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eBook design : ma quête d’identité

eBook design : ma quête d’identité

eBook design : ma quête d’identité

J’ai actuellement plusieurs projets littéraires en maturation, et s’ils avancent lentement, c’est aussi parce que je prends le temps de m’interroger sur des aspects qui normalement ne sont pensés qu’après l’écriture.

Dans un continuum espace-temps classique, l’auteur écrit son manuscrit, puis l’éditeur conçoit l’ouvrage qui portera ces écrits. Dans mon cas, puisque le projet est de devenir mon propre éditeur (je vous renvoie ici pour les multiples raisons qui m’animent, et encore là, ou bien là, pour comprendre comment avec ma série de billets sur le format ePub3), je dois apprendre beaucoup de choses également. Et ma nature impatiente me conduit à m’intéresser à des aspects de la chaîne de publication avant même d’avoir terminé les corrections d’écriture.

Pour ma défense, je dois dire que le plaisir de la lecture a toujours été chez moi indissociable d’une certaine forme de plaisir esthétique devant l’objet livre, plaisir que je cherche à renouveler (puisqu’il n’est évidemment pas possible de le dupliquer) dans l’optique de ne publier que des livres électroniques.

En effet, je suis incapable de me satisfaire de mon écriture sans qu’elle ne prenne une forme qui soit esthétiquement agréable pour mon propre regard. Ainsi, j’abhorre les brouillons, moi qui suis si notoirement le roi des ratures. Je ne peux pas me mettre à écrire si je n’ai pas trouvé une police de caractères qui me plaise, alors que mon écriture manuscrite est, au mieux, digne d’un sismographe qui aurait été abreuvé d’incunables du XVe siècle en guise de données.

Alors, oui, je songe à la forme que prendra mon ouvrage une fois achevé, et cela veut dire beaucoup de choses…

Je me suis ainsi senti un peu « orphelin » de mon plaisir de lecture en me mettant à dévorer sur tablette. Comme si une partie de mon plaisir était gâchée par la tablette. Cette impression m’avait déjà effleuré avec certains livres physiques, lorsque les caractères étaient mal choisis, lorsque les pages étaient mal découpées, lorsque l’encre était de mauvaise qualité.
J’ai fini par comprendre comment retrouver l’impression de lire un livre : en soignant la forme, en donnant du caractère à l’ouvrage.

Puisqu’il n’est évidemment pas question de reproduire l’odeur du papier sur un support numérique, il faut s’attacher essentiellement à l’apparence visuelle du livre.

Je crois que je ne serai satisfait de ma production que si je lui donne une identité visuelle forte, quelque chose qui pourrait en faire un objet singulier : un Livre, comme ceux dont on s’émerveille de la couverture, de la texture du papier, de l’odeur, comme ceux que l’on feuillette avant de les acheter, ceux que l’on aimerait posséder pour le lire, mais aussi pour l’admirer. Les très vieux ouvrages ont souvent ces qualités-là, ou les premières éditions d’une œuvre. Même certains livres de poche peuvent acquérir ces qualités, avec le temps.

Mais comment réaliser cela avec juste de la programmation ?

J’ai alors été influencé dans mes recherches par quelqu’un qui semble penser la même chose que moi, puisqu’il se définit comme « ebook designer » : Jiminy Panoz.

J’étais à la recherche d’une façon de concevoir un livre numérique qui ne soit pas un simple fichier texte, fut-il rendu « fluide » par la magie de l’ePub3. Et Jiminy Panoz parle à la fois d’harmonie de mise en page, et d’accessibilité du livre, mais également d’esthétique.

Je crois donc aujourd’hui que s’il faut porter une attention particulière à la fonte que l’on va utiliser pour la présentation du livre, ou à la couverture – cependant tout le monde sait cela maintenant –, mais aussi à la mise en page du livre, à l’harmonie des interlignes, et à certaines parties qui me semblent délaissées dans la production numérique actuelle : la page de titre (différente de la couverture), la page de sommaire, et les titres de chapitres.

La théorie

Je vais détailler un peu mon propos en vous montrant mon évolution sur une petite année, depuis les premiers concepts sur le livre que j’ai conçu pour l’expérience cinématographique d’Ultima Necat jusqu’à aujourd’hui et mes projets pour Le Choix des Anges, Fée du Logis, Rocfou, ou Sur les genoux d’Isis.

La page de titre

Au fond, quel est le rôle de la page de titre ?

Outre qu’elle doit contenir légalement les mentions de droit d’auteur et les crédits, l’ISBN notamment, je crois que son rôle essentiel est de donner l’identité visuelle du livre. Et comme le livre numérique n’a plus de quatrième de couverture, il me semble important d’y présenter l’auteur, ou du moins d’y insérer un lien, même discret, vers son travail.

Le lecteur veut avant tout lire son texte, mais il n’est pas interdit de lui faire connaître l’auteur. La plupart des gens vous conseilleront de mettre la biographie de l’auteur et sa bibliographie éventuelle à la fin du fichier numérique, afin de ne pas rebuter le lecteur et de le laisser s’immerger dans le texte dès le départ. J’avoue ne pas être à l’aise avec cette façon de faire. Ainsi, comme lecteur de livres papier, j’ai l’habitude de consulter d’abord la quatrième de couverture pour avoir un pitch de l’ouvrage et un aperçu de l’identité de l’auteur, AVANT de lire le livre.

Premier concept de page de titre d'eBook

Premier concept de page de titre d’eBook

Pour un livre numérique, le pitch sera la plupart du temps présenté avant l’achat du livre, sur la plateforme choisie, et il n’est donc pas absolument nécessaire de l’intégrer dans le livre lui-même, bien que, vous le verrez, j’ai aussi un argument pour cela.

Par contre, que ce soit sur Amazon Kindle, sur Kobo, la Fnac, l’iBookstore ou d’autres plateformes, vous ne trouverez pas de biographie de l’auteur (à quelques exceptions près, si vous achetez le livre par exemple directement sur la plateforme numérique de l’éditeur de l’ouvrage, qui généralement soigne la présentation de ses auteurs).

Il me semble donc absolument indispensable d’intégrer une biographie voire une bibliographie dans le livre. Mais où ?

Ennuyer le lecteur avec un CV n’est pas le but de la chose. Mais en même temps il doit voir à qui il a faire. Cela tombe bien, nous sommes dans le numérique, donc servons-nous des liens hypertexte. Un lien peut donc pointer vers le site de l’auteur, vers une page Wikipedia, voire l’Encyclopédie Britannica si vous le voulez. Il n’y a pas de limites.

Mais on peut aller plus loin, et se servir des techniques de design issues du web : une fenêtre modale, par exemple, peut apparaître si l’on clique sur le lien, et montrer la biographie et la bibliographie de l’auteur à qui veut les lire. On ne force pas la main du lecteur, et on conçoit un objet qui n’est pas seulement un flux de données linéaire.

La page de sommaire

Son rôle est bien sûr de faciliter le repérage du lecteur dans l’ouvrage, mais avec l’avènement du numérique, la « table des matières », ou « table of content » comme disent les anglophones, sert aussi à naviguer dans le corps du texte afin de reprendre la lecture à un endroit précis, d’y revenir plus tard, en aidant les marques-page intégrés dans l’application de lecture. Le flux d’un livre numérique a en effet ceci de radicalement différent d’un livre papier : la recherche et la navigation sont possibles instantanément.

Hélas, bien souvent la table des matières des livres numériques est une bête liste de liens hypertexte non stylisée, un peu comme nous en avions dans les débuts de l’internet grand public. Mais si, souvenez-vous des sites du temps où nous surfions avec Netscape Navigator ! Des pages blanches avec des tonnes de liens qui demandaient presque autant de temps à parcourir que s’ils étaient imprimés sur du papier.

Pour ceux qui n'auraient pas connu cette période de l'Internet...

Pour ceux qui n’auraient pas connu cette période de l’Internet…

De nos jours, l’ergonomie du web a tant progressé ! Pourquoi ne pas s’en inspirer pour les pages de sommaire de nos livres numériques ?

Concept dessiné de table des matières

Concept dessiné de table des matières

C’est d’ailleurs là que je mettrais le pitch du livre.
Je vous avais dit que j’avais un argument pour l’y glisser tout de même dans l’ouvrage.
Il suffit de voir un peu plus loin que les années 2010. Que deviendra votre livre numérique lorsque vous ne serez plus là ? Si nous avons de la chance, les DRM auront été abolis, et ni Apple ni Amazon, ni Kobo ne seront propriétaires de vos ouvrages achetés, ni ne pourront les détruire à distance. Je prends donc le pari que vous aurez accumulé une bibliothèque de livres numériques conséquente, que vous pourrez léguer à quelqu’un.
Et ce quelqu’un pourrait avoir envie de les lire, vos livres, comme nous l’avons tous fait avec les livres que nous avons hérités de nos grands-parents, voire de nos parents.
Ne serait-il pas opportun qu’un pitch de l’ouvrage soit facilement accessible dans ce dernier ?

table des matières dans Ultima Necat, de l'idée à la réalisation

table des matières dans Ultima Necat, de l’idée à la réalisation

En fait, philosophiquement, je vois le livre numérique comme un objet pérenne (autant qu’il puisse l’être sans support physique, mais même les livres papier sont parfois détruits par les incendies, les inondations ou perdus tout simplement), et non comme une œuvre seulement disponible en streaming. Un véritable livre, pour moi, se conserve.

Les titres de chapitre

L’identité visuelle passe aussi par les changements de chapitre. Les mises en page actuelles sont très classiques dans le numérique, alors que dans l’édition papier, les maquettistes osent certaines audaces intéressantes, même pour de la fiction. Des enluminures, une mise en page graphique, bref, quelque chose qui met le lecteur dans l’ambiance de votre ouvrage. C’est à mon avis aussi important que le choix de la fonte ou de vos interlignes.

Des enluminures, mais, peut-être, pas à ce point-là en numérique...

Des enluminures, mais, peut-être, pas à ce point-là en numérique…

Hélas, ces théories sont souvent mises à mal par les applications de lecture numérique qui, toutes, absolument toutes, contiennent des bugs qui les empêchent de coller aux standards d’affichage de l’ePub tels qu’ils sont sensés être définis par le consortium IDPF.

La pratique : mes essais

Aussi ai-je rabattu de ma superbe, car mes belles idées se sont souvent heurtées à l’impossibilité technique d’être réalisées ne serait-ce que dans iBooks.

Mes premières idées de fenêtres modales ont été un tel cauchemar entre l’implémentation du JavaScript dans l’ePub et l’impossibilité de déterminer comment chaque application de lecture définissait son espace d’écran alloué au texte, que j’ai fini par les abandonner, alors que dans un navigateur internet tout fonctionnait à merveille. Et, franchement, ça avait de la gueule !

Le simple fait de penser une boîte de texte délimitée ou il serait nécessaire de faire défiler le texte pour qu’il soit complètement lu (un overflow pour ceux qui connaissent le code CSS3) afin d’y insérer la biographie de l’auteur s’est heurté à de nombreux bugs dans toutes les applications autres qu’iBooks, qui se comportait normalement.

Je ne vous raconte même pas le cauchemar des essais d’export en kf8, le format de Kindle qui ressemble à l’ePub3 : toute ma mise en page était à refaire…

Mes solutions actuelles sont de revenir à plus de simplicité sans pour autant abandonner les principes que je vous présentais plus haut. Les recherches de Jiminy Panoz sont venues là encore à mon secours, puisque son boilerplate min+, une sorte de gabarit de mise en page, explore en effet des possibilités de design qui m’ont bien inspiré.

Comment je vois le fonctionnement de mes pages de titre

Comment je vois le fonctionnement de mes pages de titre

Ainsi, la page de titre comporte-t-elle des liens vers la biographie et la bibliographie, dans le livre, mais dans un fichier qui sera non linéaire, c’est-à-dire qu’il ne fera pas obligatoirement partie de la séquence de lecture du texte. Il faudra cliquer pour découvrir. Les applications de lecture gèrent généralement bien les fichiers non linéaires, et leur mise en page peut-être plus simple que dans une fenêtre modale. La page de titre renvoie aussi vers mon site (oui, celui sur lequel vous êtes…) via le logo d’écaille & de plume du dragon et du phœnix, et vers la page de sommaire avec un détail de l’image de couverture.

Mon concept actuel de page de titre, non codé pour le moment...

Mon concept actuel de page de titre, non codé pour le moment…

La page de sommaire, elle, présente une table des matières plus graphique sans être complètement délirante, avec un pitch du récit pour servir de quatrième de couverture.

Concept actuel de table des matières, non codé pour le moment...

Concept actuel de table des matières, non codé pour le moment…

Enfin, l’intégration des réseaux sociaux est possible, de manière à laisser au lecteur l’opportunité de commenter sa lecture sur Goodreads, notamment.

Concept actuel de page de biographie et de bibliographie

Concept actuel de page de biographie et de bibliographie

Et vous, vous le voyez comment, le livre numérique qu’on a envie de garder ?

Créer un livre électronique au format epub3, partie 2 : ePub Anatomy

Créer un livre électronique au format epub3, partie 2 : ePub Anatomy

Créer un livre électronique au format epub3, partie 2 : ePub Anatomy

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Version

2.0

}

Mise à jour

17/04/2021

Changement des versions
17/04/2021
  • Simplification de la partie sur les fichiers indispensables non modifiables
  • Utilisation de Brackets ou Visual Studio Code
  • Explication de la nature des métadatas
  • Mise à jour des images d’illustration

Précédemment dans la série

Après avoir fait un tour des raisons qui peuvent pousser à mettre un livre au format EPUB et balayé rapidement les options qui s’offraient à nous pour ce faire, nous avons appris dans la première partie comment structurer son texte dans un logiciel de traitement de texte comme LibreOffice, ou dans Scrivener, puis comment exporter le document (ou le compiler) ainsi mis en forme sous un format EPUB. C’est ainsi que je vous ai laissés, haletants, sur le résultat pas vraiment laid, mais pas vraiment fantastique, de Fæe du Logis sur mon iPad dans le logiciel de lecture iBooks d’Apple.

Aujourd’hui nous allons donc aller plus loin et analyser le fichier que nous avons obtenu, afin de comprendre le fonctionnement d’un livre au format EPUB3, et commencer, si possible, à réparer ce qui nous semble aller de travers.

Attention, cet article est déconseillé aux personnes qui seraient allergiques aux codes informatiques…

L’incision initiale : sous l’enveloppe de l’EPUB

Avant toute chose, il vous faut un EPUB sous la main.

Soit vous suivez l’article précédent et créez votre propre EPUB, soit vous pouvez télécharger la maquette d’EPUB3 que je vous livre en téléchargement gratuit. Il vous suffit pour cela de renseigner votre adresse mail (que je n’utiliserai pas à d’autres fins).

Un fichier EPUB n’est pas un fichier de texte simple. C’est plutôt un dossier de plusieurs fichiers différents, codé dans une archive ZIP, mais dont l’extension de fichier a été renommée .epub. Tout cela est bien complexe, n’est-ce pas ? C’est pourquoi je préfère utiliser un programme spécifique pour ouvrir l’enveloppe du livre et mettre à nu les rouages internes.

Sur Mac, je me sers de EPUB Packager (le site officiel semble ne plus fonctionner). C’est une application payante, mais très efficace et très pratique : elle extrait pour moi le dossier enfermé dans l’archive et me dépose ce dossier sur le bureau de l’ordinateur. Je n’ai plus qu’à ouvrir le dossier et fouiller à l’intérieur. Je l’utilise également dans l’autre sens, une fois mon livre terminé, pour créer l’archive EPUB définitive.

Il suffit de glisser-déposer le fichier EPUB dans la fenêtre de l’application, et le scalpel virtuel vous ouvre le dossier.

Vous allez y trouver deux types de fichiers organisés en un squelette immuable : les fichiers obligatoires, qui sont les organes vitaux de l’EPUB (en bleu sur la capture d’écran ci-dessous), et les fichiers facultatifs, qui en sont l’âme (en vert). Ces derniers sont essentiellement les fichiers de contenu de votre livre : le texte, les styles de texte, les images, les fontes, les fichiers audio ou vidéo qui forment votre œuvre. Nous nous y intéresserons plus tard, même si ce sera le plus important pour vous.

Deux fichiers ont la même fonction, ils servent à créer la table des matières du livre (ou Table of Contents en anglais, d’où le nom qui lui est souvent attribué : toc.ncx ou contents.xhtml), respectivement dans la norme EPUB2 et la norme EPUB3. Afin de garder une rétrocompatibilité vers les appareils de lecture plus anciens, il sera bien avisé de garder ces deux fichiers. Vous remarquerez aussi qu’un fichier est à la fois vital et libre, c’est le fichier .opf, auquel vous pouvez donner le nom que vous voulez, du moment que vous en avez placé un dans le dossier OEBPS de votre livre.

Comme vous le voyez, une bonne part des dossiers est immuable d’un livre à l’autre. Ce qui m’a donné l’idée de me constituer une maquette, une sorte de template comme on dit en informatique, un « patron » à réutiliser à volonté lorsque j’ai besoin de créer un nouveau livre.

Les instruments de la dissection : l’éditeur de texte

Pour aller plus loin, vous allez devoir ouvrir les fichiers les uns après les autres pour examiner puis modifier le code. Il vous faut donc un programme que l’on appelle un éditeur de texte. Comme un traitement de texte, mais pour les codes informatiques.

J’utilise pour ma part Brackets, qui est libre et multi-plateforme, ou son remplaçant, Visual Studio Code. Comme la plupart de ses cousins, il est capable de colorer les lignes de code en fonction de leur syntaxe pour bien reconnaître les paramètres et pour ne pas (trop) se tromper. C’est lui qui va vous permettre de corriger et de modifier l’ADN de votre EPUB.

Grâce à ce logiciel, vous pouvez lire les fichiers codés et les modifier, puis en vérifier l’aperçu (quand le code est connu par le logiciel, ce qui n’est pas le cas de l’OPF, par exemple).

Vous remarquerez que les lignes de code commencent toutes par le caractère « < » et se terminent toutes par le caractère « > ». C’est ce qu’on appelle des balises, comme nous l’avons vu dans le précédent épisode. Ces balises sont des instructions, comme des verbes dans une phrase de français. Tout ce qui sera entre les balises servira à préciser l’instruction donnée dans la phrase. Il y a ainsi une syntaxe particulière à respecter, qui demande un apprentissage parfois long…

Mais pour le moment, contentons-nous d’ouvrir les fichiers de notre archive EPUB avec VS Code. Pour cela soit vous glissez le fichier sur l’icône de Visual Studio Code dans votre Dock, soit vous faites un clic droit sur le fichier que vous voulez ouvrir et vous choisissez Visual Studio Code dans le menu déroulant Ouvrir avec.

Les Organes vitaux de l’EPUB

Ce sont des fichiers dont il ne faut jamais modifier ni le nom ni la structure, au risque de rendre votre EPUB illisible.

Ces organes vitaux sont au nombre de cinq.

  • Le fichier mimetype, qui ne contient qu’une seule ligne, destinée à faire comprendre à un logiciel comment décoder le livre. C’est un fichier que vous ne devrez jamais modifier, car la ligne de code ne doit pas varier d’un seul caractère.
  • Le fichier container.xml, qui ne devra pas être touché lui non plus, sauf si vous désirez changer le nom ou l’emplacement de votre fichier OPF, qui est le véritable cerveau de votre livre. Le fichier container.xml sert en effet essentiellement à renseigner l’emplacement et le nom du fichier OPF. Il est enfermé dans un dossier dont le nom ne doit pas être modifié, le dossier META-INF.
  • Le fichier OPF (Open Publication Format), donc, qui mérite que l’on s’y attarde un peu plus loin, car il pourra, lui, être modifié selon vos besoins.
  • Le fichier nav (souvent appelé contents.xhtml ou toc.xhtml), qui est le fichier contenant la table des matières dans la norme EPUB3.
  • Le fichier .ncx, qui est le fichier contenant la table des matières dans la norme précédente EPUB2.

Les trois derniers fichiers sont les plus importants, et nous allons y jeter un coup d’œil plus attentif.

Neurochirurgie du fichier OPF, cerveau de l’EPUB

Ce fichier OPF (nommons-le livre.opf) est le principal pourvoyeur d’erreurs lors de la construction d’un EPUB, car c’est lui qui est le plus compliqué à fabriquer correctement, tant les règles qui dictent sa constitution sont drastiques.

Véritable cerveau de l’EPUB, il contient cinq parties distinctes.

  • Les déclarations de références, qui indiquent à l’application de lecture les langages informatiques à utiliser, constituent le package.
  • Les métadatas du livre, c’est-à-dire toutes les informations sur son identité, sont encodées dans la partie metadata. On y trouve la langue dans laquelle il est écrit, son auteur (ou ses auteurs), les éventuels collaborateurs (illustrateurs par exemple), sa date de fabrication, sa date d’édition, son éditeur, une courte description (un résumé par exemple, la 4e de couverture…), son image de couverture, les droits qui y sont liés (licence Creative Commons, Copyright…).
  • Le manifeste déclare toutes les ressources intégrées dans le livre, sans en oublier une seule. Les images que vous allez utiliser, y compris la couverture, chaque fichier comprenant chaque chapitre, les fontes, tout, absolument tout, doit être listé ici.
  • La spine décrit ensuite l’ordre dans lequel le livre se lit normalement. Mais vous verrez, c’est parfois un peu plus compliqué.
  • Le guide est une spécificité de la vieille norme EPUB2.

Nous allons nous intéresser à chacune de ces parties un peu plus finement.

Le package

C’est une partie très codifiée à laquelle il vaut mieux ne rien changer sauf si l’on veut utiliser certaines fonctions propres à des lecteurs EPUB, comme iBooks d’Apple par exemple.

<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
<package xmlns="http://www.idpf.org/2007/opf" version="3.0" unique-identifier="PrimaryID">
...
</package>
Les lignes de déclaration de l'opf sans metadatas

Dans ce cas-là, il faut rajouter quelques précisions (vous verrez dans quels cas dans le tableau des metadatas ci-dessous).

Au passage, j’ai rajouté également xml:lang, un paramètre qui indique que nous sommes dans un EPUB dont la langue est le français. Vous aurez aussi noté que la version de l’EPUB est obligatoirement indiquée.

<!--?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?-->
<package xmlns="http://www.idpf.org/2007/opf" version="3.0" xml:lang="fr" unique-identifier="pub-id" prefix="rendition: http://www.idpf.org/vocab/rendition/# ibooks: http://vocabulary.itunes.apple.com/rdf/ibooks/vocabulary-extensions-1.0/" xmlns:epub="http://www.idpf.org/2007/ops" xmlns:ibooks="http://apple.com/ibooks/html-extensions">
...
</package>
Les lignes de déclaration de l'opf avec metadatas spécifiques à iBooks

Les balises metadata

Les métadatas (ou métadonnées en bon français) permettent de bien référencer votre livre, et à ce titre il est très utile de se pencher sur leur cas. Le référencement correct de votre livre aidera vos lecteurs et vos lectrices à le retrouver dans la masse titanesque des ouvrages disponibles.

Hélas, ces métadonnées sont inscrites dans une syntaxe un peu hermétique qui réjouira plus ceux d’entre vous qui ont l’habitude des codes informatiques que ceux qui aiment la littérature. C’est assez abscons, il faut bien le reconnaître. J’ai donc décrypté pour vous la norme EPUB3, et voici la substantifique moelle de ce que j’ai pu en tirer.

Encadrées par les balises metadata, se trouvent chacun des paramètres identifiant non seulement les données essentielles de votre livre, mais aussi certaines autres données spécifiques pour des lecteurs d’EPUB particuliers (dans le cas ci-dessous, pour iBooks d’Apple).

Voici comment Scrivener liste ses métadatas :

    <metadata xmlns:dc="http://purl.org/dc/elements/1.1/" xmlns:opf="http://www.idpf.org/2007/opf">
<dc:title>Fée du Logis</dc:title>
<dc:identifier id="PrimaryID">urn:uuid:E9B7CBB8-1D23-40C5-8053-E84F87026351</dc:identifier>
<dc:language>en</dc:language>
<meta property="dcterms:modified">2018-03-20T20:00:18Z</meta>
<dc:creator id="author">Germain HUC</dc:creator>
<meta refines="#author" property="role">aut</meta>
<meta refines="#author" property="file-as">HUC, Germain</meta>
</metadata>
les metadatas de Scrivener

Pour comprendre la syntaxe des métadonnées, en voici le schéma général.

D’abord, comme ce sont des balises, elles sont forcément enchâssées entre des signes <>.

Puis vient le sigle dc, pour Dublin Core, et l’élément de la norme Dublin Core. Ensuite, la valeur de la métadonnée, puis on referme la balise comme dans le langage HTML.

Vous trouverez plus de détails sur ce site, ou celui-ci, ou encore sur celui de la BnF.

Chaque balise peut être précisée par des métadonnées de « raffinement », indiquées dans des balises <meta>.

La liste des metadatas

Dans ce tableau (que vous pouvez manipuler à loisir et dans lequel vous pouvez même faire des recherches…), j’ai récapitulé toutes les métadonnées de ma connaissance, pour vous indiquer comment les utiliser. Vous pouvez vous référer à l’exemple de code ci-dessus pour vous ce que cela donne en situation. Vous trouverez la syntaxe correcte et les quelques subtilités.

N’hésitez pas à m’indiquer dans les commentaires si vous trouvez des erreurs, des approximations ou des ajouts à faire. Je ferai bien volontiers les corrections et ajouts qui s’imposent.

TypeMetadataSignificationObligatoire ou OptionnelleValeurs possiblesNote
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:titleLe titre de l'ouvrageObligatoireVotre imaginaire...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:creatorLe ou les noms des créateurs (auteur, illustrateur)OptionnelVotre imaginaire...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:identifierUn identifiant pour l'ouvrage, comme l'ISBN par exempleObligatoireVotre imaginaire...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:publisherL'éditeur de l'ouvrageOptionnelVotre imaginaire...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:languageLa langue principale de l'ouvrageObligatoireToutes les langues...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:contributorLe ou les noms des contributeurs de l'ouvrageOptionnelVotre imaginaire...
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:dateLa date de publication de l'ePubOptionnelUne date quelconque au format AAAA-MM-JJ
Identification du livre : Dublin Core (dc)dc:sourceLa ou les sources de l'ouvrage (si c'est un recueil de nouvelles déjà publiées par exemple)OptionnelVotre imaginaire...
Précisions sur une baliserefinesDonne des indications sur une metadata précédenteOptionnelaut = auteur
bkd = book designer
bkp = book producer
edt = editor
cov = cover creator
ill = illustrateur
pbl = publisher
trl = translator
Rendu dans iBooks d'Appleibooks:bindingIndique si dans un livre à mise en page fixe la "pliure" du livre entre deux pages est visibleOptionneltrue, falsedans la balise package doit apparaître une ligne de définition.
Rendu dans iBooks d'Appleibooks:ipad-orientation-lockIndique si le livre est bloqué dans une orientation sur un iPadOptionnelportrait-only, landscape-onlydans la balise package doit apparaître une ligne de définition.
Rendu dans iBooks d'Appleibooks:specified-fontsIndique à iBooks qu'il doit utiliser les fontes intégrées dans l'ePubObligatoire si fontes intégrées dans l'ePub pour iBookstrue, falsedans la balise package doit apparaître une ligne de définition.
Rendu dans iBooks d'Appleibooks:versionIndique la version d'iBooks nécessaire pour lire l'ePubOptionnelUne version d'iBooksdans la balise package doit apparaître une ligne de définition.
Rendu général de l'ePubrendition:flowIndique si le rendu en flux doit être de type "site internet" ou de type "page de livre"Optionnelpaginated, scrolled-continuous, scrolled-doc, auto
Rendu général de l'ePubrendition:layoutIndique si le livre est de type mise en page fixe ou de fluxOptionnelpre-paginated, reflowable
Rendu général de l'ePubrendition:orientationIndique si le livre peut être lu en paysage, portrait, ou les deuxOptionnellandscape, portrait, auto (dans ce cas le texte sera adapté en fonction de l'orientation du système de lecture)
Rendu général de l'ePubrendition:spreadIndique si en mode paysage deux pages sont montrées ou une seule.Optionnelauto, both (dans ces cas-là, deux pages)
none (dans ce cas, une seule page même en paysage)

Le « manifeste »

C’est la partie du fichier qui recense toutes les ressources utilisées dans le livre. De la plus petite image jusqu’aux fontes de caractères spécifiques, en passant par chaque chapitre du livre, les éventuelles vidéos ou les bandes-son, les scripts d’interactivité qui permettront aux lecteurs de contrôler des animations, les scripts CSS des feuilles de style qui vont vous permettre de définir la mise en page… tout, tout, absolument tout le contenu du livre doit être déclaré dans ce manifeste, et selon une syntaxe là encore très précise.

On commence par des balises <manifest> qui encadrent une liste de balises <item>. Chaque item est une ressource présente dans le livre (un fichier si vous préférez) dont on indique une identité (id), le chemin dans l’arborescence (href), et surtout le type mime, un code qui explicite sa nature (et non pas à cause du Mime Marceau).

Les types mime et leur syntaxe sont d’ailleurs les plus compliqués à trouver. Je vous en liste les principaux dans un tableau un peu plus bas.

Voici comment Scrivener vous aura organisé cette partie.

    <manifest>
<item id="ncx" href="toc.ncx" media-type="application/x-dtbncx+xml" fallback="contents"></item>
<item id="contents" properties="nav" href="contents.xhtml" media-type="application/xhtml+xml"></item>
<item id="body" href="body.xhtml" media-type="application/xhtml+xml"></item>
<item id="style" href="css/stylesheet.css" media-type="text/css"></item>
</manifest>
Le manifeste créé par Scrivener

Et quant à moi, voici comment j’ai l’habitude d’organiser les choses : en regroupant les types de fichiers.

	<manifest>

<!-- contenu -->
<item id="ncx" href="toc.ncx" media-type="application/x-dtbncx+xml" fallback="contents"></item>
<item id="contents" properties="nav" href="contents.xhtml" media-type="application/xhtml+xml"></item>
<item id="body" href="body.xhtml" media-type="application/xhtml+xml"></item>

<!-- styles -->
<item id="style" href="css/stylesheet.css" media-type="text/css"></item>

<!-- fontes -->

<!-- images -->

</manifest>
Mon organisation du manifeste

Vous voyez que j’ai enrichi mon livre avec des fontes de caractères précises, des feuilles de style, des images, le tout regroupé dans des dossiers spécifiques marqués par des balises de commentaire (qui ne sont donc pas codées). Il est ainsi plus facile de s’y retrouver par la suite, car si vous oubliez de déclarer ici un seul élément présent dans le livre, celui-ci deviendra illisible par les lecteurs EPUB

Mon conseil : à chaque fois que vous ajoutez un fichier dans votre EPUB, insérez immédiatement la référence dans le manifeste du fichier OPF.

Vous êtes libre de donner le nom de votre choix aux items (sachant que le meilleur nom est celui qui vous permettra de savoir très rapidement à quel fichier précisément vous avez à faire), mais le chemin doit suivre les mêmes règles qu’un chemin de fichier classique sur votre ordinateur ou sur un site internet.

Par exemple mon fichier de fonte « Trajan Pro » se situe dans le dossier styles et son chemin sera donc : styles/TrajanPro-Regular.otf.

Enfin, petite subtilité qui m’a posé de nombreux problèmes, les « properties » ou propriétés de chaque élément. Il est impératif d’indiquer certaines particularités de vos fichiers. Si l’un de vos chapitres comporte une partie interactive (disons par exemple des boutons permettant de masquer ou d’afficher du texte caché), vous devrez ajouter sur la ligne de déclaration du manifeste la propriété « scripted ». Si un fichier de contenu contient la table des matières, vous devez indiquer la propriété « nav », s’il contient une image au format SVG, vous devrez indiquer « svg ». Si le fichier fait référence à plusieurs propriétés à la fois, vous devrez les séparer par un simple espace, suivant cette syntaxe :

Il est à noter que votre livre doit contenir au moins un élément nav. Nous en verrons l’utilité dans le troisième article de cette série.

Quant au fichier toc.ncx, qui ne sert à rien en EPUB3, mieux vaut le garder pour la rétrocompatibilité avec l’EPUB2

L’épine dorsale : le « spine »

La partie suivante du fichier OPF est appelée le « spine ». C’est l’épine dorsale de votre livre. L’endroit où vous spécifiez quels sont les chapitres qui constituent votre ouvrage, et dans quel ordre ils doivent être lus. Inutile, dîtes-vous ? Pas tant que cela.

Car la subtilité vient du fait que vous pouvez avoir des fichiers qui constituent des annexes de votre livre et qui ne soient pas directement accessibles dans un ordre déterminé. Par exemple, une liste de définitions que votre lecteur pourrait aussi bien consulter au début de l’ouvrage qu’au milieu d’un chapitre. C’est ce qu’on appelle des fichiers « non linéaires » (ou non linear content en anglais). Vous ne savez pas dans quel ordre le disposer, mais vous voulez qu’il soit accessible. Vous devez donc le déclarer dans le spine, mais avec la mention « contenu non linéaire » (ou en code : linear= “no”). Ce fichier ne sera donc pas affiché comme un chapitre normal à la suite de son prédécesseur, mais appelé lorsque le lecteur fera une action (par exemple lorsqu’il cliquera sur la miniature d’un tableau).

     <spine toc="ncx">
<itemref idref="contents" linear="yes"></itemref>
<itemref idref="body" linear="yes"></itemref>
</spine>
Le spine créé par Scrivener

Le « guide », obsolète en EPUB3

Comme je vous l’ai déjà dit, le format EPUB3 est assez récent et n’est donc pas pris en charge par toutes les tablettes et toutes les liseuses existantes. Cependant il serait dommage de priver certains lecteurs de votre œuvre donc, même au prix d’un alourdissement de votre code, donc du poids de votre fichier, donc de sa réactivité, je pense que toutes les options permettant une rétrocompatibilité de votre livre vers l’EPUB2 sont intéressantes.

Le guide fait partie de ces options.

<guide>
<reference type="toc" title="Contenu" href="contents.xhtml"></reference>
</guide>
Le guide créé par Scrivener

Au final, la planche anatomique d’un fichier livre.opf

Voici ce que donne le fichier dans sa totalité :

<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
<package xmlns="http://www.idpf.org/2007/opf" version="3.0" unique-identifier="PrimaryID">
<metadata xmlns:dc="http://purl.org/dc/elements/1.1/" xmlns:opf="http://www.idpf.org/2007/opf">
<dc:title>Fée du Logis</dc:title>
<dc:identifier id="PrimaryID">urn:uuid:E9B7CBB8-1D23-40C5-8053-E84F87026351</dc:identifier>
<dc:language>en</dc:language>
<meta property="dcterms:modified">2018-03-20T20:00:18Z</meta>
<dc:creator id="author">Germain HUC</dc:creator>
<meta refines="#author" property="role">aut</meta>
<meta refines="#author" property="file-as">HUC, Germain</meta>
</metadata>
<manifest>

<!-- contenu -->
<item id="ncx" href="toc.ncx" media-type="application/x-dtbncx+xml" fallback="contents"></item>
<item id="contents" properties="nav" href="contents.xhtml" media-type="application/xhtml+xml"></item>
<item id="body" href="body.xhtml" media-type="application/xhtml+xml"></item>

<!-- styles -->
<item id="style" href="css/stylesheet.css" media-type="text/css"></item>

<!-- fontes -->

<!-- images -->

</manifest>
<spine toc="ncx">
<itemref idref="contents" linear="yes"></itemref>
<itemref idref="body" linear="yes"></itemref>
</spine>
<guide>
<reference type="toc" title="Contenu" href="contents.xhtml"></reference>
</guide>
</package>
le fichier livre.opf modifié par mes soins
Classe de fichierExtension du fichiermedia-typeproperties
Chapitre ou partie du livre.html
.xhtml
application/xhtml+xmlnav si contient la table des matières
svg si contient des images svg
scripted si contient du javascript ou une référence javascript
Fonte de caractères.otfapplication/x-font-otf
Fonte de caractères.ttfapplication/x-font-ttf
Fonte de caractères.wofapplication/font-woff
Image.jpgimage/jpeg
Image.pngimage/png
Audio.m4aaudio/mp4
Audio (ne fonctionne pas sur iPad).mp3audio/mpeg
Vidéo.m4vvideo/mp4
Vidéo (ne fonctionne pas sur iPad).webmvideo/webm
Script d'interactivité.jstext/javascript
Feuille de style.csstext/css

<item id="page_couverture" href="page_couverture.html" media-type="application/xhtml+xml" properties="svg nav scripted"></item>
Syntaxe des propriétés

Comment bien se tenir à la table… des matières

Un livre ne serait pas un livre sans son sommaire, ou sa table des matières. Et le livre électronique ne fait pas exception. Mais dans un EPUB3, cette table des matières est à plusieurs endroits à la fois.

Tout d’abord, comme nous l’avons vu, dans la partie spine du fichier .opf.

Puis, pour le format EPUB3, dans un fichier HTML particulier souvent appelé toc ou nav, et listé dans le manifeste avec la propriété nav.

Enfin, pour la rétrocompatibilité avec l’EPUB2, dans un fichier au format spécial dont l’extension est .ncx.

Nous allons nous intéresser à ces deux fichiers en particulier.

Le fichier nav

Scrivener crée un fichier qui se nomme en l’occurrence toc.xhtml mais sa caractéristique principale est de contenir essentiellement une liste (codée en HTML par les balises <ol> et <li> imbriquées) des chapitres et sous-chapitres de votre livre. Ce fichier sera le canevas sur lequel s’appuiera le logiciel de lecture pour construire des liens vers vos différents chapitres. Et vous pouvez même remarquer que la balise <a> présente à chaque ligne, renvoie au fichier correspond au chapitre indiqué.

Si l’on simplifie, ce fichier n’est rien d’autre qu’un menu permettant d’accéder à chaque fichier, donc à chaque chapitre, de votre livre.

Il doit cependant suivre une règle immuable : la présence en début de liste de la balise <nav>, suivie de la précision ou propriété epub:type correspondante.

<!DOCTYPE html>
<html xml:lang="en" lang="en" xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml" xmlns:epub="http://www.idpf.org/2007/ops">
<head>
<meta charset="utf-8"/>
<title>Contenu</title>
<link type="text/css" rel="stylesheet" href="css/stylesheet.css"/>
</head>
<body>

<p>Contenu</p>
<nav epub:type="toc" id="toc">
<ol>
<li><a href="body.xhtml">Chapitre I</a>
</ol>
</nav>

</body>
</html>
Le fichier contents.xhtml généré par Scrivener

Le fichier ncx

Scrivener a aussi généré un fichier appelé toc.ncx où se trouve la même fonctionnalité que le fichier nav, mais pour les logiciels ne lisant que le format EPUB2.

Le principe structurant le fichier est le même, mais au lieu de faire appel aux balises HTML classiques de liste ordonnée (<ol>) et de ligne (<li>), le fichier utilise une syntaxe originale.

Il y aura donc une balise <navMap> qui indiquera le début du plan de votre table des matières.

Une balise <navPoint> qui marquera chaque chapitre, avec une propriété playOrder pour montrer au logiciel de lecture l’ordre dans lequel les chapitres doivent s’enchaîner logiquement.

Une balise <navLabel> indiquant le texte à afficher comme titre du chapitre dans le plan.

Et enfin un lien sous la forme non pas du classique hyperlien HTML (balise <a>) mais d’une nouvelle balise <content> suivie de la propriété src qui permet de déclarer le chemin du fichier correspondant au chapitre ou sous-chapitre.

On comprend combien l’EPUB3 est plus simple…

<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
<ncx xmlns="http://www.daisy.org/z3986/2005/ncx/" version="2005-1">
<head>
<meta name="dtb:uid" content="urn:uuid:E9B7CBB8-1D23-40C5-8053-E84F87026351"></meta>
<meta name="dtb:depth" content="1"></meta>
<meta name="dtb:totalPageCount" content="0"></meta>
<meta name="dtb:maxPageNumber" content="0"></meta>
</head>
<docTitle>
<text>Fée du Logis</text>
</docTitle>
<navMap>
<navPoint id="navPoint-1" playOrder="1">
<navLabel>
<text>Contenu</text>
</navLabel>
<content src="contents.xhtml"></content>
</navPoint>
<navPoint id="navPoint-2" playOrder="2">
<navLabel>
<text>Chapitre I</text>
</navLabel>
<content src="body.xhtml"></content>
</navPoint>
</navMap>
</ncx>
Le fichier toc.ncx généré par Scrivener

L’âme de l’EPUB

C’est là le plus intéressant, puisque c’est ici que vous allez mettre en forme l’œuvre déjà écrite.

Cependant, en ouvrant le fichier avec Visual Studio Code, voici ce que vous allez trouver :

<!DOCTYPE html>
<html xml:lang="en" lang="en" xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml" xmlns:epub="http://www.idpf.org/2007/ops">
<head>
<meta charset="utf-8"/>
<link type="text/css" rel="stylesheet" href="css/stylesheet.css"/>
</head>
<body>

<p class="titre-de-chapitre-page-padding"><br /></p>
<p style="text-align: center; text-indent: 0em" id="doc1">Chapitre</p>
<p style="text-align: center; text-indent: 0em">I</p>

</body>
</html>
Le premier chapitre de Fée du Logis codé en HTML

Que veulent dire ces codes ?

Ce sont là encore des balises, mais dans un langage différent de celui du fichier livre.opf. Ces lignes sont les mêmes que si votre livre avait été écrit dans un site internet, dans le langage de programmation HTML.

Quant au fichier qui commande la mise en forme de votre texte, c’est le fichier stylesheet.css. En l’ouvrant, voici ce que vous allez lire :

/* Base text formatting */
p { margin: 0rem 0% 0rem 0rem; text-indent: 0rem; }

/* Styles */
blockquote { margin: 1rem 0rem 1rem 0rem; }
blockquote p { margin: 1rem 0% 1rem 4.49rem; text-indent: 1.42rem; line-height: 1.1em; }
.mise-en-évidence { font-weight: normal; font-style: italic; text-decoration: none; }

/* Separators */
.separator { }

/* Page padding */
.titre-de-livre-page-padding { margin: 0rem 0rem 0rem 0rem; font-size: 1rem; line-height: 3rem; }
.titre-de-chapitre-page-padding { margin: 0rem 0rem 0rem 0rem; font-size: 1rem; line-height: 3rem; }

/* Tables */
/* Reset all potential built-in rendering assumptions so we have full control. */
table, table * {
border: none;
padding: 0em 0em 0em 0em;
margin: 0em 0em 0em 0em;
}
table {
/* Will centre tables on iBooks and others, but annoying, not ADE-based devices, which ignore auto margins. */
margin: 1em auto 1em auto;
border-spacing: 0em;
border: solid #000;
border-width: 0pt 0pt 1pt 1pt;
}

table caption {
margin-top: 0.25em;
caption-side: bottom;
text-align: center;
}
...
Le fichier stylesheet.css créé par Scrivener

Déroutant, n’est-ce pas ?

C’est tout à fait normal. Vous avez devant les yeux la traduction informatique des styles que vous aviez patiemment ciselés dans votre traitement de texte. Il faut seulement vous habituer à cette traduction un peu barbare, afin de maîtriser plus rapidement cette façon de parler, et au bout du compte, corriger les quelques erreurs qui se seront glissées dans la mise en forme (puisque, vous vous souvenez ? mon texte n’avait pas la même apparence affiché par LibreOffice et par iBooks sur mon iPad).

Cet apprentissage déborde largement le cadre de cette série, puisqu’il s’agit d’apprendre deux langages informatiques (assez simples) complémentaires et imbriqués que sont le HTML5 et le CSS3.

Avant de poursuivre, il sera donc nécessaire pour vous d’aller traîner vos guêtres à cet endroit là, où vous pourrez très facilement et gratuitement (ce qui ne gâche rien) apprendre les rudiments qui vous manquent peut-être.

Lorsque cela sera fait, nous reprendrons le cours de cette série passionnante de dissection d’un livre au format EPUB3 pour aller encore plus loin, dans l’épisode intitulé : Dessine-moi un EPUB.

Faire le choix de l’autoédition en 2014

Faire le choix de l’autoédition en 2014

Faire le choix de l’autoédition en 2014

Lorsque l’on a en soi le démon de l’écriture, vient fatalement un moment où l’on se pose la question du devenir de ces milliers de lignes que l’on accumule au fil du temps, des idées qu’on a fait surgir de son imagination, des images que l’on a fait naître, des personnages et des intrigues que l’on a patiemment construits. Tout cela restera-t-il à tout jamais enfoui dans un tiroir ou caché dans un fichier texte perdu dans les entrailles de l’ordinateur ? Ou bien ambitionnera-t-on de devenir quelqu’un que faute de mieux ou pourrait appeler un écrivain ?

Si l’on a assez confiance en son écriture, il est probable que le deuxième chemin se fasse si insistant qu’on songe à l’emprunter un jour.

C’est à ce moment-là que tout se complique.

Au Commencement… l’hubris de l’écrivain

Avoir l’audace de penser que ce que l’on produit est non seulement lisible, mais plus encore, mérite d’être lu, impose alors d’accomplir un véritable parcours initiatique semé d’embûches. Parce qu’il ne suffit pas de se proclamer écrivain pour le devenir. Comme pour toutes les activités humaines, l’écriture s’apprend. Patiemment. Pas à pas.

D’abord il faut se laisser du temps.

Du temps pour se relire soi-même et tenter de juger autant que faire se peut son propre travail à l’aune de ce que l’on imaginait avant de commencer à écrire. Pour ma part, je laisse souvent un texte « reposer » des semaines ou des mois, afin de m’éclaircir peu à peu les idées, de me sortir l’histoire et les mots de la tête. Lorsqu’enfin je reviens dessus et que suffisamment de temps est passé, je le relis entièrement et je prends des notes dans la marge. J’essaie de découvrir l’histoire comme si je ne l’avais pas écrite. Est-ce qu’elle me plaît ? Est-ce qu’elle est bien contée ? Est-ce que j’ai envie d’aller plus loin ? Et je corrige.

Tous les auteurs, tous les artistes même, connaissent cette discipline de l’aller et retour entre leur œuvre et leur exigence.

Mais être publié c’est se confronter à l’autre. Subir son regard sur l’œuvre. Et donc un peu sur nous-mêmes, qui y avons tant investi de temps et de passion.

La solution la plus simple est donc de trouver des relecteurs, ceux que l’on appelle les bêta-testeurs dans le monde de l’informatique. Souvent choisis dans le cercle familial, ils sont alors plus ou moins partiaux. Mais c’est déjà un premier regard extérieur, même s’il est forcément plus indulgent que le lecteur lambda.

J’ai la chance d’avoir des parents dont la sensibilité artistique est très forte et une épouse dont l’univers imaginaire est extrêmement proche du mien tout en ayant un esprit critique et logique très fort. Ils forment mes premiers relecteurs.

Il faut cependant aller plus loin si l’on veut vraiment savoir ce que l’œuvre a dans le ventre et trouver un relecteur attentif non seulement aux fautes élémentaires (orthographe, grammaire), mais aussi à l’intrigue, aux personnages, à l’ambiance. Quelqu’un dont l’expertise de la narration saura guider l’auteur ou au moins lui apporter un regard neuf et critique, subjectif mais étayé, argumenté.

Ça peut être le rôle des ateliers d’écriture, des appels à texte, mais aussi des autres artistes, d’un « agent littéraire » (quoique ce terme ne m’a jamais vraiment paru clair…) ou bien… d’un éditeur. Ce dernier prendra également en charge, une fois que le manuscrit semblera arrivé à maturité, la fabrication matérielle du livre, comme le producteur le fait pour un album de musique.

L’ère de l’édition « classique »

Dans les Temps Préhistoriques d’avant l’internet, publier un livre était une entreprise extrêmement coûteuse en matériel et en savoir-faire. Il fallait du papier, matière première chère et difficile à produire, des petits caractères de plomb, de l’encre, de la main d’œuvre qualifiée, obtenir l’imprimatur de la censure…

Le rôle des éditeurs, qui étaient parfois eux-mêmes des imprimeurs, était immense. Les risques qu’ils assumaient l’étaient tout autant. Véritables armateurs de l’aventure littéraire, leur investissement était comparable à ceux qui envoyaient des navires à l’autre bout du monde connu.

Puis les technologies ont évolué, et le rôle de l’éditeur est devenu celui de conseiller artistique tout autant que celui de producteur (au sens de bailleur financier) comme je l’évoquais plus haut.

Suivant la ligne éditoriale qu’il voulait imprimer à sa maison, à sa « marque », et suivant ce qu’il pensait du potentiel d’un écrivain, l’éditeur entrait dans le cycle de naissance de l’œuvre en faisant une critique plus ou moins fouillée, mais toujours sans concessions.

Du moins c’est ce que l’on attendait de lui.

Puis il prenait en charge la fabrication du livre, sa matérialisation en un ouvrage de papier relié, sa distribution jusque dans les plus petites librairies des plus petits villages de France, sa « promotion », sa commercialisation.

Il avait un rôle essentiel dans la naissance du livre fini. C’était lui qui le publiait, pas l’auteur, qui d’ailleurs lui cédait les droits sur son œuvre. Les droits commerciaux. En échange du support financier par l’éditeur du coût écrasant de la production physique d’un livre, de son stockage, de sa distribution, de sa publicité et de la gestion afférente, l’auteur n’était plus maître du destin de son œuvre une fois publiée. Sans compter que le contrat qui liait les deux parties était souvent assez avantageux pour l’éditeur en termes financiers. Il fallait bien compenser les risques pris.

Encore une fois les parallèles avec l’armateur de navires ou le producteur de musique ou de film me semblent les plus parlant.

L’éditeur, Faiseur de Rois

Comme je le disais plus haut, l’éditeur peut être un maillon essentiel de la maturation d’un livre, de sa « croissance » si on le compare à la gestation d’un être vivant. Il peut guider l’auteur, lui suggérer des pistes auxquelles il n’avait pas pensé, ou lui indiquer celles qui ne mènent pas forcément là où il le pensait…

C’est en ce sens que le travail d’un éditeur sert vraiment au livre qu’il produit.

Cependant ce rôle peut très bien être tenu par quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui est impliqué dans la relecture, qui en a les compétences de par son habitude, son métier parfois. Les scénaristes américains nomment cet être étrange un « script-doctor ». C’est souvent un scénariste lui-même qui fait une relecture en profondeur, et parfois aide à remanier drastiquement certains scripts.

Ce système n’est pas encore une habitude sur le Vieux Continent, que ce soit au cinéma ou en littérature.

Publier un livre et être reconnu pour cela c’est encore en France suivre le parcours traditionnel remontant en gros au XIXe siècle.

Ceux qui voudraient de nos jours comme à cette époque s’affranchir de ce système n’ont pas vraiment le choix : soit ils renoncent à publier, soit ils publient « à compte d’auteur », c’est-à-dire qu’ils prennent en charge financièrement les coûts exorbitants de fabrication, sans pour autant avoir plus d’avantages qu’un auteur publié « à compte d’éditeur ».

De tels auteurs sont toujours regardés avec méfiance et condescendance. Ils sont considérés comme des auteurs ratés (vous comprenez, personne n’a voulu les publier…) ou comme des mégalomanes persuadés d’un talent imaginaire, à qui seule la force de l’argent permet de flatter un ego démesuré. Mais personne ne croit vraiment qu’on puisse vouloir trouver un autre système…

L’éditeur devient donc non seulement un passage obligé, mais également un Faiseur de Rois, puisque les prix littéraires, des plus modestes aux plus prestigieux, sont décernés à des auteurs publiés par le cénacle.

Mais est-ce que ce parcours est encore vrai en 2014 ?

L’ère de l’édition numérique

Fabriquer un livre aujourd’hui n’a plus vraiment grand-chose à voir avec la même activité au XVIe siècle, ni même au XIXe.

Pensez : l’écriture elle-même se fait sur un ordinateur qui ne consomme que de l’électricité, pas de papier et pas d’encre, on peut corriger à l’infini sans raturer. La mise en page se fait encore sur ordinateur, avec un risque moindre de fautes et de coquilles, pour peu qu’on utilise un bon correcteur informatique. L’impression elle-même est gérée par des ordinateurs préréglés, qui commandent des rotatives parfaitement calibrées. Le papier ne sert donc qu’une seule fois, et nos sociétés savent le fabriquer et même le recycler de façon acceptable. L’encre n’est pas plus un problème.

Et jusqu’à récemment il restait juste le frein de l’accès à ces savoir-faire. Jusqu’à récemment.

Il y a quelques années déjà que sont apparues des sociétés, d’abord américaines, puis européennes, permettant ce que l’on appelle l’impression à la demande. Le principe est assez simple. Le coût d’une impression est devenu tellement bas qu’il est devenu rentable d’imprimer exemplaire par exemplaire, et ce quel que soit le nombre de pages. Un livre imprimé à la demande ne coûtera pas beaucoup plus cher qu’un livre tiré à dix mille exemplaires (même s’il existe bien sûr une différence).

Dans le monde du jeu de rôle, une niche un peu particulière de l’édition, cela commence à faire quelques années que lulu.com et d’autres sont utilisés par les éditeurs comme par les auteurs eux-mêmes.

Ce premier verrou libéré, il ne restait plus que celui de la distribution.

Là encore l’internet a bouleversé les choses.

Les plateformes en ligne comme Amazon n’ont été que les précurseurs. De nombreuses librairies indépendantes commencent à s’y mettre. Soumettre la commande d’un livre peut donc être très simple. Même dans un petit village loin des centres de distribution, votre libraire peut vous commander votre ouvrage, voire déclencher l’impression à la demande. Le lecteur peut même le faire seul, depuis son propre accès internet.

Les circuits de distribution physique, qui sont toujours indispensables, peuvent alors se mettre en marche.

Mieux encore, le livre devient maintenant numérique, et sa fabrication ne réclame donc aucune ressource physique. Plus besoin d’impression. Plus de coût de fabrication.

Plus besoin de quelqu’un pour supporter le coût financier de la fabrication d’un livre.

Plus besoin d’éditeur…

En fait, dans ce modèle émergent il reste tout de même un acteur absolument indispensable : les plateformes internet de téléchargement ou de commande. Amazon, l’iBookstore, Kobo, Barnes & Noble en sont les meilleurs exemples car ils préfigurent ce que tout cela peut devenir. D’autres librairies en ligne existent bien sûr, dont certaines hexagonales, mais elles n’ont pas encore la taille critique pour accéder au nouveau pouvoir : la visibilité.

Comme dans l’édition traditionnelle, un livre n’est lu que s’il est connu, s’il rencontre son public.

Comme dans une librairie, il faut fureter sur les plateformes pour dénicher la perle rare, le bouquin qui vous fera rêver ou rire ou pleurer ou réfléchir, ou les quatre à la fois. Mais hélas, contrairement à un véritable libraire, la plateforme ne vous conseille pas vraiment… Il faut donc être malin lorsque l’on veut se faire connaître, tout autant qu’avoir une bonne écriture.

Pour la promotion non plus, il n’y a plus besoin d’éditeur, puisque les canaux de communication ne sont plus centralisés : Twitter, Facebook, Goodreads surtout, peuvent très bien faire connaître votre ouvrage. Et nul besoin d’être éditeur pour y avoir accès et très bien savoir en jouer.

La Liberté guidant l’auteur ?

Fort de ces réflexions, peut-on avoir une vraie démarche littéraire et publier en autoédition en 2014 ?

Ma réponse est trois fois oui.

Oui, parce que si les premières étapes de l’écriture ne nécessitent personne d’autre que soi, les étapes suivantes de relecture et de correction peuvent désormais entrer dans l’ère de l’écriture collaborative, à travers un site internet par exemple, mais aussi au gré de collaborations entre auteurs, comme j’ai la chance d’en vivre, notamment avec Mlle N. malgré et sans doute grâce à la différence de nos univers. L’exigence de qualité restera la même. En tous les cas je ne la ressens pas moins grande que lorsque Manuscrit.com a accepté de publier Poker d’Étoiles.

Oui, parce qu’à condition de s’intéresser un peu à des choses très simples comme la mise en page basique, ou plus complexe comme certains langages informatiques (HTML, CSS et JavaScript essentiellement), il est extrêmement facile de concevoir une maquette papier, un simple PDF ou un ebook, puis de les matérialiser (ou dématérialiser dans le dernier cas).

Oui, enfin, parce que diffuser et vendre son livre, même si cela demande du travail, beaucoup de travail, est parfaitement possible. D’autres l’ont fait. Je pense à Jean-Claude Dunyach, mais aussi à Agnès Martin-Lugand.

Reste à discuter de la motivation profonde de tout cela.

Pourquoi s’ennuyer (pour rester poli) à accomplir tout ce travail de mise en forme, de technicité, de promotion, quand on n’a déjà pas assez de temps à son goût pour écrire et qu’on peut laisser un éditeur s’en charger ?

Chacun aura sa réponse, mais la mienne tient en un mot : liberté.

En signant pour Poker d’Étoiles, j’ai cédé les droits de mon œuvre à l’éditeur. Je ne suis plus maître de la façon dont mes écrits sont diffusés. Poker d’Étoiles n’est disponible qu’en papier et en PDF, pas en véritable ebook. Pas sur la boutique Kindle d’Amazon ni l’iBookstore d’Apple. La couverture du livre papier est sobre, mais je ne l’aurais pas imaginée comme cela. Et je n’ai aucun pouvoir là-dessus. Je ne suis plus maître d’une adaptation cinématographique, ayant aussi signé un contrat sur ce point-là. Non qu’Hollywood m’ait fait une offre, bien sûr (encore que j’avais élaboré un casting imaginaire sympathique que je vous livrerai peut-être un jour…), ou qu’on m’ait forcé la main pour signer…

Mais je ne suis plus maître du jeu.

Et je me suis rendu compte au fil des années que si j’avais tant aimé la réalisation au cinéma, si j’ai eu autant envie de m’essayer à la mise en scène et à la production technique d’un film, c’était aussi parce que j’attache énormément d’importance à la forme que va prendre une œuvre. Les mots d’un livre sont son essence, son âme, mais la façon dont l’ouvrage est présenté devient son enveloppe corporelle, son sang, ses os, sa chair.

J’ai envie d’avoir mon mot à dire aussi sur tout cela dans mes écrits.

C’est pour cela bientôt, cette année je l’espère, certains de mes projets vont naître sous mon entière responsabilité, constitués d’imaginaire pur, mais habillés d’écaille & de plume