Making of an (audio)book, partie 3 : La maquette audio

Making of an (audio)book, partie 3 : La maquette audio

Making of an (audio)book, partie 3 : La maquette audio

by Germain Huc | Fév 17, 2025 | 0 comments

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Il ne suffit pas d’avoir enregistré sa voix pour publier un audiobook, tout comme il ne suffit pas d’avoir écrit un texte, aussi poignant soit-il, pour le publier tel quel. Un livre, sonore, numérique ou papier, a besoin d’une mise en page pour devenir présentable. De même, comme un livre papier et comme un livre numérique, un livre audio doit avoir une maquette, c’est-à-dire l’équivalent d’un découpage. Les différents chapitres, bien entendu, mais aussi une « page » de titre, des « pages » de crédits, etc.

Si nous continuons sur la métaphore du livre papier, il s’agira de faire attention à l’orthographe (nous allons donc vérifier votre diction, mais aussi la façon dont les mots sonnent à l’oreille), à la typographie (le style de vos paroles, qui peut changer en fonction du personnage qui va parler, du narrateur), aux signes de ponctuation (des bruitages qui vont indiquer à votre auditoire que l’on change de lieu ou d’ambiance), aux marges et aux blancs (les temps de silence, le rythme de votre élocution).

Tout cela, nous sommes habitués à le faire sur un logiciel de traitement de texte ou un studio d’écriture (comme Scrivener) pour un livre papier.

Pour un audiobook, nous allons devoir nous servir d’un éditeur de son, et apprendre beaucoup de choses inhabituelles pour des gens d’écriture.

Pourtant, fondamentalement, ce sera la même chose qu’avec un texte écrit, et nous n’aurons pas besoin de devenir des musiciens professionnels ou des ingénieurs du son pour obtenir un résultat correct, voire d’allure professionnelle, comme nous l’avons déjà fait avec les versions papier et numérique de nos textes.

Alors, donnez-moi votre main… nous commençons tout de suite !

Les outils

Je vous ai parlé des éditeurs de son un peu plus haut, et je vous ai même cité deux logiciels dans la première partie de cette série sur la fabrication d’un livre audio : Audacity et GarageBand.

On peut très bien s’en sortir avec eux, comme on peut très bien écrire un bon roman avec Word ou LibreOffice Writer.

Pourtant, comme le fait Scrivener pour l’écrit, il existe des logiciels plus puissants, au départ conçus pour créer ou arranger de la musique, mais qui sont parfaits pour traiter toutes sortes de sons… comme de la parole. J’ai ainsi découvert que GarageBand avait un grand frère, nommé Logic Pro. J’en ai fait l’essai lorsque j’ai commencé à monter la première saison des Consultations extraordinaires de Belladone Mercier, psychologue des dieux, et j’ai été convaincu. Le maniement est légèrement plus complexe, mais certains outils, comme le vocal transformer me sont devenus si indispensables, que j’ai fini par acheter une licence. Certaines astuces que je vous livrerai donc dans ce tutoriel nécessitent un tel logiciel, mais je le signalerai à chaque fois. De même, Logic Pro est disponible uniquement sur Mac ou iOS, mais il existe des équivalents sur Windows : je ne citerai que Cubase, Audition d’Adobe et Reaper, qui font référence dans le domaine.

Cependant, encore une fois, il est possible de faire du travail correct en se contentant d’Audacity ou de GarageBand.

De même, il existe des plugins, c’est-à-dire des modules additionnels, qui sont la plupart du temps vendus par des éditeurs tiers pour s’interfacer avec Logic Pro ou Audacity, afin de multiplier les possibilités. À mon avis, sauf si vous faites de la musique de façon professionnelle, vous n’avez pas besoin de casser votre tirelire pour vous les offrir. Pour réaliser un audiobook, hormis dans des projets qui demandent beaucoup de travail sur le son, mais dont je ne peux même pas imaginer un exemple, vous pourrez vous dispenser de telles dépenses et vous pourriez investir à la place dans un bon micro pour que vos enregistrements soient les plus propres possibles.

Ceci étant posé, commençons par le commencement…

La structure d’un livre audio

Reprenons notre analogie avec le livre papier.

Dans tout livre, il n’y a pas seulement le corps du texte.

Il existe aussi ce que l’on appelle les pages liminaires. Elles regroupent ces pages qui tournent autour du texte principal, mais n’en font pas partie à proprement parler. Un index, une table des matières, mais aussi la page de titre, celle de dédicace, les remerciements, voire une bibliographie ou une page de présentation de l’auteur ou de l’autrice sont des pages liminaires.

Dans un livre papier, la convention veut que chaque page liminaire (chaque type de page liminaire pour être plus précis) soit traitée comme un chapitre à part entière dans le flux du livre, c’est-à-dire dans la présentation et l’ordre des pages.

Ainsi, toujours dans un livre papier, comme nous l’avons vu dans l’article À livre ouvert, chaque page liminaire doit commencer sur une page de droite du livre, et doit suivre un ordre précis. Typiquement : page de garde, page de faux-titre, page de titre, colophon, dédicace, table des matières, bibliographie de l’auteur ou de l’autrice. Puis le corps du texte lui-même, dans lequel chaque partie, comme chaque chapitre, commence sur une page de droite. On a parfois même des pages post-liminaires, comme une présentation de l’auteur ou de l’autrice, des remerciements, etc.

Le même principe se transpose dans un livre audio avec une base simple :

Chaque partie importante est un fichier audio séparé.

Sauf… si vous créez un fichier M4B. Mais nous en parlerons plus tard

Ainsi, dans l’ordre, on devra trouver plusieurs fichiers, que vous regrouperez dans un même dossier et que vous aurez soin de numéroter pour en garder l’ordre de lecture :

  • Les crédits d’ouverture, c’est-à-dire le titre du livre, le nom de l’auteur ou de l’autrice (en toute logique : vous-même) et le nom de narrateur ou de la narratrice (là encore, vous-même) ainsi que des autres personnes qui interviennent dans la lecture, si vous avez fait ce choix-là à la conception de votre audiobook.
  • La dédicace, si vous en avez une.
  • L’avant-propos ou la préface, si elles existent.
  • Chaque chapitre.
  • Les remerciements éventuels.
  • La postface éventuelle.
  • Tout ce qui est appendices, notes, etc. doit faire l’objet de fichiers séparés, placés ensuite.
  • Enfin, les crédits de clôture, qui permettent de bien comprendre que la narration est terminée, et peuvent contenir les crédits des personnes qui ont contribué au livre, les crédits des sons additionnels, des images de la couverture, ou d’autres choses encore que vous auriez mis dans le texte éditorial du livre.

Par convention, chaque fichier ne doit pas avoir une durée plus longue que 120 minutes. Si vous avez des chapitres si longs qu’ils dépassent cette durée de lecture, alors il est conseillé de les scinder en plusieurs parties, à des endroits qui ne gênent pas la compréhension (entre deux paragraphes, mais pas en plein milieu d’une action non plus), en indiquant dans le nom du fichier de quelle partie du chapitre il s’agit.

De même, chaque fichier commence par une indication verbale de son statut et de son titre éventuel. Par exemple, au début du premier chapitre, vous devrez insérer une indication vocale du genre « Chapitre un, Le mystère de l’audiobook », ou simplement « Chapitre un » si vos chapitres n’ont pas de titre. Les remerciements commenceront de même par « Remerciements ».

Enfin, par convention également, chaque fichier, avant même la première voix, le premier son, commence par un « bruit de fond silencieux » de la pièce dans laquelle vous enregistrez, d’environ 0,5 à 1 seconde. Chaque fichier se termine par 3 à 5 secondes de ce même bruit de fond.

Concrètement, pour l’audiobook de Poker d’Étoiles, le dossier informatique contient les fichiers suivants (notez l’importance du 0 des dizaines pour les neuf premiers chapitres, ils sont là pour vous assurer que l’appareil qui va lire les chapitres ne se trompe pas dans l’ordre de lecture ; et si vous avez plus de 99 chapitres, n’hésitez pas à faire la même chose pour les centaines et donc de numéroter votre premier fichier 001) :

01— Crédits d’ouverture.mp 3

02-Dédicace.mp 3

03-Les cartes.mp 3 (le titre de mon premier chapitre)

04-Premier Jeu.mp 3

05-Deuxième Jeu.mp 3

06-Troisième Jeu.mp 3

07-Coupe.mp 3

08-Quatrième Jeu.mp 3

09-Cinquième Jeu.mp 3

10-Sixième Jeu.mp 3

11-Septième Jeu.mp 3

12-Huitième Jeu.mp 3

13-Neuvième Jeu.mp 3

14-Dixième Jeu.mp 3

15-Onzième Jeu.mp 3

16-Douzième Jeu.mp 3

17-Remerciements.mp 3

18-Crédits de fermeture.mp 3

De même, chaque fichier ressemble à cela :

Nettoyer la voix

Tout comme nous vérifions toujours que notre texte ne soit pas encombré de fautes de frappe, de coquilles ou autres fautes disgracieuses, nous devons nous assurer que la voix que nous avons enregistrée soit « propre », c’est-à-dire sans bruit de fond, sans parasite, bien intelligible.

Cela demande, dans le logiciel d’édition audio, de lire le fichier, de couper la partie gênante, puis de recoller les morceaux restants pour « effacer » la faute comme pour un texte avec la touche ou la touche . Et de recommencer à chaque fois que l’on repère une coquille sonore.

C’est fastidieux, comme dirait le Merlin de Kaamelott.

Mais cela garantit une certaine qualité à notre ouvrage audio.

Pourtant, cela peut ne pas suffire.

En effet, si vous n’avez pas pu suivre tous mes conseils d’enregistrement (et même si vous les avez suivis, il se peut toujours que des accidents se soient produits, qui vous aient échappé sur le moment), votre voix est peut-être parasitée par un bruit de fond constant et très ennuyeux. Là, pas moyen de couper/coller car le bruit se superpose à votre voix, sans interruption.

Dans ce cas, vous avez trois solutions :

  • Recommencer l’enregistrement de cette partie-là. C’est le plus sûr, mais attention, c’est assez risqué, car il y a de fortes chances pour que la différence de prise sonore entre votre « original » et cette « rustine » s’entende beaucoup ensuite, en donnant une impression désagréable. En effet, les conditions seront forcément différentes de votre première prise (le micro peut être placé un poil plus près ou plus loin, le temps au-dehors pas le même, etc., etc.
  • Recommencer l’enregistrement de tout le chapitre pour garder une unité sonore. Outre que cela peut être long si vous avez un chapitre d’une heure et demie, c’est un peu rageant de devoir tout recommencer pour seulement deux minutes où on entend cet avion dans le ciel alors que vous installez une ambiance médiévale…
  • Vous servir des outils d’I.A. analytique (et attention c’est très différent d’une I.A. générative, qui, de mon point de vue, n’est pas éthique, mais nous en discuterons une autre fois) pour analyser le passage en question et le débarrasser par traitement informatique des fréquences spécifiques du bruit parasite. L’inconvénient est surtout financier, car tous ces programmes sont payants à des degrés divers.

Il existe plusieurs outils de ce type. J’ai pour ma part opté pour lalala.ia lorsque j’ai dû nettoyer des voix enregistrées pour ma podfiction Les consultations extraordinaires de Belladone Mercier, psychologue des dieux. J’ai décidé d’utiliser l’I.A. dans ce cas-là, car la voix était celle d’un comédien, parasitée par un écho qui montrait tout de suite que l’enregistrement avait eu lieu dans un autre espace, et que je ne pouvais pas le faire tourner à nouveau. Si le problème avait été localisé sur ma propre voix, j’aurais plutôt opté pour un enregistrement en rustine. Mais chaque problème est unique, et il vous sera peut-être impossible de vous passer de l’I.A. Dans ce cas, je ne saurais trop vous conseiller de bien choisir le service que vous utiliserez, afin de garder les droits sur votre fichier audio et de vérifier qu’il ne sera pas utilisé autrement que pour l’apprentissage de l’I.A.

Les Styles de texte en audio

Bon, vous avez vos fichiers, ils sont tous nommés comme il faut, ils ont tous une seconde de silence au début et trois à la fin, ils commencent tous par une annonce vocale de leur statut et de leur titre… mais si vous pensez que c’est déjà fini… vous allez être déçus. Car le principal n’a pas encore commencé.

De la même façon que nous avons appris à nous servir des Styles de texte dans la mise en page papier et dans la mise en page numérique, nous allons devoir apprendre à créer des Styles de voix pour la version audio.

Pour bien comprendre ce concept, je vous propose de tenter de définir ce qu’est un Style de texte et à quoi il sert, en réalité.

De mon point de vue, un Style de texte a pour principal rôle de donner une indication métatextuelle au lecteur, lui permettant de comprendre très rapidement qu’une rupture de lieu, d’action, de temps ou de personnage vient d’avoir lieu, et d’identifier précisément à quoi cette rupture se rapporte.

C’est une partie des conventions qui régissent la compréhension de la façon de raconter l’histoire, une convention de narration, donc, au même titre que la typographie dont elle peut se servir, mais qui ne lui est pas confondue. Car on peut utiliser une typographie seule, sous forme de symboles, comme le fait Alain Damasio dans La Horde du contrevent et dans Les furtifs pour signifier un personnage ou un concept, sans forcément user d’un Style de texte à proprement parler. Les tirets cadratins ou semi cadratins (les — ou les —), associés aux guillemets, que l’on inscrit au début des répliques des personnages dans les dialogues, servent justement à déterminer que :

  1. Nous sommes dans un dialogue
  2. Un nouveau personnage commence à prendre la parole.

Mais ces deux codes, car il s’agit bien de cela, participent de la même grammaire narrative.

Cette grammaire doit donc être transposée à l’écoute pour que l’histoire puisse se dérouler en toute compréhension, et que l’expérience de l’auditoire soit au moins aussi agréable que celle du lectorat. Même si ces deux expériences seront différentes.

La création des Styles de voix aura donc pour objectifs de :

  • Poser l’ambiance
  • Différencier les personnages
  • Différencier les lieux
  • Différencier les temps de la narration (un flashback, un flashforward)

Pour y parvenir, je vous propose de suivre quelques règles simples, sur lesquelles vous allez ensuite laisser libre cours à votre sensibilité artistique et aux choix qui, selon vous, serviront le mieux votre projet.

À chaque voix sa piste

Un roman, ou tout autre texte de fiction, font presque toujours intervenir plusieurs personnages. Que vous ayez choisi d’interpréter avec votre seule voix chacun de ces protagonistes, ou que vous ayez demandé à des comédiens et des comédiennes de vous prêter voix forte, il est nécessaire de différencier chaque personnage pour l’auditoire. Vous l’avez peut-être fait en variant légèrement votre accent, par des différences subtiles, mais vous aurez probablement besoin d’accentuer ces légers réglages. Et pour cela, le plus simple est de vous constituer un ensemble de pistes vocales.

Chaque voix, au sens large, devra avoir sa piste dans le logiciel de montage audio.

Lorsque je dis « au sens large », je fais référence aussi à la voix du ou des narrateurs.

Par exemple, voici ce que cela donne pour le quatrième chapitre de Poker d’Étoiles :

  • La piste des musiques éventuelles
  • La piste des jingles sonores
  • La piste du texte éditorial (titre du chapitre)
  • La piste du narrateur, Sean, qui raconte l’histoire
  • La piste des dialogues de Sean dans l’action
  • La piste du personnage d’Eddy dans l’action
  • La piste du personnage de Dom dans l’action
  • La piste du personnage de Démosthène dans l’action

Les captures d’écran qui suivent vous montrent également la façon dont j’ai découpé l’enregistrement pour que chaque voix prenne sa place sur la piste qui lui est dédiée. Vous remarquerez également que je fais se chevaucher les voix, pour éviter qu’il y ait un « vide », c’est-à-dire un silence sans l’ambiance de la pièce. C’est un principe de montage sonore que je vous conseille d’adopter, car il évite de sortir l’auditoire de l’ambiance particulière de la scène.

De plus, j’ai fait parfois en sorte de rapprocher les interventions de personnages qui se répondent lorsqu’ils s’interrompent les uns les autres, ou dans une discussion animée.

La variation du rythme de la voix, mais aussi des interventions de chaque protagoniste, est une astuce très puissante pour installer une atmosphère. Si vous avez suivi mes conseils lors de l’enregistrement, vous avez bien fait attention à ne pas parler trop vite, à ne pas vous précipiter, mais également à habiter votre texte, pour le rendre plus vivant. Normalement, cela a dû créer un rythme naturel dans la narration, un rythme qu’il vous faudra respecter le plus possible au montage. Veillez cependant à ne pas trop accélérer le rythme ni à trop l’étirer. Dans le premier cas, vous pourriez surcharger votre auditoire d’informations qu’il n’aurait pas le temps d’intégrer, et, dans le deuxième, vous pourriez l’ennuyer. Trouver le bon rythme de narration est une affaire d’habitude, d’expérience. N’hésitez pas à réécouter plusieurs fois pour vous faire une idée, et même, si vous voulez mon secret ultime, essayez de le faire en fermant les yeux, pour vous concentrer uniquement sur ce que vous écoutez. Vous verrez que, rapidement, vous sentirez si le rythme est bon ou s’il faut le changer légèrement.

À chaque voix ses effets

Pourquoi séparer les voix des différents protagonistes dans des pistes différentes ?

Parce que cela sera plus facile ensuite pour leur assigner des effets sonores distincts.

Si nous reprenons l’exemple du quatrième chapitre de Poker d’Étoiles, mon premier roman, il fait intervenir un personnage, Démosthène, qui est une Intelligence Artificielle. Une véritable I.A., pas les algorithmes idiots qu’on nous vend actuellement comme étant « intelligents » alors qu’ils ne sont que statistiques. Non, une véritable I.A., consciente d’elle-même et des autres. Cette I.A. pourrait avoir une voix légèrement synthétique, si j’en avais fait le choix. Et dans ce cas, il aurait été simple d’assigner à la piste sonore qui lui est dévolue un effet de synthèse vocale, déformant ma voix, déjà un peu changée par le ton que j’ai pris à l’enregistrement pour incarner ce personnage en particulier. Il se trouve que je n’ai pas fait ce choix-là, et que j’ai préféré garder à Démosthène une voix humaine, certes avec un ton un peu pompeux et sentencieux, rappelant le Higgins de la série Magnum PI, avec Tom Selleck, qui était joué par l’inimitable John Hillerman. J’ai préféré utiliser dans ce cas un EQ ou Égaliseur en bon français, dont nous parlerons juste après.

Pourtant, d’autres effets peuvent parfois être utiles pour caractériser une voix différente, et nous les verrons dans un autre article, tout comme nous pourrons aussi détailler comment les paramétrer techniquement parlant. Ce qui suit n’est que la philosophie générale de leur utilisation.

Retenez pour l’instant que chaque personnage doit avoir sa propre voix, donc sa propre piste, pour posséder ses propres réglages sonores, dont font partie les effets sonores.

Spectre des fréquences de l'égaliseur, voix du personnage Démosthène dans Poker d’Étoiles

À chaque voix son spectre de fréquences

Parmi ces effets sonores, le plus utile est ce fameux Égaliseur (ou EQ en anglais).

Pour comprendre ce qu’est un Égaliseur, il nous faut faire un tout petit peu de théorie du son. Rassurez-vous, ce sera simple, et cela nous servira aussi pour comprendre d’autres étapes essentielles de la production, comme les effets globaux, le mixage, et quelques notions sur le mastering.

Les caractéristiques de l’onde sonore

Ce que nous appelons un son est l’effet du déplacement des molécules de l’air selon une onde dont le point d’origine est ce que nous pourrons convenir de nommer un émetteur. Ce déplacement de molécules a un effet physique inéluctable : il vient immanquablement frapper une membrane chez tous les animaux qui en sont pourvus, le tympan, dont la vibration sous l’impact informe un nerf dit auditif, lui-même produisant en réponse un signal électrique qui est interprété par le cerveau.

Lorsque nous entendons un son, c’est donc que notre cerveau a traduit la réponse électrique de la vibration de notre tympan sous l’effet de l’onde sonore.

Comme tout phénomène ondulatoire, un son possède deux caractéristiques essentielles : une intensité et une fréquence.

L’intensité est la notion la plus complexe à comprendre, car sa mesure peut se faire de différentes manières, qui pourtant sont toutes notées avec la même échelle, le décibel (dB). Je vais simplifier à l’extrême (et il est possible d’aller plus loin en lisant deux ou trois choses ici, , ou encore par là) en disant que l’intensité est la mesure de la puissance du son qui parvient à nos oreilles. Cette intensité est en gros la hauteur qu’atteint la crête de l’onde sonore, la quantité de matière aérienne que l’onde est capable de déplacer. On comprend vite que plus l’onde est puissante, plus elle déplace de matière, plus son pic sera haut, et plus sa mesure en dB sera forte (donc plus son impact sur notre tympan sera puissant, plus le niveau sonore sera élevé). Ainsi, cette intensité est plutôt une puissance. Il est aussi important de savoir que plus la source du son est éloignée, plus l’onde s’atténue (comme dans une étendue d’eau) et plus son intensité sera atténuée, d’un facteur non pas linéaire, mais logarithmique (c’est-à-dire que l’atténuation d’un son de 3 dB équivaut à une division de son intensité par 2). Et si vous vous demandez pourquoi nous parlerons ensuite presque toujours de dB négatifs, c’est parce que, contrairement à l’échelle des décibels comme bruit (où le plus petit son perçu par l’oreille humaine est noté 0 dB et un avion 130 dB), les professionnels du son travaillent avec des mesures d’atténuation, où le 0 dB équivaut à un son non atténué, et un son de -3 dB est un son dont l’intensité est divisée par 2, comme un son de -6 dB a une intensité/puissance divisée par 4.

Quant à la fréquence, il s’agit du nombre de fois que les crêtes et les creux de l’onde se répètent par seconde (et cela se mesure en Hertz ou Hz). Une fréquence de 6 000 Hz équivaut donc à une onde dont les crêtes se propagent à la fréquence de 6 000 fois par seconde. La fréquence mesure donc aussi ce que l’on appelle la longueur d’onde et une autre façon de la représenter pour bien comprendre son rôle dans notre montage d’audiobook (parce que c’est bien pour cela que nous allons l’utiliser) est de la définir comme le nombre de fois en une seconde que l’onde sonore va venir frapper notre tympan. Si la fréquence est élevée, le son sera aigu. Si la fréquence est basse, le son sera grave.

Les fréquences audibles par l’oreille humaine

Parce que oui, notre ouïe n’est pas sensible à toutes les fréquences sonores (j’ai essayé de la faire avec un « non », mais ça marchait moins bien). En gros, et en moyenne, un être humain peut percevoir les sons dans une gamme de fréquences allant de 20 Hz à 20 000 Hz, ce qui nous fait tout de même une grande diversité. En dessous, on parle d’infra-sons, au-dessus, d’ultra-sons.

Il faut cependant savoir que notre oreille est la plus sensible aux fréquences comprises entre 2 000 Hz et 5 000 Hz.

L’égaliseur & le spectre de fréquences

La voix d’une personne est composée de sons divers (les syllabes qui forment les mots) émis selon des fréquences qui varient légèrement d’un individu à l’autre. On parle de timbre de la voix pour désigner toutes les petites particularités d’une voix singulière. On parle de tessiture en chant pour catégoriser la plage de fréquence qui est la plus naturelle à une personne donnée. Par exemple, les voix qui sont plus naturellement graves sont dites des voix de baryton.

C’est que chaque voix a un spectre de fréquences qui représente la répartition des fréquences et leur volume sonore, leur intensité, dans la production des sons. En ce sens, on peut presque superposer le spectre et le timbre d’une voix.

Et c’est là que cela devient important pour notre travail de styles vocaux : si vous voulez différencier les voix de vos personnages, y compris si vous les interprétez toutes vous-mêmes, il peut être utile de légèrement modifier leur spectre de fréquences… en vous servant d’un égaliseur !

Cet effet sonore a le pouvoir de modifier l’intensité du signal émis sur une fréquence ou une plage de fréquences données, et donc d’altérer la perception d’une voix enregistrée. Votre voix pourra paraître plus aiguë ou plus grave, ou vous pourrez gommer certaines fréquences, en accentuer d’autres… jusqu’à parfois complètement dénaturer le matériau de départ, c’est-à-dire votre propre voix.

Si vous couplez une utilisation subtile mais systématique de l’égaliseur avec une interprétation solide de vos personnages (en variant un peu la façon dont ils parlent lors de l’enregistrement), vous obtiendrez des résultats qui pourront être surprenants. Mais le mot important ici est subtile. Vous verrez, si vous jouez avec les réglages, qu’un égaliseur peut renforcer l’impression que vous voulez que la voix dégage, ou la ruiner totalement. Il vous faut donc agir de manière prudente, mais ne pas hésiter à faire des essais. Les logiciels d’édition audio permettent tous d’appliquer des réglages de façon non destructive, et vous pourrez donc revenir en arrière facilement.

Cerise sur le gâteau, la plupart des logiciels d’édition audio possèdent aussi des presets ou réglages prédéterminés qui appliquent des courbes de spectres de fréquences conçues pour divers effets. Par exemple, un effet de « conversation téléphonique » est souvent obtenu avec un spectre de fréquence dit « compressé », qui éteint les basses fréquences et éteint également les hautes fréquences de la voix.

Pourtant, je vous conseille de trouver le réglage qui ira le mieux à votre propre voix de narrateur ou narratrice, en fonction des caractéristiques que vous voudrez lui donner. Une bonne base est de partir de presets, mais de les modifier. Dans mon cas, je voulais accentuer un peu l’effet « enveloppant » de ma voix, privilégier les graves, et cette courbe donne ceci.

Comparons-la à celle que j’ai choisie pour caractériser Eddy dans Poker d’Étoiles, et vous verrez que, alors même que j’ai dit ses répliques avec une voix légèrement plus aiguë et enjouée, il m’a fallu travailler les fréquences différemment pour obtenir ce que je cherchais.

Bref, vous le comprenez, c’est un domaine où votre créativité va pouvoir s’exprimer pleinement.

Et, si vous voulez mon avis, cela force également à se poser les bonnes questions sur vos personnages, car les interpréter va vous les faire réellement voir sous un angle plus concret.

Les effets de Space Design

J’utilise à dessein (dessin ?) l’expression anglaise, car je la trouve plus parlante que son équivalent français de « conception d’espace ». Ces effets sonores sont très utiles, car ils permettent de donner l’illusion d’un lieu particulier. Cela peut être une caverne, un vaisseau spatial, une chambre à coucher ou une salle de concert. Tous ces lieux ont en commun deux caractéristiques paramétrables :

Une réverbération (effet reverb en anglais), c’est-à-dire une façon de simuler le rebond des ondes sonores sur les parois du lieu (un écho, si vous préférez).

Un délai (effet delay dans la langue de Shakespeare), c’est-à-dire le temps de latence de ce rebond sonore.

Grâce à eux, vous serez en mesure de suggérer un changement d’espace ou de temps dans votre narration, voire une asymétrie (un de vos personnages est dans un lieu, tandis qu’un autre est ailleurs).

Nous verrons dans le chapitre sur le mixage comment concrètement s’en servir.

Les marques de rupture de séquence

Comme nous l’avons dit au début, chaque chapitre doit posséder son propre espace, donc son propre fichier son.

Mais dans certains ouvrages, il existe des subdivisions dans chaque chapitre. Faute de mieux, et parce que je suis familier du vocabulaire du cinéma, je nomme ces divisions des séquences.

En littérature, la convention est de marquer ces divisions par un signe typographique appelé un astérisme, noté ⁂, c’est-à-dire trois astérisques placés en triangle. On peut également trouver d’autres signes avec la même signification. Pour Poker d’Étoiles, j’ai utilisé un symbole de carte à jouer, à savoir un as de pique.

Mais dans un audiobook, il faut trouver autre chose.

Pourquoi pas un jingle sonore ? Toujours le même, pour que votre auditoire comprenne vite la convention que vous lui proposez.

Les petits fichiers modèles

Me pardonnerez-vous ce jeu de mots faisant référence à une autrice française célèbre du XIXe siècle ?

Quelle que soit votre réponse, cela pourra peut-être vous permettre de gagner du temps.

Car, vous l’aurez compris, maintenant que vous avez vos pistes et vos réglages sonores en tête, vous allez devoir les répéter à chaque fichier que va comprendre votre audiobook. Cela peut se faire facilement et rapidement si votre livre comporte quinze ou vingt chapitres avec quatre ou cinq pages liminaires, mais ce sera beaucoup plus long et fastidieux s’il compte cent chapitres et dix pages liminaires !

Je vous conseille donc de construire un fichier modèle (ou template ou encore layout en anglais) qui vous servira de base pour tous les chapitres de votre livre audio. Que votre logiciel de montage (comme c’est le cas pour Logic Pro) vous le permette facilement ou non (comme c’est hélas le cas pour GarageBand), un fichier modèle que vous n’aurez qu’à copier-coller en changeant simplement son titre sera un gain de temps appréciable.

Il devra comporter les pistes dont vous aurez toujours besoin (musique, bruitages, une piste par personnage principal du livre, une ou deux pistes pour les personnages silhouettes, c’est-à-dire les figurants), avec pour chacune d’entre elles les réglages que vous aurez décidés (effets sonores, égaliseurs, etc.).

Je vous livre dans l’image suivante la capture d’écran de mon propre fichier modèle pour l’audiobook de Poker d’Étoiles, mon premier roman. Vous pourrez constater que j’ai même reproduit les tranches de console de mixage (que nous verrons plus tard) avec leurs réglages de base.

Construisez-vous donc un fichier modèle pour chaque projet de livre audio, et ce, dès le début de votre enregistrement si vous le pouvez.

Le rythme

Je l’ai déjà évoqué plus haut, le rythme de votre narration est essentiel. Il doit être pensé pour servir au mieux votre projet, et notamment pour rendre au mieux l’ambiance de chaque scène, voire de chaque séquence, ou de chaque plan. Vous pouvez vous référer à ce que j’en disais dans l’article de cette série dédié à l’enregistrement, mais je vais reprendre quelques éléments ici, car le montage est une sorte de recréation de votre audio.

En effet, il est fort probable que vous ayez fait des pauses un peu plus longues que nécessaire à chaque fois que vous avez changé un peu votre voix dans un dialogue entre plusieurs personnages, le temps de changer votre voix pour l’adapter à chaque protagoniste. De mon côté, j’ai même poussé le vice jusqu’à couper l’enregistrement entre chaque réplique de personnages différents, afin de me mettre quelques secondes dans la peau de chacun d’entre eux.

Le résultat en est souvent que des temps de silence inopportuns se sont glissés dans votre enregistrement brut (nous appellerons cela des rushes, comme au cinéma).

Vous devrez donc, lors du montage, non seulement dispatcher des bouts d’enregistrement entre les différentes pistes selon leur appartenance à l’un ou l’autre des protagonistes du récit, mais aussi revoir un peu le rythme de l’enchaînement des répliques ou des blocs de paragraphes.

Par exemple, il se peut qu’un personnage en interrompe un autre. Comme il est peu probable que vous ayez pu le jouer réellement lors de l’enregistrement, vous devrez le recréer lors du montage.

Bref, vous allez devoir réécouter tous vos rushes, et reconstituer le texte. C’est, de mon point de vue, l’une des étapes les plus satisfaisantes, car vous allez voir l’histoire se dérouler sous vos yeux, et vous allez pouvoir la sculpter.

Les bruitages

Vous pourrez d’ailleurs, si cela vous paraît judicieux, enrichir cette histoire et votre narration avec des bruitages.

J’ai déjà parlé des jingles sonores qui serviront d’astérisme pour marquer les changements de séquence à l’intérieur des chapitres.

Mais il est aussi possible de souligner certains passages de votre fiction avec des bruitages qui auront un rôle plus narratif que typographique.

Mon avis là-dessus est cependant assez prudent. Un livre audio n’est pas un podcast. Généralement, il n’a pas été pensé dès l’écriture pour le format audio, et la preuve en est qu’il est plus probable que vous en soyez la seule voix. De même, le texte sera littéraire, pas théâtral ou cinématographique. Il y aura certainement beaucoup de passages « contés » par un narrateur, et beaucoup moins de dialogues que dans une podfiction. Les bruitages ont donc moins leur place, car ils seront comme intégrés aux mots eux-mêmes, et ils feraient double emploi si vous les rajoutiez. Ils pourraient même noyer votre texte et sa beauté dans une forme de surenchère inutile, voire contre-productive.

D’un autre côté, il serait dommage de vous priver des avantages que le média audio pourrait apporter à l’immersion de votre auditoire dans votre histoire. Peut-être que certains bruitages, bien dosés, placés à des endroits stratégiques, pourraient bénéficier à votre texte. Vous en serez seuls juges.

Mais je vous engage vraiment à réfléchir à chaque bruitage, à son utilité, à ce qu’il va produire comme effet, et à être conscients de ce que cela va entraîner comme distorsion dans la réception de votre texte. Car, encore une fois, nous sommes dans le cadre d’un livre audio, donc de la lecture d’une histoire écrite au départ pour être lue silencieusement, pas forcément « dite ».

La musique

C’est un peu la même chose pour la musique.

Si l’on peut facilement imaginer une sorte de mini-générique pour introduire chaque chapitre (comme un « gros » astérisme), il est plus délicat d’insérer des nappes sonores musicales à l’intérieur même de la narration.

Sauf.

Sauf si, par exemple, la scène décrite est censée se dérouler dans une ambiance musicale et que vous puissiez insérer ladite ambiance dans le montage, c’est-à-dire que vous en possédiez à la fois le fichier son et les droits de reproduction. Mais il faut absolument, je crois, éviter là encore de surcharger votre texte. C’est-à-dire que, si les mots lus décrivent déjà la musique en détail, au lieu de simplement nommer le morceau, il me semble contre-productif de plaquer par-dessus la musique elle-même. D’abord parce que vous allez introduire une confusion dans l’esprit de votre auditoire, qui ne va pas pouvoir se concentrer à la fois sur la musique et sur vos mots décrivant la musique (car, doit-on le rappeler, le cerveau humain, même celui des femmes, est incapable de faire correctement deux choses en même temps). Ensuite, parce que ce que votre texte va dire de la musique est votre propre interprétation de ressentis lors de l’écoute, et que ladite écoute pourrait très bien ne pas du tout évoquer les mêmes choses à votre auditoire. Dans ce cas, vous allez sortir votre auditoire de l’histoire, le sortir en tous les cas de la transe hypnotique consentie, du pacte de lecture noué entre vous, qui implique que votre lectorat accepte ce que vous lui suggérez. La dissonance (mot bien choisi) entre votre interprétation par les mots et ce que le cerveau de votre auditoire va interpréter de la musique elle-même va totalement détacher votre public de ce que vous voudriez lui faire ressentir.

Il est donc, je crois, très délicat d’utiliser de la musique dans ce cas.

Sauf si cela est mûrement pensé et réfléchi.

Après tout, en art, les règles sont faites pour être brisées.

Le tout est de le faire en connaissance de cause et donc en pleine conscience.

L’ours

Il ne s’agit pas d’aller chasser un plantigrade qui aurait mauvais caractère.

Un ours est le nom que l’on donne au cinéma au premier montage, brut, des images tournées, avant l’application des effets spéciaux, des ajustements de couleur, etc.

C’est l’histoire racontée sans raffinements, sans les artifices.

Pour un livre audio, c’est votre voix, brute, avec peut-être simplement les effets les plus simples.

Mais ce n’est pas encore une histoire « publiable », parce qu’elle n’a pas encore totalement été mise en page.

Vous allez pour cela devoir encore passer deux étapes, dont la plus importante est le mixage, qui va s’assurer que les différents morceaux s’harmonisent correctement les uns avec les autres sur le plan sonore.

Le mixage

L’étape du mixage consiste à s’assurer que les sons ne vont pas agresser votre auditoire (rien ne sera trop fort), ne vont pas non plus l’empêcher de faire le voyage avec vous lors de la narration (rien ne sera trop faible pour être entendu et compris), et ne vont pas se « marcher sur les pieds » (rien ne gênera la compréhension d’autre chose). Bref, que tout sera correctement agencé en un tout harmonieux.

C’est un processus un peu technique et relativement complexe, mais je vais tâcher de vous indiquer ce que j’en ai retenu, ainsi que mes propres « recettes », tout en précisant que je ne suis pas ingénieur du son, et que, bien entendu, je n’ai pas les compétences qui permettraient de me considérer comme une référence dans le domaine. C’est donc bien plus un petit mémo à mon attention personnelle, que je partage avec vous parce que c’est en fait le but premier de ce site depuis sa création : être un peu mon « carnet de notes de voyage personnel, mais partagé » dans mes pérégrinations artistiques.

Mais commençons par quelques petites notions d’acoustique (rien de plus complexe que ce que nous avons vu précédemment, je vous rassure).

Les pics et les crêtes

Lorsque vous regardez la forme des ondes de votre enregistrement, vous voyez bien que les oscillations ont des intensités différentes (des pics, qui sont plutôt dénommés « crêtes » en mixage audio, peut-être en référence à celles des punks ? Non, je ne pense pas). Vous remarquerez que certaines pistes ont des crêtes plus hautes que les autres, au point qu’elles se rapprochent peut-être dangereusement du « zéro » dB et qu’elles entrent dans la zone rouge de l’oscilloscope.

Cette zone rouge correspond à une sensation désagréable de « saturation » du son, et bien mixer votre enregistrement va surtout consister en premier à éviter d’atteindre cette zone rouge.

La première des choses à faire est donc de jouer dans la table de mixage (appelée avec la touche X de votre clavier dans Logic Pro), sur les potentiomètres des différentes pistes pour régler leurs niveaux sonores respectifs, afin d’éviter la zone rouge, ou mieux, de rester dans la zone verte, qui correspond à un traitement acceptable du signal.

De la même façon, vous allez devoir régler le niveau de chacune des pistes afin d’obtenir une harmonie dans les différentes voix, et d’obtenir les focalisations d’attention voulues de la part de votre auditoire. Par exemple, si une voix doit être plus lointaine que les autres, ou une autre plus présente, ou si vous désirez mettre l’emphase sur un moment en particulier, c’est là qu’il faut commencer à le faire (même si, bien entendu, vous avez pu déjà prévoir cela à l’enregistrement).

Le niveau moyen

Pour calculer le niveau sonore moyen de votre mix (votre mélange de sons), on peut utiliser un concept appelé RMS pour Root Mean Square (ou racine carrée moyenne), qui mesure l’intensité sonore moyenne sur un intervalle de 300 millisecondes.

Certains logiciels n’offrent pas cette mesure, mais utilisent la LUFS (ou Loudness Unit Full Scale), qui mesure plutôt l’intensité sonore perçue par l’auditoire, de façon globale, mais instantanée. La différence est donc subtile entre le niveau des crêtes (on peut avoir un niveau sonore moyen faible avec parfois des pics d’intensité sonore très forts) et le niveau moyen, et d’un autre côté, la perception d’intensité sonore.

Le seuil de bruit

C’est le seuil à partir duquel on entend quelque chose dans le « silence » de votre pièce d’enregistrement. Car le silence n’existe jamais vraiment dans une pièce normale. Et il peut y avoir eu des bruits « parasites » enregistrés avec votre voix.

Grouper les pistes par Bus

Alors non, il n’est pas question d’envoyer vos pistes audio faire un voyage en autocar…

Un bus est une tranche de la console de mixage qui regroupe d’autres tranches (donc d’autres pistes) afin de leur appliquer certains réglages en une seule fois (des effets, des modulations, etc.).

  • Les voix dans le Bus 1, que l’on peut renommer « Voix ».
  • Les effets sonores et bruitages dans le Bus 2, intitulé « Bruitages » (je suis d’une originalité folle, vous ne trouvez pas ?).
  • Les musiques dans le Bus 3, que l’on nommera… « Musique ».

Il sera intéressant de faire sortir ces trois Bus vers un quatrième (Bus 4, donc), nommé « Sub-Mix », lui-même branché sur la sortie finale (« Output Stereo » dans mon cas).

Ensuite, il peut être utile de créer des Bus d’entrée depuis chaque piste de voix. Un Bus 5 pour les effets de Reverb, un Bus 6 pour les effets de Delay. Tous les deux iront en sortie vers le Bus 4, le « Sub-Mix ».

Pourquoi créer des bus ?

Parce qu’il vous sera plus simple de faire certains réglages une fois pour toutes les pistes d’une même catégorie, comme de monter le niveau de toutes les voix par rapport à celui des bruitages.

Une fois que c’est fait, vous devriez également avoir une meilleure vision de l’organisation de votre mixage. Pour vous en montrer un exemple, j’ai décidé, dans la version audio de Poker d’Étoiles, d’appliquer une ambiance d’écho particulière lorsque mes personnages évoluent dans ce que j’ai nommé « la Toile », une sorte d’internet interstellaire. J’ai donc regroupé les voix des personnages lors des moments de l’histoire où ils s’y rendent dans un bus dédié, ce qui m’a permis de régler finement le niveau sonore une fois l’effet de Space Design appliqué.

D’ailleurs, dans Logic Pro, j’ai réglé le niveau du potentiomètre rond du bus de Space Design pour déterminer l’intensité de cet effet afin de créer une Toile qui me satisfasse.

Tout cela vous permet de réellement construire un ensemble cohérent avec le minimum de réglages nécessaires.

Les tranches et les effets sonores

Puis, piste par piste, vous pouvez commencer à appliquer quelques autres paramètres pour améliorer la qualité sonore de chacune. Vous remarquerez que chaque piste possède des emplacements, disposés de façon verticale, pour accueillir des effets sonores variés.

Il est important de comprendre que ces emplacements fonctionnent comme une chaîne de traitements appliqués au signal de la piste. Et donc, que leur ordre est fondamental, puisque le premier de la liste sera appliqué en… premier, et que le deuxième sera appliqué sur le résultat qui sortira de ce premier effet. Il n’y aura donc pas le même résultat si vous appliquez d’abord un effet de gain, puis un effet de noise gate, ou au contraire, d’abord l’effet de noise gate puis seulement celui de gain.

Gain

Pour schématiser, le gain est le volume du signal d’une source sonore à l’entrée d’un circuit de traitement du son. Il est très différent du volume simple, qui est le niveau sonore à la sortie.

Si c’est l’effet sonore que je vous recommande d’utiliser en premier, c’est bien qu’il permet d’amplifier le signal de chacune des pistes de voix de manière à avoir de la matière pour les autres effets ensuite. Et bien évidemment, je ne vous conseille d’appliquer cet effet que sur les voix. En général, la musique et les bruitages sont enregistrés de façon calibrée et avec un gain naturel assez conséquent. De plus, vous voudrez plutôt amplifier les voix, puisque ce sont elles qui sont fondamentales dans un livre audio, non ?

Mon réglage personnel est d’appliquer un gain de +2 dB sur chaque piste de voix.

Noise gate

Là encore, à n’appliquer que sur les voix, pour « nettoyer » votre enregistrement des bruits parasites qui auraient pu s’y glisser. Le noise gate est, comme son nom l’indique, un portail qui laisse entrer ou pas un son en fonction de son intensité (pas de sa fréquence… ça, ce sera le boulot de l’EQ).

En gros, cet effet vous permet de déterminer un seuil d’intensité en dB en deçà duquel tous les signaux sonores seront supprimés. Il faut bien le régler, parce que, si vous allez trop bas, vous allez laisser passer le petit ronflement du ventilateur qui se faisait entendre dans la pièce à côté quand vous enregistriez, mais si vous le paramétrez trop haut, vous allez aussi manger les sons qui dans votre voix sont naturellement plus bas en intensité… et ça risque de devenir vraiment moche pour la compréhension.

Mon réglage personnel est d’appliquer un noise gate de -50 dB sur toutes les pistes de voix. C’est-à-dire que, sur chacune, les sons qui seront inférieurs à -50 dB seront simplement supprimés.

On voit bien l’intérêt d’avoir d’abord appliqué un gain à la piste : ainsi, vous allez « attraper » beaucoup plus de bruits parasites, puisque vous avez augmenté leur volume précédemment.

Compresseur

Ensuite vient donc le temps de la compression audio. C’est une opération qui consiste à amplifier de façon variable le signal qui y entre, de manière à en diminuer l’intensité s’il dépasse un certain seuil. C’est en quelque sorte le « miroir » du noise gate, mais dans les hautes intensités. Un miroir qui, de plus, est déformant, car il ne va pas supprimer les sons, mais en diminuer l’intensité lorsqu’ils dépassent le seuil, et plus ils dépasseront, plus ils seront diminués.

Un compresseur a pour effet d’augmenter le niveau sonore moyen de la piste, tout en en limitant les crêtes.

J’applique cet effet aux seules pistes vocales.

Mon réglage personnel est un seuil (threshold) à -27,5 dB avec un ratio de 1,8:1 et un knee (en français, cela équivaut à une pente de courbe) à 0,7 et une attaque (attack) à 23 ms.

EQ

Enfin, pour chaque piste vocale, un effet d’égaliseur ou EQ.

Un EQ est un réglage qui permet de faire varier le gain de certaines fréquences d’une piste sonore. En clair : vous allez pouvoir faire varier l’intensité des graves et des aigus, donc contrôler le timbre de la voix. Cela implique que vous allez aussi pouvoir faire varier les caractéristiques de la voix enregistrée sur une piste en particulier, donc, dans votre livre audio, cela va renforcer l’illusion d’avoir affaire avec plusieurs personnages différents, éventuellement d’un genre différent du vôtre.

Je vous encourage donc fortement à trouver un réglage d’EQ différent pour chaque personnage, et un réglage bien différent pour la voix de narration. C’est un énorme travail, mais cela sera vraiment payant.

Le « sub-mix »

Une fois que tout cela est fait, vous pouvez vous occuper du « sous-mixage ». C’est une étape où vous allez contrôler le signal sortant, avant son envoi à la tranche de mastering. À ce stade-là, votre mixage est presque terminé. Presque. Il ne vous reste qu’à appliquer un compresseur un peu particulier, que l’on appelle :

Le « limiter »

Pour s’assurer que votre mixage ne dépasse jamais le niveau maximum et ne soit jamais « écrêté », c’est-à-dire que les niveaux excédant 0 dB ne soient coupés brutalement par le haut-parleur qui diffusera votre livre audio, faisant ainsi perdre des informations sonores en plus de produire une désagréable impression de saturation à l’oreille, vous allez de voir prendre les devants. Un limiter, ou limiteur en français, va agir comme un compresseur qui va diminuer le gain des plus hautes intensités de votre « sous-mixage » en les supprimant purement et simplement.

Mon réglage personnel, sur ce limiteur général (car il se situe à la fin de toutes les pistes et les affectera donc toutes en même temps) est le suivant : Gain +3 dB, Release 20,0 ms, Oupout level -3,1 dB, Lookahead 2,0 ms.

Utiliser le Multimètre pour les pics et le RMS

Juste après, dans la même tranche de « sous-mixage », j’ai activé un Multimètre, une console de visualisation des crêtes (peaks en anglais) et du RMS. Cela me permet de réécouter le mixage (ou du moins des morceaux « critiques » de ce mixage) en surveillant les niveaux que je me suis fixés comme cible. Et en fonction, j’interviens à un endroit ou à un autre de la chaîne précédente des effets et des réglages. Ce seuil, dans mon cas, était de -3,1 dB.

Puis, quand je suis assez satisfait, je passe à la dernière étape, qui est la plus complexe à comprendre (en tous les cas pour moi).

Le mastering

La notion de mastering est un peu difficile à appréhender, en effet. Il s’agit, une fois le mixage effectué, de préparer le résultat à une diffusion en faisant en sorte que tous les appareils possibles puissent le lire avec un maximum de fidélité et d’efficacité.

Ce processus est complexe et fait intervenir des notions que je maîtrise peu, mais qui affinent les pics et le RMS, via un EQ global.

Ça tombe bien, Logic Pro possède un module qui automatise ce processus pour moi.

Il suffit que je me fixe une limite de peak, c’est-à-dire de hauteur de crête maximale, et que je joue avec les réglages du module, pour obtenir ce que je désire. Dans mon cas, en me basant sur les exigences de la plateforme Findaway Voices, dont nous parlerons dans le prochain épisode de cette série d’articles, je me suis fixé une limite de crête à -3,1 dB.

Il me semble plus simple de vous livrer une vidéo en français qui détaille un peu l’utilisation de ce module automatique.

Si vous travaillez avec un autre logiciel de montage audio, par contre, je n’ai pas vraiment de trucs ou astuces à vous donner, car, encore une fois, je ne suis pas ingénieur du son. D’autres ressources en ligne vous aideront sans doute.

Choix du papier, choix du format audio

Lorsque tous les réglages sont faits, vous avez accompli le plus difficile : l’équivalent de la mise en page pour un livre papier. Mais tout n’est pas fini, car une fois votre maquette obtenue, et pour continuer sur la métaphore du livre papier, il vous reste à choisir la qualité du papier et le type de reliure que vous voulez pour votre livre audio.

Et comme nous l’avons vu pour ses équivalents imprimé et numérique, vous pouvez aussi choisir plusieurs finitions pour un même texte.

Un livre audio est avant tout un ensemble de données numériques, à notre époque, puisqu’on ne peut pas le faire tenir sur un disque vinyle ou même un CD classique, sauf pour un texte très très très court.

Le choix va donc porter, comme pour du papier, sur la qualité de votre support, cette fois-ci numérique. Voulez-vous un papier haut de gamme avec une belle reliure, et donc un format de fichier qui préserve le plus la qualité audio, mais avec un poids de fichier beaucoup plus important, donc un besoin de stockage fort et un appareil peut-être plus puissant pour le lire ? Ou bien voulez-vous quelque chose de plus abordable, mais avec une qualité audio plus faible, donc comme un papier meilleur marché et une reliure brochée simple ?

Nous allons passer en revue les formats informatiques que vous pouvez choisir en fonction de ces contraintes : qualité de la restitution audio et, corollaire négatif, poids du fichier et nécessité d’un appareil perfectionné pour le lire.

Première possibilité, les formats non compressés, comme l’ALAC (Apple Lossless Audio Codec) et sa version libre, le FLAC (Free Lossless Audio Codec). Ils ont la qualité la plus haute, mais avec un poids de fichier effrayant, de plusieurs giga-octets (Go) par heure d’audio, presque aussi haut qu’une vidéo. Très honnêtement, ils ne sont utiles que pour constituer un master, c’est-à-dire une matrice à partir de laquelle produire les fichiers destinés à la diffusion, une matrice que vous garderez comme archive, bien au chaud. Car un livre audio ne nécessite pas une qualité sonore aussi importante qu’un morceau de musique. Sa dynamique sonore n’est pas énorme, et les fréquences sont moins variées. Une compression informatique avec perte d’information ne lui sera absolument pas préjudiciable. D’autant plus que c’est déjà le cas pour la musique elle-même, alors qu’elle demande une plus grande fidélité.

Deuxième possibilité, à l’autre bout du spectre, le format audio de compression avec perte d’information le plus populaire, le MP3. Sa compression est très forte, et sa diffusion très large vous garantit que votre auditoire sera toujours capable de lire votre livre audio avec la plus grande facilité et la plus grande accessibilité. Il a la qualité audio la moins forte, mais encore une fois, même la musique se sert du MP3. Il suffit, pour que la qualité soit professionnelle et le confort d’écoute maximal, que vous preniez bien soin de choisir un débit qui sera au moins de 192 kbit/s (ou kilobits par seconde) lors de l’encodage.

Il existe cependant une option intermédiaire, le M4A, qui est un format audio basé sur le MPEG4 ou MP4, successeur du MP3 avec un algorithme d’encodage beaucoup plus performant. Il permet d’obtenir une perte d’information moindre pour le même taux de compression. Autrement dit : pour le même poids de fichier, vous aurez une meilleure qualité, ou pour une même qualité, un fichier de plus petite taille. L’inconvénient de ce format : il ne peut être lu que par des appareils assez récents, et beaucoup de vos auditrices & auditeurs risquent de ne pas pouvoir entendre votre histoire.

Enfin, un format très particulier a été créé par Apple il y a des années, spécialement pour le livre audio, le M4B. Comme vous pouvez vous en douter, c’est une variante du M4A dont le B signifie book, pour livre. Son avantage : alors que tous les autres formats vous obligent à créer un fichier par chapitre et à les regrouper dans un dossier pour naviguer facilement de l’un à l’autre en fonction de votre lecture, le M4B rassemble tous vos chapitres en un seul fichier avec des marqueurs permettant à votre auditoire de trouver un chapitre en particulier, et même, comme dans un véritable livre papier ou numérique, de mettre des marque-pages pour ne pas perdre l’endroit précis où il a arrêté d’écouter l’histoire. C’est le format le plus abouti… mais également le moins répandu, car il n’est lisible que par certaines applications très limitées… Le plus compliqué est encore de créer un fichier M4B correct. Pour cela, personnellement, je me sers de Audiobook Builder.

À vous de faire un choix.

Pour ma part, j’ai longuement hésité, et j’ai tranché : j’encode mon master en ALAC, et je diffuse mes livres audio sous deux formats différents, une archive ZIP contenant les fichiers MP3, et un fichier M4B. Ainsi, mon auditoire peut choisir entre un format populaire d’assez bonne qualité (le MP3 encodé en 192 kbit/s) et un format plus pratique et plus « livresque », mais qui ne peut pas être lu avec toutes les applications.

Un livre, pas juste des fichiers

Pourtant, même lorsque vous avez obtenu vos fichiers encodés dans le bon format, celui que vous avez choisi, vous n’avez pas encore fabriqué un véritable livre audio. Parce qu’un véritable livre audio c’est avant tout un livre. Et pour que vos fichiers deviennent un livre, il leur manque deux choses importantes : une couverture, et des métadonnées. Les deux sont d’ailleurs liées (ou reliées…) puisque la couverture est une des métadonnées de vos fichiers.

Mais que sont ces fameuses métadonnées ?

Nous en avons un peu parlé lorsque nous avons vu les étapes de publication des livres papier et des livres numériques.

Les métadonnées sont l’ensemble des informations qui permettent de classer votre livre : le nom de l’auteur ou de l’autrice (dont… votre nom), le titre du livre, le nom de l’éditeur, le numéro du tome dans la série s’il y a lieu, la couverture…

Ce sont des informations qui ne sont pas réellement une partie de l’histoire, mais qui forment l’enveloppe de votre livre. C’est pourquoi j’ai l’habitude de dire que c’est son corps, son identité. Si le livre audio avait existé il y a cinquante ans, ces métadonnées auraient été inscrites sur la pochette du vinyle, ou sur le boîtier du CD, dans la jaquette, ou au dos. Comme un livre audio est immatériel, de nos jours, ces informations sont codées dans le fichier lui-même, et apparaissent dans l’application de lecture.

Mais pour les y intégrer, vous devrez utiliser soit les facultés d’édition de votre logiciel audio (Logic Pro le fait pour le format MP3, dont les métadonnées sont intégrées dans ce que l’on appelle des balises ID3), soit une application spécialisée. Pour ma part, je me sers d’un logiciel pour Mac appelé sobrement Meta, de Nightbirdsevolve, mais qui n’a rien à voir avec le réseau dyssocial du même nom. Il est très simple et vous permet d’éditer facilement toutes les métadonnées imaginables sur tous les fichiers audio imaginables.

Les métadonnées

Les métadonnées essentielles que vous devez encoder dans vos fichiers sont les suivantes : Artiste, Titre, Album, Année, Numéro de la piste, Nombre de pistes, Genre, Langue, Date de publication, Durée, Éditeur, Copyright, Crédits, Site web, DRM (s’il y a lieu, mais je vous conseille de ne pas implémenter de DRM dans vos livres audio), Licence DRM.

Et bien évidemment :

La couverture

Vous avez déjà créé une couverture pour votre livre au format papier et au format numérique EPUB. Il est désormais temps d’adapter cette couverture pour le format audio. Par convention venant du monde du podcast, la couverture d’u livre audio est basée sur une image carrée. Cela vient-il de la pochette des CD et, avant elle, de celle des vinyles ? C’est mon hypothèse.

Quoi qu’il en soit, ce changement de ratio dans l’image va peut-être vous demander une petite adaptation du design que vous aviez créé pour les autres formes de votre ouvrage.

Pour l’exemple, voici les différentes couvertures de Poker d’Étoiles.

Il ne reste plus qu’à écouter… puis à diffuser !

Oui, parce que, maintenant que vous avez enfin terminé la forme audio de votre livre, il faut que votre lectorat… votre auditoire… puisse le trouver et l’acquérir.

Ce sera la dernière étape de notre voyage.

Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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A book’s life, partie 1 : Écrire et laisser lire

A book’s life, partie 1 : Écrire et laisser lire

A book’s life, partie 1 : Écrire et laisser lire

by Germain Huc | Déc 5, 2021 | 0 comments

L’achèvement…

Écrire un livre est une aventure. Le publier en est une deuxième, presque plus palpitante encore, comme nous l’avons vu lors de toutes les étapes des séries d’articles Making of a Book. Que ce soit en format papier, numérique ou audio, vous avez transpiré pratiquement sang et eau pour parvenir à réaliser l’ouvrage, puis à le diffuser à votre public.

Une fois que vos fichiers sont partis, que les plateformes de diffusion ont référencé votre ouvrage, qu’il est visible du monde entier et disponible à la vente, tout ce travail est désormais achevé.

Votre livre est né.

Vous avez certainement imaginé, voire rêvé ou fantasmé ce moment des dizaines ou des centaines de fois pendant que vous vous échiniez à écrire, puis à mettre en page. Vous avez ressenti, déjà, cette sensation de fierté que vous espériez vivre lorsque cela serait, enfin, le moment pour votre livre de sortir au jour.

Et pourtant…

… et l’angoisse de l’achèvement

Pourtant, sans doute avez-vous perçu cette étrange, étonnante émotion qui vient se mêler à la fierté et au bonheur.

La sourde inquiétude de voir d’autres personnes que celles que vous aviez soigneusement triées sur le volet auparavant s’emparer de votre texte, et le lire. Désormais, le monde entier peut lire votre œuvre. Désormais, le monde entier est libre d’être touché par vos mots, de ressentir ce que vous avez voulu exprimer avec leur aide. Désormais, le monde entier est libre d’aimer ce que vous avez voulu lui dire.

Ou pas.

Car le monde entier est aussi libre de ne pas ressentir ce que vous avez voulu exprimer, de trouver vos phrases banales, vos métaphores quelconques, votre récit plat, vos personnages détestables ou, pire, sans âme.

Le miroir de votre fierté reflète aussi votre exposition.

Vous pouvez tout aussi bien susciter l’admiration ou la moquerie.

Vous pouvez donc ressentir ce doute :

Et si ce livre n’était pas aussi bon que je l’aurais voulu ? Et s’il était au contraire très mauvais ? Et si j’étais mauvais, moi aussi ?

C’est à propos de cette angoisse que je voudrais que nous discutions dans cet article, afin de vous aider à comprendre ce qu’elle a à vous dire. Et une fois ce message compris, dans les articles suivants de cette série, nous aborderons ce que vous pourrez ou même devrez accomplir encore pour votre livre-enfant, même lorsqu’il aura quitté le nid de votre ordinateur.

Les mots et leur vie

Vous êtes un écrivain ou une écrivaine. Ce que je vais écrire ne devrait donc pas vous surprendre, et je parie même que cela devrait résonner fortement en vous.

Les mots ont une vie.

D’abord parce qu’ils naissent. Chaque mot que nous utilisons a une origine étymologique. Il est né quelque part, à une certaine époque, qui n’est peut-être pas la nôtre. Il a été usité des milliards de fois. Ce qui a légèrement modifié son sens premier. Car les mots changent. Leurs sens se multiplient. Du sens propre, on en vient à des sens voisins, à des nuances, puis à des sens figurés, puis à des expressions idiomatiques. Parfois même à des proverbes. Ils peuvent endosser une connotation particulière au cours du temps. À certaines époques très populaires, ils peuvent être rejetés à d’autres, voire tomber en désuétude ou dans l’oubli. À d’autres moments, ils peuvent avoir acquis une connotation péjorative et ne plus du tout exprimer ce qu’ils étaient censés désigner au départ. On peut même les trouver teintés politiquement ou philosophiquement.

C’est pourquoi vous avez choisi des mots précis dans l’écriture de votre texte.

Vous avez voulu jouer non seulement avec leurs sonorités, mais aussi avec leurs sens cachés, leurs doubles sens, voire leurs acceptions multiples, leurs ambiguïtés, leurs cortèges de représentations inconscientes dans l’imaginaire collectif de la langue dans laquelle vous les avez choisis. Car cela est vrai dans toutes les langues.

Cette vérité profonde et fondamentale a une implication sur l’achèvement de votre livre et l’angoisse qui l’accompagne.

Quoi que vous ayez écrit, il se peut que dans le temps, tout cela soit perçu différemment.

Car certains mots auront changé de sens, de connotation, d’usage.

Lisez un texte médiéval, comme Yvain ou le Chevalier au lion, par exemple, un de mes livres préférés, écrit au XIVe siècle par Chrétien de Troyes. Si vous le faites avec le texte originel, vous n’y comprendrez rien, car la langue a changé depuis sept siècles.

Et si vous pensez que j’exagère, lisez plutôt un ouvrage du XIXe siècle, comme Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne. La langue est la même, mais les mots ne sont pas vraiment ceux dont nous avons l’habitude au XXIe siècle. Et certaines situations peuvent nous paraître décalées, ou scandaleuses. Le style trop ampoulé parfois, ou emphatique. On peut avoir l’impression d’y voir de la misogynie, ou du colonialisme…

Mais il faut se rappeler que ces livres ont été écrits dans une époque qui n’est pas la nôtre, avec des mots qui étaient un peu (ou beaucoup plus) différents de ceux d’aujourd’hui. Il ne faut pas oublier que dans deux siècles d’ici, c’est peut-être votre propre texte qui paraîtra un peu décalé, ou au contraire, trouvera son public.

Car surtout, il faut se rappeler que le lectorat change lui aussi avec son temps.

Chaque lecteur & chaque lectrice

Si les mots ont une vie, c’est parce que leurs locutrices et leurs locuteurs sont des êtres vivants, donc en perpétuelle évolution. On ne reçoit pas un texte de la même manière à 20 ans et à 40 ans. Certaines choses vont nous paraître barbantes à l’âge où l’on sort de l’adolescence, et pertinentes voire emplies de sagesse à l’âge mûr.

Et si l’on va plus loin dans l’analyse, il faut se rappeler ce dont nous avons déjà discuté lorsque je vous présentais l’influence que les techniques cinématographiques et théâtrales ont sur mon écriture : la différence fondamentale entre la littérature et ces deux autres arts est que dans la première, c’est le lecteur ou la lectrice qui donnent vie aux significations et à tout un enchaînement de préconceptions inconscientes à chaque mot que vous écrivez. Une histoire écrite est en réalité coconstruite par l’autrice et la lectrice, l’auteur et le lecteur. Le premier apporte le choix des mots en espérant que la deuxième y rattachera des associations d’idées qui la pousseront à évoquer un décor, une ambiance, une lumière. Bref, si par vos mots vous plantez des jalons, c’est bien votre lectorat qui parcourra le chemin. Au contraire du théâtre et du cinéma, qui montrent, donc imposent une vision, celle du metteur en scène, la lectrice, le lecteur, sont libres d’imaginer ce que vous ne faites qu’évoquer par vos mots.

Pensez donc bien à ceci :

Votre livre est un catalyseur d’émotions, d’images et de sensations, pas une œuvre à la signification absolue. Ce qu’il va faire naître surgira lors de la rencontre entre lui et une personne singulière : chaque lecteur est singulier, chaque lectrice est singulière.

Et quand on accepte ce simple fait, il est plus facile de faire face à l’avis des autres, aux :

Louanges & critiques

Il est en effet une constante chez tous les écrivains, et probablement chez tous les artistes : ils sont sensibles à la critique.

C’est très compréhensible : alors que nous avons mis toute notre énergie, nos tripes, et des centaines d’heures de travail acharné à créer une œuvre, puis que nous avons accepté de la donner (même si nous la vendons, nous la donnons à voir) aux autres, quels qu’ils soient, il est important de savoir que nous l’avons fait à raison. Il est important pour nous qu’elle soit appréciée pour l’intention que nous avons eue en lui donnant vie. Aimée n’est pas le bon terme. Je dirais : reconnue dans son intention. Un essayiste aura à cœur que son livre fasse réfléchir, même si son public n’est pas toujours d’accord avec lui. Une romancière préfèrera sans doute que son ouvrage provoque des émotions et emporte ses lecteurs dans un autre monde, même s’il le fait vers un monde qui n’est pas très souhaitable (par exemple, qui aimerait vraiment vivre dans le monde de Hunger Games ? Je gage que la réponse est personne. Pourtant, le cycle n’est pas vraiment un échec, n’est-ce pas ?).

Nous voulons donc, de tout notre cœur, que notre objectif soit atteint, pour toutes celles et tous ceux qui liront notre livre.

Et si d’aventure ce n’est pas le cas, si une personne n’a pas été conquise, si nous avons manqué notre but dans son cas, et si par malheur elle ose l’exprimer, nous pouvons nous sentir remis en question. Nous-mêmes, personnellement. Comme si la critique visait, non pas l’œuvre seulement, mais à travers elle son autrice, son auteur. Nous. Comme être humain.

De la même manière, si nous avons visé si juste qu’une personne se sent emportée par notre œuvre au-delà de ce que nous avions imaginé, son enthousiasme va nous offrir un supplément de narcissisme. Comme le shoot d’une drogue. Et nous allons nous sentir renforcés comme être humain. Nous aurons été capables de créer ça. Et ça va nous apporter une intense émotion de fierté.

Mais en réalité, peut-on vraiment confondre l’autrice et son œuvre au point de faire dépendre la valeur de l’une de celle de l’autre ? Et de remettre ce jugement en cause à chaque personne qui lit l’ouvrage ? Faut-il que notre livre soit unanimement apprécié pour que nous nous sentions vraiment avoir une valeur comme personne ?

Si c’est le cas, alors il n’existe au monde, et il n’a jamais existé ni n’existera jamais, aucun auteur, aucune artiste de valeur.

Car comme nous l’avons vu plus haut, si l’on garde à l’esprit que le livre est un catalyseur, alors il va parler à certaines personnes et en repousser d’autres, selon la qualité de la rencontre. Cela voudra dire qu’il va plaire et déplaire. Plus encore, il peut plaire à certains moments de la vie et déplaire à d’autres. Il peut déplaire à certaines époques et plaire à d’autres.

Chaque avis de lecteur ou de lectrice peut donc nous faire plaisir ou au contraire nous procurer une émotion négative. C’est humain, et c’est bien ainsi. Mais il est bon de se souvenir, dans un cas comme dans l’autre, qu’il ne signifie pas que notre valeur en soit dépendante. Nous ne sommes pas un génie si cet avis est dithyrambique, et nous ne sommes pas un parfait imbécile s’il est au contraire dur et cassant.

Voilà pourquoi il est important de se souvenir que la valeur d’un livre se mesure à l’aune de la rencontre qu’il pourra nouer avec son public, qui sera certainement différent du public d’un autre livre.

Ce qui fait notre valeur, ce n’est pas que l’on aime ou pas nos œuvres, c’est qui nous sommes comme être humain.

Une théorie de l’évolution

Et pourtant, paradoxe de plus dans l’existence, nous sommes aussi en partie ce que nous faisons, ce que nous créons.

De mon point de vue, si notre valeur est corrélée d’une certaine façon à nos œuvres, c’est surtout sur le soin que nous apportons à leur création, sur notre authenticité dans le processus.

L’art, je crois, est l’expression la plus pure de ce qu’il y a à l’intérieur de nous-mêmes et il s’agit en réalité d’être fidèle et authentique à cela. Il s’agit de veiller à respecter ce que nous voulons exprimer, à ne pas le trahir, à toujours être sincère, à ne jamais mentir.

Si nous parvenons à suivre cette voie constamment, à chaque instant de notre création, et pour chaque œuvre, alors, je crois, nous sommes à la hauteur, et nous pouvons nous sentir fiers et fières de ce que nous créons, quelle que soit la réception du public.

Je pense même que l’on peut aller plus loin.

Nous sommes humains. Nous faisons partie du règne des êtres vivants. Donc nous naissons et restons imparfaits.

Non pas imparfaits dans le sens d’un absolu, mais finalement, dans la signification : perfectibles.

Nous vivons car nous évoluons, nous évoluons car nous vivons.

Nous apprenons à vivre à chaque instant de notre vie.

Nous apprenons donc à créer à chaque création.

Il est alors illusoire de croire que l’on peut créer une œuvre parfaite, car cela n’existe même pas conceptuellement.

L’œuvre est l’expression de ce que nous sommes à un moment de notre vie : lorsque nous l’avons créée. Et si nous restons fidèles tout au long à ce que nous sommes à cet instant-là, cet instant où l’œuvre naît de nos mains et de nos esprits, alors nous sommes sincères, authentiques et nous sommes des artistes dignes de ce nom.

Vient un moment, alors, où l’on peut se retourner pour contempler chacune de nos œuvres sur le chemin de vie et d’art que nous avons parcouru.

À ce moment précis, nous pouvons mesurer notre évolution.

Car toute vie étant imparfaite et perfectible, chaque création nous rapproche un peu plus de la perfection sans jamais nous la laisser atteindre. C’est là, je crois, toute la beauté de l’art : nous enfantons des choses qui tendent vers un idéal sans jamais le toucher, et pourtant nous en apercevons la lumière de plus en plus proche au fil du temps. Nous nous changeons nous-mêmes dans le processus, seulement si nous restons fidèles à ce qu’il y a à l’intérieur de nous-mêmes au moment où nous créons. C’est un double mouvement où nous changeons le monde et où le monde nous change pour nous le faire changer en retour. Une spirale comme vous savez que je les aime.

En nous retournant vers nos premiers textes, nous pouvons nous voir évoluer. Et c’est la qualité de cette évolution qui, je crois, fait la valeur d’une ou d’un artiste. Relire mes premiers textes me montre avec acuité leurs défauts, mais ils sont le reflet de ce que j’étais au moment où je les ai écrits. Peut-être que mes textes actuels eux aussi me montreront dans quelques années qui je suis aujourd’hui. Il est donc possible que le public apprécie les premiers, pas les derniers, ou inversement. Que cela change, au cours du temps.

Ce qu’on lègue au monde

Ce qui est important, finalement, pour moi, ce n’est pas tant que les critiques positives pleuvent sur mes livres (même si je ne cache pas que j’aimerais beaucoup que cela soit le cas, soyons honnêtes), mais de continuer à écrire des histoires du mieux que je le peux, avec tout ce que j’apprends, avec toute mon âme, avec toutes mes tripes, et de me dire qu’elles vont enrichir le patrimoine commun de l’Humanité, enrichir également l’univers dans son ensemble, en y apportant de la complexité, des potentialités, peut-être en touchant d’autres êtres vivants, que je ne connaîtrai jamais car ils seront trop loin de moi dans le temps ou l’espace (voire dans l’espace-temps).

Ce que je retiens de l’achèvement, au tout début de cet article, c’est que le livre que j’ai écrit est né.

Comme un enfant, il va devenir autonome, il va vivre des aventures dont je ne saurai peut-être rien, rencontrer des personnes et faire ses propres expériences.

Je n’ai fait que le mettre au monde, que le léguer à tous ceux et toutes celles qui voudront bien prendre la peine de le rencontrer.

Le reste ne m’appartient déjà plus.

Et ce morceau de moi-même qui est en lui continuera de voyager loin et longtemps après que je ne sois plus.

En publiant mon texte, j’ai de fait renoncé à le contrôler ou à déterminer qui sera « digne » ou pas de le lire.

Il ne m’appartient plus. Il appartient au monde.

En retour, il ne me détermine plus vraiment. Il est un morceau de moi, déjà passé, comme un souvenir. Comme tel, il est déjà relégué au second plan de ma vie, car ce qui compte, c’est ce que je vis maintenant, ce que j’écris maintenant. Si ce que j’ai écrit il y a longtemps continue de constituer mon histoire, si cela m’a construit, cela ne me définit plus. Je suis défini par ce que je fais, ce que j’écris maintenant.

A book’s life, an author’s path

Voilà pourquoi, je pense, on peut concevoir l’acte de créer comme le cycle d’un végétal.

Nous faisons éclore des fleurs, nos idées, qui mûrissent en fruits que nous offrons aux autres, nos créations. Ces fruits vont nourrir des êtres vivants, mais s’ils sont issus de notre sève, ils ne sauraient résumer l’arbre entier à eux seuls. Car leur qualité peut varier selon les années, les intempéries, l’ensoleillement, le terroir.

Je considère donc que l’itinéraire d’un ou une artiste consiste à semer des œuvres comme un arbre dispense des fruits ou tombe ses feuilles. Nous perdons un peu de nous-mêmes, tout en progressant sur un chemin qui nous grandit. Comme si chaque morceau offert, au lieu d’être perdu, était une expérience de gagnée.

Notre sentier est donc, j’en suis convaincu, de trouver à chaque fois à nous améliorer tout en choisissant de mieux en mieux à qui nos fruits pourront le mieux convenir. À glisser le plus de graines possible, à les confier aux meilleurs vents.

C’est ainsi que cette nouvelle série d’articles, A book’s life, va s’intéresser aux moyens que nous pouvons utiliser, tels des courants aériens ou les pollinisateurs dans la nature, pour partager nos créations avec celles et ceux qui sauront le mieux en goûter la savoureuse chair, et, qui sait, en découvrir les graines qui leur permettront à leur tour d’ensemencer leur propre fibre artistique.

Nous parlerons des moyens de partager nos ouvrages, de faire connaître notre travail.

Mais avant tout cela, il était nécessaire de bien comprendre et accepter que nous ne sommes pas seulement la somme de nos œuvres. Nous sommes ceux qui continuent à parcourir le chemin, quoi que les autres pensent.

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Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Making of an (audio)book, partie 2 : Enregistrer sa voix

Making of an (audio)book, partie 2 : Enregistrer sa voix

Making of an (audio)book, partie 2 : Enregistrer sa voix

by Germain Huc | Nov 14, 2021 | 0 comments

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Raconter et faire vivre : l’art du conteur à l’usage des auteurs timides

Tout est fin prêt pour capter votre voix dans votre ordinateur. Votre texte est devant vous. Maintenant, il faut se lancer. Mais pour que votre lecteur/auditeur soit emporté par votre voix autant qu’il aurait pu l’être par les mots imprimés sur une page (voire davantage), il existe quelques petites techniques.

La voix de son maître… ou presque

La première chose à savoir, c’est que nous commençons tous et toutes par détester notre propre voix lorsque nous l’entendons à travers un enregistrement. C’est naturel. C’est désagréable. Une partie de nous s’insurge.

Ce n’est pas possible, ce n’est pas ma voix, et je n’ai pas cet accent ridicule quand je parle.

Mais il est nécessaire de passer au-dessus de cette réticence, de ce dégoût, de cette impression d’être quelqu’un d’autre. Car ce que nous croyons entendre n’est pas ce que les autres perçoivent réellement. Cette sensation désagréable vient du fait que nous percevons notre voix à travers deux canaux différents : le son produit qui parvient à nos oreilles, et la conduction osseuse des vibrations de notre larynx jusqu’à notre crâne, qui ajoute des fréquences à ces signaux. Alors que les autres ne discernent que le premier, nous sommes les seuls à entendre les deuxièmes. Nous sommes donc habitués à une voix qui n’est paradoxalement pas la nôtre. Et le décalage entre ce que nous croyons être notre parole et sa réalité est toujours un choc.

Pour s’en libérer, il est utile de considérer la voix que nous allons entendre comme celle d’une autre personne, ou comme une simple extension du texte. J’ai trouvé l’astuce de me raccrocher aux formes d’onde que les logiciels montrent pour y imaginer les mots eux-mêmes, leur prononciation. Ainsi, la ligne temporelle qui se déroule sous mes yeux recrée le texte, et la voix devient moins étrangère. Moins étrange en tous les cas.

« Coupez, on la refait ! »

L’énorme avantage de l’enregistrement reste l’opportunité de recommencer encore et encore pour obtenir exactement le résultat que vous désirez. C’est ce qu’au cinéma on appelle des prises. C’est votre arme décisive dans cette bataille. Votre atout maître. Mais c’est aussi un possible handicap, si vous n’apprenez pas à accepter la simple différence entre ce que vous imaginez du texte et ce que vous aurez récolté lorsque votre voix sera captée.

Ensuite, vous verrez vite que dire un texte est fatigant. Parfois épuisant dans des scènes intenses (les scènes de combat, les scènes émotionnellement fortes, les scènes sensuelles). Est-ce parce que le fait de penser à une action (donc de la dire) fait intervenir les mêmes neurones que si l’on agit réellement (c’est ce que l’on appelle les neurones-miroirs) ? Je ne sais pas, c’est mon hypothèse et elle n’a pas la force d’une vérité scientifique, mais j’ai parfois l’impression d’avoir moi aussi donné des coups ou ressenti des émotions fortes lorsque je dis ce genre de séquence à l’oral. Quoi qu’il en soit, cette fatigue peut devenir un problème pour votre voix : la faire faiblir ou trembler, changer son timbre, sa tessiture, ou vous faire bredouiller, trébucher sur les mots, perdre l’intention et l’intonation, changer un mot pour un autre, et j’en passe.

Mon conseil est simple dans ce cas : faites une pause.

Même si cela ne fait que dix minutes que vous avez commencé l’enregistrement et qu’il vous reste 600 pages à dire. Croyez-moi, il vaut mieux ajourner et reprendre plus tard, que de piétiner et se rendre compte qu’on n’est pas content de soi. Si vous faites une pause, vous reviendrez plus en forme, et cela se sentira sur votre diction et votre implication. Cela sera plus fluide et vous pourrez parler plus longtemps et mieux.

Dans le cas de Fæe du Logis, par exemple, j’ai deux chapitres très longs, heureusement découpés en scènes séparées dans leur ambiance. J’ai donc fait en sorte de faire des pauses entre deux scènes, même si le chapitre a pris plusieurs jours à enregistrer.

Et quand vous bredouillez et que vous devez recommencer une phrase en plein paragraphe dans une scène d’action, la nouvelle prise doit se faire dans la même énergie que la phrase précédente. Il est alors utile de relire mentalement ou à haute voix (encore mieux) la phrase précédente avant de rouvrir le micro pour capter la suite.

Cependant, comme je vous le disais dans la première partie de cette série d’articles, je vous déconseille d’arrêter au beau milieu d’une scène. Pour deux raisons principales : d’abord parce que l’énergie, l’implication, votre interprétation de cette scène pourront avoir changé entretemps, et donc modifier la façon dont le texte sera reçu, ensuite parce que les conditions physiques de la captation de votre voix auront pu elles aussi changer. Le vent se sera peut-être levé entretemps, faisant vibrer les volets. Vous aurez peut-être déplacé votre micro, et il captera alors votre voix de façon plus faible ou plus forte. Les bruits de la pièce auront peut-être changé, et modifieront l’impression sonore à l’écoute.

Ma solution dans ce cas est radicale : j’ai la chance de pouvoir laisser la pièce en l’état entre deux sessions d’enregistrement. Je prends soin de ne surtout plus bouger le micro, de mettre la chaise exactement à la même place, jour après jour. Ainsi, ma voix sera toujours à peu près à la même distance de la cellule du micro, et sera captée de la même manière. Comme j’ai un micro unidirectionnel et comme je suis dans un endroit calme, les bruits environnants sont moins importants.

J’ai ainsi enregistré soirée après soirée tout le texte de Fæe du Logis, avec une impression d’harmonie dans le rendu sonore, comme s’il s’agissait d’une seule et unique prise de son (à partir du moment où j’ai mis en place cette petite routine, bien sûr, donc à partir du chapitre 4).

Rendre le texte vivant

La deuxième difficulté la plus importante après avoir accepté sa propre voix reste la capacité à dire le texte de façon convaincante, qui soit vivante.

Je connais deux techniques pour m’y aider.

La plus fondamentale tient en un mot : implication.

Il s’agit pour moi de m’immerger dans le texte et dans ce qu’il raconte. Pour qu’il soit vivant, il faut que le narrateur, la conteuse, que vous serez, vive elle-même l’action. Que vous vous laissiez emporter par ce que vous avez écrit. Cela va vous donner une énergie dans la voix, mais surtout cela va naturellement guider votre intonation, votre souffle, vos pauses, le volume de votre voix. Si vous vivez vous-mêmes les émotions que vous lisez (et ça devrait être facile, puisque c’est vous qui les avez écrites, elles devraient donc vous parler mieux qu’à quiconque), alors vous les direz facilement, et vous les transmettrez avec efficacité à votre auditoire.

Veillez simplement à ne pas vous céder à votre enthousiasme, et à laisser celles et ceux qui vous écouteront s’imprégner de l’action, de l’histoire.

C’est là que la deuxième technique est utile : gérez votre souffle et votre rythme respiratoire en fonction du texte et des endroits que vous aurez préparés auparavant.

Vous avez bien sûr pris soin de repérer les passages qui méritent qu’on accélère un peu le rythme de parole (pour moi, ce sont les scènes d’action, parfois les scènes « chargées » en émotion) et celles qui demandent à ralentir le rythme de diction (les scènes sensuelles, par exemple).

Calez-vous dessus.

Mais rappelez-vous surtout de garder un débit de parole assez lent en général, de manière à ce que celles et ceux qui vous écoutent puissent recevoir ce que vous dites, l’imaginer, se le représenter. Car il faut que le cerveau de votre auditoire traite les informations que vous distillez par votre voix. Qu’il prenne le temps de se figurer le décor, les personnages, les gestes. Qu’il rajoute des éléments que vous n’aurez même pas dits mais qui viendront de sa propre imagination, de sa propre expérience, comme lorsqu’on lit un texte dans notre tête. Laissez faire l’imagination de votre auditeur, laissez-lui le temps de vous aider par son incroyable richesse. Et vous verrez que le même texte dit un peu plus lentement (mais avec vie) aura l’air d’être plus chargé et plus évocateur, simplement parce que c’est l’esprit de l’auditeur lui-même qui vous aura aidé.

Vouloir aller vite est un défaut que nous avons tous au départ. Il est naturel, il découle de notre envie d’en finir avec une partie fatigante et parfois ingrate du travail. Mais si vous y mettez de l’implication, vous verrez que cela peut être la partie la plus intense et la plus riche du processus.

Pour ma part, quand je suis en plein enregistrement, c’est comme si j’étais en train de vivre l’histoire, comme lorsque je lis, comme lorsque je regarde un film ou un bon épisode de série.

Alors si j’ai un seul conseil à vous donner, ce serait celui-ci : profitez de cette phase au maximum, car elle vous fera redécouvrir votre texte, vos personnages, l’ambiance, presque comme si vous étiez votre propre lecteur. Et ça, ça n’a pas vraiment d’équivalent, à mon sens, dans l’écriture proprement dite.

Changer sa voix ou ne pas changer sa voix

Pourtant, il existe des questions philosophiques auxquelles vous allez devoir répondre avant d’ouvrir le micro.

La plus importante est celle-ci :

Vais-je changer ma voix pour simuler mes différents personnages, ou au contraire garder la mienne, celle du narrateur, en variant seulement de très petites choses à chaque fois ?

Ce choix est essentiel, car il s’agira de le conserver tout au long de votre livre, donc de votre enregistrement, même si celui-ci s’étale sur des semaines.

Chaque terme de l’alternative a ses avantages et ses inconvénients.

Changer de voix à chaque personnage permet de mieux marquer les différences entre personnages (ne serait-ce qu’entre personnages féminins et masculins), en jouant le rôle des guillemets ou des tirets cadratin de l’écrit (ces fameux — qui ouvrent les tirades lorsque l’on change de personne dans un dialogue). On rajoute aussi une couche de crédibilité et de consistance auxdits personnages, car la voix peut dévoiler beaucoup sur un caractère, et créer une ambiance délibérée. Par exemple, dans Le Choix des Anges, j’ai donné volontairement un accent un peu dédaigneux à l’un des méchants, le Comte de Flamarens, pour donner à imaginer un physique bien particulier. On peut aussi choisir une voix très grave pour un videur de boîte de nuit, une voix plus fluette pour un comptable. Ou au contraire, jouer sur un contraste inattendu et faire l’inverse (même si je ne vous le conseille pas, car l’archétype est un allié précieux si l’on veut se servir de l’imagination de l’auditeur). Tout ce que le changement de voix pourra apporter sera de l’ordre de l’inconscient, d’une perception archétypale. Cela enrichira votre récit.

À une seule condition : que ce soit très bien fait.

Car l’inconvénient majeur de cette technique est sa fragilité extrême. Une voix non maîtrisée peut devenir ridicule, jetant à terre toutes vos espérances et tout le travail que vous aurez fait sur le texte. Si vous tombez dans la caricature, le passage sensuel qui vous espériez presque érotique va devenir un pastiche et faire rire l’auditrice au lieu de l’émouvoir ou de l’émoustiller. Il faut donc être très sûr de soi et de sa capacité à créer des voix différentes qui soient crédibles et suffisamment distinctes les unes des autres (sinon ça ne sert à rien d’avoir choisi de changer de voix à chaque personnage).

Deuxième écueil à éviter : le risque de « perdre » une voix que vous aviez trouvée. Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé, mais parfois, il arrive qu’on « oublie » comment faire une voix. C’est gênant quand cela arrive à 10 pages de la fin, et que vous êtes obligés d’enregistrer à nouveau tous les dialogues du personnage dont vous avez perdu la voix. Je vous conseille donc de vous aider d’un enregistrement de référence, mais surtout de ne pas étaler l’enregistrement de votre livre sur plus de quelques semaines, et de surtout ne pas espacer vos sessions de plus de quelques jours. Cela entretiendra votre mémoire corporelle et gardera bien au chaud la voix que vous aurez choisie.

Dernier inconvénient du choix de changer les voix : la fatigue est plus grande, car vous devrez forcer votre voix naturelle. Par définition, vous allez emprunter des voies que votre voix n’aurait jamais prises en temps normal, donc forcer vos muscles et vos cordes vocales.

Une des solutions pour vous débarrasser de ces trois difficultés reste de demander à d’autres personnes d’enregistrer les voix différentes. Mais outre qu’il vous faut trouver des participants qui soient prêts à tenter l’aventure, il faudra dégager du temps, coordonner des agendas… bref, on entre plus dans le cadre de la réalisation d’un film que dans la lecture d’un livre. Et d’ailleurs, cela donne aussi une différence sur l’œuvre finale : une pièce de théâtre sonore, ou une fiction sonore.

Ce sera un résultat complètement autre si vous choisissez d’enregistrer en gardant toujours la même voix (modulo les intonations et les changements de rythme, bien entendu), celle du narrateur ou de la narratrice. Votre livre sera alors vraiment un livre audio, et votre voix accompagnera plus l’auditeur, qui va plus s’en imprégner. Vous obtiendrez ainsi un effet de familiarité, qui pourra augmenter l’immersion dans l’histoire. En effet, les changements de voix peuvent parfois gêner certains auditoires, les sortir de cette sorte de « transe hypnotique » qu’est la lecture.

La difficulté reste de permettre, surtout dans les dialogues, une distinction suffisante entre les personnages. Il vous faudra jouer sur les intonations, les silences, quelques artifices tout de même (vous approcher du micro pour accentuer les fréquences graves sur tel personnage, ou au contraire vous éloigner un peu pour rendre une voix légèrement plus aigüe).

Mais le résultat est plus reproductible. Vous n’aurez pas à réfléchir pour savoir quelle voix prendre pour quel personnage.

Ces deux options sont bien sûr non exclusives l’une de l’autre. Vous pouvez décider de garder toujours la même voix, sauf pour certains personnages très précis. Par contre, ne changez pas d’avis en cours de route, cela perdrait vos auditeurs.

La diction

Le but d’un livre audio est bien évidemment que votre auditoire comprenne ce que vous allez dire.

Il est donc nécessaire de travailler votre diction pour être le plus intelligible possible.

Cela veut dire, je le répète, parler lentement.

Pas trop lentement pour éviter que tout le monde s’endorme, mais suffisamment quand même pour s’assurer que tout le monde comprend, ressent, vit l’histoire. Comme je l’ai dit à plusieurs reprises, rien ne vous empêche d’augmenter le rythme de vos phrases à certains moments de tension, mais cet effet doit rester un effet, justement, et pas une façon d’expédier le texte.

Même dans les moments où vous allez parler plus vite, vous devrez être compréhensible.

Il faut donc apprendre à articuler le texte, à éviter de mâcher ou tronquer les mots (sauf dans les dialogues si c’est un effet recherché, mais là encore cela doit rester un effet).

Je pourrais vous encourager à pratiquer des exercices de diction, comme :

Les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches, archisèches ?

Ou bien

C’est l’évadé du Nevada qui dévala dans la vallée, dans la vallée du Nevada, sur un vilain vélo volé.

Je pourrais.

Et d’ailleurs, cela pourrait vous aider. Mais je pense qu’il est juste nécessaire de faire attention à la façon dont vous parlez. Si vous parlez assez lentement et que vous gardez toujours en tête l’intention du texte, cela devrait déjà être suffisant pour vous permettre de transmettre un texte correct.

« Moteur… ça tourne… action ! »

Techniquement, l’enregistrement audio ressemble beaucoup à la captation vidéo.

Et une preuve de plus en est ce conseil tout bête : laissez toujours une ou deux respirations (donc quelques secondes) de blanc après avoir branché le micro, avant de parler, et inversement, après avoir fini de parler avant de couper le micro.

Cela va vous permettre de séparer facilement, au montage, les bruits parasites des boutons de marche/arrêt, de votre voix.

C’est la même chose qui se produit lorsque sur un plateau de cinéma vous entendez :

« Moteur (demandé, rajoute-t-on en général) » prononcé par le chef opérateur ou le réalisateur.

Quelques secondes de blanc.

« Ça tourne », affirmé par le caméraman lorsqu’il constate que la machine est bien en train d’enregistrer, car il peut exister un délai et si on commençait tout de suite à jouer, on pourrait donc perdre quelques précieuses secondes de l’action.

Quelques secondes de blanc à nouveau et enfin :

« Action ! » Crié par le réalisateur, signal de début du jeu pour les acteurs.

La patience

Le plus important, finalement, et vous l’aurez lu entre les lignes de tout ce qui précède, c’est bien la patience.

Dire un texte, ça prend du temps.

Même si on cherchait à le dire le plus vite possible, cela prendrait un temps certain.

Mais si en plus vous le dîtes lentement, avec l’intention juste à chaque phrase, que vous le vivez et cherchez à le faire vivre, cela va vous prendre un peu plus de temps.

Et si l’on rajoute les nombreuses prises pour certains passages plus délicats, les expérimentations qui seront ou pas convaincantes et vous conduiront à tenter différents accents, différents rythmes, différentes voix, les mots qui trébuchent parfois dans votre bouche, les erreurs d’étourderie, les interruptions dues à la fatigue ou à la nécessité de boire pour éviter que votre bouche s’assèche…

Vous aurez intérêt à être armés de patience, car l’enregistrement prendra un temps beaucoup plus long que le simple fait de lire un livre dans votre tête.

Il s’agit pour vous de le savoir pour ne pas vous décourager.

Et de vous poser des objectifs, par exemple. Un chapitre par session d’enregistrement. Ou une scène par session, comme je le fais parce que j’ai des chapitres à rallonge, en général.

Cela vous aidera à garder la motivation et l’enthousiasme intacts.

C’est d’ailleurs ça qui est le plus difficile.

Que votre envie soit la même du début à la fin, pour transmettre chaque émotion jusqu’à la conclusion de votre histoire.

Il jouait du micro debout

C’est peut-être un détail pour vous, mais pour l’auditeur ça peut vouloir dire beaucoup.

La position physique que vous adopterez aura une grande influence sur votre voix et sur la façon dont vous allez pouvoir vous exprimer.

Beaucoup de conseils vous affirmeront qu’il est mieux d’être debout pour dire un texte.

Je le crois aussi.

D’abord parce que vous éviterez la sédentarité qui a tendance à toucher les « gens du clavier » comme les écrivains (mais pas seulement eux), et donc les maux de dos qui vont avec. Votre corps vous le rendra en vous permettant d’enregistrer plus longtemps. Nathalie Bagadey, par exemple, utilise un pupitre réglable. Je ne l’ai pas encore essayé, mais il me semble très prometteur.

Il me semble aussi que dans mon cas personnel, j’ai surtout besoin de bouger les bras, les mains, la tête, lorsque j’enregistre.

Cela me permet d’accompagner mes mots physiquement, d’appuyer mon intention.

Car les émotions passent toujours par le corps, qu’on le veuille ou non. Les exprimer corporellement permet donc de les vivre et représenter plus intensément. C’est une des bases du jeu d’acteur.

Donc n’hésitez pas à parler avec les mains, à bouger, à vous déplacer. Cela peut vraiment donner une lecture plus vivante (si elle reste compréhensible, bien entendu).

C’est dans la boîte !

Au bout du compte, vous allez obtenir une jolie liste de fichiers (je vous conseille un fichier par chapitre, car c’est le découpage que les boutiques de livres audio demandent) qui seront comme autant de diamants bruts.

Il nous restera à les tailler avec le talent des orfèvres. Ce que nous discuterons dans le prochain article.

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Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Making of an (audio)book, partie 1 : Avant l’enregistrement

Making of an (audio)book, partie 1 : Avant l’enregistrement

Making of an (audio)book, partie 1 : Avant l’enregistrement

by Germain Huc | Juin 12, 2021 | 4 comments

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Pourquoi un livre audio ?

A priori, lire est une activité qui implique le sens de la vue. On s’imagine dans un bon fauteuil, éclairé par une douce lumière ou sur un transat en plein soleil, à l’ombre d’un parasol, ou allongé sur un lit. Dans chacune de ces images, la plupart d’entre nous intégrons un objet affichant des caractères écrits. Ce sera peut-être un bouquin de poche à la couverture souple, ou bien un livre relié, ou une tablette, une liseuse. Ce sera écrit. Lire nous demandera alors de déchiffrer les mots qui s’étaleront devant nos yeux. Nous laisserons nos pensées suivre l’évocation des mots.

Pourtant, si nous nous rappelons certainement toutes et tous de notre premier vrai livre, celui que nous avons réussi à déchiffrer pour notre seul plaisir, nos premières expériences de la lecture ne sont pas celles dont nous nous souvenons spontanément.

Nous découvrons véritablement le plaisir de la lecture par le biais de nos oreilles, lorsque nos parents, alors que nous sommes encore des nourrissons dans un berceau, nous racontent des histoires pour enfants. Il s’agit parfois de contes, de courtes historiettes, de fables moralisatrices ou non, de comptines. À chaque fois, pour l’écrasante majorité d’entre nous, c’est la voix de nos proches qui est le véhicule premier de l’activité littéraire.

On nous fait la lecture.

Si nous perdons cette habitude, bercés par notre propre voix intérieure lorsque nous explorons l’univers contenu dans les caractères d’imprimerie, écouter raconter une histoire peut rester un plaisir enfantin convoqué dans notre vie d’adulte. Nous pouvons retrouver une façon plus archaïque, mais pas moins belle ou puissante, de nous laisser emporter par un récit.

L’art des conteurs est une autre façon d’entrer dans une histoire, de la vivre.

En outre, cet art est encore plus présent dans notre quotidien que nous pourrions le penser. Le théâtre, le cinéma, les séries télévisées utilisent ses techniques.

Ainsi, quand nous écrivons nous-mêmes, est-il normal de nous considérer comme des conteuses et des conteurs.

Pourquoi alors ne pas sauter le pas et créer une version audio de nos écrits ?

D’autant plus si nous sommes maîtres de la destinée de notre texte, puisque nous sommes réalisautrices et réalisauteurs.

Cette série vous raconte le chemin que j’ai emprunté pour cela. Ce n’est certes pas le seul, mais peut-être pourra-t-il tout de même receler quelques précieuses indications pour suivre le vôtre.

Préparer le texte

La première des choses nécessaires pour créer un livre audio est un texte. Votre texte.

Cependant, même si cela est théoriquement possible, je vous déconseille de lire votre texte de but en blanc à partir de votre livre sous sa forme finale, qu’elle soit brochée ou reliée. Bien entendu, nous n’avons pas le choix lorsque nous faisons une lecture à partir de l’ouvrage de quelqu’un d’autre. Pourtant, vous découvrirez très vite combien il est inconfortable d’être interrompu au beau milieu d’une phrase par la fin de la page. Vous découvrirez aussi qu’il est très utile, au contraire, d’annoter le texte pour se souvenir des moments où l’on aura besoin de faire une pause plus longue, où l’on devra insister sur un mot ou bien où il sera nécessaire d’accélérer ou ralentir le rythme. On pourra aussi se laisser des marques pour se rappeler de changer de voix dans un dialogue (si on décide de le faire, bien entendu).

Tout cela est bien plus facile si l’on dispose d’une mise en page spécialement pensée dans ce but.

Pour cela, nous devons déterminer quelles seront les caractéristiques les plus utiles.

  • Les mots doivent se détacher clairement de la page. Il faut donc utiliser une fonte très lisible et d’assez grande taille.
  • Les paragraphes doivent également se détacher facilement les uns des autres. Cela permet de faire des pauses facilement durant l’enregistrement et de reprendre sans s’inquiéter.
  • De façon cruciale, les phrases ne doivent pas être coupées à la fin d’une page, afin que nous ne soyons pas obligés de choisir entre nous interrompre brièvement dans la lecture (et créer ainsi une rupture malvenue tout autant que désagréable à l’oreille dans le rythme de la narration audio) ou tourner la page très rapidement en faisant un boucan du tonnerre qui va se retrouver capté par le microphone, ruinant tous nos efforts.

Les deux premières conditions peuvent facilement se réaliser avec Scrivener, mais la troisième, la plus importante, nécessite de pouvoir demander une mise en page où les paragraphes ne seront pas scindés à cheval sur deux pages. Cela, Scrivener ne sait pas le faire. Il faut donc utiliser une mise en page plus paramétrable. Et un simple logiciel de traitement de texte le fera très bien.

Voilà pourquoi je compile mon texte depuis Scrivener vers LibreOffice, pour en extraire ensuite un fichier PDF. J’imprime chapitre après chapitre au fur et à mesure de l’avancée de mon enregistrement, pour pouvoir annoter le texte facilement

Compiler depuis Scrivener

Comme vous avez déjà lu la série d’articles Making of a Book, vous savez que c’est ce logiciel qui me sert à rédiger mes textes les plus divers, depuis mes romans jusqu’à mes mémoires professionnels. Si vous voulez comprendre un peu mieux le processus de compilation dans Scrivener — un processus qui permet de sortir le même texte sous différentes formes simplement en cliquant sur quelques options — je vous renvoie à l’article que je lui ai consacré.

Vous trouverez également le format que j’utilise plus bas. Je le partage avec vous bien volontiers.

Pour celles et ceux d’entre vous qui en ont déjà les bases, nous allons entrer dans quelques détails plus techniques.

L’objectif du format de compilation que j’ai baptisé Épreuve pour livre audio est de permettre de sortir le texte en RTF de manière à l’intégrer le plus aisément possible dans LibreOffice sans perdre les styles que j’ai patiemment marqués pendant toute la phase de rédaction. Veillez donc bien à sélectionner Rich Text (.rtf) dans la barre du haut de la fenêtre de compilation pour voir apparaître le format.

Ce dernier est basé sur les structures de mes précédents formats. Vous ne serez donc pas étonnés de constater la présence de types de sections comme Plans avec rupture narrative ou Scènes, Chapitres et Parties. Pour vous rafraîchir la mémoire, j’utilise une arborescence de dossiers de Parties, renfermant des dossiers de Chapitres, renfermant des textes de Scènes, eux-mêmes pouvant être subdivisés en Plans avec ou sans rupture narrative.

Les pages sont paramétrées avec des marges de 2 cm de chaque côté, sans vis-à-vis. En en-têtes se trouvent le titre du livre avec la mention Lecture audio, le nom de l’auteur (moi, donc). En pied de page, j’ai bien entendu intégré la pagination et la date de la compilation.

La différence principale avec le format d’Épreuve pour corrections (qui, lui, passe seulement par Scrivener pour sortir une version PDF du texte avec une mise en page aérée) tient dans la gestion des styles.

Cette fois-ci, pour parvenir à travailler sur les styles plus efficacement, j’ai demandé à Scrivener de créer un style Corps de texte pour le… corps de texte (et oui). La compilation changera aussi les noms des autres styles pour les faire coller à ceux qui sont nativement intégrés dans LibreOffice.

Cela permet d’obtenir exactement ce que l’on veut en trois clics ensuite.

Le modèle LibreOffice

Une fois que vous avez obtenu le fichier RTF qui contient votre texte, vous pouvez l’ouvrir avec LibreOffice. Vous pouvez même demander à Scrivener d’ouvrir automatiquement le fichier dès qu’il a fini de le compiler, il y a une option pour cela.

Vous allez cependant avoir la mauvaise surprise de constater que la forme du texte est loin d’être satisfaisante. Scrivener ne se contente pas, en effet, d’exporter le nom des styles. Il exporte aussi tout un tas de formatage direct assez disgracieux. Qu’à cela ne tienne, il suffit de sélectionner tout le texte grâce au raccourci clavier Command+A (ou Control+A si vous travaillez avec un PC), puis un clic droit et de choisir Effacer le formatage direct. Vous aurez l’impression que cela n’a fait qu’empirer la situation. Pourtant, en vous rendant dans le volet latéral de droite de LibreOffice, dans la section des Styles, vous pourrez cliquer sur la croix verte en haut à droite dénommée Actions sur les styles, et en sélectionnant Charger les styles, une fenêtre modale s’ouvre. Dans la liste, vous pouvez choisir de charger un jeu de Styles déjà implémenté dans le logiciel comme Par défaut, ou bien votre propre jeu. Vous pouvez même y intégrer le mien, que je partage également avec vous.

Instantanément, la forme change complètement.

Si vous utilisez mon jeu de styles, vous n’avez plus rien d’autre à faire que d’exporter en PDF pour imprimer ensuite.

Si vous utilisez le vôtre, le réglage le plus important est de vous rendre dans le style Corps de texte, et de le modifier en faisant un clic droit dessus. Dans l’onglet Enchaînements, veillez impérativement à décocher les options Traitement des orphelines et Traitement des veuves, ce qui va vous ouvrir la possibilité de cocher l’option fondamentale Ne pas scinder le paragraphe.

À partir de là, les autres retouches que vous désirerez faire sur vos styles (augmenter la taille de la fonte par exemple) seront presque secondaires. Vous aurez atteint votre but : un texte lisible qui ne coupera aucune phrase en bas de page.

Votre lecture en sera plus que facilitée, croyez-moi.

Marquer le texte

Vous pourriez objecter à tout ce qui précède que vous préférez lire votre texte directement à partir de l’écran de votre ordinateur. Outre qu’il vous faudrait, à mon avis, un très grand écran (ou deux écrans normaux) pour à la fois lire le texte convenablement et surveiller l’enregistrement audio dans votre logiciel de montage, je crois que cela vous priverait d’une possibilité presque aussi centrale pour préparer votre lecture : le marquage du texte. À mon sens, rien ne vaut le papier pour cela. Vous pourrez à loisir annoter, placer des signes et autres symboles, en vous entrainant à dire le texte à voix haute pour repérer les ruptures de rythme, les pauses, etc.

Chacune et chacun d’entre nous trouvera ses propres symboles.

Il sera nécessaire que vous trouviez les vôtres pour signaler :

  • Les endroits du texte où vous placerez une emphase à l’oral
  • Les pauses courtes
  • Les pauses longues
  • Les pauses très longues
  • Les interruptions soudaines
  • L’augmentation de la vitesse de lecture sur un passage
  • La diminution de la vitesse de lecture sur un passage
  • Les effets sonores
  • Les changements de voix (pour les personnages par exemple)

Une fois cela achevé, chapitre par chapitre (surtout, ne faites pas tout d’un trait, car vous allez vous apercevoir à l’enregistrement que vous aurez besoin de modifier certaines choses), vous pouvez vous attaquer à la préparation de l’enregistrement lui-même.

Préparer l’enregistrement

Comme dans beaucoup de domaines de la vie, il est dommage de confondre vitesse et précipitation. Vous pourriez enregistrer votre narration à l’aide du dictaphone de votre téléphone portable ou du micro interne de votre ordinateur, mais vous allez dans ce cas obtenir une qualité sonore… médiocre, au mieux.

Si vous voulez qu’une « lectrice » ou un « lecteur » audio (ne dirait-on pas mieux auditrice ou auditeur ? Je ne sais) puisse passer quelques heures de son temps précieux à écouter votre voix lui raconter l’histoire que vous avez si patiemment écrite durant des mois voire des années, il faut lui offrir des conditions optimales.

Capter du son ne s’improvise pas. C’est même un métier, et pas des plus simples.

La nature des ondes sonores, leur propagation dans l’air, la façon dont elles interagissent avec les matériaux composant les parois d’une pièce, tout cela rend un enregistrement délicat. Pourtant, point n’est besoin d’un diplôme d’ingénieur du son pour parvenir à une qualité satisfaisante. Il suffit de suivre quelques règles simples.

Le matériel

La première règle est de s’équiper d’un minimum de matériel, et si possible de bonne qualité. En effet, si la qualité ne vous garantit pas un enregistrement digne d’un studio professionnel (ça vous coûterait quelques dizaines de milliers d’euros), elle vous facilitera beaucoup l’obtention d’un son correctement capté et donc assez bon pour être agréable aux oreilles de votre public.

Le microphone

En toute logique, pour capturer des sons, vous allez avoir besoin d’un microphone. Comme je l’ai dit plus haut, oubliez les microphones intégrés aux ordinateurs et aux téléphones portables. Leur qualité de captation est peut-être bonne, mais ils ont un très gros défaut : ils sont omnidirectionnels. Non, ce n’est pas une maladie émergente et non, ce n’est pas contagieux. Cela veut juste dire qu’ils captent le son de la même manière dans toutes les directions. Et que donc ils enregistrent aussi bien les miaulements de votre chat dans la pièce qui est à votre droite que le bruit de la tondeuse du voisin en face de vous, en plus des vibrations faites par l’aspirateur qui fonctionne dans la pièce du haut, et accessoirement votre voix.

Comme le plus important dans tout cela est votre voix (même si les miaulements de votre chat racontent peut-être une histoire passionnante), et qu’il est impossible de séparer facilement des signaux audio mélangés sauf si vous avez un matériel informatique digne de la CIA, le mieux est de s’assurer que le microphone que vous aurez choisi ne capte que dans une seule direction, la vôtre. Cela s’appelle un micro unidirectionnel.

Il existe de très bons microphones de ce type, à des prix raisonnables lorsqu’ils se connectent en USB à votre ordinateur. L’alternative est une connectique XLR (le standard des microphones de musiciens ou de cinéma) qui nécessite dans ce cas l’acquisition d’une interface avec votre ordinateur (une carte son, par exemple).

Je vous conseille de choisir la première option. C’est beaucoup moins cher et ça donne de très bons résultats pour capter seulement de la voix.

De mon côté, j’ai jeté mon dévolu sur l’un des microphones les plus recommandés pour la réalisation de podcast, à savoir le Blue Yeti. Il a l’avantage de pouvoir enregistrer en unidirectionnel, bien entendu, mais aussi, si on le souhaite, en bidirectionnel (pour une interview face à face) ou en omnidirectionnel (pour capter des sons d’ambiance, par exemple), et, cerise sur le gâteau, en stéréo. Il a une connectique USB très simple. Il est vendu avec un pied qui le stabilise parfaitement sur votre bureau. Il a une sortie mini-jack pour y brancher votre casque audio, ce qui vous permettra d’avoir un retour immédiat des sons que vous enregistrez, ainsi qu’un bouton pour régler le gain.

Son seul défaut est son prix. Environ 150 €.

Le filtre anti-pop

Il ne s’agit pas de vous empêcher d’écouter Britney Spears (quoique, peut-être cela serait-il d’utilité publique ?), mais de limiter voire supprimer les petits bruits de bouche explosifs que l’on fait lorsque l’on prononce des syllabes en p, en b, en t. Les fameux « pop ». Cet ustensile se présente comme une membrane fine de tissu tendue dans un cercle. Vous en avez certainement déjà vu sur des images de chanteurs enregistrant en studio.

Bien que le Yeti soit un bon microphone, inutile de prendre des risques et de faire croire à votre auditoire que vous postillonnez à tous va. Votre voix sera débarrassée de ces bruits parasites dès l’enregistrement. D’autant qu’on peut trouver un filtre anti-pop pour une dizaine d’euros.

Stabiliser le micro

Éliminer les bruits parasites avant même l’enregistrement c’est aussi veiller aux vibrations qui pourraient être captées par le microphone. Le Yeti est livré avec un pied qui le stabilise véritablement bien. Pourtant, je ne le trouve pas pratique pour avoir devant moi à la fois le texte sur papier et l’écran de l’ordinateur afin de surveiller l’enregistrement.

Il existe donc une autre solution : un bras télescopique. Fixé sur le bureau à côté de l’écran, il permet de garder de la place et en même temps de déplacer facilement le capteur du micro.

Cependant, si vous choisissez cette option, veillez à vous équiper également d’une « araignée », un dispositif qui permet d’atténuer les vibrations transmises par le pied au microphone. Il vous évitera d’avoir des « clongs » sur la piste enregistrée lorsque vous allez bouger.

Comme j’ai un Yeti, le plus simple était de m’équiper du bras et de l’araignée conçus spécialement par Blue, à savoir respectivement le Compass et le Radius III. L’investissement double le prix du microphone, mais en contrepartie, vous obtenez une installation qui ne prend pas tout l’espace sur votre bureau et qui cependant autorise plusieurs configurations. Lorsque je joue une partie de jeu de rôle en ligne avec mes camarades des Mésaventuriers, ou lorsque j’enregistre un chapitre d’un livre audio.

Le casque audio pour un retour parfait

C’est bien beau de capter votre voix, mais il peut être utile de savoir précisément ce que vous gravez dans votre fichier. Et pour cela il vous faut ce que l’on appelle un retour audio. Grâce à un casque, vous allez entendre non pas ce que vous dites directement, mais bien ce que le micro a capté et enregistré. Et ceci, en direct.

Il est nécessaire de se brancher sur le microphone directement s’il dispose d’une telle option, et en filaire. Oubliez les technologies bluetooth, elles auront toutes tendance à provoquer un décalage très désagréable qui va créer un écho.

Le logiciel

Une fois le matériel bien en place, il reste un détail important régler : comment allez-vous transformer le son capté en fichier audio informatique, et avec quels outils allez-vous travailler ces signaux ?

Bien évidemment, il y aura quelques retouches à faire sur ce qui aura été enregistré. Au minimum égaliser le son, parfois quelques effets sonores, des musiques ou des bruitages si vous êtes comme moi du genre à vouloir investir complètement le champ de l’adaptation à cette nouvelle façon de raconter votre histoire.

Nous aurons donc besoin d’un logiciel de montage audio.

Il en existe beaucoup. Les deux plus intéressants à mon avis sont Audacity, qui a l’avantage d’être libre, gratuit, et multiplateforme, et GarageBand si vous êtes sous Mac, parce qu’il est très simple à prendre en main.

J’ai choisi le deuxième car j’ai l’habitude des logiciels d’Apple pour le montage (j’utilise Final Cut pour le montage vidéo depuis des années, j’ai donc quelques réflexes).

GarageBand

Le logiciel d’Apple est simple, mais il est au départ prévu pour les musiciens. Nous allons avoir besoin de le paramétrer quelque peu pour qu’il convienne à l’enregistrement vocal. Il faut d’abord savoir qu’il est nécessaire de démarrer un nouveau projet avec GarageBand en faisant abstraction de tous les petits réglages que le logiciel va automatiquement appliquer si vous lui dites tout de suite que vous voulez enregistrer votre voix (dans les modèles de projet). Contrairement à ce que l’on aurait donc tendance à faire spontanément, je vous recommande donc de débuter par un projet dit « vide ». C’est ensuite que vous allez lui indiquer que vous désirez enregistrer votre voix.

La piste d’enregistrement

GarageBand affiche une première piste d’enregistrement dont vous pouvez régler le niveau de gain dans la petite case en bas à gauche. C’est une alternative au gain intégré au micro si vous possédez un tel appareil, et je pense pour ma part que c’est la meilleure solution. Car augmenter le gain de votre micro c’est aussi augmenter le volume de tout ce qu’il capte, dont les éventuels bruits parasites. Il me semble mieux pensé de n’augmenter que le gain de ce que le micro a transmis à votre ordinateur.

Cette première piste peut être celle sur laquelle vous enregistrez votre voix « brute ». C’est en tous les cas comme cela que je l’utilise.

Mais bien évidemment, l’intérêt majeur d’un logiciel de montage son, c’est d’effectuer un… montage. Donc de disposer de plusieurs pistes. N’hésitez pas à en créer autant que vous en aurez besoin. Mais nous verrons cela plus en détail dans l’épisode 3 de cette série.

Réglages indispensables

GarageBand ayant été pensé pour des musiciens, vous devrez effectuer quelques changements dans ses paramètres.

Les premiers sont simplement de lui demander de compter les durées d’enregistrement, et non pas les mesures et le tempo.

Ensuite, il est nécessaire d’intégrer un noise gate, un paramètre de réduction de bruit, d’environ 64 dB, pour abaisser au maximum les craquements parasites sur votre voix.

Égaliseur

Il peut être utile de jouer avec un effet de compression de la voix et l’égaliseur. Je me suis pour ma part inspiré des réglages conseillés par Rob Dircks, que vous pouvez retrouver ici, pour créer les miens. Ce réglage a l’avantage de rendre une voix plus chaude et agréable. Bien évidemment, il n’en transforme pas la tonalité au point de donner les basses de Barry White, mais le résultat m’a tout de même permis de ne pas trop souffrir de m’entendre moi-même.

L’environnement

Le matériel ne fait pas tout dans la vie.

Les conditions d’un bon enregistrement sont aussi importantes voire plus que le matériel qui va capter votre voix.

Vous devrez donc contrôler certaines choses dans votre environnement.

Sans aller jusqu’à l’extrême de ceux ou celles qui reproduisent le feutré d’un studio en plaquant des cartons d’œufs ou des mousses sur leurs murs, une condition est fondamentale à obtenir…

Luxe et volupté si vous voulez, le calme, c’est certain

Votre objectif est clair : que votre micro capte votre voix et que votre voix. Assurez-vous donc d’obtenir le calme le plus grand possible autour de vous. Et quand je dis autour de vous, ce n’est pas seulement dans la pièce où vous enregistrez, mais aussi dans la maison ou l’appartement, voire à l’extérieur.

Si vous avez un micro suffisamment sensible, il pourra en effet capturer des sons que vous n’entendrez même pas vous-mêmes. Le vent (par chez moi, c’est l’Ennemi ultime) qui fera claquer les volets ou même simplement dont le souffle en rafales pourra perturber les ondes sonores. La tondeuse du voisin. Votre chat.

D’ailleurs, le calme n’est pas destiné qu’à la sensibilité du micro.

Il est aussi bon pour la concentration du lecteur, c’est-à-dire vous.

Préparer le lecteur

Enregistrer un texte est toujours une expérience vorace en énergie.

Il ne s’agit pas seulement de lire votre texte. Certes, c’est votre texte et vous le connaissez bien. Mais, vous allez certainement le redécouvrir sous un jour jusqu’ici inconnu, ce qui pourra peut-être vous déstabiliser un peu. De plus, il va être nécessaire de le lire avec le plus de conviction dont vous serez capable. Il s’agira de lui donner vie à travers votre souffle, votre intonation, votre jeu. Vous allez devoir interpréter votre texte. Comme un comédien, une actrice. Lui prêter de la consistance. Vous allez devoir incarner dans votre voix chacun des personnages, chacune des situations.

Celles et ceux d’entre vous qui ont déjà lu un texte en public comprendront tout de suite ce que je viens de décrire.

Il est aussi difficile de donner vie à un texte que de jouer ce texte sur une scène de théâtre.

Le seul et pourtant immense avantage que vous aurez consiste en la possibilité de fractionner l’enregistrement, même si, nous le verrons, je vous déconseille de trop attendre pour enregistrer ce qui sera partie d’un même chapitre.

Cet avantage vous permet de souffler (nous verrons que gérer le souffle est vital), d’humecter vos lèvres et de vous hydrater.

Mais vous comprendrez aisément pourquoi physiquement vous avez intérêt à prendre soin de vous-même.

Car vous allez vite découvrir qu’enregistrer, interpréter, vivre ce que vivent vos protagonistes, c’est physiquement éprouvant.

Prenez donc la précaution d’être frais, dispos, reposée.

Et surtout : prenez soin de votre voix.

Prendre soin de sa voix

L’une des choses les plus utiles que l’on apprend quand on fait du théâtre, c’est d’apprivoiser sa voix.

Bien entendu, il ne sera pas ici question de « parler pour les spectateurs du fond », comme on le fait sur scène.

Par contre, on peut se souvenir que la voix est le véhicule le plus puissant des émotions. Il sera ainsi nécessaire de la moduler. Et pour cela, mieux vaut connaître la hauteur « de base » de sa propre voix. Nous avons tous un timbre personnel. Certains grave, d’autres aigü. Aussi étonnant que cela puisse paraître, beaucoup d’entre nous ne se servent pas de cette voix naturelle mais d’une autre, plus grave ou plus aiguë que notre voix naturelle. Et cela fatigue. Nous ne parvenons pas alors à tenir cette voix très longtemps, cela nous fait mal, dans la gorge. Ou bien nous nous essoufflons très vite.

Prenez donc le temps de connaître votre voix naturelle. Celle que vous pourrez tenir sans ressentir cette douleur dans la gorge qui montrera que vous forcez dessus. Évitez de prévoir un enregistrement le lendemain d’une soirée bien arrosée ou de fumer quinze paquets de cigarettes avant (sauf si vous allez devoir interpréter un personnage à la Gainsbarre, bien entendu, mais dans ce cas, prévoyez de ne capter que ses répliques à lui, et pas celles du narrateur).

Vous pouvez aussi veiller à bien vous hydrater, pour que votre voix soit plus facile à produire, que vos cordes vocales soient bien chaudes. Certains utilisent du thé pour cela. Je ne sais si le miel est efficace (je déteste le miel) mais c’est assez populaire.

Les présents du Serpent à Plume

Comme promis, voici des ressources pour vous aider à débuter.

  • Mon format de compilation Scrivener pour lecture audio.
  • Mon modèle de styles pour LibreOffice.

Faites-en bon usage…

Format de compilation pour Scrivener

Modèle de styles pour LibreOffice

Prêts ? Prêtes ? Allons-y !

Texte, matériel, logiciel, lecteur ou lectrice, tout ceci est maintenant fin prêt.

Il ne reste qu’à se lancer.

C’est l’objet de la deuxième partie de cette série d’articles.

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Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Making of a book, partie 4 : du fichier au papier

Making of a book, partie 4 : du fichier au papier

Making of a book, partie 4 : du fichier au papier

by Germain Huc | Mai 19, 2018 | 0 comments

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Introduction

Une fois que votre livre a été écrit, mis en page et doté d’une couverture, ou peut-être même bien avant que toutes ces étapes aient été franchies, vous devez accomplir certaines formalités si vous désirez aller jusqu’à l’éditer vous-même.

Car si le travail de l’auteur s’arrête généralement à l’écriture du texte, le rôle de l’éditeur consiste à véritablement le faire naître au monde. Pour cela, comme s’il s’agissait d’un être vivant, présenter un livre au reste de l’univers requiert quelques règles et quelques rituels.

ISBN

Votre livre a un titre, ce qui sera son nom. Il a un ou plusieurs auteurs, un ou plusieurs illustrateurs, un ou plusieurs contributeurs, qui seront ses parents. Il a une date de publication, qui sera sa date de naissance.

Comme pour la venue au monde d’un enfant, votre premier geste sera donc de déclarer sa naissance à l’état civil.

Dans le monde de l’édition, un acte de naissance porte le nom exotique et un peu barbare d’ISBN ou Internation Serial Book Number. Ce code à 13 chiffres sera l’identifiant unique du livre, un peu comme sa carte d’identité. Il permet de connaître le type de publication, sa zone géographique, l’éditeur, et le numéro de l’ouvrage chez l’éditeur.

L’obtenir est assez simple en France. Il suffit de contacter l’AFNIL (Agence Francophone pour la Numérotation Internationale du Livre) via son site internet. Par retour de mail, vous recevrez un identifiant d’éditeur, un segment d’ISBN, et une liste de numéros ISBN à utiliser sur ce segment, dans l’ordre chronologique de vos publications.

Il vous suffira de garder cette liste en lieu sûr et de noter, par exemple comme je le fais dans un fichier, à quelle édition correspond chaque numéro ISBN que vous utiliserez.

Ainsi, l’ISBN de la première édition brochée du Choix des Anges est 9 791 093 734 019.

Ce sésame sera indispensable pour déclarer la naissance de votre enfant de papier, car si l’ISBN est sa carte d’identité, l’officier de l’état civil qui enregistrera sa venue au monde n’est autre, dans notre pays, que la Bibliothèque Nationale de France (BnF) via son Dépôt légal.

Dépôt légal

Prenant racine dans la pratique des copistes de la célèbre Bibliothèque d’Alexandrie, qui confisquaient chaque livre pour le copier et en entreposer ainsi un exemplaire au sein de la gigantesque institution, le dépôt légal est une manière pour chaque pays de conserver son patrimoine écrit à l’abri des destructions et des pertes.

Ainsi, chaque livre qui est publié en France doit être conservé en un exemplaire à la Bibliothèque Nationale.

Pour ce faire, il vous suffit là encore de vous rendre sur internet, sur le site de la BnF. Vous y déclarez la publication de votre livre, et téléchargez le bordereau d’envoi de l’exemplaire que vous destinez au dépôt légal.

Mieux vaut faire cette déclaration un peu en avance par rapport à la publication effective de votre livre, car la BnF doit avoir reçu son exemplaire au plus tard le jour de la mise à disposition au public de votre œuvre.

Impression à la demande

Les démarches administratives liées au livre terminées, vous pouvez penser au plus important : comment le faire imprimer et distribuer à moindres frais pour vous et vos lecteurs, avec une qualité satisfaisante.

Le temps où les technologies imposaient d’imprimer en très grande quantité pour diminuer le coût de chaque exemplaire est heureusement révolu, et l’avènement de ce que l’on appelle l’impression à la demande permet deux révolutions majeures.

La première est de rendre le coût d’impression d’un seul exemplaire pratiquement égal à celui d’un millier, donc d’éviter aux auteurs comme aux éditeurs de débourser une somme faramineuse comme mise de départ. Cette grande révolution a encouragé l’apparition de l’auto-édition, et la rend non seulement possible, mais viable. Elle rend d’ailleurs l’importance et la nécessité de l’éditeur plus fragile, comme je vous l’avais exposé il y a quelques années déjà. À tel point que l’on peut se demander si entrer dans une maison d’édition lorsque l’on est auteur est véritablement une bonne idée.

Je vous spoile : à mon avis plus du tout. Cet avis est d’ailleurs partagé par quelques-uns dans le monde du livre, et pas des moindres

La seconde est le corollaire direct. Auparavant, quand on devait faire imprimer cinq mille exemplaires d’un roman dès sa naissance, et que l’on n’en vendait qu’une dizaine, la détestable habitude de l’industrie qui ne pouvait s’offrir en plus du coût de l’impression celui du stockage improductif de tant de papier dans des entrepôts pleins à craquer était de les envoyer au pilon : les exemplaires restants (soit quatre mille neuf cent quatre-vingt-dix dans notre exemple) étaient détruits. Oui. Détruits. Purement et simplement. Comme un autodafé institutionnalisé… En plus du geste symbolique qui m’arrache le cœur rien que d’y penser, le gâchis de ressources financières et écologiques est absolument incroyable…

Imprimer votre livre passera donc obligatoirement, même si vous avez des reins financiers solides, par de l’impression à la demande.

Plusieurs options s’offrent à vous.

Les plus connues sont lulu.com et CreateSpace, filiale d’Amazon, même si cette dernière est contestée.

Pour ma première expérience en auto-édition, j’ai tout de même choisi CreateSpace.

Pourquoi ?

Parce que je voulais essayer de limiter le nombre d’intermédiaires et qu’au final Amazon est une plaque tournante du monde de l’auto-édition. J’entends les critiques qui lui sont formulées, notamment par Neil Jonunsi, dont j’admire la démarche. Sa réflexion et mes propres envies se rejoignent peu à peu, et il est probable que mes prochains livres soient imprimés et distribués autrement.

CreateSpace : processus de commande de votre livre

Pour illustrer ce processus, prenons l’exemple du Choix des Anges.

Première étape, créer un compte sur CreateSpace, via leur site, puis accepter leurs conditions d’utilisation.

Sélectionner Set up your book now pour commencer vous-même la conception. Puisque tous vos fichiers sont désormais prêts grâce aux épisodes précédents de cette série d’articles, cela va aller très vite.

L’étape suivante consiste à enregistrer les données principales de votre livre. Son titre, son auteur (vous !), de quelle édition il s’agit (une première édition, probablement).

Puis l’on vous demande s’il s’agit d’un livre en noir et blanc ou en couleur. Bien évidemment un roman n’a que rarement besoin de pages intérieures en couleur, j’ai donc choisi noir et blanc. Vous devez aussi trancher un débat philosophique qui agite les forums d’auteurs en deux camps irréconciliables. Ce débat qui change la face du monde à chacune de ses itérations est le suivant : papier blanc ou papier crème ? Je fais résolument partie des prosélytes du papier blanc, mais j’admets à ma table les fanatiques du papier crème, je ne suis pas sectaire…

Puis on vous demande d’indiquer la fameuse trim size, ou taille de coupe de votre livre. Son format. Pour Le Choix des Anges, j’ai choisi un format A5 (148mmx210mm) qui n’est hélas pas un standard pour Amazon (les anglo-saxons et leurs unités non métriques !). J’ai dû sélectionner une custom trim size (ou taille de coupe personnalisée), qui correspond pour du A5 à 5,83 pouces par 8,27 pouces.

Veillez à sélectionner la case Ends before the end of the page dans l’option bleed. Cela indique à CreateSpace que vous n’avez pas d’images intérieures qui doivent être imprimées jusqu’au bord de la page, ou d’autres « bords perdus ». Si vous passiez outre, l’outil risquerait de redimensionner votre maquette pour amener votre texte jusqu’au bord de la page. Or, comme nous l’avons vu dans l’épisode 2 de cette série, une marge confortable est souhaitable sinon indispensable pour la lecture.

Cochez la case Interior reviewer, qui lancera automatiquement un processus de visualisation de votre maquette, afin de vérifier que chaque page soit bien positionnée.

Et vous pouvez enfin indiquer en cliquant sur Browse le chemin sur votre ordinateur du fichier de votre maquette intérieure. Après quelques minutes d’attente, ce fichier aura été téléversé vers les serveurs de CreateSpace.

Là, le site va automatiquement analyser votre fichier pour détecter d’éventuelles erreurs dans votre maquette.

Une fois ce travail effectué, cliquez sur le bouton qui vous propose de lancer l’outil de révision (Launch Interior Reviewer) et vérifier dans cet outil que vos pages s’affichent comme vous le désirez (ce qui, si vous avez suivi mes conseils, ne devrait poser aucun problème).

Étape suivante, la couverture. Là encore un débat philosophique vous attend. Couverture brillante (glossy) ou mate ? Chacun ses préférences. J’ai opté pour la finition brillante, j’avoue, au hasard…

Vous pouvez téléverser le fichier de votre couverture, vous savez, celui que nous avons préparé dans l’épisode précédent ?

Une page récapitulative vous permet de vérifier que vous n’avez rien oublié ou que vous n’avez pas commis d’erreur.

Enfin, vous sélectionnez votre Canal de distribution.

Canal de distribution

Imprimer le livre, c’est bien, le distribuer pour qu’il soit vu et lu par le plus grand monde, c’est mieux.

Autant les technologies d’impression à la demande permettent de s’affranchir des coûts et des principales difficultés de l’impression, autant le dilemme de la distribution la plus large possible reste presque entier.

La distribution et la diffusion feraient d’ailleurs un bon sujet pour de nombreux articles en soi, tant elles sont le principal point d’achoppement de la production d’un livre.

Néanmoins, si vous avez choisi Amazon via sa filiale CreateSpace, votre propre choix sera plus facile, car ce sera Amazon qui se chargera, via son site, de la distribution à vos lecteurs. On peut détester cela (et je le comprends), mais Amazon, de par sa notoriété, pourra toucher un public énorme de lecteurs potentiels. Il suffira de dire : « mon livre est disponible chez Amazon », et toute personne intéressée pourra facilement le trouver et le commander, pour se le faire livrer dans presque tous les pays du monde.

Vous devez donc indiquer à CreateSpace pour quels canaux de distribution vous optez.

Il en existe trois.

Amazon aux USA, sur le site amazon.com, diffuse dans le monde entier. Si en plus vous avez opté pour une taille de papier dans les standards d’Amazon, vous pourrez aussi être distribué, via l’option Expanded dans les bibliothèques et les librairies du réseau américain d’Amazon.

Amazon Europe, pour les livres imprimés sur le continent. C’est l’option la plus intéressante.

Amazon UK, pour les livres imprimés en Grande-Bretagne.

Au final, ces trois possibilités n’ont que peu d’importance sur l’étendue de votre audience, mais en auront plus sur les royalties que vous allez toucher. Le calcul de la marge d’Amazon et du coût d’impression est en effet dépendant du canal par lequel votre lecteur aura commandé son livre.

Prix du livre

Vous devez tout d’abord savoir qu’en France le prix d’un livre doit être unique, c’est-à-dire qu’il ne peut pas être vendu à un prix différent chez un vendeur et chez un autre. Le prix de votre ouvrage sera donc le même pour tous vos acheteurs, ce qui ne veut pas dire qu’il ne pourra pas évoluer dans le temps.

Cela étant posé, votre livre aura fatalement un coût d’impression et un coût dû à la marge prise par Amazon. Le prix de votre livre sera donc influencé par ce coût, et au minimum égal.

Vous pouvez décider de vendre à prix coûtant, mais « tout travail mérite salaire » et vous avez sans doute sué sang et eau pour écrire votre ouvrage. Outre la reconnaissance et la satisfaction d’être lu, que ce long travail vous permette une rémunération, même faible, ne serait que justice.

On peut débattre à l’envi du juste prix d’un livre, de la juste rémunération d’un auteur.

Au final, faites comme vous le sentez.

Bien évidemment, votre livre se vendra peu si vous fixez son prix à 150 € (ou alors il faudra qu’il soit imprimé avec une tranche dorée à l’or fin, ce que CreateSpace, étonnamment, ne propose pas – ou pas encore), mais il est tout à fait envisageable de déterminer un bénéfice de 2 à 4 € (certains font plus) sur chaque exemplaire, ce qui vous permettra de financer un achat groupé d’exemplaires auteurs, cédés par CreateSpace à un coût inférieur.

De façon pratique, je vous conseille d’abord de calculer le coût fixe du livre, puis de calculer en fonction du prix final hors taxes de votre livre la part qui sera la marge d’Amazon, puis de rajouter la TVA. Vous obtiendrez le prix final toutes taxes comprises.

En cherchant un peu, j’ai déniché la formule permettant de savoir assez facilement ce que cela donne.

Le prix final hors taxes sera la somme de :

Un pourcentage sur le prix de vente hors taxes de votre livre, soit 40 % pour une distribution standard et 60 % pour une distribution Expanded.

Une charge fixe, calculée suivant le canal de distribution, le type d’impression des pages intérieures (couleur ou noir et blanc), enfin, la fourchette dans laquelle se situe le nombre de pages du livre.

Un prix à la page, dépendant là encore du canal, du type d’impression et de la fourchette dans laquelle se situe le nombre de pages du livre.

Je vous récapitule tout cela dans un tableau.

Vous pourrez constater que tous ces calculs sont un peu complexes, mais la vie est rarement simple.

amazon.com USAAmazon EuropeAmazon UK
Type de livreCharge fixeCharge par pageCharge fixeCharge par pageCharge fixeCharge par page
Noir & blanc 24-108 pages2,15 $US0,00 $US0,60 €0,012 €0,70 £GB0,01 £GB
Noir & blanc 110-828 pages0,85 $US0,01 $US0,60 €0,012 €0,70 £GB0,01 £GB
Couleur 24-40 pages3,65 $US0,00 $US0,60 €0,060 €0,70 £GB0,05 £GB
Couleur 42-500 pages0,85 $US0,07 $US0,60 €0,060 €0,70 £GB0,05 £GB

Statut social et statut fiscal

Moins simple encore est la dernière étape de votre chemin vers le statut d’auteur autoédité : le labyrinthe des règles de cotisations sociales et de déclarations fiscales.

Quelques sites peuvent vous aider à trouver comment vous déclarer en micro-entrepreneur (le nouveau nom du statut d’autoentrepreneur) si vous êtes salarié par ailleurs, ce qui certes est le cas de la majorité des Français, mais pas de la totalité. Ils vous aideront à déclarer et gérer le statut auprès de l’URSSAF, ainsi que pour déclarer et payer vos impôts. Car bien entendu, vos revenus tirés de l’auto-édition seront imposés…

Cependant, si, comme c’est mon cas, le statut de micro-entrepreneur vous est interdit (vous exercez déjà une profession libérale, par exemple), les choses sont tout de suite beaucoup moins claires et aucun site n’a pu me mettre sur la voie.

J’ai donc appelé directement l’URSSAF pour leur poser des questions.

Ce qui suit est donc mon expérience et pourrait ne pas véritablement convenir à votre situation particulière, je vous conseille donc dans le doute d’appeler votre centre URSSAF (si vous parvenez à les joindre, ce qui n’est pas toujours facile).

Tout d’abord se rendre sur le site des formalités en ligne, le CFE.

Choisir déclarer une formalité, puis modification, et sélectionner le formulaire d’adjonction d’activité P2. Ce formulaire m’a donné du fil à retordre, car je ne parvenais pas à le trouver.

Après bien des recherches, je l’ai déniché ici.

Vous le remplissez (lisez bien la notice, comme d’habitude ce n’est pas simple et il vaut mieux ne pas se tromper).

Vous le renvoyez au centre de votre URSSAF.

Pour ce qui est de la déclaration d’impôts, il m’a été indiqué de reporter le montant de mes revenus liés à l’auto-édition en ligne B du formulaire 2035 que connaissent bien les professions libérales (ou leur comptable).

Vers l’infini et au-delà…

Dans la dernière partie de cette série, nous effleurerons un sujet encore plus vaste, en effet : le devenir de votre livre une fois que vous l’aurez publié.

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Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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