De l’art de présenter un jeu de rôle, suite de la discussion en 2025

De l’art de présenter un jeu de rôle, suite de la discussion en 2025

De l’art de présenter un jeu de rôle, suite de la discussion en 2025

De la suite dans les idées…

Il y a dix ans, en 2015, j’ai fait le constat amer de ne pas trouver de scénario ou de campagne de jeu de rôle écrite ou présentée de façon à faciliter l’appropriation par le Meneur de jeu. J’en avais tiré un article, publié sur ce site, où je tentais de résoudre l’équation impossible qui consiste à montrer les embranchements essentiels d’un scénario de jeu de rôle (puisque tout ne peut être prédit, les nœuds fondamentaux de l’intrigue, eux, doivent être signalés de façon claire) sous la forme d’une mindmap ou carte heuristique.

Je vous renvoie à la lecture de ce premier article, qui vous sera utile pour la suite, car je vais reprendre le fil de mes réflexions sans revenir en arrière.

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Il se trouve que, depuis, en creusant encore le sujet, je m’étais rendu compte que les Wiki pouvaient être utilisés de façon textuelle depuis longtemps, mais manquaient de la fonction essentielle de la carte mentale.

J’étais resté quelque temps sur le logiciel MindNode, puis j’ai découvert Scapple, l’application Mac créée par les concepteurs de Scrivener. Vous savez quelle admiration je voue à Scrivener, qui me sert pour quasiment tout ce que j’écris, donc cela ne vous surprendra pas de savoir que je me suis rué sur Scapple et que j’en ai usé et abusé pour beaucoup de choses, depuis la conception des intrigues de mes romans jusqu’à celle de mon réseau informatique domestique. Et bien sûr, en passant par mes scénarios de jeu de rôle. Qu’ils soient les miens ou ceux que je voulais prendre en main pour les maîtriser à mes camarades de jeu, d’ailleurs.

Je vous en glisse quelques exemples ici.

Pourtant, je butais toujours sur la difficulté suivante : pour être efficace, une carte heuristique doit permettre de se référer rapidement au texte d’une scène, ou du moins à certains paramètres fondamentaux, comme tonalité, protagonistes PNJ, notes diverses, voire Aspects si on joue à FATE. Le faire avec un livre papier à côté ou son pendant en PDF n’était pas chose aisée.

Et puis, bien évidemment, depuis une certaine pandémie virale, les rôlistes comme les autres personnes se sont mis à faire leurs activités via internet. Nous avons donc assisté à l’explosion des plateformes de jeu de rôle en ligne du type Roll20, Let’s Rôle, ou FoundryVTT. Or, ces plateformes ne se contentent pas de vous proposer un moyen d’interagir à distance le temps d’un scénario. Elles ont aussi peu à peu fait entrer des mécaniques de jeux vidéo dans leurs possibilités, à savoir : la gestion des personnages et de leurs caractéristiques chiffrées, puis, plus tard, et cerise sur le gâteau, la constitution de réels environnements (des scènes) avec des fichiers PDF pouvant être partagés avec les joueurs pour expliquer un contexte.

Pourtant, si les plateformes de jeu en ligne sont attirantes, elles restent un peu prisonnières d’une configuration précise (monde, système, scénario) et d’une connexion à internet. Il leur manque également la capacité à créer une réelle carte mentale.

Or, depuis trois ans, j’ai découvert une application nommée :

Capture d'écran d'une note dans mon coffre Obsidian personnel

Obsidian

Obsidian est une application multiplateforme de gestion de notes, capable de constituer ce que l’on appelle un réseau de savoir, ou réseau de connaissances (personal knowledge manager en anglais, ou PKM). Son principe est tout bête : dans un coffre (donc, un dossier informatique), l’application met en relation par des liens hypertextes que vous créez vous-même des fichiers textuels contenant des notes écrites ou des médias divers (images, sons, vidéos), à la manière d’un Wiki. Cependant, sa puissance va bien au-delà d’un Wiki.

Obsidian est capable de gérer les métadonnées de ces notes, dont des tags, de générer des notes journalières, et même de… créer une mindmap avec vos notes…

Si vous voulez lire quelque chose de bien plus approfondi sur le sujet, allez lire l’article de Lionel Davoust, et suivez ce qu’il va écrire à partir de maintenant sur cette application et la façon de s’en servir, car je pense que ce sera une mine d’informations cruciales. Puisque c’est grâce à Lionel que j’ai découvert Obsidian, il n’est que justice de vous le conseiller.

Des tas de gens l’utilisent pour garder trace de leurs notes personnelles, de leurs réflexions, de leur journal intime, voire pour concevoir l’intrigue de romans de fantasy, comme Lionel Davoust. Il y a même des gens qui s’en servent pour le jeu de rôle depuis bien longtemps… mais c’est surtout pour gérer leurs parties comme sur une plateforme du genre de Roll20.

Il y a bien des fans anglophones qui ont transformé Obsidian en un véritable gestionnaire de partie de jeu de rôle, mais c’est seulement pour D&D, forcément… ce qui n’est pas mon propos. Mon objectif est simplement d’écrire et de présenter un scénario de manière non linéaire, pas de gérer les aspects techniques d’une partie.

J’ai moi-même adopté Obsidian pour consigner mes notes de joueur lors des parties que j’ai suivies depuis un an.

J’ai donc, lorsque la fonction canva d’Obsidian est apparue, su qu’il fallait qu’un jour j’expérimente la préparation d’un scénario en me servant de ce logiciel, que j’avais déjà adopté pour gérer mes notes personnelles.

C’est ce que j’ai fait.

Et, franchement, je crois que j’ai trouvé un Graal.

Alors, comme toujours, je partage avec vous.

Le seul prérequis est que vous vous soyez familiarisé avec Obsidian lui-même, c’est-à-dire avec :

Une fois que vous aurez expérimenté, trafiqué, joué avec tout cela, vous pouvez embarquer avec moi. Je vous récompenserai en partageant avec vous un coffre-kit contenant tout ce qui, à mon avis, est nécessaire pour écrire ou présenter un scénario de jeu de rôle grâce à Obsidian.

Capture d'écran du coffre Obsidian du scénario Whiplash

Obsidian pour un scénario, mise en place

Maintenant, trêve d’explications. Si vous avez suivi mes conseils un peu plus haut et que vous avez un peu pris en main Obsidian, vous devez déjà être à moitié convaincu de faire l’essai sur un scénario. Alors voilà comment, personnellement, je me sers de l’engin.

Un coffre par scénario ou campagne

Pour ne pas mélanger les genres, je vous conseille de créer un coffre spécifique pour chaque scénario ou chaque campagne, ainsi, vous garderez un coffre peu chargé, ce qui permettra de le partager plus facilement avec celles & ceux qui seront intéressés pour faire jouer ce scénario ou cette campagne précise, vous évitant de devoir trier ce que vous transmettrez.

Nous verrons plus loin que vous pourrez transférer ou copier les notes de comptes-rendus des sessions dans votre coffre personnel pour en garder trace. Vous pouvez d’ailleurs faire de même avec tout le scénario si vous gardez à l’esprit une règle simple :

Paramétrer le coffre du scénario de façon à être compatible avec la structure et les métadonnées de votre coffre principal.

Les quelques réglages qui suivent peuvent vous y aider.

Cependant, ils sont surtout là pour optimiser les outils intégrés à Obsidian (recherche, liens, etc.).

Les plugins

Voici les plugins (ou modules dans la langue de Molière) que je vous recommande d’activer.

Les modules de base :

  • Aperçus de page : vous pourrez directement voir une note en restant sur la précédente, c’est très utile en cours de jeu,
  • Canvas : c’est la fonction qui permet à Obsidian de remplacer Scapple,
  • Compositeur de note : utile en préparation, surtout,
  • Espaces de travail : pour enregistrer la disposition de vos divisions de fenêtre,
  • Importateur de fichiers Markdown : c’est surtout utile en préparation, pour importer des notes déjà prises ailleurs,
  • Modèles : pour rapidement créer des notes correspondant à une présentation particulière (pour les personnages, par exemple),
  • Notes quotidiennes : pour enregistrer les sessions de jeu dans des notes que vous pourrez suivre facilement par date,
  • Palette de commandes : très pratique en préparation comme en jeu,
  • Rechercher : bien évidemment, ça vous fera gagner un temps très précieux en cours de jeu.

Les modules communautaires :

  • Dataview : ce module est une pierre angulaire du coffre, car il vous offre la possibilité de créer des tableaux et des listes de notes suivant des critères bien précis, et grâce à une petite syntaxe de code très simple à apprendre (un peu comme le Markdown).
  • Note Refactor : pour scinder ou condenser vos notes à volonté.
  • QuickAdd : pour créer une note de façon encore plus rapide, avec le modèle adéquat et dans le dossier que vous aurez décidé à l’avance.
  • Tag Wrangler : pour démultiplier les possibilités des tags en les imbriquant (par exemple #blessé/gravement ou #blessé/légèrement).
  • Templater : pour démultiplier les possibilités des modèles de notes.
  • Clone Vault : qui me sert à créer un coffre vierge (mais avec tous mes réglages, les modèles et la structure de fichiers déjà en place) pour créer un nouveau scénario.

Et pour débuter, je pense que c’est bien suffisant.

Vous pouvez aussi avoir envie d’essayer :

  • Leaflet : pour créer des cartes géographiques ou des images interactives. Je ne l’ai pour le moment pas essayé.

Les dossiers

La structure des dossiers de votre coffre est une question majeure. Elle va en effet guider la façon dont vous allez gérer, catégoriser, donc retrouver visuellement vos notes dans une arborescence dont nous avons tous & toutes l’habitude depuis des dizaines d’années avec l’informatique moderne.

D’ailleurs, cela me fait penser qu’un jour, il faudrait que je vous parle de la façon dont Obsidian a aussi chamboulé cette organisation sur mon système informatique au sens large. Mais ce sera pour un futur article.

Revenons à nos moutons… et à nos dossiers.

Comme il est facile de se perdre dans trente niveaux de dossiers imbriqués (je suis sûr que vous savez de quoi je parle, si vous allez fouiller dans votre propre ordinateur, vous allez retrouver un dossier qui contient cinq dossiers dont chacun en contient trois autres au moins, dont chacun aura quatre subdivisions, et ainsi de suite, jusqu’au vertige…), la ligne de conduite est de commencer par une structure la plus simple et générique possible.

Celle que je propose pour votre coffre scénaristique est inspirée par le modèle ACE, que promeut une figure très connue de la mouvance Obsidian, Nick Milo. Si vous suivez le lien, vous tomberez sur l’article où Nick explique le concept du classement ACE, mais je vais résumer à très gros traits ici, pour aller à l’essentiel.

ACE est l’acronyme pour Atlas (des notes permettant de trouver d’autres notes grâce à une recherche spatiale, depuis l’échelle symbolique d’un continent jusqu’à celle d’un brin d’herbe), Calendrier (des notes permettant de trouver d’autres notes grâce à une recherche temporelle, donc suivant des dates), Efforts (des notes permettant de regrouper des notes sur des domaines où vous concentrez beaucoup des efforts de votre vie). On y adjoint le dossier «+» pour entreposer les notes que l’on ne sait pas encore classer, et le dossier «X», pour Extra, où l’on entrepose les notes de «soutien» aux autres notes (les images, les documents sources, les templates).

Dans le cas d’un coffre scénaristique, nous allons plutôt parler de :

  • + : Tout ce qui regroupe les comptes-rendus de partie, scindés en autant de groupes avec lesquels vous avez joué le scénario au fil du temps,
  • Acteurs : tout ce qui concerne des protagonistes, que ce soit des personnes physiques ou des organisations
  • Chronologie : tout ce qui permet de gérer ce qui arrive dans l’univers de jeu, comme les scènes, les faits passés, etc.
  • Éléments : tout ce qui fait le décor de votre univers, comme les lieux et les objets.
  • X : tout ce qui est support des autres notes, comme vos modèles, les images, etc.

J’ai hésité à créer une structure de dossiers plutôt inspirée par une plateforme de jeu en ligne, notamment FoundryVTT, puisque c’est celle qui est la plus geek, et surtout celle que mon groupe de jeu utilise. Mais ma structure me semble plus simple et plus lisible (la catégorie Journaux de FoundryVTT regroupe à la fois des Éléments et des comptes-rendus de session de jeu) et, si nous le voulons vraiment, il existe des plugins de part et d’autre (donc certains pour Obsidian et d’autres pour FoundryVTT), de manière à faire se synchroniser les deux, quelle que soit la structure. Pour ma part, je n’en vois pas encore le besoin. Mais cela viendra peut-être, qui sait ?

Capture d'écran de la structure ACE des dossiers d'un coffre Obsidian de scénario

Les propriétés

Les propriétés des notes d’Obsidian sont en fait des métadonnées, qui caractérisent le fichier texte sur le sujet dont il traite. Elles permettent ensuite de raffiner les recherches que vous pourrez faire, soit sur le moment, soit à l’aide du plugin Dataview, et de créer des tables et des listes automatiquement.

Ces propriétés auront deux rôles fondamentaux :

  1. Permettre une intégration facile dans votre coffre personnel si besoin (c’est-à-dire, comme nous le verrons plus loin, de garder une trace de vos sessions de jeu avec vos camarades ou même de transférer tout le coffre du scénario dans le vôtre),
  2. Permettre le fonctionnement correct des requêtes faites avec Dataview sur des notes récapitulatives (par exemple sur la note qui répertorie la liste des membres d’une faction parmi vos PNJ).

Je vous propose d’utiliser les propriétés suivantes :

  • domaine : la valeur que je propose pour toutes vos notes dans le coffre du scénario est jeu de rôle.
  • type : les valeurs utiles seront chapitre, événement, chronologie, personnage, organisation, lieu, objet, session.
  • univers : vous y indiquerez, par exemple, Mythe de Cthulhu, ou Pendragon, ou médiéval fantastique.
  • système : le système de jeu que vous utilisez.
  • Campagne : le nom de votre Campagne.
  • tabledejeu : le nom de votre groupe de jeu actuel (celui avec lequel vous jouez le scénario actuellement).
  • joueurs : les noms des joueurs.
  • meneur : le nom du Meneur (a priori c’est vous).
  • date : la date de création de la note. Ça peut être utile dans certains cas.
  • dateSession : dans les journaux de parties.
  • numSession : dans les journaux, là aussi.
  • scénario : le nom du scénario, bien évidemment. C’est surtout utile si vous voulez transférer les notes dans votre coffre principal ensuite.
  • appartenance : permet de suivre les allégeances d’un personnage.
  • propriétaire actuel : pour tenir compte du propriétaire d’un objet ou d’un lieu.
  • localisation actuelle : pour tenir le compte de la localisation d’un personnage ou d’un objet.
  • lieuxliés : pour lister les lieux où la scène pourra se dérouler.
  • scènesliées : pour avoir une idée des scènes qui peuvent mener à celle-ci, ou de celles qui peuvent suivre.
  • personnages : pour avoir sous la main les protagonistes qui pourront intervenir dans la scène ou dans le lieu.

Il pourra y en avoir d’autres, selon vos besoins. Ceux-ci sont à mon avis les essentiels.

Les tags

Par le passé, j’ai été un grand amateur de tags. Je les utilisais pour catégoriser mes idées suivant des domaines de savoir (exemple : tout ce qui touche à l’immunologie devenait #immunologie, ou, en jeu de rôle, #jdr, tout ce qui est une machination, #machination, un complot, #complot, un personnage, #personnage).

Mais j’ai bien vite découvert un grave défaut chez eux : leur tendance à se multiplier de façon incontrôlée. Si bien qu’au bout d’un moment, vous vous retrouvez avec pas moins de 5 (cinq !) tags pour exprimer la même idée (#machination et #complot, déjà, c’est un peu déroutant, lequel utiliser ?), et que, finalement, ils ne vous permettent plus d’étiqueter clairement, facilement, et efficacement une note. En effet, j’avais des tags pour chaque domaine, et, comme ils se recoupaient, je ne parvenais pas à savoir où les classer et je ne les retrouvais pas lorsque j’en avais besoin.

J’ai donc pris une décision drastique :

Les tags sont réservés à des états d’un fichier, d’une note, comme lorsqu’on décide qu’une recette est #ratée, ou #réussie, ou qu’un plat est #trop cuit, ou que le texte d’un roman est #en cours de correction ou bien #achevé.

En jeu de rôle, les tags seront utilisés de la même façon, pour marquer l’état d’un concept (#décédé, #empoisonné, par exemple pour les personnages, ou #détruit, #à découvrir, pour les lieux, les objets).

Pour les autres catégorisations, il y a les propriétés d’Obsidian, c’est-à-dire les autres métadonnées. Qui sont, finalement, des catégories différentes de tags.

Et là, miracle, ça fonctionne ! Pour moi en tous les cas, il se peut que, pour vous, ce soit moins clair, car nous sommes tous différents, et nos cerveaux n’ont pas forcément la même façon de penser. C’est en tous les cas la manière la plus simple et la plus efficace (les deux étant souvent liées) que j’ai trouvée pour moi, à ce jour.

Les modèles

Comme je vous l’ai dit plus haut, il est intéressant de se servir de modèles de notes, ce que les Anglais appellent des templates. Cela fait gagner beaucoup de temps, et permet de retrouver plus facilement la note dont vous aurez besoin au moment où vous en aurez besoin.

Vous devrez créer un modèle de note pour chaque type.

Je vous conseille :

  • Chapitre (scène majeure)
  • Événement (scène mineure)
  • Personnage
  • Organisation
  • Lieu
  • Objet
  • Session

Pour l’exemple, voici ce que comporte une note de type personnage et un modèle d’événement.

Vous remarquerez l’utilisation dans ces modèles de listes de tâches. Je crois que c’est le système le plus utile pour être certain de se souvenir de faits marquants à utiliser en jeu. C’est avec cela que je gère les Aspects narratifs des jeux comme FATE.

Modèle pour prise de note de session de jeu de rôle dans le coffre Obsidian du scénario Whiplash

Ma pratique : la préparation du scénario

Alors voilà, tout est prêt dans Obsidian. Maintenant, il s’agit soit d’écrire votre scénario, soit de préparer votre prochaine session de jeu avec vos camarades.

Personnellement, voici comme je m’y prends.

Créer les notes

C’est évident, mais ça va mieux en le disant : tout part de la création de vos notes.

Une note par personnage, une note par objet, par lieu, par scène, par événement…

Une note doit symboliser une pièce du jeu, et chaque pièce du jeu doit être portée par une note et une seule.

Quel que soit votre point de départ, je crois qu’une bonne façon de faire est d’écrire vos propres notes, avec vos propres mots, c’est-à-dire sans copier-coller le texte de ce scénario que vous avez trouvé si cool dans le commerce et dont vous avez acquis le PDF.

Pourquoi ?

Parce que c’est ainsi que vous retiendrez le mieux les éléments dont il est question. Votre cerveau aura lui-même synthétisé et produit la note, il aura donc déjà fait le chemin neuronal pour se l’approprier.

Il existe bien sûr des exceptions.

En pratique :

  • Je me sers beaucoup du module QuickAdd, qui facilite la création d’une note précise selon son type.
  • Je crée, dès que je le peux, des liens entre les différentes notes (par exemple, un personnage possède un objet important pour l’intrigue, alors je crée déjà un lien depuis la note du personnage vers cet objet, même si la note de l’objet n’existe pas encore. Il me suffira de cliquer sur le lien pour créer la note plus tard).
  • Sur les notes créées à partir d’autres notes, comme je viens de le décrire, j’utilise le module d’insertion de modèle.

Les cartes mentales du scénario

Mais, me direz-vous, jusqu’à présent, on ne parle que de texte, jamais de cartes mentales. Tu nous as baladés, hein, Germain !

Pas vraiment.

C’est que, dans ma façon de voir les choses, la carte mentale a besoin des notes écrites, et vice-versa.

Il est donc utile de construire la carte mentale en même temps que l’on rédige ses notes.

C’est là qu’interviennent les Canvas d’Obsidian.

Le principe est simple : un tableau blanc infini, sur lequel vous pouvez accrocher une note (au hasard : une scène) que vous allez ensuite relier à l’autre note (une autre scène ? Un personnage qui intervient dans la première ? Un objet ou un indice que l’on peut y trouver ?).

Une véritable carte mentale, avec en prime l’avantage de pouvoir accéder à chaque note soit en la survolant (c’est là que le plugin Aperçu de page est très utile), soit en cliquant dessus pour l’ouvrir dans un nouvel onglet. Ou dans une division de la fenêtre principale, juste à côté ou en dessous, c’est encore mieux.

En préparant le scénario, vous pouvez donc visualiser chaque nœud important de l’intrigue, placer les éléments essentiels à ne pas oublier.

Je vous conseille également d’adopter un code de couleurs pour différencier au premier coup d’œil un personnage d’un événement, d’un objet ou d’une scène. Personnellement, j’ai recyclé les couleurs que j’avais configurées pour Scapple, à savoir :

  • Personnage : vert,
  • Chapitre ou événement : bleu,
  • Objet : jaune,
  • Lieu : orange,
  • Question à trancher : violet.

N’hésitez surtout pas à modifier et remodifier ces cartes lorsque vous relirez ensuite le scénario. Parfois, des liens vont vous apparaître évidents lors d’une relecture, que vous n’aurez pas vus lors de votre découverte. De toute façon, cette carte est amenée à être modifiée à nouveau lors du déroulement du jeu.

Ma pratique : se servir d’Obsidian durant le jeu

Oui, la plus grande utilité d’Obsidian est là : pendant le jeu, il sera votre allié pour à la fois gérer le déroulement de façon fluide et prendre des notes, qui à leur tour, pourront influencer le déroulement futur.

Voici comment je m’y prends.

Un espace de travail dédié

Le plugin Espaces de travail permet d’enregistrer des dispositions particulières des divisions de la fenêtre de l’application, et de les appeler lorsque vous en avez besoin. Car l’organisation spatiale des informations me semble primordiale pour être efficace dans la préparation du scénario, mais aussi dans son déroulé. Et ce ne sont pas forcément des dispositions similaires.

Quand je conçois ou prépare un scénario, j’ai besoin d’accéder à la liste des fichiers/notes, puis d’un grand espace pour placer mon tableau de carte mentale, et enfin d’un plus petit panneau pour y envoyer les notes que je regarde plus attentivement.

Par contre, lors de la session elle-même, je n’ai pas forcément besoin d’un accès à l’arborescence des notes. Je préfère avoir plus de place pour ma carte mentale et la visualisation des notes elles-mêmes, et d’y ajouter un endroit où prendre mes notes en cours de partie.

Il me faut donc deux espaces de travail distincts, que je peux rappeler quand j’en ai envie.

Prendre des notes tout en maîtrisant

Pendant longtemps, comme je suis né à une époque où les ordinateurs étaient peu répandus (euphémisme), j’ai préféré prendre mes notes de parties de jeu de rôle (mais pas que celles-là) à la main avec un simple stylo ou un crayon à papier.

Mais il serait dommage de ne pas profiter de la puissance d’Obsidian pour lui confier aussi cette tâche-là.

J’ai donc, depuis deux ou trois ans environ, commencé à prendre mes notes de joueur au clavier.

C’est moins agréable sur le moment, mais cela me permet d’être plus rapide et plus précis.

J’ai donc décidé de faire de même pour mes notes de meneur de jeu.

Le plus important, dans ces cas-là, pour moi, c’est de tenir le compte des faits marquants qui vont avoir un impact sur le reste de l’histoire.

Un coup d’avance : déjà préparer la session d’après

Voilà pourquoi je me sers des listes de tâches d’Obsidian et de quelques requêtes dataview pour répercuter celles qui n’ont pas encore été purgées, d’une séance à l’autre. Ainsi, je ne crains pas d’oublier quelque chose de fondamental, même si nous rejouons six mois plus tard.

Ma pratique : garder une trace des sessions

Je vous ai déjà dit combien j’aime garder trace des histoires de jeu de rôle qui m’ont marqué.

Il n’y a pas de raisons que cela change avec l’âge et j’ai donc prévu d’intégrer au moins les notes que j’ai prises durant la session de jeu dans mon coffre Obsidian principal.

C’est d’une simplicité enfantine : il suffit de copier les fichiers sources, qui ne sont que des fichiers texte avec une extension en .md, dans le coffre de destination, et le tour est joué.

Le Journal du MJ

D’ailleurs, il y a un fichier spécialement dédié à l’enregistrement de tout ce qui s’est déroulé durant le scénario. Je l’appelle, le Journal du MJ. Il compile tous les événements que j’aurai consignés dans les notes de sessions, pour peu que j’aie renseigné le champ «tabledejeu» des propriétés de chacune. En effet, il peut arriver que nous fassions jouer un même scénario à plusieurs tables de jeu, à plusieurs groupes. Cela m’arrivait beaucoup lorsque j’avais plus de temps pour jouer. J’avais deux ou parfois trois tables de jeu, avec des personnes différentes. Bien sûr, depuis maintenant quelques années, je n’en ai plus qu’une. Cependant, il est plaisant de consigner mes aventures avec le reste de mes camarades. C’est pour cela que j’ai prévu de copier ces fichiers dans mon coffre Obsidian personnel après chaque conclusion.

Le coffre personnel pour les archives

Car, comme je vous l’ai dit au début de cet article, Obsidian n’est pas seulement un moyen de présenter des scénarios de jeu de rôle, même s’il y excelle. C’est avant tout un réseau de notes pouvant se rapporter à… à tout ce que vous voulez.

Pour moi, c’est donc à la fois un incubateur d’idées (pour la plupart ayant trait à la création artistique, mais aussi au jeu de rôle lui-même), l’endroit où je garde des références de la vie de tous les jours (comme celles des cartouches de mon imprimante, ou ma correction de vue), un journal de bord sur mes réunions professionnelles, et un réseau de savoir et de connaissances où j’entrepose des notions et concepts touchant à beaucoup de domaines.

Les coffres de mes scénarios sont donc conçus comme des unités fractales, un peu sur le modèle de ce que fait FATE avec des concepts de jeu imbriqués les uns dans les autres : ils reflètent à une échelle plus basse l’organisation de mon coffre principal.

Le principal avantage à raisonner ainsi est facile à comprendre : une unité fractale peut être intégrée dans son modèle supérieur. Il m’est ainsi trivial de copier non seulement les notes de mes sessions dans mon coffre principal, mais également tout le contenu du coffre du scénario, pour servir d’archive.

Je peux aussi décider de laisser le coffre comme il est, c’est vrai.

Mais l’intérêt de l’intégrer dans le réseau principal est d’y faire référence si d’aventure une idée de scénario connexe, soit dans le même univers, soit partageant des mécaniques de jeu similaires, soit des thèmes proches, venait à naître dans mon esprit malade. Il pourrait même arriver que cela nourrisse un autre domaine de mes centres d’intérêt.

Qui parmi vous n’a jamais été inspiré par un film ou un livre afin d’écrire un scénario de jeu de rôle ? Obsidian ne créera pas à votre place (et c’est heureux, car le plaisir de la création est dans le geste de créer lui-même, pas forcément dans le résultat), mais il pourra largement contribuer à faire émerger les idées que vous pourriez avoir envie de développer !

Alors, on essaie ?

Je ne sais si cette petite présentation aura su vous convaincre de tenter l’aventure, ou, à défaut, titiller votre curiosité pour l’outil. J’espère au moins avoir réussi à vous interroger sur la manière dont vous, vous préparez vos scénarios. Est-ce que votre méthode vous satisfait pleinement ? Est-ce que vous pensez à l’améliorer ? Est-ce que vous en restez à la bonne vieille solution du stabilo sur du papier (et si elle vous convient, c’est parfait, parce que je reconnais qu’on n’a pas trouvé plus simple) ?

Bref, ça m’intéresserait de savoir.

Et pour appuyer mon propos, rien de tel que de vous proposer d’essayer vous-même Obsidian, et donc de partager avec vous deux coffres de scénario : un coffre vierge (mais formaté selon les conseils que je vous donne dans cet article) et un coffre basé sur le scénario Whiplash que j’avais écrit il y a quelques années pour Star Cowboy, mon univers à base d’un mix de Cowboy Bebop et Mass Effect. Vous verrez que je laisse volontairement des liens non créés dans ce scénario (la note concernant L’Anneau, l’une des deux organisations criminelles que les PJ doivent affronter, est presque vierge, et d’autres liens attendent juste que vous leur offriez une note), et que les cartes mentales ne sont pas exhaustives. Cela pour vous inciter à créer vos propres liens et à prendre en main le scénario vous-mêmes, voire à broder pour votre interprétation de la Campagne.

Là encore, n’hésitez pas à revenir ici pour témoigner sur votre expérience qu’elle soit bonne ou mauvaise… ou entre les deux, comme c’est souvent le cas dans la vie.

Les trésors cachés de la Tribu Ptérophidienne

Si le Serpent à Plume existe, il n’est pas le seul de son espèce. D’autres l’ont rejoint. Ensemble, ils forment la Tribu Ptérophidienne, une communauté d’écaille & de plume, réunie autour d’une lettre électronique trimestrielle, la lettre d’écaille & de plume, ainsi que des trésors que je cache dans la Caverne du Dragon. Il s’agit d’aides pour faciliter l’écriture de textes, ou d’aides de jeu pour des univers de jeu de rôle – les miens comme ceux des autres d’ailleurs – voire des scénarios entiers.

Vous pouvez vous aussi devenir Ptérophidien ou Ptérophidienne en ouvrant les yeux de l’Esprit Guetteur, un animal merveilleux. Mais comme toutes les créatures fantastiques, il faut l’apprivoiser d’abord. Vous avez de la chance, ce spécimen se contentera de votre adresse de messagerie électronique, pour venir vous remettre à chaque saison la lettre exclusive des Ptéophidiens. Bien évidemment, votre adresse ne sera jamais cédée à des tiers.

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Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Making of an (audio)book, partie 3 : La maquette audio

Making of an (audio)book, partie 3 : La maquette audio

Making of an (audio)book, partie 3 : La maquette audio

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Il ne suffit pas d’avoir enregistré sa voix pour publier un audiobook, tout comme il ne suffit pas d’avoir écrit un texte, aussi poignant soit-il, pour le publier tel quel. Un livre, sonore, numérique ou papier, a besoin d’une mise en page pour devenir présentable. De même, comme un livre papier et comme un livre numérique, un livre audio doit avoir une maquette, c’est-à-dire l’équivalent d’un découpage. Les différents chapitres, bien entendu, mais aussi une « page » de titre, des « pages » de crédits, etc.

Si nous continuons sur la métaphore du livre papier, il s’agira de faire attention à l’orthographe (nous allons donc vérifier votre diction, mais aussi la façon dont les mots sonnent à l’oreille), à la typographie (le style de vos paroles, qui peut changer en fonction du personnage qui va parler, du narrateur), aux signes de ponctuation (des bruitages qui vont indiquer à votre auditoire que l’on change de lieu ou d’ambiance), aux marges et aux blancs (les temps de silence, le rythme de votre élocution).

Tout cela, nous sommes habitués à le faire sur un logiciel de traitement de texte ou un studio d’écriture (comme Scrivener) pour un livre papier.

Pour un audiobook, nous allons devoir nous servir d’un éditeur de son, et apprendre beaucoup de choses inhabituelles pour des gens d’écriture.

Pourtant, fondamentalement, ce sera la même chose qu’avec un texte écrit, et nous n’aurons pas besoin de devenir des musiciens professionnels ou des ingénieurs du son pour obtenir un résultat correct, voire d’allure professionnelle, comme nous l’avons déjà fait avec les versions papier et numérique de nos textes.

Alors, donnez-moi votre main… nous commençons tout de suite !

Les outils

Je vous ai parlé des éditeurs de son un peu plus haut, et je vous ai même cité deux logiciels dans la première partie de cette série sur la fabrication d’un livre audio : Audacity et GarageBand.

On peut très bien s’en sortir avec eux, comme on peut très bien écrire un bon roman avec Word ou LibreOffice Writer.

Pourtant, comme le fait Scrivener pour l’écrit, il existe des logiciels plus puissants, au départ conçus pour créer ou arranger de la musique, mais qui sont parfaits pour traiter toutes sortes de sons… comme de la parole. J’ai ainsi découvert que GarageBand avait un grand frère, nommé Logic Pro. J’en ai fait l’essai lorsque j’ai commencé à monter la première saison des Consultations extraordinaires de Belladone Mercier, psychologue des dieux, et j’ai été convaincu. Le maniement est légèrement plus complexe, mais certains outils, comme le vocal transformer me sont devenus si indispensables, que j’ai fini par acheter une licence. Certaines astuces que je vous livrerai donc dans ce tutoriel nécessitent un tel logiciel, mais je le signalerai à chaque fois. De même, Logic Pro est disponible uniquement sur Mac ou iOS, mais il existe des équivalents sur Windows : je ne citerai que Cubase, Audition d’Adobe et Reaper, qui font référence dans le domaine.

Cependant, encore une fois, il est possible de faire du travail correct en se contentant d’Audacity ou de GarageBand.

De même, il existe des plugins, c’est-à-dire des modules additionnels, qui sont la plupart du temps vendus par des éditeurs tiers pour s’interfacer avec Logic Pro ou Audacity, afin de multiplier les possibilités. À mon avis, sauf si vous faites de la musique de façon professionnelle, vous n’avez pas besoin de casser votre tirelire pour vous les offrir. Pour réaliser un audiobook, hormis dans des projets qui demandent beaucoup de travail sur le son, mais dont je ne peux même pas imaginer un exemple, vous pourrez vous dispenser de telles dépenses et vous pourriez investir à la place dans un bon micro pour que vos enregistrements soient les plus propres possibles.

Ceci étant posé, commençons par le commencement…

La structure d’un livre audio

Reprenons notre analogie avec le livre papier.

Dans tout livre, il n’y a pas seulement le corps du texte.

Il existe aussi ce que l’on appelle les pages liminaires. Elles regroupent ces pages qui tournent autour du texte principal, mais n’en font pas partie à proprement parler. Un index, une table des matières, mais aussi la page de titre, celle de dédicace, les remerciements, voire une bibliographie ou une page de présentation de l’auteur ou de l’autrice sont des pages liminaires.

Dans un livre papier, la convention veut que chaque page liminaire (chaque type de page liminaire pour être plus précis) soit traitée comme un chapitre à part entière dans le flux du livre, c’est-à-dire dans la présentation et l’ordre des pages.

Ainsi, toujours dans un livre papier, comme nous l’avons vu dans l’article À livre ouvert, chaque page liminaire doit commencer sur une page de droite du livre, et doit suivre un ordre précis. Typiquement : page de garde, page de faux-titre, page de titre, colophon, dédicace, table des matières, bibliographie de l’auteur ou de l’autrice. Puis le corps du texte lui-même, dans lequel chaque partie, comme chaque chapitre, commence sur une page de droite. On a parfois même des pages post-liminaires, comme une présentation de l’auteur ou de l’autrice, des remerciements, etc.

Le même principe se transpose dans un livre audio avec une base simple :

Chaque partie importante est un fichier audio séparé.

Sauf… si vous créez un fichier M4B. Mais nous en parlerons plus tard

Ainsi, dans l’ordre, on devra trouver plusieurs fichiers, que vous regrouperez dans un même dossier et que vous aurez soin de numéroter pour en garder l’ordre de lecture :

  • Les crédits d’ouverture, c’est-à-dire le titre du livre, le nom de l’auteur ou de l’autrice (en toute logique : vous-même) et le nom de narrateur ou de la narratrice (là encore, vous-même) ainsi que des autres personnes qui interviennent dans la lecture, si vous avez fait ce choix-là à la conception de votre audiobook.
  • La dédicace, si vous en avez une.
  • L’avant-propos ou la préface, si elles existent.
  • Chaque chapitre.
  • Les remerciements éventuels.
  • La postface éventuelle.
  • Tout ce qui est appendices, notes, etc. doit faire l’objet de fichiers séparés, placés ensuite.
  • Enfin, les crédits de clôture, qui permettent de bien comprendre que la narration est terminée, et peuvent contenir les crédits des personnes qui ont contribué au livre, les crédits des sons additionnels, des images de la couverture, ou d’autres choses encore que vous auriez mis dans le texte éditorial du livre.

Par convention, chaque fichier ne doit pas avoir une durée plus longue que 120 minutes. Si vous avez des chapitres si longs qu’ils dépassent cette durée de lecture, alors il est conseillé de les scinder en plusieurs parties, à des endroits qui ne gênent pas la compréhension (entre deux paragraphes, mais pas en plein milieu d’une action non plus), en indiquant dans le nom du fichier de quelle partie du chapitre il s’agit.

De même, chaque fichier commence par une indication verbale de son statut et de son titre éventuel. Par exemple, au début du premier chapitre, vous devrez insérer une indication vocale du genre « Chapitre un, Le mystère de l’audiobook », ou simplement « Chapitre un » si vos chapitres n’ont pas de titre. Les remerciements commenceront de même par « Remerciements ».

Enfin, par convention également, chaque fichier, avant même la première voix, le premier son, commence par un « bruit de fond silencieux » de la pièce dans laquelle vous enregistrez, d’environ 0,5 à 1 seconde. Chaque fichier se termine par 3 à 5 secondes de ce même bruit de fond.

Concrètement, pour l’audiobook de Poker d’Étoiles, le dossier informatique contient les fichiers suivants (notez l’importance du 0 des dizaines pour les neuf premiers chapitres, ils sont là pour vous assurer que l’appareil qui va lire les chapitres ne se trompe pas dans l’ordre de lecture ; et si vous avez plus de 99 chapitres, n’hésitez pas à faire la même chose pour les centaines et donc de numéroter votre premier fichier 001) :

01— Crédits d’ouverture.mp 3

02-Dédicace.mp 3

03-Les cartes.mp 3 (le titre de mon premier chapitre)

04-Premier Jeu.mp 3

05-Deuxième Jeu.mp 3

06-Troisième Jeu.mp 3

07-Coupe.mp 3

08-Quatrième Jeu.mp 3

09-Cinquième Jeu.mp 3

10-Sixième Jeu.mp 3

11-Septième Jeu.mp 3

12-Huitième Jeu.mp 3

13-Neuvième Jeu.mp 3

14-Dixième Jeu.mp 3

15-Onzième Jeu.mp 3

16-Douzième Jeu.mp 3

17-Remerciements.mp 3

18-Crédits de fermeture.mp 3

De même, chaque fichier ressemble à cela :

Nettoyer la voix

Tout comme nous vérifions toujours que notre texte ne soit pas encombré de fautes de frappe, de coquilles ou autres fautes disgracieuses, nous devons nous assurer que la voix que nous avons enregistrée soit « propre », c’est-à-dire sans bruit de fond, sans parasite, bien intelligible.

Cela demande, dans le logiciel d’édition audio, de lire le fichier, de couper la partie gênante, puis de recoller les morceaux restants pour « effacer » la faute comme pour un texte avec la touche ou la touche . Et de recommencer à chaque fois que l’on repère une coquille sonore.

C’est fastidieux, comme dirait le Merlin de Kaamelott.

Mais cela garantit une certaine qualité à notre ouvrage audio.

Pourtant, cela peut ne pas suffire.

En effet, si vous n’avez pas pu suivre tous mes conseils d’enregistrement (et même si vous les avez suivis, il se peut toujours que des accidents se soient produits, qui vous aient échappé sur le moment), votre voix est peut-être parasitée par un bruit de fond constant et très ennuyeux. Là, pas moyen de couper/coller car le bruit se superpose à votre voix, sans interruption.

Dans ce cas, vous avez trois solutions :

  • Recommencer l’enregistrement de cette partie-là. C’est le plus sûr, mais attention, c’est assez risqué, car il y a de fortes chances pour que la différence de prise sonore entre votre « original » et cette « rustine » s’entende beaucoup ensuite, en donnant une impression désagréable. En effet, les conditions seront forcément différentes de votre première prise (le micro peut être placé un poil plus près ou plus loin, le temps au-dehors pas le même, etc., etc.
  • Recommencer l’enregistrement de tout le chapitre pour garder une unité sonore. Outre que cela peut être long si vous avez un chapitre d’une heure et demie, c’est un peu rageant de devoir tout recommencer pour seulement deux minutes où on entend cet avion dans le ciel alors que vous installez une ambiance médiévale…
  • Vous servir des outils d’I.A. analytique (et attention c’est très différent d’une I.A. générative, qui, de mon point de vue, n’est pas éthique, mais nous en discuterons une autre fois) pour analyser le passage en question et le débarrasser par traitement informatique des fréquences spécifiques du bruit parasite. L’inconvénient est surtout financier, car tous ces programmes sont payants à des degrés divers.

Il existe plusieurs outils de ce type. J’ai pour ma part opté pour lalala.ia lorsque j’ai dû nettoyer des voix enregistrées pour ma podfiction Les consultations extraordinaires de Belladone Mercier, psychologue des dieux. J’ai décidé d’utiliser l’I.A. dans ce cas-là, car la voix était celle d’un comédien, parasitée par un écho qui montrait tout de suite que l’enregistrement avait eu lieu dans un autre espace, et que je ne pouvais pas le faire tourner à nouveau. Si le problème avait été localisé sur ma propre voix, j’aurais plutôt opté pour un enregistrement en rustine. Mais chaque problème est unique, et il vous sera peut-être impossible de vous passer de l’I.A. Dans ce cas, je ne saurais trop vous conseiller de bien choisir le service que vous utiliserez, afin de garder les droits sur votre fichier audio et de vérifier qu’il ne sera pas utilisé autrement que pour l’apprentissage de l’I.A.

Les Styles de texte en audio

Bon, vous avez vos fichiers, ils sont tous nommés comme il faut, ils ont tous une seconde de silence au début et trois à la fin, ils commencent tous par une annonce vocale de leur statut et de leur titre… mais si vous pensez que c’est déjà fini… vous allez être déçus. Car le principal n’a pas encore commencé.

De la même façon que nous avons appris à nous servir des Styles de texte dans la mise en page papier et dans la mise en page numérique, nous allons devoir apprendre à créer des Styles de voix pour la version audio.

Pour bien comprendre ce concept, je vous propose de tenter de définir ce qu’est un Style de texte et à quoi il sert, en réalité.

De mon point de vue, un Style de texte a pour principal rôle de donner une indication métatextuelle au lecteur, lui permettant de comprendre très rapidement qu’une rupture de lieu, d’action, de temps ou de personnage vient d’avoir lieu, et d’identifier précisément à quoi cette rupture se rapporte.

C’est une partie des conventions qui régissent la compréhension de la façon de raconter l’histoire, une convention de narration, donc, au même titre que la typographie dont elle peut se servir, mais qui ne lui est pas confondue. Car on peut utiliser une typographie seule, sous forme de symboles, comme le fait Alain Damasio dans La Horde du contrevent et dans Les furtifs pour signifier un personnage ou un concept, sans forcément user d’un Style de texte à proprement parler. Les tirets cadratins ou semi cadratins (les — ou les —), associés aux guillemets, que l’on inscrit au début des répliques des personnages dans les dialogues, servent justement à déterminer que :

  1. Nous sommes dans un dialogue
  2. Un nouveau personnage commence à prendre la parole.

Mais ces deux codes, car il s’agit bien de cela, participent de la même grammaire narrative.

Cette grammaire doit donc être transposée à l’écoute pour que l’histoire puisse se dérouler en toute compréhension, et que l’expérience de l’auditoire soit au moins aussi agréable que celle du lectorat. Même si ces deux expériences seront différentes.

La création des Styles de voix aura donc pour objectifs de :

  • Poser l’ambiance
  • Différencier les personnages
  • Différencier les lieux
  • Différencier les temps de la narration (un flashback, un flashforward)

Pour y parvenir, je vous propose de suivre quelques règles simples, sur lesquelles vous allez ensuite laisser libre cours à votre sensibilité artistique et aux choix qui, selon vous, serviront le mieux votre projet.

À chaque voix sa piste

Un roman, ou tout autre texte de fiction, font presque toujours intervenir plusieurs personnages. Que vous ayez choisi d’interpréter avec votre seule voix chacun de ces protagonistes, ou que vous ayez demandé à des comédiens et des comédiennes de vous prêter voix forte, il est nécessaire de différencier chaque personnage pour l’auditoire. Vous l’avez peut-être fait en variant légèrement votre accent, par des différences subtiles, mais vous aurez probablement besoin d’accentuer ces légers réglages. Et pour cela, le plus simple est de vous constituer un ensemble de pistes vocales.

Chaque voix, au sens large, devra avoir sa piste dans le logiciel de montage audio.

Lorsque je dis « au sens large », je fais référence aussi à la voix du ou des narrateurs.

Par exemple, voici ce que cela donne pour le quatrième chapitre de Poker d’Étoiles :

  • La piste des musiques éventuelles
  • La piste des jingles sonores
  • La piste du texte éditorial (titre du chapitre)
  • La piste du narrateur, Sean, qui raconte l’histoire
  • La piste des dialogues de Sean dans l’action
  • La piste du personnage d’Eddy dans l’action
  • La piste du personnage de Dom dans l’action
  • La piste du personnage de Démosthène dans l’action

Les captures d’écran qui suivent vous montrent également la façon dont j’ai découpé l’enregistrement pour que chaque voix prenne sa place sur la piste qui lui est dédiée. Vous remarquerez également que je fais se chevaucher les voix, pour éviter qu’il y ait un « vide », c’est-à-dire un silence sans l’ambiance de la pièce. C’est un principe de montage sonore que je vous conseille d’adopter, car il évite de sortir l’auditoire de l’ambiance particulière de la scène.

De plus, j’ai fait parfois en sorte de rapprocher les interventions de personnages qui se répondent lorsqu’ils s’interrompent les uns les autres, ou dans une discussion animée.

La variation du rythme de la voix, mais aussi des interventions de chaque protagoniste, est une astuce très puissante pour installer une atmosphère. Si vous avez suivi mes conseils lors de l’enregistrement, vous avez bien fait attention à ne pas parler trop vite, à ne pas vous précipiter, mais également à habiter votre texte, pour le rendre plus vivant. Normalement, cela a dû créer un rythme naturel dans la narration, un rythme qu’il vous faudra respecter le plus possible au montage. Veillez cependant à ne pas trop accélérer le rythme ni à trop l’étirer. Dans le premier cas, vous pourriez surcharger votre auditoire d’informations qu’il n’aurait pas le temps d’intégrer, et, dans le deuxième, vous pourriez l’ennuyer. Trouver le bon rythme de narration est une affaire d’habitude, d’expérience. N’hésitez pas à réécouter plusieurs fois pour vous faire une idée, et même, si vous voulez mon secret ultime, essayez de le faire en fermant les yeux, pour vous concentrer uniquement sur ce que vous écoutez. Vous verrez que, rapidement, vous sentirez si le rythme est bon ou s’il faut le changer légèrement.

À chaque voix ses effets

Pourquoi séparer les voix des différents protagonistes dans des pistes différentes ?

Parce que cela sera plus facile ensuite pour leur assigner des effets sonores distincts.

Si nous reprenons l’exemple du quatrième chapitre de Poker d’Étoiles, mon premier roman, il fait intervenir un personnage, Démosthène, qui est une Intelligence Artificielle. Une véritable I.A., pas les algorithmes idiots qu’on nous vend actuellement comme étant « intelligents » alors qu’ils ne sont que statistiques. Non, une véritable I.A., consciente d’elle-même et des autres. Cette I.A. pourrait avoir une voix légèrement synthétique, si j’en avais fait le choix. Et dans ce cas, il aurait été simple d’assigner à la piste sonore qui lui est dévolue un effet de synthèse vocale, déformant ma voix, déjà un peu changée par le ton que j’ai pris à l’enregistrement pour incarner ce personnage en particulier. Il se trouve que je n’ai pas fait ce choix-là, et que j’ai préféré garder à Démosthène une voix humaine, certes avec un ton un peu pompeux et sentencieux, rappelant le Higgins de la série Magnum PI, avec Tom Selleck, qui était joué par l’inimitable John Hillerman. J’ai préféré utiliser dans ce cas un EQ ou Égaliseur en bon français, dont nous parlerons juste après.

Pourtant, d’autres effets peuvent parfois être utiles pour caractériser une voix différente, et nous les verrons dans un autre article, tout comme nous pourrons aussi détailler comment les paramétrer techniquement parlant. Ce qui suit n’est que la philosophie générale de leur utilisation.

Retenez pour l’instant que chaque personnage doit avoir sa propre voix, donc sa propre piste, pour posséder ses propres réglages sonores, dont font partie les effets sonores.

Spectre des fréquences de l'égaliseur, voix du personnage Démosthène dans Poker d’Étoiles

À chaque voix son spectre de fréquences

Parmi ces effets sonores, le plus utile est ce fameux Égaliseur (ou EQ en anglais).

Pour comprendre ce qu’est un Égaliseur, il nous faut faire un tout petit peu de théorie du son. Rassurez-vous, ce sera simple, et cela nous servira aussi pour comprendre d’autres étapes essentielles de la production, comme les effets globaux, le mixage, et quelques notions sur le mastering.

Les caractéristiques de l’onde sonore

Ce que nous appelons un son est l’effet du déplacement des molécules de l’air selon une onde dont le point d’origine est ce que nous pourrons convenir de nommer un émetteur. Ce déplacement de molécules a un effet physique inéluctable : il vient immanquablement frapper une membrane chez tous les animaux qui en sont pourvus, le tympan, dont la vibration sous l’impact informe un nerf dit auditif, lui-même produisant en réponse un signal électrique qui est interprété par le cerveau.

Lorsque nous entendons un son, c’est donc que notre cerveau a traduit la réponse électrique de la vibration de notre tympan sous l’effet de l’onde sonore.

Comme tout phénomène ondulatoire, un son possède deux caractéristiques essentielles : une intensité et une fréquence.

L’intensité est la notion la plus complexe à comprendre, car sa mesure peut se faire de différentes manières, qui pourtant sont toutes notées avec la même échelle, le décibel (dB). Je vais simplifier à l’extrême (et il est possible d’aller plus loin en lisant deux ou trois choses ici, , ou encore par là) en disant que l’intensité est la mesure de la puissance du son qui parvient à nos oreilles. Cette intensité est en gros la hauteur qu’atteint la crête de l’onde sonore, la quantité de matière aérienne que l’onde est capable de déplacer. On comprend vite que plus l’onde est puissante, plus elle déplace de matière, plus son pic sera haut, et plus sa mesure en dB sera forte (donc plus son impact sur notre tympan sera puissant, plus le niveau sonore sera élevé). Ainsi, cette intensité est plutôt une puissance. Il est aussi important de savoir que plus la source du son est éloignée, plus l’onde s’atténue (comme dans une étendue d’eau) et plus son intensité sera atténuée, d’un facteur non pas linéaire, mais logarithmique (c’est-à-dire que l’atténuation d’un son de 3 dB équivaut à une division de son intensité par 2). Et si vous vous demandez pourquoi nous parlerons ensuite presque toujours de dB négatifs, c’est parce que, contrairement à l’échelle des décibels comme bruit (où le plus petit son perçu par l’oreille humaine est noté 0 dB et un avion 130 dB), les professionnels du son travaillent avec des mesures d’atténuation, où le 0 dB équivaut à un son non atténué, et un son de -3 dB est un son dont l’intensité est divisée par 2, comme un son de -6 dB a une intensité/puissance divisée par 4.

Quant à la fréquence, il s’agit du nombre de fois que les crêtes et les creux de l’onde se répètent par seconde (et cela se mesure en Hertz ou Hz). Une fréquence de 6 000 Hz équivaut donc à une onde dont les crêtes se propagent à la fréquence de 6 000 fois par seconde. La fréquence mesure donc aussi ce que l’on appelle la longueur d’onde et une autre façon de la représenter pour bien comprendre son rôle dans notre montage d’audiobook (parce que c’est bien pour cela que nous allons l’utiliser) est de la définir comme le nombre de fois en une seconde que l’onde sonore va venir frapper notre tympan. Si la fréquence est élevée, le son sera aigu. Si la fréquence est basse, le son sera grave.

Les fréquences audibles par l’oreille humaine

Parce que oui, notre ouïe n’est pas sensible à toutes les fréquences sonores (j’ai essayé de la faire avec un « non », mais ça marchait moins bien). En gros, et en moyenne, un être humain peut percevoir les sons dans une gamme de fréquences allant de 20 Hz à 20 000 Hz, ce qui nous fait tout de même une grande diversité. En dessous, on parle d’infra-sons, au-dessus, d’ultra-sons.

Il faut cependant savoir que notre oreille est la plus sensible aux fréquences comprises entre 2 000 Hz et 5 000 Hz.

L’égaliseur & le spectre de fréquences

La voix d’une personne est composée de sons divers (les syllabes qui forment les mots) émis selon des fréquences qui varient légèrement d’un individu à l’autre. On parle de timbre de la voix pour désigner toutes les petites particularités d’une voix singulière. On parle de tessiture en chant pour catégoriser la plage de fréquence qui est la plus naturelle à une personne donnée. Par exemple, les voix qui sont plus naturellement graves sont dites des voix de baryton.

C’est que chaque voix a un spectre de fréquences qui représente la répartition des fréquences et leur volume sonore, leur intensité, dans la production des sons. En ce sens, on peut presque superposer le spectre et le timbre d’une voix.

Et c’est là que cela devient important pour notre travail de styles vocaux : si vous voulez différencier les voix de vos personnages, y compris si vous les interprétez toutes vous-mêmes, il peut être utile de légèrement modifier leur spectre de fréquences… en vous servant d’un égaliseur !

Cet effet sonore a le pouvoir de modifier l’intensité du signal émis sur une fréquence ou une plage de fréquences données, et donc d’altérer la perception d’une voix enregistrée. Votre voix pourra paraître plus aiguë ou plus grave, ou vous pourrez gommer certaines fréquences, en accentuer d’autres… jusqu’à parfois complètement dénaturer le matériau de départ, c’est-à-dire votre propre voix.

Si vous couplez une utilisation subtile mais systématique de l’égaliseur avec une interprétation solide de vos personnages (en variant un peu la façon dont ils parlent lors de l’enregistrement), vous obtiendrez des résultats qui pourront être surprenants. Mais le mot important ici est subtile. Vous verrez, si vous jouez avec les réglages, qu’un égaliseur peut renforcer l’impression que vous voulez que la voix dégage, ou la ruiner totalement. Il vous faut donc agir de manière prudente, mais ne pas hésiter à faire des essais. Les logiciels d’édition audio permettent tous d’appliquer des réglages de façon non destructive, et vous pourrez donc revenir en arrière facilement.

Cerise sur le gâteau, la plupart des logiciels d’édition audio possèdent aussi des presets ou réglages prédéterminés qui appliquent des courbes de spectres de fréquences conçues pour divers effets. Par exemple, un effet de « conversation téléphonique » est souvent obtenu avec un spectre de fréquence dit « compressé », qui éteint les basses fréquences et éteint également les hautes fréquences de la voix.

Pourtant, je vous conseille de trouver le réglage qui ira le mieux à votre propre voix de narrateur ou narratrice, en fonction des caractéristiques que vous voudrez lui donner. Une bonne base est de partir de presets, mais de les modifier. Dans mon cas, je voulais accentuer un peu l’effet « enveloppant » de ma voix, privilégier les graves, et cette courbe donne ceci.

Comparons-la à celle que j’ai choisie pour caractériser Eddy dans Poker d’Étoiles, et vous verrez que, alors même que j’ai dit ses répliques avec une voix légèrement plus aiguë et enjouée, il m’a fallu travailler les fréquences différemment pour obtenir ce que je cherchais.

Bref, vous le comprenez, c’est un domaine où votre créativité va pouvoir s’exprimer pleinement.

Et, si vous voulez mon avis, cela force également à se poser les bonnes questions sur vos personnages, car les interpréter va vous les faire réellement voir sous un angle plus concret.

Les effets de Space Design

J’utilise à dessein (dessin ?) l’expression anglaise, car je la trouve plus parlante que son équivalent français de « conception d’espace ». Ces effets sonores sont très utiles, car ils permettent de donner l’illusion d’un lieu particulier. Cela peut être une caverne, un vaisseau spatial, une chambre à coucher ou une salle de concert. Tous ces lieux ont en commun deux caractéristiques paramétrables :

Une réverbération (effet reverb en anglais), c’est-à-dire une façon de simuler le rebond des ondes sonores sur les parois du lieu (un écho, si vous préférez).

Un délai (effet delay dans la langue de Shakespeare), c’est-à-dire le temps de latence de ce rebond sonore.

Grâce à eux, vous serez en mesure de suggérer un changement d’espace ou de temps dans votre narration, voire une asymétrie (un de vos personnages est dans un lieu, tandis qu’un autre est ailleurs).

Nous verrons dans le chapitre sur le mixage comment concrètement s’en servir.

Les marques de rupture de séquence

Comme nous l’avons dit au début, chaque chapitre doit posséder son propre espace, donc son propre fichier son.

Mais dans certains ouvrages, il existe des subdivisions dans chaque chapitre. Faute de mieux, et parce que je suis familier du vocabulaire du cinéma, je nomme ces divisions des séquences.

En littérature, la convention est de marquer ces divisions par un signe typographique appelé un astérisme, noté ⁂, c’est-à-dire trois astérisques placés en triangle. On peut également trouver d’autres signes avec la même signification. Pour Poker d’Étoiles, j’ai utilisé un symbole de carte à jouer, à savoir un as de pique.

Mais dans un audiobook, il faut trouver autre chose.

Pourquoi pas un jingle sonore ? Toujours le même, pour que votre auditoire comprenne vite la convention que vous lui proposez.

Les petits fichiers modèles

Me pardonnerez-vous ce jeu de mots faisant référence à une autrice française célèbre du XIXe siècle ?

Quelle que soit votre réponse, cela pourra peut-être vous permettre de gagner du temps.

Car, vous l’aurez compris, maintenant que vous avez vos pistes et vos réglages sonores en tête, vous allez devoir les répéter à chaque fichier que va comprendre votre audiobook. Cela peut se faire facilement et rapidement si votre livre comporte quinze ou vingt chapitres avec quatre ou cinq pages liminaires, mais ce sera beaucoup plus long et fastidieux s’il compte cent chapitres et dix pages liminaires !

Je vous conseille donc de construire un fichier modèle (ou template ou encore layout en anglais) qui vous servira de base pour tous les chapitres de votre livre audio. Que votre logiciel de montage (comme c’est le cas pour Logic Pro) vous le permette facilement ou non (comme c’est hélas le cas pour GarageBand), un fichier modèle que vous n’aurez qu’à copier-coller en changeant simplement son titre sera un gain de temps appréciable.

Il devra comporter les pistes dont vous aurez toujours besoin (musique, bruitages, une piste par personnage principal du livre, une ou deux pistes pour les personnages silhouettes, c’est-à-dire les figurants), avec pour chacune d’entre elles les réglages que vous aurez décidés (effets sonores, égaliseurs, etc.).

Je vous livre dans l’image suivante la capture d’écran de mon propre fichier modèle pour l’audiobook de Poker d’Étoiles, mon premier roman. Vous pourrez constater que j’ai même reproduit les tranches de console de mixage (que nous verrons plus tard) avec leurs réglages de base.

Construisez-vous donc un fichier modèle pour chaque projet de livre audio, et ce, dès le début de votre enregistrement si vous le pouvez.

Le rythme

Je l’ai déjà évoqué plus haut, le rythme de votre narration est essentiel. Il doit être pensé pour servir au mieux votre projet, et notamment pour rendre au mieux l’ambiance de chaque scène, voire de chaque séquence, ou de chaque plan. Vous pouvez vous référer à ce que j’en disais dans l’article de cette série dédié à l’enregistrement, mais je vais reprendre quelques éléments ici, car le montage est une sorte de recréation de votre audio.

En effet, il est fort probable que vous ayez fait des pauses un peu plus longues que nécessaire à chaque fois que vous avez changé un peu votre voix dans un dialogue entre plusieurs personnages, le temps de changer votre voix pour l’adapter à chaque protagoniste. De mon côté, j’ai même poussé le vice jusqu’à couper l’enregistrement entre chaque réplique de personnages différents, afin de me mettre quelques secondes dans la peau de chacun d’entre eux.

Le résultat en est souvent que des temps de silence inopportuns se sont glissés dans votre enregistrement brut (nous appellerons cela des rushes, comme au cinéma).

Vous devrez donc, lors du montage, non seulement dispatcher des bouts d’enregistrement entre les différentes pistes selon leur appartenance à l’un ou l’autre des protagonistes du récit, mais aussi revoir un peu le rythme de l’enchaînement des répliques ou des blocs de paragraphes.

Par exemple, il se peut qu’un personnage en interrompe un autre. Comme il est peu probable que vous ayez pu le jouer réellement lors de l’enregistrement, vous devrez le recréer lors du montage.

Bref, vous allez devoir réécouter tous vos rushes, et reconstituer le texte. C’est, de mon point de vue, l’une des étapes les plus satisfaisantes, car vous allez voir l’histoire se dérouler sous vos yeux, et vous allez pouvoir la sculpter.

Les bruitages

Vous pourrez d’ailleurs, si cela vous paraît judicieux, enrichir cette histoire et votre narration avec des bruitages.

J’ai déjà parlé des jingles sonores qui serviront d’astérisme pour marquer les changements de séquence à l’intérieur des chapitres.

Mais il est aussi possible de souligner certains passages de votre fiction avec des bruitages qui auront un rôle plus narratif que typographique.

Mon avis là-dessus est cependant assez prudent. Un livre audio n’est pas un podcast. Généralement, il n’a pas été pensé dès l’écriture pour le format audio, et la preuve en est qu’il est plus probable que vous en soyez la seule voix. De même, le texte sera littéraire, pas théâtral ou cinématographique. Il y aura certainement beaucoup de passages « contés » par un narrateur, et beaucoup moins de dialogues que dans une podfiction. Les bruitages ont donc moins leur place, car ils seront comme intégrés aux mots eux-mêmes, et ils feraient double emploi si vous les rajoutiez. Ils pourraient même noyer votre texte et sa beauté dans une forme de surenchère inutile, voire contre-productive.

D’un autre côté, il serait dommage de vous priver des avantages que le média audio pourrait apporter à l’immersion de votre auditoire dans votre histoire. Peut-être que certains bruitages, bien dosés, placés à des endroits stratégiques, pourraient bénéficier à votre texte. Vous en serez seuls juges.

Mais je vous engage vraiment à réfléchir à chaque bruitage, à son utilité, à ce qu’il va produire comme effet, et à être conscients de ce que cela va entraîner comme distorsion dans la réception de votre texte. Car, encore une fois, nous sommes dans le cadre d’un livre audio, donc de la lecture d’une histoire écrite au départ pour être lue silencieusement, pas forcément « dite ».

La musique

C’est un peu la même chose pour la musique.

Si l’on peut facilement imaginer une sorte de mini-générique pour introduire chaque chapitre (comme un « gros » astérisme), il est plus délicat d’insérer des nappes sonores musicales à l’intérieur même de la narration.

Sauf.

Sauf si, par exemple, la scène décrite est censée se dérouler dans une ambiance musicale et que vous puissiez insérer ladite ambiance dans le montage, c’est-à-dire que vous en possédiez à la fois le fichier son et les droits de reproduction. Mais il faut absolument, je crois, éviter là encore de surcharger votre texte. C’est-à-dire que, si les mots lus décrivent déjà la musique en détail, au lieu de simplement nommer le morceau, il me semble contre-productif de plaquer par-dessus la musique elle-même. D’abord parce que vous allez introduire une confusion dans l’esprit de votre auditoire, qui ne va pas pouvoir se concentrer à la fois sur la musique et sur vos mots décrivant la musique (car, doit-on le rappeler, le cerveau humain, même celui des femmes, est incapable de faire correctement deux choses en même temps). Ensuite, parce que ce que votre texte va dire de la musique est votre propre interprétation de ressentis lors de l’écoute, et que ladite écoute pourrait très bien ne pas du tout évoquer les mêmes choses à votre auditoire. Dans ce cas, vous allez sortir votre auditoire de l’histoire, le sortir en tous les cas de la transe hypnotique consentie, du pacte de lecture noué entre vous, qui implique que votre lectorat accepte ce que vous lui suggérez. La dissonance (mot bien choisi) entre votre interprétation par les mots et ce que le cerveau de votre auditoire va interpréter de la musique elle-même va totalement détacher votre public de ce que vous voudriez lui faire ressentir.

Il est donc, je crois, très délicat d’utiliser de la musique dans ce cas.

Sauf si cela est mûrement pensé et réfléchi.

Après tout, en art, les règles sont faites pour être brisées.

Le tout est de le faire en connaissance de cause et donc en pleine conscience.

L’ours

Il ne s’agit pas d’aller chasser un plantigrade qui aurait mauvais caractère.

Un ours est le nom que l’on donne au cinéma au premier montage, brut, des images tournées, avant l’application des effets spéciaux, des ajustements de couleur, etc.

C’est l’histoire racontée sans raffinements, sans les artifices.

Pour un livre audio, c’est votre voix, brute, avec peut-être simplement les effets les plus simples.

Mais ce n’est pas encore une histoire « publiable », parce qu’elle n’a pas encore totalement été mise en page.

Vous allez pour cela devoir encore passer deux étapes, dont la plus importante est le mixage, qui va s’assurer que les différents morceaux s’harmonisent correctement les uns avec les autres sur le plan sonore.

Le mixage

L’étape du mixage consiste à s’assurer que les sons ne vont pas agresser votre auditoire (rien ne sera trop fort), ne vont pas non plus l’empêcher de faire le voyage avec vous lors de la narration (rien ne sera trop faible pour être entendu et compris), et ne vont pas se « marcher sur les pieds » (rien ne gênera la compréhension d’autre chose). Bref, que tout sera correctement agencé en un tout harmonieux.

C’est un processus un peu technique et relativement complexe, mais je vais tâcher de vous indiquer ce que j’en ai retenu, ainsi que mes propres « recettes », tout en précisant que je ne suis pas ingénieur du son, et que, bien entendu, je n’ai pas les compétences qui permettraient de me considérer comme une référence dans le domaine. C’est donc bien plus un petit mémo à mon attention personnelle, que je partage avec vous parce que c’est en fait le but premier de ce site depuis sa création : être un peu mon « carnet de notes de voyage personnel, mais partagé » dans mes pérégrinations artistiques.

Mais commençons par quelques petites notions d’acoustique (rien de plus complexe que ce que nous avons vu précédemment, je vous rassure).

Les pics et les crêtes

Lorsque vous regardez la forme des ondes de votre enregistrement, vous voyez bien que les oscillations ont des intensités différentes (des pics, qui sont plutôt dénommés « crêtes » en mixage audio, peut-être en référence à celles des punks ? Non, je ne pense pas). Vous remarquerez que certaines pistes ont des crêtes plus hautes que les autres, au point qu’elles se rapprochent peut-être dangereusement du « zéro » dB et qu’elles entrent dans la zone rouge de l’oscilloscope.

Cette zone rouge correspond à une sensation désagréable de « saturation » du son, et bien mixer votre enregistrement va surtout consister en premier à éviter d’atteindre cette zone rouge.

La première des choses à faire est donc de jouer dans la table de mixage (appelée avec la touche X de votre clavier dans Logic Pro), sur les potentiomètres des différentes pistes pour régler leurs niveaux sonores respectifs, afin d’éviter la zone rouge, ou mieux, de rester dans la zone verte, qui correspond à un traitement acceptable du signal.

De la même façon, vous allez devoir régler le niveau de chacune des pistes afin d’obtenir une harmonie dans les différentes voix, et d’obtenir les focalisations d’attention voulues de la part de votre auditoire. Par exemple, si une voix doit être plus lointaine que les autres, ou une autre plus présente, ou si vous désirez mettre l’emphase sur un moment en particulier, c’est là qu’il faut commencer à le faire (même si, bien entendu, vous avez pu déjà prévoir cela à l’enregistrement).

Le niveau moyen

Pour calculer le niveau sonore moyen de votre mix (votre mélange de sons), on peut utiliser un concept appelé RMS pour Root Mean Square (ou racine carrée moyenne), qui mesure l’intensité sonore moyenne sur un intervalle de 300 millisecondes.

Certains logiciels n’offrent pas cette mesure, mais utilisent la LUFS (ou Loudness Unit Full Scale), qui mesure plutôt l’intensité sonore perçue par l’auditoire, de façon globale, mais instantanée. La différence est donc subtile entre le niveau des crêtes (on peut avoir un niveau sonore moyen faible avec parfois des pics d’intensité sonore très forts) et le niveau moyen, et d’un autre côté, la perception d’intensité sonore.

Le seuil de bruit

C’est le seuil à partir duquel on entend quelque chose dans le « silence » de votre pièce d’enregistrement. Car le silence n’existe jamais vraiment dans une pièce normale. Et il peut y avoir eu des bruits « parasites » enregistrés avec votre voix.

Grouper les pistes par Bus

Alors non, il n’est pas question d’envoyer vos pistes audio faire un voyage en autocar…

Un bus est une tranche de la console de mixage qui regroupe d’autres tranches (donc d’autres pistes) afin de leur appliquer certains réglages en une seule fois (des effets, des modulations, etc.).

  • Les voix dans le Bus 1, que l’on peut renommer « Voix ».
  • Les effets sonores et bruitages dans le Bus 2, intitulé « Bruitages » (je suis d’une originalité folle, vous ne trouvez pas ?).
  • Les musiques dans le Bus 3, que l’on nommera… « Musique ».

Il sera intéressant de faire sortir ces trois Bus vers un quatrième (Bus 4, donc), nommé « Sub-Mix », lui-même branché sur la sortie finale (« Output Stereo » dans mon cas).

Ensuite, il peut être utile de créer des Bus d’entrée depuis chaque piste de voix. Un Bus 5 pour les effets de Reverb, un Bus 6 pour les effets de Delay. Tous les deux iront en sortie vers le Bus 4, le « Sub-Mix ».

Pourquoi créer des bus ?

Parce qu’il vous sera plus simple de faire certains réglages une fois pour toutes les pistes d’une même catégorie, comme de monter le niveau de toutes les voix par rapport à celui des bruitages.

Une fois que c’est fait, vous devriez également avoir une meilleure vision de l’organisation de votre mixage. Pour vous en montrer un exemple, j’ai décidé, dans la version audio de Poker d’Étoiles, d’appliquer une ambiance d’écho particulière lorsque mes personnages évoluent dans ce que j’ai nommé « la Toile », une sorte d’internet interstellaire. J’ai donc regroupé les voix des personnages lors des moments de l’histoire où ils s’y rendent dans un bus dédié, ce qui m’a permis de régler finement le niveau sonore une fois l’effet de Space Design appliqué.

D’ailleurs, dans Logic Pro, j’ai réglé le niveau du potentiomètre rond du bus de Space Design pour déterminer l’intensité de cet effet afin de créer une Toile qui me satisfasse.

Tout cela vous permet de réellement construire un ensemble cohérent avec le minimum de réglages nécessaires.

Les tranches et les effets sonores

Puis, piste par piste, vous pouvez commencer à appliquer quelques autres paramètres pour améliorer la qualité sonore de chacune. Vous remarquerez que chaque piste possède des emplacements, disposés de façon verticale, pour accueillir des effets sonores variés.

Il est important de comprendre que ces emplacements fonctionnent comme une chaîne de traitements appliqués au signal de la piste. Et donc, que leur ordre est fondamental, puisque le premier de la liste sera appliqué en… premier, et que le deuxième sera appliqué sur le résultat qui sortira de ce premier effet. Il n’y aura donc pas le même résultat si vous appliquez d’abord un effet de gain, puis un effet de noise gate, ou au contraire, d’abord l’effet de noise gate puis seulement celui de gain.

Gain

Pour schématiser, le gain est le volume du signal d’une source sonore à l’entrée d’un circuit de traitement du son. Il est très différent du volume simple, qui est le niveau sonore à la sortie.

Si c’est l’effet sonore que je vous recommande d’utiliser en premier, c’est bien qu’il permet d’amplifier le signal de chacune des pistes de voix de manière à avoir de la matière pour les autres effets ensuite. Et bien évidemment, je ne vous conseille d’appliquer cet effet que sur les voix. En général, la musique et les bruitages sont enregistrés de façon calibrée et avec un gain naturel assez conséquent. De plus, vous voudrez plutôt amplifier les voix, puisque ce sont elles qui sont fondamentales dans un livre audio, non ?

Mon réglage personnel est d’appliquer un gain de +2 dB sur chaque piste de voix.

Noise gate

Là encore, à n’appliquer que sur les voix, pour « nettoyer » votre enregistrement des bruits parasites qui auraient pu s’y glisser. Le noise gate est, comme son nom l’indique, un portail qui laisse entrer ou pas un son en fonction de son intensité (pas de sa fréquence… ça, ce sera le boulot de l’EQ).

En gros, cet effet vous permet de déterminer un seuil d’intensité en dB en deçà duquel tous les signaux sonores seront supprimés. Il faut bien le régler, parce que, si vous allez trop bas, vous allez laisser passer le petit ronflement du ventilateur qui se faisait entendre dans la pièce à côté quand vous enregistriez, mais si vous le paramétrez trop haut, vous allez aussi manger les sons qui dans votre voix sont naturellement plus bas en intensité… et ça risque de devenir vraiment moche pour la compréhension.

Mon réglage personnel est d’appliquer un noise gate de -50 dB sur toutes les pistes de voix. C’est-à-dire que, sur chacune, les sons qui seront inférieurs à -50 dB seront simplement supprimés.

On voit bien l’intérêt d’avoir d’abord appliqué un gain à la piste : ainsi, vous allez « attraper » beaucoup plus de bruits parasites, puisque vous avez augmenté leur volume précédemment.

Compresseur

Ensuite vient donc le temps de la compression audio. C’est une opération qui consiste à amplifier de façon variable le signal qui y entre, de manière à en diminuer l’intensité s’il dépasse un certain seuil. C’est en quelque sorte le « miroir » du noise gate, mais dans les hautes intensités. Un miroir qui, de plus, est déformant, car il ne va pas supprimer les sons, mais en diminuer l’intensité lorsqu’ils dépassent le seuil, et plus ils dépasseront, plus ils seront diminués.

Un compresseur a pour effet d’augmenter le niveau sonore moyen de la piste, tout en en limitant les crêtes.

J’applique cet effet aux seules pistes vocales.

Mon réglage personnel est un seuil (threshold) à -27,5 dB avec un ratio de 1,8:1 et un knee (en français, cela équivaut à une pente de courbe) à 0,7 et une attaque (attack) à 23 ms.

EQ

Enfin, pour chaque piste vocale, un effet d’égaliseur ou EQ.

Un EQ est un réglage qui permet de faire varier le gain de certaines fréquences d’une piste sonore. En clair : vous allez pouvoir faire varier l’intensité des graves et des aigus, donc contrôler le timbre de la voix. Cela implique que vous allez aussi pouvoir faire varier les caractéristiques de la voix enregistrée sur une piste en particulier, donc, dans votre livre audio, cela va renforcer l’illusion d’avoir affaire avec plusieurs personnages différents, éventuellement d’un genre différent du vôtre.

Je vous encourage donc fortement à trouver un réglage d’EQ différent pour chaque personnage, et un réglage bien différent pour la voix de narration. C’est un énorme travail, mais cela sera vraiment payant.

Le « sub-mix »

Une fois que tout cela est fait, vous pouvez vous occuper du « sous-mixage ». C’est une étape où vous allez contrôler le signal sortant, avant son envoi à la tranche de mastering. À ce stade-là, votre mixage est presque terminé. Presque. Il ne vous reste qu’à appliquer un compresseur un peu particulier, que l’on appelle :

Le « limiter »

Pour s’assurer que votre mixage ne dépasse jamais le niveau maximum et ne soit jamais « écrêté », c’est-à-dire que les niveaux excédant 0 dB ne soient coupés brutalement par le haut-parleur qui diffusera votre livre audio, faisant ainsi perdre des informations sonores en plus de produire une désagréable impression de saturation à l’oreille, vous allez de voir prendre les devants. Un limiter, ou limiteur en français, va agir comme un compresseur qui va diminuer le gain des plus hautes intensités de votre « sous-mixage » en les supprimant purement et simplement.

Mon réglage personnel, sur ce limiteur général (car il se situe à la fin de toutes les pistes et les affectera donc toutes en même temps) est le suivant : Gain +3 dB, Release 20,0 ms, Oupout level -3,1 dB, Lookahead 2,0 ms.

Utiliser le Multimètre pour les pics et le RMS

Juste après, dans la même tranche de « sous-mixage », j’ai activé un Multimètre, une console de visualisation des crêtes (peaks en anglais) et du RMS. Cela me permet de réécouter le mixage (ou du moins des morceaux « critiques » de ce mixage) en surveillant les niveaux que je me suis fixés comme cible. Et en fonction, j’interviens à un endroit ou à un autre de la chaîne précédente des effets et des réglages. Ce seuil, dans mon cas, était de -3,1 dB.

Puis, quand je suis assez satisfait, je passe à la dernière étape, qui est la plus complexe à comprendre (en tous les cas pour moi).

Le mastering

La notion de mastering est un peu difficile à appréhender, en effet. Il s’agit, une fois le mixage effectué, de préparer le résultat à une diffusion en faisant en sorte que tous les appareils possibles puissent le lire avec un maximum de fidélité et d’efficacité.

Ce processus est complexe et fait intervenir des notions que je maîtrise peu, mais qui affinent les pics et le RMS, via un EQ global.

Ça tombe bien, Logic Pro possède un module qui automatise ce processus pour moi.

Il suffit que je me fixe une limite de peak, c’est-à-dire de hauteur de crête maximale, et que je joue avec les réglages du module, pour obtenir ce que je désire. Dans mon cas, en me basant sur les exigences de la plateforme Findaway Voices, dont nous parlerons dans le prochain épisode de cette série d’articles, je me suis fixé une limite de crête à -3,1 dB.

Il me semble plus simple de vous livrer une vidéo en français qui détaille un peu l’utilisation de ce module automatique.

Si vous travaillez avec un autre logiciel de montage audio, par contre, je n’ai pas vraiment de trucs ou astuces à vous donner, car, encore une fois, je ne suis pas ingénieur du son. D’autres ressources en ligne vous aideront sans doute.

Choix du papier, choix du format audio

Lorsque tous les réglages sont faits, vous avez accompli le plus difficile : l’équivalent de la mise en page pour un livre papier. Mais tout n’est pas fini, car une fois votre maquette obtenue, et pour continuer sur la métaphore du livre papier, il vous reste à choisir la qualité du papier et le type de reliure que vous voulez pour votre livre audio.

Et comme nous l’avons vu pour ses équivalents imprimé et numérique, vous pouvez aussi choisir plusieurs finitions pour un même texte.

Un livre audio est avant tout un ensemble de données numériques, à notre époque, puisqu’on ne peut pas le faire tenir sur un disque vinyle ou même un CD classique, sauf pour un texte très très très court.

Le choix va donc porter, comme pour du papier, sur la qualité de votre support, cette fois-ci numérique. Voulez-vous un papier haut de gamme avec une belle reliure, et donc un format de fichier qui préserve le plus la qualité audio, mais avec un poids de fichier beaucoup plus important, donc un besoin de stockage fort et un appareil peut-être plus puissant pour le lire ? Ou bien voulez-vous quelque chose de plus abordable, mais avec une qualité audio plus faible, donc comme un papier meilleur marché et une reliure brochée simple ?

Nous allons passer en revue les formats informatiques que vous pouvez choisir en fonction de ces contraintes : qualité de la restitution audio et, corollaire négatif, poids du fichier et nécessité d’un appareil perfectionné pour le lire.

Première possibilité, les formats non compressés, comme l’ALAC (Apple Lossless Audio Codec) et sa version libre, le FLAC (Free Lossless Audio Codec). Ils ont la qualité la plus haute, mais avec un poids de fichier effrayant, de plusieurs giga-octets (Go) par heure d’audio, presque aussi haut qu’une vidéo. Très honnêtement, ils ne sont utiles que pour constituer un master, c’est-à-dire une matrice à partir de laquelle produire les fichiers destinés à la diffusion, une matrice que vous garderez comme archive, bien au chaud. Car un livre audio ne nécessite pas une qualité sonore aussi importante qu’un morceau de musique. Sa dynamique sonore n’est pas énorme, et les fréquences sont moins variées. Une compression informatique avec perte d’information ne lui sera absolument pas préjudiciable. D’autant plus que c’est déjà le cas pour la musique elle-même, alors qu’elle demande une plus grande fidélité.

Deuxième possibilité, à l’autre bout du spectre, le format audio de compression avec perte d’information le plus populaire, le MP3. Sa compression est très forte, et sa diffusion très large vous garantit que votre auditoire sera toujours capable de lire votre livre audio avec la plus grande facilité et la plus grande accessibilité. Il a la qualité audio la moins forte, mais encore une fois, même la musique se sert du MP3. Il suffit, pour que la qualité soit professionnelle et le confort d’écoute maximal, que vous preniez bien soin de choisir un débit qui sera au moins de 192 kbit/s (ou kilobits par seconde) lors de l’encodage.

Il existe cependant une option intermédiaire, le M4A, qui est un format audio basé sur le MPEG4 ou MP4, successeur du MP3 avec un algorithme d’encodage beaucoup plus performant. Il permet d’obtenir une perte d’information moindre pour le même taux de compression. Autrement dit : pour le même poids de fichier, vous aurez une meilleure qualité, ou pour une même qualité, un fichier de plus petite taille. L’inconvénient de ce format : il ne peut être lu que par des appareils assez récents, et beaucoup de vos auditrices & auditeurs risquent de ne pas pouvoir entendre votre histoire.

Enfin, un format très particulier a été créé par Apple il y a des années, spécialement pour le livre audio, le M4B. Comme vous pouvez vous en douter, c’est une variante du M4A dont le B signifie book, pour livre. Son avantage : alors que tous les autres formats vous obligent à créer un fichier par chapitre et à les regrouper dans un dossier pour naviguer facilement de l’un à l’autre en fonction de votre lecture, le M4B rassemble tous vos chapitres en un seul fichier avec des marqueurs permettant à votre auditoire de trouver un chapitre en particulier, et même, comme dans un véritable livre papier ou numérique, de mettre des marque-pages pour ne pas perdre l’endroit précis où il a arrêté d’écouter l’histoire. C’est le format le plus abouti… mais également le moins répandu, car il n’est lisible que par certaines applications très limitées… Le plus compliqué est encore de créer un fichier M4B correct. Pour cela, personnellement, je me sers de Audiobook Builder.

À vous de faire un choix.

Pour ma part, j’ai longuement hésité, et j’ai tranché : j’encode mon master en ALAC, et je diffuse mes livres audio sous deux formats différents, une archive ZIP contenant les fichiers MP3, et un fichier M4B. Ainsi, mon auditoire peut choisir entre un format populaire d’assez bonne qualité (le MP3 encodé en 192 kbit/s) et un format plus pratique et plus « livresque », mais qui ne peut pas être lu avec toutes les applications.

Un livre, pas juste des fichiers

Pourtant, même lorsque vous avez obtenu vos fichiers encodés dans le bon format, celui que vous avez choisi, vous n’avez pas encore fabriqué un véritable livre audio. Parce qu’un véritable livre audio c’est avant tout un livre. Et pour que vos fichiers deviennent un livre, il leur manque deux choses importantes : une couverture, et des métadonnées. Les deux sont d’ailleurs liées (ou reliées…) puisque la couverture est une des métadonnées de vos fichiers.

Mais que sont ces fameuses métadonnées ?

Nous en avons un peu parlé lorsque nous avons vu les étapes de publication des livres papier et des livres numériques.

Les métadonnées sont l’ensemble des informations qui permettent de classer votre livre : le nom de l’auteur ou de l’autrice (dont… votre nom), le titre du livre, le nom de l’éditeur, le numéro du tome dans la série s’il y a lieu, la couverture…

Ce sont des informations qui ne sont pas réellement une partie de l’histoire, mais qui forment l’enveloppe de votre livre. C’est pourquoi j’ai l’habitude de dire que c’est son corps, son identité. Si le livre audio avait existé il y a cinquante ans, ces métadonnées auraient été inscrites sur la pochette du vinyle, ou sur le boîtier du CD, dans la jaquette, ou au dos. Comme un livre audio est immatériel, de nos jours, ces informations sont codées dans le fichier lui-même, et apparaissent dans l’application de lecture.

Mais pour les y intégrer, vous devrez utiliser soit les facultés d’édition de votre logiciel audio (Logic Pro le fait pour le format MP3, dont les métadonnées sont intégrées dans ce que l’on appelle des balises ID3), soit une application spécialisée. Pour ma part, je me sers d’un logiciel pour Mac appelé sobrement Meta, de Nightbirdsevolve, mais qui n’a rien à voir avec le réseau dyssocial du même nom. Il est très simple et vous permet d’éditer facilement toutes les métadonnées imaginables sur tous les fichiers audio imaginables.

Les métadonnées

Les métadonnées essentielles que vous devez encoder dans vos fichiers sont les suivantes : Artiste, Titre, Album, Année, Numéro de la piste, Nombre de pistes, Genre, Langue, Date de publication, Durée, Éditeur, Copyright, Crédits, Site web, DRM (s’il y a lieu, mais je vous conseille de ne pas implémenter de DRM dans vos livres audio), Licence DRM.

Et bien évidemment :

La couverture

Vous avez déjà créé une couverture pour votre livre au format papier et au format numérique EPUB. Il est désormais temps d’adapter cette couverture pour le format audio. Par convention venant du monde du podcast, la couverture d’u livre audio est basée sur une image carrée. Cela vient-il de la pochette des CD et, avant elle, de celle des vinyles ? C’est mon hypothèse.

Quoi qu’il en soit, ce changement de ratio dans l’image va peut-être vous demander une petite adaptation du design que vous aviez créé pour les autres formes de votre ouvrage.

Pour l’exemple, voici les différentes couvertures de Poker d’Étoiles.

Il ne reste plus qu’à écouter… puis à diffuser !

Oui, parce que, maintenant que vous avez enfin terminé la forme audio de votre livre, il faut que votre lectorat… votre auditoire… puisse le trouver et l’acquérir.

Ce sera la dernière étape de notre voyage.

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Écrire plus rapidement : mes astuces

Écrire plus rapidement : mes astuces

Quand on écrit souvent les mêmes mots, on développe vite des abréviations. Je crois que nous avons tous et toutes appris cela durant notre scolarité. Ou si ce n’est pas le cas, cela aurait dû l’être. Il est en effet beaucoup plus rapide d’écrire « tjr », plutôt que « toujours ».

La difficulté est de le faire dans un texte destiné à être lu par d’autres personnes que soi-même.

Lorsque nous écrivions à la main, nous n’avions d’autre choix que de recopier le texte en écrivant toutes les lettres de tous les mots. Et bien évidemment, cela prenait du temps, beaucoup de temps.

Mais depuis que les ordinateurs se sont généralisés et que nous pouvons écrire sur un clavier, notre capacité à modeler et remodeler un texte a été centuplée par la virtualité. Tout comme le copier-coller que nous savons toutes et tous utiliser, un ordinateur peut nous aider en remplaçant, soit après coup, soit même à la volée une abréviation par ce qu’elle signifie. Le gain de temps est alors exponentiel, voire incalculable. En effet, il n’est plus nécessaire de recopier le texte, simplement de savoir programmer l’ordinateur pour qu’il accomplisse ces petits miracles tout seul, lorsque nous en avons besoin.

Ce petit article va peut-être enfoncer des portes ouvertes, pourtant, je pense qu’il peut servir à certaines personnes.

Car si certaines et certains connaissent déjà les expanseurs de texte et les utilisent pour écrire, voire coder, il existe une difficulté à laquelle, je crois, toutes et tous ont été confrontés sans trop trouver de solution satisfaisante dans un traitement de texte ou un studio d’écriture : comment écrire plus vite le texte mais aussi, en même temps, le mettre en forme plus vite ?

The Expanse (of text)

Au début était le copier-coller. Nous l’avons tous en tête : sélectionner un mot ou un groupe de mots avec la souris (ou le trackpad), puis taper Control+C (Command+C avec un Mac) pour copier le texte, positionner le curseur là où nous désirons mettre à nouveau le même mot, et taper Control+V (Command+V sur un Mac) pour coller le texte copié.

Le procédé est simple, mais on peut faire mieux.

Avec les logiciels expanseurs de texte, on peut attribuer une abréviation à un mot, taper cette abréviation, et l’ordinateur la remplace par le mot dans son entier. Par exemple, une de mes expansions les plus utiles est « tjr » que mon ordinateur traduit facilement pour afficher à la place un bien écrit et compréhensible « toujours ».

On peut aller encore plus loin et utiliser ces snippets, ces petits morceaux de texte, pour expandre un groupe de mots, une phrase, un paragraphe entier, voire des pages…

Il existe quantité de logiciels d’expansion de texte.

Le plus connu n’est malheureusement accessible que sur abonnement, et je déteste ce principe.

Je me suis tourné quant à moi vers Typinator, qui est une application strictement Mac, pour laquelle vous n’aurez qu’à ouvrir votre porte-monnaie qu’une seule fois, ce qui est très appréciable.

Et vous verrez qu’on peut vraiment faire beaucoup de choses avec.

Une bonne partie des astuces que je vous présente plus loin vont nécessiter son emploi, d’ailleurs.

Le problème : mise en forme & gain de temps

Si vous avez déjà voulu écrire quelque chose de joli avec un ordinateur, vous avez sans aucun doute remarqué une chose importante.

Si taper du texte brut est suffisamment rapide quand on a l’habitude (même avec deux doigts comme moi), on perd ensuite un temps assez affolant pour mettre en forme le texte une fois écrit. Avons-nous décidé de mettre tous les textes en taille 20, police Arial, en souligné ? Il faut le faire en sélectionnant les titres avec la souris, déroulant des menus, etc., etc. Même chose pour mettre certains mots ou certaines expressions en exergue avec de l’italique, du gras, du souligné, etc.

Je ne vous raconte même pas le temps perdu lorsque vous devez faire ça sur un long article de blog.

Et je n’ai pas encore parlé des liens internet. Sélectionner la phrase, cliquer sur l’icône qui permet d’y insérer un lien internet, et taper l’adresse du site (au hasard, celui de d’écaille & de plume). C’est répétitif et c’est long.

C’est d’ailleurs ce qui m’a conduit à chercher une solution pour que les liens que j’utilise fréquemment puissent être mis en forme dans Scrivener le plus rapidement possible, sans avoir à refaire la manipulation à chaque fois.

Deux approches différentes ont été développées par les geeks pour régler ce problème, l’une très ancienne, l’autre assez récente.

Je vais commencer par la plus récente.

Le Markdown

Le Markdown est une syntaxe, c’est-à-dire une façon d’écrire qui donne un sens à ce que l’on écrit par certains signes qui codent ce sens. C’est une syntaxe de mise en forme, car les signes utilisés permettent de déterminer si un mot ou une phrase doit être en italique ou en gras, par exemple. Et c’est tellement simple que l’on peut très rapidement prendre l’habitude de l’utiliser en même temps que l’on tape le texte sur le clavier.

Exemple : pour montrer à l’ordinateur que l’on veut mettre un mot ou un groupe de mots en italique, on encadre ce groupe de mots par un astérisque «  ». Et lorsque l’on tape « *ceci est en italique* », le logiciel qui utilise la syntaxe Markdown va automatiquement montrer le texte suivant mis en italique « ceci est en italique ». Pour mettre le même texte en gras, il suffisait de l’encadrer par deux astérisques et non plus par une seule. « **Ceci est en gras** » devient « Ceci est en gras* ».

« Merveilleux ! », dites-vous. Moi aussi, je le pense.

Mais le diable est dans les détails.

Car avec ce système, la mise en forme est figée.

Ce que vous avez mis en gras ne peut pas, par exemple, apparaître en couleur, ou souligné, parce que vous avez décidé une semaine après avoir tapé votre texte que les passages importants seraient mieux mis en exergue par une belle couleur verte et un trait. Pour cela, il vous faudrait parcourir à nouveau tout votre texte et changer tous les mots ou groupes de mots un à un… Vous imaginez déjà le nombre d’heures que cela vous ferait perdre.

Pourtant, il existe un outil bien plus flexible, et il existe depuis presque les débuts des traitements de texte : les styles de texte.

Les Styles de texte

J’en ai déjà parlé dans mes premiers articles sur la série Making of a Book.

L’idée derrière les Styles de texte est à la fois simple, élégante, et versatile : expliquer à l’ordinateur que le texte sélectionné est important et en quoi, de façon à séparer la forme et le fond du texte.

En effet, si l’on veut mettre une phrase en gras, c’est souvent qu’on veut lui donner plus d’importance aux yeux de son lectorat. C’est le signe qu’il s’agit d’un passage particulièrement important. Nous pourrions l’appeler « accentuation forte ». Mais il peut se trouver aussi du texte qui soit important à distinguer dans un paragraphe, sans qu’il soit pourtant aussi important que ce qui sera en « accentuation forte ». Il serait par exemple en italique. On pourrait l’appeler « accentuation ».

Si vous avez compris cela, vous savez utiliser les Styles de texte.

Car une fois que vous avez dit à un traitement de texte que tel mot était en Style accentuation forte et que tel autre était en Style accentuation, alors vous avez la possibilité de déterminer ensuite et à tout moment de changer la façon dont chaque Style de texte va apparaître esthétiquement.

Si vous aviez décidé que l’accentuation forte devait être en gras au départ, mais que cela ne vous convient plus, vous n’avez qu’à dire au logiciel que vous préférez que ce soit en vert et souligné. Une fois cela déterminé, tous les passages que vous aurez mis avec un Style accentuation forte seront changés en une seule opération, vous faisant gagner un temps très précieux.

« C’est génial ! », vous entends-je vous exclamer.

Oui, j’en conviens.

Mais.

Mais cette façon de faire nécessite que vous sélectionniez les passages les uns après les autres après avoir écrit votre texte, ou alors pendant mais en lâchant votre clavier et en cliquant avec votre souris sur des menus déroulants. Cela vous fait donc retomber dans ce que nous voulions éviter : l’obligation de sélectionner les mots et utiliser des menus déroulants à n’en plus finir…

Les frères ennemis de la mise en forme

Ainsi, soit vous utilisez une syntaxe spécifique de mise en forme comme le Markdown, mais vous ne stylez pas votre texte, soit vous voulez utiliser les Styles de texte et vous devez le faire après coup, en perdant beaucoup de temps.

Il semble que vous ne puissiez pas faire les deux en même temps.

Il n’existe en effet pas de syntaxe Markdown qui permettrait d’indiquer quel Style de texte vous désirez utiliser en tapant un signe juste avant le mot que vous désirez écrire.

Et il y a un autre cas où c’est encore plus pénible : quand vous désirez insérer un lien internet. Alors qu’avec le Markdown vous pouvez faire cela sans quitter les touches de votre clavier (pourvu que vous connaissiez l’adresse internet par cœur ou que vous ayez paramétré une expansion de texte pour vous éviter d’avoir à encombrer votre mémoire), avec un Style c’est impossible.

Pire : si vous avez un groupe de mots que vous écrivez souvent et qui contient une mise en forme particulière, comme le nom d’un site avec un lien qui pointe vers son adresse sur la Toile (au hasard), vous devrez souvent faire les mêmes manipulations.

Le texte formaté des expanseurs de texte

Les expanseurs de texte ont tous une option pour formater le texte que vous leur confiez. On peut en effet déterminer que le mot « toujours » soit écrit en gras lorsqu’on tape l’abréviation « tjgras ».

Aurions-nous résolu le problème ?

Non, hélas. Car la mise en forme proposée n’utilise pas les Styles mais bien plutôt un format figé.

Retour à la case départ, donc.

Mais pas vraiment, car la solution est comme souvent dans la combinaison de plusieurs outils.

La solution : combiner

Après avoir beaucoup cherché, j’ai fini par découvrir une solution qui, sans être parfaite, me satisfait suffisamment.

L’idée est de combiner le principe du Markdown (c’est-à-dire baliser mon texte en même temps que je l’écris), l’utilisation des Styles de texte (donc la séparation de la forme et du fond du texte par un balisage sémantique), et l’expansion de texte.

Cette solution fonctionne dans Scrivener mais également dans LibreOffice et même dans Word.

D’abord, il s’agit de se servir de la possibilité que les trois logiciels vous offrent d’affecter un raccourci clavier à chacun de vos Styles de texte.

Dans mon cas, je me sers vraiment beaucoup de trois balises de mise en forme pour écrire sur d’écaille & de plume : un style de mise en évidence, un style nommé strong pour une accentuation forte, et un style nommé Strong & italic qui me sert à baliser les titres des œuvres que je cite (car savez-vous que par convention typographique les titres des œuvres doivent se noter en italique ? Non ? Alors je vous l’apprends). J’ai donc affecté un raccourci clavier pour chacun de ces styles. Dans Scrivener c’est faisable dans le Volet des styles. Comme vous pouvez le voir sur les captures d’écran ci-dessous, cette personnalisation peut se faire facilement dans Scrivener et dans LibreOffice. Avec les mêmes raccourcis. Vous remarquerez que j’ai un raccourci pour revenir à « aucun style ». En effet, lorsque je tape mon texte, j’enclenche le raccourci clavier qui correspond au style que je veux utiliser juste avant d’écrire le mot en accentuation forte, par exemple, puis lorsque j’ai terminé d’écrire ce mot, je tape le raccourci de « remise à zéro » et je peux poursuivre ma rédaction.

Ceci fait, pour les liens internet, je définis des expansions spéciales avec Typinator, comme par exemple celle qui permet d’insérer un lien vers d’écaille & de plume automatiquement. Cette expansion est déterminée comme une expression HTML mais n’en est pas vraiment une. Il s’agit d’un moyen de dire au logiciel de traitement de texte que c’est une expression qui contient un lien internet. Lorsque je tape « - lien.d&p », Typinator m’écrit décaille & de plume. En gardant le lien internet.

Ces raccourcis clavier et ces abréviations demandent bien évidemment un apprentissage (tout comme la syntaxe Markdown, en fait), mais à l’usage, cela me fait gagner un temps très précieux.

Les raccourcis clavier

De manière générale, et de plus en plus, j’utilise les raccourcis clavier lorsque je me sers de mon Mac. La souris ou le trackpad permettent de faire beaucoup de choses de façon très précise, mais combiner cette précision avec des raccourcis clavier fait gagner beaucoup de temps.

Par exemple, pour le montage des Consultations extraordinaires, avec les logiciels GarageBand ou LogicPro, je me sers évidemment du trackpad pour déplacer les régions audio les unes par rapport aux autres, mais également des touches du clavier pour passer d’une vue d’édition de la région elle-même à une vue de montage des régions entre elles.

Si vous utilisez un Mac vous aussi, je ne saurais trop vous conseiller deux utilitaires gratuits qui permettent de s’en servir de façon vraiment poussée : KeyClu et CustomShortcuts.

Vous verrez, une fois qu’on a essayé, on ne peut plus s’en passer !

Maîtriser la compilation dans Scrivener, gérer les notes

Maîtriser la compilation dans Scrivener, gérer les notes

Lorsque l’on écrit, que ce soit de la fiction ou un travail universitaire, on a souvent besoin de prendre des notes sur son travail. Des notes sur un passage que l’on aimerait retravailler lors des corrections, des commentaires sur la façon de présenter telle ou telle action, ou bien des notes destinées à la lectrice de l’ouvrage.

Dans un logiciel de traitement de texte, comme Word ou Writer de LibreOffice, nous avons le choix entre les commentaires qui permettent de travailler en collaboration avec un éditeur ou un maître de mémoire, et les notes de bas de page. Les unes sont destinées à améliorer le texte dans sa phase de travail, les autres à insérer des références pour le lectorat. En soi, c’est assez simple à gérer, puisque les premières sont destinées à rester dans l’ombre et les dernières, elles, seront publiées dans l’ouvrage final.

Mais Scrivener n’est pas un traitement de texte. C’est un studio complet d’écriture, et les choses ne sont pas aussi simples, car il peut servir à exporter un même texte sous plusieurs formes, pour plusieurs objectifs.

On peut vouloir une épreuve de correction, qui peut contenir des notes de travail pour une relecture personnelle.

On peut vouloir le même texte dans une version destinée à son éditeur avec des commentaires sur la façon d’aborder certains passages.

On peut vouloir un manuscrit final, avec des notes destinées au lecteur.

On peut vouloir un script pour un réalisateur avec des notes de travail concernant des indications référencées sur le jeu, les décors, les mouvements de caméra, etc.

On peut vouloir le même script pour les acteurs avec des notes sur le caractère des personnages.

Bref, on peut avoir besoin de plus de deux sortes différentes de notes, pour remplir plusieurs fonctions. Cela tombe bien, car Scrivener possède cinq (mais en fait six !) types différents de notes. Ça fait beaucoup.

Dès lors, comment s’y retrouver, et comment choisir de prendre des notes dans Scrivener en fonction de nos objectifs ?

Prérequis

Cet article assume que vous avez lu et assimilé les principes généraux de la compilation dans Scrivener. Si ce n’est pas le cas, reportez-vous à l’article que j’ai consacré à ce sujet. Cela vous permettra de comprendre des termes tels que compilation, scrivening, formats de compilation, etc.

To be or notes to be ?

Certains auteurs prennent beaucoup de notes, que ce soit pendant la rédaction ou dans les phases de préproduction, voire de « postproduction éditoriale ». Et parmi nous, il en existe qui préfèrent intégrer leurs notes dans une autre application, comme OneNote ou Obsidian.

À mon avis, l’intérêt majeur de prendre des notes dans Scrivener directement est de les lier au texte.

C’est évident pour les notes destinées au lecteur ou pour la postproduction.

Ça l’est moins pour celles qui sont faites pour la préproduction.

Aussi, l’une des premières questions à se poser est tout simplement l’usage que l’on va faire des notes dans un projet particulier. Cela nous indiquera tout naturellement comment nous voulons que ces notes apparaissent lors de la compilation. Et bien entendu quel type de notes nous allons utiliser dans le logiciel.

Différencier les formats de compilation entre production et publication

Les types de notes présents dans Scrivener sont nombreux. Il est évident que vous n’aurez pas forcément besoin de toutes, tout le temps, pour tous les projets. Au contraire, chaque projet aura besoin d’un système de notes différent des autres.

Mais le plus important est de comprendre que chaque type de notes se prête plus à un processus d’élaboration d’un document, des notes de production, ou à un processus de partage lors de la forme finale de l’œuvre, des notes de publication.

Je vais donc séparer chaque type suivant l’usage qu’il me semble être le plus indiqué. Libre à vous de les utiliser pour un autre si vous le souhaitez.

L’essentiel est de choisir pour chaque projet quelles notes vous serviront à quel usage, et de vous y tenir. Cela vous permettra ensuite de compiler le texte sous différentes formes en seulement quelques clics, comme nous le verrons dans le prochain article de cette série.

Notes de production

Elles seront strictement réservées aux versions de travail de votre texte, et seront supprimées lors de la compilation vers les formes destinées à la publication finale. Cela peut d’ailleurs être automatisé, et c’est d’ailleurs ce qui est intéressant avec Scrivener. Mais elles seront conservées dans les sorties destinées à vos relectures, vos ß lecteurs, vos corrections, ou les échanges avec un éditeur.

Notes personnelles de rédaction ou de préproduction

Dans le processus de création, il est parfois intéressant d’avoir une sortie papier ou numérique personnelle du texte sur lequel on travaille pour en dégager une vue d’ensemble.

Dans ce cas, il peut être utile d’avoir, en plus du texte rédigé (s’il existe), des notes de conception servant à diriger notre travail, à nous rappeler des points importants pour la suite de la rédaction, ou pour reprendre un passage qui ne nous satisfait pas vraiment.

Mon choix personnel se porte sur les Notes de l’Inspecteur, mais je ne les compile jamais avec le reste du texte. Elles sont, pour moi, destinées à rester dans Scrivener et à ne jamais en sortir, puisque ce sont des notes qui ne me sont utiles que lors de la rédaction, étape que j’effectue en totalité dans Scrivener lui-même, et jamais sur un autre logiciel ou en papier.

Les Notes de l’Inspecteur

Il ne s’agit pas d’un fichier que la police aurait sur vous, rassurez-vous, mais bien de notes situées sous le synopsis ou Résumé du volet de droite de l’espace de travail de Scrivener. Le Résumé vous permet de brosser à grands traits ce que va contenir le scrivening sélectionné (par exemple une scène où Sherlock Holmes découvre un indice particulier). Les Notes qui se trouvent en dessous sont, dans la philosophie du logiciel, des indications de préproduction, car elles peuvent être écrites avant même que le moindre mot n’ait été inscrit dans le texte lui-même.

C’est, de mon point de vue, l’endroit parfait où l’on peut se noter à soi-même des rappels sur la tonalité que l’on voudrait donner au texte, sur des détails qu’on ne devrait pas oublier lors de la rédaction. Sur la capture d’écran ci-dessous, vous pouvez voir la note que je me suis laissée, pour ce passage en particulier.

Défaut dans Scrivener : ce sont les notes les moins paramétrables dans la compilation. Elles ne peuvent apparaître qu’au-dessus ou en dessous du texte d’un scrivening en particulier. Elles sont attachées donc à votre découpage. De mon point de vue, les compiler n’est pas une idée de génie sauf dans un objectif de relecture personnelle ou si vous avez dans ces notes les statistiques chiffrées d’un personnage de jeu de rôle que vous voudriez inclure dans votre texte avant la description ou l’historique du personnage en question (et encore, il y a de meilleures et plus élégantes façons de faire ça). Pour moi, c’est un style de notes qui ne peut convenir qu’à des notes de rédaction personnelles, et même pas à une collaboration, encore moins à une publication finale.

Compiler les Notes de l’Inspecteur

Pour vous permettre de les intégrer à la compilation, vous devrez probablement Modifier le format de compilation. En sélectionnant sur la colonne de gauche l’onglet de Mise en page des sections, vous choisirez le type de scrivening dont vous désirez faire apparaître les Notes de l’Inspecteur. Par exemple les sections appelées Scènes (voir l’article Maîtriser la compilation dans Scrivener : les bases, où je vous donne l’exemple de ces Scènes).

Vous n’aurez qu’à cocher la case Notes en plus de Text (et éventuellement de Title).

Vous verrez alors apparaître dans l’encadré Formatting en bas un nouveau texte sous l’intitulé Notes.

En cochant la case Override text and notes formatting, vous pourrez styler la présentation de vos Notes d’Inspecteur dans la compilation.

Par défaut, la compilation sortira un scrivening organisé comme suit :

Si vous désirez changer cet ordre, vous devrez cliquer sur les trois points inscrits dans un cercle en haut à droite de la liste des sections et cocher Place notes after main text, ce qui aura pour effet d’inverser l’ordre. Vous aurez donc :

Et c’est la seule façon que vous aurez de déterminer la place des notes, ou même le titre « Notes ». Cependant, pour ce dernier, il ya une astuce avec l’onglet Remplacements, mais nous aborderons ce point dans un futur article.

Notes collaboratives ou éditoriales

Ces notes sont destinées à être lues et éventuellement complétées par les personnes qui vous aident à améliorer votre ouvrage : ß lectrice, éditrice, gourou, etc. L’idée est qu’elles soient facilement mises en page, quel que soit le format de sortie papier ou numérique, et que dans ce dernier cas, elles puissent être interopérables avec d’autres logiciels, de type traitement de texte, comme Word ou Writer. Cela vous permettra des allers et retours, de répondre vous-même aux suggestions, de faire des suivis de commentaires, etc.

Mon choix personnel est évident : les commentaires de Scrivener sont faits pour ça car ils sont interopérables avec le format DOCX. Mais comme cela marche moins bien avec le RTF, il faudra prendre garde. Cela demande également à prévoir une sortie numérique que l’on imprimera éventuellement après, car les sorties PDF ou imprimées directement par Scrivener ne permettent pas d’intégrer autrement les commentaires que de la même manière que les inline notes que nous verrons plus loin.

Pour une sortie imprimée (ou en PDF, ce qui revient à la même chose), je privilégierais donc les inline notes, si vous n’en avez pas besoin pour autre chose.

Une autre façon de faire est d’utiliser les notes de bas de page, si vous n’en avez pas besoin pour y mettre du texte destiné à la publication.

Les commentaires

Toutes les personnes qui ont utilisé les commentaires et le système de révision de Word {>>Germain HUC 01/08/2023 16:02

On essaie ?<<} savent globalement de quoi nous parlons. Les commentaires dans Scrivener sont exactement la même chose, et sont interopérables avec ces commentaires, d’ailleurs. Ils servent la plupart du temps à collaborer avec d’autres auteurs sur le même texte, ou à échanger des points de vue avec son éditeur.

Il faut cependant rester prudent : si la compilation de Scrivener parvient très bien à les exporter dans le format DOCX, c’est plus compliqué dans le format RTF, qui est pourtant celui qui est censé être le plus interopérable. En tous les cas c’est ce qui se passe pour moi dans Writer de LibreOffice, mais peut-être que c’est différent avec Word lui-même, que je n’utilise pas.

Compiler les commentaires

Dans le format de compilation, onglet Notes de bas de page et commentaires, vous devez vous assurez que le menu déroulant Export comments and annotations as soit bien réglé sur margin comments.

Méfiez-vous également de l’onglet Compatibility en bas à gauche, et vérifiez que l’option Flatten footnotes and comments into regular text soit décochée, autrement, Scrivener transformerait tous vos commentaires en texte simple inclus dans votre document, ce qui serait dommage.

Utiliser les commentaires

Une fois compilés en format DOCX, ODT ou RTF, votre texte contiendra des commentaires auxquels votre ß lectrice, votre éditrice, ou votre gourou pourront répondre. Une fois que vous aurez récupéré le fichier annoté par ses soins, vous aurez le choix entre deux solutions.

  • Soit vous restez dans le traitement de texte (Word, Writer) et vous gérez les commentaires avec le système intégré de ce dernier. Il paraît que c’est très bien fait. Mais à mon avis, si vous devez ensuite reprendre la rédaction du texte, ce sera assez lourd parce que vous serez un peu coincé dans Word ou Writer, ce qui sera, avouons-le, Mal.
  • Soit vous intégrez à nouveau le texte dans Scrivener, où les réponses à vos commentaires et les nouveaux commentaires de votre ß lectrice, éditrice ou gourou seront importés. Vous pourrez alors reprendre votre rédaction ou vos corrections directement dans Scrivener, et ça, c’est carrément le Bien.

Nous reviendrons sur les allers et retours entre Word/Writer et Scrivener dans un prochain article.

Suggestions de texte rédigé, texte modifié lors des différentes passes de correction

Si vous avez une ß lectrice qui aime suggérer des formulations, ou un éditeur qui se permet des corrections directes (par exemple sur l’orthographe), le mieux est d’utiliser les révisions de Scrivener.

Pour cela, il suffit, si la personne avec qui vous collaborez n’utilise pas elle-même Scrivener (personne n’est parfait), de lui demander d’écrire dans Word ou Writer avec une couleur particulière, que vous entrerez comme couleur de révision dans Scrivener. Et le tour sera joué.

Les notes de révision

Ne sont pas vraiment des notes, mais enfin un peu tout de même.

C’est confus ? C’est normal, parce que ça l’est.

Les notes de révision sont un outil qui est qualifié de « basse fréquence » dans le manuel de Scrivener. Lire : « basse technologie ». En ce sens qu’il ne nécessite pas vraiment de paramétrage.

En l’état, les notes de révision sont du texte simple dans le corps de votre rédaction, mais coloré différemment selon le niveau de votre correction. Par exemple, lors de votre première passe de correction, le texte sera coloré en rouge, mais en bleu lors de la deuxième passe de correction.

Mais Scrivener sait les reconnaître et cela peut être utilisé pour suivre vos corrections, même avec d’autres formats de fichiers, comme Word.

Cependant, le texte coloré dans une couleur peut aussi être considéré comme des notes que vous vous laissez dans le corps du texte, même si ce n’est pas vraiment ce que je recommande, car Scrivener a vraiment beaucoup d’autres outils pour cela, que je trouve vraiment plus pratiques.

Compiler les notes de révision

Ce qui est merveilleux avec les notes de révision, c’est que vous n’avez besoin de rien faire pour les compiler, puisqu’elles sont intégrées dans le texte et considérées par Scrivener comme votre texte principal. Elles sortiront donc dans votre fichier Word ou votre PDF colorées de la bonne façon, celle que vous aurez déterminée.

Vérifiez juste que dans les paramètres de la fin de compilation vous n’ayez pas sélectionné Supprimer la couleur du texte.

Utiliser les notes de révision

Vous trouverez les couleurs déterminées pour les différentes passes de révision (corrections) dans les Préférences de Scrivener, onglet Édition, sous-onglet Révisions. Il vous suffit ensuite daller dans Format > Mode révision et de choisir la couleur qui correspond à la révision que vous voulez faire. Cela colorera automatiquement tout nouveau texte que vous écrirez dans l’éditeur.

Compilez le texte et demandez à votre ß lectrice d’utiliser la même couleur ou une couleur correspond à la révision suivante. Une fois les suggestions faites, réimportez le texte dans Scrivener et les couleurs seront automatiquement reconnues par le logiciel comme couleurs de révision (si elles ont été bien respectées).

Notes de publication destinées au lecteur

Par essence, elles doivent apparaître dans les formes finales du manuscrit, mais doivent aussi le faire dans les versions de travail, afin d’être éventuellement corrigées si besoin.

Les notes de texte

Et ce sont les notes telles qu’on les entend en général, c’est-à-dire des précisions qui sont reliées à un endroit ou à un mot particulier dans le corps de texte mais qui peuvent être présentées ailleurs, avec une référence pour y revenir plus tard, de manière à ne pas gêner la lecture du texte principal. Ce sont les notes que l’on utilise en général lorsque l’ouvrage est publié, elles sont accessibles au lecteur. Elles nécessitent toutes que du texte ait déjà été tapé dans l’éditeur, car elles sont rattachées à un mot ou à une suite de mots, de manière à les expliciter ou à les commenter.

Et il y a en gros deux façons de les paramétrer, donc de les utiliser, que Scrivener ne peut pas utiliser simultanément. Il vous faudra choisir entre l’une et l’autre.

Les notes de bas de page

Nous y venons enfin. Ce sont les notes telles que nous les connaissons dans un livre1 : un mot dans le corps du texte est suivi par un numéro en exposant, faisant référence au même numéro en bas de page, qui précède quelques lignes explicitant le mot référencé.

L’énorme avantage de ces notes est d’être interopérable avec de nombreux formats de fichiers, notamment le RTF et le DOCX de Word. Mais elles peuvent aussi être traitées à part du texte principal, ou y être intégrées, au choix. C’est sans doute le type de notes le plus polyvalent.

La plupart du temps, ces notes sont destinées à être publiées avec le texte principal, et donc à être accessible au lecteur final.

Les notes de fin d’ouvrage

Petite variante des précédentes, les notes de fin d’ouvrage sont des notes de bas de page mais qui sont reléguées toutes ensemble sur une ou plusieurs pages à la fin de l’ouvrage (d’où leur nom, hein).

Leur gros défaut est leur ergonomie absolument défaillante : il faut en effet garder en permanence soit le doigt, soit un signet ou un marque-page pour ne pas perdre la page des notes quand on lit. Et moi, je déteste avoir à alterner dix fois par minutes entre mon texte principal et une page précise située à la fin du livre. Je vous accorde cela dit que c’est moins gênant dans les formats électroniques, qui, avec les liens hypertextes, permettent de passer très rapidement de l’un à l’autre.

Les notes de fin d’ouvrage sont très utilisées pour la bibliographie, mais nous verrons que Scrivener peut gérer la bibliographie autrement.

Utiliser les notes de texte

Pour créer une note de texte, il suffit de sélectionner un mot ou une zone de texte dans votre éditeur et ensuite, dans l’Inspecteur, aller dans l’onglet représentant une bulle de dialogue. Vous cliquez sur l’icône cf. Une zone de texte apparaît dans l’Inspecteur, où vous pouvez écrire votre note2. C’est aussi simple que cela.

Compiler les notes de texte

Il y a beaucoup d’options pour styler vos notes de texte dans Scrivener.

Dans le constructeur du format de compilation, onglet Notes de bas de page et commentaires, vous pouvez choisir la police de vos notes, la façon dont elles seront indentées comme le texte principal ou non, est-ce que l’appel de note sera inscrit en exposant entre crochets ou pas…

Mais surtout, vous pourrez déterminer la numérotation en chiffres arabes, romains, par symboles, et si cette numérotation sera continue tout au long de l’ouvrage ou sera réinitialisée à chaque page ou à chaque section de texte ou saut de page. Enfin, vous pourrez déterminer comment elles apparaîtront : margin comments (comme des commentaires dans Word), inline comments (dans le corps du texte enserrées dans des balises), footnotes (notes de bas de page classiques) ou endnotes (notes de fin d’ouvrage).

Choisir

Vous ne pouvez utiliser qu’un seul des deux modèles : bas de page ou fin d’ouvrage pour vos notes de texte. Il vous faudra choisir.

Pourtant, Scrivener permet de changer des choses à la toute fin, dans le panneau de compilation lui-même, dans l’onglet de la roue crantée. Vous pouvez, à ce moment-là, décider de finalement traiter les notes de bas de page comme des notes de fin d’ouvrage.

Notes bibliographiques

De mon point de vue, le plus simple est de les gérer grâce aux notes de fin d’ouvrage.

Il y a cependant un inconvénient : Scrivener ne différencie pas vraiment notes de bas de page et notes de fin d’ouvrage. Ce sont les mêmes. Ainsi, lors de la compilation, il faut choisir entre l’une ou l’autre forme. On ne peut donc pas avoir d’un côté des notes de bas de page destinées à des explications de certains termes et en même temps des notes de fin d’ouvrage pour la bibliographie. Cela demandera donc de mélanger les deux, ce qui peut être gênant.

Sauf.

Sauf si l’on utilise ensuite un autre logiciel pour gérer les références bibliographiques. Nous en discuterons lors d’un prochain article.

Notes de mise en scène et didascalies du théâtre

Elles doivent être accessibles au réalisateur/metteur en scène mais aussi au comédien. Elles sont donc publiées.

Pour être efficaces, elles doivent être intégrées dans le corps du texte et en être différenciées par une forme particulière (italique, couleur, signes de début et de fin). C’est typiquement le cas des didascalies au théâtre, qui peuvent servir de modèle.

Cela oriente naturellement vers les inline notes.

Les inline notes

Les inline notes, ou notes en ligne, sont des notes qui suivent directement le texte qu’elles concernent, dans le flot même de celui-ci. C’est un bon moyen de se laisser des notes que l’on ne pourra pas ignorer mais peut-être que si pendant la relecture, ou de les avoir obligatoirement en tête lorsqu’on corrige. Par contre, vous ne pourrez pas y avoir accès en dehors de l’endroit précis où elles seront insérées, ce qui peut être un inconvénient.

Utiliser les inline notes

Pour insérer une inline note dans votre texte, il suffit de faire Insertion > Annotation sur la ligne en ayant pris soin de mettre le curseur là pour vous le désirez.

Les inline notes ne sont en réalité qu’un Style un peu particulier, et peuvent donc ensuite être utilisées pour placer des didascalies que vous pourrez mettre en forme dans un autre logiciel (Word, Writer, Affinity Publisher). Il suffira pour cela de reconnaître ces notes, entourées par défaut d’une balise {>>` et d’une `<<} grâce à la recherche de Scrivener, et de leur appliquer un Style ou alors à les compiler telles quelles et à faire une passe de Rechercher remplacer dans Word.

Compiler les inline notes

Dans le même onglet Notes de bas de page et commentaires du format de compilation de Scrivener, choisissez inline comments comme paramètre dans Export comments and annotations as. Vous pourrez ou non modifier les balises {>>` et `<<}.

Et voilà le résultat.

Astuce : changer le type d’une note dans Scrivener

Pour terminer, une petite subtilité : vous pouvez, dans l’Inspecteur de Scrivener, en faisant un clic droit sur un commentaire, le transformer en note de bas de page et, sur une note de bas de page, la transformer en commentaire.

Il n’est pas si facile de réaliser que la compilation des notes peut se modifier à plusieurs endroits.

Dans le format de compilation lui-même, si l’on ose y toucher, sont codés les comportements par défaut dudit format. On y trouvera des options de gestion des notes dans l’onglet Notes de bas de page et commentaires mais aussi dans l’onglet Compatibilité.

Mais tout cela peut aussi être modifié dans la fenêtre de compilation finale, avec des options pour transformer les notes de bas de page en notes de fin d’ouvrage ou les inline notes en notes de fin d’ouvrage.

Enfin, sauf si vous utilisez la compilation pour obtenir directement un PDF ou une sortie papier, vous allez pouvoir styler les notes dans le fichier obtenu avec un autre logiciel, comme Word, Writer ou Affinity Publisher.

Conclusion : de multiples options

Cet article n’est, malgré sa longueur, qu’une manière d’effleurer le sujet. Il faudrait quelques tutoriels vidéos pour vous montrer de façon pratique comment on peut se servir des notes et bien les gérer lors de l’opération de compilation. J’espère cependant qu’il vous aura donné l’envie d’expérimenter par vous-mêmes et, surtout, qu’il vous aura convaincu de la nécessité de déterminer ce que vous désirez faire des notes avant de les compiler.

Bien sûr, la classification que j’ai utilisée ici (inline notes pour les notes de mise en scène ou de didascalies) n’est qu’une façon de voir les choses, la mienne. Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas voir les choses d’une autre manière. Au contraire.

D’ailleurs, vous, comment utilisez-vous les notes de Scrivener ?


  1. C’est un objet magique que le livre  ↩︎

  2. Oui, celle–ci par exemple.  ↩︎

Making of an (audio)book, partie 1 : Avant l’enregistrement

Making of an (audio)book, partie 1 : Avant l’enregistrement

Making of an (audio)book, partie 1 : Avant l’enregistrement

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Pourquoi un livre audio ?

A priori, lire est une activité qui implique le sens de la vue. On s’imagine dans un bon fauteuil, éclairé par une douce lumière ou sur un transat en plein soleil, à l’ombre d’un parasol, ou allongé sur un lit. Dans chacune de ces images, la plupart d’entre nous intégrons un objet affichant des caractères écrits. Ce sera peut-être un bouquin de poche à la couverture souple, ou bien un livre relié, ou une tablette, une liseuse. Ce sera écrit. Lire nous demandera alors de déchiffrer les mots qui s’étaleront devant nos yeux. Nous laisserons nos pensées suivre l’évocation des mots.

Pourtant, si nous nous rappelons certainement toutes et tous de notre premier vrai livre, celui que nous avons réussi à déchiffrer pour notre seul plaisir, nos premières expériences de la lecture ne sont pas celles dont nous nous souvenons spontanément.

Nous découvrons véritablement le plaisir de la lecture par le biais de nos oreilles, lorsque nos parents, alors que nous sommes encore des nourrissons dans un berceau, nous racontent des histoires pour enfants. Il s’agit parfois de contes, de courtes historiettes, de fables moralisatrices ou non, de comptines. À chaque fois, pour l’écrasante majorité d’entre nous, c’est la voix de nos proches qui est le véhicule premier de l’activité littéraire.

On nous fait la lecture.

Si nous perdons cette habitude, bercés par notre propre voix intérieure lorsque nous explorons l’univers contenu dans les caractères d’imprimerie, écouter raconter une histoire peut rester un plaisir enfantin convoqué dans notre vie d’adulte. Nous pouvons retrouver une façon plus archaïque, mais pas moins belle ou puissante, de nous laisser emporter par un récit.

L’art des conteurs est une autre façon d’entrer dans une histoire, de la vivre.

En outre, cet art est encore plus présent dans notre quotidien que nous pourrions le penser. Le théâtre, le cinéma, les séries télévisées utilisent ses techniques.

Ainsi, quand nous écrivons nous-mêmes, est-il normal de nous considérer comme des conteuses et des conteurs.

Pourquoi alors ne pas sauter le pas et créer une version audio de nos écrits ?

D’autant plus si nous sommes maîtres de la destinée de notre texte, puisque nous sommes réalisautrices et réalisauteurs.

Cette série vous raconte le chemin que j’ai emprunté pour cela. Ce n’est certes pas le seul, mais peut-être pourra-t-il tout de même receler quelques précieuses indications pour suivre le vôtre.

Préparer le texte

La première des choses nécessaires pour créer un livre audio est un texte. Votre texte.

Cependant, même si cela est théoriquement possible, je vous déconseille de lire votre texte de but en blanc à partir de votre livre sous sa forme finale, qu’elle soit brochée ou reliée. Bien entendu, nous n’avons pas le choix lorsque nous faisons une lecture à partir de l’ouvrage de quelqu’un d’autre. Pourtant, vous découvrirez très vite combien il est inconfortable d’être interrompu au beau milieu d’une phrase par la fin de la page. Vous découvrirez aussi qu’il est très utile, au contraire, d’annoter le texte pour se souvenir des moments où l’on aura besoin de faire une pause plus longue, où l’on devra insister sur un mot ou bien où il sera nécessaire d’accélérer ou ralentir le rythme. On pourra aussi se laisser des marques pour se rappeler de changer de voix dans un dialogue (si on décide de le faire, bien entendu).

Tout cela est bien plus facile si l’on dispose d’une mise en page spécialement pensée dans ce but.

Pour cela, nous devons déterminer quelles seront les caractéristiques les plus utiles.

  • Les mots doivent se détacher clairement de la page. Il faut donc utiliser une fonte très lisible et d’assez grande taille.
  • Les paragraphes doivent également se détacher facilement les uns des autres. Cela permet de faire des pauses facilement durant l’enregistrement et de reprendre sans s’inquiéter.
  • De façon cruciale, les phrases ne doivent pas être coupées à la fin d’une page, afin que nous ne soyons pas obligés de choisir entre nous interrompre brièvement dans la lecture (et créer ainsi une rupture malvenue tout autant que désagréable à l’oreille dans le rythme de la narration audio) ou tourner la page très rapidement en faisant un boucan du tonnerre qui va se retrouver capté par le microphone, ruinant tous nos efforts.

Les deux premières conditions peuvent facilement se réaliser avec Scrivener, mais la troisième, la plus importante, nécessite de pouvoir demander une mise en page où les paragraphes ne seront pas scindés à cheval sur deux pages. Cela, Scrivener ne sait pas le faire. Il faut donc utiliser une mise en page plus paramétrable. Et un simple logiciel de traitement de texte le fera très bien.

Voilà pourquoi je compile mon texte depuis Scrivener vers LibreOffice, pour en extraire ensuite un fichier PDF. J’imprime chapitre après chapitre au fur et à mesure de l’avancée de mon enregistrement, pour pouvoir annoter le texte facilement

Compiler depuis Scrivener

Comme vous avez déjà lu la série d’articles Making of a Book, vous savez que c’est ce logiciel qui me sert à rédiger mes textes les plus divers, depuis mes romans jusqu’à mes mémoires professionnels. Si vous voulez comprendre un peu mieux le processus de compilation dans Scrivener — un processus qui permet de sortir le même texte sous différentes formes simplement en cliquant sur quelques options — je vous renvoie à l’article que je lui ai consacré.

Vous trouverez également le format que j’utilise plus bas. Je le partage avec vous bien volontiers.

Pour celles et ceux d’entre vous qui en ont déjà les bases, nous allons entrer dans quelques détails plus techniques.

L’objectif du format de compilation que j’ai baptisé Épreuve pour livre audio est de permettre de sortir le texte en RTF de manière à l’intégrer le plus aisément possible dans LibreOffice sans perdre les styles que j’ai patiemment marqués pendant toute la phase de rédaction. Veillez donc bien à sélectionner Rich Text (.rtf) dans la barre du haut de la fenêtre de compilation pour voir apparaître le format.

Ce dernier est basé sur les structures de mes précédents formats. Vous ne serez donc pas étonnés de constater la présence de types de sections comme Plans avec rupture narrative ou Scènes, Chapitres et Parties. Pour vous rafraîchir la mémoire, j’utilise une arborescence de dossiers de Parties, renfermant des dossiers de Chapitres, renfermant des textes de Scènes, eux-mêmes pouvant être subdivisés en Plans avec ou sans rupture narrative.

Les pages sont paramétrées avec des marges de 2 cm de chaque côté, sans vis-à-vis. En en-têtes se trouvent le titre du livre avec la mention Lecture audio, le nom de l’auteur (moi, donc). En pied de page, j’ai bien entendu intégré la pagination et la date de la compilation.

La différence principale avec le format d’Épreuve pour corrections (qui, lui, passe seulement par Scrivener pour sortir une version PDF du texte avec une mise en page aérée) tient dans la gestion des styles.

Cette fois-ci, pour parvenir à travailler sur les styles plus efficacement, j’ai demandé à Scrivener de créer un style Corps de texte pour le… corps de texte (et oui). La compilation changera aussi les noms des autres styles pour les faire coller à ceux qui sont nativement intégrés dans LibreOffice.

Cela permet d’obtenir exactement ce que l’on veut en trois clics ensuite.

Le modèle LibreOffice

Une fois que vous avez obtenu le fichier RTF qui contient votre texte, vous pouvez l’ouvrir avec LibreOffice. Vous pouvez même demander à Scrivener d’ouvrir automatiquement le fichier dès qu’il a fini de le compiler, il y a une option pour cela.

Vous allez cependant avoir la mauvaise surprise de constater que la forme du texte est loin d’être satisfaisante. Scrivener ne se contente pas, en effet, d’exporter le nom des styles. Il exporte aussi tout un tas de formatage direct assez disgracieux. Qu’à cela ne tienne, il suffit de sélectionner tout le texte grâce au raccourci clavier Command+A (ou Control+A si vous travaillez avec un PC), puis un clic droit et de choisir Effacer le formatage direct. Vous aurez l’impression que cela n’a fait qu’empirer la situation. Pourtant, en vous rendant dans le volet latéral de droite de LibreOffice, dans la section des Styles, vous pourrez cliquer sur la croix verte en haut à droite dénommée Actions sur les styles, et en sélectionnant Charger les styles, une fenêtre modale s’ouvre. Dans la liste, vous pouvez choisir de charger un jeu de Styles déjà implémenté dans le logiciel comme Par défaut, ou bien votre propre jeu. Vous pouvez même y intégrer le mien, que je partage également avec vous.

Instantanément, la forme change complètement.

Si vous utilisez mon jeu de styles, vous n’avez plus rien d’autre à faire que d’exporter en PDF pour imprimer ensuite.

Si vous utilisez le vôtre, le réglage le plus important est de vous rendre dans le style Corps de texte, et de le modifier en faisant un clic droit dessus. Dans l’onglet Enchaînements, veillez impérativement à décocher les options Traitement des orphelines et Traitement des veuves, ce qui va vous ouvrir la possibilité de cocher l’option fondamentale Ne pas scinder le paragraphe.

À partir de là, les autres retouches que vous désirerez faire sur vos styles (augmenter la taille de la fonte par exemple) seront presque secondaires. Vous aurez atteint votre but : un texte lisible qui ne coupera aucune phrase en bas de page.

Votre lecture en sera plus que facilitée, croyez-moi.

Marquer le texte

Vous pourriez objecter à tout ce qui précède que vous préférez lire votre texte directement à partir de l’écran de votre ordinateur. Outre qu’il vous faudrait, à mon avis, un très grand écran (ou deux écrans normaux) pour à la fois lire le texte convenablement et surveiller l’enregistrement audio dans votre logiciel de montage, je crois que cela vous priverait d’une possibilité presque aussi centrale pour préparer votre lecture : le marquage du texte. À mon sens, rien ne vaut le papier pour cela. Vous pourrez à loisir annoter, placer des signes et autres symboles, en vous entrainant à dire le texte à voix haute pour repérer les ruptures de rythme, les pauses, etc.

Chacune et chacun d’entre nous trouvera ses propres symboles.

Il sera nécessaire que vous trouviez les vôtres pour signaler :

  • Les endroits du texte où vous placerez une emphase à l’oral
  • Les pauses courtes
  • Les pauses longues
  • Les pauses très longues
  • Les interruptions soudaines
  • L’augmentation de la vitesse de lecture sur un passage
  • La diminution de la vitesse de lecture sur un passage
  • Les effets sonores
  • Les changements de voix (pour les personnages par exemple)

Une fois cela achevé, chapitre par chapitre (surtout, ne faites pas tout d’un trait, car vous allez vous apercevoir à l’enregistrement que vous aurez besoin de modifier certaines choses), vous pouvez vous attaquer à la préparation de l’enregistrement lui-même.

Préparer l’enregistrement

Comme dans beaucoup de domaines de la vie, il est dommage de confondre vitesse et précipitation. Vous pourriez enregistrer votre narration à l’aide du dictaphone de votre téléphone portable ou du micro interne de votre ordinateur, mais vous allez dans ce cas obtenir une qualité sonore… médiocre, au mieux.

Si vous voulez qu’une « lectrice » ou un « lecteur » audio (ne dirait-on pas mieux auditrice ou auditeur ? Je ne sais) puisse passer quelques heures de son temps précieux à écouter votre voix lui raconter l’histoire que vous avez si patiemment écrite durant des mois voire des années, il faut lui offrir des conditions optimales.

Capter du son ne s’improvise pas. C’est même un métier, et pas des plus simples.

La nature des ondes sonores, leur propagation dans l’air, la façon dont elles interagissent avec les matériaux composant les parois d’une pièce, tout cela rend un enregistrement délicat. Pourtant, point n’est besoin d’un diplôme d’ingénieur du son pour parvenir à une qualité satisfaisante. Il suffit de suivre quelques règles simples.

Le matériel

La première règle est de s’équiper d’un minimum de matériel, et si possible de bonne qualité. En effet, si la qualité ne vous garantit pas un enregistrement digne d’un studio professionnel (ça vous coûterait quelques dizaines de milliers d’euros), elle vous facilitera beaucoup l’obtention d’un son correctement capté et donc assez bon pour être agréable aux oreilles de votre public.

Le microphone

En toute logique, pour capturer des sons, vous allez avoir besoin d’un microphone. Comme je l’ai dit plus haut, oubliez les microphones intégrés aux ordinateurs et aux téléphones portables. Leur qualité de captation est peut-être bonne, mais ils ont un très gros défaut : ils sont omnidirectionnels. Non, ce n’est pas une maladie émergente et non, ce n’est pas contagieux. Cela veut juste dire qu’ils captent le son de la même manière dans toutes les directions. Et que donc ils enregistrent aussi bien les miaulements de votre chat dans la pièce qui est à votre droite que le bruit de la tondeuse du voisin en face de vous, en plus des vibrations faites par l’aspirateur qui fonctionne dans la pièce du haut, et accessoirement votre voix.

Comme le plus important dans tout cela est votre voix (même si les miaulements de votre chat racontent peut-être une histoire passionnante), et qu’il est impossible de séparer facilement des signaux audio mélangés sauf si vous avez un matériel informatique digne de la CIA, le mieux est de s’assurer que le microphone que vous aurez choisi ne capte que dans une seule direction, la vôtre. Cela s’appelle un micro unidirectionnel.

Il existe de très bons microphones de ce type, à des prix raisonnables lorsqu’ils se connectent en USB à votre ordinateur. L’alternative est une connectique XLR (le standard des microphones de musiciens ou de cinéma) qui nécessite dans ce cas l’acquisition d’une interface avec votre ordinateur (une carte son, par exemple).

Je vous conseille de choisir la première option. C’est beaucoup moins cher et ça donne de très bons résultats pour capter seulement de la voix.

De mon côté, j’ai jeté mon dévolu sur l’un des microphones les plus recommandés pour la réalisation de podcast, à savoir le Blue Yeti. Il a l’avantage de pouvoir enregistrer en unidirectionnel, bien entendu, mais aussi, si on le souhaite, en bidirectionnel (pour une interview face à face) ou en omnidirectionnel (pour capter des sons d’ambiance, par exemple), et, cerise sur le gâteau, en stéréo. Il a une connectique USB très simple. Il est vendu avec un pied qui le stabilise parfaitement sur votre bureau. Il a une sortie mini-jack pour y brancher votre casque audio, ce qui vous permettra d’avoir un retour immédiat des sons que vous enregistrez, ainsi qu’un bouton pour régler le gain.

Son seul défaut est son prix. Environ 150 €.

Le filtre anti-pop

Il ne s’agit pas de vous empêcher d’écouter Britney Spears (quoique, peut-être cela serait-il d’utilité publique ?), mais de limiter voire supprimer les petits bruits de bouche explosifs que l’on fait lorsque l’on prononce des syllabes en p, en b, en t. Les fameux « pop ». Cet ustensile se présente comme une membrane fine de tissu tendue dans un cercle. Vous en avez certainement déjà vu sur des images de chanteurs enregistrant en studio.

Bien que le Yeti soit un bon microphone, inutile de prendre des risques et de faire croire à votre auditoire que vous postillonnez à tous va. Votre voix sera débarrassée de ces bruits parasites dès l’enregistrement. D’autant qu’on peut trouver un filtre anti-pop pour une dizaine d’euros.

Stabiliser le micro

Éliminer les bruits parasites avant même l’enregistrement c’est aussi veiller aux vibrations qui pourraient être captées par le microphone. Le Yeti est livré avec un pied qui le stabilise véritablement bien. Pourtant, je ne le trouve pas pratique pour avoir devant moi à la fois le texte sur papier et l’écran de l’ordinateur afin de surveiller l’enregistrement.

Il existe donc une autre solution : un bras télescopique. Fixé sur le bureau à côté de l’écran, il permet de garder de la place et en même temps de déplacer facilement le capteur du micro.

Cependant, si vous choisissez cette option, veillez à vous équiper également d’une « araignée », un dispositif qui permet d’atténuer les vibrations transmises par le pied au microphone. Il vous évitera d’avoir des « clongs » sur la piste enregistrée lorsque vous allez bouger.

Comme j’ai un Yeti, le plus simple était de m’équiper du bras et de l’araignée conçus spécialement par Blue, à savoir respectivement le Compass et le Radius III. L’investissement double le prix du microphone, mais en contrepartie, vous obtenez une installation qui ne prend pas tout l’espace sur votre bureau et qui cependant autorise plusieurs configurations. Lorsque je joue une partie de jeu de rôle en ligne avec mes camarades des Mésaventuriers, ou lorsque j’enregistre un chapitre d’un livre audio.

Le casque audio pour un retour parfait

C’est bien beau de capter votre voix, mais il peut être utile de savoir précisément ce que vous gravez dans votre fichier. Et pour cela il vous faut ce que l’on appelle un retour audio. Grâce à un casque, vous allez entendre non pas ce que vous dites directement, mais bien ce que le micro a capté et enregistré. Et ceci, en direct.

Il est nécessaire de se brancher sur le microphone directement s’il dispose d’une telle option, et en filaire. Oubliez les technologies bluetooth, elles auront toutes tendance à provoquer un décalage très désagréable qui va créer un écho.

Le logiciel

Une fois le matériel bien en place, il reste un détail important régler : comment allez-vous transformer le son capté en fichier audio informatique, et avec quels outils allez-vous travailler ces signaux ?

Bien évidemment, il y aura quelques retouches à faire sur ce qui aura été enregistré. Au minimum égaliser le son, parfois quelques effets sonores, des musiques ou des bruitages si vous êtes comme moi du genre à vouloir investir complètement le champ de l’adaptation à cette nouvelle façon de raconter votre histoire.

Nous aurons donc besoin d’un logiciel de montage audio.

Il en existe beaucoup. Les deux plus intéressants à mon avis sont Audacity, qui a l’avantage d’être libre, gratuit, et multiplateforme, et GarageBand si vous êtes sous Mac, parce qu’il est très simple à prendre en main.

J’ai choisi le deuxième car j’ai l’habitude des logiciels d’Apple pour le montage (j’utilise Final Cut pour le montage vidéo depuis des années, j’ai donc quelques réflexes).

GarageBand

Le logiciel d’Apple est simple, mais il est au départ prévu pour les musiciens. Nous allons avoir besoin de le paramétrer quelque peu pour qu’il convienne à l’enregistrement vocal. Il faut d’abord savoir qu’il est nécessaire de démarrer un nouveau projet avec GarageBand en faisant abstraction de tous les petits réglages que le logiciel va automatiquement appliquer si vous lui dites tout de suite que vous voulez enregistrer votre voix (dans les modèles de projet). Contrairement à ce que l’on aurait donc tendance à faire spontanément, je vous recommande donc de débuter par un projet dit « vide ». C’est ensuite que vous allez lui indiquer que vous désirez enregistrer votre voix.

La piste d’enregistrement

GarageBand affiche une première piste d’enregistrement dont vous pouvez régler le niveau de gain dans la petite case en bas à gauche. C’est une alternative au gain intégré au micro si vous possédez un tel appareil, et je pense pour ma part que c’est la meilleure solution. Car augmenter le gain de votre micro c’est aussi augmenter le volume de tout ce qu’il capte, dont les éventuels bruits parasites. Il me semble mieux pensé de n’augmenter que le gain de ce que le micro a transmis à votre ordinateur.

Cette première piste peut être celle sur laquelle vous enregistrez votre voix « brute ». C’est en tous les cas comme cela que je l’utilise.

Mais bien évidemment, l’intérêt majeur d’un logiciel de montage son, c’est d’effectuer un… montage. Donc de disposer de plusieurs pistes. N’hésitez pas à en créer autant que vous en aurez besoin. Mais nous verrons cela plus en détail dans l’épisode 3 de cette série.

Réglages indispensables

GarageBand ayant été pensé pour des musiciens, vous devrez effectuer quelques changements dans ses paramètres.

Les premiers sont simplement de lui demander de compter les durées d’enregistrement, et non pas les mesures et le tempo.

Ensuite, il est nécessaire d’intégrer un noise gate, un paramètre de réduction de bruit, d’environ 64 dB, pour abaisser au maximum les craquements parasites sur votre voix.

Égaliseur

Il peut être utile de jouer avec un effet de compression de la voix et l’égaliseur. Je me suis pour ma part inspiré des réglages conseillés par Rob Dircks, que vous pouvez retrouver ici, pour créer les miens. Ce réglage a l’avantage de rendre une voix plus chaude et agréable. Bien évidemment, il n’en transforme pas la tonalité au point de donner les basses de Barry White, mais le résultat m’a tout de même permis de ne pas trop souffrir de m’entendre moi-même.

L’environnement

Le matériel ne fait pas tout dans la vie.

Les conditions d’un bon enregistrement sont aussi importantes voire plus que le matériel qui va capter votre voix.

Vous devrez donc contrôler certaines choses dans votre environnement.

Sans aller jusqu’à l’extrême de ceux ou celles qui reproduisent le feutré d’un studio en plaquant des cartons d’œufs ou des mousses sur leurs murs, une condition est fondamentale à obtenir…

Luxe et volupté si vous voulez, le calme, c’est certain

Votre objectif est clair : que votre micro capte votre voix et que votre voix. Assurez-vous donc d’obtenir le calme le plus grand possible autour de vous. Et quand je dis autour de vous, ce n’est pas seulement dans la pièce où vous enregistrez, mais aussi dans la maison ou l’appartement, voire à l’extérieur.

Si vous avez un micro suffisamment sensible, il pourra en effet capturer des sons que vous n’entendrez même pas vous-mêmes. Le vent (par chez moi, c’est l’Ennemi ultime) qui fera claquer les volets ou même simplement dont le souffle en rafales pourra perturber les ondes sonores. La tondeuse du voisin. Votre chat.

D’ailleurs, le calme n’est pas destiné qu’à la sensibilité du micro.

Il est aussi bon pour la concentration du lecteur, c’est-à-dire vous.

Préparer le lecteur

Enregistrer un texte est toujours une expérience vorace en énergie.

Il ne s’agit pas seulement de lire votre texte. Certes, c’est votre texte et vous le connaissez bien. Mais, vous allez certainement le redécouvrir sous un jour jusqu’ici inconnu, ce qui pourra peut-être vous déstabiliser un peu. De plus, il va être nécessaire de le lire avec le plus de conviction dont vous serez capable. Il s’agira de lui donner vie à travers votre souffle, votre intonation, votre jeu. Vous allez devoir interpréter votre texte. Comme un comédien, une actrice. Lui prêter de la consistance. Vous allez devoir incarner dans votre voix chacun des personnages, chacune des situations.

Celles et ceux d’entre vous qui ont déjà lu un texte en public comprendront tout de suite ce que je viens de décrire.

Il est aussi difficile de donner vie à un texte que de jouer ce texte sur une scène de théâtre.

Le seul et pourtant immense avantage que vous aurez consiste en la possibilité de fractionner l’enregistrement, même si, nous le verrons, je vous déconseille de trop attendre pour enregistrer ce qui sera partie d’un même chapitre.

Cet avantage vous permet de souffler (nous verrons que gérer le souffle est vital), d’humecter vos lèvres et de vous hydrater.

Mais vous comprendrez aisément pourquoi physiquement vous avez intérêt à prendre soin de vous-même.

Car vous allez vite découvrir qu’enregistrer, interpréter, vivre ce que vivent vos protagonistes, c’est physiquement éprouvant.

Prenez donc la précaution d’être frais, dispos, reposée.

Et surtout : prenez soin de votre voix.

Prendre soin de sa voix

L’une des choses les plus utiles que l’on apprend quand on fait du théâtre, c’est d’apprivoiser sa voix.

Bien entendu, il ne sera pas ici question de « parler pour les spectateurs du fond », comme on le fait sur scène.

Par contre, on peut se souvenir que la voix est le véhicule le plus puissant des émotions. Il sera ainsi nécessaire de la moduler. Et pour cela, mieux vaut connaître la hauteur « de base » de sa propre voix. Nous avons tous un timbre personnel. Certains grave, d’autres aigü. Aussi étonnant que cela puisse paraître, beaucoup d’entre nous ne se servent pas de cette voix naturelle mais d’une autre, plus grave ou plus aiguë que notre voix naturelle. Et cela fatigue. Nous ne parvenons pas alors à tenir cette voix très longtemps, cela nous fait mal, dans la gorge. Ou bien nous nous essoufflons très vite.

Prenez donc le temps de connaître votre voix naturelle. Celle que vous pourrez tenir sans ressentir cette douleur dans la gorge qui montrera que vous forcez dessus. Évitez de prévoir un enregistrement le lendemain d’une soirée bien arrosée ou de fumer quinze paquets de cigarettes avant (sauf si vous allez devoir interpréter un personnage à la Gainsbarre, bien entendu, mais dans ce cas, prévoyez de ne capter que ses répliques à lui, et pas celles du narrateur).

Vous pouvez aussi veiller à bien vous hydrater, pour que votre voix soit plus facile à produire, que vos cordes vocales soient bien chaudes. Certains utilisent du thé pour cela. Je ne sais si le miel est efficace (je déteste le miel) mais c’est assez populaire.

Les présents du Serpent à Plume

Comme promis, voici des ressources pour vous aider à débuter.

  • Mon format de compilation Scrivener pour lecture audio.
  • Mon modèle de styles pour LibreOffice.

Faites-en bon usage…

Format de compilation pour Scrivener

Modèle de styles pour LibreOffice

Prêts ? Prêtes ? Allons-y !

Texte, matériel, logiciel, lecteur ou lectrice, tout ceci est maintenant fin prêt.

Il ne reste qu’à se lancer.

C’est l’objet de la deuxième partie de cette série d’articles.

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Un réseau social personnel grâce au RSS

Un réseau social personnel grâce au RSS

Un réseau social personnel grâce au RSS

J’ai quitté les réseaux commerciaux il y a plusieurs mois maintenant, et je m’en porte merveilleusement bien, loin des polémiques sans fin, stériles et idiotes de Twitter, loin de la pub omniprésente et du culte de l’autocélébration sur Instagram. J’ai repris le chemin des blogs, où je trouve beaucoup plus de calme et de sérénité.

Cependant, force est de constater que la discussion met plus de temps à s’installer sur les blogs, où les commentaires sont un poil plus lents que sur les plateformes. Cela a un avantage indéniable : on a plus de temps pour écrire des commentaires construits, on réagit beaucoup moins à chaud, beaucoup moins épidermiquement. On privilégie un fond et une forme plus élaborées. Surtout, on ne réagit que lorsqu’on a quelque chose d’intéressant à dire, ce qui n’est pas forcément le cas sur les réseaux. Le corollaire en est donc qu’il y a beaucoup moins de réactions sur les blogs que sur les réseaux. On pourrait croire que c’est parce qu’on n’est pas lus. Je ne crois pas.

Je pense qu’il manque une fonctionnalité aux blogs pour développer un peu plus les conversations (sous-entendu : les conversations intéressantes). Un système de centralisation qui recevrait les commentaires de tous les sites que l’on suit, et à partir duquel on pourrait lire les discussions qui s’y tiennent, y répondre, voire explorer les blogs et les sites des commentateurs et des commentatrices qui nous ont intéressées.

Une sorte de réseau social personnel.

Il existe déjà sur beaucoup de ces blogs la fonctionnalité de se faire envoyer un mail lorsqu’un commentaire est publié sur un article que l’on a demandé de suivre. Mais ce n’est, je trouve, pas très pratique de recevoir tout cela dans une boîte mail déjà saturée, ni surtout de devoir s’abonner à chaque conversation.

Or, j’ai «découvert» que je pouvais me servir d’un outil déjà existant pour construire ce réseau social personnel. Un outil dont je vous ai déjà parlé il y a quelques mois : les flux RSS.

Voyons comment ensemble.

Flux RSS des sites personnels et des blogs

Parmi les nombreux avantages de la vieille technologie des flux RSS, il y a celui de pouvoir produire des flux distincts en fonction de différents paramètres. On peut facilement déterminer un flux pour les articles d’une catégorie, par exemple. Mieux, et c’est ce qui nous intéresse ici, on peut déterminer de produire un flux à partir des commentaires portant sur un article précis, une catégorie d’article précise, voire tous les commentaires arrivant sur le site.

À partir du moment où l’on sait où chercher ce flux, il ne reste qu’à l’indiquer à notre agrégateur de flux RSS préféré, et le tour est joué.

Cependant, il faut être conscient d’une limite inhérente au système : le flux RSS est produit et décidé par le propriétaire du site, ce qui veut dire que ledit propriétaire peut, s’il le désire, bloquer la fonctionnalité pour certains paramètres. Et après tout, c’est son droit. J’y vois d’ailleurs une vertu supplémentaire : celle de rendre à chacun la maîtrise de sa place et de ce qu’il diffuse.

Bien sûr, ce paramétrage fin est par nature un peu moins simple qu’un bête abonnement au compte d’une personne sur les réseaux commerciaux. Il y a donc, c’est vrai, un peu de bidouillage à la clef. C’est le prix de la liberté…

Car si la structure d’un flux RSS est standardisée, l’adresse où l’on peut ensuite recevoir ce flux ne l’est pas. Elle dépend du système de blog ou de site choisi par le propriétaire. De nos jours, il est devenu rare, hélas, de trouver les icônes orangées qui dans les jeunes années d’internet permettaient en cliquant simplement dessus de s’abonner à un flux RSS précis.

Mais rien n’est perdu, et il reste possible de trouver un flux si l’on sait quel système de blog est utilisé.

WordPress

Les flux d’un site sous WordPress peuvent être :

Mais ceux qui nous intéressent tout particulièrement sont le flux des commentaires :

https://decaille-deplume.fr/comments/feed/

Ou celui des commentaires sur un article précis :

https://decaille-deplume.fr/super-article/feed/

Blogger

Pour blogger, l’adresse des commentaires déposés sur le site sera :

https://lesitesousblogger/feeds/comments/default?alt=rss

Un outil pour se simplifier la vie : l’agrégateur de flux

Je vous ai déjà parlé des agrégateurs lorsque nous avons discuté des flux RSS il y a quelque temps.

L’avantage de se servir de l’agrégateur (celui que vous choisirez) pour suivre les commentaires d’un site est que vous allez recréer un lieu unique pour y consulter les discussions qui ont lieu sur des endroits que vous aurez choisis. Mais également, ce lieu ne polluera pas le trafic des blogs que vous suivez, il ne captera pas l’audience et laissera au propriétaire l’entière responsabilité de la modération mais aussi sa liberté de ton et de gestion.

Enfin, il vous redirigera vers le site lui-même pour écrire vous-même un commentaire si vous désirez participer à la discussion.

La Toile d’Arachné Solara

C’est le nom que j’ai donné à mon propre réseau de commentaires suivis par RSS, d’après l’entité qui réassembla les parties du monde menaçant d’être dispersées dans le Chaos lorsque débuta le Temps dans l’univers de Glorantha. J’y intègre les flux des commentaires de chaque site où l’envie me prend de participer aux échanges.

Lorsqu’un commentaire est publié sur l’un des sites que je suis ainsi, il est directement reçu par mon lecteur RSS. Et je peux le lire également depuis la même application.

Pour répondre à un commentaire, c’est simple, je clique sur le titre, et je me retrouve sur le site lui-même, où je peux poster mon grain de sel.

Mieux, lorsque ces commentaires me semblent particulièrement pertinents, je peux chercher si la personne qui les a rédigés n’aurait pas un site elle-même, par hasard. Et si c’est le cas : j’étends la Toile d’Arachné Solara…

C’est d’ailleurs comme cela que j’ai suivi un fil jusqu’à la notion d’oasis que tente de développer Stéphane Gallay.

Capture d'écran de la Toile d'Arachné Solara sur Reeder

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Maîtriser la compilation dans Scrivener, les bases

Maîtriser la compilation dans Scrivener, les bases

Maîtriser la compilation dans Scrivener, les bases

Je ne cesse de vous vanter les mérites de Scrivener, mais il est vrai que certains de ses aspects les plus intéressants peuvent paraître intimidants, voire rebutant pour nombre d’entre nous au premier abord. Sa structuration en scrivenings, par exemple. Sa gestion un peu étrange des styles.

Mais c’est sa caractéristique la plus emblématique qui me semble être la plus problématique quand on rencontre ce logiciel pour la première fois. La compilation.

Alors pour ceux qui ont envie de mieux comprendre et surtout de maîtriser cette fonction essentielle de Scrivener, et pour accompagner l’utilisation des quelques formats de compilation que j’ai déjà partagés avec vous, je me suis dit qu’il était temps de plonger dans un petit tutoriel. Vous allez voir, tout est beaucoup plus simple qu’il n’y paraît.

La Compilation, quèsaco ?

Ce n’est peut-être pas un hasard si beaucoup d’entre nous ont été pris d’une appréhension en découvrant que Scrivener utilisait le mot de compilation pour désigner l’exportation d’un texte.

Car ce mot est d’ordinaire utilisé dans un vocabulaire qui est très éloigné de l’écriture, même si l’on s’y sert du clavier aussi : la programmation informatique.

Dans ce domaine du codage, la compilation est l’opération qui permet d’obtenir un code binaire (donc une suite de 0 et de 1) à faire comprendre à la machine que vous allez programmer, et ce à partir d’une suite d’instructions écrites dans un langage plus «naturel» (naturel pour des programmeurs, hein, pas pour vous ou moi). Ainsi, à partir d’instructions écrites en anglais telles que la boucle conditionnelle if... then... else... l’opération de compilation va sortir une suite de nombreux 0 et 1 qui sera interprétable par le processeur de votre machine.

Si le processus est le même dans Scrivener, il ne vous sera pas nécessaire d’apprendre un langage informatique pour vous y retrouver, mais par contre il sera sans doute bon que, comme un codeur, vous appreniez à penser à la structure de votre texte en amont de votre écriture.

Car dans Scrivener, il s’agit par analogie avec le codage informatique d’obtenir plusieurs formes possibles à partir d’un même texte brut. En gros, vous écrivez dans Scrivener, et la compilation vous permet de programmer des mises en page différentes en fonction de vos besoins, simplement en choisissant le format désiré. Le tout sans avoir besoin de passer un temps fou à souligner les titres et à changer la police de caractère de votre corps de texte à chaque fois.

Vous pouvez ainsi choisir un format de compilation qui mettra en page votre texte avec une marge intérieure de 6 cm avec pages à droite et à gauche, une fonte Garamond pour le corps, taille 12, et une fonte Gotham en Black taille 24 pour vos titres de chapitre lorsque vous voudrez exporter votre texte en PDF pour le donner à vos correcteurs (c’est mon cas), mais par contre avec d’autres valeurs de marges, d’autres fontes et d’autres tailles de fonte pour l’envoyer à votre éditeur. Le tout à partir d’un même texte.

Le principe est simple, là aussi hérité du codage informatique, mais dans le domaine de l’internet : on sépare le fond (votre texte) de sa forme (la mise en page). Ainsi, vous pouvez changer à volonté la forme sans toucher au fond. C’est un principe que nous avons déjà abordé lorsque nous avons parlé de la fabrication d’un livre électronique au format EPUB.

C’est particulièrement utile pour une œuvre littéraire, je trouve, quand vous allez devoir reprendre toute la forme du texte en fonction de vos usages. Pour mes corrections, j’aime avoir une marge large pour mettre mes annotations, mais votre éditeur, lui, aura sans doute d’autres exigences de mise en page. Mieux, si vous écrivez des scénarios de cinéma ou de télévision ou des pièces de théâtre, peut-être que vous préférerez écrire dans votre propre fonte avec vos propres réglages (ceux de Scrivener) et devrez ensuite y appliquer la mise en forme classique recommandée, c’est-à-dire une fonte type «machine à écrire» comme Courrier et des indentations à chaque changement de personnage dans un dialogue.

Loin d’être une contrainte, la compilation est donc une chance : elle vous fait gagner du temps. Si et seulement si vous comprenez véritablement comment elle fonctionne. Parce que sinon, cela risque de vous en faire perdre beaucoup.

Étant donné que le manuel du Scrivener n’existe qu’en anglais et qu’il est peu didactique, mais aussi que les tutoriaux sur le site de l’éditeur (en anglais eux aussi) ne sont pas des plus clairs sur la façon de s’en servir au mieux, j’ai eu envie de vous faire profiter de la façon dont j’ai apprivoisé la bête.

La structure du texte

Le plus important pour saisir le fonctionnement de la compilation dans Scrivener c’est de comprendre la philosophie qui se cache derrière. Et elle tient en un mot : structurez.

Car votre texte n’est pas seulement composé de lettres qui forment des mots. Tout texte est structuré de multiples façons.

Les mots forment des phrases, qui s’agencent en paragraphes, qui vont former des sections, qui vont donner des chapitres. Les chapitres vont être regroupés en parties qui vont former un livre. Qui sera peut-être l’un des tomes d’une série. C’est la structure de la forme d’un roman. Mais vous pouvez aussi décider d’une autre structure, comme celle des pièces de théâtre : des répliques structurées en scènes structurées en actes. Ou au cinéma et à la télévision : un plan (comprenant des répliques différentes et des mouvements de caméra par exemple) fera partie d’une séquence qui composera le film ou l’épisode, dont chacun sera une saison.

La compilation dans Scrivener va se servir de votre structure pour la mettre en forme suivant vos instructions. Chaque chapitre commencera sur une nouvelle page, avec le mot «chapitre» et un numéro, par exemple.

C’est pour cela qu’un format de compilation doit être pensé en fonction de la structure que vous donnez à l’Ébauche (en anglais le logiciel appelle cela le Draft, le brouillon) de votre texte brut.

Il est donc nécessaire que vous pensiez cette structure à l’avance, en fonction de votre projet.

Voici les structures comparées de deux de mes projets : un article de blog et un roman. Vous pouvez constater que ce n’est pas la même chose du tout. Et la compilation de ces deux projets ne pourra pas se faire de la même façon. Sauf. Sauf si on avait structuré de façon superposable.

Le premier pas à faire est donc de construire dans votre Ébauche une structure type. En s’intéressant aux structures de mes articles de blog et de mes romans, vous pouvez comparer et constater que les deux structures utilisent des dossiers, des fichiers seuls et des fichiers imbriqués.

Vous pouvez très bien décider de faire ce travail de structuration de votre texte une fois qu’il est totalement écrit, ou en cours d’écriture. Vous pouvez même le changer au milieu de votre projet si vous en avez envie. Mais je trouve personnellement qu’il est plus pratique et plus intéressant de la faire avant de commencer à écrire. Car, pour ma part, cela m’aide à dégrossir un peu la forme que va prendre le projet.

Comment procède-t-on ?

Je vous recommande de commencer par le haut, le plus grand ensemble, et de descendre petit à petit dans le détail. Tome avant Partie, avant Chapitre, avant Scène avant Plan. Ou Article avant Section, avant Sous-section. Il est important de structurer jusqu’à atteindre la brique fondamentale de votre texte : pour mes textes littéraires, ce sont les plans («cinématographiques») qui correspondent à des actions importantes, pour mes articles de blog, ce sont les sous-sections qui correspondent à une idée ou une notion. Essayez de subdiviser jusqu’à ce que vous vous disiez que c’est inutile (certains pourront peut-être subdiviser jusqu’au paragraphe, d’autres pas). Quand vous atteignez ce moment, vous savez que vous avez votre brique d’écriture fondamentale (ce que dans un autre article j’ai appelé ma brique narrative fondamentale, mon plan «cinématographique»).

Cette unité fondamentale sera forcément un fichier (un texte, dit Scrivener). Pour tout ce qui est situé au-dessus dans l’arbre de votre structure, par contre, vous allez devoir choisir entre texte et dossier. Quelle est la différence ? Il n’y en a pas vraiment car les deux entités sont capables d’agir comme des «contenants» d’autres entités textes, et les deux entités sont capables de contenir de l’écrit. Disons que c’est à mon sens purement psychologique. C’est ainsi que j’ai considéré que les Scènes étaient chez moi des textes et les Chapitres comme les Parties des dossiers. Pourquoi ? Parce que ça m’a paru plus logique pour moi. Mais au fond, il n’y a aucune obligation, et j’aurais très bien pu décider que mes Chapitres étaient des textes.

La seule véritable différence va se voir plus tard, quand on déterminera la mise en page suivant la structure.

Une fois que vous avez décidé du squelette de votre projet, vous pouvez vous rendre dans Projet > Paramètres du Projet...

Exercice de structure du texte

À titre de petit exercice, je vous propose de reconstituer le cœur du format de compilation d’épreuve pour correction que vous pouvez télécharger plus bas.

Commencez par créer deux dossiers que vous allez nommer Introduction et Développement.

Dans chacun de ces dossiers, créez deux fichiers que vous allez nommer Scène d’introduction 1, Scène d’introduction 2, Scène de développement 1 et Scène de développement 2. Dans chaque scène, collez du lorem ipsum ou un autre texte de remplissage. Cela nous aidera à visualiser le résultat de votre compilation.

Types de section

Cette première fenêtre qui s’ouvre permet de déterminer les différents rôles que vont jouer les sections de votre structure dans votre mise en page.

Par exemple, mes plans cinématographiques, briques narratives constitutives des scènes, sont des moments dans la scène où une action précise se déroule. Je peux vouloir distinguer deux possibilités. D’un côté des plans qui seront intégrés dans la suite des actions d’une scène, dans une continuité narrative (un plan sur mon héros qui donne un coup d’épée sur les écailles du dragon en face de lui, et ensuite un autre plan où l’épée lui tombe des mains car elle a été brisée par la résistance incroyable de l’armure du monstre) et d’autres qui vont rompre la continuité narrative dans la scène pour introduire la vision d’un autre personnage, ou bien une analepse (un flashback). Simplement parce que j’ai envie que le lecteur puisse distinguer les deux visions de la scène (exemple, le premier plan vu par le dragon, le deuxième par le héros) par un formatage spécial de mon texte (un Style) ou une transition particulière entre les deux plans (par exemple un caractère spécial, comme la suite de trois astérisques *** qui est classiquement utilisée pour signifier un changement de temps, de lieu ou de perspective).

Dans un texte non fictionnel, certaines sous-sections pourront être des encadrés et d’autres de simples subdivisions d’un raisonnement.

Il s’agit donc de réfléchir à tous les types de rôles que va pouvoir jouer chaque section du texte. Voici mes types de sections pour mes romans et ceux pour mes articles.

Exercice types de sections

Pour recréer notre format de compilation, créez deux rôles : Chapitre et Scène.

Dossiers et fichiers

C’est en pensant aux types de sections que vous allez devoir déterminer si chaque section est importante par son texte, par son titre, ou par les deux. Typiquement, un dossier est juste là pour contenir d’autres fichiers et seul son titre est important. Mais on pourrait imaginer qu’un dossier formant un titre de chapitre puisse aussi contenir parfois du texte, sous la forme d’une citation inscrite en début de chapitre juste après le titre.

La vraie question pour déterminer si l’on a affaire à un dossier ou à un fichier c’est : la section contiendra-t-elle majoritairement le corps du texte ? Ou simplement un titre ?

Niveaux de structure

Dans l’onglet de droite de cette même fenêtre, vous allez trouver le titre Default Types by Structure.

Il s’agit de faire coïncider les deux listes précédentes : la structure de votre texte et les rôles de chaque section. Cela donnera à Scrivener une idée des rôles par défauts de chaque section en fonction de sa place dans la structure de votre texte.

Construction du format de compilation

Une fois que vous avez trouvé la structure de votre texte et que vous savez quel type de texte doit contenir chaque scrivening, il ne vous reste plus qu’à écrire.

Puis quand votre travail d’écriture est terminé, vient la partie la plus délicate mais aussi la plus intéressante : déterminer la mise en page.

La compilation visant à sortir un texte mis en forme, il faut donc se pencher sur la mise en forme que vous voulez pour un objectif donné, comme on l’a vu plus haut. Tout le travail qui vient maintenant peut d’abord se faire sur un morceau de papier, pour que vous puissiez décider de la matérialité de ce que vous allez décider. Ensuite, vous pouvez entrer dans le processus de la construction du format de compilation lui-même en sélectionnant dans Scrivener Fichier > Compiler... puis dans la fenêtre qui s’ouvre, soit vous choisissez un format déjà présent et voulez le modifier (si ce n’est pas un format d’origine) en cliquant droit Modifier le format... soit vous sélectionnez Dupliquer et modifier le format... pour en créer un nouveau à partir d’une base.

Vous pouvez aussi partir de zéro et cliquer sur le + en bas à gauche.

Dans tous les cas, bienvenue dans l’atelier du ciseleur de format…

La page

Tout texte depuis l’invention du livre sous forme de feuillets et non plus de rouleaux est présenté en tenant compte des contraintes physiques de la taille et de la forme du papier qui détermine une limite à la disposition. C’est pour cela que, paradoxalement, je pense qu’il est plus intéressant de commencer par le dernier item de la fenêtre de construction de format de compilation, les paramètres de page.

Ce sera indispensable pour les formats physiques (impression directe ou PDF) ou les fichiers de texte habituels (un fichier Word ou RTF), mais sans doute inutile pour les sorties purement numériques comme une page internet ou un livre EPUB.

Il se peut aussi que votre objectif soit simplement de sortir le texte brut sans tenir compte du format des pages parce que vous allez ensuite utiliser un logiciel spécialisé pour cela (c’est mon cas lors de la publication d’un texte définitif après toutes les corrections effectuées). Dans ce cas vous pouvez passer à la prochaine étape.

Si ce n’est pas le cas, demandez-vous donc ce que vous souhaitez pour la taille de la page (A4, A5, autre chose ?), des marges. Est-ce que vous allez opter pour une présentation en livret avec une reliure ou simplement des pages identiques sans distinction gauche/droite ? Vous pouvez aussi déterminer des entêtes et des pieds de page.

Les sections

C’est le cœur de votre format de compilation.

Vous allez y construire des gabarits de mise en page qui vont ensuite vous servir à habiller chaque scrivening en fonction de deux critères : son rôle dans le texte (plan sans rupture narrative, plan avec rupture narrative, scène…) et le la variation de forme que vous voulez lui donner.

Pour illustrer mon propos, nous pourrions construire trois gabarits différents.

Un premier sera appelé «Chapitre numéroté et avec titre». Il s’assurera que chaque scrivening dont le rôle sera Chapitre réponde à la forme suivante : le mot «Chapitre» suivi d’un numéro qui sera écrit en chiffres arabes, et à la ligne le titre du chapitre qui sera égal au titre du scrivening. C’est la forme dont je me sers pour Fæe du Logis.

Le deuxième sera «Chapitre numéroté romain sans titre». Au contraire du premier, chaque scrivening dont le rôle sera Chapitre prendra la forme suivante : le mot «Chapitre» suivi d’un numéro inscrit en chiffres romains, un saut de ligne et pas de titre. C’est la forme que j’ai adoptée pour Le Choix des Anges.

Quant au troisième, ce sera «Scène». Il contiendra le texte de chaque scène, sans titre particulier.

Chapitre numéroté avec titre

Dans l’onglet Mise en page des sections, cliquez sur le + en haut à droite.

Vous pouvez renommer le gabarit créé en «Chapitre numéroté avec titre».

En gardant ce gabarit sélectionné, vous cochez la case Title, et laissez décochées les autres cases (Metadata, Synopsis, Notes, Text). Cela indique à Scrivener que ce gabarit placera seulement le titre du scrivening en sortie. Comme il s’agit d’un dossier dans la structure que nous avons adoptée, et qu’il n’est pas prévu qu’il y ait du texte dans ce scrivening, cela nous servira simplement à placer le titre à chaque début de chapitre, et le texte du chapitre débutera à partir de celui qui sera dans la première Scène (donc le premier scrivening avec un rôle de Scène) qui sera placée dans l’arborescence de ce dossier.

Dès que vous avez coché la case, vous pouvez voir que Scrivener place en bas Titre de Section dans un espace de mise en page appelé Formatting. Vous pouvez cliquer dessus et modifier la mise en forme. Sélectionnez Titre de Section et mettez-le en gras, par exemple. C’est donc là que vous allez déterminer à quoi chaque titre de chapitre va ressembler.

En cliquant sur Title options, vous trouvez deux cases : Title prefix et Title suffix. Elles vont déterminer ce qui va automatiquement être inséré avant le titre du chapitre et après. Dans notre cas, nous aimerions un préfixe qui sera «Chapitre» puis une espace (vous verrez alors un petit point bleu matérialisant l’espace) suivie d’un chiffre arabe. Nous allons utiliser ce que Scrivener appelle un placeholder, un code générique. Il prend la forme d’un petit n précédé s’un $ et encadré entre < et >. Il fera en sorte d’insérer un chiffre arabe qui sera automatiquement généré avec le bon ordre. Si vous désirez obtenir la liste de tous les placeholders dans Scrivener faites Aide > Liste de tous les caractères génériques...

Puis, comme nous voulons que le titre du chapitre soit placé sur une ligne en bas du mot et du numéro de chapitre, nous devons faire un saut à la ligne, matérialisé par le caractère spécial adéquat : ¶.

Lorsque cela est fait, si vous revenez sur l’onglet Formatting, vous verrez que Scrivener a fait exactement ce que vous lui avez demandé…

Pour l’instant, nous ne nous intéresserons pas aux autres onglets.

Chapitre numéroté romain sans titre

De la même façon, cliquez sur le + en haut à droite.

Vous verrez que Scrivener crée automatiquement une copie du précédent, que vous pouvez renommer «Chapitre numéroté romain sans titre».

Comme vous ne voulez pas que Scrivener mette le titre du chapitre, vous pouvez décocher la case Title. Aucune des cases Title, Metadata, Synopsis, Notes, Text ne sera cochée. Et vous pouvez voir le résultat juste en bas dans l’onglet Formatting.

Mais comme nous voulons des chiffres romains, nous allons remplacer le placeholder par un grand R précédé du $ et encadré toujours par < et >.

Scène

Même chose pour le texte des Scènes.

Cliquez sur le + en haut à droite.

Scrivener copie automatiquement une copie du précédent gabarit, que vous pouvez renommer en «Scène».

Cette fois-ci, cochez la case Text. Vous pouvez mettre en forme le texte sa fonte, sa taille, etc.

Puis dans l’onglet Title options, vous effacez ce que vous avez mis dans la case prefix. Ainsi, vous obtenez simplement le texte de la scène, sans insertion du titre du scrivening.

Lorsque vous compilerez votre texte, il ressemblera à cela :

Les transitions

C’est déjà bien, c’est vrai. Mais ce n’est pas encore tout à fait ce que nous voulons.

Car comme je vous le disais plus haut, un livre est organisé en fonction de la place que laisse une page pour disposer le texte. Au fil des siècles, les imprimeurs puis les typographes et les éditeurs ont cherché les façons les plus harmonieuses, agréables et pratiques d’organiser le texte en fonction des pages et des conventions sont apparues, qui nous semblent si naturelles de nos jours que nous ne les remarquons même plus, mais qui existent bel et bien.

La plus élémentaire est que dans un roman, les chapitres commencent toujours sur une nouvelle page, et la plupart du temps sur une page de droite. C’est aussi souvent le cas des sections importantes et des chapitres dans les œuvres de non-fiction comme les essais. Deuxième convention, plus ou moins respectée, lorsque dans un chapitre on change de scène de façon marquante (changement de lieu, de temps, par exemple), cela se marque dans le texte par une ligne vide ou un signe typographique (les fameux trois astérisques *** ou l’astérisme qui reprend ces trois astérisques en les disposant en triangle).

C’est dans les Séparateurs que vous allez pouvoir programmer cela.

En cliquant sur cette section, vous allez voir qu’il y a deux possibilités de réglages : les réglages suivant les types de sections (donc les rôles, Section layout) et ceux suivant la distinction simple entre fichiers texte et dossiers. Il me semble plus fin et plus puissant de rester sur la première option, qui est présentée plus bas.

L’ordre de compilation

L’un des principes fondamentaux de la compilation dans Scrivener, c’est l’ordre dans lequel le logiciel va traiter vos scrivenings. Imaginez un petit lutin facétieux mais rigoureux qui va prendre la liste de vos scrivenings et va commencer… par le début, bien entendu, puis prendre le deuxième, puis le troisième, etc. Et à chacun il va regarder les paramètres de transition et les appliquer, puis passer au scrivening suivant sans prêter attention à sa place dans la hiérarchie de l’arborescence.

Un schéma valant mieux qu’un long discours, voici ce qui se passe (à droite) et ce qui ne se passe pas mais qu’on aurait pu imaginer (à gauche).

Retenez bien ce schéma, il aide à comprendre la suite, et souvent les erreurs que l’on peut commettre en programmant un nouveau format sont dues à ce qu’on a oublié cet ordre de priorité. Il vous permettra donc de savoir où vous avez commis une erreur.

Les types de transition

Scrivener propose quatre possibilités de marquer une transition entre deux scrivenings.

  • Single return, ou simple retour à la ligne, aura pour effet de rendre la transition invisible. Deux morceaux de texte séparés de cette manière donneront l’impression de n’être qu’un seul et même texte. C’est utile quand vous découpez votre texte en petits morceaux pour le rédiger mais que tous ces petits morceaux sont censés être une seule et même scène. Les plans sans rupture narrative sont typiquement séparés comme cela : ils n’ont pas d’existence marquée pour le lecteur alors qu’ils ont eu une vie séparée pour l’auteur lorsqu’il a écrit son livre.
  • Empty line créera une ligne vide comme séparation. C’est utile quand on veut marquer une séparation entre deux scènes.
  • Saut de page est plus radical, et cela sera le choix royal lorsque l’on changera de chapitre.
  • Custom, ou personnalisé, vous propose de choisir un ou plusieurs caractères à insérer sur une ligne pour marquer la séparation. C’est l’endroit où vous pouvez mettre votre astérisme ou vos trois astérisques.

Le choix de l’endroit : stratégie et logique

Le plus compliqué reste de savoir où faire la séparation car il existe trois possibilités : avant la section, après la section (c’est un peu spécial on le verra), ou entre deux sections de même nature. Sur un seul niveau (s’il n’y avait que des fichiers/dossiers de chapitres avec titre et texte des scènes) ce serait assez facile, et les trois possibilités seraient équivalentes.

Mais nous sommes ici sur (au moins) deux niveaux d’arborescence : des dossiers-titres de chapitre contenant des fichiers-scènes.

Si nous déterminons que le saut de page entre deux chapitres se fera à la fin de la section dossier-titre de chapitre, nous allons obtenir un saut de page non pas entre la fin du chapitre précédent et le titre du chapitre suivant, mais entre le titre du chapitre suivant et le début du texte dans ce chapitre… C’est sans doute mieux illustré avec un petit schéma.

Il est donc plus intelligent de placer le saut de page avant la section dossier-titre de chapitre.

Ainsi tous les chapitres vont débuter sur une nouvelle page, par le titre, puis le texte.

La séparation entre deux dossiers-titre de chapitre (donc sections de même nature) n’est pas importante car il est très peu probable que vous ayez dans votre structure de texte un titre de chapitre sans fichier-scène avant le prochain dossier-titre de chapitre.

Car il faut se souvenir que la compilation va parcourir votre arborescence dans l’ordre, soit : premier dossier, premier fichier, deuxième fichier, puis deuxième dossier, troisième fichier, quatrième fichier. Vous n’aurez donc jamais l’ordre : premier dossier, deuxième dossier. Cela équivaudrait à un titre de chapitre sans texte puis un deuxième titre de chapitre avec du texte.

Exercice transition

Sélectionnez le type de section que nous avons appelé Chapitre.

Commencez par décocher Use default separators qui vous forcerait à utiliser les séparateurs suivant dossier/texte.

Dans Separator before sections, sélectionnez Saut de page.

Aller ensuite dans le type de section que nous avons nommé Scène.

Vérifier que les options Separator before sections et Separator between sections soient bien réglées sur Single return, donc un simple retour à la ligne.

Compilez. Regardez ce que vous obtenez.

L’override après section

Jusqu’ici nous avons utilisé les transitions avant la section et entre les sections de même nature. Mais il existe une troisième option, plus délicate à manier (et je dirais même qu’elle est un peu vicieuse car on a tendance à vouloir l’utiliser alors qu’elle n’est intéressante que dans des circonstances bien précises). C’est la transition forcée après la section, ou Override separator after, comme elle est appelée dans le logiciel (oui, beaucoup de termes n’ont pas été traduits en français par l’éditeur de Scrivener).

Pour bien comprendre son principe, il faut se souvenir que ce n’est pas une «transition après», mais bien une «transition forcée après». Cela veut dire que si vous cochez cette option pour une section, la transition que vous allez ensuite déterminer (single return, empty line, saut de page ou custom) sera imposée à la place de la transition placée avant la section suivante, même si la section suivante avait une autre séparation normalement prévue à cet endroit. Dans le doute, c’est toujours cette transition forcée après la section actuelle qui prendra le pas sur une éventuelle transition prévue avant la section suivante.

Et je vais vous montrer pourquoi je vous mets en garde contre son usage immodéré.

Si votre structure ne contient que deux niveaux, par exemple des dossiers-titres de chapitre et des fichiers-textes de scènes, vous voudrez qu’à chaque chapitre, on commence par une nouvelle page, avec le titre du chapitre, puis son texte.

Pour obtenir cela, vous pouvez soit utiliser la méthode de l’exercice précédent, soit décider qu’après chaque dernière scène du chapitre, il y ait une transition forcée de saut de page. Et si vous cochez cette option pour la mise en page des scènes, vous allez obtenir une transition forcée comme prévu à la fin de la dernière scène.

Mais.

Mais si votre structure contient plus de deux niveaux, comme des dossiers-titres de chapitre, des fichiers-textes de scènes et plus bas encore des fichiers-textes de divisions de scène pour affiner un peu la construction et faciliter l’écriture de votre œuvre, là, tout s’écroule.

Parce que si vous avez utilisé l’option de l’Override after, comme la compilation prend scrivening après scrivening quelle que soit sa place dans l’arborescence mais dans l’ordre chronologique, si votre dernière scène de chapitre est composée de deux divisions de scène, vous allez obtenir une sortie texte où un saut de page sera inséré juste entre le dernier fichier-texte de chapitre et le premier fichier-texte division de scène.

Résultat : votre scène sera visuellement coupée avec un saut de page au beau milieu… et de plus, comme votre chapitre suivant ne sera pas prévu avec un dossier-titre de chapitre ayant un séparateur de saut de page avant, votre chapitre suivant va commencer juste sous la fin de votre chapitre actuel…

Votre mise en page sera complètement ratée…

La transition forcée après la section (ou override) n’est donc à utiliser que dans le cas où vous voulez que systématiquement, après une section déterminée, n’importe quelle autre section soit séparée par une seule et même transition.

Les règles de bonne utilisation et le petit schéma récapitulatif

On peut déduire de tout cela quelques règles de conduite à adopter quand on compile un texte dans Scrivener ou qu’on veut créer son propre format de compilation.

  1. Il faut savoir quelle structure on choisit, en partant de la plus grande division et en fractionnant jusqu’à la plus petite brique de texte que l’on va utiliser comme scrivening.
  2. Il faut déterminer quels sont les rôles et donc les gabarits de mise en page dont on va avoir besoin (chapitres avec titres ou sans titre, scènes, flashbacks, plans, etc.)
  3. La compilation suit un ordre systématiquement chronologique sans s’encombrer de l’arborescence.
  4. Il vaut mieux toujours prévoir la séparation dans les gabarits de mise en page comme une séparation avant la section actuelle et très rarement forcer une transition après.

Je vous récapitule le processus que nous venons de voir sur un schéma que j’espère clair et concis.

Le bonus : format de compilation à télécharger

Pour que la fête soit plus folle, voici le format de compilation dont je me sers pour mes épreuves de correction. Il est prévu pour le template de roman version 3 que je vous glisse également. Je suis sûr que vous en ferez bon usage.

Conclusion

Même si la compilation ne permettra jamais d’atteindre une mise en page complexe (pour cela, il vous faudra apprendre à vous servir d’un véritable logiciel de mise en page et un peu de temps de pratique avec), elle peut déjà rendre bien des services pour sortir un manuscrit assez rapidement et avec un très bon résultat pour peu qu’on ait compris quelques points de base. Surtout, il est indispensable de démystifier cette étape du logiciel pour en tirer le meilleur.

Et d’ailleurs, si ce type d’article vous intéresse, n’hésitez pas à me le faire savoir, il se pourrait que je vous réserve d’autres astuces pour mieux maîtriser encore le processus et l’utilisation de Scrivener.

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Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Outils & astuces pour écrire depuis plusieurs ordinateurs

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Outils & astuces pour écrire depuis plusieurs ordinateurs

Il est en de l’écriture comme de toutes les autres activités humaines : une pratique en constante évolution au fil des siècles et des outils inventés pour la faciliter et l’améliorer. Les tablettes de cire gravées à l’aide d’un stylet, les rouleaux de papyrus (Égypte) ou de bambou (Chine) encrés grâce à des calames, les vélins enluminés, ont cédé la place aux plumes et aux papiers. Puis ce furent les machines à écrire dactylographiques. Puis les ordinateurs et leurs traitements de texte.

Et de nos jours, le texte (mais aussi l’image, parfois) n’est plus cantonné à un support unique. Il est autant virtuel qu’ubiquitaire car les outils actuels s’appuient beaucoup sur le stockage en ligne, dans le fameux (et fumeux) nuage électronique de nos données.

Le processus créatif est imprévisible par nature. Il fait surgir des idées de façon brusque, presque incongrue parfois. Et chaque artiste, depuis toujours, a trouvé ses propres techniques, ses propres astuces, pour apprivoiser ce bouillonnement et capturer chaque idée, puis pour en organiser le chaos, en ordonner le flot, et en faire surgir l’œuvre aboutie.

Beaucoup d’entre nous sont d’ailleurs en quête constante du flux parfait, celui qui nous conviendra encore mieux. C’est, je crois, une quête consubstantielle à la création.

C’est pour cela que je suis avec intérêt autant qu’amusement les essais de mes camarades comme les miens.

Car ma pratique de l’écriture, et peut-être aussi la vôtre, est tributaire du temps que j’ai à lui consacrer. Parfois j’ai du temps quand je suis chez moi, parfois j’ai du temps lorsque je suis ailleurs que chez moi.

Il m’arrive de noter rapidement quelques mots ou quelques phrases sur un bout de papier, mais quand j’ai vraiment du temps pour écrire en dehors de chez moi, il est important que je puisse me référer à ce que j’ai déjà pu rédiger, aux notes que j’ai prises chez moi, à tout un tas de références. Que je n’ai pas dans un carnet car cela prendrait trop de place pour être transporté. J’ai déjà une lourde mallette à emporter presque partout avec moi pour mon métier.

Je dispose par contre de mon ordinateur portable, un MacBook Pro qui rend de fiers services, même s’il n’est pas doté du clavier le plus agréable que j’aie connu.

Donc, comme beaucoup d’entre nous, j’ai choisi de synchroniser mes deux ordinateurs : Tezcatlipoca, le Miroir Fumant de 27 pouces qui me sert de machine principale à la maison, et Paracelse, mon MacBook Pro qui me suis jusqu’au cabinet dans lequel j’exerce.

Oui, je donne des noms à certains de mes objets. Nous pourrons en discuter une autre fois, et je suis sûr qu’en entendant certains de mes arguments vous trouverez cette habitude moins puérile qu’il n’y paraît au premier abord.

Pour le moment, le fait essentiel est que Tezcatlipoca et Paracelse sont synchronisés sur mes travaux d’écriture en cours. Une fois terminés, les fichiers réintègrent la seule mémoire de Tezcatlipoca, tout en étant sauvegardés ailleurs, au cas où.

C’est pour cela que je voudrais ici vous présenter quelques astuces qui me permettent de commencer un texte chez moi, et parfois de le poursuivre quand j’ai du temps entre deux patients, de le reprendre et de le terminer de retour à la maison, le tout dans une fluidité presque parfaite. Presque. Ne rêvons pas, la perfection n’est pas de ce monde.

Mais si vous utilisez les mêmes outils que moi, peut-être que vous pourrez trouver dans les paragraphes qui suivent deux ou trois choses qui vous faciliteront la vie.

Il est possible d’ailleurs que cet article évolue au fur et à mesure que je dénicherai pour vous de nouvelles astuces, ou que j’en trouverai pour de nouveaux outils.

Le nuage et sa pluie de données

Alors bien sûr, vous aurez deviné seuls que tout mon système repose sur le nuage, le cloud, bref, un stockage de données accessible à chaque machine du flux via internet.

Mais pas n’importe lequel.

Un nuage privé.

En clair, un disque dur réseau branché chez moi, qui stocke mes données comme un nuage type Dropbox, Drive, ou iCloud pour les redistribuer à chaque ordinateur branché sur son flux, en permanence.

Pourquoi un nuage privé ?

Pour deux raisons principales.

La première est que je déteste l’idée que des firmes américaines aient des copies de mes fichiers sensibles. Bien évidemment, je ne stocke pas des secrets d’État (à la différence d’Hilary Clinton qui s’était faite épinglée lors de l’élection américaine de 2016 à cause de cela), mais la loi américaine est moins protectrice que les lois européennes et par principe, je pense que ce qui est privé doit rester privé.

La deuxième raison est que les nuages commerciaux sont hébergés dans des centres de données qui consomment énormément d’électricité pour leur fonctionnement mais plus encore pour leur refroidissement. Avoir un petit nuage chez soi consomme assez peu et votre disque dur réseau n’aura besoin que d’un simple ventilateur intégré, pas de centaines avec passages de fluides. La facture énergétique est donc beaucoup plus légère ainsi que la consommation en ressources.

Il existe aussi une troisième raison, mais je n’ai pas vraiment calculé donc elle est simplement intuitive (donc potentiellement erronée), son coût est plus avantageux. Car pour un investissement de départ assez peu important (achat du boîtier réseau et des disques durs à mettre dedans), je dispose d’un espace de stockage plutôt conséquent (dans ma configuration potentiellement 3 To, oui, vous lisez bien, trois téra-octets). Cela coûterait assez cher tous les mois si je décidais de m’offrir le même stockage chez un fournisseur.

Cela dit, les petites astuces que je vais vous livrer plus loin fonctionnent également avec Dropbox, OneDrive, et les autres. Sauf iCloud, qui pour l’instant est un peu plus fermé.

La seule chose à savoir d’important est que ces nuages, privés ou publics, vous allouent une zone où vous pouvez déposer vos fichiers comme vous l’entendez. Vous pouvez même les organiser comme bon vous semble.

Cela permet un principe simple qui est la base de mon flux : les données partagées par mes deux ordinateurs, Tezcatlipoca et Paracelse, sont paramétrées pour être trouvées par chaque application sur le nuage privé. C’est le cas des textes que j’écris, mais aussi et surtout des réglages de chaque application, ce qui m’offre un confort extraordinaire : retrouver un environnement de travail familier complètement paramétré sur les deux machines, comme si elles n’en formaient qu’une seule.

Le principe universel… sur Mac

Je sais, tout le monde ne travaille pas sous Mac.

Mais c’est mon cas, donc ces astuces seront, je le crains, valables seulement sur cette plateforme, sauf si une version Windows existe pour une application en particulier, comme c’est le cas pour Scrivener.

En pratique, je crée un dossier «réglages» dans mon espace synchronisé, où je glisse les fichiers qu’utilise l’application en question pour enregistrer mes préférences. La seule difficulté consiste à trouver ces fichiers et à demander à l’application d’utiliser un emplacement spécial : celui de votre nuage.

Scapple

Il y a quelques années, j’utilisais beaucoup MindNode pour concevoir mes cartes heuristiques (oui, je me sers de cartes heuristiques notamment pour concevoir les intrigues de mes romans, de mes scénarios de jeu de rôle, et beaucoup d’autres choses encore). Puis j’ai découvert Scapple. Sorti de la même forge que Scrivener, il s’y intègre très bien. Mais surtout, il laisse plus de liberté sur la disposition des idées et les liens entre chaque nœud.

Il a cependant un gros défaut : sa façon de gérer les styles des nœuds est archaïque, pour le moins.

Ainsi, il est impossible de créer un fichier de styles qui serait partagé sur vos deux ordinateurs.

L’astuce est que Scapple peut par contre parfaitement importer les styles d’un autre document Scapple.

Il suffit donc de créer un document Scapple qui vous servira de légende pour vos cartes heuristiques, de le placer sur votre nuage. Et de demander ensuite, lorsque vous créerez un nouveau document qui devra respecter les mêmes codes pour identifier des nœuds précis, Format > Note Style > Import Note Styles... en spécifiant le nom de votre document de référence.

Typinator

J’ai longuement hésité avant de choisir un logiciel d’expansion de texte. J’avais bien sûr lu les louanges que Lionel Davoust a déclamées plusieurs fois sur TextExpander. J’ai hésité, puis je me suis décidé à tenter l’expérience, et il est vrai que ce genre de logiciel fait gagner du temps, même si pour moi, c’est plutôt paradoxalement dans mon métier et pas dans l’écriture proprement dite.

Si, je vous assure, c’est plus facile de taper «strptn» que d’écrite à chaque fois «streptotest négatif». Je suis formel, j’ai fait l’essai. Je fais moins d’erreurs, et je vais plus vite.

Car, pour ceux et celles d’entre vous qui ne connaissent pas les expanseurs de texte, le principe est simple. Vous définissez une abréviation qui sera automatiquement développée par le logiciel à chaque fois que vous allez la taper au clavier.

Il faut écrire souvent les mêmes mots ou les mêmes expressions pour que ce soit utile.

Parce qu’on peut donner une abréviation à un mot, une suite de mots, une phrase entière (comme une formule de politesse par exemple) ou même un paragraphe complet, voire un texte stéréotypé.

J’ai personnellement choisi Typinator pour deux raisons : je suis uniquement sous Mac (je n’aime pas vraiment écrire sur mon iPhone ou mon iPad, je n’ai donc pas besoin d’une application présente sur iOS), et je déteste les logiciels qui sont commercialisés via un abonnement (ce que fait hélas TextExpander).

Il faut donc paramétrer vos propres abréviations, les tester, et les modifier si besoin.

Comment faire pour qu’elles soient synchronisées entre Tezcatlipoca et Paracelse ?

Dans la fenêtre de Typinator, il suffit de cliquer sur Préférences. Puis dans l’onglet Expansion, en bas, vous trouverez un chemin d’accès au dossier des jeux d’abréviations. Il vous suffit de cliquer sur Modifier... puis vous choisissez le dossier de votre nuage où vous allez déposer vos réglages. Vous sélectionnez, et voilà le travail !

Il ne vous reste plus qu’à faire de même sur votre deuxième ordinateur.

Dorénavant, dès que j’ajoute, modifie, ou supprime un réglage d’abréviation sur Tezcatlipoca, il est répercuté automatiquement sur Paracelse, et inversement.

Scrivener

Scrivener est un outil d’écriture fantastique.

Mais il a un gros souci sur la synchronisation qu’il est censé permettre. Outre le fait qu’elle n’est prévue pour fonctionner qu’avec Dropbox (ce qui est un peu léger, quand même), il ne s’agit pas d’une véritable synchronisation, mais plutôt d’une sauvegarde déportée. En effet, vous ne pourrez pas vous en servir pour faire du travail collaboratif car le système ne permet pas à deux copies du même document d’être ouvertes en même temps.

Ceci posé, si comme moi vous êtes seul à travailler sur vos textes, et que comme moi vous n’avez pas encore acquis le pouvoir de vous trouver à deux endroits en même temps, cela ne devrait pas vous poser de problème majeur. Car vos besoins seront simplement de pouvoir reprendre sur un ordinateur là où vous vous serez arrêté avec un autre. Une sauvegarde déportée fera très bien l’affaire.

Ceci pour le texte lui-même.

Mais pour les Modèles de Projets ? Pour les formats de Compilation ?

Et pour vos réglages ?

Car Scrivener est un outil d’écriture fantastique.

Mais il regorge de réglages fins et complexes.

Et une fois qu’on a enfin trouvé à les paramétrer, tout recommencer sur une deuxième machine sans rien oublier est… presque impossible. Alors voilà comment je me débrouille.

Le projet lui-même (le texte)

L’astuce est assez simple.

Pour que vous puissiez retrouver votre texte dans l’état où vous l’avez laissé sur votre précédente machine, il suffit de placer le fichier (il a une extension en .scriv) dans un dossier de votre nuage privé. Vous l’ouvrirez toujours depuis cette zone tant que vous n’aurez pas fini de travailler avec.

Il y a une précaution à prendre pour ne pas se retrouver avec un conflit (Scrivener ne saurait pas quelle version de votre texte garder si n’aviez pas laissé votre copie distante se synchroniser correctement, celle sur votre ordinateur, ou celle sur votre nuage privé).

À chaque fois que vous fermez le document en cours, laissez le temps à votre système de nuage de synchroniser le fichier c’est-à-dire de le transférer sur votre Dropbox ou votre disque dur réseau. Cela se voit en général à la petite pastille verte que votre système indique à côté du fichier. Si ce n’est pas le cas, vous devriez voir une pastille rouge ou alors, lorsque la synchronisation est en cours, une pastille bleue avec deux flèches circulaires.

À partir de là, vous pouvez sans inquiétude ouvrir le même fichier depuis votre autre ordinateur. Et retrouver votre texte dans l’état où vous l’aviez laissé.

Je sais que cette façon de faire n’est pas recommandée par les créateurs de Scrivener, encore qu’ils donnent la même astuce que moi ici, mais pour moi, ça marche vraiment parfaitement.

Réglages de l’application : Préférences

Vous les trouverez dans Scrivener > Préférences...

La personnalisation de l’interface peut aller très loin. Je vous laisse l’explorer, au besoin en vous servant du manuel très complet (bien qu’en anglais) accessible à partir de Aide > Manuel de Scrivener. Peut-être qu’un jour je vous donnerai quelques astuces concernant Scrivener lui-même, d’ailleurs. Si vous êtes sages…

Mais pour transférer vos réglages d’un ordinateur vers l’autre, il suffit de cliquer sur le petit menu déroulant Gérer... qui se trouve en bas à gauche de la fenêtre des préférences et de sélectionner Save Preferences to File... (oui, Scrivener n’est jamais totalement traduit en français).

Vous déterminez un endroit sur votre nuage privé pour enregistrer le fichier des réglages.

Puis sur votre deuxième ordinateur, vous cliquez toujours sur le menu déroulant Gérer... dans les préférences et sélectionnez Load Preferences from File...

C’est aussi simple que cela.

Modèles de Projets

Les modèles de projets sont des structures de fichiers Scrivener qui permettent de gagner du temps dans l’organisation de votre texte comme dans quelques réglages qui ont trait à votre document lui-même. Par exemple les statuts que peuvent prendre vos morceaux de texte. Personnellement j’ai défini ces statuts comme étant, dans l’ordre chronologique de progression de mon écriture :

  • À écrire
  • Ébauche
  • Premier jet
  • Révisions
  • Corrections stylistiques
  • Corrections orthographiques
  • Définitif

Mais vous pouvez très bien choisir d’en rajouter ou d’en supprimer, de les renommer.

Vous pouvez aussi modifier la structure de votre plan en fonction du type de texte que vous êtes en train d’écrire.

Tous mes articles de blog (y compris celui-ci) sont structurés sous un dossier portant le titre de l’article, en fichiers portant le titre de la section de l’article, et éventuellement des sous-sections. Mes romans sont structurés avec un dossier par partie, regroupant des dossiers par chapitre, et des fichiers qui correspondent aux unités narratives dans chaque chapitre, voire des sous-unités au-dessous.

Cette structure est intéressante pour l’écriture elle-même, car elle aide à se concentrer sur une partie en particulier et à réorganiser la narration ou la démonstration si besoin, mais elle est surtout fondamentale pour exporter votre texte une fois terminé.

Car, nous en avions parlé lorsque je vous avais présenté Scrivener dans ma série d’articles Making of a book, votre texte terminé sera exporté (on dit compilé) pour être mis en forme de façon différente en fonction de l’usage que vous en ferez. Il peut par exemple être transformé en un texte papier avec une marge importante et des interlignes confortables pour être envoyé à un correcteur, ou transformé en fichiers séparés pour construire un livre électronique au format ePub3 comme nous avons appris à le faire dans cette série d’articles. Le tout, si votre structure a été bien pensée au début et que vos formats de compilation sont corrects (un format pour la copie papier de correction et un format pour la création de l’ePub) en quelques clics.

Pour cela, il faut de nombreux réglages, et tout recommencer à chaque fois est trop long, donc Scrivener permet de créer des modèles de projets. J’écris mes articles avec un modèle de projet spécialement conçu (que vous pouvez télécharger).

Pour partager ces modèles d’un ordinateur à l’autre, il vous suffit d’abord de créer votre modèle (ou template, en anglais). Vous le sauvegardez comme un modèle en sélectionnant Fichier > Enregistrer comme modèle... Puis vous choisissez Fichier > Nouveau projet... et Scrivener vous amène jusqu’à la fenêtre des modèles de projets. Vous sélectionnez le vôtre (vous lui avez préalablement donné un nom, bien sûr, et une icône). Vous cliquez sur le menu déroulant Options, et sélectionnez Exporter le modèle... pour ensuite choisir le dossier sur votre nuage privé où vous allez stocker vos modèles.

Sur votre deuxième ordinateur, en ouvrant Scrivener, vous faites Fichier > Nouveau projet... > Options > Importer des modèles... et vous retrouvez le fichier du modèle sur votre nuage.

Vous pouvez donc commencer un nouveau projet sur ce modèle exactement de la même façon sur vos deux machines.

Formats de Compilation

Les modèles (templates) de projet de Scrivener embarquent en général leurs propres formats de compilation, puisque chaque modèle est conçu avec un flux de travail bien précis. Mais il se peut que vous ayez des formats de compilation «passe-partout» disponibles pour plusieurs modèles.

Pour partager ces formats entre vos deux machines, il faut d’abord se rendre dans la fenêtre de compilation (Fichier > Compiler...). Grâce à la roue dentée en bas à gauche, vous pouvez Exporter le format... à partir de votre première machine, enregistrer le fichier obtenu sur votre nuage privé, puis sur votre deuxième machine Importer des formats... et le tour est joué !

Antidote

Antidote est un correcteur orthographique assez bien fichu (meilleur en tous les cas que ceux de Word ou de LibreOffice), et relativement bon marché. Il est disponible sur Mac et sur Windows.

Comme tous les correcteurs, il peut apprendre au fur et à mesure les nouveaux mots que vous pourrez intégrer dans des dictionnaires personnels.

La synchronisation apportée par l’éditeur, Druide, ne concerne finalement que les favoris que vous aurez déterminés (des mots ou des listes de mots) et ces dictionnaires personnels, mais pas les réglages ni l’apparence, que vous devrez paramétrer sur chaque machine (la licence vous offre le droit d’utiliser Antidote sur 3 machines).

De plus, cette synchronisation est une option… payante bien entendu.

Mais il existe un moyen très simple et gratuit pour partager vos dictionnaires personnels grâce à votre nuage privé. Il suffit de savoir où chercher.

Tout d’abord, il faut afficher vos dictionnaires personnels. Cliquez sur Fenêtre > Dictionnaires personnels ou tapez ⌘U et sur le volet de gauche, cliquez sur la roue dentée. Commencez par Créer un dictionnaire. C’est dans ce dictionnaire personnel que vous pourrez mettre les mots que vous allez apprendre à Antidote. Une fois que cela est fait, sélectionnez ce dictionnaire dans le volet de gauche, puis à nouveau avec la roue dentée, cliquez sur Afficher dans le Finder. Une fenêtre va s’ouvrir pour vous montrer l’emplacement du dictionnaire créé.

Il y a deux fichiers par dictionnaire personnel. L’un a une extension en .atq et le deuxième en .xml. Copiez les deux, et déplacez-les dans le dossier de votre nuage privé que vous avez dédié à Antidote.

Ensuite, en revenant sur Antidote lui-même, supprimez votre dictionnaire personnel (cliquez dessus, et via la roue dentée, cliquez sur Supprimer).

Enfin, à nouveau avec la roue dentée, sélectionnez Ajouter un dictionnaire existant. Une fenêtre du Finder va s’ouvrir pour vous permettre de trouver le dossier réservé à Antidote sur votre nuage privé. Vous n’avez plus qu’à sélectionner le fichier se terminant par .atq que vous y aviez copié. À la question que vous pose le système, vous répondez que vous voulez l’original. Et votre dictionnaire personnel est maintenant localisé sur votre nuage privé.

Il ne vous reste plus qu’à allumer votre deuxime machine, à ouvrir la fenêtre des dictionnaires personnels (Fenêtre > Dictionnaires personnels ou tapez ⌘U), à Ajouter un dictionnaire existant avec la roue dentée, répondre que vous désirez l’original.

Votre dictionnaire personnel est désormais partagé entre vos deux machines.

Dès que vous y ajouterez un mot nouveau, il sera disponible instantanément sur les deux.

LibreOffice

Je ne rédige plus directement avec lui, puisque vous avez compris que j’utilise essentiellement Scrivener pour cela, mais LibreOffice peut dans l’étape suivante rendre service pour la mise en forme de documents simples (lettres, ou compte-rendu de réunions par exemple) sans qu’il soit besoin de faire appel à un logiciel de mise en page comme je le fais avec Affinity Publisher pour des écrits longs comme mes romans.

J’ai donc besoin que ma mise en forme soit codifiée pour chaque type de document.

Il suffit de déterminer des modèles de styles.

Ces modèles sont par défaut localisés sur un ordinateur, mais vous pouvez facilement demander à LibreOffice de déplacer son intérêt sur un dossier situé sur votre nuage.

Pour cela, cliquez sur LibreOffice > Préférences... et dans l’onglet LibreOffice de la fenêtre qui s’ouvre (panneau latéral gauche), cliquez sur Chemins puis sur Modèles, et enfin sur le bouton Éditer...

Vous allez découvrir à quel endroit LibreOffice stocke les modèles sur votre ordinateur.

Cliquez à droite sur Ajouter... trouvez le chemin d’accès au dossier partagé sur votre nuage où vous voulez placer vos modèles de styles. Une fois que cela est fait, cliquez sur le rond de sélection à gauche pour en faire le chemin par défaut puis sur OK et à nouveau sur OK.

Ensuite, redémarrez LibreOffice.

Vous n’aurez plus qu’à faire pointer LibreOffice sur votre deuxième machine exactement au même endroit.

Lorsque vous créerez un modèle de styles, il sera enregistré par défaut sur votre nuage.

Conclusion (provisoire)

Bien évidemment, toutes ces astuces étant basées sur l’utilisation d’un nuage informatique, un accès internet est une nécessité. Même si la synchronisation de vos données peut se faire a posteriori également.

On peut d’ailleurs imaginer utiliser le même système avec une clef USB, ce qui élimine le besoin d’une connexion internet mais oblige à avoir en permanence la clef USB contenant les données branchée à l’ordinateur qui est en cours d’utilisation, et de la déplacer à chaque fois que l’on change.

Si vous utilisez les mêmes logiciels, n’hésitez pas à partager vos propres astuces dans les commentaires.

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RSS, sur l’écume des flux & reflux des océans numériques

RSS, sur l’écume des flux & reflux des océans numériques

RSS, sur l’écume des flux & reflux des océans numériques

Introduction : trois cercles pour les gouverner tous

Lorsque j’étais jeune et insouciant, je faisais partie d’une bande de passionnés des univers imaginaires qui avaient entre autres pondu un fanzine nommé V.I.T.R.I.O.L.

À ceux d’entre vous qui pourraient s’intéresser à l’alchimie, l’acronyme parlera peut-être.

Qu’il suffise de dire aux autres que le projet avait une certaine philosophie, et que sa dernière page était toujours celle qui annonçait le retour cyclique du numéro d’après. Cette page était intitulée Théorie sur l’éternel recommencement.

Car le temps, soyez-en sûrs et certains, n’est point linéaire. Il est bien cyclique. Du moins pour moi. Je vous l’ai déjà démontré.

Et si vous pensiez que la technologie échappait comme par miracle à cet axiome premier du monde, vous vous trompiez lourdement. La soi-disant courbe du progrès n’est qu’un leurre que l’on brandit devant les néophytes pour leur faire accroire que le monde est simple.

En vérité, la technologie aussi est soumise à des cycles.

L’un de ces cycles est en train de s’achever, avec la mort annoncée (par moi, c’est sûr, par d’autres, je ne sais) des réseaux commerciaux dits «sociaux» et de leur hégémonie sur la Toile. Un autre cycle est en train de naître, en réaction à ces outils dévoyés dès le départ, avec la renaissance de vieilles techniques du tout début des internets, comme en témoigne la résurgence des vieux courants des flux RSS.

L’éternel recommencement, c’est le jour qui vainc la nuit, ou la lune qui remplace le soleil dans le ciel.

C’est aussi la renaissance de techniques plus respectueuses des utilisateurs, qui leur rendent leur pouvoir d’action et leur demandent une action consciente et réfléchie, après la décadence d’autres outils qui ont tenté de les aliéner et de les rendre prisonniers, passifs, décérébrés.

Pour lire ce qu’il me plaît sur la Toile, il me fallait des cartes et des boussoles. L’océan des données numériques est vaste, immense, presque infini, et tel l’Univers en expansion, de plus en plus infini. Comment donc s’y retrouver si l’on décide d’abandonner le GPS stéréotypé des réseaux commerciaux ?

Une fois une île ou un continent découverts, comment savoir y retourner à coup sûr, comment savoir y dénicher encore des secrets au fil du temps ?

J’ai organisé trois cercles concentriques autour de moi, comme les Anneaux Elfiques forgés au Second Âge. À la manière dont le défunt réseau Google+ avait pensé sa structure. L’idée était très organique, inspirée de la vie réelle.

Le premier cercle est composé des lettres d’informations auxquelles je me suis abonné. Pour l’instant il y en a peu, car elles demandent une correspondance. J’y puis potentiellement répondre, m’engager dans un dialogue, un vrai dialogue. Et le temps a beau être cyclique, il est fini, donc limité. Les lettres auxquelles je suis abonné sont donc peu nombreuses, une quinzaine, tout au plus. C’est un peu le cercle de mes intimes.

Le deuxième cercle, lui est celui de mes découvertes importantes, des choses que je veux continuer à suivre, des îles et des terres où je veux pouvoir retourner régulièrement, des routes que j’emprunte souvent. C’est le cercle des copains, des relations suivies. J’utilise les flux RSS pour cela.

Le troisième cercle, enfin, est celui des références uniques, des textes à retenir, mais pas forcément des endroits où j’ai envie de revenir souvent. C’est le cercle des vagues connaissances, des contacts lointains. Pour le moment, faute de mieux, je me sers des Marque-pages de mon navigateur internet, les fameux bookmarks.

Ces trois cercles sont complémentaires. Le premier et le troisième sont faciles à mettre en place comme aisés à comprendre.

Le deuxième, par contre, mérite plus d’explications pour en saisir toute la puissance. Car, finalement, c’est un véritable instrument de navigation, autant une carte qu’une boussole, un sextant, et même une longue-vue.

Alors si le voyage vous en dit, embarquons sur les flots du HMS-RSS d’écaille & de plume.

RSS, quèsaco ?

Alors, pour commencer, évacuons tout de suite ce que n’est pas le RSS.

Oubliez donc les initiales d’un service secret ophidien, le Reverend Serpent Service, au sein duquel un James Bond virtuel officierait pour espionner les autres sites. Ne pensez pas non plus au Reptile Sifflant et Sournois, ni au Réseau des Serviteurs de Satan, ce qui serait très inquiétant.

Plus sérieusement, donc, RSS est bien un acronyme, celui de Really Simple Syndication, ou, en bon français et selon ma propre traduction personnelle «Diffusion Réellement Simple», le mot syndication n’ayant pas vraiment d’équivalent dans la langue de Molière.

Son principe est en effet d’une simplicité désarmante.

Il s’agit d’un petit fichier dans lequel sont codés de façon standardisée (en XML pour les plus geeks d’entre vous) les x derniers articles d’un blog ou d’un site, et qui se met à jour automatiquement à chaque nouvelle publication. Vous pouvez demander à un logiciel particulier, un lecteur de flux RSS, de vous abonner à ce fichier, et donc d’en scruter le contenu régulièrement (toutes les minutes pour un fil d’information comme Le Monde, par exemple, ou tous les jours pour un site qui publie plus rarement, comme d’écaille & de plume). Dès qu’un changement y est détecté (donc qu’un nouvel article vient d’être publié), le lecteur décode le contenu de la nouveauté et vous le présente sous une forme agréable : texte, images, etc., et ce de façon automatique. Vous serez donc certain de ne manquer aucun article et de le recevoir instantanément (ou presque, à la fréquence de relève des modifications près). Dès que vous ouvrez votre lecteur RSS, un nombre donné de nouveaux articles vous attend. Vous pourrez les consulter depuis le lecteur de flux (sans passer par le site lui-même, donc) ou dans votre navigateur internet habituel (en allant directement sur la page internet de l’article).

La différence avec un réseau commercial ?

Il n’y a aucun intermédiaire, puisque c’est le site lui-même qui produit son propre fichier RSS. Le contenu n’en est pas modifié ou réarrangé selon un algorithme mystérieux. C’est la publication brute. Pure, allais-je dire. Sans interférence extérieure, sans commentaire, sans pollution. Dans l’ordre chronologique de publication. Vous allez chercher l’information à la source.

Et il n’y a pas de bavardage inadéquat. Pas d’images de chatons qui se glisseraient dans votre fil (sauf si vous vous êtes abonné à un blog sur les chatons, mais là, je ne peux plus rien pour vous). Pas de polémique stérile ou d’insultes partant dans tous les sens pour polluer votre quiétude. Pas de publicité ciblée. Pas de vol de données personnelles, puisque vous ne faites que recevoir un contenu brut, sans rien envoyer en retour.

Bref, ça n’a plus rien à voir.

Si vous désirez commenter l’article ou la publication, vous pouvez toujours le faire en vous rendant directement sur l’article via votre navigateur d’un clic. Et vous pourrez discuter directement avec l’auteur ou l’autrice sur son propre site, ainsi qu’avec les autres commentateurs.

De la même façon, vous pouvez facilement archiver un article qui vous intéresse tellement que vous voulez pouvoir le retrouver plus tard, ou le partager. Vous pouvez même organiser vos flux et les articles eux-mêmes avec des tags, des étiquettes, de façon à vous y retrouver facilement grâce à un moteur de recherche interne à votre lecteur de flux.

Vous ne manquez rien, vous n’êtes pas distrait par des articles non sollicités (comme les retweets ou les likes de ceux que vous suivez sur les réseaux commerciaux), et vous choisissez vous-mêmes ce qui vous intéresse. Vous reprenez le pouvoir sur ce que vous cherchez sur internet. Vous reprenez le contrôle, y compris du temps que vous passez à cette activité, car votre fil n’est pas infini. Bien loin, donc, le temps où vous pouviez procrastiner en scrollant indéfiniment la liste innombrable des tweets rigolos ou énervants sans aucun véritable intérêt autre que retenir votre attention captive pour gober une publicité de temps à autre.

C’est bien joli, tout ça, mais concrètement, comment ça marche ?

Eh bien tel le Michel Chevalet moyen (si vous connaissez ce nom, vous êtes aussi vieux que moi, félicitations !), je vais de ce pas vous l’expliquer.

Guide pratique de l’abonné RSS

Vous construire une belle liste de flux RSS ne sera pas très compliqué. Pour cela, il va falloir seulement faire un choix : quel agrégateur ou lecteur de flux vous allez utiliser. Le principal critère sera de savoir si ce lecteur sera capable ou non de synchroniser vos flux (les articles lus, non lus, et ceux que vous aurez archivés pour les retrouver plus tard) entre plusieurs de vos appareils.

Ensuite, et bien ensuite, le plus dur commencera : décider à quels flux vous voulez vous abonner…

Choisir un agrégateur de flux

Un agrégateur (ou lecteur) de flux RSS est un logiciel, ou un service, qui vous permet de gérer vos abonnements, de lire les articles de vos flux, et éventuellement de synchroniser votre liste de lecture sur plusieurs appareils.

C’est, en gros, soit un serveur internet distant qui héberge à la fois la liste de vos hébergements, la liste de vos articles archivés, de ceux que vous avez lus, non encore lu, ou mis en favori, voire vous permet de classer vos flux par thèmes, dans des dossiers, ou par étiquettes (tags), soit un logiciel ou une application que vous téléchargez sur vos appareils.

La question principale à laquelle vous devrez répondre pour faire votre choix sera donc : une synchronisation de vos abonnements sur différents appareils, ou non.

Certains logiciels sont même capables de faire les deux.

De mon côté, j’ai adopté Reeder 4, présent sur Mac et sur iBidule, comme lecteur.

Mais mes flux sont gérés par un service de synchronisation, à savoir Inoreader, ce qui me permet de reprendre mes lectures sur Mac où je les ai laissées sur mon iBidule, et inversement. Inoreader est aussi capable de trouver un flux RSS sur une chaîne YouTube, par exemple, ce qui me permet de m’abonner même sans compte Google, puisque j’ai décidé de boycotter Google quand je le pouvais.

Inoreader est hébergé en Europe (en Bulgarie plus précisément), gratuit jusqu’à un certain nombre d’abonnements, mais il intègre de la publicité, que l’on peut supprimer avec un abonnement payant. Cela permet de financer les serveurs qui centralisent vos flux, et ce n’est pas plus cher qu’un abonnement à un journal de presse écrite.

D’autres services et d’autres lecteurs existent, bien sûr. Le plus populaire des services, qui est aussi un lecteur, est Feedly, qui fonctionne un peu sur le même principe, même s’il n’y a pas de publicité directement. Il intègre par contre moins de possibilités. Il lui manque notamment la souplesse de gestion des étiquettes d’Inoreader et la possibilité de créer un flux RSS sortant à partir d’un dossier particulier.

Reeder 4, l’interface

Vous pouvez voir à gauche la liste des catégories d’abonnements, qui ne présente que les catégories contenant des articles non lus (puisque comme vous le voyez sur le volet du milieu, c’est l’icône en forme de point rond qui est sélectionnée, symbolisant les articles non lus) et leur nombre dans chaque catégorie.

Le volet du milieu présente donc la liste des articles non lus dans la catégorie sélectionnée, quel que soit le site d’origine.

Et sur le volet de droite, l’article lui-même, soit dans le format brut du RSS, soit sur le site lui-même en cliquant sur le titre. Vous remarquerez qu’on peut aussi, en se servant des boutons en haut à gauche, envoyer l’article par mail, et le partager de diverses manières.

On peut aussi mettre des articles en favoris en leur attribuant le symbole de l’étoile. Cela vous permet de les archiver pour les retrouver plus tard.

Inoreader, l’interface web

Chez Inoreader, c’est presque pareil, mais c’est moins joli et moins pratique pour y naviguer, à mon avis. Il existe cependant une application iBidule ou Android, mais elle ne m’a pas convaincu non plus.

Je ne me sers de cette interface que pour intégrer de nouveaux abonnements, notamment quand il s’agit de flux RSS un peu exotiques (les flux de YouTube dont je parlais plus haut).

Plus intéressant, Inoreader possède la capacité de classer directement des flux dans des catégories, de créer des dossiers intelligents (c’est-à-dire qui se mettent à jour automatiquement suivant des critères que vous aurez programmés à l’avance), voire de sortir un seul flux RSS à partir de ces dossiers qui regroupent tout un tas de flux que vous avez patiemment collectés.

Le service vous prévient aussi lorsque des flux sont brisés (par un mauvais réglage du site source par exemple) ou n’ont pas eu de nouveau contenu depuis longtemps (ici, un blog n’ayant pas publié depuis 2015… vais-je continuer à le suivre ?)

Trouver l’adresse du flux RSS qui correspond à un site

Mais une fois que vous avez le flacon, il manque le plus important : l’ivresse !

Pour cela, il faut d’abord trouver un site auquel vous avez envie de vous abonner. Mettons, par exemple, le site d’un sympathique écrivain et néanmoins médecin aux penchants ophidiens (ce n’est pas une insulte ni une perversion).

Il vous suffit pour cela de repérer sur le site une icône qui ressemble beaucoup à celle du Wifi, mais souvent de couleur orange, représentant un point diffusant des ondes concentriques sur un quart de cercle environ. Cette icône.

Sur d’écaille & de plume, le site du sympathique écrivain en question, c’est assez facile, c’est tout en bas à droite. Et ça ressemble à ça.

Vous copiez le lien vers lequel pointe l’icône (en faisant un clic droit par exemple). Et vous collez ce lien soit dans l’interface d’Inoreader en haut à gauche, soit dans celle de Reeder 4 en cliquant sur le symbole + situé dans le volet de gauche et en collant l’adresse du lien dans le champ Feed.

Et voilà le travail !

Cependant, c’est parfois plus difficile.

Comme les flux RSS sont une technologie remontant à la préhistoire du web, avant les réseaux commerciaux, ils sont tombés en désuétude et ne sont plus vraiment mis en avant. Il peut donc arriver que vous cherchiez en vain la petite icône orange caractéristique, ou qu’elle soit difficile à trouver.

Vous avez dans ce cas deux solutions.

La première, si le site que vous visitez est motorisé par WordPress, un programme de création de sites qui équipe pas moins de 30 % de l’ensemble de la Toile tant il est populaire car facile à paramétrer. Dans ce cas, vous avez de la chance, car WordPress est conçu dès le départ pour diffuser des flux RSS. Pour trouver le flux principal du site, vous n’avez qu’à accoler /feed à l’adresse internet du site. Par exemple https://decaille-deplume.fr/feed est l’adresse du flux RSS d’écaille & de plume.

Deuxième solution, si le site qui vous intéresse n’est pas motorisé par WordPress. C’est plus compliqué.

Vous pourrez visiter cette page qui donne quelques indications.

Vous pourrez aussi essayer de demander à Inoreader, qui sait faire cela tout seul.

Et parfois, cependant, même lui ne saura pas retrouver de flux RSS car le webmaster du site aura désactivé la production du flux. Le même auteur que précédemment vous donne quelques pistes pour contourner cela, mais ce n’est pas très probant, d’après mes essais. Dans ce cas, pas d’autre choix que d’abandonner (et de vous plaindre au webmaster ?).

Et si vous voulez produire un flux à partir de votre site ?

Tout ce qui précède est valable si vous voulez lire des flux RSS, mais peut aussi être utile à connaître si vous désirez produire votre propre flux, depuis votre propre site. En effet, savoir comment vos articles apparaîtront dans le flux RSS de vos lecteurs est tout de même assez important.

Il y a cependant quelques précisions supplémentaires à apporter pour vous aider à diffuser votre flux personnel.

Si votre site ou blog est sous WordPress

Premier cas de figure, que je connais le mieux parce que c’est celui d’écaille & de plume.

Comme nous l’avons vu, le flux RSS natif est assez simple à trouver. C’est l’adresse de votre site à laquelle vous aurez rajouté/feed.

Cependant, vous pouvez aller plus loin en déterminant combien d’articles vous voulez mettre dans votre flux à tout moment, et si à chaque fois le flux envoie un résumé de l’article ou l’article en entier. Vous pouvez lire cela ici.

On peut encore aller plus loin.

Avec le plugin Yoast SEO, vous pouvez ajouter du contenu avant ou après le texte de votre flux RSS. Par exemple en signant automatiquement, de manière à ce que votre flux ne soit pas capté et usurpé.

D’autres plugins vous permettent aussi de calibrer les images de vos flux.

Si votre site ou blog n’est pas motorisé par WordPress

Alors là, je ne maîtrise vraiment pas. La plupart des plateformes d’hébergement de blog ont une option pour activer ou paramétrer les flux RSS. C’est une option souvent négligée de nos jours, mais j’espère qu’elle va reprendre du poil de la bête !

Quelques considérations sur le flux RSS et la fréquentation d’un site

Certains d’entre vous auront peut-être déduit seuls que de par sa nature même, le flux RSS permet à un internaute de lire votre site ou vos articles de blog sans le visiter réellement. Ce n’est pas faux.

Cela peut poser problème à ceux qui voudraient absolument que leurs visiteurs soient vraiment présents sur le site lui-même, soit parce que leurs articles font appel à des mises en page particulières – par exemple des modules interactifs qui ne sont pas bien rendus en RSS, qui est une technologie un peu fruste… ce peut être le cas de certaines images, de sondages, de vidéos parfois – soit parce qu’ils monétisent leur fréquentation de site.

Dans ce cas-là, vous pouvez paramétrer votre flux pour qu’il ne présente qu’un extrait de l’article, dont vous pouvez régler la longueur. Votre lecteur devra cliquer vers votre site pour lire la suite.

Il peut cependant être intéressant de se poser la question suivante : le plus important pour vous est-il d’être lu par beaucoup de monde, ou d’être lu sur votre site par moins de personnes ? La réponse peut être différente pour chacun et chacune d’entre nous.

Et le microblogging ?

Une autre conséquence de l’utilisation des flux RSS est de revenir en arrière sur une évolution majeure de la Toile depuis l’apparition des réseaux commerciaux : seuls ceux qui possèdent un site ou un blog peuvent produire un flux, donc s’exprimer. Adieu donc ce que l’on appelle le microblogging, terme regroupant les petites phrases souvent lapidaires, ou les courts messages, que l’on peut laisser sur le Livre des Visages ou sur le Piailleur (qui en plus est limité à 240 caractères).

Au risque de choquer nombre de personnes, parce que ce que je vais expliquer est très politiquement incorrect, j’ai envie de dire : tant mieux !

Je n’ai pas toujours pensé cela, c’est vrai, mais le microblogging a de mon point de vue un énorme défaut. Il fait croire que tout le monde a toujours quelque chose d’intéressant à dire, et plus encore, à dire sur lui et de lui. Or, je le dis et l’affirme : c’est faux. Certaines personnes n’ont rien d’intéressant à dire. Et chacune et chacun d’entre nous passe par de longs moments sans avoir quelque chose d’intéressant à dire, moi compris. Il y a certaines pensées que le monde n’a pas besoin de connaître de nous. Certains actes qui peuvent rester privés (tout le monde se contrefiche, vraiment, de ce que je mange et comment le plat est présenté). Et certaines choses, si importantes pour nous, qui, désolé de l’apprendre à notre ego surdimensionné de petits humains insignifiants, n’ont aucune sorte d’intérêt pour quiconque à part nous-mêmes. Notre hubris s’est-il tant dilaté que nous puissions penser que tout dans notre existence soit si intéressant pour s’en glorifier à tout bout de champ dans un porte-voix et le crier sur les toits à toute la planète ?

Sérieusement ?

Je crois sincèrement que nous devrions moins bavarder à tort et à travers. Et plus réfléchir.

Que nous devrions prendre le temps de penser à ce que nous voulons dire, et comment nous voulons le dire.

Ça évitera certainement nombre de polémiques stériles, de prises de bec idiotes alors que les gens sont d’accord mais ne parviennent pas à entendre les mots de l’autre en réagissant épidermiquement et dans l’instant, et une foultitude d’insultes, d’incompréhensions, de drames.

En dehors de certaines personnes qui publient des choses passionnantes (mais j’en ai toujours été frustré parce que la limite des 240 caractères est vraiment un frein à la compréhension) comme @Emma_Hollen ou @lebizarreum1, ou encore @alexe, @qffwffq et quelques autres, Twitter ne me satisfait plus. Car j’y trouve vraiment trop d’impulsivité.

Et je crois vraiment que nous devrions moins écouter cette impulsivité, encouragée par le design même des réseaux commerciaux, avec leurs notifications, leur course aux likes et aux retweets, au nombre de followers et d’amis. Alors que les professionnels du fonctionnement cérébral expliquent que l’impulsivité va à l’encontre de nos intérêts cognitifs.

Tout ce temps économisé à ne plus twitter nos états d’âme du moment de façon compulsive, nous pouvons l’utiliser à nombre d’autres activités beaucoup plus importantes, voire vitales. D’abord, vivre, justement, et c’est déjà beaucoup. Recommencer à regarder la Nature autour de nous, à parler aux autres, à rêver. Ensuite, à construire une véritable réflexion. À en débattre sainement, en écoutant réellement les arguments développés de chacun. En prenant le temps de cela. C’est-à-dire en évitant les formules lapidaires de Twitter et les pseudo-analyses de Facebook. En construisant un véritable raisonnement. Et en le soumettant sur un blog ou un site.

Peut-être qu’alors nous serions capables de collectivement trouver des solutions aux problèmes qui se posent à notre société.

Mais pour cela il faut sortir de l’idée fallacieuse inculquée par les réseaux commerciaux que tout le monde voudrait savoir ce que nous avons mangé à midi et combien c’était bon. Je vais vous le dire sans ambages : je m’en fous complètement. Par contre, je serais très intéressé de savoir en détail comment faire pour réaliser la recette, avec tous les petits trucs que l’on peut transmettre quand on en prend le temps.

Donc, que le fait de publier un article de blog ne soit pas aussi simple et rapide qu’un tweet, c’est pour moi une bonne chose. Et quitte à paraître élitiste, ou politiquement incorrect encore une fois, je pense qu’un minimum d’investissement mental est important avant de s’exprimer.

Je ne jette la pierre à personne en disant cela, j’ai moi-même à lutter contre cette tendance très moderne et très humaine de l’égocentrisme. J’essaie de moins parler, de moins dire, et de plus réfléchir. Et je sais que ce n’est pas facile dans notre société…

And soon, the world!

Vous l’aurez compris, le RSS, c’est bien. Le RSS c’est bon. Mangez-en.

Mais on pourrait aller encore plus loin, comme le suggérait en plaisantant à moitié Lionel Davoust : en ressuscitant les Webrings.

Qu’est-ce qu’un Webring ?

Une autre technologie de la préhistoire des internets, dans les années 1990. Il s’agissait de permettre à des sites partageant le même centre d’intérêt d’être reliés au sein d’une structure circulaire informelle, matérialisée sur chacun par un petit menu de navigation permettant de les visiter successivement. Lorsque vous entriez sur un site, vous pouviez choisir de visiter le site suivant sur l’anneau (le ring), ou le site précédent, ou sauter sur un site aléatoire dans la structure.

Cela améliorait singulièrement la visibilité de chacun des sites, car je vous parle d’un temps où les moteurs de recherche n’étaient que très peu efficaces, avant donc le référencement de Google.

D’ailleurs, j’ai creusé le sujet, et figurez-vous que certains ont mis la technologie à jour de manière à la rendre décentralisée et à nouveau opérationnelle pour qui désirera.

L’idée a beau être ancienne, elle peut faire sens lorsque l’on cherche à bâtir ensemble une communauté à partir de ce que chacun amène, c’est-à-dire son propre espace virtuel. On recrée un réseau.

Je serais bien tenté.

Des volontaires ?

Une bannière de Webring des années 1990

Ce que pourrait être une bannière de Webring des années 2020

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Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Dans les rouages d’écaille & de plume, Scrivener

Dans les rouages d’écaille & de plume, Scrivener

Dans les rouages d’écaille & de plume, Scrivener

Cela fait presque six années maintenant que j’ai ouvert cet espace numérique qui me sert à la fois de carnet de notes public, de tribune pour mes coups de cœur ou mes coups de gueule, d’exposition pour mes projets artistiques, de lieu d’échange.

Malgré les aléas de la vie réelle, je continue d’y poster mes élucubrations, mois après mois, même si c’est de façon un peu moins régulière que pendant les quatre premières années.

Si vous me suivez depuis le début, vous avez pu remarquer certaines de mes marottes, et aussi une évolution.

Comme tout un chacun je change au fil du temps.

Il m’est donc arrivé, ici ou là, dans la vie réelle comme dans cette vie numérique, de me tromper (ne l’ébruitez pas autour de vous, mais c’est assez fréquent, beaucoup plus que je ne le voudrais, puisque malgré tous mes efforts pour retrouver ma nature profonde de lutin, je reste un être humain), et plus étonnant encore de nos jours, de changer d’avis.

S’il est d’ailleurs un domaine où je change souvent d’avis, c’est en ce qui concerne les outils technologiques que j’utilise.

C’est ainsi que j’ai pu par le passé clamer haut et fort que Scrivener n’était pas un outil qui correspondait à ma façon de voir les choses… et c’est ainsi que je me suis ravisé il y a un an tout juste.

Les convertis étant toujours les zélotes les plus dangereux, j’ai pris l’habitude d’utiliser Scrivener à tout bout de champ lorsque j’avais quelque chose à écrire, au point d’en avoir délaissé mes idoles passées, comme LibreOffice. Comme il aurait été dit à Clovis :

Courbe la tête, fier Sicambre, abaisse humblement ton cou. Adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré.

Vous savez que j’utilise Scrivener pour mes romans. J’aime la façon dont le logiciel me permet de structurer ma pensée et de me concentrer sur l’écriture au lieu de la mise en page, même si, indécrottable que je suis, je pense toujours à celle-ci en parallèle, mais dans d’autres logiciels. Je ne suis plus distrait pendant l’acte primordial, lorsque le texte coule en longues tirades faciles ou même en courtes saccades laborieuses.

Mais je l’ai aussi adopté pour des écrits plus professionnels, comme un mémoire rédigé pour valider une formation, ou pour des lettres structurées à des administrations, à des confrères… Je n’ai pas encore essayé pour écrire un scénario de jeu de rôle, mais j’y pense sérieusement…

Et voici maintenant que je l’utilise aussi pour écrire mes articles ici !

Cela devient véritablement une manie, une obsession.

J’étais à deux doigts de consulter…

Et puis, comme vous commencez à connaître le plaisir que j’ai à partager mes coups de cœur, je me suis dit que la meilleure thérapie pour moi serait de présenter la manière dont je m’y prends pour écrire mes articles avec Scrivener.

Cerise sur le gâteau, si vous êtes sages, je vous livrerai en prime mon fichier de modèle (ou comme on dit dans la langue de Greg Stafford, mon template) avec les modèles de compilation.

Je dois préciser cependant que cet article n’est en rien lié commercialement à Scrivener, et en est donc totalement indépendant.

Scrivener, petite présentation

Mais qu’est-ce donc que Scrivener ? Vous demandez-vous avec curiosité.

Scrivener, dont j’utilise la troisième version sur Mac, est un logiciel à la fois d’une simplicité désarmante et d’une complexité stupéfiante. C’est un studio d’écriture.

Comparaison n’est pas raison, mais on peut tout de même expliquer son concept en partant de ce que tout le monde connaît : le traitement de texte, qui est à la fois le cœur de Scrivener tout en étant finalement très éloigné de ce qu’il est réellement.

Dans un traitement de texte comme Word que tout le monde a déjà ouvert une fois dans sa vie, ou LibreOffice que j’avais pour ma part préféré adopter, vous écrivez votre texte dans une interface où les pages s’enchaînent de façon linéaire, comme si vous dérouliez un interminable rouleau de papier. Vous y disposez également d’outils qui vous permettent de déterminer la mise en page finale de votre texte au même moment où vous l’écrivez, et voyant directement l’apparence qu’auront vos mots lorsque tout le document aura été écrit. Même si vous utilisez des styles, une bonne pratique qui est recommandée par tous les professionnels de l’écriture, car elle permet de changer facilement l’apparence de votre texte en fonction de sa structure, votre document sera formaté pour une taille de page bien précise, avec des marges bien précises, des choix de mise en page que vous aurez pensés à l’avance, comme des numéros de page, un sommaire, et j’en passe.

Le fond et la forme seront tellement liées l’une à l’autre que transposer le texte dans une autre forme, même en changeant l’apparence des styles, sera long et complexe.

Une autre conséquence de ce long rouleau de papier virtuel se fera sentir lorsque vous devrez corriger le texte, ou bien faire référence à la fin à un passage qui se trouve perdu au milieu et pour lequel vous devez retrouver des éléments précis, comme une phrase ou juste quelques mots, voire vous rappeler de la description physique d’un personnage que vous aviez juste croqué en passant sans lui faire de fiche. Vous retrouver dans un document de plus d’une centaine de pages va être long.

Bien sûr, il existe la possibilité de mettre des signets, des références dans le texte, mais cela implique de savoir à l’avance que votre passage sera important pour la suite. Que faire si vous le découvrez en cours de route ? Vous devez vous servir des ascenseurs interminables à droite de la fenêtre principale de votre traitement de texte pour faire dérouler tout le document, en perdant un temps fou à chercher les quelques mots qui peuvent être flous dans votre mémoire. Vous devez peut-être vous servir de la fonction Rechercher et remplacer, dont l’efficacité est parfois sujette à caution si vous n’avez qu’une vague idée de ce que vous cherchez.

Bref : vous perdez du temps.

Avec Scrivener, dès le début vous travaillez avec un paradigme différent sur ces deux points précis.

Votre texte est scindé en petites unités que vous déterminez vous-même, avec un titre qui peut vous aider à facilement le retrouver, avec des notes, des mots-clefs, des signets, et même un résumé qui sont attachés à chacune de ces unités. Elles peuvent faire la taille de votre roman, comme dans Word, mais aussi la taille d’un chapitre, d’une partie de chapitre, d’une scène, d’une phrase, d’un mot si vous le désirez. Et vous pouvez organiser et réorganiser l’ordre de ces unités à votre guise.

Il devient très facile de retrouver un élément.

Plus encore lorsque l’on sait que l’on peut stocker toutes les informations nécessaires à l’écriture, comme la recherche iconographique ou historique, des fiches de personnages ou de lieux, dans la même interface et suivant le même principe.

Vous pouvez bien entendu voir et travailler sur chaque unité séparément, mais aussi sur l’ensemble en une seule vision globale comme si vous étiez dans un traitement de texte.

Quant à votre texte lui-même, d’ailleurs, il s’étale dans chaque unité comme s’il était inscrit sur une fiche, avec bien entendu des styles pour en marquer certaines particularités. Mais sa mise en forme n’est au départ pas déterminée lorsque vous écrivez.

C’est plutôt le travail d’une opération unique à Scrivener que l’on appelle la compilation, qui permet de formater le même texte de façon très différente en fonction de ce que l’on veut en faire : un brouillon, une épreuve de correction, un texte fini, mais lequel ? Une lettre, un rapport, un livre papier, un livre électronique ? Un article ?

Le fond du texte est clairement séparé de sa forme, ce qui permet une grande liberté et une plus grande rapidité dans les processus de publication ensuite. Cela n’empêche pas de choisir avec quelle police de caractères le texte s’affiche lorsque vous écrivez, de déterminer une apparence pour des styles lorsque vous devrez marquer une partie comme état importante, mise en évidence, comme étant une citation ou un bloc de code. Au contraire. Mais votre marquage ne sera finalement que cela : un simple marquage. Vous pourrez ensuite décider de façon très simple d’ignorer certaines marques, certains styles, voire de ne pas publier les parties marquées d’un style en particulier lors de la publication dans un rapport alors que pour vos archives vous pourrez autoriser ces parties de texte à être imprimées. Et vous pourrez décider comment chaque style apparaîtra dans des publications différentes.

Par exemple, décider pour un roman que la version classique verra les portions importantes en italique alors que dans la version luxe ces portions seront affichées selon une fonte différente, en petites majuscules.

La compilation est sans doute l’étape la plus complexe à comprendre et à appréhender, voire à maîtriser, de Scrivener, mais c’est aussi elle qui permet d’en goûter le plus la souplesse et la puissance.

En fait, le principe de Scrivener ressemble beaucoup à la façon dont sont conçus les sites sur internet à notre époque.

Sur un site internet, l’information que vous voyez à l’écran est séparée en deux dans le code.

D’un côté — c’est ce que l’on appelle le fichier HTML — le texte lui-même avec des balises permettant de savoir quelles parties sont importantes, lesquelles sont des citations, lesquelles sont des liens, et d’un autre côté un fichier – appelé CSS – qui décrit comment chacune de ces balises doit être montrée à l’écran, leur style.

Cette séparation permet beaucoup de choses, notamment le fait que le même article d’un site puisse être montré un peu différemment sur un ordinateur (avec une police de caractères particulière par exemple) ou sur un téléphone (une police plus grosse, par exemple).

Apprendre à se servir de Scrivener est assez simple une fois qu’on en a compris les principes. Vous pourrez trouver sur le net quantité de tutoriels en français comme en anglais. Il existe même des formations payantes en ligne, qui franchement me semblent plutôt inutiles si l’on accepte d’expérimenter soi-même un peu. Nous avons affaire à un logiciel extrêmement versatile dans les usages qu’on peut en faire et comportant une myriade d’options certes, mais ce n’est pas non plus un casse-tête au point de payer des centaines d’euros pour en exploiter les nombreuses possibilités.

Le mécanisme derrière le rideau d’écaille & de plume

En plus du côté très pratique et agréable de Scrivener, c’est cette similitude de principe qui m’a conduit à envisager de l’utiliser aussi pour écrire les articles de mon site, qui est motorisé, comme une grande majorité des sites modernes, par le code de WordPress.

Habituellement, l’interface qui permet d’écrire à l’aide de WordPress est très inspirée des traitements de texte classiques comme Word et ressemble à ceci.

Ma façon de faire lorsque d’écaille & de plume est né fut donc d’écrire directement dans cette interface, avec deux écueils principaux. Tout d’abord ceux du paradigme d’un traitement de texte comme je vous les ai exposés plus haut. Mais surtout se rajoutait l’inconvénient de dépendre d’une connexion internet pour écrire (ce qui n’est pas toujours possible), ce que j’ai trouvé très inconfortable, voire dangereux, car à plusieurs reprises j’ai dû réécrire des articles parce que la connexion internet n’avait pas été fiable et que mon travail n’avait pas été enregistré. De même, tous mes premiers articles étaient uniquement stockés sur internet, et je n’en possédais pas de copie hors-ligne.

J’ai donc décidé de changer de méthode et d’écrire mes articles d’abord hors-ligne, en utilisant un traitement de texte, pour copier et coller le résultat final dans l’interface de l’éditeur de WordPress.

Comme tous les sites internet, d’écaille & de plume est produit avec un code HTML mis en forme par un fichier CSS.

L’idée s’est donc imposée très vite d’écrire avec Scrivener, puis d’exporter, de compiler le travail ainsi accompli pour qu’il soit parfaitement intégré à WordPress.

Et plutôt que de bêtement copier-coller le texte, je pouvais me servir de sa fonction de compilation pour exporter non seulement les balises marquées par les styles, mais aussi les liens internet.

J’ai donc déterminé des styles personnalisés qui sont basés sur les balises classiques du HTML (comme <i>, <em>, <b>, <strong>, <blockquote>, etc.), et ensuite un modèle de compilation qui permettait d’obtenir un code HTML propre contenant les balises utilisées dans le texte. Le tout est regroupé dans un fichier de modèle (ou template) que vous pouvez importer dans vos propres modèles de Scrivener.

Le fichier modèle d’article

Ce modèle (template) a été pensé pour faciliter l’écriture de posts ou de pages sur WordPress en se servant de l’éditeur classique TinyMCE, ou même avec Gutenberg. Il n’est hélas pas directement utilisable avec les constructeurs de pages comme Divi. Il faudra d’abord en passer par l’étape éditeur classique auparavant.

Il est conçu pour sortir un fichier HTML5 via la syntaxe MMD (MultiMarkdown). Une fois compilé, il suffit de copier le code HTML compris entre les balises <body> du fichier (en ouvrant ce dernier avec votre éditeur de code préféré, chez moi c’est Espresso), et de le coller dans l’onglet texte (et non dans l’onglet visualisation) de l’éditeur de WordPress.

En basculant ensuite sur l’onglet visualisation, votre texte devrait apparaître comme mis en forme.

Le modèle comporte des styles très fréquents dans les articles, comme la mise en emphase (style Mise en évidence), ou le texte fort (style Strong), la combinaison des deux (style Strong & italic utilisé pour distinguer le titre d’une œuvre par exemple), voire le texte barré (style Barré).

Il est capable aussi de reconnaître les citations (style Bloc de citation) qui peuvent être insérées comme vous le désirez en bloc.

Il gère la mise en forme du code (style Bloc de code) et les balises <code> (style Balise span).

Et encore plus, les liens d’écaille & de plume.

Pour les insérer, tapez le texte, sélectionnez celui qui sera visible pour le lien, et dans Scrivener cliquez sur Édition > Ajouter un lien... en choisissant Aucun préfixe. Vous tapez l’adresse du lien, et le tour est joué !

Je ne conseille pas de s’occuper des images directement dans Scrivener, car WordPress a une façon bien à lui de les gérer. Mieux vaut les insérer une fois le texte à l’aise dans l’éditeur de votre blog.

La hiérarchie des sections a été pensée pour que les titres soient balisés seulement à partir de<h2>, laissant la balise <h1> seulement pour le titre de votre article dans WordPress, comme il est recommandé par les bonnes pratiques du SEO.

La compilation se fait exclusivement via le format MultiMarkdown, mais peut sortir deux types de fichiers.

Tout d’abord un fichier HTML, qui sera utilisé pour publier l’article sur WordPress, en copiant tout ce qui se trouve entre les balises <body> et en le collant dans l’éditeur du blog.

Ensuite, un fichier RTF qui servira éventuellement à archiver le fichier, ou ensuite à le transformer en PDF.

Compilation vers HTML, petit tutoriel

En sélectionnant le format de compilation Article de blog d'écaille & de plume, veiller à bien choisir une compilation MultiMarkdown -> Web Page (.html).

Dans les paramètres de compilation (la roue dentée dans le panneau de droite, située à droite de l’étiquette symbolisant les métadonnées), veiller à bien cocher Convertir le texte enrichi en MultiMarkdown. C’est la condition pour que les styles embarqués dans l’article soient bien retranscrits dans le fichier HTML.

Dans l’éditeur de code

Le résultat dans l’éditeur de code sera une syntaxe HTML comme celle-ci.

<!DOCTYPE html>
<html xmlns="http://www.w3.org/1999/xhtml" lang="en">
<head>
<meta charset="utf-8"/>
<title>Template blog</title>
<meta name="author" content="Germain HUC"/>
</head>
<body>

<h2 id="sectiondelarticle">Section de l’article </h2>

<p>Du texte</p>

<h3 id="sous-sectiondarticle">Sous-section d’article </h3>

<p>Encore du texte</p>

<h4 id="sous-sous-sectiondarticle">Sous-sous-section d’article </h4>

<p>Du texte toujours.</p>

<p>Et un texte sans titre.</p>

</body>
</html>
Résultat de la compilation en HTML

Il ne vous restera plus qu’à copier tout ce qui se situe entre les balises <body> et à le coller dans l’éditeur de WordPress. Votre article est prêt.

Le présent du Serpent à Plume

Vous pouvez télécharger ce modèle pour Scrivener et le modifier selon vos goûts et vos besoins.

Je vous encourage même à le faire, parce que vous verrez que Scrivener n’est jamais plus efficace que lorsque vous l’avez modelé à vos habitudes, à votre façon unique de vous en servir.

Vos retours et vos expériences sont d’ailleurs les bienvenues sur cet espace.

En attendant, bonne écriture !

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Dans la mémoire du Serpent à Plumes

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Making of a book, partie 4 : du fichier au papier

Making of a book, partie 4 : du fichier au papier

Making of a book, partie 4 : du fichier au papier

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Introduction

Une fois que votre livre a été écrit, mis en page et doté d’une couverture, ou peut-être même bien avant que toutes ces étapes aient été franchies, vous devez accomplir certaines formalités si vous désirez aller jusqu’à l’éditer vous-même.

Car si le travail de l’auteur s’arrête généralement à l’écriture du texte, le rôle de l’éditeur consiste à véritablement le faire naître au monde. Pour cela, comme s’il s’agissait d’un être vivant, présenter un livre au reste de l’univers requiert quelques règles et quelques rituels.

ISBN

Votre livre a un titre, ce qui sera son nom. Il a un ou plusieurs auteurs, un ou plusieurs illustrateurs, un ou plusieurs contributeurs, qui seront ses parents. Il a une date de publication, qui sera sa date de naissance.

Comme pour la venue au monde d’un enfant, votre premier geste sera donc de déclarer sa naissance à l’état civil.

Dans le monde de l’édition, un acte de naissance porte le nom exotique et un peu barbare d’ISBN ou Internation Serial Book Number. Ce code à 13 chiffres sera l’identifiant unique du livre, un peu comme sa carte d’identité. Il permet de connaître le type de publication, sa zone géographique, l’éditeur, et le numéro de l’ouvrage chez l’éditeur.

L’obtenir est assez simple en France. Il suffit de contacter l’AFNIL (Agence Francophone pour la Numérotation Internationale du Livre) via son site internet. Par retour de mail, vous recevrez un identifiant d’éditeur, un segment d’ISBN, et une liste de numéros ISBN à utiliser sur ce segment, dans l’ordre chronologique de vos publications.

Il vous suffira de garder cette liste en lieu sûr et de noter, par exemple comme je le fais dans un fichier, à quelle édition correspond chaque numéro ISBN que vous utiliserez.

Ainsi, l’ISBN de la première édition brochée du Choix des Anges est 9 791 093 734 019.

Ce sésame sera indispensable pour déclarer la naissance de votre enfant de papier, car si l’ISBN est sa carte d’identité, l’officier de l’état civil qui enregistrera sa venue au monde n’est autre, dans notre pays, que la Bibliothèque Nationale de France (BnF) via son Dépôt légal.

Dépôt légal

Prenant racine dans la pratique des copistes de la célèbre Bibliothèque d’Alexandrie, qui confisquaient chaque livre pour le copier et en entreposer ainsi un exemplaire au sein de la gigantesque institution, le dépôt légal est une manière pour chaque pays de conserver son patrimoine écrit à l’abri des destructions et des pertes.

Ainsi, chaque livre qui est publié en France doit être conservé en un exemplaire à la Bibliothèque Nationale.

Pour ce faire, il vous suffit là encore de vous rendre sur internet, sur le site de la BnF. Vous y déclarez la publication de votre livre, et téléchargez le bordereau d’envoi de l’exemplaire que vous destinez au dépôt légal.

Mieux vaut faire cette déclaration un peu en avance par rapport à la publication effective de votre livre, car la BnF doit avoir reçu son exemplaire au plus tard le jour de la mise à disposition au public de votre œuvre.

Impression à la demande

Les démarches administratives liées au livre terminées, vous pouvez penser au plus important : comment le faire imprimer et distribuer à moindres frais pour vous et vos lecteurs, avec une qualité satisfaisante.

Le temps où les technologies imposaient d’imprimer en très grande quantité pour diminuer le coût de chaque exemplaire est heureusement révolu, et l’avènement de ce que l’on appelle l’impression à la demande permet deux révolutions majeures.

La première est de rendre le coût d’impression d’un seul exemplaire pratiquement égal à celui d’un millier, donc d’éviter aux auteurs comme aux éditeurs de débourser une somme faramineuse comme mise de départ. Cette grande révolution a encouragé l’apparition de l’auto-édition, et la rend non seulement possible, mais viable. Elle rend d’ailleurs l’importance et la nécessité de l’éditeur plus fragile, comme je vous l’avais exposé il y a quelques années déjà. À tel point que l’on peut se demander si entrer dans une maison d’édition lorsque l’on est auteur est véritablement une bonne idée.

Je vous spoile : à mon avis plus du tout. Cet avis est d’ailleurs partagé par quelques-uns dans le monde du livre, et pas des moindres

La seconde est le corollaire direct. Auparavant, quand on devait faire imprimer cinq mille exemplaires d’un roman dès sa naissance, et que l’on n’en vendait qu’une dizaine, la détestable habitude de l’industrie qui ne pouvait s’offrir en plus du coût de l’impression celui du stockage improductif de tant de papier dans des entrepôts pleins à craquer était de les envoyer au pilon : les exemplaires restants (soit quatre mille neuf cent quatre-vingt-dix dans notre exemple) étaient détruits. Oui. Détruits. Purement et simplement. Comme un autodafé institutionnalisé… En plus du geste symbolique qui m’arrache le cœur rien que d’y penser, le gâchis de ressources financières et écologiques est absolument incroyable…

Imprimer votre livre passera donc obligatoirement, même si vous avez des reins financiers solides, par de l’impression à la demande.

Plusieurs options s’offrent à vous.

Les plus connues sont lulu.com et CreateSpace, filiale d’Amazon, même si cette dernière est contestée.

Pour ma première expérience en auto-édition, j’ai tout de même choisi CreateSpace.

Pourquoi ?

Parce que je voulais essayer de limiter le nombre d’intermédiaires et qu’au final Amazon est une plaque tournante du monde de l’auto-édition. J’entends les critiques qui lui sont formulées, notamment par Neil Jonunsi, dont j’admire la démarche. Sa réflexion et mes propres envies se rejoignent peu à peu, et il est probable que mes prochains livres soient imprimés et distribués autrement.

CreateSpace : processus de commande de votre livre

Pour illustrer ce processus, prenons l’exemple du Choix des Anges.

Première étape, créer un compte sur CreateSpace, via leur site, puis accepter leurs conditions d’utilisation.

Sélectionner Set up your book now pour commencer vous-même la conception. Puisque tous vos fichiers sont désormais prêts grâce aux épisodes précédents de cette série d’articles, cela va aller très vite.

L’étape suivante consiste à enregistrer les données principales de votre livre. Son titre, son auteur (vous !), de quelle édition il s’agit (une première édition, probablement).

Puis l’on vous demande s’il s’agit d’un livre en noir et blanc ou en couleur. Bien évidemment un roman n’a que rarement besoin de pages intérieures en couleur, j’ai donc choisi noir et blanc. Vous devez aussi trancher un débat philosophique qui agite les forums d’auteurs en deux camps irréconciliables. Ce débat qui change la face du monde à chacune de ses itérations est le suivant : papier blanc ou papier crème ? Je fais résolument partie des prosélytes du papier blanc, mais j’admets à ma table les fanatiques du papier crème, je ne suis pas sectaire…

Puis on vous demande d’indiquer la fameuse trim size, ou taille de coupe de votre livre. Son format. Pour Le Choix des Anges, j’ai choisi un format A5 (148mmx210mm) qui n’est hélas pas un standard pour Amazon (les anglo-saxons et leurs unités non métriques !). J’ai dû sélectionner une custom trim size (ou taille de coupe personnalisée), qui correspond pour du A5 à 5,83 pouces par 8,27 pouces.

Veillez à sélectionner la case Ends before the end of the page dans l’option bleed. Cela indique à CreateSpace que vous n’avez pas d’images intérieures qui doivent être imprimées jusqu’au bord de la page, ou d’autres « bords perdus ». Si vous passiez outre, l’outil risquerait de redimensionner votre maquette pour amener votre texte jusqu’au bord de la page. Or, comme nous l’avons vu dans l’épisode 2 de cette série, une marge confortable est souhaitable sinon indispensable pour la lecture.

Cochez la case Interior reviewer, qui lancera automatiquement un processus de visualisation de votre maquette, afin de vérifier que chaque page soit bien positionnée.

Et vous pouvez enfin indiquer en cliquant sur Browse le chemin sur votre ordinateur du fichier de votre maquette intérieure. Après quelques minutes d’attente, ce fichier aura été téléversé vers les serveurs de CreateSpace.

Là, le site va automatiquement analyser votre fichier pour détecter d’éventuelles erreurs dans votre maquette.

Une fois ce travail effectué, cliquez sur le bouton qui vous propose de lancer l’outil de révision (Launch Interior Reviewer) et vérifier dans cet outil que vos pages s’affichent comme vous le désirez (ce qui, si vous avez suivi mes conseils, ne devrait poser aucun problème).

Étape suivante, la couverture. Là encore un débat philosophique vous attend. Couverture brillante (glossy) ou mate ? Chacun ses préférences. J’ai opté pour la finition brillante, j’avoue, au hasard…

Vous pouvez téléverser le fichier de votre couverture, vous savez, celui que nous avons préparé dans l’épisode précédent ?

Une page récapitulative vous permet de vérifier que vous n’avez rien oublié ou que vous n’avez pas commis d’erreur.

Enfin, vous sélectionnez votre Canal de distribution.

Canal de distribution

Imprimer le livre, c’est bien, le distribuer pour qu’il soit vu et lu par le plus grand monde, c’est mieux.

Autant les technologies d’impression à la demande permettent de s’affranchir des coûts et des principales difficultés de l’impression, autant le dilemme de la distribution la plus large possible reste presque entier.

La distribution et la diffusion feraient d’ailleurs un bon sujet pour de nombreux articles en soi, tant elles sont le principal point d’achoppement de la production d’un livre.

Néanmoins, si vous avez choisi Amazon via sa filiale CreateSpace, votre propre choix sera plus facile, car ce sera Amazon qui se chargera, via son site, de la distribution à vos lecteurs. On peut détester cela (et je le comprends), mais Amazon, de par sa notoriété, pourra toucher un public énorme de lecteurs potentiels. Il suffira de dire : « mon livre est disponible chez Amazon », et toute personne intéressée pourra facilement le trouver et le commander, pour se le faire livrer dans presque tous les pays du monde.

Vous devez donc indiquer à CreateSpace pour quels canaux de distribution vous optez.

Il en existe trois.

Amazon aux USA, sur le site amazon.com, diffuse dans le monde entier. Si en plus vous avez opté pour une taille de papier dans les standards d’Amazon, vous pourrez aussi être distribué, via l’option Expanded dans les bibliothèques et les librairies du réseau américain d’Amazon.

Amazon Europe, pour les livres imprimés sur le continent. C’est l’option la plus intéressante.

Amazon UK, pour les livres imprimés en Grande-Bretagne.

Au final, ces trois possibilités n’ont que peu d’importance sur l’étendue de votre audience, mais en auront plus sur les royalties que vous allez toucher. Le calcul de la marge d’Amazon et du coût d’impression est en effet dépendant du canal par lequel votre lecteur aura commandé son livre.

Prix du livre

Vous devez tout d’abord savoir qu’en France le prix d’un livre doit être unique, c’est-à-dire qu’il ne peut pas être vendu à un prix différent chez un vendeur et chez un autre. Le prix de votre ouvrage sera donc le même pour tous vos acheteurs, ce qui ne veut pas dire qu’il ne pourra pas évoluer dans le temps.

Cela étant posé, votre livre aura fatalement un coût d’impression et un coût dû à la marge prise par Amazon. Le prix de votre livre sera donc influencé par ce coût, et au minimum égal.

Vous pouvez décider de vendre à prix coûtant, mais « tout travail mérite salaire » et vous avez sans doute sué sang et eau pour écrire votre ouvrage. Outre la reconnaissance et la satisfaction d’être lu, que ce long travail vous permette une rémunération, même faible, ne serait que justice.

On peut débattre à l’envi du juste prix d’un livre, de la juste rémunération d’un auteur.

Au final, faites comme vous le sentez.

Bien évidemment, votre livre se vendra peu si vous fixez son prix à 150 € (ou alors il faudra qu’il soit imprimé avec une tranche dorée à l’or fin, ce que CreateSpace, étonnamment, ne propose pas – ou pas encore), mais il est tout à fait envisageable de déterminer un bénéfice de 2 à 4 € (certains font plus) sur chaque exemplaire, ce qui vous permettra de financer un achat groupé d’exemplaires auteurs, cédés par CreateSpace à un coût inférieur.

De façon pratique, je vous conseille d’abord de calculer le coût fixe du livre, puis de calculer en fonction du prix final hors taxes de votre livre la part qui sera la marge d’Amazon, puis de rajouter la TVA. Vous obtiendrez le prix final toutes taxes comprises.

En cherchant un peu, j’ai déniché la formule permettant de savoir assez facilement ce que cela donne.

Le prix final hors taxes sera la somme de :

Un pourcentage sur le prix de vente hors taxes de votre livre, soit 40 % pour une distribution standard et 60 % pour une distribution Expanded.

Une charge fixe, calculée suivant le canal de distribution, le type d’impression des pages intérieures (couleur ou noir et blanc), enfin, la fourchette dans laquelle se situe le nombre de pages du livre.

Un prix à la page, dépendant là encore du canal, du type d’impression et de la fourchette dans laquelle se situe le nombre de pages du livre.

Je vous récapitule tout cela dans un tableau.

Vous pourrez constater que tous ces calculs sont un peu complexes, mais la vie est rarement simple.

amazon.com USAAmazon EuropeAmazon UK
Type de livreCharge fixeCharge par pageCharge fixeCharge par pageCharge fixeCharge par page
Noir & blanc 24-108 pages2,15 $US0,00 $US0,60 €0,012 €0,70 £GB0,01 £GB
Noir & blanc 110-828 pages0,85 $US0,01 $US0,60 €0,012 €0,70 £GB0,01 £GB
Couleur 24-40 pages3,65 $US0,00 $US0,60 €0,060 €0,70 £GB0,05 £GB
Couleur 42-500 pages0,85 $US0,07 $US0,60 €0,060 €0,70 £GB0,05 £GB

Statut social et statut fiscal

Moins simple encore est la dernière étape de votre chemin vers le statut d’auteur autoédité : le labyrinthe des règles de cotisations sociales et de déclarations fiscales.

Quelques sites peuvent vous aider à trouver comment vous déclarer en micro-entrepreneur (le nouveau nom du statut d’autoentrepreneur) si vous êtes salarié par ailleurs, ce qui certes est le cas de la majorité des Français, mais pas de la totalité. Ils vous aideront à déclarer et gérer le statut auprès de l’URSSAF, ainsi que pour déclarer et payer vos impôts. Car bien entendu, vos revenus tirés de l’auto-édition seront imposés…

Cependant, si, comme c’est mon cas, le statut de micro-entrepreneur vous est interdit (vous exercez déjà une profession libérale, par exemple), les choses sont tout de suite beaucoup moins claires et aucun site n’a pu me mettre sur la voie.

J’ai donc appelé directement l’URSSAF pour leur poser des questions.

Ce qui suit est donc mon expérience et pourrait ne pas véritablement convenir à votre situation particulière, je vous conseille donc dans le doute d’appeler votre centre URSSAF (si vous parvenez à les joindre, ce qui n’est pas toujours facile).

Tout d’abord se rendre sur le site des formalités en ligne, le CFE.

Choisir déclarer une formalité, puis modification, et sélectionner le formulaire d’adjonction d’activité P2. Ce formulaire m’a donné du fil à retordre, car je ne parvenais pas à le trouver.

Après bien des recherches, je l’ai déniché ici.

Vous le remplissez (lisez bien la notice, comme d’habitude ce n’est pas simple et il vaut mieux ne pas se tromper).

Vous le renvoyez au centre de votre URSSAF.

Pour ce qui est de la déclaration d’impôts, il m’a été indiqué de reporter le montant de mes revenus liés à l’auto-édition en ligne B du formulaire 2035 que connaissent bien les professions libérales (ou leur comptable).

Vers l’infini et au-delà…

Dans la dernière partie de cette série, nous effleurerons un sujet encore plus vaste, en effet : le devenir de votre livre une fois que vous l’aurez publié.

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Créer un livre électronique au format epub3, partie 3 : dessine-moi un ePub

Créer un livre électronique au format epub3, partie 3 : dessine-moi un ePub

Créer un livre électronique au format epub3, partie 3 : dessine-moi un ePub

Dans cette triple série d’articles, Making of a bookCréer un livre électronique au format ePub3, et Making of an (audio)book, je vous propose le résultat de mes recherches, de mes essais et de mes explorations diverses et variées sur la façon de produire un livre, respectivement en format papier, en format électronique, et en format audio. Ces articles ont vocation à évoluer dans le temps, aussi n’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter d’écaille & de plume qui vous avertira de toute mise à jour.

Introduction

Nous avons vu dans les deux premiers volets de cette série comment structurer la mise en forme de votre livre pour rapidement le transformer en version électronique, puis l’anatomie d’un livre électronique au format ePub3.

Vous êtes maintenant prêts à réaliser votre premier livre en ePub3.

C’est une étape qui peut facilement intimider.

Il faudra manipuler du code informatique.

Il faudra faire des tests.

Il faudra ciseler votre livre pour qu’il atteigne vos critères de qualité.

Si produire un livre papier est finalement assez naturel, le façonnage d’un livre électronique l’est beaucoup moins à ceux qui ne sont pas familiers de l’univers du code informatique.

Si j’osais une comparaison, vous allez devoir vous transformer en joaillier, car les outils dont nous disposons actuellement sont aussi versatiles que les normes des livres électroniques elles-mêmes, et aussi délicats à manier que pour la taille d’une pierre précieuse. Un simple geste de travers et votre émeraude peut rapidement être gâtée.

Mais il y a une bonne nouvelle. Des petits lutins industrieux sont là pour vous aider, comme Jiminy Panoz, par exemple, qui œuvre depuis des années pour rendre la production de livres électroniques plus simple, plus opérante, plus fluide, et plus satisfaisante pour le lecteur comme pour l’éditeur et l’auteur lui-même.

Le seul écueil encore sur votre chemin reste que nombre de ces lutins, dont Jiminy lui-même, exposent souvent leurs idées, leurs astuces, leurs méthodes, dans la langue de l’auteur du Songe d’une nuit d’été.

Je vais donc vous présenter ici ce que j’en ai retenu pour ouvrager mes propres livres. Ce sera une base je l’espère suffisante pour que vous puissiez commencer vous aussi.

Et une fois que vous les aurez maîtrisées, sans doute serez-vous prêts à en apprendre plus dans les multiples sites spécialisés qui sont hébergés sur la Toile, en anglais.

Les outils

Bien évidemment, il serait trop simple que les mêmes outils que vous avez enfin maîtrisés pour votre livre papier puissent vraiment servir pour votre livre électronique.

Même si Jiminy Panoz a conçu un petit plug-in pour InDesign permettant de facilement transposer votre maquette papier en numérique, il vous sera nécessaire, à un moment où à un autre, de mettre les mains dans le moteur. Aussi suis-je partisan d’une méthode plus artisanale, même si, vous le verrez, l’automatisation pourra être d’une certaine utilité.

Le prérequis

N’espérez pas aborder cet article facilement sans avoir au moins quelques bases dans deux langages très simples de l’informatique actuelle : le HTML5 et le CSS3. Vous pourrez faire comme moi et suivre les cours d’openclassroom à cette adresse. La pédagogie est très didactique et vous apprendrez très rapidement les quelques rudiments qui vous seront nécessaires pour comprendre ce dont nous allons parler.

Le HTML5 servira à coder le texte de votre livre. Chaque chapitre ou section importante de votre livre sera un fichier HTML5. À l’intérieur de chacun de ces fichiers, chaque paragraphe sera encadré de balises, probablement des balises <p>, ou <span>, ou <i> ou <b>. Vos citations seront soit des <blockquote> soit des <cite>. Votre table des matières sera encadrée dans une balise <nav>.

Une grande partie de cette structure de base sera déjà faite pour vous lors de l’exportation de votre texte depuis Scrivener, aussi n’aurez-vous qu’à la peaufiner ou la corriger à la marge.

Le CSS3, lui, sera la partie la plus ardue et la plus ingrate. Il contrôle la forme de votre livre, son apparence dans l’application de lecture. Bref, c’est lui qui contient la matière de vos styles, ceux que vous avez conçus dans la version papier, et que vous devez transposer (sans toujours y coller parfaitement) dans une version numérique. C’est sur cette transposition que va porter l’essentiel de notre travail.

Espresso

Pour écrire ou corriger du code numérique, on peut utiliser un simple éditeur de texte comme Notepad ou Textedit. Un fichier de code n’est en effet rien d’autre qu’un fichier de texte dont l’extension est un peu différente.

Mais il est plus aisé et plus confortable d’utiliser un logiciel qui possède quelques fonctionnalités dédiées, comme la coloration du texte en fonction de la structure du code (les instructions d’une couleur, les variables dans une autre), l’indentation automatique (chaque balise étant indentée en fonction de sa place dans l’imbrication), ou même la fermeture des balises avec des raccourcis (car une balise doit toujours être refermée lorsqu’elle se termine).

C’est pour cela que j’ai choisi Espresso.

Facile à prendre en main, épuré visuellement, il permet néanmoins de garder un œil sur la structure de livre ePub (le volet sur la gauche) et sur celle du fichier lui-même (le volet sur la droite) en même temps que l’on inspecte ou modifie le code (fenêtre principale) et que l’on navigue dans divers fichiers en utilisant les onglets sur la barre supérieure. On peut également visualiser facilement le résultat final, dans le navigateur web de son choix, en cliquant sur l’icône en forme de boussole.

Il possède une fonction de recherche et de remplacement satisfaisante et maîtrise les règles du HTML5 comme du CSS3.

Blitz

Blitz est la pièce maîtresse de la conception de mon fichier de style en CSS3.

Mis à disposition et régulièrement mis à jour par Jiminy Panoz, Blitz est un framework, un cadre de travail dans la langue de Molière, qui a été pensé et peaufiné pour faciliter le casse-tête habituel que l’on peut rencontrer en essayant de rendre homogènes les styles que l’on a conçus pour son livre électronique.

Et surtout pour les rendre opérants sur presque toutes les solutions de lecture numérique.

Car le monde numérique a un gros désavantage sur le monde papier : là où un livre papier se présentera toujours sous la même forme quelles que soient les mains qui le tiendront, chaque application de lecture va traduire un peu différemment le même code et vous allez donc obtenir un rendu différent à chaque fois. Il est donc rare que deux lecteurs aient la même présentation de votre livre sur leur liseuse, sauf s’ils utilisent le même modèle, mais aussi la même version de l’appareil, ainsi que le même système d’exploitation, avec la même version…

Afin de remédier à cela, Blitz propose une façon originale de concevoir votre code CSS3, grâce à des briques simples déjà codées pour vous, que vous pouvez d’abord paramétrer.

Ainsi, il suffit de partir de la définition simple en phrases de ce que l’on veut obtenir, de chercher quelles briques de Blitz correspondent, de les paramétrer, puis de compiler le résultat.

Compiler ? Encore ?

Oui, comme Scrivener, Blitz est une sorte de traducteur, et l’obtention de votre code final (ou du moins de sa version préfinale, avant vos petits ajustements de dernière minute) est la dernière étape de la traduction.

Car Blitz n’utilise pas à proprement parler du CSS3.

Il traduit plutôt la conception de vos briques depuis un langage un peu plus évolué, nommé le LESS (petit jeu de mots anglais sur « less » qui veut dire « moins », car le code est souvent plus court), capable entre autres d’adapter une propriété CSS à des conditions précises, ce que ne permet pas nativement le CSS3.

LESS et CSS sont très proches, aussi n’aurez-vous aucun mal à vous adapter à ses particularités.

Crunch 2

Crunch est comme Espresso, un éditeur de code. Mais il permet gratuitement de travailler sur du code LESS, et de le compiler ensuite en CSS3 (il le « crunche » pour employer le mot franglais exact). C’est donc lui qui sera votre première interface avec les briques de Blitz.

Il se présente un peu comme Espresso : volet de gauche montrant la structure du framework LESS de Blitz, éditeur dans la fenêtre principale, des onglets au-dessus.

La structure de l’ePub

Tout commence bien sûr avec l’ossature de votre livre électronique. Comme nous l’avons vu dans le volet précédent, un ePub est structuré d’une façon très précise. C’est par cette structure que vous devez débuter la réalisation.

Plusieurs possibilités s’offrent à vous.

La construire vous-même. Fastidieux, mais possible.

Vous servir du modèle que je vous ai déjà livré dans les épisodes précédents de cette série d’articles.

Vous servir du fichier que Scrivener va compiler pour vous lorsque vous aurez terminé la rédaction et la correction de votre manuscrit.

Vous servir de la structure déjà fournie avec Blitz de Jiminy Panoz.

J’ai moi-même fait un petit mélange entre les solutions 2 et 4. La structure que je vous ai déjà fournie est donc basée sur celle de Blitz, avec quelques modifications personnelles.

Ainsi, j’ai choisi de séparer dans des dossiers différents certains éléments de l’OEBPS. J’ai donc un dossier Fonts pour les fontes de caractères, un dossier Images, un dossier Styles pour les fichiers CSS3, un dossier Texte pour tout ce qui touche aux pages du livre.

Pour ouvrir cette structure, il suffit de demander à Espresso d’en faire un Projet.

Il va présenter la hiérarchie de votre dossier sur la gauche, et en double-cliquant sur chaque fichier, vous pourrez l’ouvrir dans son interface.

L’avantage du squelette de Blitz réside dans le fait qu’il intègre des fichiers codés spécifiquement pour certaines pages spécifiques d’un livre. La couverture (cover.xhtml), la dédicace (dedication.xhtml), mais aussi la bibliographie, l’index, le glossaire, les remerciements, la préface, l’avant-propos, l’épilogue, et j’en passe. Chacune de ces pages contient un code epub:type qui permet de la caractériser de façon correcte pour que votre livre respecte la norme sémantique ePub3.

Vous n’aurez que trois choses à modifier sur chaque page.

Le xml:lang= »en » qui déclare que la langue principale est en anglais devra contenir la variable « fr » puisque vous écrirez en français.

Le nom éventuel des fichiers de style (ici c’est blitz.css et blitz-kindle.css) pour coller à vos propres styles. J’ai pour ma part conservé les noms originaux.

Le code de votre chapitre à la place de la balise de commentaire <!– Your contents here –>.

Vous voici prêts à débuter.

Toujours une question de styles

Quel est le vôtre ?

Êtes-vous du même genre que moi, à essayer de trouver une identité graphique très codifiée pour vos écrits, avec l’idée sous-jacente que, en papier ou en numérique, un de vos ouvrages doit être reconnaissable entre mille ?

Ou avez-vous en tête que la forme d’un livre doit être assez standard ?

Quoi qu’il en soit, vous devez déterminer quels seront les styles utilisés par votre texte.

Comment les paragraphes vont-ils apparaître ? Seront-ils indentés ou séparés par un petit espace, ou bien les deux (ce que je trouve personnellement hideux, mais tous les goûts sont dans la nature) ? Quelle police de caractère allez-vous utiliser ? Allez-vous utiliser les césures ?

Une fois que vous aurez les réponses à toutes ces questions, vous aurez déjà construit la plus grande partie de vos styles.

Mon flux

Comme pour la version papier, je pars de la base de mon manuscrit dans Scrivener.

Nous l’avons déjà vu dans l’article sur la version papier, je me sers d’un format de compilation particulier.

Pour la version papier je compile dans le format .rtf, pour la version électronique je me sers du format ePub3 que Scrivener génère.

Un texte marqué avec un nom de style particulier dans Scrivener (ou dans Word ou dans LibreOffice) gardera attaché le nom de ce style une fois compilé.

Ainsi, comme nous l’avons vu, j’ai créé un style dans Scrivener qui me permet de marquer les portions de texte qui sont vues par un autre angle, ou qui désignent une scène décalée temporellement ou spatialement, des flashbacks.

La compilation de Scrivener peut marquer le texte stylé pour le lier à la feuille de style CSS.

Il n’est donc besoin que ne marquer une seule fois le texte original, pour y appliquer ensuite les styles propres à chaque canal de diffusion : livre papier dans InDesign, livre électronique dans Espresso ou Sigyl.

Les styles nécessaires

Pour un livre électronique, vous allez avoir besoin de créer quelques styles.

  • Bien sûr, le style de votre texte (parfois il peut y en avoir plusieurs, d’ailleurs).
  • Le style des titres de chapitre.
  • Le style du nom de l’auteur.
  • Le style de l’éventuelle collection ou de l’éventuelle série.
  • Le style des mentions légales.
  • Le style du titre du livre.
  • Le style de la table des matières.

Il sera inutile de prévoir des styles de numéros de page, puisque la lecture électronique se distingue justement par le fait que c’est l’application de lecture qui gère ce genre de choses, pas l’auteur ou l’éditeur.

D’ailleurs, une précision importante qu’il est sans doute bon de rappeler même si nous l’avons évoquée dans le premier volet de cette série est que le lecteur pourra, en version numérique, agir sur la forme que vous avez voulu donner à votre livre. Il pourra en changer les styles à sa convenance. Augmenter la taille de la police de caractères, aligner le texte à gauche ou le justifier, en changer la couleur, voire changer complètement la police de caractères ou même passer l’application en mode nuit.

Au final, votre feuille de style si patiemment élaborée ne sera qu’une proposition que le lecteur sera libre ou non d’accepter.

Je sais, c’est frustrant.

Mais c’est le jeu.

C’est pour cela que je prévois d’insérer au début du livre une page dénommée « Avertissement » dans laquelle j’indique au lecteur que l’ouvrage a été pensé avec une maquette numérique en tête, et qu’il pourra tirer le meilleur parti de sa lecture en activant ces styles.

Pour revenir à nos moutons, il se peut que vous ayez besoin de créer d’autres styles pour des raisons inhérentes à votre projet ou à votre texte (par exemple, le style de mes scènes intriquées, ou un style imitant un message informatique ou SMS).

Dans tous les cas, ce sont globalement les mêmes que dans votre projet Scrivener. À la différence près que les styles de Scrivener ne servent que pour marquer le texte sans véritablement lui donner une identité, et que cette dernière est définie dans les styles de la feuille CSS3.

Par exemple, mon corps de texte est défini pour ma maquette papier par un style de paragraphe justifié, sans retrait global, mais avec un retrait de première ligne, et un style de caractère de fonte Sorts Mill Goudy normal de corps 10 pixels avec un interlignage de 13 pixels, des ligatures communes et discrétionnaires activées.

La fonte Sorts Mill Goudy est assez bien adaptée à la lecture numérique (contrastes assez forts pour éviter les confusions de lettres, jambages assez grands), j’ai donc décidé de la garder, ce qui crée une unité d’identité entre les deux versions. Mais sur une tablette une taille de 10 pixels est trop faible pour être agréable. J’ai donc basculé sur une taille de 15 pixels, et gardé un interligne de 1,3, ce qui permet de conserver un aspect cohérent avec les proportions de la version papier. Quant aux ligatures, elles sont activées si l’application de lecture le permet, grâce à une astuce particulièrement maligne de Blitz que nous verrons plus tard, nommée « amélioration progressive » par Jiminy Panoz.

Compiler l’ePub depuis Scrivener

Une fois dressée la liste de vos styles, l’étape suivante est d’obtenir une version préliminaire de votre texte traduit dans le format ePub3. C’est le traditionnel passage par la compilation de Scrivener.

La version 3 du logiciel est en effet capable d’exporter votre texte dans le format ePub3, même si ce n’est pas avec le même raffinement que notre travail artisanal. Je me sers donc de cette base pour obtenir le code HTML5 de chaque chapitre de mon livre.

La marche à suivre vous est maintenant familière depuis que nous l’avons apprivoisée avec la version papier.

En sélectionnant Fichier > Compiler… vous êtes conduits à la fenêtre de compilation.

Vous pouvez vous servir du format de compilation Publication que je partageai avec vous il y a quelque temps déjà.

Dans ce cas vous le sélectionnez, et veillez ensuite à ce que le format de sortie soit ePub3. Vous cochez les chapitres que vous voulez inclure dans la compilation, ainsi qu’éventuellement la préface et la postface, et vous cliquez sur Compiler.

Scrivener crée donc un fichier ePub totalement fonctionnel, mais assez brut, dont nous ne garderons que les fichiers correspondants aux chapitres.

Pour ce faire, il faut ouvrir l’ePub avec ePub Packager, et extraire les fichiers HTML5 de votre texte. Pour ma part je les mets dans un dossier rangé à part. Et je détruis ce qu’il reste de l’ePub généré par Scrivener.

Petite incursion dans mon format de compilation

Au passage, nous pouvons détailler un peu le format de compilation Publication d’écaille & de plume, afin de vous montrer une petite astuce qui permettra que tous vos styles soient correctement marqués par Scrivener pour être parfaitement reconnus dans la feuille de style CSS3.

En vous rendant sur Fichier>Compiler… puis en faisant un clic droit sur le format de Publication, vous entrez dans la modification du format de compilation.

Sur la colonne de gauche, sélectionnez ePub3 pour faire apparaître les réglages spécifiques à cette exportation.

Puis descendez dans la colonne et cliquez sur Styles.

Cliquez sur le Style Scène intriquée. Vous vous rappelez ? C’est le style que j’ai créé dans Scrivener pour marquer les passages de flash-back ou de scènes qui se déroulent à un autre endroit en même temps dans le texte.

Dans la colonne de droite vous allez remarquer que dans la case CSS Class Name, j’ai noté italic.

Lors de la compilation de mon texte, les paragraphes qui seront marqués dans Scrivener comme des Scènes intriquées seront marqués dans le codage HTML5 avec la classe CSS3 italic, qui sera utilisée plus tard pour rendre leur apparence différente de celle des autres paragraphes.

Ainsi, automatiquement, tous mes paragraphes seront marqués sans que j’aie à m’en soucier.

De la même façon, j’ai créé un style de caractère pour les quelques premiers mots d’un chapitre, que j’ai nommé Première phrase de chapitre. Et son CSS Class Name sera first-sentence, qui fera référence au même nom dans la feuille de style CSS3 générée là encore automatiquement par Blitz une fois que vous l’aurez correctement paramétré.

Malin, non ?

Bien utilisée, la combinaison Scrivener/Blitz va vous faire gagner beaucoup de temps.

Blitz krieg

Une fois le texte exporté en HTML5, il est temps de nous occuper de la traduction de vos styles en CSS3.

C’est le rôle de Blitz, que vous pouvez télécharger ici. Vous aurez aussi une documentation (en anglais, mais très intéressante) ici. Je vais essayer pour ma part de vous guider dans ce que j’ai retenu de son utilisation, en me basant sur le tutoriel d’introduction mis à disposition par Jiminy lui-même sur Medium.

Il faut considérer Blitz comme un jeu de construction, où chaque brique peut être paramétrée.

Blitz comme une API

On peut tout d’abord se servir de Blitz comme d’un générateur de classes CSS, c’est-à-dire comme une base de code qui permet de donner des propriétés esthétiques et de positionnement à une balise HTML.

Par exemple, si nous voulons que les paragraphes simples du texte soient indentés et justifiés, il suffira d’attribuer les classes correspondantes (indent et justified respectivement) comme classe à nos balises <p> et Blitz aura généré le code tout seul. Cela donnera le code suivant dans le fichier HTML de votre chapitre.

<p class="indent justified">Ceci est un paragraphe indenté et justifié</p>
Un paragraphe inventé et justifié grâce aux classes CSS3

Dans ce cas-là, vous pouvez simplement vous servir du fichier blitz.css déjà fourni par Jiminy Panoz dans l’archive zip que vous avez téléchargée, et appeler les classes CSS qu’il a déjà paramétrées lorsque vous en aurez besoin pour votre texte.

Mais cela suppose que vous précisiez à chaque ligne de votre texte comment styler le paragraphe. Même avec les fonctions de recherche et de remplacement des logiciels, c’est fastidieux, car il faudra probablement que vous vérifiiez à chaque fois que votre paragraphe doit bien être stylé de cette façon. Si au beau milieu de votre texte vous avez des paragraphes de flash-back que vous vouliez présenter différemment (par exemple sans indentation), il vous faudra parcourir tout le texte pour faire vos modifications.

De plus, vous n’utiliserez alors que les classes principales de Blitz, en vous fermant la possibilité dont nous parlions tout à l’heure, c’est-à-dire l’amélioration progressive.

L’amélioration progressive

C’est un constat frustrant que chaque solution de lecture gère les possibilités de codage différemment, et que selon que votre lecteur utilisera une tablette Kobo ou Kindle, un iPad ou un ordinateur votre style apparaîtra différemment, mais aussi qu’il est possible qu’une application de lecture qui ne supporte pas les ligatures pour votre texte, par exemple, pourra très bien arrêter de comprendre votre fichier CSS complètement, ce qui engendrera un gros bug visuel et gâchera l’expérience de lecture d’une façon extrêmement désagréable.

Pour remédier à cela, et pour tout de même présenter à vos lecteurs ce que vous aviez prévu, l’amélioration progressive pose les fonctionnalités par couches successives. La base de votre présentation sera celle qui sera lisible par toutes les applications de lecture. Puis vous prévoirez dans votre fichier les fonctionnalités qui pourront apparaître si l’application les supporte. Ainsi, votre texte pourra être lisible dans tous les cas, et s’améliorera en présentation en fonction des capacités de l’application de lecture.

Blitz gère ça avec ce que l’on appelle les media-queries (ou requêtes de média en bon français) qui permettent de poser des conditions au code.

Par exemple, avec la syntaxe

@supports {amélioration{mettre en place l’amélioration}}

votre application de lecture saura quelle amélioration enclencher si elle est capable de la supporter. Les applications qui ne sauront pas le faire en resteront aux fonctionnalités basiques que vous aviez déjà prévues, voire aux fonctionnalités codées dans la syntaxe

@supports not {amélioration{fonctions basiques en cas de non-support}}.

Construction modulaire du fichier LESS

L’autre façon, la meilleure, de se servir de Blitz, est de construire un fichier CSS sur mesure.

Pour cela, nous allons faire nos paramétrages dans Crunch 2. Après avoir ouvert le logiciel, cliquez sur l’icône de dossier avec un signe + et ouvrez le dossier LESS. Puis parcourez l’arborescence de fichiers sur le volet de gauche. Si vous double-cliquez sur le fichier blitz.less, il sera ouvert dans la fenêtre principale.

Le fichier blitz.less

Ce fichier est le moteur du générateur Blitz. C’est lui qui détermine quelles options vous sont ouvertes pour générer le code CSS3 final.

La partie Namespaces permet de déclarer les normes auxquelles le fichier se réfère.

C’est ici que l’on peut déjà commencer à déclarer les fontes particulières que vous voudrez utiliser dans votre texte. Par exemple, pour ma police Sorts Mill Goudy, il suffit que j’insère la référence, en n’oubliant pas de spécifier à quel endroit de l’ePub se trouve le fichier de la fonte (ici dans le dossier Fonts).

Ainsi :

@font-face {
font-family: 'Sorts Mill Goudy';
src:  url('../Fonts/GoudyStM.otf');
}

@font-face {
font-family: 'Sorts Mill Goudy italic';
src:  url('../Fonts/GoudyStM-Italic.otf');
}
Déclaration des fontes utilisées

Vous pouvez par contre remarquer que la partie Begin CSS (début du CSS) contient 6 parties.

Les références sont des fichiers qui ne seront pas intégrés dans le code final, mais qui servent à paramétrer d’autres parties du code.

La partie core (ou noyau) est le cœur des variables qui vont générer le rythme des espaces et du texte, gérer les distances entre les paragraphes, les lignes, les tailles des caractères.

La partie base contient les styles qui sont nécessaires à presque tous les ouvrages électroniques.

Les extensions sont des petits ajouts qui vous seront peut-être utiles.

Les utilities (ou utilitaires) sont des références qui sont exportées par défaut dans le code final.

Enfin, le plug-in kindle permet de générer quelques spécificités pour le système de lecture d’Amazon.

Comme j’ai envie de me servir des fonctions d’amélioration progresives de Blitz, j’ai déplacé le fichier blitz-progressive.less dans la partie utilitaires et j’ai enlevé la parenthèse qui le marquait comme référence. Ainsi, le code CSS généré contiendra les styles rattachés à des fonctions avancées. De la même façon, comme j’ai besoin de paramétrer les césures (hyphens en anglais), pour le fichier hyphens.

Le noyau : variables.less

Il y a là deux réglages fondamentaux qui peuvent être très utiles si vous avez l’intention de doter votre ePub3 de polices de caractère un peu différentes de celles qui sont fournies par les applications de lecture. Il s’agit de la taille du corps de votre police (@body-font-size) et de la hauteur de l’interligne (@body-line-height). Par défaut, le premier paramètre est à 16 pixels et le deuxième à 1,5.

Ce réglage fonctionne avec la plupart des fontes.

Pour ma part, afin de caler l’impression de lecture sur la version papier, j’ai utilisé une fonte un peu haute (Sorts Mill Goudy), qui donne donc une impression massive inélégante en taille 16 pixels. Et le rythme de succession des lignes semble plus harmonieux avec un interligne réglé à 1,3. J’ai donc simplement changé ces réglages. Je n’ai rien touché d’autre.

Pour ce qui est du deuxième fichier du dossier core, rythm.less, je n’y ai pas touché non plus. Il s’agit d’un algorithme savamment dosé que je ne voulais pas casser.

La base

Ce sont les fondations du code CSS qui sera généré.

La première fondation est ce qu’on appelle le reset. Il remet à zéro tous les réglages que l’application de lecture peut avoir modifiés auparavant. Cela vous assure que votre code sera toujours basé sur quelque chose de propre, puisque remis à zéro. Il n’est pas nécessaire de toucher ce fichier.

Ensuite vient le fichier page.less. Il règle les paramètres d’une page de votre livre. Là encore, à moins que vous ne préfériez augmenter les marges de votre page, pas besoin d’y toucher.

La typographie

Le fichier typo.less est celui que vous allez le plus modifier.

C’est ici que vous allez pouvoir déterminer que tous vos paragraphes <p> seront indentés et justifiés par défaut, par exemple. Il suffit pour cela de trouver la classe <p>, et de lui appliquer une classe indent et justified. Car, oui, contrairement à un code CSS, un code LESS peut imbriquer des classes les unes aux autres.

C’est la puissance de la modularité de Blitz.

Les classes déjà paramétrées par Jiminy peuvent être utilisées comme des briques qui vont construire vos propres classes.

Par exemple, pour construire mon style de paragraphes pour le copyright, dénommé bien entendu copyright, voici le code LESS que j’ai inséré dans ce fichier.

.copyrights {
.fs-s;
.no-indent;
.disable-hyphens;
.align-center;
}
Code LESS pour construire une paragraphe de copyright de façon modulaire avec Blitz

Il déclare que la taille de la police doit être petite, qu’il ne doit pas y avoir d’indentation ni de césure, et que le paragraphe doit être centré. Sans utiliser une seule ligne de code CSS ! Il suffit de décrire ce que vous voulez voir, et Blitz le code pour vous…

De même, pour l’amélioration progressive.

Si je veux que mes paragraphes utilisent les ligatures (clig, les ligatures communes, dlig, les ligatures discrétionnaires), le code LESS sera :

p {
    .indent;
    .justified;
    .supports-clig({
    .clig;
  });
.supports-dlig({
    .dlig;
  });
}
Code LESS d'amélioration progressive sur les ligatures de texte

La compilation du fichier LESS en CSS

Il existe une multitude d’autres choses que vous pouvez paramétrer avec Blitz, notamment comment les images seront gérées, comment certains objets seront centrés, comment la hauteur de certains objets (dont les images) pourra être déterminée par la hauteur de l’écran de l’appareil de lecture, etc. Mais cela n’entre pas dans le cadre de cet article.

Sachez seulement que le principe sera toujours le même, celui de la modularité.

Et une fois que vous avez complété votre paramétrage de tous les fichiers contenus dans le framework LESS, il est temps de compiler votre fichier CSS3 final. Dans Crunch 2, il suffit de cliquer sur l’icône en forme de d’étau ou de C majuscule sur la droite de la fenêtre.

Et voici le fichier qui sera exporté.

@charset "UTF-8";
/* blitz — CSS framework for reflowable eBooks
Version 1.1.2 by Jiminy Panoz
Codename: Idle in Kangaroo Court W1
License: MIT (https://opensource.org/licenses/MIT) */
/* NAMESPACES */
@namespace h "http://www.w3.org/1999/xhtml/";
@namespace epub "http://www.idpf.org/2007/ops";
/* if you need to style epub:type */
@namespace m "http://www.w3.org/1998/Math/MathML/";
/* if you need to style MathML */
@namespace svg "http://www.w3.org/2000/svg";
/* if you need to style SVG */
@font-face {
font-family: 'Sorts Mill Goudy';
src: url('../Fonts/GoudyStM.otf');
}
@font-face {
font-family: 'Sorts Mill Goudy italic';
src: url('../Fonts/GoudyStM-Italic.otf');
}
html {
/* Don't use it for styling, used as selector which can take a punch if anything goes wrong above */
}
/* Begin CSS */
/* RESET */
/* So here's the trick, we must reset to manage a number of problems once and for all:
- HTML5 backwards compatibility (EPUB 3 file in EPUB 2 app);
- user settings (e.g. line-height on Kobo and Kindle);
- CSS bloat (DRY);
- KFX for which a reset using `border: 0` seems to disable support;
- etc.
It all started as a normalize and became a reset given the magnitude of the task.
*/
article,
address,
aside,
blockquote,
canvas,
dd,
details,
div,
dl,
dt,
figure,
figcaption,
footer,
h1,
h2,
h3,
h4,
h5,
h6,
header,
hr,
li,
main,
nav,
ol,
p,
pre,
section,
summary,
ul {
margin: 0;
padding: 0;
/* RS may apply vertical padding to el such as p */
font-size: 1em;
/* Font size in pixel disable the user setting in legacy RMSDK */
line-height: inherit;
/* Kindle ignores it, Kobo needs it. If you don’t use inherit, the user setting may be disabled on some Kobo devices */
text-indent: 0;
font-style: normal;
font-weight: normal;
}
/* This is absolutely necessary for backwards compatibility */
article,
aside,
figure,
figcaption,
footer,
header,
main,
nav,
section {
display: block;
}
[hidden] {
display: none;
}

/* Le reste du Reset, que je ne retranscris pas ici... */

/* PAGE LAYOUT */
@page {
margin: 30px 30px 20px 30px;
/* Recommended by Barnes & Noble in this old spec: https://simg1.imagesbn.com/pimages/pubit/support/pubit_epub_formatting_guide.pdf */
padding: 0;
}
body {
font-size: 93.75%;
line-height: 1.3;
margin: 0;
/* RS will override margins anyways */
padding: 0;
widows: 2;
/* iBooks and Kobo support widows and orphans */
orphans: 2;
}
/* TYPOGRAPHY */
h1,
h2,
h3,
h4,
h5,
h6,
blockquote p cite,
dt,
pre,
address,
table,
caption,
th,
td,
p,
.align-left,
.align-center,
.align-right,
.caption,
.no-hyphens {
adobe-hyphenate: none;
/* proprietary for Legacy RMSDK */
-ms-hyphens: none;
-moz-hyphens: none;
-webkit-hyphens: none;
-epub-hyphens: none;
hyphens: none;
}
/* Je ne retranscris pas non plus les codes pour les titres et on passe directement à ce que nous avons modifié dans Blitz */
p {
font-family: "Sorts Mill Goudy", "Minion Pro", "Iowan Old Style", Palatino, "Palatino Linotype", "Palatino Nova", "BN Amasis", Cambria, FreeSerif, "Times New Roman", serif;
text-indent: 1em;
/* Designed as a class for body — We don't enforce as user setting > author */
text-align: justify;
adobe-hyphenate: auto;
/* proprietary for Legacy RMSDK */
-ms-hyphens: auto;
-moz-hyphens: auto;
-webkit-hyphens: auto;
-epub-hyphens: auto;
hyphens: auto;
/* before and after not in spec but iBooks support all three (-webkit-) */
-ms-hyphenate-limit-lines: 2;
-moz-hyphenate-limit-lines: 2;
-webkit-hyphenate-limit-lines: 2;
hyphenate-limit-lines: 2;
/* No support except Trident (Windows) */
-ms-hyphenate-limit-chars: 6 3 2;
-moz-hyphenate-limit-chars: 6 3 2;
-webkit-hyphenate-limit-before: 3;
-webkit-hyphenate-limit-after: 2;
hyphenate-limit-chars: 6 3 2;
/* No support except Trident (Windows) */
-ms-hyphenate-limit-zone: 10%;
-moz-hyphenate-limit-zone: 10%;
-webkit-hyphenate-limit-zone: 10%;
hyphenate-limit-zone: 10%;
/* No support */
-ms-hyphenate-limit-last: always;
-moz-hyphenate-limit-last: always;
-webkit-hyphenate-limit-last: always;
hyphenate-limit-last: always;
}
@supports [1]-ms-font-feature-settings: "liga") or (-webkit-font-variant-ligatures: common-ligatures) or (font-variant-ligatures: common-ligatures {
p {
-ms-font-feature-settings: "liga";
-webkit-font-variant-ligatures: common-ligatures;
font-variant-ligatures: common-ligatures;
}
}
@supports [2]-ms-font-feature-settings: "dlig") or (-webkit-font-variant-ligatures: discretionary-ligatures) or (font-variant-ligatures: discretionary-ligatures {
p {
-ms-font-feature-settings: "dlig";
-webkit-font-variant-ligatures: discretionary-ligatures;
font-variant-ligatures: discretionary-ligatures;
}
}
.footnote {
font-size: 0.93333333em;
line-height: 1.39285714;
text-indent: 0;
}
blockquote {
margin: 1.3em 5%;
}
blockquote p {
text-indent: 0;
font-style: italic;
}
blockquote p i,
blockquote p em,
blockquote p cite {
font-style: normal;
}
address {
/* Styles */
}
.copyrights {
font-size: 0.93333333em;
line-height: 1.39285714;
/* proprietary for Legacy RMSDK */
adobe-hyphenate: none;
/* proprietary for Legacy RMSDK */
-ms-hyphens: none;
-moz-hyphens: none;
-webkit-hyphens: none;
-epub-hyphens: none;
hyphens: none;
text-indent: 0;
/* Necessary as RS may define text-indent for p */
text-align: center;
}
.dedicace {
/* Don't use that with span if i, cite, dfn or em can be used */
font-style: italic;
/* proprietary for Legacy RMSDK */
adobe-hyphenate: none;
/* proprietary for Legacy RMSDK */
-ms-hyphens: none;
-moz-hyphens: none;
-webkit-hyphens: none;
-epub-hyphens: none;
hyphens: none;
text-indent: 0;
/* Necessary as RS may define text-indent for p */
text-align: right;
margin-left: 20%;
margin-top: 5.2em;
}

/* FIGURES + IMAGES */
figure {
page-break-inside: avoid;
break-inside: avoid;
margin: 1.3em 0;
}
figcaption,
.caption {
font-size: 0.93333333em;
line-height: 1.39285714;
text-indent: 0;
}
img {
width: auto;
max-width: 100%;
/* Note: KF8 doesn't support max-width hence "width: auto;" as fallback */
height: auto;
object-fit: contain;
}
/* Note: portrait image styling + figcaption is a nightmare */
/* See https://github.com/jstallent/ImagesSingleFile for the css hack */
img.portrait {
width: auto;
max-width: 100%;
/* Note: KF8 doesn't support max-width hence "width: auto;" as fallback */
height: 100%;
/* We try to prevent blank page after */
max-height: 95%;
/* Max value iBooks enforces */
}
.float-left img,
.float-right img {
width: 100%;
/* If it’s auto, image in floating container will overflow on Kobo iOS + Kindle */
}
@supports (height: 99vh) {
img.portrait {
height: 99vh;
}
}
/* ETC... */
Le fichier CSS3 exporté par Blitz

C’est ce fichier qui déterminera l’apparence de votre livre. Et vous l’aurez créé en un minimum d’effort.

Merci Jiminy !

Greffe des chapitres créés par Scrivener

Il est temps de greffer les chapitres exportés par Scrivener dans la coquille pour l’instant presque vide de votre maquette d’ePub3.

Pour ma part, comme la partie <head> de ces fichiers n’est pas aussi optimisée que celle fournie par Blitz, j’ouvre chaque chapitre créé par Scrivener et je sélectionne tout ce qui se trouve entre les balises <body> et </body> du fichier. Je copie ce bloc, et le viens le coller à l’endroit où Blitz indique Your content here. Dans la maquette que je vous ai fournie, c’est à la place du code :

<p>Ici c’est votre texte qui prend forme.</p>

<p>le reste du texte</p>
Remplacez ce code par le corps de votre chapitre HTML

Et je recommence pour chaque chapitre en créant auparavant à chaque fois un fichier chapitre_numéro-de-chapitre.xhtml identique à ceux qui sont donnés en modèle.

Je n’oublie pas de déclarer chaque nouvel ajout dans le fichier opf, bien entendu (si vous ne vous souvenez plus de ce qu’est le fichier opf, faites un nouveau détour par l’épisode 2 de cette série, ePub Anatomy), en y notant dans le manifeste :

<item href="Texte/Chapitre_numéro-de-chapitre.xhtml" id="Chapitre_numéro-de-chapitre.xhtml" media-type="application/xhtml+xml"/>
Déclaration d'un chapitre du livre dans la manifeste du fichier opf

Et dans le spine :

<itemref idref="Chapitre_numéro-de-chapitre.xhtml" linear="yes" />
Déclaration d'un chapitre du livre dans le seine du fichier opf

 

Nettoyage des balises HTML

Cependant, comme Scrivener n’a pas de style pour les paragraphes classiques, il a la sale manie de coller un code de style sur chaque balise <p> qui n’a pas une classe CSS particulière. Cela se manifeste par une balise <span style= »color:#000000″></span> du plus mauvais effet.

Heureusement, il suffit de se servir de la fonction de recherche et remplacement d’Espresso pour remplacer d’abord la séquence de code <p><span style= »color: #000000″> par un simple <p>, puis la séquence </span></p> par un simple </p>.

Il ne faudra pas oublier de chasser les quelques balises </span> qui auront été oubliées, car contiguës à d’autres balises qu’à une balise </p>.

Une fois que cela sera fait, votre texte sera prêt. Vous avez fait le plus gros.

Vous pourrez aisément vérifier l’apparence de vos chapitres en visualisant le rendu grâce à la fonction d’Espesso le permettant (la boussole en haut de la fenêtre).

Les pages liminaires

Comme nous en avons déjà discuté dans l’épisode 2 de la série d’articles Making of a book, un livre ce n’est pas seulement que vos chapitres. C’est aussi d’autres pages comme une préface, un index, une bibliographie.

Chaque partie aura besoin d’un fichier de texte, comme chacun de vos chapitres.

De la même façon que vous l’avez fait auparavant, vous devrez y importer votre texte.

Et soit vous aurez déjà pensé vos styles auparavant (c’est par exemple ce que nous avons fait avec la classe CSS3 copyright dont nous parlions auparavant, et qui servira aux mentions légales de votre livre) ce qui vous fera gagner du temps puisque vous n’aurez qu’à appliquer le style correspondant à vos balises HTML, soit vous avez décidé d’utiliser les classes préfabriquées par Blitz pour déterminer a posteriori quelle apparence auront ces pages.

Dans ce dernier cas, vous allez devoir coder votre page HTML dans Espresso pour ajouter des classes et visualiser le rendu ensuite dans un navigateur internet de votre choix ou dans celui du logiciel lui-même, qui est assez bon pour cela je trouve. Cela peut être long, mais heureusement il y a souvent peu de texte dans les pages liminaires par rapport au corps d’un livre.

La navigation : fichier nav

Comme nous l’avons vu dans l’épisode 2 de cette série, ePub Anatomy, un ePub3 a besoin d’un fichier dédié à la navigation, encadré par des balises <nav epub:type= »toc »>.

Pour peaufiner votre livre électronique, vous aurez donc besoin de compléter ce fichier en y insérant les références de tous les chapitres de votre texte accessibles à la navigation, donc y compris les pages liminaires dont vous souhaiter intégrer les références dans le sommaire.

Ce sommaire est matérialisé par une liste en code HTML5, avec des balises <li> encadrées par une balise <ol>. Chaque ligne contient un lien avec une balise <a> qui mène au fichier correspondant au chapitre.

La navigation, fichier ncx

De la même façon, afin de garantir une rétrocompatibilité avec les solutions de lecture ePub2, il sera intéressant de remplir le fichier de navigation de cet ancien format, le fichier ncx.

Vous y mettrez les mêmes informations, mais codées différemment, entre des balises <navMap> encadrant des <navPoint>.

Les images

Les images sont parmi les objets les plus délicats à manier dans un fichier ePub.

Tout d’abord, elles doivent respecter certaines règles de taille et de poids.

En effet, l’iBookstore d’Apple exige que les images intérieures (même la couverture intérieure donc) ne dépassent pas les 4 millions de pixels.

Ensuite, le code CSS3 qui permet de les afficher correctement (notamment sans qu’elles soient coupées en deux entre deux pages) est assez complexe.

Enfin, leur positionnement est toujours délicat, notamment si vous voulez les centrer au milieu de la largeur de la page avec une taille définie.

C’est une des raisons pour lesquelles les modules de Blitz sont si intéressants. Ils ont été soignés pour éviter ces écueils.

Pour ma part, je fais un usage immodéré des classes Blitz telles que wrap-pourcentage qui permettent de centrer l’image en lui donnant une taille définie par le pourcentage indiqué, et portrait, qui permet de s’assurer que l’image est contenue au maximum de la hauteur de l’écran.

La couverture, elle, suit des règles différentes. Elle n’a notamment pas les limitations des images destinées à la maquette intérieure. Et elle est intégrée seulement dans le fichier qui contient le paramètre epub:type= »cover ».

On peut par contre lui appliquer les mêmes classes, notamment portrait.

Métamorphose en ePub

Une fois toutes ces étapes franchies, votre ePub est prêt à naître.

Il vous suffit de le glisser dans la fenêtre d’ePub Packager, puis de cliquer sur l’icône avec la flèche vers la droite notée Open. L’application vous ouvre une fenêtre qui montre l’emplacement de l’ePub généré.

Vous êtes presque au bout de vos peines. Normalement.

Le test ePubCheck

Car un ePub n’est pas vraiment un ePub tant qu’il n’a pas passé l’épreuve ePubCheck. Cette application en lignes de commande permet de savoir si votre fichier respecte bien toutes les normes de l’ePub, sur la forme comme sur le fond, sur le codage comme sur l’organisation et la hiérarchie, la syntaxe, bref : tout.

C’est un outil très pointilleux qui ne va laisser passer aucune erreur.

Aucune.

SAUF.

Certaines erreurs de frappe. Par exemple, comme cela m’est arrivé, avec des paramètres CSS tels que margin-left:20% si comme moi vous êtes étourdis et écrivez margin-left:2a0%.

L’ePub passera le test, mais sera affiché de façon complètement erratique sur une liseuse.

Le plus simple pour soumettre votre epub au test est cependant une interface graphique nommée ePubChecker, distribuée gratuitement par Pagina. Il suffit de glisser-déposer votre ePub dans la fenêtre d’ePubChecker, et l’application l’analyse, pour vous renvoyer les erreurs éventuelles, avec un écran rouge, ou vous avertir de la validation avec un écran vert.

Le test ultime : les différentes applications de lecture

Enfin, pour vous assurer que tout se passe bien, je ne saurai trop vous conseiller de tester votre fichier sur différentes applications de lecture, et au moins sur une liseuse, pour vous rendre compte du résultat en dehors d’un environnement informatique évolué qu’est l’ordinateur personnel.

Les liseuses embarquent des interpréteurs souvent plus tatillons que les navigateurs internet sur lesquels sont basés les logiciels tels qu’Espresso, par exemple.

Et comme nous venons de le voir, le test ePubCheck est incapable de donner un rendu de votre livre.

Il est donc important de savoir comment votre feuille de style se comporte sur une liseuse, si votre texte est lisible, formaté selon vos souhaits. En utilisant Blitz, vous avez une certaine garantie, mais même Blitz ne peut pas tout prévoir…

The eBook Identity, la Lecture dans la Peau

Vous savez dessiner un ePub3, mais il y a d’autres règles qui ne concernent pas véritablement le codage. Et vous devez les connaître pour que votre livre puisse véritablement avoir une identité.

Couverture, couverture

La couverture est la principale marque d’identité de votre livre. Comme nous en avons discuté pour la version papier, elle est l’interface avec votre public. Dans le cas d’un livre électronique, c’est même presque la seule, car c’est la couverture qui servira d’icône sur le bureau de votre ordinateur, comme elle servira d’image sur la page de la librairie en ligne.

Faites-en donc une version extrêmement haute définition, qui sera à fournir à votre libraire virtuel.

Quant à celle qui servira dans votre fichier lui-même, Apple recommande qu’elle soit au moins de 1440 pixels de large, et Amazon de 1660 pixels de large, mais n’hésitez pas à la faire plus grande encore. Par contre, optimisez-en son poids, afin de ne pas trop augmenter la lourdeur de votre fichier.

ISBN

Les livres numériques doivent avoir un ISBN, un numéro unique à treize chiffres qui identifie chaque édition de chaque ouvrage publié à travers le monde. Comme un livre numérique est considéré comme une édition différente de la version papier du même ouvrage si elle existe, son ISBN devra être différent.

Il devra être intégré dans le code du livre (dans le fichier opf), mais aussi visible par le lecteur (sur une page dédiée, appelée colophon, par exemple).

Nous discuterons d’ailleurs plus en détail des obligations légales diverses et variées dans un article dédié.

Dépôt légal

À la différence d’un livre papier, il n’existe pas d’obligation de dépôt légal d’un livre numérique en France.

Les robots de la Bibliothèque Nationale de France se chargent d’écumer le web à la recherche de tous les ouvrages numériques, et vous n’aurez donc pas de formalités à accomplir de ce côté-là.

It’s a Kindle of magic

Enfin, malgré le fait que le format Kindle ne soit pas vraiment de l’ePub3 vous serez obligés de proposer une version de votre livre adaptée à l’écosystème de lecture d’Amazon du fait de son extrême et écrasante majorité chez les possesseurs de ces applications de lecture.

La bonne nouvelle c’est que c’est presque Amazon qui le fait pour vous.

Il vous suffit de télécharger gratuitement Kindle Previewer 3, le logiciel maison d’Amazon chargé de la conversion vers le format propriétaire. Jiminy Panoz (encore lui !) en avait fait un petit article de test en 2016.

Une fois votre livre importé par simple glissé-déposé, KP3 mouline pendant un long moment et vous permet de simuler les applications Kindle sur différents appareils, afin d’en vérifier le rendu.

Vous aurez peut-être certains réglages à faire sur le fichier CSS3 spécifique généré par Blitz.

Puis vous sélectionnez Fichier>Exporter pour créer automatiquement une version Kindle de votre ePub3.

Étonnamment (ou pas), la version Kindle est toujours beaucoup plus lourde que la version ePub3.

Mais elle est indispensable.

Vers l’infini et au-delà

C’est le destin qui est maintenant promis à votre œuvre.

Vous avez en main deux versions de votre ouvrage, un fichier Kindle à mettre entre les mains des possesseurs de tablette Amazon, et un fichier ePub3 pour tous les autres.

Dans le prochain épisode, nous verrons comment les mener vers vos lecteurs.

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