les balises {>>` et `<<}.
Et voilà le résultat.
Astuce : changer le type d’une note dans Scrivener
Pour terminer, une petite subtilité : vous pouvez, dans l’Inspecteur de Scrivener, en faisant un clic droit sur un commentaire, le transformer en note de bas de page et, sur une note de bas de page, la transformer en commentaire.
Il n’est pas si facile de réaliser que la compilation des notes peut se modifier à plusieurs endroits.
Dans le format de compilation lui-même, si l’on ose y toucher, sont codés les comportements par défaut dudit format. On y trouvera des options de gestion des notes dans l’onglet Notes de bas de page et commentaires mais aussi dans l’onglet Compatibilité.
Mais tout cela peut aussi être modifié dans la fenêtre de compilation finale, avec des options pour transformer les notes de bas de page en notes de fin d’ouvrage ou les inline notes en notes de fin d’ouvrage.
Enfin, sauf si vous utilisez la compilation pour obtenir directement un PDF ou une sortie papier, vous allez pouvoir styler les notes dans le fichier obtenu avec un autre logiciel, comme Word, Writer ou Affinity Publisher.
Conclusion : de multiples options
Cet article n’est, malgré sa longueur, qu’une manière d’effleurer le sujet. Il faudrait quelques tutoriels vidéos pour vous montrer de façon pratique comment on peut se servir des notes et bien les gérer lors de l’opération de compilation. J’espère cependant qu’il vous aura donné l’envie d’expérimenter par vous-mêmes et, surtout, qu’il vous aura convaincu de la nécessité de déterminer ce que vous désirez faire des notes avant de les compiler.
Bien sûr, la classification que j’ai utilisée ici (inline notes pour les notes de mise en scène ou de didascalies) n’est qu’une façon de voir les choses, la mienne. Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas voir les choses d’une autre manière. Au contraire.
D’ailleurs, vous, comment utilisez-vous les notes de Scrivener ?
Il y a des choses que l’on attend pendant très longtemps, que l’on se désespère de ne pas voir arriver au point de n’y plus penser autrement que sous la forme d’un arrière-goût amer, d’un regret léger mais persistant. Et qui finissent tout de même par advenir lorsque l’on s’y attend le moins.
Dans ma vie, j’ai remarqué que ce fut souvent le cas. Comme si des attentes trop fortes intimidaient le destin. Comme s’il se détendait en remarquant que je ne m’accrochais plus à l’espoir tel un naufragé à sa bouée.
Il y a quelques jours, cela m’est à nouveau arrivé.
À propos d’un de mes rares regrets artistiques.
Poker d’Étoiles revient entre mes mains après tant d’années d’éloignement et de frustrations.
Genèse d’un premier roman
Poker d’Étoiles est né dans l’impulsion d’une rencontre.
Il y a de nombreuses années, j’ai fait la connaissance d’une jeune femme qui m’a donné envie d’écrire une histoire d’aventures spatiales. Évidemment, pour l’impressionner. Mais aussi parce qu’elle m’inspirait le rêve d’une vie romanesque et une ambiance de film noir. Peut-être aussi parce qu’elle avait une forte ressemblance avec Andie MacDowell.
J’ai écrit une nouvelle, que bien entendu elle ne lut jamais, nos chemins s’étant croisés trop furtivement pour qu’ils ne se séparent pas à jamais.
Pourtant, le texte est resté, et je sentais qu’il portait en lui ce petit quelque chose qui demande à éclore, à grandir, à devenir une histoire plus large.
Alors je l’ai retravaillé encore et encore, avec l’aide d’une amie chère.
Et Poker d’Étoiles est devenu un véritable roman.
Mon premier roman.
L’impulsivité de la jeunesse
C’était vers la fin des années 2000, et j’étais jeune, encore.
Mon caractère impulsif était plus marqué. Et je rêvais depuis longtemps de débuter une carrière artistique, littéraire. J’avais déjà commis un court-métrage sous la forme d’un film de potes, L’Amitié selon Paul, qui restera confidentiel car destiné simplement à faire mes premières armes de cinéma. J’avais déjà brûlé les planches avec mes camarades de La Compagnie Raymond Crocotte, dans des pièces qui firent notre succès localement, telles qu’une adaptation déjantée à la Tex Avery de Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim. J’avais déjà écrit et réalisé Ultima Necat, un moyen métrage semi-professionnel.
Mais l’écrit a toujours eu ma préférence. Peut-être parce que, je crois, je suis beaucoup plus doué dans l’écriture que dans le jeu d’acteur, et que les mots ont toujours eu une magie pour moi plus importante lorsqu’ils étaient imprimés que lorsqu’ils étaient prononcés.
J’ai donc désiré ardemment, comme beaucoup de jeunes auteurs, faire publier mon premier roman.
J’ai envoyé mon manuscrit à de nombreuses maisons d’édition. J’ai essuyé des refus à chaque fois.
À cette époque, l’autoédition n’existait pas, et n’était même pas un concept que l’on pouvait imaginer dans les rêves les plus fous. Il n’existait que l’édition à compte d’auteur, dont je savais que ce n’était qu’un autre mot pour «arnaque». Et l’édition à compte d’éditeur, l’édition traditionnelle, dans laquelle, j’en étais sûr et certain, je pouvais «percer», devenir célèbre, être lu par des milliers, peut-être des millions de lecteurs et de lectrices à travers le monde, dans des dizaines de langues différentes. Et, qui sait, être adapté en film par Hollywood. À l’époque, les séries télévisées n’étaient pas autant prisées. Netflix n’était qu’une entreprise de location de VHS californienne. L’internet découvrait à peine l’ADSL.
Bref, quand une maison d’édition novatrice, uniquement présente sur internet, accepta mon manuscrit, je devins l’homme le plus heureux de l’univers connu et inconnu…
La déception
… Pendant environ un an.
Car après l’euphorie, vint le désenchantement.
Une version numérique qui se limitait au PDF, à l’époque, c’était le Graal, mais quand les véritables livres numériques, comme les Kindle d’Amazon, ou bien le format EPUB, sont arrivés, mon éditeur n’a pas du tout investi le créneau.
La mise en avant était inexistante. Les ventes n’ont pas du tout décollé au-delà de mon cercle d’amis.
J’ai eu l’impression que mon texte avait été accepté simplement pour gonfler un catalogue et montrer des muscles comme un culturiste qui se dope à la créatine.
Et puis il y avait la clause de préférence.
Jugée abusive par la Société des Gens de Lettres comme par la Ligue des Auteurs Professionnels, cette clause enchaîne l’auteur à un éditeur qui lui impose de lui présenter en priorité ses prochains textes dans un genre défini. Au vu de ce que ledit éditeur avait fait pour que mon premier soit un succès, je n’étais pas vraiment motivé pour lui en fournir d’autres…
Lorsque l’autoédition est devenue une possibilité pérenne, alors, au lieu de revenir sur le genre de la science-fiction, je me suis tourné vers l’urban-fantasy avec Le Choix des Anges.
J’ai tout de même essayé de récupérer mes droits sur Poker d’Étoiles, dans les années 2010. En vain…
C’était comme si je n’avais plus aucune prise sur cet univers qui pourtant me tenait à cœur.
Alors oui, c’est vrai que je ne me suis pas démené pour en faire une promotion débridée. Naïvement, je pensais que c’était le rôle de l’éditeur… sinon, quel bénéfice à se faire éditer par une société qui capte la grande majorité des bénéfices des ventes ?
Du reste, j’ai un rapport un peu complexe à la promotion, dont je vous parlerai dans un prochain article.
Bref, pendant des années, ce fut comme si mon premier roman n’avait jamais existé.
Et puis un jour de juin 2023…
Un nouvel espoir
Alors que je cherchais à connaître le montant des ventes de Poker d’Étoiles, j’ai découvert par hasard que la maison d’édition qui en détenait les droits non seulement ne m’avait pas fourni de reddition des comptes depuis de très nombreuses années, mais encore semblait ne publier que des écrits universitaires. Plus encore : mon compte d’auteur sur le site de ladite maison d’édition n’existait plus. Mon livre semblait enterré quelque part et lorsque je demandai des explications, un mail m’expliqua que la maison d’édition s’était «recentrée» sur des écrits non fictionnels. Bien entendu, on ne m’avait pas prévenu de ce léger changement, qui a sans doute encore plus contribué à l’invisibilisation de Poker d’Étoiles.
J’aurais pu entrer dans une sainte et légitime rage si dans la même réponse par message électronique, on ne m’avait pas proposé spontanément ce que je cherchais en vain à obtenir depuis des années : reprendre mes droits sur Poker d’Étoiles.
Ce qui est désormais chose faite.
Conseils à celles et ceux qui voudraient être publiés dans l’édition traditionnelle
Cette petite histoire, qui heureusement se termine bien, illustre parfaitement certains des pièges du monde littéraire.
Vous aspirez à faire publier votre roman, qu’il soit le premier ou pas, par une maison d’édition ?
À mon avis, vous devriez vous poser très sérieusement deux questions centrales.
D’abord : pourquoi ?
Pourquoi vouloir entrer dans la vie littéraire par l’intermédiaire d’un éditeur ? Pour la reconnaissance ? Vous n’en aurez pas plus que les milliers de nouvelles têtes qui apparaissent dans le milieu littéraire chaque année. Vous ne serez qu’une autrice de plus, qu’un numéro de plus. Pour avoir l’estampille de quelqu’un certifiant que votre écrit est de qualité ? Savez-vous que Poker d’Étoiles n’a jamais, jamais, bénéficié de suivi éditorial ? Aucune correction, aucun conseil. Heureusement que j’avais déjà suivi ce processus avec l’amie qui m’avait accompagné dans l’écriture, sinon, j’aurais pu soumettre un texte très différent de ce qu’il était devenu. Un éditeur n’est pas la garantie d’un accompagnement de qualité.
Deuxième question : comment ?
Votre objectif est-il d’être publié coûte que coûte, ou d’être bien publié par un éditeur qui se soucie vraiment de votre texte et qui cherche à le faire connaître au plus grand nombre, réellement, non pas pour gonfler artificiellement un catalogue et se gargariser de donner leur chance à de jeunes talents simplement parce qu’il exhibe sur son site internet des centaines de jeunes auteurs n’ayant produit qu’un seul texte ?
Soyez méfiante, soyez exigeant. Au moins autant, si ce n’est plus, que votre éditeur sera exigeant avec vous.
En 2023, plus encore qu’en 2014, faire le choix de l’autoédition est une option à prendre en compte, et sans doute que nous en reparlerons.
Poker d’Étoiles, Renaissance
Maintenant que je suis à nouveau le légitime détenteur de tous les droits sur le texte de Poker d’Étoiles, il est bien évident que je vais faire ce que j’aurais dû faire depuis le début : lui offrir une véritable existence, une vraie chance.
Poker d’Étoiles va donc bénéficier d’une nouvelle édition au sein de mon label d’écaille & de plume, avec une nouvelle maquette intérieure, une véritable couverture, une édition numérique digne de ce nom et digne du XXIe siècle. Et peut-être une version audio.
Cette nouvelle naissance aura lieu pour le mois de l’imaginaire, au mois d’octobre 2023.
Lorsque j’ai commencé à écrire Les consultations extraordinaires de Belladone Mercier, psychologue des dieux, j’ai rapidement compris que je ne pouvais pas le faire comme si c’était un roman ou une nouvelle comme une autre. Cette histoire était en effet destinée à être lue, à la manière d’une fiction radiophonique, dans un podcast.
C’était ce que j’appelle une podfiction, un objet narratif hybride, enregistré, dont l’identité oscille quelque part entre le cinéma, le théâtre et le livre audio.
Comme tel, il devait être interprété par des comédiens et des comédiennes qui allaient incarner les personnages par le seul instrument de leurs voix. Contrairement au théâtre ou au cinéma, il n’y aurait pas d’image pour soutenir l’action, pour décrire les décors, pour mimer les gestes, pour montrer les expressions et les sentiments. Mais à l’inverse du livre audio, il ne pouvait pas être conçu comme une simple transposition des caractères imprimés. Le fait de disposer d’acteurs conduit naturellement à questionner l’emploi de la voix du narrateur. Ce que d’ordinaire on transmet au lecteur à travers cette voix qui, finalement, sert à décrire et préciser l’action, il fallait le remplacer par une utilisation du jeu, une démonstration par l’action, comme au théâtre et au cinéma, où la voix off, cette technique qui émule le narrateur, est exceptionnelle.
Il fallait appliquer plus encore le célèbre «show don’t tell» («montrer et non raconter») des Anglo-saxons.
Car si la vue est le sens sur lequel l’être humain croit se baser le plus dans son quotidien, nous sous-estimons grandement le pouvoir d’évocation du son seul, pourtant aussi puissant à mon avis pour créer des images mentales chez autrui.
Parce qu’au fond, le fait de raconter une histoire à quelqu’un, ce n’est que ça : le pouvoir de susciter chez cette personne la création d’images mentales qui vont se succéder pour aboutir à une représentation sensorielle la plus convaincante et la plus émotionnelle possible. Que l’on utilise pour cela des lettres que la personne reconnaît comme des mots, du son comme de la voix ou de la musique, des images, des odeurs, finalement, peu importe. Le but est de transporter le public dans un autre monde, fût-ce l’immeuble d’à côté, de lui faire croire à une réalité différente, le temps d’un récit.
Or, l’être humain (comme tous les êtres vivants, en fait) expérimente le monde qui l’entoure, sa réalité, à travers ses sens. Notre façon d’être au monde est par nature, par essence, même, une expérience sensorielle. Nous ne pouvons accéder à la réalité qu’à travers ces moyens que sont nos sens, tous nos sens. C’est d’ailleurs ce qui fait notre supériorité sur les I.A. désincarnées. Nous interagissons avec le monde physique et il nous change autant que nous le transformons, simplement parce que ce que nous en voyons ou ce que nous en entendons modèle la façon dont nous nous percevons nous-mêmes et dont nous nous différencions de ce qui n’est pas nous-mêmes. Comme le montreAntonio Damasio, la conscience naît de l’expérience émotionnelle du monde à travers des perceptions sensorielles. Il n’y a donc pas de conscience sans organe des sens, n’en déplaise à ceux qui croient encore que ChatGPT soit capable de créativité.
Ces sens interagissent même entre eux, se mélangent et sont intégrés par le système nerveux qui reconstruit en permanence la représentation du monde la plus utile qui soit (à défaut d’être fidèle) grâce à la coordination des informations récoltées par chaque organe sensoriel.
Depuis longtemps, d’ailleurs, les meilleurs écrivains utilisent des mots (une médiation visuelle) qui vont être associés à d’autres sens que la vue : l’odeur de l’ail (pour chasser les vampires mais aussi pour évoquer une haleine un peu chargée), le son du tambour, celui de la craie qui crisse sur un tableau noir, le contact de la soie, du velours ou d’une lame d’acier, le goût du pain d’épices ou du sang. Chaque mot que vous venez de lire a certainement déclenché des «images» mentales qui sont en fait reliées à d’autres sens que la vue. Car nous sommes tous, plus ou moins, capables de synesthésie au quotidien. Le pouvoir d’évocation des mots n’est rien d’autre qu’une synesthésie partagée par tous les êtres humains.
Mais l’image d’un mot n’est pas la seule à déclencher cette synesthésie.
Le son des mots possède également ce pouvoir.
Comment une artiste douée de synesthésie, Melissa McCracken, représente la suite pour violoncelle n°1 de Bach en peinture.
Et plus encore, des sons vont évoquer des souvenirs, et avec eux des émotions. Des odeurs vont évoquer d’autres souvenirs, avec des émotions souvent plus fortes encore. C’est la fameuse madeleine de Proust.
Toute cette démonstration pour en venir à ce point crucial : pour investir pleinement le format audio dans une podfiction, il était nécessaire que je développe une narration qui utilise ses particularités le plus possible. Dans les limites techniques qui sont les miennes, bien entendu.
Et pour cela, ma façon de raconter l’histoire doit nécessairement s’adapter.
Habituellement, ce dogme est interprété dans l’écriture comme une exhortation à montrer l’action en train de se passer, et non à la médier par une tierce personne, de manière à rapprocher le lecteur du cœur du récit, le faire le plus possible coller aux actes des personnages, l’immerger dans ce monde fictif que vous avez construit pour lui.
Il postule qu’il est plus efficace pour faire ressentir les émotions de faire dire à Didier : «Tu me prends la tête, Michel !», plutôt que de laisser le narrateur préciser : «Didier ne pouvait plus supporter Michel»1.
Si cette règle est une des fondations d’une écriture moderne réussie, ce n’est pas non plus un axiome indiscutable, comme cet article de Stéphane Arnier pourra vous le montrer.
Au théâtre, le tell n’existe pratiquement pas, puisque tout passe par les dialogues entre les personnages et le jeu des comédiens. On ne retrouve donc presque que du show.
C’est un peu moins vrai au cinéma, où la voix off peut servir parfois à raconter ce qui ne se voit pas ou ne peut pas se voir à l’écran. Cependant, l’art cinématographique est bien celui d’une narration en image (et en sons), de manière à montrer et d’éviter de raconter. Et dans ce sens, la voix off est toujours celle d’un personnage, l’équivalent de la narration à la première personne du singulier dans la littérature. Car il n’existe pas vraiment de narrateur à la troisième personne au cinéma, si ce n’est la caméra elle-même, qui par définition ne pourra pas s’exprimer en voix off.
Dans une podfiction, le curseur peut osciller entre la littérature et le théâtre. Certaines scènes ne se composeront que de dialogues, de sons, de bruitages, de musique, d’autres vont faire intervenir une voix off, un narrateur. Pourtant, pour que cela soit efficace, je crois qu’il est nécessaire de suivre quelques règles dans le dosage de ces deux modalités.
Le Narrateur comme personnage
Si, en théorie, rien n’interdit de concevoir un narrateur omniscient ou simplement à la troisième personne dans une podfiction, puisqu’elle peut se rapprocher d’un livre audio, c’est à mon sens moins efficace qu’en littérature.
Le fait de dire à l’oral, dans le sens du conteur, implique des effets de voix, un jeu avec le rythme, le volume de la voix, le corps, même, toute une technique qui se rapproche beaucoup du jeu théâtral ou du moins du jeu d’acteur. Cela va créer une surcouche d’interprétation supplémentaire par rapport aux mots bruts écrits sur une page qu’une lectrice silencieuse aurait reçus sans intermédiaire en découvrant seule le texte.
D’un côté on a la lectrice qui lit directement le texte dans sa tête et le reçoit dans toute sa pureté.
D’une autre on a l’interprète qui donnera une certaine couleur au même texte et va, par son jeu, en teinter la signification avant que l’auditrice ne le reçoive. Le texte ne sera donc plus si pur.
Cela n’est pas trop gênant dans le cas où nous avons affaire à la lecture de toute l’œuvre par une seule personne, ce qui est généralement le cas pour un livre audio, car l’interprétation sera la même pour tout le texte. Cela «lisse» en quelque sorte, la voix du narrateur, la noie dans celle des autres personnages, puisque c’est la même.
Mais dans le cas où chaque personnage a son interprète, la configuration se rapproche par trop du théâtre ou du cinéma, et le narrateur devient lui-même, de fait, un personnage. Sa voix est distincte de celle des autres, et comme telle, elle acquiert une singularité qui le place paradoxalement au même niveau.
Ainsi, s’il reste un choix artistique possible, le narrateur omniscient en podfiction fonctionne à mon sens beaucoup moins bien que de prendre le parti de le désigner d’emblée comme un personnage à part entière. Dans ce cas, il est nécessaire, comme pour les autres personnages, de le doter d’un caractère, d’objectifs, avoués ou cachés (voire les deux), de liens avec les autres personnages, avec l’intrigue. Même s’il reste périphérique, s’il n’est pas au cœur des enjeux, du moins pas systématiquement, pour ne pas non plus stéréotyper les récits. L’essentiel est de vérifier que l’intrigue fonctionne, même avec un narrateur omniscient, que l’effet recherché est atteint.
Mais pour cela, il faut être conscient, je pense, que ce qui fonctionne le mieux est soit de ne pas intégrer de narrateur du tout (les dialogues entre personnages pouvant suffire à faire évoluer l’intrigue, même si cela empêche beaucoup de choses que nous détaillerons dans la suite de cet exposé), soit de considérer le narrateur comme un protagoniste ou au moins un témoin de l’intrigue, donc comme un personnage lui-même.
Dans ce dernier cas, cela induit quelques conséquences.
En effet, un narrateur-personnage est forcément partial. Il a un avis sur la façon dont l’histoire qu’il raconte s’est déroulée. Il peut même en passer certains aspects sous silence, ou en exagérer d’autres. Et il peut plus facilement, car n’oublions pas que nous sommes dans l’oralité, partager cet avis avec son auditoire, que ce soit sous la forme de digressions philosophiques, de considérations politiques, d’analepses et de prolepses (flashbacks et flashforwards), ou même de commentaires plus ou moins humoristiques. Il peut même faire corps avec l’intrigue dont le nœud pourrait être la narration elle-même, à la manière du Kaiser Sauze du génialissime film The Usual Suspects.
Encore une fois, il ne s’agit pas de stéréotyper les histoires que l’on écrit pour de la podfiction, et de singer Usual Suspects à tout bout de champ. Il s’agit simplement de découvrir ce qui fonctionne le mieux pour une histoire donnée, et d’en tirer toutes les conséquences.
Ensuite, le narrateur permet de jouer plus finement avec le temps du récit, ce qui est plus délicat dans une histoire qui n’a pas d’autre fil que les dialogues et les actions des personnages suggérées par les bruitages ou la musique. Les analepses et les prolepses dont je parle quelques lignes plus haut, mais aussi toutes les autres ellipses temporelles ou spatiales sont facilitées par sa présence. Là encore, c’est lui qui choisit ce qu’il montre et ce qu’il passe sous silence, et ce n’est pas neutre, contrairement à un narrateur omniscient qui peut se cacher derrière l’auteur lui-même en littérature. C’est-à-dire derrière quelqu’un qui n’est pas un personnage et qui n’est donc pas intégré aux enjeux de l’intrigue qu’il raconte.
Enfin, il doit être bien identifié par l’auditoire, et ses interventions doivent être dosées par rapport à celles des autres personnages, c’est-à-dire les dialogues. Il ne s’agit pas de lui réserver des tartines de descriptions qui vont monopoliser la parole pendant d’interminables minutes, au risque de se retrouver dans un «simple» livre audio, c’est-à-dire de manquer la singularité d’une podfiction.
Encore une fois, je ne dénigre pas le livre audio2, je dis juste que ce sont deux exercices différents. L’un est pensé pour être un livre lu, l’autre pour être taillé sur mesure dès le départ pour être joué avec des voix.
Dialogues : fonctions
Tout ce qui précède explique pourquoi le cœur de la narration se situe réellement dans les dialogues, comme au théâtre, comme au cinéma. C’est à travers les voix des personnages que l’auditoire va vivre l’histoire. Cependant, il faut tenir compte d’une très grosse différence avec ces deux médias : l’absence d’image.
Ainsi, les dialogues ne vont pas seulement exprimer la pensée des personnages, leurs discours et leurs conflits, mais aussi leurs actions physiques. C’est ainsi qu’il est habile pour qui veut écrire une podfiction de penser que certaines descriptions d’actions peuvent passer à la fois par les sons et par les dialogues eux-mêmes.
On peut le faire d’une manière très visible, comme dans l’exemple suivant, tiré de l’épisode 4 des consultations extraordinaires :
SEKHMET — Rien de vraiment intéressant. C’est aussi vide que le désert, ici ! Et il n’y a pas de viande, non plus !
ADÉLAÏDE — Eh ! Mais ce n’est pas la peine de tout arracher, il ne vous a rien fait, ce tiroir ! Et puis je suis végétarienne, vous ne trouverez pas de viande chez moi.
On comprend facilement que Sekhmet est en train de dévaliser le garde-manger d’Adélaïde, et on se représente tout à fait qu’en le faisant de façon brutale elle secoue un tiroir au point de l’arracher. Ou bien comme ce plus long extrait, dans l’épisode 2 :
THOT — Il faut l’arrêter, tout de suite !
ADÉLAÏDE — Eh bien, pourquoi vous ne l’arrêtez pas, vous ? Vous êtes un dieu autant que lui, non ?
THOT — C’est évident, Mademoiselle Chamberlain, mais moi je suis le Dieu du savoir et lui… c’est le Dieu Guerrier !… J’ai fait ce que j’ai pu pour l’amener jusqu’ici, mais je ne suis pas de taille à affronter sa colère une deuxième fois.
HERU — Wneb chered nedj ietef wshebti am ankh…
ADÉLAÏDE — D’accord… Belladone, vous voulez bien le tenir quelques secondes ?
BELLADONE — Comme ça ?
ADÉLAÏDE — Parfait. Faîtes en sorte qu’il ne bouge pas, et si vous pouvez, qu’il ne me réduise pas en bouillie…
HERU — Mehet-wret hotep Amenti wr ibqa dwat hebswt menat ha hotep kheperw hekaw am ankh…
THOT — Quoi que vous décidiez de faire, faites-le vite, l’incantation est presque terminée, et il ne doit en aucun cas parvenir à la prononcer en entier, vous m’entendez ?
La situation est compréhensible même si l’on ne décrit pas complètement les gestes des personnages.
Pourtant, comme pour tout effet littéraire, trop employer cet artifice va rendre votre podfiction lourde et indigeste, et à tout le moins inélégante.
C’est pour cela qu’on peut aussi trouver des manières plus subtiles de suggérer les actions des personnages dans leurs dialogues. En poursuivant l’action précédente, celle où Adélaïde, Belladone et Thot doivent absolument arrêter Horus avant qu’il ne termine une incantation mystérieuse, voici ce que cela donne :
ADÉLAÏDE — Je vais essayer, mais nous n’avons pas le choix, il faut prendre des risques. Ffff !… Hhhhh !
THOT — Non, mais vous n’allez quand même pas…
BELLADONE — Si, je crois que c’est exactement ce qu’elle va faire…
[Bruits. Adélaïde chatouille H, ce qui le sort de son obnubilation]
BELLADONE, ADÉLAÏDE, HERU — Aaaaaah !
Dans cet exemple, la première réplique pose un cadre : Adélaïde va tenter une action physique risquée. L’imagination de l’auditoire va commencer à travailler et à générer des possibilités. Bien évidemment, la première idée qui va venir à l’esprit de la plupart des gens sera de frapper Horus. C’est ce qu’on voit si souvent dans les films que l’on a tendance à penser que c’est le plus efficace. Et cette pensée va apparaître toute seule, sans qu’on l’ait énoncée, simplement parce que c’est un automatisme mental. L’idée est de se servir de ce que nous avons appris à nous représenter si facilement que cela en devient un réflexe.
L’interrogation qui suit va immédiatement soit renforcer l’idée qu’Adélaïde va oser frapper un dieu (et donc accomplir une action très risquée pour elle), soit faire naître un doute : que peut donc tenter d’autre une frêle étudiante en psychologie contre une divinité ?
La troisième réplique enfonce le clou : il va se passer quelque chose de vraiment étonnant. L’auditoire ne peut que se représenter l’action qu’il a déjà imaginée après la première phrase, mais se trouve un peu désorienté parce qu’il perçoit que ce n’est pas exactement cela.
Ce sont les deux dernières répliques qui vont lui permettre de tout comprendre, et d’en rire car il percevra le décalage entre ce qu’il aura imaginé automatiquement (Adélaïde frappe Horus) et ce qu’il aura finalement compris grâce au rire d’Horus : Adélaïde ne l’a pas frappé, mais bien chatouillé !
Les indications scéniques ne sont là que pour les comédiens et éventuellement le réalisateur. Les auditeurs, eux, n’auront eu besoin pour saisir ce qui s’est passé que des dialogues et éventuellement de quelques bruitages.
Vous remarquerez que c’est souvent un autre personnage que celui qui effectue l’action qui la décrit. En effet, il paraîtrait vraiment trop artificiel qu’un personnage soit en train de décrire une action qu’il réalise. Sauf, bien entendu, si c’est le propos de la tirade. Par exemple, un personnage qui réalise une démonstration face à un autre et veut lui permettre d’apprendre.
Quant aux descriptions tout court, elles devront passer soit par une voix off, dont nous avons vu qu’elle est l’équivalent d’un dialogue, soit par les dialogues également. Encore tiré des consultations extraordinaires (épisode 5), ce petit exemple :
BELLADONE — Je suppose que vous savez où nous devrons nous arrêter.
HATHOR — Bien évidemment.
BELLADONE — Et dans ce cas, je vous prie d’avance de pardonner ma question certainement profane : qui sont tous ces gens qui travaillent les champs au-dessus de nous ? Je les vois labourer, semer, récolter, un peu tout ça en même temps. Vous avez besoin de manger, ici ?
HATHOR — Bien évidemment, Belladone Mercier. Comme vous. Cependant, c’est pour nous plus un plaisir qu’une nécessité. Et ces Bienheureux que tu vois là sont les sujets du Roi d’Occident. Leur vertu les a conduits ici, après que leur cœur eût été jugé pur.
Comme toujours, il est ici question de dosage et de ne pas multiplier à l’envi le même procédé. Car l’idée est justement de laisser l’imagination de l’auditoire travailler pour vous et il se trouve que le secret de cette recette est que plus on reste en quelque sorte précisément flou, et plus l’imagination de l’auditoire va travailler vite et bien. En l’occurrence, il suffit de jeter quelques verbes (semer, labourer, récolter) pour que tout un ensemble d’images se crée dans l’esprit de l’auditrice.
Qui doit dire quoi ?
C’est finalement la seule véritable question.
Comme dans toute fiction, bien sûr, un personnage va parler en fonction de son caractère, de son rôle dans l’histoire, de sa place par rapport aux enjeux du récit. Pourtant, en tenant compte de ce que nous venons de débattre plus haut sur la fonction descriptive des dialogues, il est nécessaire de rajouter un paramètre à leur construction : un personnage donné ne va pas forcément pouvoir tout décrire tout le temps.
Hormis donc lorsque le protagoniste est en train de montrer quelque chose volontairement à un autre, il ne décrira jamais ses propres actions. Pourtant, chaque personnage est porteur d’informations que lui seul peut dévoiler à l’auditoire. Il est donc impératif de déterminer qui sait quoi et surtout qui peut dire quoi. Et comment.
Les apartés
C’est un autre artifice théâtral qui peut également être utile en podfiction.
Il consiste en une rupture mineure de la continuité narrative durant laquelle, souvent au mépris de la vraisemblance (puisqu’on l’entendrait forcément dans une situation réaliste), un personnage interrompt son discours pour apporter une précision censément inaudible aux autres, soit au public (sens premier du mot) soit à un personnage en particulier.
Exemple encore tiré des consultations extraordinaires (épisode 6) :
BELLADONE — Alors se pourrait-il que l’envie de vous venger soit plus forte que celle de me violenter ?
SETEKH — Oui.
BELLADONE — Voulez-vous bien vous assoir et m’écouter ?
SETEKH — Oui.
CLAUDE — Comment avez-vous fait ça ?
BELLADONE — C’est un truc de psychologue. Ça s’appelle une séquence d’acceptation. Méfiez-vous si Adélaïde vous fait accepter quelque chose de banal plus de trois fois, car à la quatrième, votre cerveau dira oui de façon automatique, même si cela a beaucoup plus de conséquences. Bien, nous allons donc profiter de votre venue. Expliquez-moi donc ce qui vous est arrivé.
Ici, clairement, au beau milieu d’un dialogue entre Belladone et Setekh (le dieu Seth égyptien), Claude fait un aparté. On pourra objecter que la vraisemblance pourrait exister si dans une telle situation Claude prenait Belladone à part physiquement. Et c’est vrai. Il nous arrive parfois dans la réalité de faire des apartés avec certaines personnes. Cependant, ces circonstances sont rares et doivent être très précisément justifiées dans un souci de vraisemblance.
Dans le cas présent, Setekh aurait pu entendre l’aparté de Claude et Belladone. Pourtant, la suite indique que ce n’est pas le cas.
Cette distinction entre vraisemblance et invraisemblance est très importante lorsqu’on utilise l’aparté, car elle détermine l’effet qu’il va avoir sur la perception de l’ambiance par l’auditoire.
Si votre aparté est vraisemblable, alors il peut être utilisé dans n’importe quelle ambiance, de la plus tragique à la plus banale. Par contre, s’il est invraisemblable, il va modifier la perception de votre scène soit par un accroc à sa crédibilité, soit par un effet comique. C’est d’autant plus vrai lors d’un aparté au sens premier du terme, c’est-à-dire de la rupture du quatrième mur, quand le personnage s’adresse directement à l’auditeur ou au spectateur, en brisant le cours du récit. Cette technique a en effet le pouvoir de sortir l’auditoire de la suspension d’incrédulité qui est à la base de l’implication émotionnelle et de son identification, de son immersion, dans le récit. Ce décalage crée le plus souvent une prise de distance propice au sourire, voire au rire.
À moins, donc, de l’avoir volontairement recherché (c’est le cas dans mon exemple), ou de s’assurer de la vraisemblance de l’aparté, n’utilisez cet outil qu’avec une grande prudence.
Les ellipses
S’il est une notion avec laquelle les écrivains jouent en permanence, c’est bien le temps.
Si l’on oublie les flashbacks et les flashforwards de nos jours si populaires, il est bien d’autres moments où nous nous jouons des règles temporelles. Les ellipses, par exemple. Nous pouvons contracter le temps et le forcer à glisser sur quelques heures, quelques jours, quelques mois, quelques décennies, voire quelques millénaires, en une simple phrase.
Mais ceci n’est possible que dans un écrit.
À l’écran, c’est beaucoup plus difficile.
Mais à l’oral… c’est presque mission impossible.
J’ai bien dit presque.
Il y a à mon sens seulement deux façons de faire.
Soit le fameux «trois jours plus tard» est dit par le narrateur (rappelez-vous qu’il est souvent un personnage à part entière).
Soit il est remplacé par une césure sonore. Un jingle, une virgule comme on dit à la radio. Une convention que votre auditoire devra apprendre à reconnaître au fil du récit. Ça devrait être assez rapide et je crois que logiquement 90 % des auditrices auront saisi le principe après la première utilisation. Cependant, assurez-vous de prendre par la main vos auditrices lors de cette première utilisation, justement, pour en faciliter l’intégration. Donnez, dans la première phrase suivant le saut temporel, soit dans la narration, soit dans un dialogue, une information montrant clairement le changement de lieu ou de date.
Par exemple :
JULIETTE — Enfin seule, je vais pouvoir regarder mon feuilleton tranquille.
[Virgule musicale]
DIDIER — Bonjour Juliette ! Bien dormi ? Pas moi. J’ai cherché Michel toute la nuit[^fn3].
Ensuite, le cerveau de votre auditoire devrait avoir associé cette musique particulière avec un saut temporel ou spatial dans l’intrigue, et tout se passera bien mieux. Vous pourrez même vous payer le luxe de commencer la troisième ou quatrième ellipse directement in media res.
Cette fois, cela pourra donner :
JULIETTE — J’ai adoré cette omelette hier soir. Tu viens Didier, on va au cinéma ?
[Virgule musicale]
DIDIER — Non, Michel, je ne peux pas te laisser dire ça ! Nicolas Cage n’a pas joué que dans des nanars[^fn4] !
C’est d’ailleurs le même problème lors d’un simple changement de scène, car très souvent cela implique une ellipse, soit spatiale, soit temporelle, soit les deux…
Ce qui nous mène directement au point suivant.
Prévoir et intégrer les effets sonores
Parce que vous aurez compris que l’on ne peut pas écrire une podfiction sans penser un minimum à y intégrer des effets sonores. Jusqu’à présent, nous avons identifié leur rôle essentiel dans la description des actions et donc la narration elle-même, dans les transitions de scènes, dans les ellipses.
Ils sont aussi très importants, voire fondamentaux, dans la construction du décor.
Comment mieux évoquer une rue de Paris qu’en habillant le dialogue avec une ambiance sonore de rue bondée ?
Comment mieux faire comprendre que deux personnes se parlent au téléphone qu’en insérant une légère distorsion dans la voix de celle qui est à l’autre bout du fil ?
Ce sont de petits détails, mais ils peuvent vraiment donner plus de crédibilité à votre podfiction.
Par contre, trois écueils principaux sont à éviter.
D’abord, il n’est pas si aisé de réussir des effets sonores, et mieux vaut éviter de les rater. En effet, si des effets réussis font gagner en vraisemblance, des effets ratés font perdre en crédibilité et risquent fortement de faire sortir votre auditoire de sa transe narrative. En matière sonore, mieux vaut pas d’effet du tout qu’un effet raté.
Ensuite, corollaire du point précédent : de bons effets sonores peuvent être difficiles ou onéreux à réaliser. Il faut souvent soit acquérir des effets «tout prêts», soit demander l’aide d’un bruiteur ou d’une bruiteuse professionnelle, qui connait les trucs et astuces pour obtenir des résultats convaincants (type imiter le galop d’un cheval en frappant deux moitiés de noix de coco avec un rythme particulier3). Dans les deux cas, vous allez devoir investir.
Enfin, conséquence de ce qui précède, votre budget n’étant pas extensible, il vous sera sans doute nécessaire de déterminer quels sont les effets sur lesquels vous devez investir et lesquels vous pouvez abandonner. Il s’agit donc de déterminer ceux qui sont absolument incontournables, et ceux que vous pouvez suggérer autrement en vous tournant vers un autre mode de déclenchement du cerveau de votre auditoire pour qu’il reconstitue la scène lui-même.
Penser à cela dès l’écriture est, je crois, une sage précaution. Car si vous savez qu’un effet sonore est essentiel à un certain endroit, vous allez devoir adapter votre texte en conséquence. L’inverse est également vrai : si votre texte peine à évoquer quelque chose, vous aurez sans doute besoin d’un effet sonore pour vous aider à faire entrer l’auditoire dans ce que vous désirez lui faire ressentir.
Pensez donc à vous mettre une note à ces endroits-là.
Dans Scrivener, par exemple, vous pouvez vous servir soit des notes de l’inspecteur, soit insérer des notes de bas de page ou des commentaires dans votre texte. Cela dépend de la façon dont vous traitez votre texte pour la relecture. Cela fera l’objet d’un article spécifique sur la compilation avancée dans Scrivener.
Écrire un script ou écrire une pièce de théâtre ?
Cela nous amène tout naturellement à la forme que doit prendre votre rédaction.
Puisque vous n’écrivez pas une nouvelle ou un roman, vous avez tout naturellement noté systématiquement en début de phrase de dialogue quel personnage prend la parole. C’est évident.
Mais au-delà de cette indication basique, comment allez-vous différencier les actions des personnages, les notions de décors, de déplacements, voire les effets sonores que vous prévoyez ?
Là s’affrontent deux possibilités.
La forme scriptée, avantages et inconvénients
Si le formatage d’un script a survécu durant tout le XXe siècle et continue d’exister au XXIe, c’est parce qu’il a de sérieux atouts pour lui.
D’abord et avant tout, c’est parce que c’est une convention de pure forme adoptée par toute l’industrie de l’audiovisuel. Dans un monde où la production d’une émission de radio, d’une série télévisée ou d’une websérie, voire d’un long-métrage cinématographique coûte entre quelques dizaines de milliers et plusieurs centaines de millions d’euros et fait intervenir de très nombreuses personnes, avoir un format de présentation compris immédiatement par tous et toutes est un gain de temps et d’argent considérable.
Car un script est essentiellement un document de travail. Il doit permettre d’identifier facilement les personnages qui parlent, les actions importantes, les indications de lieu (les fameux INT. et EXT. pour intérieur et extérieur) et de temps, l’éclairage global de la scène (JOUR ou NUIT), les débuts et fins de scène, les actions physiques importantes (équivalentes aux didascalies).
Il est donc utilisé en premier lieu par les acteurs et le metteur en scène.
Mais il a d’autres fonctions.
Le formatage est tel que l’on peut en déduire le temps approximatif d’une scène (les règles de conversion peuvent être différentes mais en général une page de script formaté correctement équivaut à une minute de film au cinéma, par exemple).
Il est aussi le document de travail de base du réalisateur et du storyboarder qui en font un découpage plan par plan, en y insérant les mouvements de caméra, les indications de sons et de bruitages, de musique. Ce n’est pas utile seulement au cinéma mais aussi à la radio : insertion de jingles, d’effets sonores, tout cela peut prendre place dans la marge gauche (selon le formatage de la BBC). Car comme nous en sommes tombés d’accord plus tôt, la narration d’une podfiction n’est pas seulement affaire de mots, mais aussi d’autres sons, qui peuvent remplacer avantageusement jusqu’à des phrases entières.
Venons-en aux inconvénients.
Objectivement, il y en a peu. Je ne vois guère que le nombre de pages, qui est significativement plus important qu’une forme de nouvelle ou de pièce de théâtre, du fait d’une marge conséquente laissée libre pour y noter les indications techniques du réalisateur ou de jeu des comédiens.
Subjectivement, cette forme me convient peu car elle ne m’est pas naturelle. J’admets volontiers qu’elle est plus claire et permet de distinguer facilement ce qui est action de ce qui est dialogue, ce qui est jeu et ce qui est technique. Comme document de travail, la disposition est sans doute indépassable. Cependant, comme acteur, cette forme est pour moi moins fluide, sans parler de la fonte, qui m’est très désagréable lorsqu’il s’agit de Courier.
Vous me direz : change la fonte et arrête de nous ennuyer avec tes atermoiements. Vous n’aurez pas tout à fait tort. Pourtant, il existe une forme très proche qui reste à considérer : celle d’une bonne vieille pièce de théâtre.
La forme d’une pièce de théâtre
Depuis plusieurs siècles, les pièces de théâtre sont écrites sous une forme qui est l’ancêtre du script audiovisuel. Globalement, elles en ont la structure : une continuité dialoguée séparée en actes et scènes (en lieu et place des scènes seules des scripts) avec très peu d’indications d’actions laissées libres à l’interprétation de la mise en scène qui s’appuie sur ce que l’on appelle en jargon théâtral «le conducteur» ou «relevé de mise en scène», sorte de storyboard servant au metteur en scène et au régisseur pour déclencher les effets sonores ou lumineux.
Deux choses diffèrent de la forme scriptée.
D’abord il n’y a pas d’indications INT./EXT. ou JOUR/NUIT.
Ensuite, comme je le dis un peu plus haut, pas d’indications techniques.
Il s’agit d’un document basé sur le jeu et uniquement sur le jeu. Si le metteur en scène veut y porter des notes techniques, ce sera à la marge, si je puis dire, mais pas vraiment dans la marge, puisqu’en général il n’y en a pas.
J’ai considéré cette forme car elle est plus naturelle pour moi en tant qu’acteur, puisque je suis issu du théâtre. De même la mise en page est un peu plus libre qu’avec un script. Nous n’avons pas affaire à une industrie aussi structurée, rigide, et onéreuse que le cinéma. Nous pouvons donc utiliser une fonte plus agréable que Courier4.
Pourtant, même une pièce de théâtre, de nos jours, peut faire intervenir de la technique (musique, voix off enregistrée, effets sonores qui doivent être synchronisés avec le jeu des acteurs) et le conducteur n’est donc pas forcément réservé qu’au régisseur. D’ailleurs, quelle est vraiment la différence entre un conducteur et un script ? De mon point de vue il n’y en a pas.
Mon choix
Il reste que je ne soumets mes écrits à aucun réalisateur (puisque c’est moi), ni à aucun producteur pour lui demander de financer mon projet (c’est encore moi), ou à quiconque qui devrait porter des annotations techniques dessus (car c’est toujours moi qui me charge de tout cela). Je suis donc libre d’utiliser la forme que je souhaite et de m’affranchir des codes et autres mises en pages standardisées par l’industrie du cinéma, de la radio, ou par la coutume théâtrale.
Mon seul objectif est de rendre mon texte le plus compréhensible et le plus simple à appréhender pour les comédiennes et les comédiens qui vont me faire assez confiance pour l’interpréter. Cela implique de leur laisser la place d’annoter leur exemplaire. D’expérience, je peux vous affirmer que tous les comédiens griffonnent sur leur texte : indications scéniques, notes sur l’humeur du personnage à tel ou tel moment, rappel d’un geste sur un mot précis, et j’en passe. Un texte pour un comédien est un document de travail, sur lequel il ou elle revient régulièrement, surtout au début, lorsqu’il ou elle en est encore à appréhender le personnage, la mise en scène, à apprendre les tirades.
Cependant, si je puis me faciliter la prise de notes techniques lorsque nous en viendrons aux répétitions, ce sera un plus. Car l’étape du texte enfin écrit n’est pas la dernière du travail. Ce n’est au contraire que la première. Il reste encore beaucoup d’ajustements à faire avant d’en arriver au résultat final de la podfiction publiée sur les plateformes et téléchargeable par le public.
Et pourtant, parfois, un texte peut aussi avoir vocation à être lu simplement pour être lu.
C’est le cas pour la pièce de théâtre Harry Potter et l’Enfant Maudit.
Mon choix est donc, comme souvent, de ne pas vraiment choisir et d’emprunter une troisième voie : utiliser trois formes du même texte.
Je conseille donc, si vous n’êtes pas soumis aux contraintes d’un producteur ou de l’industrie, d’utiliser non pas une, mais trois formes pour votre texte :
Une forme «pièce de théâtre» pour vos comédiennes et comédiens.
Une forme «script» pour vous-même (avec votre propre police d’écriture) et qui vous servira de document de travail.
Une forme «pièce de théâtre élégamment présentée» si vous désirez publier le texte de votre propre podfiction.
Pour cela, Scrivener est votre ami. Grâce à ses outils de compilation, il vous permettra de sortir presque en trois clics les trois formes automatiquement. Ce sera d’ailleurs l’objet du prochain article.
Et c’est vrai qu’on sent mieux que Michel est un gros lourd avec la première phrase. ↩︎
Je sais suffisamment le travail d’adaptation artistique que ça demande, je suis toujours aux prises avec deux livres audio de ma conception à l’heure où j’écris ces lignes… ↩︎
Oui, je suis un fan de Sacré Graal des Monthy Python. ↩︎
Oui, je sais, je fais une fixation, mais de mon point de vue, cette police de caractères est aussi hideuse que Comic Sans MS. C’est pour dire ! ↩︎