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Post Librum Blues

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Le Choix des Anges est né il y a maintenant pratiquement quatre mois.

Il est maintenant un enfant dont il faut encore guider les premiers pas, prometteurs mais hésitants.

Les retours sont très encourageants, venant de personnes qui me connaissent parfaitement, très bien, bien, moyennement, ou même pas du tout. Le livre est parvenu à toucher des gens au-delà de mon cercle amical, et parfois à les toucher profondément. Certaines personnes m’ont même contacté pour me parler de leur ressenti. Des personnes que je ne connaissais pas auparavant.

Une nouvelle phase commence pour le livre, en même temps qu’une s’achève pour l’écrivain, son géniteur.

Car la gestation a duré six ans.

Six années à vivre avec les mêmes protagonistes, avec leurs interrogations, leurs obsessions, leurs désirs, leurs doutes, leurs souffrances. Six années à mettre en place l’intrigue, à mettre en mots la narration, à mettre en scène les réactions.

Vint enfin l’accouchement.

Il s’est fait dans la douleur, malgré l’autohypnose, la maîtrise de la respiration, le soutien de l’entourage, et l’obstination.

La pression de délivrer un produit le plus professionnel possible malgré mon inexpérience a dépassé mes récentes capacités à apaiser mon anxiété naturelle. J’ai portant passé les différentes épreuves avec assez d’aisance, malgré les accrocs inévitables.

Si tout s’est parfaitement passé pour la version papier, la version électronique Kindle reste bloquée chez Amazon, malgré mes efforts et ceux d’Immatériel, la plateforme de distribution que j’ai choisie. Je suis donc privé du principal canal de distribution électronique qu’est le Kindle… Heureusement, les versions ePub, elles, sont disponibles sur de nombreuses autres librairies en ligne, notamment 7switch.

Je commence à diffuser la version papier de façon plus traditionnelle, chez des libraires spécialisés.

Mais les hormones de la délivrance ont vu leur taux sanguin brutalement chuter.

L’écrivain en moi s’est retrouvé dans la phase délicate de l’après.

Cette phase où le vide provoqué par la fin d’un projet laisse tout loisir aux diverses angoisses de se déchaîner.

Et si je ne savais plus rien raconter d’autre ?

Et si mes différents projets, pourtant si nombreux, étaient complètement inintéressants, creux, banals, comme de simples redites sans rien d’original ?

Et si ma vision n’était finalement qu’une vacuité, ou pire, une fatuité ?

Cette phase où toutes les idées se bousculent et où l’esprit est incapable de les organiser, de les hiérarchiser, de les choisir.

Cette phase où le cerveau peine à se projeter vers une autre aventure, non parce qu’il n’en a plus envie, mais parce qu’il ne sait plus où regarder.

J’ai redécouvert ce qu’en référence à la dépression du post-partum j’ai nommé le Post Librum Blues, cette sensation désagréable d’avoir des neurones en compote et une tristesse floue, un vague à l’âme tenace et une estime de soi en berne.

Je ne savais même plus de quoi j’avais envie de parler dans la prochaine aventure, et même si une prochaine aventure serait possible.

Pourtant, les idées bouillonnaient dans ma tête.

Les images, les bouts d’intrigue, s’entrechoquaient dans des collisions désordonnées.

Mon esprit était vide de sens mais pas vide d’activité.

Le chaos s’y était installé.

Penser à chacun de mes projets mis patiemment de côté pendant des années m’était intolérable. Car je ne parvenais pas à en mener un au bout de sa logique.

Fée du logis ? Rocfou ? Sur les genoux d’Isis ? Tarot ? La tribu perdue ? Grande Armada ?

L’envie elle-même m’avait déserté. Je ne savais plus quoi choisir ni comment le choisir. Toutes les potentialités se mélangeaient. Les loups-garous se perdaient en Égypte ancienne pendant que Napoléon rencontrait Élisabeth I et des dragons… L’alliage ainsi présenté aurait pu avoir lui-même un sens si mes pensées ne s’étaient pas senties paralysées à la seule évocation des multiples choix nécessaires à la construction d’un monde et d’une intrigue cohérentes.

Cela fait quatre mois.

Cela vient de prendre fin.

Je sais enfin vers quoi j’ai envie de me projeter pendant plusieurs mois, peut-être plusieurs années.

Et je vous en parlerai ici de temps à autre, au fil de l’avancée du projet.

Ce nouvel enfant va changer complètement d’ambiance, de paradigme.

Plus de narration à la première personne, mais plusieurs points de vue entremêlés.

Plus d’atmosphère rétrofuturiste mais une époque inspirée des temps mérovingiens et carolingiens.

Plus d’ésotérisme mais un monde où la magie est un lointain passé, une réminiscence mystérieuse, où les légendes tenaces racontent une époque héroïque.

Une histoire de fraternités et d’amours contrariés. Une histoire d’amitiés brisées et retrouvées.

Une histoire d’anciens dragons et d’antiques passages secrets sous les montagnes.

Une forêt profonde où des tribus barbares adorent encore des dieux oubliés, des raids sanglants, des guerres saintes, des tournois et des espions dans de grandes cités aux murailles épaisses.

Des monstres humains et d’autres qui le deviennent de moins en moins.

Une aventure, une quête, aussi bien intérieure qu’héroïque.

Un projet qui a un nom hérité d’un monde né d’un jeu de rôle.

Le fou du roc.

Rocfou.

Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Jeu de Rôle

Les Lames du Cardinal : un jeu de rôle de cartes & d’épée

Les Lames du Cardinal : un jeu de rôle de cartes & d’épée

Les Lames du Cardinal : un jeu de rôle de cartes & d’épée

L’univers des romans de Pierre Pevel avait tout pour faire un excellent jeu de rôle : un cadre historique qui éveille la nostalgie des films de cape & d’épée, celui du siècle de Louis XIII et du Roi Soleil, le mélange avec une fantasy bien dosée associant sorcellerie, dragons, intrigues ésotériques et magiques, et un groupe de personnages hauts en couleur, stéréotypés, mais attachants et parfois complexes, les Lames du Cardinal, dans un renversement des rôles traditionnels où les méchants d’alors deviennent les héros d’aujourd’hui.

De plus, le monde assez dense et riche de la trilogie originale de Pierre Pevel, même s’il manque parfois de souffle et à quelques reprises d’une plus grande dextérité de plume (ce que l’auteur corrigera ensuite dans la trilogie d’Ambremer) se voit complété par d’autres qui ont repris le flambeau, à la manière d’un Vingt ans après ou d’un Vicomte de Bragelonne.

J’ai pour ma part eu des difficultés avec l’écriture qui me semblait trop rapide de ces romans, car n’est pas Alexandre Dumas qui veut, mais je dois admettre que les aventures des Lames sont à la hauteur de ce qu’enfant j’avais pu fantasmer à la lecture de celles des Mousquetaires ou à la vision des films où Jean Marais exécutait bottes et feintes avec le panache qu’on lui connaissait.

Ce qui devait donc arriver arriva, et les éditions Sans Détour ont commis un jeu complet en 2014 (qui n’est hélas plus disponible), reprenant tous ces ingrédients et les amalgamant en une recette que nous avions déjà, mes compagnons de jeu et moi, testée à l’époque, mais que nous avions abandonné momentanément (si si, 4 ans, ce n’est qu’un moment dans une vie…) pour d’autres aventures déjà en cours.

Nous en avons cependant repris récemment le fil avec d’autres personnages, ce qui me donne l’occasion de vous en parler.

Le cadre de jeu

Le livret décrivant l’univers des Lames du Cardinal est dense, mais pas trop pour donner la nausée.

Il s’attache d’abord à décrire les ennemis des Lames, les Dragons, de manière à ce que les différences majeures ou subtiles d’avec le XVIIe siècle réel soient plus perceptibles pour le lecteur, qu’il soit joueur ou meneur. L’histoire draconique ainsi présentée permet d’avoir une bonne idée également de la toile de fond qui sous-tend les intrigues et les manigances des espions que les Lames vont devoir affronter. Il est sans doute plus intéressant que ce chapitre soit censuré par le meneur pour laisser un certain mystère à ses Lames.

D’ailleurs, peut-être par souci de laisser le champ libre aux lecteurs et aux joueurs, le jeu prend place après les événements dramatiques du troisième tome des aventures écrites par Pierre Pevel, Le dragon des Arcanes. Dix ans plus tard pour être précis, au moment où le Cardinal cité dans le titre n’est plus Richelieu, mais Mazarin. C’est ce dernier qui parvient à mener à bien le projet de son prédécesseur de reformer le cercle d’élite après les catastrophes produites et évitées par les exploits des premières Lames, celles de Richelieu.

Les personnages que vont incarner les joueurs sont donc des héritiers des héros des romans de Pevel.

Une position intéressante qui évite les écueils trop souvent rencontrés de la redite des œuvres connues, de la discussion sur ce qui est canon ou pas dans les écrits de l’auteur des romans, etc.

Ici, l’on part d’une base commune que sont les événements de la trilogie originelle.

Cela permet aussi de varier un peu le cadre du jeu par rapport à ce que décrivent les romans.

La partie décrivant l’Europe en 1643 est assez synthétique pour que l’on ait une bonne idée des intrigues de cour qui peuvent s’entremêler entre la France, l’Espagne, l’Angleterre, la Suède, les Pays-Bas, le Saint-Empire, les cités d’Italie, la Papauté. C’est un vivier d’idées.

On peut d’ailleurs noter que les encarts nombreux, notamment en marge du texte principal, aident beaucoup dans ce livret, à la compréhension des choses. Ce ne sera pas le cas, comme nous le verrons plus tard, pour ce qui est du livret de règles.

Puis dans un mouvement de zoom continu, le livret présente la situation politique du royaume de France, puis enfin le cadre de vie principal des Lames, Paris, en 1643.

On peut noter qu’une très belle carte de Paris accompagne le tout, qui aide à se représenter un peu mieux les choses.

De manière générale, un effort d’immersion est sensible pour permettre de se représenter l’époque, les lieux, que ce soit historiquement ou même dans ce qu’il y a de plus romanesque.

Car il ne faut pas oublier que les Lames est un univers de roman, un univers fantastique où les Dragons utilisent les ruses de la diplomatie, les assassinats, le poison, l’espionnage, mais aussi la magie ou l’alchimie. Et où nos héros vont devoir faire preuve de panache pour se hisser au niveau de leurs aînés que furent La Fargue, Laincourt, ou Saint Lucq, mais aussi d’autres personnages que sont Athos, Porthos, Aramis et d’Artagnan

Les règles

Depuis quelques années déjà, vous le savez si vous me suivez depuis l’ouverture de ce nid numérique, je ne taris pas d’éloges envers certains systèmes de jeu légers et génériques, aisément adaptables, dont la principale qualité est de laisser les joueurs et le meneur décrire leurs actions, pour simplement les faire rebondir à chaque fois que c’est nécessaire (ou pas, d’ailleurs).

Je suis donc sceptique, et c’est le moins qu’on puisse dire, quant à l’adage rôliste qui veut que “system do matter” (“le système est essentiel”, en langue de Molière), un aphorisme stipulant que les règles de jeu sont une pierre angulaire de l’ambiance d’un jeu, car elles influent sur la façon dont on joue).

Pourtant, je dois le confesser, le système des Lames du Cardinal est l’un des rares qui comptent pour beaucoup dans l’ambiance de leurs cadres de jeu (un autre étant celui de Qin, mais ce sera peut-être pour un autre article).

J’ai même pris beaucoup de plaisir à m’amuser avec elles. C’est chose rare me concernant.

Cependant, il est à noter une chose importante : le livret des règles est une horreur en termes d’organisation et de mise en page. Sous prétexte d’être didactique pendant la création du personnage, il sépare les informations dans des chapitres classiques qui sont répertoriés dans la table des matières, et des encarts qui présentent des points de règle importants, mais dispersés au fil de la lecture et surtout sans référence dans la table des matières

Retrouver une information en cours de jeu est donc très pénible.

La création des personnages

La création des personnages est une étape clef dans un jeu de rôle. Selon ses envies et le système de jeu que l’on utilise, on peut passer de 3 minutes à 3 heures à faire émerger un alter ego de papier, ce qui en dit long sur la capacité dudit système à synthétiser et laisser sa place à l’imagination, ou au contraire à détailler à l’envi des dizaines de points qui seront autant de guides (de carcans ?) pour l’interprétation future.

Vous l’aurez compris, je préfère actuellement (car il n’en fut pas de même dans mes jeunes années de rôliste) une création de personnages fluide et rapide, laissant place à un certain flou pour mieux adapter le personnage à l’ambiance du groupe lors des sessions de jeu elles-mêmes, plutôt que de trop figer ce qui ensuite aura l’air incohérent ou rigide.

Les Lames font partie de la première catégorie.

Il ne faut, je pense, pas plus de 10 minutes pour créer un personnage en répartissant les points de caractéristiques, choisissant ou tirant au sort deux Archétypes, et choisir un style d’escrime puis des feintes et des bottes associées.

Caractéristiques et style du personnage

Basées sur une échelle de 1 à 5, les caractéristiques sont quatre, associées chacune à une couleur d’un jeu de cartes (nous en discuterons plus loin). Chacune est également associée à une liste de compétences notées de 0 à 7 semble-t-il, mais il n’est pas fait explicitement mention d’un maximum dans les règles, ce qui laisse planer un doute ma foi assez gênant. J’aime bien quand les choses sont claires et nettes. La (dés) organisation du livret de règles est peut-être là encore en cause.

Il suffit dans un premier temps de noter les caractéristiques (Puissant, Vif, Galant, Fin) de son personnage en leur allouant des points. C’est assez commun et plutôt facile, car on obtient rapidement une ébauche de style. Un personnage Fin et Vif, mais peu Puissant est un archétype assez répandu, tout comme le fameux personnage Puissant et Vif, mais assez peu Galant et Fin.

C’est clair et simple. On obtient rapidement un premier trait de crayon du personnage que l’on va incarner.

Les Archétypes

Les compétences, elles, sont déterminées par un système de professions, comme dans beaucoup d’autres jeux.

Ici, il s’agit des professions occupées par le personnage avant de devenir une Lame.

Et l’idée est de piocher deux professions dans une liste (en utilisant un paquet de cartes spécial) dont chacune va permettre d’allouer des points dans des compétences particulières.

Un Mousquetaire, par exemple, aura 3 points à rajouter en Escrime, et 1 en Érudition.

Si auparavant il a été Libertin, il pourra encore rajouter 3 points en Escrime, ce qui lui en fera 6 au total en commençant le jeu, et 2 en Érudition, ce qui fera un total de 3 points dans cette compétence au début de ses aventures avec les Lames.

On peut choisir de construire un personnage que l’on a en tête (un Noble devenu Espion dans une cour étrangère par exemple), ou bien laisser le hasard choisir et trouver a posteriori une histoire qui explique un choix de carrière parfois étonnant.

Les Arcanes

L’univers des Lames étant magique, tout au moins fantastique, les Arcanes sont des cartes de tarot un peu modifiées qui servent surtout à apporter dans le jeu une sorte de couche “mystique” à la création et plus tard à l’interprétation des personnages.

Chaque personnage peut tirer au sort de 0 à 2 cartes dans ces Arcanes. Chaque carte donne un bonus à une compétence, mais marque aussi le personnage d’un destin et d’un défaut particulier. Elles serviront plus tard également à accéder à des réussites fulgurantes ou des échecs mémorables. Elles introduisent un peu plus de piment et de rebondissement dans l’action.

Je n’ai pour le moment pas vraiment pu observer leur intérêt réel, mais elles sont une bonne idée.

Sans être une sorte de point de destin ou d’héroïsme, chers à d’autres jeux, elles permettent d’introduire une dose (minime) de narration aléatoire dans le déroulement des événements, puisqu’elles seront susceptibles d’être tirées et activées à tout moment dans le cours du jeu.

L’Escrime

Comme nous sommes dans un jeu de cape & d’épée, il est naturel que l’art de l’escrime soit une donnée à part dans la création du personnage.

Au départ, tous les personnages des joueurs étant des Lames, on considère donc que, roturiers ou nobles, gens de lettres ou de cour, ils maîtrisent suffisamment l’escrime pour être de fins bretteurs.

Il est donc rare qu’un personnage commence avec moins de 5 ou 6 en Escrime.

Plus encore, chaque personnage peut choisir une école d’escrime parmi celles qui étaient en vogue à l’époque. Chaque école (germanique, française, italienne et espagnole) étant là encore associée à une couleur d’un jeu de cartes.

Suivant l’école choisie, le personnage aura à cœur un style particulier (offensif pour les écoles germanique et française par exemple) en rapport avec la couleur de la carte symbolisant également la caractéristique associée. L’école germanique est associée à la Griffe et donc à la caractéristique Puissant, on comprendra donc que le style de ses pratiquants soit offensif et brutal, et que les Feintes et les Bottes que le personnage peut apprendre soient tournées vers des effets de cette nature.

Car oui, bien évidemment, tout comme la fameuse Botte de Nevers décrite par Paul Féval dans Le Bossu, les personnages sont des épéistes assez entraînés pour connaître et pratiquer eux aussi des coups mortels ou des ruses particulières.

Nous sommes dans un jeu de duels et de combats où les Lames vont devoir ferrailler autant que séduire pour parvenir à sauver la France des machinations des Dragons. Il était donc important que cet aspect soit bien développé, et nous verrons plus tard comment le système des cartes y participe grandement.

Pour l’heure, le personnage peut choisir un certain nombre de Feintes et de Bottes dans la liste que son style d’escrime lui propose.

Les cartes

Le personnage créé, il faut le mettre en mouvement.

Le système ne sert finalement qu’à cela : résoudre les conflits et obstacles dramatiques que nos Lames rencontreront sur leur chemin et qu’ils devront surmonter pour accomplir leur mission au service de Son Éminence le Cardinal Mazarin.

Le cœur de ce système n’est pas un lancer de dés, mais un jeu de cartes.

Les quatre couleurs classiques y ont cependant été remplacées par des couleurs plus évocatrices de l’univers des Dragons des Lames du Cardinal. Le pique devient griffe, le cœur devient sang, le trèfle devient souffle et le carreau devient écaille. Chaque carte représente sa valeur contre d’autres cartes. Ainsi un as sera-t-il plus faible qu’un sept. Et à la traditionnelle trilogie valet-dame-roi se substitue en haut de l’échelle de valeurs la tétralogie des figures vyvernecavalierdameroi. La vyverne est l’équivalent du cavalier dans le tarot classique, mais, couleur locale oblige, il s’agit là d’une monture draconique.

Avant de savoir comment résoudre une action, il faut appuyer sur le fait que les règles insistent sur ce qu’elles appellent la réussite automatique : qu’une action soit automatiquement réussie lorsque le personnage qui l’entreprend possède une compétence adéquate deux fois plus forte que le niveau de difficulté requis par le meneur de jeu pour la mener à son terme.

C’est une disposition qui à mon sens devrait être plus mise en avant dans ce jeu comme dans d’autres.

Lorsque cependant il est nécessaire de savoir si une action a pu réussir ou échouer et que l’on est dans l’incertitude, le système de résolution est très simple.

Une action décrite par un personnage est testée suivant une compétence adéquate déterminée par le meneur en fonction de cette description. Le joueur tire donc un nombre de cartes égal à son score dans la compétence. Il compte ensuite le nombre de cartes de la couleur du signe associé à la compétence, et chacune d’elles lui rapporte un point, qu’il additionne afin de battre la difficulté de l’action qui avait été édictée par le meneur. S’il tire une figure du signe de la compétence, cette figure lui rapporte deux points.

Si mon personnage, Pierre Lamarque, désire débusquer d’éventuels assaillants dans une rue sombre de Paris à la nuit tombée, il doit battre une difficulté de 3 (considérée comme “très difficile”). Il possède une compétence de Vigilance (caractéristique Vif, associée au Souffle qui est une carte noire) de 5. Il ne peut donc pas réussir automatiquement (il aurait fallu avoir 6). Il tire donc cinq cartes. Il obtient trois cartes noires et deux cartes rouges. Les trois cartes noires lui rapportent donc 3 points, insuffisants pour battre la difficulté, car on se trouve sur une égalité. Mais si parmi ces trois cartes noires se trouvait une figure de Souffle (la Dame, par exemple), elle lui rapporterait 2 points et non 1 seul, ce qui porterait son total à 4, suffisant pour vaincre la difficulté et repérer les malandrins embusqués non loin de là.

Il existe aussi un système d’amélioration de réussite. Pour chaque point obtenu au-dessus de la difficulté demandée, on obtient un point de Panache, qui permet de choisir un effet supplémentaire.

Cependant, il ne s’agit pas là, et c’est bien dommage, d’un effet que le joueur peut librement décrire. Nous ne sommes pas, et encore une fois je le regrette, dans des règles narrativistes. Il ne s’agira ici que de diminuer le temps nécessaire à l’accomplissement de la tâche, ou de faire des dégâts supplémentaires.

À l’usage, les cartes sont extrêmement agréables à utiliser et donnent une ambiance réelle. Leur dessin n’y est pas pour rien, bien entendu.

Mais il faut souligner que le mécanisme qui permet de défausser un nombre de cartes égal ou inférieur au niveau de la caractéristique associée à la compétence que l’on doit tester permet aussi de jouer réellement avec le sort, de prendre des risques, de les calculer, de s’amuser avec le système de résolution autant qu’avec l’action elle-même.

L’épée

Cet aspect ludique est encore renforcé lorsque l’on s’intéresse à ce qui fait tout le sel d’un jeu de cape & d’épée : l’escrime et les combats à l’épée.

J’aimerais bien avoir l’avis de quelqu’un qui a approché l’escrime en tant que telle, voire qui la pratique ou l’a pratiquée. Parce qu’il me semble qu’une grande réussite des Lames soit la simulation de cette situation étonnante où l’un des assaillants prend le dessus sur l’autre et pousse son avantage pour que son adversaire soit acculé, en gardant ou laissant l’initiative.

Car dans la mécanique des Lames, tout est affaire d’initiative, de momentum.

Le principe est sensiblement le même que pour la résolution des actions simples, à ceci près que le temps est plus découpé, et que la valeur de la carte jouée en dernier par le personnage détermine s’il garde la main (l’initiative de l’attaque) pour la suite ou s’il la perd au profit de son ou ses adversaires.

Si l’on ajoute que les cartes noires ne servent qu’à attaquer et les cartes rouges à défendre, que l’on peut poser une suite de cartes de valeur décroissante pour enchaîner les coups ou s’en défendre, et que les figures peuvent déclencher des bottes avec des effets parfois dévastateurs (en attaque, en défense, et aussi en contre-attaque), on comprendra que la simplicité apparente du système cache en fait une grande potentialité de tactiques différentes.

J’ai donc eu l’impression de réellement pouvoir construire des assauts comme on les aime dans les films classiques, dans ces combats où les fers se croisaient et se paraient à l’envi, mais aussi où l’adresse et l’intelligence des duellistes pouvaient s’exprimer spectaculairement.

C’est là que les différents styles des écoles d’escrimes décrites dans le jeu peuvent donner une couleur vraiment unique à l’épéiste de papier que l’on peut incarner. Jouer un adepte de l’escrime italienne, par exemple, implique de beaucoup défendre pour espérer placer une contre-attaque fulgurante avec une botte imparable. Au contraire, si l’on incarne un duelliste de l’école germanique, on va prendre des risques et attaquer en force pour dépasser les défenses de l’adversaire par des assauts brutaux et dévastateurs.

Le système de combat possède quelques autres subtilités que je ne détaillerai pas, mais qui toutes vont dans le même sens.

Points d’Unité et de Jusquiame

Le modèle des aventures de cape & d’épée est sans conteste Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas, dont les Lames empruntent le côté romanesque, mais aussi et surtout les valeurs de loyauté et les liens tissés entre les héros.

La fameuse devise “Un pour tous et tous pour un” est ainsi reprise dans les règles mêmes du jeu, grâce aux Points d’Unité.

Ils symbolisent la complicité et les liens qui peuvent se nouer entre les héros au fil de leurs aventures.

Ils sont placés dans un pot commun alimenté par le meneur lorsque les actions concertées des personnages ont abouti à un succès. Les personnages peuvent les dépenser pour accomplir des exploits de groupe : transférer une ou plusieurs cartes à un autre personnage et donc lui permettre de placer une feinte ou une botte, coordonner des attaques, regagner des points de Ténacité (équivalent à l’endurance dans d’autres jeux), former un autre membre du groupe en lui apprenant une compétence qu’il possède à un niveau inférieur…

Le meneur, de son côté, dispose de Points de Jusquiame, qui servent également d’atouts pour les adversaires des Lames, et permettent d’équilibrer quelque peu la donne, ou de la corser si nécessaire.

La prise en main

Si l’on met de côté l’obstacle que représente la désorganisation du livret de règles dans l’apprentissage du système en cours de partie, la prise en main est assez rapide et facile.

Le côté ludique de la manipulation des cartes aide manifestement à intégrer les différents mécanismes et à les mémoriser. On se prend vite au jeu de la tactique, de l’union des Lames entre elles et de leur groupe qui vont ensemble vaincre les ennemis de la Couronne.

Il n’y a pas comme dans certains jeux, de calculs à effectuer pour connaître une difficulté ou une réussite, ce qui est un bon point quand on joue en soirée, voire dans la nuit.

On ne se retrouve pas non plus avec des brouettes de dés à jeter.

Le seul inconvénient est que l’on doit souvent mélanger le paquet de cartes, ce qui peut être lassant.

Mais c’est un défaut mineur.

L’impression en jeu est donc très bonne en ce qui concerne le système et sa capacité à produire une résolution fluide.

Qu’en est-il maintenant des aventures elles-mêmes ?

Le scénario

Incarnant Pierre Lamarque, un ancien notaire devenu espion à la cour d’Angleterre et recruté par Laincourt pour faire partie des nouvelles Lames du Cardinal, j’ai participé à l’aventure lors du scénario intitulé La Volte des Dupes.

Je ne dévoilerai pas l’intrigue ici, pour me concentrer plus sur mes impressions durant le jeu.

Les quatre joueurs du groupe ainsi que le meneur étions tous les cinq biberonnés depuis notre plus tendre enfance par les exploits de cape et d’épée, les mousquetaires et autres duellistes, il nous a donc été facile de nous projeter dans le Paris de 1643, d’arpenter les ruelles sombres, les cachots du Châtelet, les couloirs du Louvre, les antichambres d’un hôtel particulier, les bas-fonds de la Cour des Miracles ou même la tour désaffectée des vieux remparts de Philippe Auguste où le final eût lieu.

Le système a été simple et rapide à prendre en main, les réflexes se sont vite installés.

Nous avons été gênés par cette satanée absence d’organisation du livret des règles pour rechercher quelques points particuliers qui ne sont pas toujours clairs.

Cependant, l’attrait du système des cartes a fonctionné parfaitement.

À tel point que nous avons préparé une table virtuelle sur Roll20 pour continuer nos aventures.

À ce propos, Roll20 dispose, même en accès gratuit, d’une feuille de personnage en français parfaitement fonctionnelle pour jouer aux Lames du Cardinal. Il est cependant nécessaire de paramétrer soi-même un jeu de cartes pour que la simulation soit complète.

Alors chères futures Lames du Cardinal, vous savez ce qu’il vous reste à faire… la Couronne et son Éminence comptent sur vous ! Et pour vous mettre un peu dans l’ambiance, je ne saurai trop vous enjoindre de regarder l’excellente saison 1 de la série britannique The Musketeers. Les deux saisons suivantes sont plus décevantes.

https://youtu.be/pmDWE8Jy9EE

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Je ne suis pas un auteur autoédité, je suis un réalisauteur, un réalisateur de livre

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Je ne suis pas un auteur autoédité, je suis un réalisauteur, un réalisateur de livre

Writer is coming…

C’est le slogan qui à mon sens pourrait résumer la période que nous vivons. Une époque où les moyens de production artistique, notamment des écrits, sont devenus si accessibles que le nombre de personnes qui se lancent dans l’aventure comme on se jette à l’eau est exponentiel.

Plus encore, à l’image des bouleversements qui sont annoncés dans le monde de Westeros par le retour d’un hiver permanent et celui, concomitant, des Marcheurs blancs, l’apparition de cette horde d’auteurs qui ne dépendent plus du système de l’édition classique pour trouver des lecteurs est en train de faire exploser la politique si familière des Royaumes éditoriaux.

Alors oui, Writer is coming.

Pourtant, la révolution ne sera véritablement accomplie que lorsque ceux-là mêmes qui la font ne se définiront pas en référence au vieux système. Pour le moment, nous nous nommons en effet nous-mêmes “auteurs autoédités”, faisant nôtre une définition qui n’est finalement qu’une survivance d’un paradigme que nous avons refusé de suivre.

Pour véritablement être nous-mêmes, il faut nous nommer.

Le mot est notre domaine. Le nom, le Nom, ont un pouvoir que les écrivains comprennent sans doute mieux que quiconque dans notre société. Nommer une chose, s’est se donner un pouvoir dessus.

Alors, nommons-nous.

Mais de quel mot ?

Puisqu’il ne saurait être question de se dire simplement éditeurs, puisque ce nom ne définit pas la réalité de ce que nous sommes, même si nous endossons la fonction de l’éditeur, ni même indépendants, puisque tous ceux qui ont refusé le système de l’édition classique n’ont pas tous le même modèle de production et que nombre d’entre nous font appel à des prestataires comme Amazon ou d’autres plateformes, numériques ou non, il faut trouver autre chose, quelque chose qui a trait à l’essence même de ce que nous faisons.

Alors quoi ? Écrivains, romanciers, nouvellistes ?

Non. Chacun de ces mots porte une réduction en lui-même.

Nous ne faisons pas qu’écrire nos histoires. Nous les habillons en maquettes, nous en choisissons la couverture, le papier, la mise en page, la mise en forme. Nous les promouvons.

Nous n’écrivons pas tous des romans. Pas tous des nouvelles ou des novellas. Certains s’essaient dans plusieurs genres.

Non, je pense qu’il faut inventer un mot. Le faire naître lui aussi, comme nous faisons naître nos histoires.

On aurait pu remettre au goût du jour un vieux mot latin, grec ou sanskrit. Après tout, autor ou auctor, qui du latin ont donné auteur en français, aurait pu avoir un synonyme dans la langue de Cicéron. Editor, qui donna éditeur en français, lui aussi aurait pu avoir un lointain équivalent.

On aurait pu se servir de la langue dominante de notre époque, l’anglais. Puisqu’author et authoring ne désignent pas seulement l’auteur et son acte d’écriture, mais aussi une véritable création qui va au-delà du simple acte de trouver les mots.

Je pense que cela aussi aurait été réducteur, car le mot n’aurait pas véritablement recouvré toute la richesse de ce qui est désormais l’acte de créer soi-même un ouvrage depuis l’écriture jusqu’à la vente.

Aussi, il me semble intéressant de nous tourner vers un autre domaine de création pour nous inspirer.

Le cinéma.

Le réalisauteur, réalisateur de livre

Le cinéma, comme le théâtre, est par essence un domaine collaboratif et pluriel.

Un film naît rarement du travail d’une seule personne, mais peut porter la vision de celle qui est aux commandes, à travers tout le processus que l’on appelle la production, et qui va de la préproduction, à savoir la conception et l’écriture du scénario, la recherche et la fabrication des costumes, des décors, des accessoires, le casting des acteurs, le découpage des séquences, le story-board, jusqu’au tournage lui-même et enfin à la postproduction comme le choix des musiques, le mixage des sons, l’étalonnage et le choix des couleurs, les effets spéciaux.

La seule personne qui est aux commandes de bout en bout, véritablement en charge de l’aspect artistique du film, c’est le réalisateur.

Qu’il ait ou non le final cut n’est pas finalement le point essentiel. C’est lui l’artisan, même dans le cas où le producteur prend le pouvoir sur quelques décisions stratégiques.

Il n’est peut-être pas véritablement le scénariste, mais il n’est pas non plus le décorateur ou l’accessoiriste. Ou plutôt, il est le chef d’orchestre de tous ces instruments mis au service du film qu’il met au monde.

Un réalisauteur, un réalisateur de livre, conçoit son œuvre de la même façon.

La pré-production d’un livre

Lorsqu’une idée de film germe dans l’esprit d’un scénariste se déroule le même processus de création que dans celui d’un auteur écrivain. La forme du récit a beau être très différente, ils créent tous deux un monde, des décors, des accessoires, des personnages, une intrigue pour lier le tout. Ils cherchent des inspirations, de la documentation, font parfois appel à d’autres personnes, des spécialistes d’un domaine précis, pour les aider à déterminer la vraisemblance de telle ou telle action, de telle ou telle décision.

Dans la fabrique du cinéma, le réalisateur, même s’il n’est pas lui-même le scénariste, va être étroitement associé à ce processus. Il prendra même le dessus sur le scénariste lorsqu’il sera question de faire sortir l’histoire de son cadre de papier.

Il va donner des directives pour le casting, discuter des décors qui seront vus à l’écran et de ceux qui ne seront pas visibles, mais qui serviront la cohérence de l’histoire. Il va parfois retravailler les dialogues en répétition avec les acteurs comme un écrivain qui peaufine les siens pour les rendre plus fluides ou plus naturels, pour mieux évoquer le caractère du personnage qui les prononce ou pour rendre une ambiance particulière dans une scène.

Tout le travail de préproduction consiste à construire les éléments nécessaires à la mise en images d’un film.

Tout ce travail qu’un écrivain accomplit lorsqu’il prépare son intrigue, qu’il imagine ses décors, ses costumes, ses accessoires, ses personnages, lorsqu’il met en marche la mécanique bien huilée de sa trame narrative.

En choisissant d’écrire à la troisième personne ou à la première personne, en choisissant un seul point de vue omniscient ou une multiplicité de points de vue narratifs en fonction de plusieurs personnages, il place sa caméra, décide de la valeur de sa focale, de la valeur du plan, des mouvements de caméra.

Le story-board du réalisateur est aussi celui de l’écrivain.

Le tournage d’un livre

Une fois la préparation terminée, un réalisateur n’attend qu’une chose : tourner enfin son film. Le budget a été bouclé, tout a été prévu, anticipé, pour le garder sous contrôle. Pour éviter les accidents, pour recruter le personnel technique.

L’écrivain n’a habituellement pas de budget à gérer pour l’écriture d’un livre, ce qui lui laisse plus de marge de manœuvre, une immense liberté, et lui permet une débauche de moyens que seuls les plus grands réalisateurs peuvent se permettre de rêver posséder pour tourner un film.

Mais lui aussi est confronté à l’angoisse du tournage, de son tournage. La rédaction.

Car de la même manière qu’une foule d’imprévus vient toujours compliquer ou modifier une séquence tournée par la caméra par rapport à ce qui avait été anticipé en préproduction, la rédaction d’une scène peut parfois complètement changer ce qui avait été prévu en amont.

L’écrivain peut être confronté au caprice de ses acteurs (en comprenant que son personnage devrait agir d’une autre manière que ce qu’il avait imaginé au départ, par exemple), à des lumières ou des couleurs légèrement différentes de ce qu’il avait voulu au départ, à des sons différents.

De la même manière, un écrivain peut rédiger ses scènes dans le désordre, comme un réalisateur qui tournerait tous les plans dans un décor particulier, peu importe leur ordre dans la narration finale, avant de se concentrer sur un autre décor bien différent disponible seulement ensuite.

L’acte de créer demande souvent des allers et retours entre différents moments, différents endroits, différentes ambiances. Il peut être plus inspirant pour l’écrivain de rédiger la fin de son livre avant le début, puis morceau par morceau dans un ordre complètement indépendant de son ordre narratif final.

Le tournage d’un livre prend fin lorsque la rédaction est terminée, mais le travail du réalisateur ne s’arrête pas là.

La post-production d’un livre

Au cinéma, le réalisateur supervise également les phases finales de la fabrication du film.

Il collabore au montage, quand il ne le fait pas lui même.

On a coutume de dire qu’il existe trois films : le film que l’on a imaginé, le film que l’on a tourné, et le film une fois monté dans l’ordre définitif de la narration des scènes, qui est parfois très différent de l’ordre prévu au départ. Pour un livre, le même aphorisme est sans doute valable. C’est bien d’ailleurs pour cela que les outils d’écriture comme Scrivener sont si essentiels : ils permettent de ré-arranger, de ré-organiser, de chambouler complètement l’ordre narratif, l’enchaînement des scènes, des séquences et des chapitres d’un livre comme un logiciel de montage est capable de le faire pour une vidéo ou un film.

Le montage peut même être vu comme une façon de corriger le film, de la même façon qu’un écrivain se relit et corrige ou fait corriger son manuscrit, en s’assurant qu’il n’y reste pas d’incohérence, de faute, de coquille.

Mais une fois le montage terminé, le film n’est pas encore prêt. Il manque des étapes essentielles comme le mixage du son ou les effets spéciaux. Dans un livre, par nature, ces étapes ont été souvent complétées lors du tournage.

Quant à la touche finale, l’étalonnage, c’est pour moi là que l’écrivain rejoint vraiment le réalisateur.

Étalonner un film signifie s’assurer de la cohérence des couleurs entre les plans d’une même séquence afin que, tournés à des moments différents, ils soient à l’écran comme une continuité narrative sans couture, mais aussi choisir les couleurs dominantes de l’ensemble du film en fonction des ambiances désirées, du style du film, des scènes elles-mêmes.

C’est véritablement l’habillage final du film, ce qui va lui donner son identité.

Pour un livre, si cette étape d’étalonnage peut se comprendre dans l’écriture elle-même, elle peut également se comprendre comme la mise en page du texte brut, comme sa mise en scène, sa coloration en un tout, en une œuvre cohérente. Les mots ici représentent bien l’image brute montée, et la page serait l’écrin de couleurs de ces images.

Ainsi, étalonner un livre serait pour moi l’équivalent du processus éditorial de création de la maquette, de choix des fontes, de choix du format du papier, de sa qualité, de la couverture. Ainsi, étalonner un livre numérique consisterait à créer le fichier ePub lui-même.

Lorsque le film sort du banc d’étalonnage, il est prêt à être visionné.

Lorsque le livre sort de cette étape ultime, il est prêt à être lu.

Production et collaborations

Le réalisateur est alors sollicité pour la dernière partie de la conception. En général c’est, avec les acteurs, pour en faire la promotion. Il est rare que lui-même plonge dans le travail de trouver un diffuseur, et c’est là que les rôles de l’auteur et du réalisateur peuvent bifurquer.

Car lorsque l’on choisit de se passer d’éditeur, c’est comme si l’on choisissait de se passer de producteur, et il faut alors soi-même remplir le rôle plus ingrat de celui qui gère les finances et rémunère les prestataires qui ont contribué à l’œuvre (figurants et acteurs, équipe technique, compositeur, sont généralement peu payés dans un livre, mais il se peut qu’il faille signer un chèque à l’illustrateur de la couverture, au correcteur, ou à d’autres encore).

On pourrait cependant arguer que certains réalisateurs mettent la main à la poche en plus de la mettre à la pâte et coproduisent leur œuvre.

Et c’est vrai.

Car finalement, la fabrication d’un livre comme celle d’un film n’est jamais, jamais, jamais, contrairement à ce que l’on peut penser, un acte solitaire.

La création comme une série de rôles et de fonctions

On parle de chaîne du livre pour une bonne raison.

Il est rare de maîtriser toutes les compétences qui peuvent faire naître un film (être un assez bon menuisier pour construire un décor, un assez bon couturier pour créer les costumes, un assez bon électricien pour gérer les machineries, un assez bon connaisseur des lois de l’optique pour gérer la profondeur de champ, un assez bon compositeur pour écrire la musique et un assez bon joueur de cornemuse, piano, cymbales et flûtiau pour l’interpréter ensuite).

Il est finalement assez rare de maîtriser toutes celles qui peuvent faire naître un livre. Car si nous savons écrire, si nous pouvons apprendre à nous servir de logiciels de mise en page, ou même de Photoshop pour concevoir une couverture, nous aurons rarement les compétences pour fabriquer notre papier. Et ce, même si nous apprenons à relier nos pages après les avoir assemblées. On peut également avoir envie, et non besoin, du regard d’un autre pour créer une couverture, pour s’assurer que le manuscrit “tient la route” tant par sa logique que par sa forme, par son orthographe et sa grammaire.

Je vois donc les choses comme un film où différentes fonctions, différents postes, sont à pourvoir.

Et où le réalisateur peut choisir de distribuer chacun de ces rôles à lui-même ou à d’autres.

Comme le réalisateur, l’auteur dit “autoédité” est le véritable créateur, car c’est celui qui a la vision d’ensemble, le seul qui du début jusqu’à la fin, donne le tempo, fait les choix stratégiques, et les assume.

Dans mon cas, je suis l’auteur, le correcteur, le maquettiste, le créateur de livre numérique, et l’éditeur. Je peux décider de m’entourer ou pas de bêta-lecteurs, de correcteurs, d’illustrateurs, d’imprimeur, de distributeur, de diffuseur.

Mais je reste le seul à décider in fine de chaque choix.

Je suis le réalisateur de mon livre.

Je suis réalisauteur.

Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Créer un livre électronique au format epub3, partie 3 : dessine-moi un ePub

Créer un livre électronique au format epub3, partie 3 : dessine-moi un ePub

Créer un livre électronique au format epub3, partie 3 : dessine-moi un ePub

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Introduction

Nous avons vu dans les deux premiers volets de cette série comment structurer la mise en forme de votre livre pour rapidement le transformer en version électronique, puis l’anatomie d’un livre électronique au format ePub3.

Vous êtes maintenant prêts à réaliser votre premier livre en ePub3.

C’est une étape qui peut facilement intimider.

Il faudra manipuler du code informatique.

Il faudra faire des tests.

Il faudra ciseler votre livre pour qu’il atteigne vos critères de qualité.

Si produire un livre papier est finalement assez naturel, le façonnage d’un livre électronique l’est beaucoup moins à ceux qui ne sont pas familiers de l’univers du code informatique.

Si j’osais une comparaison, vous allez devoir vous transformer en joaillier, car les outils dont nous disposons actuellement sont aussi versatiles que les normes des livres électroniques elles-mêmes, et aussi délicats à manier que pour la taille d’une pierre précieuse. Un simple geste de travers et votre émeraude peut rapidement être gâtée.

Mais il y a une bonne nouvelle. Des petits lutins industrieux sont là pour vous aider, comme Jiminy Panoz, par exemple, qui œuvre depuis des années pour rendre la production de livres électroniques plus simple, plus opérante, plus fluide, et plus satisfaisante pour le lecteur comme pour l’éditeur et l’auteur lui-même.

Le seul écueil encore sur votre chemin reste que nombre de ces lutins, dont Jiminy lui-même, exposent souvent leurs idées, leurs astuces, leurs méthodes, dans la langue de l’auteur du Songe d’une nuit d’été.

Je vais donc vous présenter ici ce que j’en ai retenu pour ouvrager mes propres livres. Ce sera une base je l’espère suffisante pour que vous puissiez commencer vous aussi.

Et une fois que vous les aurez maîtrisées, sans doute serez-vous prêts à en apprendre plus dans les multiples sites spécialisés qui sont hébergés sur la Toile, en anglais.

Les outils

Bien évidemment, il serait trop simple que les mêmes outils que vous avez enfin maîtrisés pour votre livre papier puissent vraiment servir pour votre livre électronique.

Même si Jiminy Panoz a conçu un petit plug-in pour InDesign permettant de facilement transposer votre maquette papier en numérique, il vous sera nécessaire, à un moment où à un autre, de mettre les mains dans le moteur. Aussi suis-je partisan d’une méthode plus artisanale, même si, vous le verrez, l’automatisation pourra être d’une certaine utilité.

Le prérequis

N’espérez pas aborder cet article facilement sans avoir au moins quelques bases dans deux langages très simples de l’informatique actuelle : le HTML5 et le CSS3. Vous pourrez faire comme moi et suivre les cours d’openclassroom à cette adresse. La pédagogie est très didactique et vous apprendrez très rapidement les quelques rudiments qui vous seront nécessaires pour comprendre ce dont nous allons parler.

Le HTML5 servira à coder le texte de votre livre. Chaque chapitre ou section importante de votre livre sera un fichier HTML5. À l’intérieur de chacun de ces fichiers, chaque paragraphe sera encadré de balises, probablement des balises <p>, ou <span>, ou <i> ou <b>. Vos citations seront soit des <blockquote> soit des <cite>. Votre table des matières sera encadrée dans une balise <nav>.

Une grande partie de cette structure de base sera déjà faite pour vous lors de l’exportation de votre texte depuis Scrivener, aussi n’aurez-vous qu’à la peaufiner ou la corriger à la marge.

Le CSS3, lui, sera la partie la plus ardue et la plus ingrate. Il contrôle la forme de votre livre, son apparence dans l’application de lecture. Bref, c’est lui qui contient la matière de vos styles, ceux que vous avez conçus dans la version papier, et que vous devez transposer (sans toujours y coller parfaitement) dans une version numérique. C’est sur cette transposition que va porter l’essentiel de notre travail.

Espresso

Pour écrire ou corriger du code numérique, on peut utiliser un simple éditeur de texte comme Notepad ou Textedit. Un fichier de code n’est en effet rien d’autre qu’un fichier de texte dont l’extension est un peu différente.

Mais il est plus aisé et plus confortable d’utiliser un logiciel qui possède quelques fonctionnalités dédiées, comme la coloration du texte en fonction de la structure du code (les instructions d’une couleur, les variables dans une autre), l’indentation automatique (chaque balise étant indentée en fonction de sa place dans l’imbrication), ou même la fermeture des balises avec des raccourcis (car une balise doit toujours être refermée lorsqu’elle se termine).

C’est pour cela que j’ai choisi Espresso.

Facile à prendre en main, épuré visuellement, il permet néanmoins de garder un œil sur la structure de livre ePub (le volet sur la gauche) et sur celle du fichier lui-même (le volet sur la droite) en même temps que l’on inspecte ou modifie le code (fenêtre principale) et que l’on navigue dans divers fichiers en utilisant les onglets sur la barre supérieure. On peut également visualiser facilement le résultat final, dans le navigateur web de son choix, en cliquant sur l’icône en forme de boussole.

Il possède une fonction de recherche et de remplacement satisfaisante et maîtrise les règles du HTML5 comme du CSS3.

Blitz

Blitz est la pièce maîtresse de la conception de mon fichier de style en CSS3.

Mis à disposition et régulièrement mis à jour par Jiminy Panoz, Blitz est un framework, un cadre de travail dans la langue de Molière, qui a été pensé et peaufiné pour faciliter le casse-tête habituel que l’on peut rencontrer en essayant de rendre homogènes les styles que l’on a conçus pour son livre électronique.

Et surtout pour les rendre opérants sur presque toutes les solutions de lecture numérique.

Car le monde numérique a un gros désavantage sur le monde papier : là où un livre papier se présentera toujours sous la même forme quelles que soient les mains qui le tiendront, chaque application de lecture va traduire un peu différemment le même code et vous allez donc obtenir un rendu différent à chaque fois. Il est donc rare que deux lecteurs aient la même présentation de votre livre sur leur liseuse, sauf s’ils utilisent le même modèle, mais aussi la même version de l’appareil, ainsi que le même système d’exploitation, avec la même version…

Afin de remédier à cela, Blitz propose une façon originale de concevoir votre code CSS3, grâce à des briques simples déjà codées pour vous, que vous pouvez d’abord paramétrer.

Ainsi, il suffit de partir de la définition simple en phrases de ce que l’on veut obtenir, de chercher quelles briques de Blitz correspondent, de les paramétrer, puis de compiler le résultat.

Compiler ? Encore ?

Oui, comme Scrivener, Blitz est une sorte de traducteur, et l’obtention de votre code final (ou du moins de sa version préfinale, avant vos petits ajustements de dernière minute) est la dernière étape de la traduction.

Car Blitz n’utilise pas à proprement parler du CSS3.

Il traduit plutôt la conception de vos briques depuis un langage un peu plus évolué, nommé le LESS (petit jeu de mots anglais sur « less » qui veut dire « moins », car le code est souvent plus court), capable entre autres d’adapter une propriété CSS à des conditions précises, ce que ne permet pas nativement le CSS3.

LESS et CSS sont très proches, aussi n’aurez-vous aucun mal à vous adapter à ses particularités.

Crunch 2

Crunch est comme Espresso, un éditeur de code. Mais il permet gratuitement de travailler sur du code LESS, et de le compiler ensuite en CSS3 (il le « crunche » pour employer le mot franglais exact). C’est donc lui qui sera votre première interface avec les briques de Blitz.

Il se présente un peu comme Espresso : volet de gauche montrant la structure du framework LESS de Blitz, éditeur dans la fenêtre principale, des onglets au-dessus.

La structure de l’ePub

Tout commence bien sûr avec l’ossature de votre livre électronique. Comme nous l’avons vu dans le volet précédent, un ePub est structuré d’une façon très précise. C’est par cette structure que vous devez débuter la réalisation.

Plusieurs possibilités s’offrent à vous.

La construire vous-même. Fastidieux, mais possible.

Vous servir du modèle que je vous ai déjà livré dans les épisodes précédents de cette série d’articles.

Vous servir du fichier que Scrivener va compiler pour vous lorsque vous aurez terminé la rédaction et la correction de votre manuscrit.

Vous servir de la structure déjà fournie avec Blitz de Jiminy Panoz.

J’ai moi-même fait un petit mélange entre les solutions 2 et 4. La structure que je vous ai déjà fournie est donc basée sur celle de Blitz, avec quelques modifications personnelles.

Ainsi, j’ai choisi de séparer dans des dossiers différents certains éléments de l’OEBPS. J’ai donc un dossier Fonts pour les fontes de caractères, un dossier Images, un dossier Styles pour les fichiers CSS3, un dossier Texte pour tout ce qui touche aux pages du livre.

Pour ouvrir cette structure, il suffit de demander à Espresso d’en faire un Projet.

Il va présenter la hiérarchie de votre dossier sur la gauche, et en double-cliquant sur chaque fichier, vous pourrez l’ouvrir dans son interface.

L’avantage du squelette de Blitz réside dans le fait qu’il intègre des fichiers codés spécifiquement pour certaines pages spécifiques d’un livre. La couverture (cover.xhtml), la dédicace (dedication.xhtml), mais aussi la bibliographie, l’index, le glossaire, les remerciements, la préface, l’avant-propos, l’épilogue, et j’en passe. Chacune de ces pages contient un code epub:type qui permet de la caractériser de façon correcte pour que votre livre respecte la norme sémantique ePub3.

Vous n’aurez que trois choses à modifier sur chaque page.

Le xml:lang=”en” qui déclare que la langue principale est en anglais devra contenir la variable « fr » puisque vous écrirez en français.

Le nom éventuel des fichiers de style (ici c’est blitz.css et blitz-kindle.css) pour coller à vos propres styles. J’ai pour ma part conservé les noms originaux.

Le code de votre chapitre à la place de la balise de commentaire <!– Your contents here –>.

Vous voici prêts à débuter.

Toujours une question de styles

Quel est le vôtre ?

Êtes-vous du même genre que moi, à essayer de trouver une identité graphique très codifiée pour vos écrits, avec l’idée sous-jacente que, en papier ou en numérique, un de vos ouvrages doit être reconnaissable entre mille ?

Ou avez-vous en tête que la forme d’un livre doit être assez standard ?

Quoi qu’il en soit, vous devez déterminer quels seront les styles utilisés par votre texte.

Comment les paragraphes vont-ils apparaître ? Seront-ils indentés ou séparés par un petit espace, ou bien les deux (ce que je trouve personnellement hideux, mais tous les goûts sont dans la nature) ? Quelle police de caractère allez-vous utiliser ? Allez-vous utiliser les césures ?

Une fois que vous aurez les réponses à toutes ces questions, vous aurez déjà construit la plus grande partie de vos styles.

Mon flux

Comme pour la version papier, je pars de la base de mon manuscrit dans Scrivener.

Nous l’avons déjà vu dans l’article sur la version papier, je me sers d’un format de compilation particulier.

Pour la version papier je compile dans le format .rtf, pour la version électronique je me sers du format ePub3 que Scrivener génère.

Un texte marqué avec un nom de style particulier dans Scrivener (ou dans Word ou dans LibreOffice) gardera attaché le nom de ce style une fois compilé.

Ainsi, comme nous l’avons vu, j’ai créé un style dans Scrivener qui me permet de marquer les portions de texte qui sont vues par un autre angle, ou qui désignent une scène décalée temporellement ou spatialement, des flashbacks.

La compilation de Scrivener peut marquer le texte stylé pour le lier à la feuille de style CSS.

Il n’est donc besoin que ne marquer une seule fois le texte original, pour y appliquer ensuite les styles propres à chaque canal de diffusion : livre papier dans InDesign, livre électronique dans Espresso ou Sigyl.

Les styles nécessaires

Pour un livre électronique, vous allez avoir besoin de créer quelques styles.

  • Bien sûr, le style de votre texte (parfois il peut y en avoir plusieurs, d’ailleurs).
  • Le style des titres de chapitre.
  • Le style du nom de l’auteur.
  • Le style de l’éventuelle collection ou de l’éventuelle série.
  • Le style des mentions légales.
  • Le style du titre du livre.
  • Le style de la table des matières.

Il sera inutile de prévoir des styles de numéros de page, puisque la lecture électronique se distingue justement par le fait que c’est l’application de lecture qui gère ce genre de choses, pas l’auteur ou l’éditeur.

D’ailleurs, une précision importante qu’il est sans doute bon de rappeler même si nous l’avons évoquée dans le premier volet de cette série est que le lecteur pourra, en version numérique, agir sur la forme que vous avez voulu donner à votre livre. Il pourra en changer les styles à sa convenance. Augmenter la taille de la police de caractères, aligner le texte à gauche ou le justifier, en changer la couleur, voire changer complètement la police de caractères ou même passer l’application en mode nuit.

Au final, votre feuille de style si patiemment élaborée ne sera qu’une proposition que le lecteur sera libre ou non d’accepter.

Je sais, c’est frustrant.

Mais c’est le jeu.

C’est pour cela que je prévois d’insérer au début du livre une page dénommée « Avertissement » dans laquelle j’indique au lecteur que l’ouvrage a été pensé avec une maquette numérique en tête, et qu’il pourra tirer le meilleur parti de sa lecture en activant ces styles.

Pour revenir à nos moutons, il se peut que vous ayez besoin de créer d’autres styles pour des raisons inhérentes à votre projet ou à votre texte (par exemple, le style de mes scènes intriquées, ou un style imitant un message informatique ou SMS).

Dans tous les cas, ce sont globalement les mêmes que dans votre projet Scrivener. À la différence près que les styles de Scrivener ne servent que pour marquer le texte sans véritablement lui donner une identité, et que cette dernière est définie dans les styles de la feuille CSS3.

Par exemple, mon corps de texte est défini pour ma maquette papier par un style de paragraphe justifié, sans retrait global, mais avec un retrait de première ligne, et un style de caractère de fonte Sorts Mill Goudy normal de corps 10 pixels avec un interlignage de 13 pixels, des ligatures communes et discrétionnaires activées.

La fonte Sorts Mill Goudy est assez bien adaptée à la lecture numérique (contrastes assez forts pour éviter les confusions de lettres, jambages assez grands), j’ai donc décidé de la garder, ce qui crée une unité d’identité entre les deux versions. Mais sur une tablette une taille de 10 pixels est trop faible pour être agréable. J’ai donc basculé sur une taille de 15 pixels, et gardé un interligne de 1,3, ce qui permet de conserver un aspect cohérent avec les proportions de la version papier. Quant aux ligatures, elles sont activées si l’application de lecture le permet, grâce à une astuce particulièrement maligne de Blitz que nous verrons plus tard, nommée « amélioration progressive » par Jiminy Panoz.

Compiler l’ePub depuis Scrivener

Une fois dressée la liste de vos styles, l’étape suivante est d’obtenir une version préliminaire de votre texte traduit dans le format ePub3. C’est le traditionnel passage par la compilation de Scrivener.

La version 3 du logiciel est en effet capable d’exporter votre texte dans le format ePub3, même si ce n’est pas avec le même raffinement que notre travail artisanal. Je me sers donc de cette base pour obtenir le code HTML5 de chaque chapitre de mon livre.

La marche à suivre vous est maintenant familière depuis que nous l’avons apprivoisée avec la version papier.

En sélectionnant Fichier > Compiler… vous êtes conduits à la fenêtre de compilation.

Vous pouvez vous servir du format de compilation Publication que je partageai avec vous il y a quelque temps déjà.

Dans ce cas vous le sélectionnez, et veillez ensuite à ce que le format de sortie soit ePub3. Vous cochez les chapitres que vous voulez inclure dans la compilation, ainsi qu’éventuellement la préface et la postface, et vous cliquez sur Compiler.

Scrivener crée donc un fichier ePub totalement fonctionnel, mais assez brut, dont nous ne garderons que les fichiers correspondants aux chapitres.

Pour ce faire, il faut ouvrir l’ePub avec ePub Packager, et extraire les fichiers HTML5 de votre texte. Pour ma part je les mets dans un dossier rangé à part. Et je détruis ce qu’il reste de l’ePub généré par Scrivener.

Petite incursion dans mon format de compilation

Au passage, nous pouvons détailler un peu le format de compilation Publication d’écaille & de plume, afin de vous montrer une petite astuce qui permettra que tous vos styles soient correctement marqués par Scrivener pour être parfaitement reconnus dans la feuille de style CSS3.

En vous rendant sur Fichier>Compiler… puis en faisant un clic droit sur le format de Publication, vous entrez dans la modification du format de compilation.

Sur la colonne de gauche, sélectionnez ePub3 pour faire apparaître les réglages spécifiques à cette exportation.

Puis descendez dans la colonne et cliquez sur Styles.

Cliquez sur le Style Scène intriquée. Vous vous rappelez ? C’est le style que j’ai créé dans Scrivener pour marquer les passages de flash-back ou de scènes qui se déroulent à un autre endroit en même temps dans le texte.

Dans la colonne de droite vous allez remarquer que dans la case CSS Class Name, j’ai noté italic.

Lors de la compilation de mon texte, les paragraphes qui seront marqués dans Scrivener comme des Scènes intriquées seront marqués dans le codage HTML5 avec la classe CSS3 italic, qui sera utilisée plus tard pour rendre leur apparence différente de celle des autres paragraphes.

Ainsi, automatiquement, tous mes paragraphes seront marqués sans que j’aie à m’en soucier.

De la même façon, j’ai créé un style de caractère pour les quelques premiers mots d’un chapitre, que j’ai nommé Première phrase de chapitre. Et son CSS Class Name sera first-sentence, qui fera référence au même nom dans la feuille de style CSS3 générée là encore automatiquement par Blitz une fois que vous l’aurez correctement paramétré.

Malin, non ?

Bien utilisée, la combinaison Scrivener/Blitz va vous faire gagner beaucoup de temps.

Blitz krieg

Une fois le texte exporté en HTML5, il est temps de nous occuper de la traduction de vos styles en CSS3.

C’est le rôle de Blitz, que vous pouvez télécharger ici. Vous aurez aussi une documentation (en anglais, mais très intéressante) ici. Je vais essayer pour ma part de vous guider dans ce que j’ai retenu de son utilisation, en me basant sur le tutoriel d’introduction mis à disposition par Jiminy lui-même sur Medium.

Il faut considérer Blitz comme un jeu de construction, où chaque brique peut être paramétrée.

Blitz comme une API

On peut tout d’abord se servir de Blitz comme d’un générateur de classes CSS, c’est-à-dire comme une base de code qui permet de donner des propriétés esthétiques et de positionnement à une balise HTML.

Par exemple, si nous voulons que les paragraphes simples du texte soient indentés et justifiés, il suffira d’attribuer les classes correspondantes (indent et justified respectivement) comme classe à nos balises <p> et Blitz aura généré le code tout seul. Cela donnera le code suivant dans le fichier HTML de votre chapitre.

<p class="indent justified">Ceci est un paragraphe indenté et justifié</p>
Un paragraphe inventé et justifié grâce aux classes CSS3

Dans ce cas-là, vous pouvez simplement vous servir du fichier blitz.css déjà fourni par Jiminy Panoz dans l’archive zip que vous avez téléchargée, et appeler les classes CSS qu’il a déjà paramétrées lorsque vous en aurez besoin pour votre texte.

Mais cela suppose que vous précisiez à chaque ligne de votre texte comment styler le paragraphe. Même avec les fonctions de recherche et de remplacement des logiciels, c’est fastidieux, car il faudra probablement que vous vérifiiez à chaque fois que votre paragraphe doit bien être stylé de cette façon. Si au beau milieu de votre texte vous avez des paragraphes de flash-back que vous vouliez présenter différemment (par exemple sans indentation), il vous faudra parcourir tout le texte pour faire vos modifications.

De plus, vous n’utiliserez alors que les classes principales de Blitz, en vous fermant la possibilité dont nous parlions tout à l’heure, c’est-à-dire l’amélioration progressive.

L’amélioration progressive

C’est un constat frustrant que chaque solution de lecture gère les possibilités de codage différemment, et que selon que votre lecteur utilisera une tablette Kobo ou Kindle, un iPad ou un ordinateur votre style apparaîtra différemment, mais aussi qu’il est possible qu’une application de lecture qui ne supporte pas les ligatures pour votre texte, par exemple, pourra très bien arrêter de comprendre votre fichier CSS complètement, ce qui engendrera un gros bug visuel et gâchera l’expérience de lecture d’une façon extrêmement désagréable.

Pour remédier à cela, et pour tout de même présenter à vos lecteurs ce que vous aviez prévu, l’amélioration progressive pose les fonctionnalités par couches successives. La base de votre présentation sera celle qui sera lisible par toutes les applications de lecture. Puis vous prévoirez dans votre fichier les fonctionnalités qui pourront apparaître si l’application les supporte. Ainsi, votre texte pourra être lisible dans tous les cas, et s’améliorera en présentation en fonction des capacités de l’application de lecture.

Blitz gère ça avec ce que l’on appelle les media-queries (ou requêtes de média en bon français) qui permettent de poser des conditions au code.

Par exemple, avec la syntaxe

@supports {amélioration{mettre en place l’amélioration}}

votre application de lecture saura quelle amélioration enclencher si elle est capable de la supporter. Les applications qui ne sauront pas le faire en resteront aux fonctionnalités basiques que vous aviez déjà prévues, voire aux fonctionnalités codées dans la syntaxe

@supports not {amélioration{fonctions basiques en cas de non-support}}.

Construction modulaire du fichier LESS

L’autre façon, la meilleure, de se servir de Blitz, est de construire un fichier CSS sur mesure.

Pour cela, nous allons faire nos paramétrages dans Crunch 2. Après avoir ouvert le logiciel, cliquez sur l’icône de dossier avec un signe + et ouvrez le dossier LESS. Puis parcourez l’arborescence de fichiers sur le volet de gauche. Si vous double-cliquez sur le fichier blitz.less, il sera ouvert dans la fenêtre principale.

Le fichier blitz.less

Ce fichier est le moteur du générateur Blitz. C’est lui qui détermine quelles options vous sont ouvertes pour générer le code CSS3 final.

La partie Namespaces permet de déclarer les normes auxquelles le fichier se réfère.

C’est ici que l’on peut déjà commencer à déclarer les fontes particulières que vous voudrez utiliser dans votre texte. Par exemple, pour ma police Sorts Mill Goudy, il suffit que j’insère la référence, en n’oubliant pas de spécifier à quel endroit de l’ePub se trouve le fichier de la fonte (ici dans le dossier Fonts).

Ainsi :

@font-face {
font-family: 'Sorts Mill Goudy';
src:  url('../Fonts/GoudyStM.otf');
}

@font-face {
font-family: 'Sorts Mill Goudy italic';
src:  url('../Fonts/GoudyStM-Italic.otf');
}
Déclaration des fontes utilisées

Vous pouvez par contre remarquer que la partie Begin CSS (début du CSS) contient 6 parties.

Les références sont des fichiers qui ne seront pas intégrés dans le code final, mais qui servent à paramétrer d’autres parties du code.

La partie core (ou noyau) est le cœur des variables qui vont générer le rythme des espaces et du texte, gérer les distances entre les paragraphes, les lignes, les tailles des caractères.

La partie base contient les styles qui sont nécessaires à presque tous les ouvrages électroniques.

Les extensions sont des petits ajouts qui vous seront peut-être utiles.

Les utilities (ou utilitaires) sont des références qui sont exportées par défaut dans le code final.

Enfin, le plug-in kindle permet de générer quelques spécificités pour le système de lecture d’Amazon.

Comme j’ai envie de me servir des fonctions d’amélioration progresives de Blitz, j’ai déplacé le fichier blitz-progressive.less dans la partie utilitaires et j’ai enlevé la parenthèse qui le marquait comme référence. Ainsi, le code CSS généré contiendra les styles rattachés à des fonctions avancées. De la même façon, comme j’ai besoin de paramétrer les césures (hyphens en anglais), pour le fichier hyphens.

Le noyau : variables.less

Il y a là deux réglages fondamentaux qui peuvent être très utiles si vous avez l’intention de doter votre ePub3 de polices de caractère un peu différentes de celles qui sont fournies par les applications de lecture. Il s’agit de la taille du corps de votre police (@body-font-size) et de la hauteur de l’interligne (@body-line-height). Par défaut, le premier paramètre est à 16 pixels et le deuxième à 1,5.

Ce réglage fonctionne avec la plupart des fontes.

Pour ma part, afin de caler l’impression de lecture sur la version papier, j’ai utilisé une fonte un peu haute (Sorts Mill Goudy), qui donne donc une impression massive inélégante en taille 16 pixels. Et le rythme de succession des lignes semble plus harmonieux avec un interligne réglé à 1,3. J’ai donc simplement changé ces réglages. Je n’ai rien touché d’autre.

Pour ce qui est du deuxième fichier du dossier core, rythm.less, je n’y ai pas touché non plus. Il s’agit d’un algorithme savamment dosé que je ne voulais pas casser.

La base

Ce sont les fondations du code CSS qui sera généré.

La première fondation est ce qu’on appelle le reset. Il remet à zéro tous les réglages que l’application de lecture peut avoir modifiés auparavant. Cela vous assure que votre code sera toujours basé sur quelque chose de propre, puisque remis à zéro. Il n’est pas nécessaire de toucher ce fichier.

Ensuite vient le fichier page.less. Il règle les paramètres d’une page de votre livre. Là encore, à moins que vous ne préfériez augmenter les marges de votre page, pas besoin d’y toucher.

La typographie

Le fichier typo.less est celui que vous allez le plus modifier.

C’est ici que vous allez pouvoir déterminer que tous vos paragraphes <p> seront indentés et justifiés par défaut, par exemple. Il suffit pour cela de trouver la classe <p>, et de lui appliquer une classe indent et justified. Car, oui, contrairement à un code CSS, un code LESS peut imbriquer des classes les unes aux autres.

C’est la puissance de la modularité de Blitz.

Les classes déjà paramétrées par Jiminy peuvent être utilisées comme des briques qui vont construire vos propres classes.

Par exemple, pour construire mon style de paragraphes pour le copyright, dénommé bien entendu copyright, voici le code LESS que j’ai inséré dans ce fichier.

.copyrights {
.fs-s;
.no-indent;
.disable-hyphens;
.align-center;
}
Code LESS pour construire une paragraphe de copyright de façon modulaire avec Blitz

Il déclare que la taille de la police doit être petite, qu’il ne doit pas y avoir d’indentation ni de césure, et que le paragraphe doit être centré. Sans utiliser une seule ligne de code CSS ! Il suffit de décrire ce que vous voulez voir, et Blitz le code pour vous…

De même, pour l’amélioration progressive.

Si je veux que mes paragraphes utilisent les ligatures (clig, les ligatures communes, dlig, les ligatures discrétionnaires), le code LESS sera :

p {
    .indent;
    .justified;
    .supports-clig({
    .clig;
  });
.supports-dlig({
    .dlig;
  });
}
Code LESS d'amélioration progressive sur les ligatures de texte

La compilation du fichier LESS en CSS

Il existe une multitude d’autres choses que vous pouvez paramétrer avec Blitz, notamment comment les images seront gérées, comment certains objets seront centrés, comment la hauteur de certains objets (dont les images) pourra être déterminée par la hauteur de l’écran de l’appareil de lecture, etc. Mais cela n’entre pas dans le cadre de cet article.

Sachez seulement que le principe sera toujours le même, celui de la modularité.

Et une fois que vous avez complété votre paramétrage de tous les fichiers contenus dans le framework LESS, il est temps de compiler votre fichier CSS3 final. Dans Crunch 2, il suffit de cliquer sur l’icône en forme de d’étau ou de C majuscule sur la droite de la fenêtre.

Et voici le fichier qui sera exporté.

@charset "UTF-8";
/* blitz — CSS framework for reflowable eBooks
Version 1.1.2 by Jiminy Panoz
Codename: Idle in Kangaroo Court W1
License: MIT (https://opensource.org/licenses/MIT) */
/* NAMESPACES */
@namespace h "http://www.w3.org/1999/xhtml/";
@namespace epub "http://www.idpf.org/2007/ops";
/* if you need to style epub:type */
@namespace m "http://www.w3.org/1998/Math/MathML/";
/* if you need to style MathML */
@namespace svg "http://www.w3.org/2000/svg";
/* if you need to style SVG */
@font-face {
font-family: 'Sorts Mill Goudy';
src: url('../Fonts/GoudyStM.otf');
}
@font-face {
font-family: 'Sorts Mill Goudy italic';
src: url('../Fonts/GoudyStM-Italic.otf');
}
html {
/* Don't use it for styling, used as selector which can take a punch if anything goes wrong above */
}
/* Begin CSS */
/* RESET */
/* So here's the trick, we must reset to manage a number of problems once and for all:
- HTML5 backwards compatibility (EPUB 3 file in EPUB 2 app);
- user settings (e.g. line-height on Kobo and Kindle);
- CSS bloat (DRY);
- KFX for which a reset using `border: 0` seems to disable support;
- etc.
It all started as a normalize and became a reset given the magnitude of the task.
*/
article,
address,
aside,
blockquote,
canvas,
dd,
details,
div,
dl,
dt,
figure,
figcaption,
footer,
h1,
h2,
h3,
h4,
h5,
h6,
header,
hr,
li,
main,
nav,
ol,
p,
pre,
section,
summary,
ul {
margin: 0;
padding: 0;
/* RS may apply vertical padding to el such as p */
font-size: 1em;
/* Font size in pixel disable the user setting in legacy RMSDK */
line-height: inherit;
/* Kindle ignores it, Kobo needs it. If you don’t use inherit, the user setting may be disabled on some Kobo devices */
text-indent: 0;
font-style: normal;
font-weight: normal;
}
/* This is absolutely necessary for backwards compatibility */
article,
aside,
figure,
figcaption,
footer,
header,
main,
nav,
section {
display: block;
}
[hidden] {
display: none;
}

/* Le reste du Reset, que je ne retranscris pas ici... */

/* PAGE LAYOUT */
@page {
margin: 30px 30px 20px 30px;
/* Recommended by Barnes & Noble in this old spec: https://simg1.imagesbn.com/pimages/pubit/support/pubit_epub_formatting_guide.pdf */
padding: 0;
}
body {
font-size: 93.75%;
line-height: 1.3;
margin: 0;
/* RS will override margins anyways */
padding: 0;
widows: 2;
/* iBooks and Kobo support widows and orphans */
orphans: 2;
}
/* TYPOGRAPHY */
h1,
h2,
h3,
h4,
h5,
h6,
blockquote p cite,
dt,
pre,
address,
table,
caption,
th,
td,
p,
.align-left,
.align-center,
.align-right,
.caption,
.no-hyphens {
adobe-hyphenate: none;
/* proprietary for Legacy RMSDK */
-ms-hyphens: none;
-moz-hyphens: none;
-webkit-hyphens: none;
-epub-hyphens: none;
hyphens: none;
}
/* Je ne retranscris pas non plus les codes pour les titres et on passe directement à ce que nous avons modifié dans Blitz */
p {
font-family: "Sorts Mill Goudy", "Minion Pro", "Iowan Old Style", Palatino, "Palatino Linotype", "Palatino Nova", "BN Amasis", Cambria, FreeSerif, "Times New Roman", serif;
text-indent: 1em;
/* Designed as a class for body — We don't enforce as user setting > author */
text-align: justify;
adobe-hyphenate: auto;
/* proprietary for Legacy RMSDK */
-ms-hyphens: auto;
-moz-hyphens: auto;
-webkit-hyphens: auto;
-epub-hyphens: auto;
hyphens: auto;
/* before and after not in spec but iBooks support all three (-webkit-) */
-ms-hyphenate-limit-lines: 2;
-moz-hyphenate-limit-lines: 2;
-webkit-hyphenate-limit-lines: 2;
hyphenate-limit-lines: 2;
/* No support except Trident (Windows) */
-ms-hyphenate-limit-chars: 6 3 2;
-moz-hyphenate-limit-chars: 6 3 2;
-webkit-hyphenate-limit-before: 3;
-webkit-hyphenate-limit-after: 2;
hyphenate-limit-chars: 6 3 2;
/* No support except Trident (Windows) */
-ms-hyphenate-limit-zone: 10%;
-moz-hyphenate-limit-zone: 10%;
-webkit-hyphenate-limit-zone: 10%;
hyphenate-limit-zone: 10%;
/* No support */
-ms-hyphenate-limit-last: always;
-moz-hyphenate-limit-last: always;
-webkit-hyphenate-limit-last: always;
hyphenate-limit-last: always;
}
@supports [1]-ms-font-feature-settings: "liga") or (-webkit-font-variant-ligatures: common-ligatures) or (font-variant-ligatures: common-ligatures {
p {
-ms-font-feature-settings: "liga";
-webkit-font-variant-ligatures: common-ligatures;
font-variant-ligatures: common-ligatures;
}
}
@supports [2]-ms-font-feature-settings: "dlig") or (-webkit-font-variant-ligatures: discretionary-ligatures) or (font-variant-ligatures: discretionary-ligatures {
p {
-ms-font-feature-settings: "dlig";
-webkit-font-variant-ligatures: discretionary-ligatures;
font-variant-ligatures: discretionary-ligatures;
}
}
.footnote {
font-size: 0.93333333em;
line-height: 1.39285714;
text-indent: 0;
}
blockquote {
margin: 1.3em 5%;
}
blockquote p {
text-indent: 0;
font-style: italic;
}
blockquote p i,
blockquote p em,
blockquote p cite {
font-style: normal;
}
address {
/* Styles */
}
.copyrights {
font-size: 0.93333333em;
line-height: 1.39285714;
/* proprietary for Legacy RMSDK */
adobe-hyphenate: none;
/* proprietary for Legacy RMSDK */
-ms-hyphens: none;
-moz-hyphens: none;
-webkit-hyphens: none;
-epub-hyphens: none;
hyphens: none;
text-indent: 0;
/* Necessary as RS may define text-indent for p */
text-align: center;
}
.dedicace {
/* Don't use that with span if i, cite, dfn or em can be used */
font-style: italic;
/* proprietary for Legacy RMSDK */
adobe-hyphenate: none;
/* proprietary for Legacy RMSDK */
-ms-hyphens: none;
-moz-hyphens: none;
-webkit-hyphens: none;
-epub-hyphens: none;
hyphens: none;
text-indent: 0;
/* Necessary as RS may define text-indent for p */
text-align: right;
margin-left: 20%;
margin-top: 5.2em;
}

/* FIGURES + IMAGES */
figure {
page-break-inside: avoid;
break-inside: avoid;
margin: 1.3em 0;
}
figcaption,
.caption {
font-size: 0.93333333em;
line-height: 1.39285714;
text-indent: 0;
}
img {
width: auto;
max-width: 100%;
/* Note: KF8 doesn't support max-width hence "width: auto;" as fallback */
height: auto;
object-fit: contain;
}
/* Note: portrait image styling + figcaption is a nightmare */
/* See https://github.com/jstallent/ImagesSingleFile for the css hack */
img.portrait {
width: auto;
max-width: 100%;
/* Note: KF8 doesn't support max-width hence "width: auto;" as fallback */
height: 100%;
/* We try to prevent blank page after */
max-height: 95%;
/* Max value iBooks enforces */
}
.float-left img,
.float-right img {
width: 100%;
/* If it’s auto, image in floating container will overflow on Kobo iOS + Kindle */
}
@supports (height: 99vh) {
img.portrait {
height: 99vh;
}
}
/* ETC... */
Le fichier CSS3 exporté par Blitz

C’est ce fichier qui déterminera l’apparence de votre livre. Et vous l’aurez créé en un minimum d’effort.

Merci Jiminy !

Greffe des chapitres créés par Scrivener

Il est temps de greffer les chapitres exportés par Scrivener dans la coquille pour l’instant presque vide de votre maquette d’ePub3.

Pour ma part, comme la partie <head> de ces fichiers n’est pas aussi optimisée que celle fournie par Blitz, j’ouvre chaque chapitre créé par Scrivener et je sélectionne tout ce qui se trouve entre les balises <body> et </body> du fichier. Je copie ce bloc, et le viens le coller à l’endroit où Blitz indique Your content here. Dans la maquette que je vous ai fournie, c’est à la place du code :

<p>Ici c’est votre texte qui prend forme.</p>

<p>le reste du texte</p>
Remplacez ce code par le corps de votre chapitre HTML

Et je recommence pour chaque chapitre en créant auparavant à chaque fois un fichier chapitre_numéro-de-chapitre.xhtml identique à ceux qui sont donnés en modèle.

Je n’oublie pas de déclarer chaque nouvel ajout dans le fichier opf, bien entendu (si vous ne vous souvenez plus de ce qu’est le fichier opf, faites un nouveau détour par l’épisode 2 de cette série, ePub Anatomy), en y notant dans le manifeste :

<item href="Texte/Chapitre_numéro-de-chapitre.xhtml" id="Chapitre_numéro-de-chapitre.xhtml" media-type="application/xhtml+xml"/>
Déclaration d'un chapitre du livre dans la manifeste du fichier opf

Et dans le spine :

<itemref idref="Chapitre_numéro-de-chapitre.xhtml" linear="yes" />
Déclaration d'un chapitre du livre dans le seine du fichier opf

 

Nettoyage des balises HTML

Cependant, comme Scrivener n’a pas de style pour les paragraphes classiques, il a la sale manie de coller un code de style sur chaque balise <p> qui n’a pas une classe CSS particulière. Cela se manifeste par une balise <span style=”color:#000000″></span> du plus mauvais effet.

Heureusement, il suffit de se servir de la fonction de recherche et remplacement d’Espresso pour remplacer d’abord la séquence de code <p><span style=”color: #000000″> par un simple <p>, puis la séquence </span></p> par un simple </p>.

Il ne faudra pas oublier de chasser les quelques balises </span> qui auront été oubliées, car contiguës à d’autres balises qu’à une balise </p>.

Une fois que cela sera fait, votre texte sera prêt. Vous avez fait le plus gros.

Vous pourrez aisément vérifier l’apparence de vos chapitres en visualisant le rendu grâce à la fonction d’Espesso le permettant (la boussole en haut de la fenêtre).

Les pages liminaires

Comme nous en avons déjà discuté dans l’épisode 2 de la série d’articles Making of a book, un livre ce n’est pas seulement que vos chapitres. C’est aussi d’autres pages comme une préface, un index, une bibliographie.

Chaque partie aura besoin d’un fichier de texte, comme chacun de vos chapitres.

De la même façon que vous l’avez fait auparavant, vous devrez y importer votre texte.

Et soit vous aurez déjà pensé vos styles auparavant (c’est par exemple ce que nous avons fait avec la classe CSS3 copyright dont nous parlions auparavant, et qui servira aux mentions légales de votre livre) ce qui vous fera gagner du temps puisque vous n’aurez qu’à appliquer le style correspondant à vos balises HTML, soit vous avez décidé d’utiliser les classes préfabriquées par Blitz pour déterminer a posteriori quelle apparence auront ces pages.

Dans ce dernier cas, vous allez devoir coder votre page HTML dans Espresso pour ajouter des classes et visualiser le rendu ensuite dans un navigateur internet de votre choix ou dans celui du logiciel lui-même, qui est assez bon pour cela je trouve. Cela peut être long, mais heureusement il y a souvent peu de texte dans les pages liminaires par rapport au corps d’un livre.

La navigation : fichier nav

Comme nous l’avons vu dans l’épisode 2 de cette série, ePub Anatomy, un ePub3 a besoin d’un fichier dédié à la navigation, encadré par des balises <nav epub:type=”toc”>.

Pour peaufiner votre livre électronique, vous aurez donc besoin de compléter ce fichier en y insérant les références de tous les chapitres de votre texte accessibles à la navigation, donc y compris les pages liminaires dont vous souhaiter intégrer les références dans le sommaire.

Ce sommaire est matérialisé par une liste en code HTML5, avec des balises <li> encadrées par une balise <ol>. Chaque ligne contient un lien avec une balise <a> qui mène au fichier correspondant au chapitre.

La navigation, fichier ncx

De la même façon, afin de garantir une rétrocompatibilité avec les solutions de lecture ePub2, il sera intéressant de remplir le fichier de navigation de cet ancien format, le fichier ncx.

Vous y mettrez les mêmes informations, mais codées différemment, entre des balises <navMap> encadrant des <navPoint>.

Les images

Les images sont parmi les objets les plus délicats à manier dans un fichier ePub.

Tout d’abord, elles doivent respecter certaines règles de taille et de poids.

En effet, l’iBookstore d’Apple exige que les images intérieures (même la couverture intérieure donc) ne dépassent pas les 4 millions de pixels.

Ensuite, le code CSS3 qui permet de les afficher correctement (notamment sans qu’elles soient coupées en deux entre deux pages) est assez complexe.

Enfin, leur positionnement est toujours délicat, notamment si vous voulez les centrer au milieu de la largeur de la page avec une taille définie.

C’est une des raisons pour lesquelles les modules de Blitz sont si intéressants. Ils ont été soignés pour éviter ces écueils.

Pour ma part, je fais un usage immodéré des classes Blitz telles que wrap-pourcentage qui permettent de centrer l’image en lui donnant une taille définie par le pourcentage indiqué, et portrait, qui permet de s’assurer que l’image est contenue au maximum de la hauteur de l’écran.

La couverture, elle, suit des règles différentes. Elle n’a notamment pas les limitations des images destinées à la maquette intérieure. Et elle est intégrée seulement dans le fichier qui contient le paramètre epub:type=”cover”.

On peut par contre lui appliquer les mêmes classes, notamment portrait.

Métamorphose en ePub

Une fois toutes ces étapes franchies, votre ePub est prêt à naître.

Il vous suffit de le glisser dans la fenêtre d’ePub Packager, puis de cliquer sur l’icône avec la flèche vers la droite notée Open. L’application vous ouvre une fenêtre qui montre l’emplacement de l’ePub généré.

Vous êtes presque au bout de vos peines. Normalement.

Le test ePubCheck

Car un ePub n’est pas vraiment un ePub tant qu’il n’a pas passé l’épreuve ePubCheck. Cette application en lignes de commande permet de savoir si votre fichier respecte bien toutes les normes de l’ePub, sur la forme comme sur le fond, sur le codage comme sur l’organisation et la hiérarchie, la syntaxe, bref : tout.

C’est un outil très pointilleux qui ne va laisser passer aucune erreur.

Aucune.

SAUF.

Certaines erreurs de frappe. Par exemple, comme cela m’est arrivé, avec des paramètres CSS tels que margin-left:20% si comme moi vous êtes étourdis et écrivez margin-left:2a0%.

L’ePub passera le test, mais sera affiché de façon complètement erratique sur une liseuse.

Le plus simple pour soumettre votre epub au test est cependant une interface graphique nommée ePubChecker, distribuée gratuitement par Pagina. Il suffit de glisser-déposer votre ePub dans la fenêtre d’ePubChecker, et l’application l’analyse, pour vous renvoyer les erreurs éventuelles, avec un écran rouge, ou vous avertir de la validation avec un écran vert.

Le test ultime : les différentes applications de lecture

Enfin, pour vous assurer que tout se passe bien, je ne saurai trop vous conseiller de tester votre fichier sur différentes applications de lecture, et au moins sur une liseuse, pour vous rendre compte du résultat en dehors d’un environnement informatique évolué qu’est l’ordinateur personnel.

Les liseuses embarquent des interpréteurs souvent plus tatillons que les navigateurs internet sur lesquels sont basés les logiciels tels qu’Espresso, par exemple.

Et comme nous venons de le voir, le test ePubCheck est incapable de donner un rendu de votre livre.

Il est donc important de savoir comment votre feuille de style se comporte sur une liseuse, si votre texte est lisible, formaté selon vos souhaits. En utilisant Blitz, vous avez une certaine garantie, mais même Blitz ne peut pas tout prévoir…

The eBook Identity, la Lecture dans la Peau

Vous savez dessiner un ePub3, mais il y a d’autres règles qui ne concernent pas véritablement le codage. Et vous devez les connaître pour que votre livre puisse véritablement avoir une identité.

Couverture, couverture

La couverture est la principale marque d’identité de votre livre. Comme nous en avons discuté pour la version papier, elle est l’interface avec votre public. Dans le cas d’un livre électronique, c’est même presque la seule, car c’est la couverture qui servira d’icône sur le bureau de votre ordinateur, comme elle servira d’image sur la page de la librairie en ligne.

Faites-en donc une version extrêmement haute définition, qui sera à fournir à votre libraire virtuel.

Quant à celle qui servira dans votre fichier lui-même, Apple recommande qu’elle soit au moins de 1440 pixels de large, et Amazon de 1660 pixels de large, mais n’hésitez pas à la faire plus grande encore. Par contre, optimisez-en son poids, afin de ne pas trop augmenter la lourdeur de votre fichier.

ISBN

Les livres numériques doivent avoir un ISBN, un numéro unique à treize chiffres qui identifie chaque édition de chaque ouvrage publié à travers le monde. Comme un livre numérique est considéré comme une édition différente de la version papier du même ouvrage si elle existe, son ISBN devra être différent.

Il devra être intégré dans le code du livre (dans le fichier opf), mais aussi visible par le lecteur (sur une page dédiée, appelée colophon, par exemple).

Nous discuterons d’ailleurs plus en détail des obligations légales diverses et variées dans un article dédié.

Dépôt légal

À la différence d’un livre papier, il n’existe pas d’obligation de dépôt légal d’un livre numérique en France.

Les robots de la Bibliothèque Nationale de France se chargent d’écumer le web à la recherche de tous les ouvrages numériques, et vous n’aurez donc pas de formalités à accomplir de ce côté-là.

It’s a Kindle of magic

Enfin, malgré le fait que le format Kindle ne soit pas vraiment de l’ePub3 vous serez obligés de proposer une version de votre livre adaptée à l’écosystème de lecture d’Amazon du fait de son extrême et écrasante majorité chez les possesseurs de ces applications de lecture.

La bonne nouvelle c’est que c’est presque Amazon qui le fait pour vous.

Il vous suffit de télécharger gratuitement Kindle Previewer 3, le logiciel maison d’Amazon chargé de la conversion vers le format propriétaire. Jiminy Panoz (encore lui !) en avait fait un petit article de test en 2016.

Une fois votre livre importé par simple glissé-déposé, KP3 mouline pendant un long moment et vous permet de simuler les applications Kindle sur différents appareils, afin d’en vérifier le rendu.

Vous aurez peut-être certains réglages à faire sur le fichier CSS3 spécifique généré par Blitz.

Puis vous sélectionnez Fichier>Exporter pour créer automatiquement une version Kindle de votre ePub3.

Étonnamment (ou pas), la version Kindle est toujours beaucoup plus lourde que la version ePub3.

Mais elle est indispensable.

Vers l’infini et au-delà

C’est le destin qui est maintenant promis à votre œuvre.

Vous avez en main deux versions de votre ouvrage, un fichier Kindle à mettre entre les mains des possesseurs de tablette Amazon, et un fichier ePub3 pour tous les autres.

Dans le prochain épisode, nous verrons comment les mener vers vos lecteurs.

Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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References

References
1 -ms-font-feature-settings: "liga") or (-webkit-font-variant-ligatures: common-ligatures) or (font-variant-ligatures: common-ligatures
2 -ms-font-feature-settings: "dlig") or (-webkit-font-variant-ligatures: discretionary-ligatures) or (font-variant-ligatures: discretionary-ligatures
Le Choix des Anges disponible en version papier et numérique

Le Choix des Anges disponible en version papier et numérique

Le Choix des Anges disponible en version papier et numérique

Le grand jour est arrivé !

Après de nombreuses années d’efforts souvent entrecoupés hélas par les vicissitudes de la vie, je suis arrivé au bout de l’écriture de ce deuxième roman, puis au bout de sa préparation pour une publication en autoédition.

Le Choix des Anges est donc disponible à la vente tant dans sa version papier (livre broché de 296 pages en format A5, au prix de 12,66 €) que dans sa version numérique (format ePub, au prix de lancement de 2,99 €).

La version Kindle est retardée par le système de validation de KDP mais sera je l’espère disponible très vite.

Vos commentaires et vos partages sont bien entendu les bienvenus.

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Version papier

  • Date de publication 2018 (1ère édition), 2021 (2e édition)
  • Urban fantasy
  • 292 pages
  • Format A5, couverture rigide à signet
  • ISBN 9791093734033
  • Prix : 24€
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Version numérique

  • Date de publication 2018 (1ère édition), 2021 (2e édition)
  • Urban fantasy
  • Format ePub3 compatible ePub2 et Kobo
  • 1,4 Mo sans DRM
  • ISBN 9791093734026
  • Prix : 5,99€
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Version livre audio

  • À paraître en 2021 (texte de la 2e édition)
  • Lu par l'auteur
  • Urban fantasy
  • Formats .mp3, .m4b
  • 40 Mo
  • Prix : 14€
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