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Deux œuvres sur un thème : Clone toujours

Deux œuvres sur un thème : Clone toujours

Deux œuvres sur un thème : Clone toujours

Cela faisait (trop ?) longtemps que je n’avais pas écrit un article pour comparer deux visions d’une même problématique à travers des œuvres de fiction. Après la poursuite du bonheur, l’effondrement de la civilisation, le difficile métier d’être père, les limites de la longévité humaine, voici donc le thème du clonage humain.

Comme les précédents, c’est un thème qui n’est pas vraiment nouveau dans l’imaginaire. Pourtant, lui aussi est le symptôme qu’une angoisse sourde travaille notre civilisation. Une angoisse qui prend racine dans le questionnement de notre Humanité. J’en veux pour preuve le fait d’en trouver récemment sur des plateformes de streaming différentes deux nouvelles interprétations. D’un côté, sur Netflix, la drôle de minisérie Living with yourself, avec Paul Rudd (qui incarne Ant Man dans les films du MCU), et de l’autre, sur AppleTV+, le film Swan Song, avec Mahershalah Ali, qui a déjà brillé dans la saison 3 de True Detective, où il avait montré une sensibilité émouvante sur un registre proche de personnage fragilisé et un double rôle du même homme jeune puis âgé, âgé puis jeune, avec et sans souvenirs.

Ces deux œuvres partent du même principe : dans un futur très proche, le clonage humain est possible, et il est utilisé de façon semi-clandestine par une société commerciale dans le but de remplacer, à sa propre demande, le client qui paie le service. Et si nous avions déjà vu des histoires de clonage comme The Island en 2005 avec Ewan McGregor, en ce début des années 2020, les scénaristes s’intéressent aussi et surtout non pas aux états d’âme du pauvre clone, mais à ce qu’il se passe dans la relation entre l’original et sa copie. La réflexion se concentre d’ailleurs bien plus sur l’après que sur le clonage lui-même.

Mais voici deux petits synopsis qui parlent mieux d’eux-mêmes.

Living With Yourself

Au bout du rouleau, tant dans sa vie personnelle que dans sa vie professionnelle de publicitaire, Miles (Paul Rudd) subit un traitement étrange dans un spa improbable tenu par deux Coréens excentriques, lui promettant de le transformer en «la meilleure version de lui-même». Au réveil, pourtant, il s’extrait d’une tombe fraîchement creusée, et se rend compte qu’il a en fait été remplacé par un clone de lui-même, débarrassé de ses imperfections génétiques. La rencontre entre les deux Miles n’est que le début d’une série de péripéties qui vont entraîner des échanges, des quiproquos, des remises en question, des doutes, des conflits, et une conclusion assez surprenante.

Au travers d’épisodes menés tambour battant, on passe par des situations cocasses, étranges, gênantes, sur un ton décalé, souvent potache.

Swan Song

Cameron Turner (Mahershalah Ali) est malade. Il est en phase terminale. Alors qu’il s’engage dans un traitement expérimental qui vise à épargner à sa famille le chagrin de le perdre, il s’interroge sur le choix radical qu’il est en train de faire. En effet, un clone parfait de lui-même doit prendre sa place pendant qu’il s’effacera, pour mourir seul. Pourtant, chacune des deux facettes de lui-même veut vivre, chacune déborde d’amour pour sa femme et pour son fils, chacune souffre. Ira-t-il au bout de ce projet ?

Le film prend son temps, est volontiers contemplatif, avec une photographie, des décors et des paysages magnifiques et très travaillés. Il prend le temps de dévoiler, d’installer, de faire ressentir.

La meilleure version de nous-mêmes

Sur la forme, les deux œuvres sont aux antipodes.

La série adopte un ton humoristique et caustique, volontiers provocateur et iconoclaste, alors que le film est plus conventionnel, plus sérieux, se range du côté des émotions et de l’empathie profonde.

Pourtant, elles sont toutes les deux imprégnées de la même interrogation : qu’est-ce que la meilleure version de nous-mêmes ? Une version plus assumée et sans tous les blocages de notre histoire émotionnelle dans le cas de Miles. Une version sans la maladie dans le cas de Cameron. Le débat n’est pas tranché, il est sans cesse hésitant. Car finalement, cette «meilleure» version de nous-mêmes est vide d’expériences réelles (il est d’ailleurs assez intéressant de constater que le «nouveau Miles» est assez maladroit de son corps, mais nous y reviendrons plus loin) dans un cas, et une copie simple de l’autre, ce qui tendrait à dire que nous sommes déjà la meilleure version de nous-mêmes.

La série va plus loin sur ce plan, en imaginant un Nouveau Miles plus enthousiaste, plus émerveillé par tout ce qui l’entoure. Il a, au début de la série (dans les deux ou trois premiers épisodes surtout), un comportement enfantin, dans cet émerveillement constant. C’est d’ailleurs ce qui peut être assez sympathique chez lui. Il retrouve une capacité que les adultes perdent la plupart du temps : celle de considérer chaque jour comme une nouvelle découverte.

Dans le même temps, il est débarrassé des doutes, de la dépression, des angoisses qui rongent l’Ancien Miles, ce qui lui permet de déployer un potentiel que l’original ne sait même plus posséder. Il retrouve une jeunesse et un élan qui lui ouvrent toutes les portes, que ce soi professionnellement ou personnellement.

Mais cette version-là est-elle vraiment meilleure ?

Et d’ailleurs, que veut dire «meilleure version» ? Cela me renvoie à ce travers de notre société : l’optimisation de soi, la mesure de tout et de tous, la quête de la performance à tout prix, qui revient à considérer l’être humain comme un objet mesurable, quantifiable, et finalement interchangeable. Une vision utilitariste et anti-humaniste, à mon sens, de ce qui est un être humain.

Sans l’expérience de toute une vie, le Nouveau Miles est bien naïf. Il ne sait pas déjouer les pièges des relations humaines.

Et «Jack», la copie de Cameron, n’a pas beaucoup de différences avec l’original. Même les souvenirs sont identiques. Alors bien évidemment l’original se demande ce qu’il y a vraiment à gagner à laisser sa place…

Suis-je toi, ou es-tu moi ?

C’est l’interrogation fondamentale.

Si les interprétations télévisuelles ou cinématographiques du thème du clonage se sont souvent intéressées aux états d’âme de la copie, elles l’ont rarement fait en présentant en miroir ceux de l’original. Notamment la peur d’être remplacé. Dans Living With Yourself comme dans Swan Song, le grand intérêt réside dans la relation qui s’instaure entre l’original et la copie. Une relation qui symbolise peut-être la relation que nous avons avec les multiples facettes de notre personnalité, mais qui cristallise surtout la question de nos choix, de notre liberté à les faire et de notre capacité à les assumer.

Si les deux Miles en arrivent à s’entraider, bien souvent ils sont obligés d’assumer les conséquences des décisions de l’autre, et ce n’est facile ni pour l’Ancien ni pour le Nouveau. Quant à Jack, il doit supporter les choix de Cameron jusque dans l’incertitude de son sort. Il est en effet pleinement conscient que Cameron peut décider à tout moment de «mettre fin à l’expérience» c’est-à-dire bien évidemment si on le dit plus prosaïquement, de le tuer. Il n’est pas forcément d’accord non plus avec la façon dont Cameron a géré sa maladie jusque là.

Quant à l’original, son plus gros problème est de se voir remplacé, surclassé.

Le miroir que se tendent les deux versions pose la question du deuil de soi-même.

Si une partie de moi meurt, mais qu’une autre survit, est-ce encore moi ? Finalement, qui suis-je ?

Être vivant, est-ce avoir les mêmes gênes et les mêmes souvenirs ? Ou bien est-ce les avoir vécus et les ressentir imprimés dans sa propre chair ?

Le corps se souvient de l’été dernier

La série répond à cette question d’une manière inattendue et qui m’a beaucoup plue.

Le Nouveau Miles a beau être plus enthousiaste, plus romantique, plus vigoureux, il se trouve qu’il est… puceau. Et finalement cela ne convient pas vraiment à la femme de Miles.

Tout un courant des neurosciences considère que la conscience de soi nait d’abord des informations ressenties et transmises par le corps physique, pour imprimer une trace dans la matrice cérébrale. C’est une thèse défendue notamment par Antonio Damasio dans son dernier ouvrage en date, Sentir et savoir.

Il semblerait donc que la conscience que nous avons de nous-mêmes soit dépendante non pas seulement du souvenir de nos expériences, mais de l’empreinte physique qu’elles ont laissée en nous.

Le corps porterait une mémoire propre, une mémoire qui serait engrammée, imprimée, dans notre chair elle-même, dans les réseaux de neurones qui se sont formés même en dehors du cerveau. Notre corps tout entier est un réseau de nerfs, de neurones, qui sont disséminés sur la peau, dans nos viscères (la deuxième plus grande concentration de neurones dans notre corps se trouve dans l’intestin), puis dans notre moelle épinière, et enfin dans notre cerveau. On sait par exemple que les douleurs chroniques ressenties par les neurones sensitifs modifient durablement l’organisation spatiale des relais qui mènent les sensations jusqu’au cerveau. En clair, la chaîne de neurones qui relaient l’information change, physiquement, car elle se déplace dans la moelle épinière. Elle change même génétiquement.

C’est aussi la base de ce que l’on appelle l’épigénétique : des changements de l’expression de nos gènes (alors que les gènes, eux, restent identiques) induits durablement (et même transmissibles à notre descendance) par les expériences de vies.

Living with Yourself s’empare donc de ce concept, consciemment ou non, et montre que la «meilleure version» de Miles, n’est peut-être pas celle que l’on croit.

En même temps, si notre corps tout entier est notre mémoire, partir d’une feuille blanche est peut-être une deuxième chance de vivre notre vie comme nous l’entendons. Mais qui la vivra vraiment ? Nous ? Ou un autre ? Ou une version de nous qui n’est pas nous ?

L’un de nous deux est de trop dans cette vie

Le film comme la série présentent un dilemme. Un choix impossible entre deux faces de nous-mêmes. La question est simple : qui «mérite» de vivre ? Plus important : sommes-nous capables de mettre un terme à l’existence de cette partie de nous-mêmes qui n’est pas jugée «digne» ?

Les deux œuvres mettent en scène à un moment ou à un autre de leur trame la tentation pour l’original de supprimer la copie, et de la copie de supprimer l’original, même si dans Swan Song il est clair que Cameron est condamné de toute façon. C’est poser la question du suicide, de manière souterraine et assez élégante.

La mise en abîme est vertigineuse quand on pense vraiment à toutes les implications du premier degré. Le sacrifice de soi pour un autre, ou pour les autres, comme nous le verrons ensuite. Le renoncement. Le pouvoir de vie et de mort.

Au second degré, si l’on s’intéresse seulement à la signification symbolique, je ne sais pas si nous sommes tous capables de choisir aussi consciemment quelle facette de nous doit vivre et laquelle nous devons tuer, quelles qualités et quels défauts sont désirables ou acceptables. Et si nous possédons vraiment un pouvoir de vie et de mort sur elles.

Je trouve d’ailleurs que sur ce plan-là, la série donne une réponse intéressante même si déroutante dans sa dernière scène, voire sa dernière image. Une réponse que j’ai mis du temps à comprendre.

Attention, si vous n’avez pas vu l’intégralité de la série et si vous désirez garder un peu de suspense, n’allez pas lire ce qui suit…

Attention, divulgâchage de très haut niveau.

Cette dernière image, où Kate, la femme de Miles, prend dans ses bras les deux Miles sans faire de choix entre les deux, est en fait un choix en soi, un choix intelligent, suis-je tenté de dire, si l’on considère la série comme une allégorie de nos combats intérieurs.

Kate intègre les deux Miles comme une seule et même personne. Elle accepte les contradictions, les paradoxes et les conflits. Elle comprend que Miles est une personne complexe, et elle en accepte toutes les implications, physiquement, littéralement. Elle comprend qu’on ne peut pas rejeter une partie de soi sans rejeter la totalité. Et les deux Miles le comprennent aussi grâce à elle, qui s’acceptent et se complètent.

Ceux qui restent

L’originalité des deux œuvres tient aussi à cet aspect souvent laissé de côté lorsqu’on parle de clones : qu’en est-il de l’entourage ?

On peut penser que même les plus proches, même ceux qui nous connaissent le mieux, vont se laisser abuser par la perfection de la copie. C’est le cas de Poppy, la femme de Cameron, et de Cory, leur fils. Mais pas de leur chien, ce qui est révélateur de cette théorie du corps qui se souvient. C’est alors l’occasion pour Cameron d’expérimenter la jalousie de voir Jack si bien s’intégrer, voire la suspicion d’avoir affaire à son double maléfique, quand il imagine que Jack a pu violenter les deux êtres qu’il chérit le plus au monde. Mais aussi de se sentir trahi. Est-il possible que sa propre compagne ne puisse faire la différence entre une copie née d’un tube à essai et lui-même, son époux de chair, d’os et d’âme ? Il ne résoudra cela qu’en acceptant que Jack est autant lui que lui-même.

On peut aussi songer que ceux qui nous connaissent vraiment, intimement, sauront que la copie n’est pas nous. Logiquement, puisque la mémoire est dans le corps, Kate comprend que le Nouveau Miles est différent, et elle découvre le pot aux roses très rapidement dans la série, de façon assez délicieuse pour le spectateur. Et Miles expérimente les mêmes doutes que Cameron, dans une situation pourtant complètement opposée. Même si elle sait que le Nouveau Miles n’est qu’une copie, Kate va l’intégrer dans sa vie. Jalousie et sentiment d’être trahi par sa propre épouse sont donc au menu là aussi, comme si, quelle que soit la configuration, ces deux émotions étaient inévitables.

Plus intéressante là encore, est la réflexion de Kate. Le choix de la rendre consciente de la différence et de l’existence des deux Miles permet de détailler sa réaction, et c’est, je crois, assez nouveau dans le traitement du thème du clonage.

Car une fois dépassés les dilemmes intérieurs liés à la personne clonée et à son double, il est temps de se rappeler qu’un être humain est avant tout un être social et d’enquêter sur ce que cela voudrait dire, collectivement, que de côtoyer des clones.

Accepterions-nous que notre époux, notre fille, nos parents soient clonés ? De vivre avec ces doubles ? Seraient-ils considérés comme des doubles ? Seraient-ils des versions «meilleures» d’eux-mêmes ? Et si oui dans quelle acception du terme ? Et si nous devions faire un choix entre l’Ancien et le Nouveau, lequel ferions-nous ?

Un mythe de l’Immortalité moderne, ou un mythe moderne de l’Immortalité ?

En conclusion, les dernières images de Swan Song comme son propos assument le véritable problème de tout cela.

Notre finitude. Notre mortalité. Notre rêve ancestral d’y échapper.

Il l’assume car la raison pour laquelle Cameron s’engage dans la procédure de «remplacement» est explicite : Poppy est incapable de gérer, d’accepter, de perdre son mari. Il y a bien entendu des explications à cela : un deuil impossible déjà traversé lorsque son frère jumeau est mort, la croyance qu’elle ne pourrait supporter de perdre un être si cher à son cœur à nouveau. Mais cela m’a dérangé, au plus profond de moi.

La mort et le deuil font partie des plus grandes épreuves de la vie humaine, et sont une source de grande souffrance.

Mais la mort et le deuil font partie de la vie.

Vivre, c’est aussi mourir.

Accepter de vivre, c’est accepter la mort. La nôtre comme celle de celles et ceux qui nous sont proches.

«Le contrat est clair au départ», serais-je tenté d’écrire. La vie n’existe que parce qu’existe la mort en contrepoint.

Swan Song met en scène une société post-moderne où cette vérité fondamentale est rejetée, refusée. Par peur de la souffrance qu’il imagine ou connait, Cameron accepte de se sacrifier, mais en cela, il cautionne aussi une vision où l’être humain est devenu tout-puissant, en conquérant une forme d’Immortalité.

Pire : il préfère épargner à sa femme une souffrance qui viendra cependant un jour, car tous les êtres vivants meurent. Comment fera-t-il si Cory, leur fils, a un accident de voiture ?

En voulant la protéger, il l’empêche de faire face.

Et ce qui est présenté comme un acte d’amour m’apparaît à la réflexion comme un choix égoïste et cruel.

Était-ce le but du film, que de nous interroger sur la signification de ce choix ? Je ne le sais pas.

Mais pour moi, ce film en particulier est bien le signe que nous devrions réfléchir à ce que nous sommes, et à la signification profonde de nos actes et de nos techniques.

Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Deux séries sur un thème : Take a walk on the light side (of Humanity)

Deux séries sur un thème : Take a walk on the light side (of Humanity)

Deux séries sur un thème : Take a walk on the light side (of Humanity)

Notre époque est troublée. Pessimiste. Peut-être pas plus que les autres époques en réalité. Il suffit de se projeter quelques décennies ou quelques siècles en arrière pour faire quelques comparaisons simples. Dans les années 90, le terrorisme islamique existait déjà (attentats dans le métro de Paris), dans les années 70 et 80, le terrorisme d’extrême gauche touchait la France, l’Italie, l’Allemagne, dans les années 50 et 60, l’OAS, l’IRA, l’ETA, l’OLP, faisaient sauter des bombes et assassinaient déjà. La Guerre froide, les Deux Guerres mondiales. Je pourrais remonter encore dans le temps, et nous trouverions encore d’autres violences.

Notre époque est troublée. Pessimiste. Surtout dans la représentation qu’elle se fait du monde. Surtout dans les séries, les films, les livres qui en sont l’expression.

On considère de nos jours que les « bons sentiments » sont trop naïfs, que le monde n’est pas « le monde des Bisounours », que tout est noir, ou au moins gris foncé. Et le succès de certaines œuvres en témoigne : Game of Thrones et ses complots, ses trahisons, sa violence et sa cruauté, la pléthore de films et séries de zombies ou post-apocalyptiques qui nous brossent le portrait d’une Humanité déchirée, perdue, au bord de l’extinction.

Notre vision du monde est-elle seulement celle-ci ?

Deux séries tentent de nous faire changer légèrement de paradigme. Et à mon avis, elles sont un contrepoint bienvenu à l’ambiance générale.

Sense8, ou l’amour qui vient de la compréhension

Si les Wachowski ont à leur actif la trilogie Matrix, ils ont aussi commis des choses beaucoup moins bonnes (Jupiter Ascending, par exemple), et depuis la saga de Neo, Trinity et Morpheus, c’est surtout Sense8 que je retiendrai. À des éons de Matrix, leur série fantastique bénéficie d’une véritable vision.

Dans des pays différents, sur les cinq continents, huit jeunes gens qui sont nés le même jour à la même heure, au même moment, se trouvent liés par un pouvoir extraordinaire : ils sont capables de partager leurs pensées, leurs émotions, leurs sentiments les uns avec les autres, comme une intelligence collective, tout en gardant chacun leur personnalité. Ils découvrent également qu’ils peuvent agir les uns pour les autres, à des milliers de kilomètres de distance. Ainsi, l’une, championne de boxe thaïe, peut guider les gestes d’un autre, simple chauffeur de bus en Afrique lorsque ce dernier se retrouve confronté à des malfrats qui veulent le tuer.

Mais ces pouvoirs sont jalousés par une mystérieuse organisation qui cherche à les retrouver tous et à les éliminer, en remontant le fil de leurs pensées grâce à un traître qui a déjà détruit plusieurs « cercles » précédents.

La première saison est déjà pour moi une très grande réussite, dont l’épisode spécial de Noël 2016 est le pont vers la deuxième, qui a mis du temps avant d’être mise en chantier, pour bientôt voir le jour. Des acteurs ont été remplacés (celui qui joue Capheus, le chauffeur de bus africain, par exemple), mais on espère que le casting retrouve cette homogénéité qui avait si bien fonctionné jusque là.

L’intrigue de l’organisation qui veut retrouver les héros n’est pas véritablement le cœur de la série. Au demeurant parfois un peu faible, cette intrigue n’est pas très originale dans son traitement non plus. Le chasseur, lui-même « hypersensitif », essaie plus ou moins de corrompre celui qui tombe entre ses mains, de lui soutirer des renseignements, de le tromper, pour le localiser et localiser les autres, entrer dans le cercle des pensées. C’est classique, et fait sans grande imagination.

Mais l’essentiel est vraiment ailleurs.

L’essentiel c’est l’exploration par les Wachowski de tous les aspects et de toutes les conséquences de cette communion d’esprit, de cœur et de corps qui lie des personnes aussi différentes qu’un malfrat allemand, une Indienne de la classe moyenne, un acteur star de télénovella mexicaine, un policier américain, une hacker activiste LGBT de San Francisco, ou encore une DJ islandaise accroc à différentes drogues.

Ces différentes personnes, hommes, femmes, transgenres, partagent leurs pensées les plus intimes, leurs désirs, leurs peurs, mais aussi et surtout leurs forces et leurs faiblesses. Ce faisant, ils parviennent à s’entre-aider, mais surtout à se comprendre parfaitement, dans une sorte de communion presque mystique.

Les scènes où les interrogations de l’un font échos aux conseils ou aux représentations personnelles de l’autre, où les doutes sont partagés, où les fardeaux sont endossés par plusieurs, où des vies sont sauvées par la coopération, des problèmes résolus par la collaboration, le tout sans aucune arrière-pensée sont le cœur de la série.

Les Wachowski réalisent là une fresque qui résonne comme un hymne à la fois à la différence entre toutes les cultures, toutes les opinions et toutes les identités de l’Humanité et à tout ce qui rassemble les êtres humains entre eux, à ce qui fait qu’ils peuvent se respecter, se comprendre, s’accorder, collaborer, et au final s’aimer malgré ou plutôt grâce à ces différences. Un hymne à la tolérance et à la conscience que notre espèce est riche de ses dissemblances, de sa diversité. Chacun des protagonistes du cercle a quelque chose à apprendre et à apporter. Même les faiblesses de chacun peuvent profiter aux autres.

Tout en utilisant le concept d’esprit de ruche, les Wachowski l’humanisent, car chaque personnage garde sa personnalité et aucun d’eux ne se fond dans le cercle formé par les autres. Comme si le cercle devenait plus fort que la simple somme de ses parties. C’est là une notion assez novatrice, car souvent la SF ou la Fantasy abordent la communion de pensée et l’intelligence communautaire sous le spectre de la soumission, de la dilution, de la disparition de l’individualité. Or c’est tout le contraire qui se concrétise dans Sense8.

Je ne peux pas m’empêcher d’y voir une allusion ou une illustration plutôt, des principes collaboratifs qui se développent dans nos sociétés, depuis le monde du logiciel libre jusqu’aux fab labs. Cette idée que la puissance de la collaboration des êtres humains entre eux peut transcender les barrières que l’on aurait pensées comme absolues est parfaitement imagée par la distance qui sépare physiquement les protagonistes, alors même qu’ils peuvent vivre le même instant. Il est d’ailleurs assez étonnant qu’aucune de ces scènes (souvent des scènes de combat) ne nous ait pas encore vraiment montré que les protagonistes sont capables de vivre plusieurs choses à la fois. Car, et c’est assez intéressant, les personnages sont souvent occupés à leurs propres affaires lorsque l’un de leurs « frères & sœurs » a besoin d’eux. Ils « basculent » alors vers la conscience de l’autre, tout en continuant à agir pour eux-mêmes. Si j’ose, ils sont « multitâches », une qualité que notre cerveau a hélas le plus grand mal à acquérir.

Les nombreuses scènes de partage de conscience pendant les actes charnels sont sans doute intéressantes de ce point de vue, même si à mon goût elles sont trop appuyées, car trop nombreuses. Elles construisent des tableaux très esthétiques visuellement et très forts émotionnellement, mais se reproduisent trop souvent pour ne pas apparaître comme des orgies. C’est là une des faiblesses de la première saison.

This is Us, ou la famille comme allégorie de l’Humanité

Il y avait les bonnes vieilles comédies familiales à l’ancienne, celles qui d’Arnold & Willy à Madame est servie, de Huit à la maison à La vie à cinq, nous montraient sous le prisme de la famille les problèmes que notre société engendre et ceux qu’elle a du mal à régler. Il y avait même eu Mariés, deux enfants, cette série caustique qui mettait en scène une parodie de tous ces soaps en prenant le contrepied avec des personnages stupides, radins, libidineux, cruels et irresponsables les uns envers les autres.

Dans toutes ces séries, c’est bien moins la famille elle-même qui est au centre de l’intrigue, qu’une succession de thèmes plus ou moins drôles, plus ou moins graves, plus ou moins moraux. Chaque personnage y était l’occasion de développer des valeurs représentant l’idée de famille à l’américaine.

Et il y a This is Us, dont le pitch de départ est volontairement flou, car le premier épisode est un bijou conditionnant tout le reste de la série, et il est donc impensable de trop le déflorer.

L’histoire entrecroisée de cinq personnages nés le même jour (comme dans Sense8) à travers leurs relations, leurs choix, leur cheminement, leur destin.

Sans trop en dire, on peut tout de même expliquer que la série met en scène le concept de famille de façon magistrale. Tout d’abord avec le montage des scènes, temporellement non linéaire. Les moments se répondent à différentes époques de la vie des personnages, font écho d’une vie à l’autre, et créent une unité (nous vivons tous la même chose) et une diversité (nous y réagissons tous d’une façon différente) en même temps.

Ensuite, c’est une des rares séries familiales de ma connaissance à s’intéresser plus aux relations entre les personnages qu’aux thèmes de société qui les impactent. Les problématiques ne sont pas la drogue, le petit ami, le secret que l’on ne doit pas dévoiler ou que l’on devrait dévoiler, mais bien des problématiques plus universelles : la maladie, la mort, l’adoption, l’identité, l’amour que les membres d’une famille peuvent se porter, leurs rivalités, les incompréhensions. Bref, on entre dans une série américaine, mais dont la pertinence est de ne pas faire l’apologie de la famille américaine. C’est assez rare pour être souligné, et encouragé.

Enfin, la pudeur de This is Us est aussi quelque chose de très rare. Des scènes tout en retenue, des acteurs justes, des dialogues sincères. Sans sensiblerie, sans être puérile ou niaise, This is Us nous entraîne très facilement dans une vie où tout, n’est pas rose, mais où rien n’est non plus tout noir.

En prenant des protagonistes très différents unis par un lien fort n’ayant pas vraiment à voir avec celui du sang, la série fait vivre épisode après épisode l’idée que nous sommes tous embarqués dans une aventure commune qui s’appelle la vie. Cette vie nous offre, à nous tous, plus ou moins de cadeaux, et nous impose, à nous tous, plus ou moins d’épreuves. Et face à tout cela, chacun de nous affronte la réalité avec ses propres armes, ses forces et ses faiblesses, mais surtout avec ce que d’autres avant nous sont parvenus à nous transmettre. L’idée de transmission, d’héritage, est au centre de l’intrigue. Ce peut être un héritage positif, mais aussi un héritage négatif (le poids de Kate, par exemple).

Au fond, c’est plus l’idée d’une famille à l’échelle de l’Humanité qui est déroulée au fil des épisodes, qu’une simple famille américaine, fut-elle de cœur.

Cette idée que génération après génération, l’amour que nous pouvons nous témoigner perdure, s’ancre, se déploie dans la vie des autres.

Pas d’ombre sans lumière

C’est un peu ce que je serais tenté de conclure. Je suis surpris, souvent, par le manque de vision à long terme, d’idéal, de mes contemporains. Sans doute avons-nous trop entendu de fables qui ne se sont jamais réalisées, ou qui ont servi de prétexte à des asservissements. Les idéaux politiques, religieux, ont tous failli à leurs prétentions. Et notre Humanité se trouve bien seule sans utopie à laquelle se raccrocher.

Mais c’est je crois ce qui la fera grandir. Trouver un équilibre entre l’ombre et la lumière qu’elle a en elle. Nous sommes capables du pire, mais aussi du meilleur. Et vouloir occulter ce meilleur sous prétexte de ne pas être naïf ne fait que nous plonger dans une autre naïveté.

Alors, osons être tolérants sans être laxistes, osons être aimants et bienveillants sans tout gober.

Osons l’équilibre. Entre l’écaille & la plume, par exemple.

Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Deux films sur un thème : dépasser les limites de la longévité humaine

Deux films sur un thème : dépasser les limites de la longévité humaine

Deux films sur un thème : dépasser les limites de la longévité humaine

Certes, les êtres humains semblent vivre de plus en plus vieux depuis quelques décennies, et si l’on se compare à nos ancêtres, notre espèce n’a jamais atteint une longévité aussi grande dans toute son histoire que depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Et ce, même s’il est à craindre que les générations qui suivent la mienne (celle des quadragénaires nés dans les années 1970) ne connaissent une baisse sensible de leur espérance de vie, sous les effets conjugués des dégradations du climat, de la biosphère, des pollutions diverses et variées de l’eau, de l’air, de la chaîne alimentaire, et j’en passe.

Cependant, la question de notre propre finitude, en tant qu’espèce, ou en tant que civilisation, n’est rien comparée à celle de notre mort en tant qu’individus.

La Mort et les multiples moyens d’y échapper (ou non) forment avec l’Amour et les diverses façons de le trouver l’un des moteurs les plus puissants de la production artistique. Nous avons tous en tête Faust, bien sûr, mais aussi Gilgamesh.

Cependant, si beaucoup se sont intéressés à la vanité de la quête elle-même de l’immortalité (Faust trompé par le Diable), une question plus passionnante encore est de savoir ce qui se passerait si nous parvenions à vaincre la Mort elle-même. Là encore, en se concentrant seulement sur le destin d’un individu, et non de la société tout entière.

Le syndrome Highlander

Il serait facile de s’intéresser au film le plus évident : Highlander, mettant en scène Connor MacLeod, un turbulent écossais qui découvre qu’il a le pouvoir de revenir à la vie indéfiniment, sans plus jamais vieillir, après être passé pour mort lors d’une bataille au XVIe siècle.

Mais même s’il fait date dans le corpus des films fantastiques (et pas seulement grâce à la musique de Queen, ou parce que c’est l’un des rares films potables avec Christophe Lambert), il ne fait qu’effleurer le sujet central, à savoir ce que ça change de devenir un Immortel.

Highlander est un film culte parce qu’il a posé un jalon. Il a créé une mythologie de l’Immortel : les duels à l’arme blanche, la terre sacrée, le Quickening, le fameux « Il ne peut en rester qu’un ».

Il reste finalement dans une mécanique de quête. On n’est plus en quête de l’immortalité elle-même, mais de son sens. Et le film répond sans vraiment le faire, avec sa mythologie.

C’est là qu’il faut trouver une autre façon d’explorer le dépassement de la longévité humaine habituelle.

Man from Earth, l’Immortalité comme Sagesse d’être au Monde

Ce film est sorti en 2007, et aborde le problème d’une façon beaucoup plus intimiste, presque théâtrale. Cette forme peut d’ailleurs dérouter, puisqu’il s’agit d’un huis clos dont la mise en scène n’est pas particulièrement inventive, pour manier l’euphémisme. On s’attendrait à des flash-back, à des apartés. Rien de tout cela. Un drame antique, presque, avec unité de lieu, de temps, et d’action.

Le professeur John Oldman réunit ses meilleurs amis et collègues, ainsi que sa petite amie pour une soirée impromptue au cours de laquelle il leur annonce son déménagement immédiat, et va leur révéler… qu’il est immortel et qu’il est âgé de 16 000 ans. Chacun des invités va alors réagir à la nouvelle avec sa propre personnalité, d’abord amusée de la blague, puis pensant discuter d’un cas théorique, ou poussant la plaisanterie en jouant le jeu, avant de pencher pour la colère ou l’incrédulité lorsque John persiste au-delà du raisonnable dans son affirmation. Le dénouement, assez théâtral là encore, rapproche encore le drame d’une tragédie antique en liant John Oldman au passé de l’un de ses amis.

Outre l’aspect classique de la forme et du fond, l’intérêt du film réside dans ses dialogues et dans la perspective historique du personnage de John, dont le vécu oppose une Histoire grandiloquente à une histoire personnelle marquée par les émotions qu’elle a suscitée à travers les âges.

Finalement très humain, John parle de la religion (avec un twist un peu trop attendu), du rejet qu’il suscite lorsqu’il devient évident qu’il ne vieillit pas, de ses interrogations sur son état, de ce et ceux qu’il doit abandonner, de sa compréhension intime des autres, de sa tolérance, de sa souffrance.

Les approches de chacun des autres personnages sont l’écho de ses propres interrogations : science, émotions, compréhension, rejet, superstition.

John devient un peu le Sage qui à travers ses erreurs et ses fautes accepte la solitude de son état comme la contrepartie d’une compréhension intime du monde et de sa beauté malgré sa cruauté et la souffrance.

La transcendance de l’état de mortalité lui permet de saisir la beauté de l’impermanence des choses.

Renaissances, le Prix de l’Immortalité

Tel n’est pas vraiment le propos de Self/less (Renaissances en français), un film de science-fiction qui lorgne vers l’univers du cyberpunk avec un mélange de bonnes idées et de scènes d’actions un peu trop appuyées au premier abord, mais nécessaires à la réflexion.

Damian (Ben Kingsley), un très riche industriel arrivé à la fin de sa vie, est approché par une société qui ne s’adresse qu’à des personnes extrêmement fortunées pour leur proposer de transférer leur conscience dans un corps plus jeune, et de leur offrir une deuxième jeunesse. Acceptant le marché, Damian redécouvre alors les plaisirs d’une jeunesse insouciante, mais il se rend compte que les pilules anti-rejet qu’il est obligé de prendre pour maintenir son esprit dans ce corps (celui de Ryan Reynolds) sont bien autre chose que ce qu’on lui a fait croire. Il va devoir dévoiler la vérité derrière les beaux discours et choisir entre son égoïsme et sa conscience.

Avec assez peu de moyens, comme pour The Man from Earth, la réalisation parvient à écrire un film totalement opposé dans son style comme dans sa finalité.

À la théâtralité classique vient se heurter le film d’action hollywoodien, à l’acceptation vient se confronter le renoncement.

Si l’Immortalité et la jeunesse, retrouvée, renouant avec le mythe de Faust, séduisent immédiatement Damian, avec son cortège d’excès en tous genres (alcool, drogues, sexe), la troublante vérité finit par jeter un voile sombre et immoral sur le cadeau empoisonné de la longévité. Briser les lois de la Nature a un prix, excessivement lourd, celui de son humanité.

La prise de conscience de Damian, son éveil à une sagesse retrouvée, le soin qu’il finit par porter à ce corps qui n’est pas le sien, vient percuter à pleine vitesse la nécessité de lutter contre lui-même et contre d’autres êtres humains animés d’intentions beaucoup moins pures. Et c’est à ça que servent les scènes d’action : passées les premières qui permettent de voir comment l’esprit âgé de Damian se débrouille avec ce corps tout neuf et plein de potentialités, les dernières mettent en scène une économie de gestes et de moyens, une prudence, liées à une attention particulière envers ce qui ne lui appartient pas.

Le « care », en anglais, opposé à la « performance ».

Alors, ce transhumanisme ?

Visionner ces deux films l’un après l’autre permet de faire se rencontrer à la fois deux philosophies et deux styles.

Le courant transhumaniste en vogue dans les milieux technophiles de notre temps, porté par certains personnages de Renaissances (dont Damian au début du film), et le courant « naturaliste » et mystique développé dans The Man from Earth et éveillé chez Damian à la fin de Renaissances.

J’ai trouvé avec plaisir une critique du premier concept qui place notre désir de vivre éternellement comme un droit non questionnable. Une sorte de caprice enfantin, qui peut surgir également dans l’esprit de ceux qui, approchant de la limite fixée par la nature, veulent l’enfreindre comme un adolescent ferait le mur. Une marque de l’angoisse qui traverse notre société occidentale à l’idée de la Mort.

Dans le deuxième concept, je me reconnais beaucoup plus.

L’Immotalité n’est pas recherchée à tout prix comme si nous étions des dieux tout puissants, elle est une façon de changer radicalement notre conscience en devenant plus « humains », et en se comportant en sages demi-dieux, un peu comme les bodhisattvas de la pensée orientale.

Elle n’est d’ailleurs pas recherchée et créée artificiellement, elle est un don de la nature elle-même, sans doute inaccessible.

Et même peut-être pas si enviable que cela.

Après tout, l’Éternité, c’est long, surtout vers la fin…

Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Now you (almost) see me, ou les espoirs déçus de deux films de magiciens

Now you (almost) see me, ou les espoirs déçus de deux films de magiciens

Now you (almost) see me, ou les espoirs déçus de deux films de magiciens

Le cinéma est un art de l’illusion. Depuis les débuts, le septième art s’est attaché à montrer des choses qui n’existent pas, non pas à travers l’imaginaire actif du lecteur comme en littérature, ou d’après des conventions comme au théâtre. Des choses qui n’existent plus, pas encore, ou qui n’existeront jamais, prennent donc vie devant nos yeux avec une exigence toujours plus grande de réalisme. Les effets spéciaux, de Méliès à J.J. Abrams, sont devenus une part si essentielle de chaque film, que l’on pourrait presque les considérer comme la colonne vertébrale même de toute image réussie.

Je ne parle pas seulement des films fantastiques, ou de science-fiction, mais bien aussi des thrillers, des films policiers, et jusqu’aux drames intimistes, en passant par les comédies. Une goutte de sang, un décor, des costumes, tout cela est à mon sens une part des effets spéciaux.

Une perruque, un angle de caméra un peu calculé pour faire croire à un éloignement de deux acteurs, un traitement par ordinateur, et abracadabra ! la magie du cinéma opère.

Car le cinéma partage avec la magie, la prestidigitation, cet art consommé de tromper le spectateur, ses sens et sa raison, en jouant d’illusions parfaitement maîtrisées, de techniques éprouvées et plus ou moins secrètes, de mystifications auxquelles la victime est généralement consentante.

Avouons-le, nous sommes tous prêts à croire ce que nous allons voir au cinéma, même les choses les plus invraisemblables, pourvu que l’image soit convaincante et l’histoire bien menée et portée par la sincérité de la mise en scène comme du jeu d’acteur.

L’idée de pousser l’analogie plus loin était donc très séduisante lorsque sont sortis, en 2013 Now you see me (Insaisissables en français), et en 2016 Now you see me 2 (avec le titre français aussi original de Insaisissables 2), qui se proposaient de narrer le parcours de plusieurs magiciens d’exception réalisant que leurs vies étaient engagées dans une illusion titanesque impliquant une organisation mystérieuse appelée L’Œil.

Dans le premier opus, Daniel Atlas (Jesse Eisenberg), Merritt McKinney (Woody Harrelson), Henley Reeves (Isla Fisher) et Jack Wilder (Dave Franco), quatre magiciens aux talents divers, mais surdoués dans leur domaine de prédilection, sont contactés par l’Œil, qui leur donne les moyens de devenir les Quatre Cavaliers et de monter plusieurs spectacles incroyables à travers le monde, durant lesquels ils vont accomplir des exploits impossibles, mais également dérober des banques et conduire une vengeance. Seul un inspecteur du FBI, Dylan Rhodes (Mark Ruffalo), sera à même de comprendre leur modus operandi, aidé de Thaddeus Bradley (Morgan Freeman), un journaliste d’investigation spécialisé qui n’aime rien tant que dévoiler au public les secrets des charlatans que sont les magiciens. Car l’Œil est une légende dans le milieu des prestidigitateurs, celle de magiciens pratiquant la véritable magie, celle qui n’est pas qu’illusion, mais bien manipulation de la réalité elle-même. Et les spectacles des Quatre Cavaliers ne sont que les tests qu’ils doivent passer pour être jugés dignes d’approcher l’Œil.

Cast de Now You See Me

Dans le deuxième opus, les Quatre Cavaliers se reforment sous l’impulsion de leur mentor qui agissait dans l’ombre dans le premier film, et sont eux-mêmes victimes d’une machination à plusieurs niveaux, dont l’Œil est à la fois la cible, le spectateur amusé, et l’instigateur. Ils tombent dans un piège que leur tend un jeune et riche héritier (Daniel Radcliffe, décidément très bon dans les rôles de méchant) désirant se rendre maître d’une technologie permettant de pénétrer les systèmes de sécurité les mieux gardés. Mais le plan est lui-même à plusieurs niveaux, et l’Œil, qu’ils n’avaient pas encore rejoint à la fin du premier film, semble de plus en plus éthéré et mystérieux.

Car le thème principal de ces deux films est bien le rapport entre l’image et la réalité, le rapport entre ce qui est caché, qui doit le demeurer, qui veut le demeurer, qui le demeurera, et ce qui est révélé, qui doit être révélé même s’il ne le désire pas, qui ne sera jamais révélé, qui cherche à ne jamais l’être.

Le secret, son pouvoir comme sa difficulté, comme les sacrifices qu’il implique, et sa divulgation, ce qu’il faut accomplir pour l’atteindre.

À qui l’on peut divulguer, à qui l’on peut accorder l’occultation de son existence, de ses actes, à qui on doit la refuser. Qui mérite d’être mis dans le secret, qui n’aura jamais cet honneur. Qui mérite de rester caché, qui mérite au contraire d’être exposé à la vue de tous.

C’est le combat de Thaddeus dans le premier film. Exposer les escroqueries des magiciens. C’est la quête des Quatre Cavaliers et de leur mentor caché : découvrir l’Œil et s’en montrer digne.

Les deux films explorent en ce sens une préoccupation de notre temps : l’information et son pouvoir. De Snowden aux mouchards introduits dans les systèmes d’information par des états ou des organisations qui nous veulent plus ou moins de bien, notre début de XXIe siècle est en effet l’âge du secret et de ses implications.

Vivons cachés pour vivre heureux, comme le jeune héritier psychopathe, comme l’Œil lui-même. Et ceux qui sont exposés au regard des autres n’ont d’autre châtiment que d’être surveillés, et voir leur vie réduite.

Mais c’est un autre aspect qui rend ces films décevants.

Le Secret implique un enjeu. Ici, rejoindre l’Œil et sa quasi mystique (surtout dans le premier film).

On attend donc beaucoup de cet enjeu. Découvrir des traces, même fugaces, de cette organisation, de ses membres, de son passé, des légendes qui y sont attachées. Et si quelques indices sont semés çà ou là, ils font monter l’enjeu, bien naturellement. On attend de plus en plus quelque chose d’énorme.

On se prend à rêver, comme Daniel Atlas et ses compagnons.

On pense à un univers caché, ou la magie pourrait certes exister, avec un prix énorme, une emprise sur la réalité, des implications plus fantastiques. On songe à l’univers développé par le jeu de rôle Mage dans les années 1990, où les magiciens, les vrais, vivent parmi nous, tentant de trouver une transcendance à travers la pratique de leur art mythique, et confrontés au drame de la perte des croyances. Un monde comme le nôtre, où la masse des humains (nous, quoi) a embrassé la science et refuse l’existence de la magie, et par là-même rend toute magie impossible, ou du moins très dangereuse et délicate. La problématique de la confiance et de la foi en plus de celle du secret et de la vérité.

Affiche The Magicians pa Syfy

L’Œil aurait eu de la gueule, là.

Hélas, malgré une interprétation plutôt convaincante, mais des dialogues un peu trop caricaturaux, les deux films partagent une même tare : le manque de souffle, de puissance dramatique, et de vision. Le manque de crédibilité dans les enjeux. Et surtout, le fait de retomber comme des soufflés. Les deux twists de fin sont attendus, si attendus. Le premier réflexe est de se dire : tout ça pour ça ? Deux Everest qui accouchent de deux musaraignes…

L’Œil n’est ni plus ni moins qu’un club londonien de gentlemen cambrioleurs sans aucune véritable envergure. Le mentor caché est celui auquel on ne pense pas et donc celui auquel on pense tout de suite. Chacun des Cavaliers est prévisible.

On pourra me rétorquer que justement l’illusion va jusqu’au bout, que les légendes ne sont que des légendes et que l’Œil est très fort d’avoir fait croire qu’il possédait le véritable art de la magie.

On pourra.

Mais je persisterai à dire que c’est un peu facile et que la moindre des choses est de suivre les enjeux dramatiques que l’on a soi-même fait monter. Même si l’on introduit un twist qui bascule la totalité du film, ce genre de procédé s’utilise en ne dégonflant pas l’intrigue, mais au contraire en le dévoilant suivant un angle totalement inattendu et plus impressionnant.

Je continuerai donc à penser que c’est encore une occasion gâchée par Hollywood…

Et pourtant.

Pourtant, il y a matière à parler des magiciens et de leur vie cachée. Du secret et de la divulgation. De la foi et de la confiance, des dangers de croire à la magie. Des révélations.

Par exemple avec The Magicians, la série diffusée par Syfy l’année dernière.

Cast The Magicians partie 1
Cast The Magicians partie 2

D’après une série de livres, elle raconte le quotidien d’étudiants en magie qui seraient ceux de la saga Harry Potter version adulte : sexe, drogues, rock n’ roll et invocations. Je vous la recommande, comme je la recommanderai aux scénaristes de Now you see me 3, s’ils me lisent un jour.

Et tiens, pour vous mettre en appétit, en voici la bande-annonce.

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Deux films sur un thème : le difficile métier d’être père

Deux films sur un thème : le difficile métier d’être père

Deux films sur un thème : le difficile métier d’être père

La paternité est une étape majeure de la vie d’un homme, qu’elle soit voulue, subie, refusée ou désirée, voire parfois une impossibilité. De l’autre côté du miroir, nous avons tous une histoire complexe avec notre père, qu’elle soit conflictuelle, fusionnelle, proche, éloignée, teintée de respect ou de jalousie, celle d’une absence ou d’une trop grande prégnance.

Loin de vouloir faire de la psychologie ou de la sociologie de bazar, je me suis intéressé à deux films récents qui illustrent bien à mon sens la richesse autant que la difficulté de cette relation de père à fils. Deux films qui montrent chacun une facette différente de la question, vues par des Américains. Nul doute que des réalisateurs français auraient eu un point de vue différent, d’ailleurs.

Being Flynn, quand être père est un fardeau et être fils une épreuve

Le film de Paul Weitz, à qui l’on doit des œuvres aussi diverses que Antz (Fourmiz), ou l’excellent Assistant du Vampire, explore tout d’abord la relation d’un père si fantasque qu’il en devient un être désincarné et en même temps toxique et d’un fils qui aimerait grandir libre de cette influence pesante sans pourtant parvenir à en dépasser les ressemblances et les différences qu’il exècre autant qu’il les admire chez son géniteur.

Alors qu’il est dans la fleur de l’âge, Nick Flynn tente de trouver sa voie comme écrivain tout en travaillant dans un foyer pour sans-abri, quand soudain son père, Jonathan, disparu depuis des années, refait surface dans sa vie. Nick a bien du mal à accepter le retour de celui qui l’a abandonné pour suivre l’inspiration de sa poésie, obsédé par son Grand Œuvre littéraire qui doit un jour le rendre célèbre.

D’autant plus de mal qu’il est lui-même tiraillé entre son désir d’écrire et son désir de vivre, entre ce qu’il imagine devoir faire et ce qu’il réalise concrètement, entre sa muse et sa petite amie.

Quand Jonathan débarque, c’est un véritable raz-de-marée qui submerge l’existence de Nick, en le poussant à choisir, à décider, à trancher. Pour le père, c’est l’occasion d’essayer de transmettre quelque chose tout en se confrontant au même mur qui le fit fuir des années plus tôt : la question épineuse de savoir s’il est « fait » pour assumer la responsabilité d’un enfant.

S’ensuit toute une série de situations cocasses ou tragi-comiques, de catastrophes du quotidien, qui jalonnent la relation si complexe entre les deux hommes.

C’est avec plaisir qu’on retrouve Robert de Niro dans le rôle d’un père fantasque et irresponsable (en contradiction avec ses rôles habituels de père autoritaire, voire de patriarche), et délectation qu’on découvre que Paul Dano prend le contrepied avec Nick de son rôle de l’adolescent rebelle et mutique de Little Miss Sunshine. Ces deux inversions fonctionnent parfaitement sous le regard d’une caméra parfois crue, mais toujours tendre, même dans les moments de violence verbale ou physique.

C’est surtout la souffrance qui transparaît dans cette histoire. La souffrance du père qui dut abandonner la chair de sa chair, conscient de sa propre faiblesse, mais aussi la souffrance intérieure de ne pas réaliser son rêve le plus profond, ou du moins de le vivre à contre-courant et de devoir lui sacrifier bien d’autres choses. La souffrance du fils à devoir se montrer plus raisonnable que son père, à devoir grandir plus vite et à se rendre compte que malgré ses aigreurs en son refus, ses ressemblances sont moins ténues qu’il le voudrait avec ce géniteur foutraque et génial.

Mais au final cette souffrance apporte bien une profonde compréhension, et met les deux personnages sur la voie d’une certaine sérénité.

Paul Weitz trace deux portraits si entremêlés grâce à la plume de son coscénariste, le véritable Nick Flynn lui-même, dont le livre raconte l’histoire vraie de sa relation avec son père. La réalité est donc parfois aussi belle et compliquée que dans une fiction, ce qui rend la fiction plus belle encore.

Faut-il opposer la paternité et la liberté ? Faut-il vouloir à tout prix être dissemblable de son père ? Faut-il trouver qui l’on est en refusant ses racines ou en les acceptant pour mieux les dépasser ?

Les questions sont nombreuses lorsqu’on plonge dans cette histoire, depuis la difficulté d’assumer une responsabilité si écrasante que celle de l’éducation d’un enfant à l’influence que l’on peut avoir sans même s’en rendre compte sur lui, que ce soit par sa présence ou même son absence, à la quantité de liberté qui nous reste lorsque l’on perçoit la marque de notre histoire familiale et à quel point elle plonge ses racines loin dans notre psyché.

Nous pouvons tous nous retrouver en Nick ou en Jonathan, voire même dans Nick et dans Jonathan à la fois.

St. Vincent, quand trouver un fils peut être aussi magique que découvrir un père qu’on n’imaginait pas

À l’autre bout du spectre, il y a ceux d’entre nous qui n’ont pas eu d’enfant, pas eu de fils, volontairement ou parce que la vie leur en a refusé la possibilité. Et parfois, l’existence réserve des surprises qui dépassent les espoirs ou transcendent les limites.

Dans ce film de Theodore Melfi, Vincent est un vétéran du Vietnam égoïste et hédoniste qui fume, boit, se drogue, fréquente les femmes de petite vertu et vit dans un pavillon miteux en banlieue. Lorsque sa nouvelle voisine, Maggie, fraîchement divorcée s’installe, Vincent devient le baby-sitter de son fils Oliver, au départ par l’appât du gain, et puis peu à peu par affection bourrue pour cet enfant chétif et intelligent. Tous les deux découvrent alors chez l’autre des faiblesses et des forces insoupçonnées, et en eux-mêmes des ressources aussi surprenantes.

Quand Vincent apprend à Oliver à se défendre contre les caïds de l’école, le jeune garçon lui rend la pareille en lui offrant une vision de la vie plus naïve et plus altruiste, et à accepter que les autres puissent entrer dans son intimité. Et lorsqu’un coup du sort frappe l’existence de Vincent, c’est avec l’enthousiasme et la candeur de l’enfance qu’Oliver fédère toutes les énergies pour aider son ami et presque père.

St. Vincent est à la fois un film subversif, surprenant, et jouissif, et une pépite pleine de bons sentiments, dans un sens vraiment non péjoratif. Notre époque manque singulièrement de candeur et de bons sentiments, et quand ils sont sincères et ne tombent pas dans la mièvrerie, ils sont une excellente bouffée d’air frais.

Quelques instants de finesse dans un monde de brutes, pour paraphraser le fameux slogan.

C’est ainsi que voir l’inénarrable Bill Murray incarner un Vincent transgressif et paillard est un réel plaisir, tout comme découvrir les failles secrètes du personnage et comprendre le pourquoi du comment de sa carapace d’indifférence. C’est ainsi que vivre avec lui l’initiation du jeune Oliver (Jaeden Lieberher) et comprendre avec lui le pouvoir de la naïveté est touchant. C’est ainsi que voir Naomi Watts incarner une catin au grand cœur pleine d’humanité rend optimiste quant à la possibilité de se sortir d’une vie que l’on ne désire pas. Et suivre l’itinéraire de Vincent est aussi suivre l’histoire de plusieurs résiliences qui se soutiennent mutuellement.

La relation de Vincent avec Oliver ressemble à s’y méprendre à une relation père-fils.

Il y a la transmission, la complicité, le conflit, la reconnaissance, le partage, les différences, la compréhension, l’acceptation de l’autre et de soi-même, et surtout l’amour. L’histoire d’une initiation à double sens, quand le père apprend à vivre à son fils, et que le fils réapprend à son fils la façon de rêver sa vie.

Et tout cela sans qu’il y ait la moindre relation biologique entre le « père » et le « fils » (si ce n’est le « Saint-Esprit », si vous me passez ce jeu de mots).

C’est que la relation paternelle peut naître dans des configurations totalement inattendues.

D’autres films…

C’est pourquoi on peut aussi se pencher sur d’autres façons de raconter les mêmes histoires.

On pourrait regarder le Big Fish de Tim Burton pour un autre point de vue sur la difficulté d’être père et les conséquences de l’inconséquence comme dans Being Flynn, ou Un monde parfait de Clint Eastwood pour découvrir une autre relation inattendue entre un « père » et un « fils ».

Sans compter la trame familiale qui irrigue le destin de Luke Skywalker et le fameux « Je suis… ton père » que lui lance Vador dans l’Épisode V, ou le meilleur des Indiana Jones, La Dernière Croisade, où Henry Jones Junior retrouve Henry Jones Senior.

Car la paternité est un sujet universel, qui nous touche tous d’une façon intime.